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lundi 1 août 2011

De la sodomie, de la bestialité et de la nécrophilie, selon Ch. R. Billuart, 1746-1751.


Ce texte, traduit du latin par l'auteur de ce blog, développe le point de vue de la théologie morale catholique romaine (du XVIIIe siècle) sur les pratiques sexuelles considérées comme contre nature : pratiques homosexuelles, zoophiles, et nécrophiles rassemblées dans un même article. On s'y intéresse même aux relations sexuelles avec un démon. Charles René Billuart (1685-1747) était un théologien français, provincial dominicain, qui publia un Cours de théologie d'après S. Thomas d'Aquin en 19 volumes. Le texte latin est en noir, la version française est en bleu.



ARTICULUS X. De bestialitate et sodomia.

Circa bestialitatem et sodomiam pauca occurrunt dicenda quæ breviter perstringam.

Quantum ad bestialitatem.

Imprimis hujus sceleris atrocitatem probant pœnæ in illud latæ. Levit. 20, jubetur ut bestia et bestialitatem committens simul interficiantur; apud christianos flammis addicuntur.


Article X. De la bestialité et de la sodomie.

Autour de la bestialité et de la sodomie, il y a peu de choses à dire, [choses] que j’effleurerai brièvement.

En ce qui concerne la bestialité.

Avant tout, les peines en vigueur [qui] lui [sont] liées, prouvent la monstruosité de ce crime. Au Lévitique 20, il est ordonné que l’animal et celui qui commet [l’acte de] bestialité soient tués ensemble ; chez les chrétiens, ils sont voués aux flammes.

Quando concubitus fit cum dæmone, præter malitiam bestialitatis, habet etiam malitiam superstitionis, quatenus includit societatem cum dæmone, Dei et nostri hoste infensissimo, quod ideo debet explicari in confessione. Item attendendum sub qua forma appareat dæmon: si sub forma bruti, nihil addit; si sub forma humana, vel sub forma viri ad virum, vel mulieris ad mulierem, et sic contrahit secundum affectum malitiam sodomiæ si sub forma alterius conjugis diversi sexus, malitiam adulterii; si sub forma monialis, malitiam sacrilegii; et sic de cæteris. Et hæc sunt in confessione explicanda.

Quand le coït se fait avec le démon, outre le mal de bestialité, il y a aussi le mal de superstition, puisqu’il inclut l’association avec le démon, l’ennemi très hostile de notre Dieu, ce qui doit, pour cette raison, être précisé en confession. De même, il faut prendre garde à la forme sous laquelle le démon apparaît : si c’est sous la forme d’une bête, cela n’ajoute rien ; si c’est sous forme humaine, soit sous la forme d’un homme pour un homme, soit d’une femme pour un femme, alors il s’y joint suivant la situation, le mal de sodomie, si [c’est] sous la forme d’un [partenaire] autre que le conjoint [et] de l’autre sexe, [il s’y joint] le mal d’adultère ; si [c’est] sous la forme d’une religieuse, [il s’y joint] le mal de sacrilège ; et ainsi de suite. Et cela doit être précisé en confession.

Petes 1° utrum in confessione debeat explicari utrum dæmon fuerit incubus aut succubus ?

Question 1. Est-ce que, en confession, doit être précisé [le fait de savoir] si le démon était incube ou succube [= a eu une relation sexuelle en étant dessus ou dessous] ?

R. negative. Hæc enim circumstantia non est mutans speciem, neque multum aggravans; non enim peccatum viri incumbentis est diversæ speciei a peccato mulieris succubæ, nec multum gravius. 

Non: En effet, cette position ne change pas la classe [morale], ni ne l’aggrave de beaucoup ; en effet, le péché d’un homme incube n’est pas d’une espèce différente de celui d’une femme succube, ni beaucoup plus grave.

Petes 2° utrum sit necesse explicare speciem bestiæ ?

Question 2. Est-ce qu’il est nécessaire de préciser l’espèce de l’animal ?

R. negalive. Quia id non mutat speciem in genere moris nec multum aggravat. Ita Sylvius, Chapeauville, Bonac. et alii.

Non. Parce que cela ne change pas la classe en matière de morale, ni ne l’aggrave de beaucoup. Ainsi, [vois] Sylvius, Chapeauville, Bonac, et alii.

Petes 3° utrum si non sit seminatio intra vas, bestialitas sit casus reservatus, ubi reservatur ?

Question 3. Est-ce que, si l’éjaculation n’a pas lieu dans le vase [et que] la bestialité est un cas réservé, dans quel cas est-il réservé ?

R. negative. Quia cum reservatio sit odiosa, non cadit nisi supra actum consummatum, ut iterum dicam de sodomia.

Non. Parce que, étant donné que la réserve est odieuse, elle se rapporte seulement à un acte consommé, comme je le dirai de nouveau au sujet de la sodomie.

Petes 4°ad quam speciem vitii contra naturam pertinet coitus viri cum fœmina mortua ?

Question 4. À quelle espèce de vice contre nature appartient le coït avec une femme morte ?

R. Quidam reducunt ad bestialitatem, quia fœmina mortua non est amplius fœmina et specie differt a viro vivente. Non est tamen, inquiunt, proprie bestialitas; quia bestialitas stricte intelligitur de concubitu viventium diversæ speciei: alii reducunt ad fornicationem, quia fœmina mortua dicitur adhuc licet æquivoce fœmina, sicut oculus mortuus dicitur æquivoce oculus : nec tamen inquiunt, est proprie fornicatio, quia fornicatio proprie est inter personas ejusdem speciei. Alii tandem reducunt ad pollutionem, sicut qui coiret cum pictura aut statua. Forte participat aliquid de istis omnibus secundum rem : secundum autem affectum multiplicatur malitia secundum diversas conditiones quas concumbens apprehendit in illa muliere et quas habebat dum viveret, scilicet adulterii si fuerit conjugata, incestus si fuerit consanguinea, et sic de cæteris, quia ista copula procedit ex affectu quem habebat ad illam viventem.

