Rechercher dans ce blogue

mercredi 22 janvier 2020

Vatican II : La pieuse interprétation, selon Archidiacre, octobre 2019



Tribune des Pères du Concile, 2d Concile du Vatican. Photo par Lothar Wolleh.
Il s'agit ici d'une retranscription de la vidéo disponible en ligne sur <https://www.youtube.com/watch?v=v0DPqDdd4FE>, publiée le 7 octobre 2019 par ArchidiacreMerci à lui pour ce travail...

La version française des textes non publiée en ligne ainsi que les notes sont le fait de l’auteur de ce blogue.



Avant-propos


Bonjour à tous et bienvenue dans cette vidéo qui portera sur les raisons pour lesquelles lire les décrets de Vatican II et les encycliques papales en accord avec la Tradition est non seulement la chose la plus raisonnable à faire mais aussi la plus morale du point de vue de la doctrine catholique.



L’Église catholique considère que ces décrets sont en continuité avec la sainte Tradition, enseignant ainsi ce que l’on appelle l’herméneutique de continuité. Il est un constat évident que les ennemis de l’Église chercheront toujours une lecture contradictoire alternative, aussi absurde soit-elle, pour justifier leur rejet du Magistère romain.

Cependant cette vidéo donnera toutes les raisons aux catholiques en cheminement pour faire confiance au Magistère vivant de l’Église romaine. Celui-ci exerce [=expose] encore aujourd’hui et détient la continuelle véritable doctrine. On peut donc légitimement faire confiance en [=à] ses enseignements théologiques, même quand ils ne semblent pas toujours clairs ou évidents aux yeux des laïcs.

Avant de commencer, rappelons déjà que le raisonnement sédévacantiste selon quoi [=lequel] soutenir les textes de Vatican II ferait de S. Paul VI et ses successeurs des anti-Papes s’ils contenaient des erreurs, est un « non sequitur » c’est-à-dire que la conclusion ne suit pas la prémisse.

Il est vrai que les textes de Vatican II sont bel et bien dotés d’une haute autorité qui oblige les fidèles catholiques à accepter humblement leurs enseignements, comme [cela est] expliqué dans Lumen gentium qui rappelle que l’ « assentiment religieux de la volonté et de l’intelligence est due, à un titre singulier, au Souverain Pontife en son Magistère authentique même lorsqu’il ne parle pas ex cathedra, ce qui implique la reconnaissance respectueuse de son suprême Magistère et l’adhésion sincère à ses affirmations en conformité à ce qu’il manifeste de sa pensée et de sa volonté » (1). En tant que fidèle, on a donc pas le droit de les rejeter comme insignifiants ou de les tenir simplement comme faux.

Il est sûr aussi que ces textes, selon le même auteur, ne définissent aucune doctrine engageant l’infaillibilité comme [cela est] expliqué dans son allocution du 12 janvier 1966 (3). Étant donné que leur autorité n’exige pas un assentiment de foi ici, mais un accueil docile et sincère, on ne peut pas affirmer que ce sont des textes entièrement protégés de l’erreur. Et les parties qui pourraient l’être sont encore débattues.

Il n’y aucune doctrine définitive enseignée par le Magistère sur les conséquences qu’aurait la présence d’une erreur religieuse dans un texte faillible. Étant donné qu’on ne dispose que d’hypothèses spéculatives de simples théologiens, la conclusion sédévacantiste n’est absolument pas une vérité de foi. Ce débat ne nous concerne cependant pas ici, car nous défendrons dans les vidéos à venir que les décrets ne contiennent pas d’hérésie (4).


I. L’herméneutique de continuité est un devoir moral

Il existe toujours des lectures qui concilient les décrets, encycliques et autres enseignements de l’Église depuis Vatican II avec la Tradition. Il ne s’agit pas seulement de pouvoir les lire en conciliation mais aussi de devoir le faire autant que possible. En effet, il tient de la charité catholique de devoir toujours favoriser une interprétation positive des paroles et des actions de son prochain. Chercher obstinément à trouver une hérésie derrière des paroles dont on ne connaît pas l’intention, chose qui est la méthode systématique des sédévacantistes, constitue un grave péché de jugement téméraire.

Le Catéchisme de S. Pie X, le définit comme un « péché qui consiste à mal juger ou à soupçonner de mal le prochain sans un juste motif (5) ». Le Catéchisme actuel l’explique plus en détail, en citant S. Ignace de Loyola, qui dit que « pour éviter le jugement téméraire, chacun veillera à interpréter autant que possible dans un sens favorable les pensées, paroles et actions de son prochain. “Tout bon chrétien doit être plus prompt à sauver la proposition du prochain qu’à la condamner.” » (6)

Si cela est valable pour notre prochain, alors qu’en est-il du Magistère de la Sainte Église sur qui repose l’autorité d’enseigner la foi catholique ?

Étant donner que sauver les textes de Vatican II est tout à fait possible, comme nous le verrons dans des vidéos futures, il est un devoir moral de favoriser cette possibilité. Le Pape incarne le Magistère guidé par l’Esprit Saint. Il est donc la personne sur terre à qui la confiance est le plus due. C’est ce que S. Pie X enseignait en 1912 : «  Pour aimer le Pape, il suffit de réfléchir à ce qu’il est : le Pape est le gardien du dogme et de la morale ; il est le dépositaire des principes qui rendent vertueuses les familles, grandes les nations, saintes les âmes ; il est le conseil des princes et du peuples. » Une chose contraire à l’amour, disait-il, était de questionner la portée de son autorité et de réinterpréter ses paroles en conséquence. « Quand on aime le Pape, on n’objecte pas qu’il n’a point parlé assez clairement, comme s’il était obligé de redire directement à l’oreille de chacun sa volonté clairement exprimée tant de fois non seulement de vive voix, mais par des lettres et d’autres documents publics. » (7)

Les sédévacantistes essaient en permanence, sûrement plus que les progressistes, de réinterpréter les Papes pour en déduire des intentions cachées. Ils rétorqueront sûrement que, par leur pouvoir de télépathie ou d’exégèse inspirée, ceux-ci connaissent la volonté secrète des Papes et, donc, qu’ils ont un juste motif pour considérer leurs textes comme hérétiques. Ce n’est, bien sûr, que spéculation et présomption téméraire.

Lors du discours de clôture du Concile Vatican II (8), S. Paul VI adressait [=visait] directement les soupçons d’influence relativiste ou mondaine au détriment de la Tradition en ratifiant que ce Concile ne déviait en rien de cette dernière dans ses profondes intentions et ses manifestations authentiques. Cette volonté de rester en continuité avec la Tradition était rappelée systématiquement par exemple, pour Dignitatis Humanæ (9) ou Lumen Gentium (10). On ne peut donc rien conjecturer de plus à partir des textes sans tomber dans le jugement téméraire et donc, pécher gravement.

Ses successeurs (11) ont réaffirmé à plusieurs reprise la continuité des enseignements de l’Église avec la doctrine traditionnelle. Et c’est donc comme cela qu’ils doivent être lus autant que possible.

En vérité, l’argumentaire sédévacantiste est complètement circulaire. Pour eux, il est juste d’interpréter les textes du Concile comme hérétiques car ils pensent que Paul VI était un hérétique notoire. Seulement, ils savent que Paul VI était un hérétique notoire uniquement parce qu’ils lisent ces textes comme hérétiques. Leur logique repose donc sur une mauvaise présomption auto-justifiée.

Rappelons que, selon la lettre de Pie IX Etsi multa (12) qui dénonçait les schismatiques anti-Vatican I, dire que le Pape et les Évêques unis à lui sont tombés dans l’hérésie en adhérant au Concile œcuménique était un blasphème contraire à l’indéfectibilité de l’Église. Lisez attentivement. L’argument de Pie IX n’est pas que le Concile est orthodoxe donc que le Pape n’est pas hérétique mais plutôt : le Pape est le chef de l’Église, donc le Concile auquel il adhère ne peut pas être hérétique.

Les sédévacantistes font le chemin inverse, en prétendant pouvoir juger S. Paul VI sous prétexte qu’ils comprennent mieux la théologie et le Concile que lui-même. Cela signifie que le Magistère n’a, en pratique, aucune autorité sur eux. Il est même inférieur à leur libre examen, car ils ne le présument comme vrai Magistère que s’il enseigne ce que eux pensent savoir vrai et compatible avec la doctrine. Même l’infaillibilité papale ne sert plus à rien dans ces conditions, car ils ne la reconnaissent que si eux sont personnellement venus à la conclusion que ce qu’elle définit est vrai. Redoublant d’hypocrisie, ils osent dire qu’ils se réfèrent au Magistère passé, comme si le présent ne se comprenait pas aussi bien lui-même. Les schismatiques faisaient pareil avec Vatican I : ils jugeaient d’abord que le Concile était hérétique en prétendant suivre une Église du passé et donc, concluaient que ses adhérents étaient des hérétiques, aussi. Mais conformément à la logique de Pie IX, l’enseignement œcuménique est acceptable du fait même de l’indéfectibilité de l’Église. Donc, pour le dire hérétique, les sédévacantistes doivent d’abord prouver que le Pape n’est pas le Pape, qu’il a été invalidement élu, que S. Jean XXIII a été invalidement élu, que la majorité des Cardinaux l’ayant élevé au pontificat étaient des hérétiques ou encore que Pie XII a ordonné des Évêques hérétiques au cardinalat. Or, jamais de preuve solide n’a été donnée et il n’y a eu recours qu’à de fragiles théories du complot, des accusations sans fondement et des spéculations. La capacité des laïcs sédévacantistes à juger ces Cardinaux comme hérétiques sans procès canonique est d’ailleurs nulle car le canon de 1917 avait établi que seul le Pape pouvait les juger (13). Pire encore, Pie XII condamnait toute prétention à rejeter rétrospectivement un Pape sur la base de ce qu’il a pu dire ou faire sous son cardinalat (14). Il en va de même pour les hypothèses théologiques ad hoc qui spéculent sur la possibilité que S. Paul VI ne fût pas Pape en volonté mais seulement matériellement, de façon abstraite. On peut émettre une théorie du genre pour tous les Papes comme bon nous semble ; et plusieurs sédévacantistes remontent [=font remonter] la corruption de l’Église jusqu’à Benoît XV. Ils utilisent les mêmes arguments spéculatifs en disant, par exemple, que les actions des Papes prouvaient leur hérésie en dressant là encore des listes superficielles d’actes interprétés témérairement à l’encontre de Benoît XV, Pie XI et Pie XII (15).  

