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lundi 9 janvier 2017

L'usage de quelques vêtements liturgiques, selon M. de Corny, 1858



La chasuble sert exclusivement à la célébration de la messe, sauf les exceptions qui concernent les chapitres et les cathédrales. On ne peut pas la prendre pour les saluts ni pour porter le Saint-Sacrement, car la chape est alors positivement prescrite.

(...)

L'étole s'emploie pour l'administration des sacrements, pour les bénédictions, pour les funérailles et pour la célébration de la messe. Le prêtre s'en revêt aussi pour recevoir la Sainte-Communion.

On peut, si c'est l'usage, s'en servir en prêchant ; mais on ne peut l'employer pour chanter les vêpres ou un office, quelque solennel qu'il soit, ni lorsqu'il s'agit simplement de présider à une cérémonie, ni comme signe de la charge curiale ou marque de juridiction.

(…) Dans beaucoup de diocèses de France, un usage de ce genre autorise à se servir de l'étole pour les prédications de la messe, désignées sous le nom de prône.

Les décrets les plus formels de la Congrégation des Rites , sanctionnés tout spécialement par l'autorité pontificale, tracent ces règles, en prescrivant aux Ordinaires d'éliminer toute coutume opposée, qui ne doit être regardée que comme un abus.

L'étole, en effet, dans l'économie de la liturgie, est un insigne d'ordre, qu'on revêt dans les actes où le caractère sacré est requis, et elle n'est pas insigne de juridiction, d'office ou d'autorité. Toutes les fois qu'on l'emploie avec l'aube, elle doit être croisée sur la poitrine. 
 
(…)

La chape est destinée à rehausser l'éclat de certaines cérémonies autres que la messe. On doit l'employer pour les processions et bénédictions du Saint-Sacrement, pour les processions solennelles, pour les vêpres chantées solennellement. Dans ce dernier cas, quelques-uns des prêtres ou clercs qui assistent le célébrant s'en revêtent également.

En général, toutes les fois que le célébrant est revêtu de la chape, il doit avoir à ses côtés des assistants qui en soulèvent les bords quand il marche ou quand il agit des deux bras, ou au moins le bord de droite quand il agit du bras droit.

(…)

L'habit de chœur, dont tous les clercs doivent user à l'église, est le surplis à larges manches, par-dessus une soutane touchant les talons par derrière et non pas relevée, et la barrette.

Le rochet, qui se distingue du surplis par ses manches étroites, est le vêtement des évêques et des prélats, et les chanoines n'en usent que par privilège et concession du Saint-Siège.

Les chanoines, du reste, ne doivent porter l'habit de chœur qui leur est propre que dans la cathédrale on collégiale dont ils sont chanoines, ou bien quand ils accompagnent et assistent l'évêque, et aux autres occasions où ils agiraient capitulairement. 

Hors ces cas, ils doivent porter l'habit de chœur commun à tous les clercs.

Les insignes canoniaux ont été établis par l’Église pour relever les fonctions canoniales, et non pas pour décorer les personnes des chanoines. Tout ainsi que le prêtre se revêt de la chasuble et des autres ornements sacerdotaux pour célébrer le saint sacrifice, le chanoine, pour faire dans la cathédrale cet office public, qui est la prière solennelle de l'Église, prend la mosette ou la cappa ; mais ces actes achevés, le prêtre ne conserve point sa chasuble pour des fonctions différentes ou pour ses actions personnelles, et le membre du chapitre n'a point à prendre les insignes du canonicat pour aller prêcher, faire le curé, le catéchiste, etc. Ces principes sont fort clairs, et il n'est pas étonnant que la Congrégation des Rites ait constamment répondu en ce sens aux consultations qui lui étaient proposées. (...)

Il ne doit y avoir qu'un seul habit de chœur dans une église, et les chantres et les enfants doivent eux aussi porter le surplis et non pas l'aube ni le surplis sans manches. L'usage de la calotte, qui n'est permis aux clercs et aux prêtres qu'avec des restrictions, ne peut convenir à ces enfants ; à plus forte raison, ne peut-on, par un étrange abus, leur donner la calotte et la barrette rouge, qui constituent un insigne dans l’Église. Ils ne peuvent se couvrir la tête que d'une barrette noire. Pour la couleur de la soutane, on peut conserver l'usage des églises. À Rome même, on admet pour les élèves des séminaires, ces diverses couleurs de vêtements, permises autrefois à tous les clercs.

Aux yeux de l’Église, on fait partie ou du clergé ou du peuple. Elle tolère, il est vrai, pour suppléer au petit nombre des clercs, que plusieurs laïcs soient introduits parmi eux, et fassent quelques-unes de leurs fonctions en portant leur habit ; mais, à ce moment, elle les accepte comme s'ils appartenaient réellement au clergé et non pas comme faisant un ordre intermédiaire : on ne peut donc pas leur constituer un costume spécial. Dans les pays du nord, où souvent on usait de fourrures, le vêtement de chœur qu'on mettait par-dessus, prit le nom de superpelliceum (super pelliceas vestes) ou surpelis et ensuite surplis. En Italie, on l'appelait cotta. Ces deux dénominations ont été conservées dans la langue liturgique, la première ayant prévalu dans le missel et le rituel, la seconde dans le cérémonial des évêques. La forme s'en est aussi un peu diversifiée selon les pays. En Italie, il est très court et fort plissé, soit pour le corps, soit pour les manches. Mais partout où l'on pratique la liturgie avec intelligence et fidélité, on n'a jamais songé à le décomposer en surplis solennel et surplis vulgaire, surplis des clercs et surplis des laïcs.

Quant à la barrette, elle doit être complètement noire, ainsi que la calotte. Lorsqu'on porte, comme à Rome, la barrette à trois cornes, l'angle dépourvu de corne se place au-dessus de l'oreille gauche. La barrette complète le costume ecclésiastique de chœur ; et lors même qu'on ne doit point avoir l'occasion de la mettre sur sa tête, par exemple à cause de l'exposition du Saint-Sacrement, on doit la porter à la main.

(…) En Italie, la barrette à quatre cornes est propre aux docteurs ; mais ils ne la portent que dans les actes académiques, et un prêtre docteur ne peut s'en servir à l'église (S. R. C. in Venusina, 7 decemb. 1844).


Référence

M. de Corny, Cérémonial romain rédigé d'après les sources authentiques, 3e édition revue et corrigée, Maison Méquignon Junior, Jouby, successeur, Paris ; Comoy et Gilliet, imprimeurs, Moulins, 1858, p. 18-30