Réponse. Certains le réduisent à la bestialité, parce qu’une femme morte n’est pas une femme de plus et diffère par l’espèce d’un homme vivant. Ce n’est pas, cependant, disent-ils, proprement de la bestialité ; parce que la bestialité s’entend strictement du coït d’[êtres] vivants d’espèces différentes : les autres le réduisent à la fornication, parce qu’une femme morte est encore appelée jusqu’à présent femme avec équivoque, tout comme un œil mort est appelé œil avec équivoque : et cependant, il ne disent pas qu’[il s’agit] proprement de fornication, parce que la fornication a lieu proprement entre personnes de même espèce. Les autres, enfin, la réduisent à la masturbation, comme [dans le cas de] celui qui aurait un coït avec une image ou une statue. D’aventure, il fait participer quelque autre [mal], selon la chose, à tout cela : et [c'est] selon la situation] que le mal est augmenté, et suivant les diverses conditions dans lesquelles se trouve celui qui a une relation sexuelle, vis-à-vis de cette femme et dans lesquelles elle se trouvait lorsqu'elle vivait [encore], à savoir, [le mal] d’adultère, si elle était mariée, le [mal] d’inceste, si elle était consanguine, et ainsi de suite, parce que ce coït procède de la situation dans lequel il était vis-à-vis de celle-ci quand elle vivait [encore].

Q. 154. a. 11. o.—Quantum ad sodomiam, est, ut jam dixi, concubitus ad indebitum sexum. Ubi vides S. Thomam totam malitiam sodomiæ repetere a sexu indebito, nullatenus a vase indebito sexus debiti, ut quidam ipsi perperam tribuunt, indeque volunt id ultimum esse sodomiam saltem imperfectam; cum e contra S. Doctor hoc ultimum expresse — Ibid. — reponat in altera specie, nimirum, modi innaturalis concumbendi.

S. Thomas d’Aquin, Somme théologique, deuxième partie de la deuxième partie, question 154, article 11, Objections. — Quant à la sodomie, il s’agit, comme je l’ai déjà dit, du coït avec le sexe indu [ = avec lequel on doit pas coïter]. Dans [cet article], tu peux voir que S. Thomas ramène tout le mal de sodomie au sexe indu, [et] nullement au vase indu du sexe dû [=l’anus et le rectum d’une personne de sexe opposé], comme certains même l’impute de travers, et de là, ils veulent que ce dernier point soit au moins [appelé] sodomie imparfaite ; lorsque, au contraire, le S. docteur replace clairement ce dernier point— au même article — assurément, dans une autre classe de manières non-naturelles d’avoir des relations sexuelles.

Ex quo inferes, virum cœuntem cum muliere in vase præpostero, nullatenus secundum S. Thomam esse sodomitam; et e contra mulieres cœuntes in vase naturali esse vere sodomitas, quia est indebitus sexus. Ita Cajetanus, Sylvester, Bonac, et alii. Quia tamen usus invaluit apud majorem partem theologorum, ut coitus in vase indebito sexus debiti dicatur sodomia imperfecta, morem usui gerentes, loquemur cum multis, censebimus cum paucis.

De cela tu infères, qu’un homme qui couche avec une femme dans le vase contre nature n’est nullement sodomite, selon S. Thomas ; et au contraire, que des femmes couchant ensemble dans le vase naturel [= la vulve et le vagin] sont vraiment sodomites, parce qu’il s’agit du sexe indû. Ainsi, [vois] Cajetan, Sylvester, Bonac, et alli. Parce que, cependant, l’usage a prévalu chez la majeure partie des théologiens, [de dire] que le coït dans le vase indu du sexe dû est appelé sodomie imparfaite, [et] complaisant à l’usage, nous parlerons avec les plus nombreux, nous seront de l’avis des plus rares.

Hoc autem peccatum esse execrandum, patet 1° ex ejus notione, quod ita sit contra naturam, ut ipsam et bruta illud regulariter abhorreant; 2° ex igne quem Deus pluit in Sodomam et Gomorrham; 3° ex Epist. Rom. 1, ubi Apostolus dicit, gentilium sapientes propter suam idolatriam esse traditos in reprobum sensum et in hanc passionem ignominiosam, ut fœminæ mutarent naturalem usum et masculi in masculos exarserint; 4° ex pœnis in illud statutis: jure civili plectitur pœna ignis, C. lib. 9, tit. 7; jure canonico antiquo, clericus sodomita, depositus, detrudebatur in monasterium ad pœnitentiam agendam; jure novo Pii V, bulla Horrendum illud scelus, clericus exercens sodomiam, privatus omni privilegio clericali, officio, beneficio, dignitate et gradu dejectus, sæculari potestati traditur.

Et donc, il est clair que ce péché doit être maudit, 1° à cause de son concept [même], qui est d’être contre nature, à tel point que les bêtes éprouvent régulièrement de la répugnance pour lui ; 2° à cause du feu que Dieu fit pleuvoir sur Sodome et Gomorrhe ; 3° à cause de l’Épître aux Romains, chapitre 1, où l’Apôtre dit que les sages des nations, du fait de leur idolâtrie, ont été livrés à leur sens réprouvé et à cette passion honteuse, telle que les femmes ont changé l’usage naturel et que les hommes se sont enflammés pour des hommes ; 4°à cause des peines établies contre lui [ce péché] : la peine du feu est infligée par le droit civil, [selon] le Code de Justinien, livre 9 , titre 7 ; selon le droit canonique antique, le clerc sodomite, déposé, est retranché dans un monastère, pour y faire pénitence ; selon le droit moderne de Pie V, la bulle Horrendum illud scelus, le clerc pratiquant la sodomie, privé de tout privilège clérical, de tout office, bénéfice, dignité et dégradé, est livré au pouvoir séculier.

Sed hæ pœnæ requirunt sententiam judicis. Advertunt etiam auctores, eum qui semel aut iterum committit sodomiam, his pœnis constitutionis Pianæ non esse subjiciendum, quia loquitur de clerico qui exercet sodomiam; aliquis autem dicitur aliquid exercere quod illud non semel aut bis, sed frequenter facit, sicut dicitur mercaturam exercere qui illi frequenter addicitur.