Mais étant donné que, même dans les pires cas où ces actions seraient objectivement pécheresses, ce qui est souvent sinon toujours faux, il est un fait que les actions d’un Pape peuvent, malgré lui, contredire sa propre foi, car il reste un homme pécheur. Ce n’est donc pas un motif suffisant pour le déclarer hérétique, particulièrement quand il s’agit du Pape.

Qu’est-ce qu’un bon chrétien doit faire si un texte donné par l’Église lui semble contradictoire ? En expliquant que la philosophie rationnelle ne servait pas à déterminer le contenu de la doctrine mais surtout à démontrer pourquoi il était raisonnable d’y croire, S. Pie X citait S. Anselme (16) :

Il est clair qu’aucun chrétien ne devrait disputer en quoi cela n’est pas ce que l’Église catholique croit en son cœur et confesse en sa bouche, mais toujours en professant sans douter la même foi, aimant et vivant selon celle-ci, il doit chercher autant que possible la raison pour laquelle c’est le cas. S’il est capable de comprendre, qu’il rende grâce, s’il ne le peut pas, qu’il ne prépare pas ses cornes pour l’attaque, mais qu’il baisse sa tête en révérence.

Autrement dit, un chrétien ne peut pas s’enorgueillir et s’attaquer à une doctrine qu’il n’arrive pas à comprendre. Il doit plutôt se faire humble et laisser cette question à l’Église.


II. L’herméneutique de continuité est la plus raisonnable.

Nous savons que l’affirmation selon quoi [=laquelle] le Concile enseigne une hérésie repose sur une présomption injuste.

Est-elle rationnellement la plus raisonnable ? C’est ce que pourrait avancer les protestants et les orthodoxes orientaux premiers recruteurs de sédévacantistes qui se réjouissent de l’affirmation d’une rupture doctrinale. Pour un catholique qui reconnaît l’existence du Magistère vivant et enseignant guidé par l’Esprit Saint, c’est un pari inutile et immensément risqué.

Une première raison qui rend improbable l’herméneutique de rupture est que le but affirmé de ces textes, comme montré précédemment, est explicitement de rester en conciliation avec la doctrine passée. Même si cela ne veut pas dire qu’ils ne peuvent pas se tromper malgré eux, ils n’ont aucune raison a priori de la contredire. Et ce serait introduire de multiples hypothèses ad hoc inutiles que de faire appel aux intentions cachées du Pape qui sont véritablement des spéculations téméraires.

Une méthode de lecture fallacieuse est celle de l’assimilation des termes. Il se peut qu’un terme concept comme « œcuménisme », « liberté religieuse », ou « prosélytisme » soit utilisé deux fois dans l’histoire de l’Église mais pour signifier des choses différentes. Pour attaquer Vatican II, certains lui reprocheront d’enseigner des concepts qui ont été condamnés par le passé. Mais vu que la définition que donne Vatican II à ces termes est différente, alors la confusion est malhonnête. Car même si le nom est semblable, c’est l’idée signifiée qui importe. Il existait plusieurs exemples de ce type avant Vatican II, ce qui discrédite cette logique. Il y avait, par exemple, le mot « consubstantiel » rejeté par le Concile d’Antioche en 264, selon la définition que lui donnaient les hérétiques, puis affirmé par le Concile de Nicée en 325 dans une définition différente et orthodoxe (17). Un autre terme est aussi « laïcité » que S. Pie X et Pie XI condamnaient parce qu’il désignait une injuste séparation entre la religion et l’État (18). Pourtant Pie XII (19) et S. Jean-Paul II (20) emploieront le même terme positivement, mais cette fois pour parler de la simple distinction entre l’Église et le pouvoir séculier. Étant donné que la définition qu’ils donnent est totalement différente, alors ils ne contredisent pas leurs prédécesseurs. Pie XI reprochait au communisme de ne pas respecter la liberté de conscience (21). Il se défendait ailleurs de prôner une liberté de conscience dans le sens où on l’assimile au libre droit d’adhérer à l’erreur (22). Pourtant il est très fréquent qu’on ignore volontairement la définition donnée dans le décret de Vatican II.

Il y a aussi le classique argument de la complexité de la conciliation. Face à une difficulté théologique, les plus orgueilleux croiront qu’une explication qu’ils ne comprennent pas ou difficilement est forcément fausse. En dehors de cette prétention orgueilleuse assurément pécheresse, les moins malhonnêtes diront plutôt qu’elle est moins probable, crédible ou raisonnable. Selon eux, la rupture est évidente car une lecture naturelle, sans réflexion théologique poussée y mène, alors que l’herméneutique de la continuité n’est pas toujours facile à comprendre. Mais cette évidence subjective est un raisonnement qui mènerait à confirmer toutes les contradictions apparentes de la Bible qui contient, parfois, des parties compliquées. Les musulmans l’interprètent très mal et pourtant, ils jugent leur lecture évidente ou vraisemblable. Ça ne réfute en rien la lecture orthodoxe qui demande plus de réflexion.

Pour un catholique, la méthode de la simplicité est interdite par Pie XII (23) qui expliquait que, sur les questions du dépôt de la foi, que, s’ « il est évident qu’il est d’une méthode absolument fausse d'expliquer le clair par l'obscur, disons bien qu'il est nécessaire que tous s'astreignent à suivre l'ordre inverse. » Contrairement à ce que certains diront, cette règle ne s’applique pas qu’aux Écritures saintes mais aussi aux textes magistériels. C’est pour cette raisons que les décrets du Concile de Trente étaient uniquement interprétables par la Congrégation romaine [pour l’exécution et l’interprétation du Concile de Trente] (24). Sachant qu’il serait toujours possible de les interpréter de façon erronée, Pie IV interdisait à toute personne, ecclésiastiques de tous rangs ainsi que laïcs de n’importe quel honneur ou pouvoir, de publier des commentaires ou autres formes d’interprétation des décrets conciliaires (25). Il se réservait le droit exclusif de les expliquer de la façon qu’il jugeait la plus convenable.

C’est donc un fait que la doctrine du Magistère ne peut pas être toujours bien comprise par tout le monde et n’a pas besoin de l’être pour être véridique. Par exemple les feeneyistes (26) interprètent mal le Magistère sur le baptême de désir et déduisent que c’est une hérésie car sa conciliation avec le fait que hors de l’Église, il n’y a pas de salut (27) n’est pas évidente. En fait, les Papes ont souvent omis de préciser que ce dernier dogme ne contredisait pas l’ignorance invincible et le baptême de désir. Ainsi, ils laissaient, sans culpabilité de leur part, l’occasion aux hérétiques d’y soutenir leur foi aux interprétations. L’apparente clarté est alors un critère de jugement complètement biaisé car il y a énormément d’interprétations du Magistère erronées qui ont été faites pour traiter Benoît XV, Pie XI et Pie XII d’hérétiques.

C’est aussi pour cette raison qu’une autre objection qui parle de tactique moderniste est moralement indéfendable. Celle-ci vient, en partie d’une bulle du Pape Pie VI, Auctorem fidei, qui dénonçait les décrets du concile de Pistoie (28). Il accusait les hérétiques de dissimuler subtilement des erreurs pour mieux les transmettre, en décrétant clairement une erreur dans un passage et en la corrigeant dans un autre, disant tout et son contraire, sachant pertinemment que les simples fidèles n’auraient pas les capacités de les comparer de façon à éviter l’hérésie. Les sédévacantistes pensent qu’elle leur donne le droit d’interpréter les textes de Vatican II de façon à ce que, si un passage paraît hérétique, alors qu’il ne l’est pas si on le remet en contexte, c’est parce que c’est une tactique moderniste. Il est facile pour quiconque d’honnête de se rendre compte que n’importe qui pourrait se servir de cette logique malhonnête contre les saintes Écritures elles-mêmes ainsi que [contre] le Magistère dont on peut facilement tirer les morceaux et les condamner en disant qu’une nécessité de remise en contexte serait la preuve de l’hérésie. S. Paul serait un hérétique caché pour avoir dit que « tous ont péché » (Romains 3, 23), sans préciser l’exception de la Sainte Vierge. Ou Eugène IV serait un hérétique caché pour avoir laissé croire aux feeneyistes qu’il n’existait pas de salut par le désir implicite du baptême. Pie XI aura usé d’une tactique moderniste pour avoir tantôt défendu la liberté de conscience et clarifié son terme ailleurs pour lui donner une définition orthodoxe. Voyez comme cette lecture est intenable.

En vérité, Auctorem fidei ne dit pas que l’ambiguïté apparente est, en soi, la preuve de l’hérésie, ni même qu’une vérité ne peut pas être mal interprétée hors de son contexte global. Si on va au-delà des traductions sédévacantistes tronquées, la bulle dit, au contraire, que l’hérésie doit être démontrée et appelle d’ailleurs à une pastorale pacifique qui permet aux personnes soupçonnées d’expliquer dans un sens plus sain ce qu’il y avait d’ambiguë (29). Cela veut dire que, pour parler de tactiques modernistes, il faut d’abord avoir prouvé qu’il y a une volonté de propager une hérésie ; pas simplement avoir eu une impression d’hérésie en lisant un passage ambiguë, chose que les schismatiques ont fait avec les textes magistériels bien avant S. Paul VI. Bien plus encore, Pie VI ne dit pas que le simple laïc peut prouver qu’il y a une hérésie. En fait, il dit que c’est son propre devoir apostolique (29). La seule raison pour laquelle nous savons que ce concile régional était vraiment hérétique, c’est parce que Pie VI l’a jugé comme tel.

