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dimanche 19 juin 2011

Le suisse, le bedeau et le donneur d'eau bénité, 1853.


Terminons ce chapitre en parlant de trois personnages importants, du suisse d'église, de Sa Nonchalance le bedeau et du donneur d'eau bénite. Le suisse est de la famille du tambour-major, voilà pour le physique; il a un chapeau et des épaulettes de général; il est toujours le premier à la procession, au mariage et à l'enterrement. Cet homme est un décor, un costume, un ornement. Autrefois les suisses d'église étaient des compatriotes de Guillaume Tell; aujourd'hui la plupart des suisses sont Français.
 
Dans la primitive église, les fonctions de suisse étaient dévolues à l'ordre mineur des portiers (ostiarii); ces fonctions consistaient dans le soin qu'ils devaient avoir d'empêcher les infidèles d'entrer dans les églises et de profaner les saints mystères. Ils devaient faire tenir chacun dans son rang, le peuple séparé du clergé, les hommes des femmes; ils faisaient observer le silence et la modestie. Ils faisaient sortir les catéchumènes après le sermon de l'évêque, et fermaient les portes de l'église. Leurs fonctions les astreignaient également à sonner les cloches, à fermer les portés de l'église et celles de la sacristie, à ouvrir le livre à celui qui devait prêcher et à avoir soin de tout ce qui concerne la netteté et la décoration des églises. Ce terme de suisse, quand il est appliqué aux suisses des églises et des grandes maisons, parait dérivé de celui des Cent-Suisses de la garde du roi.
 
 Le bedeau était autrefois un sergent dans les justices subalternes, et les sergents royaux, quand ils plaidaient contre eux, le qualifiaient du nom d'accensus, apparitor. En effet, les bedeaux servaient de porte-verges dans les églises des juridictions ecclésiastiques, comme on en a vu encore à Saint-Germain des Prés jusqu'à la Révolution. On les appelle en latin bidetti. Fauchet dit qu'on les appelait autrefois bidaux, et que c'étaient des soldats paysans.
 
Le bedeau porte la verge, et sert à l'église et aux confréries pour les quêtes, pour la conduite des personnes de qualité, aux offrandes, aux processions, etc. Le bedeau est chargé, sous la direction du sacristain, de tenir les églises propres, d'y entretenir la décence et le bon ordre. Le sacristain, le suisse et le bedeau ont des fonctions distinctes : le sacristain a soin de la sacristie et de la décoration de l'autel; le suisse ouvre et ferme les portes de l'église, précède les quêteurs et les quêteuses, ouvre la marche des processions, etc.; le bedeau accompagne le prédicateur ou le clergé dans les quêtes pour les cérémonies des confréries, le suisse et le bedeau sont concurremment chargés de la police intérieure de l'église.
 
Une dernière physionomie, le donneur d'eau bénite, installé hiver comme été,à la porte de l'église, le chef recouvert d'un bonnet de soie noire. Dans les grandes églises, le donneur d'eau bénite est le pauvre le plus cossu de la paroisse. On pourrait citer des filles de donneur d'eau bénite qui ont apporté à leur mari soixante mille francs de dot. sans compter leur vertu.

Edmond Texier, Tableau de Paris, tome 2,Paulin et le Chevalier, Paris, 1853, p. 107.

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