Mais ces peines requièrent une sentence du juge. Les auteurs remarquent aussi que celui qui commet la sodomie une fois et une seconde fois, ne doit pas être soumis à ces peines de la constitution de Pie [V], parce qu’on y parle [seulement] du clerc qui pratique la sodomie ; Or quelqu’un est dit pratiquer quelque chose parce qu’il le fait non pas un fois, ni deux, mais fréquemment, comme il est dit qu’il exerce le métier de marchand, celui qui s’y adonne fréquemment.

Petes 1° utrum sodomita seminans extra vas, sive tentaverit illud penetrare , aut etiam penetraverit et se retraxerit, sive non, incurrat pœnas latas et reservationem, ubi sodomia est reservata ?

Question 1. Est-ce que le sodomite éjaculant en dehors du vase, soit qu’il ait essayé de le pénétrer, et même qu’il l’ait pénétré et s’en soit retiré, soit [qu’il n’ait] pas [essayé], encourt les peines en vigueur et la réserve, dans le cas où la sodomie a été réservée ?

R. negative. Ita communiter; quia cum pœna et reservatio sint odiosa, non intelliguntur afficere nisi peccatum consummatum; consummatur autem sodomia per seminationem intra vas.

Non. [C’est] ainsi en général ; parce que, étant donné que la peine et la réserve sont odieuses, elles ne sont pas censées s’appliquer si le péché n’est pas consommé ; or la sodomie est consommée par l’éjaculation dans le vase.

Petes 2° utrum sodomita debeat explicare in confessione an fuerit agens aut patiens?

Question 2. Est-ce que le sodomite doit préciser en confession s’il a été actif ou passif ?

R. Mihi probabile est quod non. Ita Loth et alii quos citat; quia hæc circumstantia non mutat speciem, nec videtur notabiliter aggravare; sicut in fornicatione peccatum masculi agentis non est alterius speciei nec multum gravius peccato fœminæ patientis. Si dicas in sodomia agentem seminare, non patientem : respondeo etiam in fornicatione fœminam non semper seminare, nec tamen inde videtur multum minui ejus peccatum, neque aggravari peccatum masculi, sic, ut talis circumstantia sit explicanda. Insuper, raro, ut puto, contingit patientem in his immunditiis non seminare. Si iterum opponas peccatum agentis esse gravius et gravius puniri: esto, sed id non probat esse notabiliter gravius, sic, ut oporteat confiteri.

R. Selon moi, il est probable que non. Ainsi, [vois] Loth et alii, qu’il cite ; parce que cette position ne change pas la classe [morale], et n’est pas perçue comme l’aggravant nettement ; comme dans la fornication, le péché de l’homme actif n’est pas d’une autre espèce ni beaucoup plus grave que le péché de la femme passive. Si tu dis, que dans la sodomie, l’actif a éjaculé, et non le passif : je réponds que, même dans la fornication, la femme ne procrée [seminatio : éjaculation ; seminare : éjaculer, procréer] pas toujours, et cependant, à partir de là, on ne considère pas son péché comme beaucoup moins grave, ni que le péché de l’homme [en] est aggravé, et ainsi, cela ne nécessite pas qu'une telle position soit précisée. En outre, c’est rarement, je pense, que le patient n’éjacule pas, en [pratiquant] ses impuretés. Si une seconde fois, tu opposes que le péché de l’actif est plus grave et est puni plus gravement, soit !, mais cela ne prouve pas qu’il soit clairement plus grave, de façon telle qu’il convienne d’être confessé.

Petes 3° utrum, dum sodomia exercetur inter consanguineos aut affines, conjugatos, voto adstrictos, etc, contrahat malitiam incestus, adulterii, sacrilegii, etc.

Question 3. Est-ce que, lorsque la sodomie est pratiquée entre consanguins ou entre parents par alliance, conjoints, personnes liées par un vœu, etc., s’y ajoute le mal d’inceste, d’adultère, de sacrilège, etc. ?

R. affirmative; eo tamen sensu quo dixi supra, art. præcedenti, prima conclusione, sub finem. Scio quosdam id negare de consanguineis aut affinibus in gradibus solo jure positivo prohibitis. Sed vide quæ ad hoc respondi art. hujus dissert. in fine.

Oui ; cependant en ce sens que j’ai dit ci-dessus, à l’article précédent, dans la première conclusion avant la fin. Je sais que certains le nie, seul le droit positif prohibant les degrés de consanguinité ou d’affinité [parenté par alliance]. Mais vois les choses que j’ai répondues à l’article final de cette dissertation.

Référence.

F. Charles René Billuart, Summa Sancti Thomæ hodiernis academiarum moribus accomodata, sive cursus theologiæ juxta mentem Divi Thomæ [Somme de Saint Thomas, accommodée aux usages actuels des académies, ou cours de théologie selon l’esprit de Saint Thomas], nouvelle édition augmentée, tome VII, Tractatus de temperantia, Pelagaud et Lesne, Lyon, 1839, p. 168-169.

samedi 30 juillet 2011

L'horreur des relations homosexuelles, selon Th. de Cantimpré, 1256-1263.


Ce texte manifeste bien en quelle part l'homosexualité était tenue au XIIIe siècle, et combien les  pécheurs étaient terrorisés par l'expression de la réprobation divine et la menace de l'enfer qu'elle entraînait. Il faut rappeler que le péché contre nature rassemblait sous cette appellation : la masturbation, les relations homosexuelles (sodomie) et la bestialité (relation sexuelle avec un animal). L'orthographe a été modernisée mais la ponctuation reste celle du texte original.


De l’horreur du péché contre nature.

Chapitre XXX.

Les abeilles ne s’accouplent nullement : et n’encourent aucune lubricité.


Commentaire.

