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mardi 14 mars 2017

L'immodestie des toilettes féminines et des danses, selon l'épiscopat belge, 1914


Mgr Antoine Stillemans (1832-1916), évêque de Gand
Un grand nombre d’évêques de France viennent, par des notes officielles, de mettre les fidèles en garde contre les modes inconvenantes et les danses lascives. Voici, sur le même sujet, une lettre collective de l'épiscopat belge. Nous la recommandons aux méditations de tous.


Dimanche dans l'octave de l’Épiphanie,
Aux parents chrétiens,

En présence de l'immodestie de plus en plus accentuée de la toilette féminine, à l'heure où des danses dégradantes menacent d'envahir nos milieux chrétiens, les évêques belges estiment qu'ils ont le devoir d'avertir les consciences de leurs fidèles et de vous rappeler spécialement à vous, pères et mères de famille, que l'éducation et la préservation de vos enfants sont confiées à votre vigilance, et que vous êtes, pour une large part, responsables de leur avenir et de la dignité ou de la déchéance morale de leur vie.

En vain chercheriez-vous à vous dérober à vos obligations, en invoquant la tyrannie de la mode ou en essayant de vous abriter sous le couvert de l'opinion publique.

Le Christ n'est pas descendu parmi nous pour ratifier les abus d'un monde pervers, mais pour nous décider, par ses exemples et par ses enseignements, à les combattre.

La société païenne était, à l'heure de sa-venue, esclave des convoitises de l'or, de la volupté, de l'orgueil. Notre divin Sauveur les dénonça avec autorité et nous apporta sa lumière et la puissance de sa grâce, pour nous éclairer sur leur action pernicieuse et pour nous en garantir.

Le chrétien est disciple du Christ.

Il a l'ambition de le prendre pour modèle, d'adopter pour règle de vie son divin Évangile.

Vous êtes chrétiens, vous voulez rester fidèles aux engagements sacrés de votre baptême.

Prenez donc conscience de votre dignité, rompez ouvertement avec les mœurs païennes que le Christ a condamnées, et que nous, évêques pasteurs de vos âmes, chargés de le représenter auprès de vous, venons, à notre tour, publiquement réprouver.

Ces mœurs s'affichent aujourd'hui scandaleusement sous une double forme, dans les modes et dans les danses, qui ont pour but et pour unique effet de flatter les instincts sensuels.

Les modes : l’exiguïté des draperies, la transparence des étoffes, la forme du vêtement, la disposition suspecte des lignes imaginées par des couturiers sans scrupule, ne sont plus des moyens de vêtir harmonieusement la femme honnête, mais des artifices calculés pour la livrer à la convoitise.

Les danses : le théâtre, les cinémas, les lectures, les conversations des salons mondains offrent des dangers permanents, contre lesquels vous avez à, vous tenir toujours en garde.

Mais nous devons spécialement, au début de cette saison d'hiver, dénoncer à la vigilance des familles qui ont le respect d'elles-mêmes certaines danses lascives — il nous répugne de les appeler par leur nom, et nous estimons, du reste, ce soin superflu — auxquelles ni les jeunes gens, ni les jeunes filles, ni les personnes mariées ne pourraient se livrer ou se prêter sans ravaler leur dignité morale, sans mettre leur vertu et celle d'autrui gravement en péril.

Ces danses sont rigoureusement interdites : nous les réprouvons, nous les condamnons.

Époux chrétiens, vous vous êtes juré fidélité : ne vous ouvrez pas mutuellement la voie à la violation de vos serments. Vous avez sondé les désirs du cœur humain ; n'essayez donc.pas de vous persuader ou de faire croire qu'il est incorruptible.

Mères chrétiennes, pourquoi conduisez-vous vos jeunes filles dans le monde ?

Elles sont innocentes, candides, elles ravissent par le charme de leur modestie.

Dans leur inconscience, elles ne cherchent peut-être qu'à plaire, s'engouent de la mode, quelle qu'elle soit, sans beaucoup l'analyser, uniquement attentives à attirer vers, elles les sympathies dont leurs cœurs généreux ont besoin, trop inexpérimentées souvent pour apprécier la qualité des sentiments qu'elles inspirent.

Mais vous avez acquis une expérience qu'elles n'ont point.

Vous le savez, vous, et devez le savoir : l'essentiel n'est pas que votre fille, rencontre vaille que vaille un jeune homme qui, sur l'heure, s'éprenne d'elle, mais qu'elle trouve un époux digne d'elle et de vous, continuateur des traditions d'honneur et de foi que vous avez su maintenir dans votre foyer.

Ne la rabaissez donc pas au niveau de ces malheureuses qui mettent leur dignité à l'encan. Gardez-la, protégez-la, veillez sur la pureté de son imagination, sur la fraîcheur de ses affections, sur la grâce de sa parure virginale.