Cela est donc inapplicable sur un Concile œcuménique de la plus haute autorité, approuvé par le Pape. Et c’est pourquoi la Tradition n’a jamais imaginé qu’un laïc suspicieux puisse juger le Souverain Pontife (30). Suspecter le Pape d’être un hérétique à cause d’un texte qu’il a promulgué reviendrait à présupposer qu’il n’est pas Pape et tomberait dans le raisonnement circulaire que nous avons déjà exposé. Quelques-uns, au moins conscients de n’être que de simples laïcs rétorqueront que plusieurs théologiens sont d’accord avec eux. Mais plusieurs théologiens les contredisent aussi, comme Thomas Pink, Joseph Ratzinger, Basile Valuet, Louis-Marie de Blignères ou Brian Harrison sur la liberté religieuse. Devant une question débattue, aucun catholique ne peut choisir l’hypothèse du théologien qui lui plaît et y adhérer comme à un fait doctrinal. Pie XII disait bien à propos du dépôt de la foi que « ce n’est ni à chaque fidèle, ni même aux théologiens que le Christ l'a confié pour en assurer l'interprétation authentique, mais au seul Magistère de l’Église. (31) » À l’occasion de la Semaine italienne d’adaptation pastorale, il ajoutait qu’ « on aurait pu se demander si c'est la parole des théologiens ou celle du Magistère de l’Église qui a le plus de poids et offre une meilleure garantie de vérité. (…) [P]our la connaissance de la vérité, ce qui est décisif ce n'est pas l’opinion des théologiens mais le sens de l’Église. Sinon ce serait faire des théologiens presque des timoniers du Magistère ; ce qui est une erreur évidente. » Autrement dit, si on a des doutes sur un enseignement — et cela engage tous les catholiques — la position de l’Église est la plus certaine et digne de confiance ; car elle a toujours le plus de poids dans la garantie de la vérité.

Cette différence de poids en terme de doctrine est valable même pour les plus grands saints comme l’expliquait Benoît XIV : « L’opinion d’une seul docteur, bien que saint et renommé doit, dans tous les cas, céder au jugement de l’Église. (33) » D’un point de vue catholique, l’herméneutique la plus raisonnable est donc celle que l’Église enseigne, même si on ne la comprend pas et même si des théologiens, aussi experts soient-ils, ont émis l’humble hypothèse d’une erreur.

Conclusion

En conclusion, affirmer sans le moindre doute que les textes de Vatican II sont hérétiques est une erreur grave pour un catholique. Pour porter un jugement d’une telle gravité, particulièrement pour en tirer les conclusions sédévacantistes, il faudrait, pour cela, se charger de graves présomptions à l’encontre des Papes et de l’Église, en faisant confiance à des accusations si peu solidement fondées qu’elles entrent dans le péché grave de jugement téméraire. Et par leur volonté exprimée et leur nature autoritaire, l’interprétation la plus probable de leurs enseignements est toujours celle de l’orthodoxie, même si les textes sont complexes ou peuvent sembler en contredire un autre. La rupture est donc non seulement l’explication la moins raisonnable mais aussi la plus dangereuse pour l’âme.

« Une proposition contraire à ces doctrines peut être qualifiée d’erronée ou bien, dans le cas des enseignements de l’ordre de la prudence, de téméraire ou de dangereuse et donc “ne peut être enseignée en toute sureté”. (34) »

En publiant Donum veritatis, la Congrégation pour la doctrine de la foi établissait très bien les fondements moraux d’un tel jugement, loin d’innover sur la question.

24. (…) Les Pasteurs n'ont pas toujours perçu aussitôt tous les aspects ou toute la complexité d'une question. Mais il serait contraire à la vérité de conclure, à partir de certains cas déterminés, que le Magistère de l'Église puisse se tromper habituellement dans ses jugements prudentiels, ou qu'il ne jouisse (...) de l'assistance divine dans l'exercice intégral de sa mission. 

(…)

27. (…) [L]e théologien ne présentera pas ses opinions ou ses hypothèses divergentes comme s'il s'agissait de conclusions indiscutables. Cette discrétion est commandée par le respect de la vérité ainsi que par le respect du Peuple de Dieu (cf. Romains 14, 1-15; 1 Corinthiens 8 ; 10, 23-33). Pour les mêmes raisons, il renoncera à leur expression publique intempestive.

28. Ce qui précède trouve une application particulière dans le cas du théologien qui aurait de sérieuses difficultés à accueillir, pour des raisons qui lui paraissent fondées, un enseignement magistériel non-irréformable. Un tel désaccord ne pourrait être justifié s'il se fondait seulement sur le fait que la validité de l'enseignement donné n'est pas évidente, ou sur la persuasion que la position contraire est plus probable. De même, le jugement de la conscience subjective du théologien ne saurait suffire, car celle-ci ne constitue pas une instance autonome et exclusive pour juger de la vérité d'une doctrine.

29. Jamais, en tout cas, ne pourra manquer une attitude fondamentale de disponibilité à accueillir loyalement l'enseignement du Magistère, comme il convient à tout croyant au nom de l'obéissance de la foi. (35)

Si cela est vrai pour les théologiens, alors qu’en est-il pour les nombreux laïcs qui ont péché en portant un jugement sur le Concile et les Papes comme si c’était une évidence, tout en osant brandir des hypothèses de théologiens comme [étant] des doctrines plus certaines. Ceux-ci ont toujours été tenus de ne pas y opposer leur opinion personnelle. Il est donc un devoir moral de soumettre leurs doutes au jugement de l’Église (36).

Nous espérons, avec cette vidéo, avoir donné une piste de réflexion aux esprits humbles et prudents. Cette vidéo est à présent terminée. Soyez bénis et allez en paix.


Notes

(1) Constitution dogmatique sur l’Église, Lumen gentium, 21 novembre 1964, n. 25 : « Cet assentiment religieux de la volonté et de l’intelligence est due, à un titre singulier, au Souverain Pontife en son Magistère authentique même lorsqu’il ne parle pas ex cathedra, ce qui implique la reconnaissance respectueuse de son suprême Magistère et l’adhésion sincère à ses affirmations en conformité à ce qu’il manifeste de sa pensée et de sa volonté et que l’on peut déduire en particulier du caractère des documents, ou de l’insistance à proposer une certaine doctrine, ou de la manière même de s’exprimer. » Disponible en ligne sur <http://www.vatican.va/archive/hist_councils/ii_vatican_council/documents/vat-ii_const_19641121_lumen-gentium_fr.html>, consultée le 20 janvier 2020.

(2) Vén. Pie XII, Lettre encyclique Humani generis, 12 août 1950 : « Et l'on ne doit pas penser que ce qui est proposé dans les Lettres encycliques n'exige pas de soi l'assentiment, sous le prétexte que les Papes n'y exerceraient pas le pouvoir suprême de leur Magistère. C'est bien, en effet, du Magistère ordinaire que relève cet enseignement et pour ce Magistère vaut aussi la parole : “Qui vous écoute, m'écoute...” (Luc 10, 16), et le plus souvent ce qui est proposé et imposé dans les Encycliques appartient depuis longtemps d'ailleurs à la doctrine catholique. Que si dans leurs Actes, les Souverains Pontifes portent à dessein un jugement sur une question jusqu'alors disputée, il apparaît donc à tous que, conformément à l'esprit et à la volonté de ces mêmes Pontifes, cette question ne peut plus être tenue pour une question libre entre théologiens. Disponible en ligne sur <http://www.vatican.va/content/pius-xii/fr/encyclicals/documents/hf_p-xii_enc_12081950_humani-generis.html>, consultée le 20 janvier 2020.

(3) S. Paul VI, Audience publique, 12 janvier 1966 : « Il y a ceux qui se demandent quelle est l'autorité, la qualification théologique, que le Concile a voulu attribuer à ses enseignements, sachant qu'il a évité de donner des définitions dogmatiques solennelles, engageant l'infaillibilité du magistère ecclésiastique. Et la réponse est connue de ceux qui se souviennent de la déclaration conciliaire du 6 mars 1964, répétée le 16 novembre 1964 : compte tenu du caractère pastoral du Concile, celui-ci a évité de définir, selon le mode extraordinaire, des dogmes dotés de la note d'infaillibilité ; mais il a néanmoins conféré à ses enseignements l'autorité du magistère suprême ordinaire qui doit être accepté docilement et sincèrement par tous les fidèles, conformément à l'esprit du Concile, selon la nature et les objectifs de chaque document. » Disponible en ligne dans la version italienne sur <https://w2.vatican.va/content/paul-vi/it/audiences/1966/documents/hf_p-vi_aud_19660112.html>, consultée le 21 novembre 2019.

(4) S. Pie X, Grand catéchisme, 1905, 1ère partie, chap. 10, § . 6 : « Qu’est-ce que les hérétiques ? Les hérétiques sont les baptisés qui refusent avec obstination de croire quelque vérité révélée de Dieu et enseignée comme de foi par l’Église catholique : par exemple, les ariens, les nestoriens et les diverses sectes du protestantisme. » Disponible en ligne sur <http://catho.org/9.php?d=brw#bg>, consultée le 20 janvier 2020.

(5) ibid., 3e partie, chap. 3, §. 5: « Qu’est-ce que le jugement ou soupçon téméraire ? Le jugement ou le soupçon téméraire est un péché qui consiste à mal juger ou à soupçonner de mal le prochain sans un juste motif. » Disponible en ligne sur <http://catho.org/9.php?d=bry#cs>, consultée le 20 janvier 2020.