Les termes du texte sont discrètement distingués ; car encore que l’accouplement soit naturel, toutefois sans le sacrement du mariage, c’est, ou fornication ou adultère : et autre lubricité ou pollution volontaire en soi ou en sa cause, c’est le très abominable crime contre nature : et c’est toujours et en tout cas une turpitude si exécrable, qu’il la faut appeler l’excrément de tous péchés.
En effet, les esprits infernaux, même plus immondes, ont ce péché en abomination. En signe de quoi , encore qu’ès [en les] auteurs qui traitent de leur malice, comme S. Augustin sur la Genèse, contre les Manichéens, et ès autres traités, se voient les exécrations de ces malins esprits incubes ; toutefois, je ne trouve rien des succubes : ce qui montre, que même le diable est vergogneux [honteux] et a horreur du péché contre nature. Ce que la glose semble nous assurer sur cette sentence d’Ézéchiel 16. Je te donnerai entre les mains des Palestins ; c’est-à-dire, des démons : qui ont aussi vergogne de sa voie scélérate.

Histoires
des abominations et leurs horribles punitions.

Au diocèse de Cambrai, j’ai été plusieurs années grand vicaire de l’évêque et son pénitencier ; et un jour une femme infectée du vice de lubricité contre nature, se confessa avec grande lamentation et vergogne [honte] d’être fragile à retomber en cette abomination, et me dit, avoir ouï le diable, pendant qu’elle la commettait, entre elle, et la parois de son lit, dire ces interjections d’indignation, fi, fi, fi : dont la misérable eut telle terreur et horreur, qu’à la même heure, elle accourut pour me trouver, et avec l’absolution ayant reçue la pénitence, en voulut faire une plus grande que celle que je lui avais enjointe.

Une autre femme, presque à même temps, infectée de cet infâme vice, se confessa aussi à moi, avec beaucoup de larmes ; et me dit avoir ouï le diable lui dire ces paroles ; Fais misérable, fais ton fait, tu seras bientôt payée de ce que maintenant tu fais . Depuis, peu après sa confession, et s’être déportée de cet abominable péché, elle encourut la mort par une grande frayeur, et acheva la satisfaction pour ses péchés en purgatoire.

Une autre femme avait vieilli dans un monastère, en ce détestable vice. Son nom était Richarde, et selon qu’on m’a fidèlement rapporté, vécut sans aucune apparence de vertu ou de piété ou de religion : mais au contraire avec autant plus grande obstination en ses péchés, qu’elle avait fait profession de plus grande sainteté. Son corps abominable, après sa mort, fut enterré au cloître : mais ce lieu saint n’en pouvait être profané, la nuit suivante, une truie noire suivie de sept cochons semblables, la déterrèrent, la démembrèrent et déchirèrent en petites pièces, faisant une longue traînée de ses entrailles : puis, cette truie et les cochons disparurent le cloître en étant remplie de puanteur insupportable.

Et chose admirable ! qu’aucunes des religieuses ne voyant ni la truie, ni les cochons, en oyaient cependant, le grognement : ce qui fait voir qu’aucuns n’ont la vue susceptible des apparitions des diables.

Un vénérable docteur, évêque de Lausanne, et depuis régent en théologie à Paris, me raconta, et à plusieurs autres, avoir ouï en confession un certain du clergé, qui soulait faire le susdit péché ; et qu’un jour dans sa tentation il se sentit prendre ne la main un couleuvre, et en extrême horreur vint se confesser avec grande douleur, et forces larmes de pénitence.

Aristote au livre des animaux enseigne, qu’entre iceux, l’homme seul perd sa semence, en ce étant pire que les bêtes. Or ce péché contre nature, selon S. Jérôme, est un si grand malheur en l’univers, qu’il fut cause du grand retardement de l’incarnation de notre Sauveur. Et selon S. Augustin, à la venue de sa Majesté en notre nature humaine tous les ennemis de la nature (qui sont les sodomites) périrent de mort réprouvée et soudaine.

J’avais aux écoles des arts un compagnon très cher, pudique et débonnaire : mais depuis, malheur déplorable ! il fut infecté du vice contre nature par son maître. Je lui remontrai, et divers autres de ses familiers amis, que son péché était chose indigne de la noblesse de sa naissance : et il s’en abstenait diverses fois, durant quelque temps : mais enfin retournait toujours à cette abomination. Fait chanoine, un jour, ayant grand nombre de ses parents et amis avec leur suite, logés chez lui, lorsque chacun prenait le repos de la nuit, il se prit à éclater en clameurs avec terreur extrême, implorant aide et secours. Ses valets sont sont soudain en pieds : et ne voyant cause aucune des cris, courent au doyen et aux chanoines. Ils viennent en diligence : le doyen exhorte le jeune homme à confesser ses péchés, à crier après le secours, non des hommes, mais de Dieu. Ce qu’ayant très bien crié le misérable, avec les yeux démontrant l’horreur, et la terreur extrême qu’il avait, de se voir dans son malheur, le regarde, criant ; Malheur à celui qui m’a séduit ; pourquoi, pourquoi invoquerai-je l’aide de Dieu ! voyez, que je vois l’enfer ouvert, les diables sont venus avec très horrible ardeur pour ravir mon âme, et l’emporter en enfer. Et tous ceux qui étaient prêtés à cet horrible spectacle, pleins de larmes, s’écrièrent, requérant qu’il fit le signe de la croix : mais le malheureux comme s’il n’eut rien ouï ferme les yeux, tourne la tête, et avec des terribles clameurs meurt.

Dans le diocèse de Cambrai, un jour, un pénitent accompagné de son curé me vint trouver, pour être absous de ce péché lequel durant plusieurs années, il m’avait confessé, ayant encouru l’incontinence. Je voulais l’envoyer à son évêque, afin que recevant avec plus de difficulté son absolution, et plus rigoureuse pénitence, de remédier plus efficacement à son mal : mais le prêtre me supplia de l’absoudre, à condition, qu’en genoux devant nous, il promit de ne plus perpétrer cette abominable immondicité : ou qu’autrement, qu’il serait content d’être (aussitôt qu’il la commettait) puni de la divine justice. Et à mon très grand regret ; je consentis à la condition : et en genou il prie Dieu prendre vengeance de lui s’il retournait à faire ce péché : et s’en alla joyeux. Mais hélas ! le troisième ou quatrième jour de Pâques, ne résistant aux tentations du diable, au lieu de se porter aux moyens de les vaincre par bonnes œuvres, saintes pensées, et bons entretiens, retombe au péché : et aussitôt, voilà sur lui la vengeance, et crie en horreur extrême ; La vengeance de Dieu sur moi (selon que son curé me raconta depuis) et ainsi fut puni de très amère mort.

