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vendredi 17 juin 2011

Les trois degrés de la Noblesse en France, selon Charles Loyseau, 1613.

[Orthographe modernisée]

Mais bien qu'entre les Romains, l'antiquité rendît l'ingénuité plus recommandable : néanmoins c'est la vérité , comme il vient d'être dit , qu'ils préféraient généralement la noblesse de dignité à l'ingénuité, ou gentilité. Ainsi presque de même en France, la Noblesse provenante de dignité; c'est à dire, des plus grands Offices & des Seigneuries, est élevée plus haut d'un degré, que la simple gentillesse, Car ceux qui les possèdent sont du rang des Chevaliers ou Seigneurs , et se qualifient de ces titres , qui sont titres de haute Noblesse. Même les Seigneuries souveraines, qui à présent presque en toute la Chrétienté, se sont faites héréditaires, ont encore établi parmi nous un tiers et suprême degré de Noblesse; à savoir le degré de Prince , que même nous attribuons à ceux qui aspirent à ces souverainetés par droit d'agnation ou de parenté masculine.

Partant nous avons trois degrés de Noblesse; à savoir les simples Nobles que nous appelions Gentils-hommes, et Écuyers : ceux de la haute Noblesse, que nous qualifions Seigneurs et Chevaliers, et ceux du suprême degré , que nous nommons Princes.  

Et chacun de ces degrés a son effet différent. 

Car la simple Noblesse affecte le sang , et passe en la postérité de telle sorte, que plus elle est ancienne, plus elle est honorable. 

La haute Noblesse ne passe point à la postérité, au moins en son degré, mais est personnelle, étant déférée à la personne, soit pour son mérite particulier, comme la Chevalerie, et celle-là est un Ordre parfait qui périt avec la personne, soit à cause de son Office ou Seigneurie; et celle-ci suit perpétuellement l'Office et Seigneurie. 

Finalement , la Principauté ne peut venir que de race , mais elle y réside d'une façon opposite à la simple Noblesse ; car elle tient rang selon qu'elle est plus récente , et qu'elle approche plus près de son tige. 

Charles Loyseau, Les oeuvres de maistre Charles Loyseau, avocat en parlement, Compagnie des Libraires, Lyon, 1701. Livre des Ordres, p. 25-26.



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