(6) Catéchisme de l’Église catholique, 3e partie, section 2, chap., art. 8, III, n. 2477-2478 : « 2477. Le respect de la réputation des personnes interdit toute attitude et toute parole susceptibles de leur causer un injuste dommage (cf. Code de droit canonique, 1983, canon 220). Se rend coupable – de jugement téméraire celui qui, même tacitement admet comme vrai, sans fondement suffisant, un défaut moral chez le prochain. (…). 2478. Pour éviter le jugement téméraire, chacun veillera à interpréter autant que possible dans un sens favorable les pensées, paroles et actions de son prochain : “Tout bon chrétien doit être plus prompt à sauver la proposition du prochain qu’à la condamner. Si l’on ne peut la sauver, qu’on lui demande comment il la comprend ; et s’il la comprend mal, qu’on le corrige avec amour ; et si cela ne suffit pas, qu’on cherche tous les moyens adaptés pour qu’en la comprenant bien il se sauve” (S. Ignace [de Loyola], Exercices spirituels 22). » Disponible en ligne sur <http://www.vatican.va/archive/FRA0013/__P8F.HTM>, consultée le 20 janvier 2020.

(7) S. Pie X, Discours aux prêtres de l’union apostolique, 18 novembre 1912 : «  Pour l' [le Pape] aimer alors il suffit de réfléchir à qui est le Pape : Le Pape est le gardien du dogme et de la moralité ; il est le dépositaire des principes qui forment honnêtement la famille, les grandes nations, les âmes saintes ; il est le conseiller des princes et des peuples ; c'est la tête sous laquelle personne ne se sent tyrannisé, parce qu'il représente Dieu lui-même ; c'est le père par excellence qui réunit en lui tout ce qui peut être aimant, tendre, divin. Cela semble incroyable, et c'est douloureux, qu'il y ait des prêtres à qui cette recommandation doive être faite, mais malheureusement, nous sommes aujourd'hui dans cette dure et malheureuse condition de devoir dire aux prêtres : aimez le Pape ! Et comment se doit-on d’aimer le Pape ? “Non verbo neque lingua, sed opere et veritate” [« Non par la parole, ni par la langue, mais en acte et en vérité » ; 1 Jean 3, 18] . Quand on aime une personne, on essaie de se conformer à toutes ses pensées, d'exécuter ses désirs, d'interpréter ses désirs. Et si notre Seigneur Jésus-Christ a dit de Lui-même: « Si quis diligit, sermonem meum servabit” [Si quelqu’un m’aime, il gardera Ma parole » ; Jean 14, 23], afin de montrer notre amour au Pape, il est nécessaire de lui obéir. Par conséquent, quand on aime le Pape, on ne discute pas de ce qu'il dispose ou demande, ni jusqu’où doit aller l'obéissance, ni de ce à quoi on doit obéir ; quand on aime le Pape, on ne dit pas qu'il n'a pas parlé assez clairement, comme s'il était obligé de répéter à l'oreille de chacun ce qui sera clairement exprimé si souvent non seulement par la voix, mais par des lettres et autres documents publics ; ses ordres ne sont pas remis en question, invoquant le prétexte facile de celui qui ne veut pas obéir, que ce n'est pas le Pape qui commande, mais ceux qui l'entourent ; le domaine dans lequel il peut et devrait exercer son autorité n'est pas limité ; l’autorité du Pape n’est pas surpassée par celle d’autres personnes, même instruites, qui sont en désaccord avec le Pape, lesquelles personnes, si elles sont instruites, ne sont pas des saints, car celui qui est saint ne peut être en désaccord avec le Pape. C’est l’épanchement d’un cœur peiné, que je pratique avec une profonde amertume, non pas vis-à-vis de vous, chers confrères, mais avec vous, pour déplorer la conduite de tant de prêtres qui, non seulement se permettent de discuter et de critiquer les volontés du Pape, mais n’ont pas honte d’en arriver à la désobéissance impudente et effrontée avec un tel scandale du bien et une telle de ruine des âmes. » Version originale italienne disponible sur <https://w2.vatican.va/content/pius-x/it/speeches/documents/hf_p-x_spe_19121118_unione-apostolica.html>, consultée le 23.11.2019.

(8) S. Paul VI, Allocution lors de la dernière session du Concile Œcuménique Vatican II, 7 décembre 1965 : « Cette attitude, provoquée par l'éloignement et les ruptures qui séparèrent l'Église de la civilisation profane au cours des siècles derniers, surtout au XIXe et en notre siècle, et toujours inspirée par la mission de salut qui est essentielle à l'Église, a fortement et constamment fait sentir son influence dans le Concile : au point de faire naître chez certains le soupçon qu'à cause de l'influence de la doctrine du relativisme un excès de tolérance et de considération pour le monde extérieur, l'actualité qui passe, les modes en matière de culture, les besoins contingents, la pensée des autres, aient prévalu chez certains membres du Concile et dans certains de ses actes, au détriment de la fidélité due à la tradition et aux finalités de l'orientation religieuse du Concile lui-même. Pour Notre part, Nous n'estimons pas qu'on puisse taxer de pareille déviation ce Concile, en ce qui concerne ses véritables et profondes intentions et ses manifestations authentiques. » Disponible en ligne sur <http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMDictionnaire?iddictionnaire=1678>, consultée le 7 janvier 2020.

(9) Déclaration sur la liberté religieuse, Dignitatis Humanæ, 7 décembre 1965, n. 1 : « Considérant avec diligence ces aspirations dans le but de déclarer à quel point elles sont conformes à la vérité et à la justice, ce saint Concile du Vatican scrute la sainte tradition et la doctrine de l’Église d’où il tire du neuf en constant accord avec le vieux. » Disponible en ligne sur <http://www.vatican.va/archive/hist_councils/ii_vatican_council/documents/vat-ii_decl_19651207_dignitatis-humanae_fr.html>, consultée le 7 janvier 2020.

(10) Constitution dogmatique sur l’Église, Lumen gentium, 21 novembre 1964, n. 14, n. 20, n. 21, n. 25, n. 55 : « Appuyé sur la Sainte Écriture et sur la Tradition, il [le saint Concile] enseigne que cette Église en marche sur la terre est nécessaire au salut. (…) Parmi les différents ministères qui s’exercent dans l’Église depuis les premiers temps, la première place, au témoignage de la Tradition, appartient à la fonction de ceux qui, établis dans l’épiscopat, dont la ligne se continue depuis les origines, sont les instruments de transmission de la semence apostolique. Ainsi, selon le témoignage de saint Irénée, c’est la Tradition apostolique qui se manifeste et se conserve dans le monde entier par ceux que les Apôtres ont faits évêques et par leurs successeurs jusqu’à nous. (…) En effet, la Tradition qui s’exprime surtout par les rites liturgiques et par l’usage de l’Église, tant orientale qu’occidentale, montre à l’évidence que par l’imposition des mains et les paroles de la consécration, la grâce de l’Esprit Saint est donnée et le caractère sacré imprimé, de telle sorte que les évêques, d’une façon éminente et patente, tiennent la place du Christ lui-même, Maître, Pasteur et Pontife et agissent en sa personne. (…) Lorsque le Pontife romain, ou le corps des évêques avec lui, porte une définition, ils le font conformément à la Révélation elle-même à laquelle tous doivent se tenir et se conformer, Révélation qui est transmise intégralement, sous forme écrite ou par tradition, par la succession légitime des évêques, et, avant tout, par le soin du Pontife romain lui-même ; cette Révélation à la lumière de l’Esprit de vérité est scrupuleusement conservée dans l’Église et fidèlement présentée. Le Pontife romain et les évêques s’appliquent avec zèle à scruter consciencieusement et à énoncer correctement cette Révélation, dans la conscience de leur devoir et de la gravité de la chose, en ayant recours aux moyens appropriés ; mais ils ne reçoivent, comme appartenant au dépôt divin de la foi, aucune nouvelle révélation publique. (…) Les Saintes Écritures de l’Ancien et du Nouveau Testament et la Tradition vénérable mettent dans une lumière de plus en plus grande le rôle de la Mère du sauveur dans l’économie du salut et le proposent pour ainsi dire à notre contemplation. » Voir aussi S. Paul VI, Allocution prononcée lors de la conclusion de la 3e session su Concile Vatican II, 21 novembre 1964, n. 7 : « La meilleure recommandation pour cette promulgation semble être celle-ci, à savoir que la doctrine traditionnelle n’a été modifiée en aucune façon. Ce que le Christ voulait, nous le voulons aussi. Ce qui était, demeure. Ce que l'Église a enseigné au cours des siècles, nous l'enseignons également. Seulement, ce qui était auparavant contenu uniquement dans le mode de vie est maintenant exprimé également par un enseignement explicite ; ce qui, jusqu’à présent faisait l’objet de réflexions, de discussions et en partie de différends, a maintenant été rédigé selon une formule doctrinale précise. » Version originale italienne disponible sur <http://www.vatican.va/content/paul-vi/it/speeches/1964/documents/hf_p-vi_spe_19641121_conclusions-iii-sessions.html>, consultée le 23.11.2019.

(11) S. Jean-Paul II, Lettre encyclique Centesimus annus, 1er mai 1991, n. 3 : « En agissant ainsi, non seulement on réaffirmera la valeur permanente de cet enseignement [l’enseignement contenu dans la Lettre encyclique du Pape Léon XIII, Rerum novarum], mais on manifestera aussi le vrai sens de la Tradition de l’Église qui, toujours vivante et active, construit sur les fondations posées par nos pères dans la foi et particulièrement sur ce que les Apôtres ont transmis à l’Église” (S. Irénée de Lyon, Adversus haereses, 1, 10, 1; 3, 4, 1 ; S. Ch. 264, 154 s. ; 211, 44-46) au nom de Jésus-Christ : il est le fondement et nul n'en peut poser d'autre (cf. 1 Corinthiens 3, 11). » Disponible en ligne sur <http://www.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/encyclicals/documents/hf_jp-ii_enc_01051991_centesimus-annus.html>, consultée le 7 janvier 2020.