Un autre, fort abominable en ce vice, que j’ai connu, un jour cheminant dans une prairie suivi d’un prêtre qui regardait ses pas ; l’infection de ce vice fit, selon que ce prêtre vit, que l’herbe verte qu’il touchait en son chemin, comme s’il eut été de feu, en fut manifestement comme sèche. Depuis, nous avons su, que la vie infâme par ce vice, prit fin, avec très grande turpitude. Et en effet, Dieu ne condamne de mort réprouvée aucun péché si souvent, que celui-ci.

Plusieurs assurent, et je le crois vraiment, que personne criminelle de ce vice, n’en peut être libre, sans miracle spécial, s’il persévère en ce péché autant de temps, que notre Sauveur conversa en ce monde parmi les hommes. Ce que nous trouvons véritable, ayant vu les infectés de ce vice y tremper, même, en âge décrépite de quatre-vingt et de cent ans. Il ne se faut passant étonner de ceci ; puis que durant que notre Seigneur vécut en ce monde, il fut un exemplaire ou modèle de mœurs, à tous ceux qui viennent dans le christianisme. Or ceux qui durant les trente-trois ans de sa vie négligent de faire les fruits
de pénitence (selon que, celui qui aime la nature, nous invite, qui est Jésus-Christ) ne cessant de faire injure, ou violence à la nature, ce sera après, presque point ou avec très grande difficulté que tels se pourront abstenir de ce péché, et se convertir au service de Dieu.

Le docteur Pierre, chantre de Paris, assura un certain de ma connaissance, avoir vu quelques personnes infectées de ces abominables lubricités ; lesquelles pour avoir assis le soir, sur l’herbe d’une prairie, que depuis, le matin, toute la prairie était trempée de grande rosée, hormis cette place, qui était fort sèche.

Plusieurs à leur grand malheur ne confessent leurs péchés de paillardise.

La sapience (chap. 10), pour nous déclarer les abominations charnelles de Sodome, nous assure que cette terre est encore fumante et déserte : et ce pour signifier l’infamie de ces ardeurs. Et ceux qui sont agités de ces abominables flammes, de même, se voient stériles de vertus et de mérites : ce qui fait dire au psalmiste (psal. 57), lamentant leurs malheurs, qu’ils sont en erreurs, dès leur naissance, et menteurs : à cause de leurs confessions ne sont entières. De sorte, qu’il leur advient souvent, comme au valeureux capitaine Judas Macchabée, qui ayant heureusement défait l’aile droite d’une armée ennemie, par la gauche que Bacchides commandait, encourut sa déroute et sa mort. Ainsi plusieurs se confessent bien des péchés qui ne sont réputés infâmes ; mais chargés d’autres extraordinaires, comme de lubricité contre nature, souvent se laissent malheureusement vaincre par la vergogne de les confesser, perpétrant des crimes détestables de sacrilège. Aussi Sodome, est interprété muette, pour montrer, que les personnes infectées de tels vices ; sont ordinairement comme sans sens, et sans paroles pour confesser ces péchés. Mais qu’ils prennent garde, que leur pernicieux silence forclôt le S. Esprit de leur cœur et de leur conscience : ils doivent imiter le dévot et pieux Job (chap.7) : Je n’épargnerai, dit-il, ma bouche ; mais en la tribulation de mon esprit je parlerai, et en l’amertume de mon âme je discourrai.


Source.

Thomas de Cantimpré, Vincent Willard (trad.), Le bien universel ou les abeilles mystiques, Jean Vanden Horicke, Bruxelles, 1650, p. 225-229.

samedi 23 juillet 2011

De certaines moeurs homosexuelles dans l'Église catholique romaine, selon Philippe de Mornay, 1612.

  
[Orthographe modernisée. Version française des extraits en latin par l'auteur de ce blog.]


p. 498-499. 

Et ceci nous mène jusques à l’an mil soixante. Mais comme en tyrannie sur l’Église, non moins s’avançaient-ils en corruption, et de mœurs et de doctrine. De mœurs ; car la Sodomie par ces lois de célibat, prend un tel pied dans le clergé romain, que Pierre Damien (1) lors retiré en son ermitage est contraint d’en faire un livre, intitulé Gomorreus, où il en déchiffre toutes les espèces ; et le dédie à Léon IX, l’adjurant d’y mettre ordre. Et Baronius (2) même l’avoue en ces mots : 

« Les ronces et les orties avaient rempli le champ du père de famille ; toute chair avait corrompu sa voie, et n’était pas besoin seulement d’un déluge pour laver, mais d’un feu du ciel pour foudroyer comme à Gomorrhe. »

Et là dessus Léon avait fait quelques règlements, et ordonné quelques peines. Mais tôt après on le vit en la mal grâce de Léon. Et depuis venant Alexandre II au papat, il lui déroba son livre sous ombre de le bailler à l’Abbé de S. Sauveur à transcrire, prenant prétexte de ce qu’il en avait parlé trop salement, comme si telles ordures se pouvaient remuer sans puanteur ; dont le bon homme se plaint aigrement en une sienne épître au cardinaux Hildebrand et Estienne, et non sans évidente ironie leur dit : « Et c’est de vrai un indice de la netteté sacerdotale, ou plutôt un argument de la pureté papale ? » (…).