Écartez d'elle le décolletage osé, les artifices troublants, tout ce qui porte à la luxure et dégrade.

Jeunes gens, soyez loyaux, ne trompez pas les familles qui vous accueillent avec confiance. Ne mettez pas votre orgueil dans le succès de la séduction. Ayant le respect de la jeune fille, ne dites pas devant elle ce que vous n'oseriez dire en présence de votre mère.

Gardez intactes vos énergies. Ne souillez pas vos affections. Ne laissez pas s'amollir votre caractère. Faites, selon le mot du P. Lacordaire, la part plus large à votre cœur qu'à vos sens.

L'apologie de la débauche, lût-elle l'œuvre d'un académicien est le geste éhonté d'un impudique.

Chrétiens et chrétiennes de tout âge et de toute condition, vous avez une mission à remplir.

Le grand pape saint Léon nous a légué cette belle pensée : « On n'est pas bon quand on ne l'est que pour soi... Ce n'est pas être sage que de n'aimer que pour soi la sagesse. »

Il ne peut donc vous suffire, Nos très chers Frères, de ne point vous assujettir aux mœurs païennes; il faut employer votre vigueur à réagir contre elles, à enrayer leur marche, à faire reculer leur audace. Vous avez l'honneur d'appartenir au Christ.

Vous êtes enrichis de la grâce de la rédemption, vous possédez dans votre écrin de famille le code de l’Évangile.

Vous devez vous faire apôtres et opposer à la mode païenne la mode chrétienne ; à la volupté, la réserve ; à la licence de la passion, la docilité à l’Évangile et à l’Église.

« Ne prenez pas le monde pour modèle, nous dit saint Paul dans la liturgie de ce jour, mais soumettez vos inclinations mauvaises à l'action transformante de la vie nouvelle que la grâce du christianisme a versée dans vos âmes.

« Je vous en supplie, dit-il encore, au nom de la divine miséricorde, faites que vos corps soient dignes d'être offerts en hostie vivante, sans souillure, agréable à Dieu, hommage d'un culte spirituel. »

Nous prions les prêtres chargés de guider les consciences, les directeurs et les directrices des maisons d'éducation, des patronages, des associations chrétiennes, de vouloir s'inspirer de la parole de leurs évêques, et la faire pénétrer, avec autant d'énergie que de prudence, dans la conscience publique.

Nous invitons toutes les âmes religieuses sous le regard desquelles passeront ces lignes a dire une prière spéciale à la Très Sainte Vierge Marie pour obtenir qu'elle protège la chasteté chrétienne de nos foyer.

Que de familles, même foncièrement honnêtes, ont besoin d'être aidées !

Elles voudraient résister à l'entraînement des modes avilissantes et des plaisirs licencieux, elles en déplorent la vogue, mais cèdent à la peur de se singulariser.

Ce qui fait défaut, mais on n'ose se l'avouer, c'est le courage de traiter le vice de haut, et de le mépriser. Les volontés sombrent dans la lâcheté.

Parents chrétiens, nous avons entendu l'appel discret de vos cœurs ; nous vous avons placés en face de votre devoir.

À vous de nous obéir et de mettre résolument la vertu de vos fils et de vos filles, vos traditions d'honneur, la foi à l’Évangile, la soumission à la volonté formelle de vos pasteurs, au-dessus d'un misérable préjugé mondain.

Demandons tous à Dieu, pour la jeune fille, la fierté, sauvegarde de sa pudeur ; pour le jeune homme, la force d'être chaste ; pour l'époux, l'autorité qui veille sur la dignité de sa femme ; pour l'épouse, le respect de son époux ; pour les parents, la liberté chrétienne qui les affranchisse des exigences malsaines de l'opinion publique.

Nous vous en supplions, Seigneur, lisez dans le cœur de ce peuple qui est à genoux devant vous, et, du haut du ciel, poursuivez-le de votre miséricordieux amour : faites-lui discerner son devoir, et, quand il l'aura vu, donnez-lui la force de l'accomplir. Nous vous le demandons par Jésus-Christ. Notre-Seigneur.

DÉSIRÉ-JOSEPH, cardinal MERCIER, archevêque de Malines ;
ANTOINE, évêque de Gand ;
GUSTAVE-JOSEPH, évêque de Bruges ;
CHARLES-GUSTAVE, évêque de Tournai ;
THOMAS-LOUIS, évêque de Namur ;
MARTIN-HUBERT, évêque de Liège.

Référence

« Un lettre collective de l'épiscopat belge », dans Paroisse de l'Immaculée Conception de Paris, 4e année, n°24, février 1914, p. 4-7

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