Benoît XVI, Discours à la Curie romain à l’occasion des vœux de Noël, 22 décembre 2005 : « La question suivante apparaît : pourquoi l'accueil du Concile, dans de grandes parties de l’Église, s'est-il jusqu'à présent déroulé de manière aussi difficile ? Eh bien, tout dépend de la juste interprétation du Concile ou — comme nous le dirions aujourd'hui — de sa juste herméneutique, de la juste clef de lecture et d'application. Les problèmes de la réception sont nés du fait que deux herméneutiques contraires se sont trouvées confrontées et sont entrées en conflit. L'une a causé de la confusion, l'autre, silencieusement mais de manière toujours plus visible, a porté et porte des fruits. D'un côté, il existe une interprétation que je voudrais appeler “herméneutique de la discontinuité et de la rupture” ; celle-ci a souvent pu compter sur la sympathie des mass media, et également d'une partie de la théologie moderne. D'autre part, il y a l'“herméneutique de la réforme”, du renouveau dans la continuité de l'unique sujet-Église, que le Seigneur nous a donné ; c'est un sujet qui grandit dans le temps et qui se développe, restant cependant toujours le même, l'unique sujet du Peuple de Dieu en marche. L'herméneutique de la discontinuité risque de finir par une rupture entre Église pré(conciliaire et Église post-conciliaire. Celle-ci affirme que les textes du Concile comme tels ne seraient pas encore la véritable expression de l'esprit du Concile. Ils seraient le résultat de compromis dans lesquels, pour atteindre l'unanimité, on a dû encore emporter avec soi et reconfirmer beaucoup de vieilles choses désormais inutiles. Ce n'est cependant pas dans ces compromis que se révélerait le véritable esprit du Concile, mais en revanche dans les élans vers la nouveauté qui apparaissent derrière les textes : seuls ceux-ci représenteraient le véritable esprit du Concile, et c'est à partir d'eux et conformément à eux qu'il faudrait aller de l'avant. (…) À l'herméneutique de la discontinuité s'oppose l'herméneutique de la réforme comme l'ont présentée tout d'abord le Pape Jean XXIII, dans son discours d'ouverture du Concile le 11 octobre 1962, puis le Pape Paul VI, dans son discours de conclusion du 7 décembre 1965. (…) Le Concile Vatican II, avec la nouvelle définition de la relation entre la foi de l’Église et certains éléments essentiels de la pensée moderne, a revisité ou également corrigé certaines décisions historiques, mais dans cette apparente discontinuité, il a en revanche maintenu et approfondi sa nature intime et sa véritable identité. L’Église est, aussi bien avant qu'après le Concile, la même Église une, sainte, catholique et apostolique, en chemin à travers les temps; elle poursuit “son pèlerinage à travers les persécutions du monde et les consolations de Dieu”, annonçant la mort du Seigneur jusqu'à ce qu'Il vienne (cf. Lumen gentium, n. 8). (…) [À] notre époque, l’Église demeure un “signe de contradiction” (Luc 2, 34) — (…). Le Concile ne pouvait avoir l'intention d'abolir cette contradiction de l’Évangile à l'égard des dangers et des erreurs de l'homme. En revanche, son intention était certainement d'écarter les contradictions erronées ou superflues, pour présenter à notre monde l'exigence de l’Évangile dans toute sa grandeur et sa pureté. » Disponible en ligne sur <http://www.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/speeches/2005/december/documents/hf_ben_xvi_spe_20051222_roman-curia.html>, consultée le 7 janvier 2020.

François, Lettre à Mgr Marchetto (ancien représentant du S. Siège à la F.A.O., secrétaire émérite du Conseil pontifical pour la pastorale des migrants et des personnes en déplacement, canoniste, juriste et grand spécialiste du concile Vatican II, auteur, en français, de : Le Concile œcuménique Vatican II – Contrepoint pour son histoire (Sarment/éditions du jubilé, 2012), s’inscrivant dans « l’herméneutique de la réforme » indiquée par le Pape Benoît XVI), 7 octobre 2013 (rendue publique le 12 novembre 2013 à l’occasion de la présentation, au Capitole, du livre édité par la Maison d’édition du Vatican (Libreria Editrice Vaticana – LEV), sous le titre Primat pontifical et épiscopat. Du premier millénaire au Concile œcuménique Vatican II – Études en l’honneur de Mgr Agostino Marchetto) : « Cher Mgr Marchetto, (…) Un jour, je vous ai dit, cher Mgr Marchetto, et je souhaite aujourd’hui vous le redire, que vous êtes pour moi le meilleur herméneute du Concile Vatican II. Je sais que c’est un don de Dieu, mais je sais aussi que vous l’avez fait fructifier. (...) » Lettre traduite ne française disponible en ligne sur <https://fr.zenit.org/articles/hommage-du-pape-aux-travaux-de-mgr-marchetto-sur-vatican-ii/>, consultée le 7 janvier 2020.

François, Lettre au cardinal Walther Brandmüller, envoyé spécial du Pape à l’occasion des célébrations du 450e anniversaire de la clôture du Concile de Trente, 19 novembre 2013 : « Ce n'est certainement pas sans raison que l’Église a depuis si longtemps apporté le plus grand soin aux décrets et canons de ce Concile, qui doivent être rappelés et observés, puisque que, des choses et des questions extrêmement graves ayant surgi en ce temps, les Pères conciliaires ont tout mis en œuvre pour que la foi catholique apparût plus clairement et fût mieux comprise. Nul doute que, sous l’inspiration et la suggestion du Saint-Esprit, ils ont eu le plus grand souci que le dépôt sacré de la doctrine chrétienne fût non seulement préservé, mais aussi que l’homme fût mieux éclairé, de sorte que l’œuvre salvifique du Seigneur fût diffusée dans le monde entier et que l’Évangile fût propagé sur la terre entière. Toujours à l’écoute du même Esprit, la Sainte Église de notre époque renouvelle et médite maintenant encore la très riche doctrine tridentine. En effet, « l’herméneutique du renouveau » que Notre prédécesseur Benoît XVI a expliqué en 2005 devant la Curie romaine, ne se réfère pas moins au Concile de Trente qu’à celui du Vatican. Certainement, ce mode d’interprétation met brillamment en lumière une propriété remarquable de l’Église qui lui est communiquée par le Seigneur Lui-même : “C'est ‘un sujet’ qui grandit au cours des siècles et qui se développe, restant cependant toujours le même. C’est, en effet, l'unique sujet du Peuple de Dieu en pérégrination. » La version latine originale est disponible en ligne sur <https://w2.vatican.va/content/francesco/la/letters/2013/documents/papa-francesco_20131119_brandmuller-450-chiusura-concilio-trento.html>, consultée le 23 novembre 2019.

Cf. Fr. John Zuhlsdord, « Interprétation du Concile : Le Pape François à la lumière de Benoît XVI », paru en anglais le 23.11.2019, traduit en français le 26.11.2019, disponible en ligne sur <https://fr.aleteia.org/2013/11/26/interpretation-du-concile-le-Pape-francois-a-la-lumiere-de-benoit-xvi/>, consultée le 25 novembre 2019.

(12) Bienheureux Pie IX, Lettre encyclique Etsi multa, 21 novembre 1873 : « Car tout en reniant et en renversant la véritable autorité de juridiction dans la personne du Pontife romain, et des évêques successeurs de saint Pierre et des Apôtres, et en la transférant au peuple, ou pour user de leur langage, à la communauté, ils rejettent avec opiniâtreté et attaquent le Magistère infaillible et du Pontife romain et de toute l’Église enseignante, et, donnant un démenti au Saint-Esprit dont le Christ avait promis à l’Église l'assistance éternelle, par une audace incroyable, ils soutiennent que le Pontife romain, aussi bien que tous les évêques ensemble, les prêtres associés à eux dans l'unité de foi et de communion, sont tombés dans l'hérésie en acquiesçant aux définitions du concile œcuménique du Vatican et en les professant. C'est pourquoi ils nient aussi l'indéfectibilité de l’Église, disant avec blasphème qu'elle a péri dans l'univers entier, et que par conséquent son Chef visible et les évêques ont fait défection. De là ils infèrent pour eux la nécessité de restaurer un épiscopat légitime en la personne de leur pseudo-évêque qui entrant, non par la porte, mais par un autre endroit, comme un voleur et un larron, a attiré sur sa tête la sentence du Christ qui le condamne. Cependant ces infortunés, qui sapent les bases de la religion catholique, abrogent toutes ses notes et propriétés, inventent des erreurs si horribles et si nombreuses ou plutôt qui les ont empruntées à l'arsenal des anciens hérétiques, pour les réunir ensemble et les publier, ne rougissent pas de se dire catholiques et même vieux catholiques, alors que par leur doctrine, leur nouveauté et leur petit nombre ils renoncent à cette note d'antiquité et de catholicité plus qu'à tout autre. » Texte en français disponible en ligne sur <https://laportelatine.org/bibliotheque/encycliques/PieIX/etsi_multa_luctuosa.php>, consultée le 25 novembre 2019.

(13) Cf. Code de droit canonique, 1917, livre 4, partie 1, section 1, titre 1, canon 1557 : « §1. Il appartient au seul Pontife Romain de juger (…) 2° Les cardinaux ; (…). » [“§1. Ipsius Romani Pontificis dumtaxat ius est iudicandi : (…) 2° Patres Cardinales ; (…).”] Disponible en ligne sur <https://www.droitcanonique.fr/codes/cic-1983-1/c-1557-cic-1917-3321>, consultée le 7 janvier 2020.

(14) Vén. Pie XII, Constitution apostolique Vacantis Apostolicæ Sedis, 8 décembre 1945 : « 34. Aucun cardinal ne peut d'aucune manière être exclu de l'élection active et passive du Souverain Pontife sous le prétexte ou par le motif de n'importe quelle excommunication, suspense, interdit ou autre empêchement ecclésiastique. Nous suspendons ces censures seulement pour cette élection ; elles conserveront leurs effets pour tout le reste. (…) 101. Ce consentement ayant été donné dans un espace de temps qui, dans la mesure où il est nécessaire, doit être déterminé par le sage jugement des cardinaux à la majorité des votes, l'élu est immédiatement vrai Pape, et il acquiert par le fait même et peut exercer une pleine et absolue juridiction sur l'univers entier. Dès lors, si quelqu'un ose attaquer des lettres ou décisions concernant n'importe quelles affaires, émanant du Pontife romain avant son couronnement, Nous le frappons de la peine d'excommunication à encourir ipso facto. » Version française du texte disponible sur <http://a-c-r-f.com/documents/Pie-XII_Vacantis-Apostoliae-sedis.pdf>, consultée le 25 novembre 2019.