p. 1245

« Entre les maquereaux de ces derniers temps, dit Agrippa (3), fut remarquable Sixte IV qui construit à Rome un noble bordeau. Ainsi fut cet empereur Héliogabele qui chez lui nourrissait bandes de putains dont il fournissait à ses amis et serviteurs, etc. Et les courtisanes de Rome payent par chaque semaine un jule au pape duquel le revenu annuel passe quelquefois vingt mille ducats, et est tellement cet office affecté aux principaux de l’Église, que le loyer des maquerellages est conté avec les revenus des Églises. Car, dit-il, j'ai ouï autrefois faire le compte en cette sorte : il a deux bénéfices, une cure de 20 ducats, un prieuré de quarante, et trois putains au bordeau, qui lui rendent chaque semaine 20 jules. »

En quoi mieux pouvait-il avancer le règne de la Paillarde ? Ajoutons toutefois ce que dit de lui Wesselus de Groningue (4), docteur en théologie, en son livre des Indulgences papales, homme en ce temps recommandé de la connaissance des trois langues dont il était appelé Lux mundi, la lumière du monde, lequel vivait nommément sous ce Sixte : 

« À la requête de Pierre Rière cardinal de S. Sixte et patriarche de Constantinople, et de Hiérôme son frère, et du cardinal de sainte Luce, qui avait été chef de la vénerie de Paul II, il permit d’exercer la sodomie, les trois plus chauds mois de l’année, juin, juillet et août, avec cette clause, fiat petitur, soit fait comme il est requis. » 

Et pource disait son épitaphe par Johannes Sapuis,

« …............ deflent sua busta Cinædi
Scortaque, lenones, alea, vina, Venus.
Item,
Pædico insignis, prædo, fucosus adulter
Gaude Prisce Nero, etc. [Voir remarque 1]»

Dont la conséquence suit très à propos selon saint Paul, Romains 1 :

« Riserat ut vivens cœlestia numina Sixtùs
Sic moriens nullos credidit esse Deos [Voir remarque 2]»,

que vivant et mourant, il avait testifié qu’il ne croyait point de Dieu. (…).


Notes.

(1) Petri Damiani liber, qui inseribitur Gomorrheus cui præfixa epistola Leonis papæ.
(2) Baronius, volumen II, annus 1049, articulum 10 et seqq.
(3) Agrippa, De vanitate scientiarum, c. 64, de Lenoniæ.
(4) Wesselus seu Basilius Grœningensis in Tractatus de indulgentiis papalib.


Remarques.

1. Concernant l’épitaphe du pape Sixte, la citation complète est la suivante :

« Pasquin au pape mort :

Sixte, jaces tandem, fidei contemptor et æqui :
Pacis ut hostis eras, pace peremptus obis.
Sixte, jaces tandem, lætatur Roma tuo quæ
Passa sub imperio est funera, bella, famem !
Sixte, jaces tandem nostri discordia secli :
Sævisti in superos, nunc Acheronta move !
Sixte, jaces tandem, fraudisque, dolique minister.
Et sola tantum proditione potens.
Sixte, jaces tandem, deflent tua busta cinædi,
Scortaque, lenones, alea, vina, Venus !
Sixte, jaces tandem, summorum infamia, fexque,
Pontificum, tandem perfide Sixte jaces !
Sixte, jaces tandem, vos hunc lacerate, Quirites,
Dentur et impastis membra scelesta feris ! »

Ce que l’on pourrait rendre par :

« Sixte, tu gis enfin, toi qui méprisais la foi et l’équité.
Tout comme tu étais l’ennemi de la paix, tu t’en vas, détruit par la paix.
Sixte, tu gis enfin, [et] Rome est en joie, [elle] qui souffrit sous ton empire, funérailles, guerre, faim !
Sixte, tu gis enfin, toi la discorde de notre siècle.
Tu t’acharnas sur les dieux d’en haut, va maintenant aux enfers !
Sixte, tu gis enfin, serviteur de la fraude et de la ruse
et si puissant par la trahison seule !
Sixte, tu gis enfin ; qu’ils pleurent tes cendres, les mignons, et les prostitué(e)s, les proxénètes, les jeux de hasard, les vins, les plaisirs de l’amour.
Sixte, tu gis enfin, [toi], l’infamie et la lie des saints pontifes, tu gis enfin, Sixte trompeur !
Sixte, tu gis enfin ; citoyens romains, déchirez les membres [de ce corps] et qu’il soient donnés aux bêtes affamées !

Et enfin :

« Quid pia functo fuerunt solemnia Sixto ?
Tradita sunt sceleri vota precesque note.
Riserat ut vivens cœlestia numina Sixtus,
Sic moriens nullos credidit esse Deos.
Sixte, jaces tandem superis invisus et imis,
Inclusus gravido ventre necandus eras ! »

Que l’on pourrait rendre par :

« Pourquoi y eut-il pour Sixte de pieuses solennités ?
Les vœux et les prières ont été délivrées pour un criminel notoire.
Vivant, Sixte s’est moqué des volontés célestes,
Ainsi, en mourant, il a cru qu’il n’existe aucuns dieux
Sixte, tu gis enfin, haï par ceux d’en haut et ceux d’en bas ;
On aurais dû te tuer [encore] enfouis dans le ventre maternel. »

Source : Pasquino et Marforio, Les bouches de marbre de Rome, traduits et publiés pour la première fois par Mary Lafon deuxième édition, A. Lacroix et Cie, Paris, 1876, p. 20 et 21.

2. Concernant la deuxième citation, le texte complet en est le suivant :

« Leno vorax, pathicus, meretrix, delator, adulter,
Si Romam veniet illico cretus erit.
Pædico insignis, prædo furiosus, adulter,
Exitiumque urbis, perniciesque Dei, Gaude prisce Nero, superat te crimine Sixtus,
Hic scelus omne simul clauditur et vitium. »

Que l’on pourrait rendre par :

« Le proxénète vorace, l’homosexuel passif, la prostituée, le délateur, l’adultère,
s’il vient à Rome, aussitôt sera distingué.
Enculeur remarquable, pilleur délirant, adultère,
et [toi], la ruine de la Ville, et le fléau de Dieu, réjouis-toi, antique Néron, par la faute, Sixte l’emporte sur toi,
Ici, est enfermé tout crime aussi bien que [tout] vice. »

Ce texte latin est donné par Louis Joseph de Potter qui avait précisé auparavant au sujet de Sixte :

« Il vendit aussi les bénéfices ecclésiastiques et quelques chapeaux de cardinal ; il en accorda d'autres par protection ou par des motifs moins louables encore, comme lorsqu'il combla de biens et décora de la pourpre Jacques de Parme, beau mais ignorant jeune homme de vingt ans, qui, de page (Ragaccius) du comte Jérôme, était devenu camérier du cardinal de saint Vitale, puis chambellan du commandant du château Saint-Ange, et enfin, favori du pape. ».