(15) Voir, par exemple, disponible en ligne <https://www.gods-catholic-dogma.com/section_20.3.html>, consultée le 25 novembre 2019.

(16) S. Pie X, Lettre encyclique Communium rerum, 21 avril 1909 : « « Notre foi , dit [S. Anselme], doit être défendue par la raison contre les impies. » Mais comment et jusqu'à quel point ? La phrase suivante le fait clairement comprendre : « Il faut leur montrer de manière rationnelle à quel point ils nous méprisent de façon irrationnelle » (S. Anselme, 2d Livre des épîtres, épître 41). La fonction principale de la philosophie est donc de mettre en évidence l’obéissance rationnelle [rationale obsequium] de notre foi et, ce qui en découle, le devoir de s’attacher à l'autorité de la foi divine proposant les mystères les plus élevés qui, attestés par de nombreux indices de vérité, sont devenus extrêmement crédibles. Tout à fait différente est la fonction de la théologie qui s’appuie sur la révélation divine et rend plus inébranlables dans la foi ceux qui proclament jouir de l'honneur du nom de chrétien ; « de fait, aucun chrétien ne doit examiner en quoi serait faux [quomodo… non sit] ce que l'Église catholique croit en son cœur et confesse de sa bouche ; mais, gardant toujours indubitablement la même foi, en l’aimant, et en vivant conformément à elle, [il doit], autant qu’il peut, chercher la raison pour laquelle cela serait vrai [quomodo sit]. S’il peut le comprendre, qu’il en rende grâce à Dieu, s’il ne le peut pas, qu’il n’attise pas le feu de son attaque mais qu’il incline la tête pour vénérer. » (De fide Trinitatis, chap. 2). Pour le texte latin, cf. La Civilta Cattolica, année 60, 1909, vol. 2, p. 431-432. Disponible en ligne sur <https://archive.org/details/s60laciviltcatto02romeuoft/page/430>, consultée le 3 décembre 2019.

(17) « Liberté religieuse. Réponse aux dubia présentés par S[on] E[xcellence] Mgr Lefebvre » : « Il est certain que les erreurs mentionnées par l’Enc[yclique] Quanta cura, furent condamnées en elles-mêmes, et non seulement en raison des circonstances historiques de l’époque. Cependant, il convient d’avoir bien présent à l’esprit quelles étaient ces erreurs, pour comprendre correctement les termes sous lesquels elles sont désignées dans l’Encyclique. On voit ainsi que l’on se trouve en présence d’un cas – qui n’est pas unique dans l’histoire – où est condamnée une doctrine exprimée avec des mots qui, plus tard, seront utilisés par l’Église elle-même en leur donnant une signification différente. On peut trouver d’autres cas de contradictions apparentes entre des textes du Magistère. L’exemple le plus ancien est peut-être celui du mot consubstantiel, rejeté par le Concile d’Antioche en 264, dans le sens modaliste que lui avait donné Paul de Samosate, qui l’utilisait pour nier la distinction réelle entre les Personnes du Père et du Fils. Il fut ensuite adopté par le Concile de Nicée en 325, dans un sens différent, le seul correct, défini par le Concile lui-même (Cf. Dictionnaire de Théologie Catholique, vol. I, col. 1434 ; vol. III, col. 1611-1612 ; vol. XII, col. 50.). Dans l’Écriture Sainte, elle-même, on peut trouver des exemples de ce type. Les paroles du Seigneur : “Moi et le Père nous sommes un” (Jn 10, 30) peuvent paraître — à qui ne lit pas la Sainte Écriture in sinu Ecclesiæ – incompatibles avec l’affirmation “Le Père est plus grand que moi” (Jn 14, 28). De même, les textes du Magistère, de manière analogue à ceux de la Sainte Écriture, doivent être lus in sinu Ecclesiæ, en évitant l’interprétation libre (Cf. Paul VI, Discorso, 20-XII-1976 : Insegnamenti di Paolo VI, 14 (1976), p. 1088. ). Dans le cas qui nous occupe, l’expression “liberté de conscience et de culte” dans l’Encyclique Quanta Cura et l’expression liberté religieuse dans la Déclaration Dignitatis Humanae désignent des réalités différentes. » Cf. le texte disponible en ligne sur <https://laportelatine.org/vatican/sanctions_indults_discussions/premieres_discussions_jeanPaulII/reponses_dubia.pdf#page=44>, consulté le 3 décembre 2019.

(18) Pie XI, Lettre encyclique Maximam gravissimamque, 18 janvier 1924 : « Quoi qu'il en soit, que personne ne se permette de détourner dans un sens qui est très loin de Notre pensée Notre déclaration présente comme si Nous voulions abolir les condamnations portées par Notre prédécesseur de sainte mémoire, Pie X, ou Nous réconcilier avec les lois qu'on nomme laïques ; car ce que Pie X a condamné, Nous le condamnons de même, et toutes les fois que par « laïcité » on entend un sentiment ou une intention contraires ou étrangers à Dieu et à la religion, Nous réprouvons entièrement cette « laïcité » et Nous déclarons ouvertement qu'elle doit être réprouvée. » cf. la version française du texte, disponible en ligne sur <https://www.comprendre-la-laicite.fr/images/Textes-postérieurs-à-1905/Autres_textes/Encyclique_Maximam_gravissimamque.pdf#page=3>, consultée le 3 décembre 2019.

(19) Vén. Pie XII, Allocution à la colonie des Marches à Rome, 23 mars 1958 : « Que vos cités soient une partie vivante de l’Église. Il y a des gens, en Italie, qui s'agitent parce qu'ils craignent que le christianisme enlève à César ce qui est à César. Comme si donner à César ce qui lui appartient n'était pas un commandement de Jésus ; comme si la légitime et saine laïcité de l’État n'était pas un des principes de la doctrine catholique ; comme si ce n'était pas une tradition de l’Église, de s'efforcer continuellement à maintenir distincts, mais aussi toujours unis, selon les justes principes, les deux Pouvoirs ; comme si, au contraire, le mélange entre le sacré et le profane ne s'était pas plus fortement vérifié dans l'histoire quand une portion de fidèles s'était détachée de l’Église. » Disponible en ligne sur <http://www.clerus.org/bibliaclerusonline/pt/c0a.htm>, consultée le 3 décembre 2019.

(20) S. Jean-Paul II, Lettre aux Évêques de France, 11 février 2005 : « 3. Le principe de laïcité, auquel votre pays est très attaché, s’il est bien compris, appartient aussi à la Doctrine sociale de l’Église. Il rappelle la nécessité d’une juste séparation des pouvoirs (cf. Compendium de la Doctrine sociale de l’Église, nn. 571-572), qui fait écho à l’invitation du Christ à ses disciples: “Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu” (Lc 20, 25). Pour sa part, la non-confessionnalité de l’État, qui est une non-immixtion du pouvoir civil dans la vie de l’Église et des différentes religions, comme dans la sphère du spirituel, permet que toutes les composantes de la société travaillent ensemble au service de tous et de la communauté nationale. De même, comme le Concile œcuménique Vatican II l’a rappelé, l’Église n’a pas vocation pour gérer le temporel, car, “en raison de sa charge et de sa compétence, elle ne se confond d’aucune manière avec la communauté politique et n’est liée à aucun système politique” (Constitution pastorale Gaudium et spes, n. 76 § 2; cf. n. 42). Mais, dans le même temps, il importe que tous travaillent dans l’intérêt général et pour le bien commun. C’est ainsi que s’exprime aussi le Concile : “La communauté politique et l’Église, quoique à des titres divers, sont au service de la vocation personnelle et sociale des mêmes hommes. Elles exercent d’autant plus efficacement ce service pour le bien de tous qu’elles recherchent davantage entre elles une saine coopération” (Ibid., n. 76 § 3). » Disponible en ligne sur <http://w2.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/letters/2005/documents/hf_jp-ii_let_20050211_french-bishops.html>, consultée le 3 décembre 2019.

(21) Pie XI, Lettre encyclique Divini Redemptoris, 19 mars 1937 : «  Le communisme athée s'est montré au début, tel qu'il était, dans toute sa perversité, mais bien vite il s'est aperçu que de cette façon il éloignait de lui les peuples: aussi a-t-il changé de tactique et s'efforce-t-il d'attirer les foules par toutes sortes de tromperies, en dissimulant ses propres desseins sous des idées en elles-mêmes bonnes et attrayantes. (…) Ainsi, sans rien abandonner de leurs principes pervers, ils invitent les catholiques à collaborer avec eux sur le terrain humanitaire et charitable comme on dit, en proposant parfois même des choses entièrement conformes à l'esprit chrétien et à la doctrine de l’Église. Ailleurs, ils poussent l'hypocrisie jusqu'à faire croire que le communisme, dans les pays de plus grande foi et de civilisation plus avancée, revêtira un aspect plus doux, n'empêchera pas le culte religieux et respectera la liberté de conscience. Il y en a même qui, s'en rapportant à certaines modifications introduites depuis peu dans la législation soviétique, en concluent que le communisme est près d'abandonner son programme de lutte contre Dieu. 58. Veillez, Vénérables Frères, à ce que les fidèles ne se laissent pas tromper. Le communisme est intrinsèquement pervers, et l'on ne peut admettre sur aucun terrain la collaboration avec lui de la part de quiconque veut sauver la civilisation chrétienne. » Disponible en ligne sur <http://www.vatican.va/content/pius-xi/fr/encyclicals/documents/hf_p-xi_enc_19370319_divini-redemptoris.html>, consultée le 3 décembre 2019.

(22) Pie XI, Lettre encyclique Non abbiamo bisogno, 29 juin 1931 : « Nous avons dit : “les droits sacrés et inviolables des âmes et de l'Église”. Il s'agit du droit qu'ont les âmes de se procurer le plus grand bien spirituel sous le Magistère et l’œuvre éducative de l'Église, divinement constituée unique mandataire de ce Magistère et de cette œuvre, en cet ordre surnaturel fondé dans le sang du Dieu Rédempteur, nécessaire et obligatoire pour tous, afin de participer à la divine Rédemption. Il s'agit du droit des âmes ainsi formées à communiquer les trésors de la Rédemption à d'autres âmes, en collaborant à l'activité de l'apostolat hiérarchique. C'est en considération de ce double droit des âmes que Nous Nous disions récemment heureux et fier de combattre le bon combat pour la liberté des consciences, non pas (comme certains, par inadvertance peut-être, Nous l'ont fait dire) pour la liberté de conscience, manière de parler équivoque et trop souvent utilisée pour signifier l'absolue indépendance de la conscience, chose absurde en une âme créée et rachetée par Dieu. » Disponible en ligne sur <http://avancezaularge.free.fr/pie11_non_abbiamo_bisogno.htm>, consultée le 3 décembre 2019.

(23) Vén. Pie XII, Lettre encyclique Humani generis, 12 août 1950 : « Mais on ne peut pas, pour cette raison, équiparer la théologie, même celle qu'on dit positive, à une science purement historique. Car Dieu a donné à son Église, en même temps que les sources sacrées, un Magistère vivant pour éclairer et pour dégager ce qui n'est contenu qu'obscurément et comme implicitement dans le dépôt de la foi. Et ce dépôt, ce n'est ni à chaque fidèle, ni même aux théologiens que le Christ l'a confié pour en assurer l'interprétation authentique, mais au seul Magistère de l’Église. Or si l’Église exerce sa charge, comme cela est arrivé tant de fois au cours des siècles, par la voie ordinaire ou par la voie extraordinaire, il est tout à fait évident qu'il est d'une méthode absolument fausse d'expliquer le clair par l'obscur, disons bien qu'il est nécessaire que tous s'astreignent à suivre l'ordre inverse. Aussi notre Prédécesseur, d'immortelle mémoire, Pie IX, lorsqu'il enseigne que la théologie a la si noble tâche de démontrer comment une doctrine définie par l’Église est contenue dans les sources, ajoute ces mots, non sans de graves raisons : “dans le sens même où l’Église l'a définie”. » Disponible en ligne sur <http://w2.vatican.va/content/pius-xii/fr/encyclicals/documents/hf_p-xii_enc_12081950_humani-generis.html, consultée le 6 décembre 2019.

(24) Cf. art. « The Roman Congrgations », Catholic Encyclopedia, 1913 : « Pius IV, in his zeal for the execution of the Decrees of the Council of Trent, besides other measures taken by him to this end (see the Constitution Benedictus Deus of 26 January, 1563), by a Motu Proprio of 2 August, 1564, commissioned eight cardinals to supervise the execution of the Tridentine Decrees and gave them ample faculties to that end, providing however, that cases of doubt or of difficulty, as he had already decreed in the Constitution Benedictus Deus, should be referred to him. In this Motu Proprio, Pius IV referred to the congregation of cardinals thus created as Congregatio super exsecutione et observatione S. Concilii Tridentini. As time went on, and in view of the interpretation of frequent doubts, the congregation received from the successors of Pius IV the power also to interpret the Decrees of the Council of Trent, so that Sixtus V, in his Constitution Immensa, already calls it Congregatio pro exsecutione et interpretatione Concilii Tridentini, a title given to it before his time. Gregory XIV afterwards conferred upon it authority to reply to questions in the name of the pope. » Disponible en ligne sur <http://www.newadvent.org/cathen/13136a.htm>, consultée le 6 décembre 2019.

(25) Pie IV, Bulle Benedictus Deus et Pater, 24 janvier 1564 : « Au reste, pour éviter le désordre et la confusion qui pourraient naître, s'il était permis à chacun de mettre au jour des commentaires et des interprétations tels qu'il lui plairait sur les décrets du Concile ; faisons expresse défense, de l'autorité apostolique, à toutes personnes, tant ecclésiastiques, de quelque rang, dignité et condition qu'elles soient, que séculières, de quelque puissance et autorité qu'elles puissent être, aux prélats, sous peine d'interdiction de l'entrée de l'église, et à tous les autres quels qu'ils soient, sous peine d'excommunication encourue par le fait, d'entreprendre sans notre autorité de mettre en lumière, de quelque manière que ce soit, aucuns commentaires, gloses, annotations, remarques, ni généralement aucune sorte d'interprétation sur les décrets dudit Concile, ni de rien statuer à ce sujet, à quelque titre que ce soit, quand ce serait sous prétexte de donner plus de force auxdits décrets, de favoriser leur exécution, ou sous quelque autre couleur que ce soit. Que s'il y a quelque chose qui paraisse obscur à quelqu'un, soit dans le terme, soit dans le sens des ordonnances, et qui lui semble pour cela avoir besoin de quelque interprétation ou décision, qu'il ait recours au lieu que le Seigneur a choisi, c'est-à-dire au Siège apostolique, d'où tous les fidèles doivent tirer leur instruction, et dont le saint Concile a reconnu avec tant de respect l'autorité. Si donc au sujet desdits décrets, il s'élève quelques difficultés et quelques questions, Nous nous en réservons l'éclaircissement et la décision, ainsi que le saint Concile lui-même l'a ordonné, et Nous sommes prêt, comme il se l'est promis de nous avec justice, à pourvoir aux besoins de toutes les provinces en la manière qu'il nous paraîtra la plus commode ; déclarant nul et de nul effet tout ce qui pourrait être fait et entrepris contre la teneur des présentes, par qui que ce soit et par quelque autorité que ce puisse être, avec connaissance ou par ignorance. » Disponible en ligne sur <https://books.google.fr/books?id=UcA8AAAAcAAJ&pg=RA1-PA387#v=onepage&q&f=false>, consultée le 6 décembre 2019.

(26) Les feeneysites se réfèrent au Père Leonard Feeney, jésuite (1897-1978), du Saint-Benedict-Center de Boston (É. U. A.) excommunié par une déclaration du Saint-Office au cours de la séance plénière du 4 février 1953, déclaration d’excommunication confirmé par le Vén. Pie XII le 12 février 1953.

(27) Eugène IV, Bulle Cantate Domino, décret sur les Jacobites, Concile de Florence, 4 février 1442 (ou 1441 selon le comput de Florence) : « [La très sainte Église romaine] croit fermement, professe et prêche qu' “aucun de ceux qui se trouvent en dehors de l’Église catholique, non seulement païens” mais encore juifs ou hérétiques et schismatiques ne peuvent devenir participants à la vie éternelle, mais iront “dans le feu éternel qui est préparé pour le diable et ses anges” (Matthieu 25, 41) à moins qu'avant la fin de leur vie ils ne lui aient été agrégés ; elle professe aussi que l'unité du corps de l’Église a un tel pouvoir que les sacrements de l’Église n'ont d'utilité en vue du salut que pour ceux qui demeurent en elle, pour eux seuls jeûnes, aumônes et tous les autres devoirs de la piété et exercices de la milice chrétienne enfantent les récompenses éternelles, et que “personne ne peut être sauvé, si grandes que soient ses aumônes, même s'il verse son sang pour le nom du Christ, s'il n'est pas demeuré dans le sein et dans l'unité de l’Église catholique.” » Cf. Denzinger-Schönmetzer n. 1351/714. Disponible en ligne sur <http://catho.org/9.php?d=bwo#di2>, consultée le 6 décembre 2018.

(28) Pie Pie VI, Bulle Auctorem Fidei, 28 août 1794 : « [Les anciens docteurs de l’Église] connaissaient la capacité des novateurs dans l’art de tromper : pour ne pas offusquer les oreilles catholiques, ils cherchent à masquer les entrelacs de leurs tortueuses manœuvres par des manières de parler trompeuses, de sorte que, par le choix des termes, l’erreur s’inscrive de façon plus douce dans les âmes, et que la vérité une fois corrompue par de légers changements ou additions, la confession de la foi qui opérait le salut, conduise par un détour subtil à la mort. Cette manière de procéder, camouflée et mensongère, est vicieuse dans quelque mode d’expression que ce soit. À plus forte raison est-il impossible de la tolérer dans un synode dont la gloire principale consiste précisément à enseigner avec limpidité la vérité, en excluant tout danger d’erreur. En outre, s’il y a là un péché, on ne saurait l’excuser, comme on le voit faire, sous le fallacieux prétexte que les affirmations d’un passage apparaissant choquantes sont développées à d’autres moments de manière orthodoxe, et même se retrouvent à d’autres occasions dûment corrigées ; comme si précisément, cette possibilité d’affirmer et de nier, ou de mettre au goût de chacun ce qui fut toujours la frauduleuse astuce des novateurs pour consolider l’erreur avait une efficacité non seulement pour promouvoir l’erreur, mais aussi pour l’excuser. Ou bien, comme si, surtout pour les simples fidèles qui éventuellement connaîtraient telle ou telle partie des conclusions exposées pour tous en langue vulgaire, il y avait toujours obligation urgente à présenter les autres passages. Ou encore, comme si ces mêmes fidèles avaient, en les examinant, la capacité suffisante de juger par eux-mêmes, écartant toute confusion et évitant tout péril d’erreur. Un artifice très blâmable pour l’insinuation de l’erreur doctrinale est celui qu’a déjà dénoncé notre prédécesseur saint Célestin, en le découvrant dans les écrits de Nestorius, évêque de Constantinople, et qu’il mît en évidence pour le réprouver avec plus de sévérité. Ses textes une fois examinés avec soin, cet imposteur fut surpris et confondu, tandis qu’il se débattait dans un flot de paroles, mêlant des choses vraies avec d’autres obscures confondant à l’occasion l’une et l’autre, de sorte qu’il pouvait aussi bien confesser des choses niées et posséder une base pour nier les sentences confessées. Pour mettre à jour de telles embûches, renouvelées avec une certaine fréquence à toutes les époques, il n’y a pas d’autre voie que celle-ci : quand il s’agit de rendre visibles les sentences, qui sous un voile d’ambiguïté renferment une erreur de sens suspecte ou dangereuse, il faut dénoncer la signification perverse sous laquelle se camoufle l’erreur opposé à la vérité catholique. » Disponible en ligne sur <https://fidecatholica.wordpress.com/2019/10/09/magistere-pie-vi-auctorem-fidei/>, consultée le 6 décembre 2019.