Source : Louis Joseph Antoine De Potter, L'esprit de l'église ou considérations philosophiques sur l’histoire des conciles, tome 2, E. Babeuf, Parmentier, Paris, 1821, p. 181-182, note 2.

3. On trouve le texte suivant à propos du pape Sixte chez les annalistes Jacobus Volaterrani ou Stephanus Infessura : 

[Jacobi Volaterrani Diarium Rom. [Annales de Rome, par Jacobus Volaterrani] in Muratorii XXIII,  p. 198, ou Stephani Infessurae Diarium urbis Romae [Annales de la ville de rome, par Stephanus Infessura] in Eccardi Corpus histor. medii aevi [Corpus historique du moyen-âge, par Eccard]  II, p. 1938.]

« (…) et—XII. d. Aug.—mortuus sit Sixtus IV. In quo felicissimo die Deus ipse omnipotens ostendit potentiam suam super terram, liberavitque populum suum Christianum de manu talis impiisimi et iniquissimi regis, cui nullus Dei timor, nullus regendi populi Christiani amor, nulla caritatis et dilectionis affectio ; sed solum voluptas inhonesta, avaritia, pompa, seu vana gloria semper et continue praecipue viguit, et in consideratione fuit. Hic, ut fertur vulgo, et experientia demonstravit, puerorum amator et Sodomita fuit. Nam quid fecerit pro pueris, qui serviebant ei in cubiculo, experientia docet, quibus non solum multorum millium ducatorum donavit reditus, verum Cardinalatum. et magnos Episcopatus largiri ausus est. Nam et non propter aliud, ut dicunt quidam, dilexit Comitem Hieronymum, et fratrem Petrum, ejus germanum, ac post Cardinalem s. Sixti, nisi propter Sodomiam. (...) »

Que l’on pourrait rendre par :

« Et le 12 août, mourut Sixte IV. En ce jour heureux au plus haut point, Dieu tout-puissant lui-même manifesta sa puissance sur la terre, et libéra son peuple chrétien de la main d’un roi tel, impie et injuste au plus haut point, qui n’avait aucune crainte de Dieu, aucun amour pour régir le peuple chrétien, aucun sentiment de charité et d’amour réfléchi ; mais seules la volupté déshonnête, l’avarice, la pompe, ou la vaine gloire furent en vogue et considérées avant toutes choses, toujours et continuement. Celui-ci, comme il est rapporté par le commun, et comme l’expérience l’a montré, fut amateur de garçon et Sodomite. En effet qu’a-t-il fait en faveur des garçons qui le servaient dans [sa] chambre à coucher, l’expérience l’enseigne, il [leur] a non seulement donné le revenu de plusieurs milliers de ducats, mais il a osé [leur] donner largement le cardinalat et les grands épiscopats. En effet, ce n’est pas pour autre chose, comme certains [le] disent, que pour la sodomie, qu’ils a distingué le comte Jérôme et son frère germain Pierre, ensuite [devenu] cardinal de S. Sixte. »

Source : Dr. Johann Karl Ludwig Gieseler, A compendium of ecclesiastical history, 4e édition révisée et augmentée, traduite depuis l’allemand par le révérend John Wistanley Hull, vol. 4, T. et T. Clark, Édimbourg, 1853, p. 385.


Source générale.

Philippe de Mornay, Le Mystère d'iniquité, c’est-à-dire l’histoire de la papauté, Philippe Albert, Genève, 1612.

Du péché de sodomie, selon Henri Estienne, 1566.


 [Orthographe modernisée. Version française des extraits en latin par l'auteur de ce blog.]


p. 50-51.

CHAP. VI.
Comment le siècle prochain au nôtre a été repris par les susdits prêcheurs de vices quasi de toutes sortes.

(…)

V. Venons aux autres méchancetés, à savoir aux incestes, sodomies, et autres péchés de paillardise contre nature.

De celles-ci je n’ai souvenance d’avoir guère lu en Menot : mais Maillard dit généralement, au feuil. 278, col. 3 :

« Taceo de adulteriis, stupris et incestibus, et peccatis contra naturam. » 
 
[« Je me tais, en ce qui concerne les adultères, les stupres, incestes, et péchés contre nature. »]

Et au feuil. 300, col. 1 :

« Si credant fures, falfarii, fallaces, adulteri et incestuosi, etc. »

[« Même s’ils croient les voleurs, les faussaires, les trompeurs, les adultères et les incestueux, etc.»].

Quant à la sodomie particulièrement, ce même prêcheur en parle bien au feuillet 262, col. 2, mais il n’en parle point comme d’une chose de laquelle on fît métier et marchandise : ains seulement (après avoir parlé de ce qui est récité en la Bible touchant cette méchancetés,) vient à dire qu’il se trouve beaucoup de chrétiens si aveuglés qu’ils soutiennent telles méchancetés comme licites. Mais Barlette, ayant à faire aux Italiens, crie souvent contre ce vice : comme au feuil. 58, col. 2 :

« O quot sodomitæ, ô quot ribaldi ».

[« Ô combien de sodomites, combien de débauchés ».]