(29) Ibidem : « En vérité, l’espoir ne nous avait pas quitté qu’il devînt possible que, s’il présente cette âme docile qu’Augustin (Livre 4 du De Bapt. cont. Donat., chap. 5 ; chap. 2 et livre 5, chapitre 26), suivant la déclaration de l’Apôtre, requérait au plus haut point chez un Évêque, lorsque, avec franchise et simplicité, et toute dispute et amertume écartées, lui seraient proposés les principaux chapitres des doctrines à examiner et qui semblent mériter une plus grande attention, alors, lui-même concluant logiquement facilement de lui-même, il n’hésiterait pas à exposer dans un sens plus raisonnable les choses qui ont été présentées de manière ambiguë et à repousser ouvertement celles qui étalaient une absurdité évidente, et de la sorte, avec la grande réputation de son nom ainsi que la très heureuse reconnaissance de tous les hommes bons, par la raison la plus paisible qu’il puisse être, la tourmente née dans l’Église seraient arrêtée par une correction souhaitable au plus haut point (S. Célestin, Epître 16, n. 2 ap. Coust.). Mais maintenant, lorsque, au nom de sa mauvaise santé, il aura estimé qu’il ne doit guère faire usage de cette faveur offerte, nous ne pouvons dès lors pas différer le fait de satisfaire à Notre charge Apostolique. Ce n’est pas seulement du danger d’un ou de deux Diocèses qu’il s’agit, l’Église Universelle est ébranlée par toute nouveauté (S. Célestin, Epître 21, ad Episcopus Galliarum, 6). »

(30) Code de droit canonique, 1917, livre 4, partie 1, section 1, titre 1, canon 1556 : “Prima Sedes a nemine iudicatur” (« Le Premier Siège n’est jugé par personne. » Disponible en ligne sur <https://www.droitcanonique.fr/codes/canon_search?canon_num=1556&code_id=15>, consulté le 15 décembre 2019. En sachant que le décret de Gratien et les sermons d’Innocent III dont la signification est débattue, ne sont non seulement plus en vigueur mais ne disent jamais qu’un tel jugement puisse être assumé par les laïcs.

(31) Vén. Pie XII, ibidem : « Car Dieu a donné à son Église, en même temps que les sources sacrées, un Magistère vivant pour éclairer et pour dégager ce qui n'est contenu qu'obscurément et comme implicitement dans le dépôt de la foi. Et ce dépôt, ce n'est ni à chaque fidèle, ni même aux théologiens que le Christ l'a confié pour en assurer l'interprétation authentique, mais au seul Magistère de l'Église. » Disponible en ligne sur <http://w2.vatican.va/content/pius-xii/fr/encyclicals/documents/hf_p-xii_enc_12081950_humani-generis.html, consultée le 15 décembre 2019.

(32) Vén. Pie XII, Discours à l’occasion de la Semaine italienne d’adaptation pastorale, 14 septembre 1956 : « Si comme théologiens ils sont activement intéressés à l' “orientation” et utilisent des arguments théologiques scientifiques, on aurait pu se demander si c'est la parole des théologiens ou celle du Magistère de l’Église qui a le plus de poids et offre une meilleure garantie de vérité. (…) [P]our la connaissance de la vérité, , ce qui est décisif ce n'est pas l’opinio theologorum [opinion des théologiens] mais le sensus Ecclesiæ [la compréhension de l’Église]. Sinon ce serait faire des théologiens presque des magistri Magisterii [des maîtres du Magistères] ; ce qui est une erreur évidente. Cela n'empêche certainement pas les théologiens et les savants de s'employer à donner un fondement scientifique à toute une série de questions aiguës de la vie. Certainement le Saint-Père aime, loue et encourage les recherches érudites et les hautes spéculations des théologiens qui approfondissent les vérités révélées et qui n'hésitent pas à considérer, expliquer et soutenir les déclarations du Magistère ecclésiastique avec le sérieux de la science, à la lumière de la raison éclairée par la foi1, c'est-à-dire comme l'affirmait Pie IX, in sensu Ecclesiæ [selon la compréhension de l’Église]. » Disponible sur <http://www.clerus.org/bibliaclerusonline/es/cl5.htm>, consultée le 15 décembre 2019.

(33) Benoît XIV, Lettre encyclique Apostolica Constitutio, 26 juin 1749, §. 6 : “(…) ; aut communis Ecclesiæ sensus ac ritus, (…) privato Doctoris, etsi sanctitatis ac doctrinæ laude celeberrimi, judicio anteponendus.” (« et il faut préférer la compréhension et la coutume de l’Église, (…) au jugement d’un Docteur privé, même s’il est très célèbre à cause de l’éloge [que l’on fait] de [sa] sainteté et de [sa] doctrine. » Disponible en ligne sur <https://books.google.fr/books?id=YetEAAAAcAAJ&hl=fr&pg=PA120#v=onepage&q&f=false>, consultée le 7 janvier 2020.

(34) Joseph Cardinal Ratzinger, Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Note doctrinale illustrant la formule conclusive de la Professio fidei, 29 juin 1998, n. 10 et n. 11 : « La troisième proposition de la Professio fidei affirme : « “De plus, avec une soumission religieuse de la volonté et de l'intelligence, j'adhère aux doctrines qui sont énoncées, soit par le Pontife romain, soit par le Collège des évêques, lorsqu'ils exercent le Magistère authentique, même s'ils n'ont pas l'intention de les proclamer par un acte définitif”. À cet alinéa appartiennent tous ces enseignements — en matière de foi ou de morale — présentés comme vrais ou au moins comme sûrs, même s'ils n'ont pas été définis dans un jugement solennel ou proposés comme définitifs par le Magistère ordinaire et universel. Ces enseignements sont en tout cas expression authentique du Magistère ordinaire du Pontife romain ou du Collège épiscopal et requièrent donc la soumission religieuse de la volonté et de l'intelligence [Cf. Concile Œcuménique Vatican II, Constitution dogmatique Lumen Gentium, n. 25; Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Instruction Donum Veritatis, n. 23 : Acta Apostolicæ Sedis 82 (1990) 1559-1560]. Ils sont proposés pour nous conduire à une intelligence plus profonde de la révélation, ou bien pour rappeler la conformité d'un enseignement avec les vérités de la foi, ou enfin pour mettre en garde contre les conceptions incompatibles avec ces vérités ou contre des opinions dangereuses susceptibles d'induire en erreur [Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Instruction Donum Veritatis, n. 23 et n. 24]. Une proposition contraire à ces doctrines peut être qualifiée d’erronée ou bien, dans le cas des enseignements de l'ordre de la prudence, de téméraire ou de dangereuse et donc “tuto doceri non potest” [“ne peut être enseignée sans danger”] [Cf. Code de droit canonique, cann. 752; 1371; Code des canons des Églises orientales, cann. 599; 1436 § 2.]. (…) Comme exemples de doctrines appartenant au troisième alinéa, on peut indiquer en général les enseignements proposés par le Magistère authentique ordinaire sur un mode non définitif, qui requièrent des degrés d'adhésion divers, selon l'esprit et la volonté manifestée spécialement, soit dans la nature des documents, soit dans le fait de proposer fréquemment la même doctrine, soit dans la teneur de l'expression employée [Cf. Concile Œcuménique Vatican II, Constitution dogmatique Lumen Gentium, n. 25 § 1 ; Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Instruction Donum Veritatis, n. 17, 23 et 24]. Disponible en ligne sur <http://www.vatican.va/roman_curia/congregations/cfaith/documents/rc_con_cfaith_doc_1998_professio-fidei_fr.html>, consultée le 7 janvier 2020.

(35) Congrégation pour la doctrine de la foi (Joseph Cardinal Ratzinger, préfet ; Mgr Alberto Bovone, secrétaire), Instruction Donum Veritatis, Sur la vocation ecclésiale du théologien, 24 mai 1990, n. 24 et 27-29. Disponible en ligne sur <http://www.vatican.va/roman_curia/congregations/cfaith/documents/rc_con_cfaith_doc_19900524_theologian-vocation_fr.html>, consultée le 7 janvier 2020.

(36) Code de droit canonique, 1983, livre 3, canon 752 : « Ce n'est pas vraiment un assentiment de foi, mais néanmoins une soumission religieuse de l'intelligence et de la volonté qu'il faut accorder à une doctrine que le Pontife Suprême ou le Collège des Évêques énonce en matière de foi ou de moeurs, même s'ils n'ont pas l'intention de la proclamer par un acte décisif ; les fidèles veilleront donc à éviter ce qui ne concorde pas avec cette doctrine. Canon 753 : Les Évêques qui sont en communion avec le chef du Collège et ses membres, séparément ou réunis en conférences des Évêques ou en conciles particuliers, bien qu'ils ne jouissent pas de l'infaillibilité quand ils enseignent, sont les authentiques docteurs et maîtres de la foi des fidèles confiés à leurs soins ; à ce Magistère authentique de leurs Évêques, les fidèles sont tenus d'adhérer avec une révérence religieuse de l'esprit. Canon 754 : Tous les fidèles sont tenus par l'obligation d'observer les constitutions et les décrets que porte l'autorité légitime de l'Église pour exposer la doctrine et proscrire les opinions erronées, et à un titre spécial, ceux qu'édictent le Pontife Romain ou le Collège des Évêques. » Disponible en ligne sur <http://www.vatican.va/archive/FRA0037/__P2F.HTM>, consultée le 7 janvier 2020.