Aussi au feuil. 72, col. 1, il ajoute à cette malheurté encore l’autre :

« Hoc impedimento impedit diabolus lingam sodomitæ, qui cum pueris rem turpem agit. O naturæ destructor. Impeditur ille qui cum uxore non agit per rectam lineam. Impeditur qui cum bestis rem agit turpem. O bestia deterior. »

[« Par cet empêchement, le diable entrave la langue du sodomite, qui fait chose honteuse avec les garçons. Ô destructeur de la nature. Il est entravé celui qui n’agit pas avec [son] épouse selon la droite ligne. Il est entravé, celui qui fait chose honteuse avec les bêtes. Ô bête plus mauvaise [encore]. »]

Il y a aussi un passage au feuill. 24, col. 1, auquel il conjoint sodomias avec cardinalitates : (1) sous lequel mot je ne doute point qu’il n’y ait quelque grand mystère caché : mais je le laisserai découvrit aux autres. Le passage est tel :

« Quis te conducit ad inbonestates, et ad libidines, et cardinalitates, et ad sodomias ? »

[« Qui te mène vers les malhonnêtetés, les désirs [déréglés], et les principales, vers les sodomies ? »]

Quoiqu’il en soit, il est certain qu’il a voulu signifier quelques grandes vertus cardinaliques, par ce mot cardinalités, en le mettant entre paillardises et sodomies.


p. 114-117.

Car au reste j’accorde que combien que Dieu ait voulu notamment telles prodigieuses vilenies des hommes être enregistrées en sa Bible, toutefois le moins en parler, voire le moins y penser, est le meilleur. Et de fait, quant à la sodomie, je croirais aisément que ces prêcheurs se gardaient d’en parler pour ne faire ouverture à la curiosité des hommes, laquelle est naturellement grande en telles choses. Et d’autant plus méchants sont les prêtres, qui ne la confession auriculaire, qu’ils appellent, par leurs interrogats éveillent les esprits, et les avisent de plusieurs vilenies. Quant à moi je confesserai que pour ce même égard, lequel je dis que ces prêcheurs pourraient avoir eu, j’ai autrefois eu grand peine à me persuader que les sodomites, et ceux qui se sont pollués avec les bêtes, dussent être exécutés publiquement et devant tout le peuple : et n’y a point de doute qu’on ne puisse amener plusieurs grandes considérations aussi bien d’une part que d’autre : mais cependant je m’arrête à ce que je vois faire ès [en les] villes bien policées. Au demeurant la raison pour laquelle il est vraisemblable que la sodomie n’était si commune alors que maintenant, c’est qu’on ne fréquentait pas tant les pays qui en font métier et marchandise, que pour le jourd’hui. Et qu’ainsi soit, si on regarde qui sont les Français qui s’adonnent à telles malheurté, on trouvera que quasi tous ont été en Italie ou en Turquie, ou sans bouger de France ont fréquenté avec ceux de ces pays là, ou pour le moins ont conversé avec ceux qui avaient été en leur école. Car combien que nous lisions au XIII[e] livre d’Athénée que de son temps les Celtes, nonobstant qu’ils eussent plus belles femmes qu’aucuns autres barbares, étaient adonnés à la sodomie (lequel propos il me semble que j’ai lu autre part sous le nom d’Hermippus) si est-ce néanmoins que grâce à Dieu auparavant qu’on sût si bien parler italien en France, on n’oyait quasi point parler de cette vilenie, ainsi que j’ai entendu de plusieurs vieilles personnes. Et de vrai ce péché serait plus pardonnable (si pardonner se pouvait) aux Italiens qu’aux Français : d’autant que les Italiens (entre lesquels plusieurs n’appellent cela qu’un peccatillo) sont plus voisins de la sainteté de ceux qui non seulement en donnent dispense, mais aussi exemple, comme il sera déclaré ci-après. Mais comment qu’il en soit, les mots desquels nous usons pour exprimer telle méchanceté, empruntés du langage italien, servent de preuve suffisante que la France tient d’eux ce qu’elle en a. Il serait difficile toutefois de dire particulièrement de quelle ville : car en Italie même ce proverbe court :

« Siena si vanta di quattro cose,
Di torri et di campane,
Di bardasse et di puttane. »

[« Sienne se vante de quatre choses,
de [ses] tours et de [ses] cloches,
de [ses] harnais et de [ses] putains »]

Ou « Siena di quattro cose e piena, Di torri » etc. Mais le seigneur Pasquin en plusieurs passages montre bien que sauf l’honneur de ce proverbe Rome doit aller devant Sienne, quant au troisième point : et principalement où il dit :

« Sed Romæ puero (2) non licet esse mihi.

[« Mais à Rome, je ne peux pas jouir d’un garçon »]

Et de fait, quand ce ne serait que pour la raison que je viens d’alléguer, il semble qu’à bon droit il ne veuille endurer que Rome soit frustrée de cet honneur.


p. 156-164.

CHAP. XIII

Du péché de sodomie, et du péché contre nature en notre temps.

Et quand il n’y aurait autre chose que la sodomie telle qu’on la voit pour le jourd’hui, ne pourrait-on pas à bon droit nommer notre siècle le parangon de méchanceté, voire de méchanceté détestable et exécrable ? Je confesse que les païens (au moins la plupart) ont été adonnés à ce vice : mais se trouvera-t-il qu’entre ceux qui ont porté le nom de chrétiens, jamais un tel vice ait été réputé vertu ? Il est certain que non. Mais en notre temps on ne l’a pas seulement réputé pour vertu, mais on est venu jusques à en écrire les louanges, et puis les faire imprimer, pur être lues par tout le monde. Car ceci ne se doit taire, que Jean de la Case, Florentin, archevêque de Bénévent, a composé un livre en rythme italienne, ou il dit mille louanges de ce péché auquel les vrais chrétiens ne peuvent seulement penser sans horreur : et entre autres choses l’appelle œuvre divine. Ce livre a été imprimé à Venise, chez un nommé Trojan Nanus, selon le témoignage (3) de quelques uns, lequel ils ont mis par écrit. Or est l’auteur de ce tant abominable livre celui même auquel j’ai dédié quelques miens vers latins, pendant que j’étais à Venise : mais je proteste que je commis telle faute avant que le connaître tel : et qu’après en avoir été averti, la faute était jà irréparable. Mais pour retourner à ce péché si infâme, n’est-ce point grand’pitié qu’aucuns qui auparavant que mettre le pied en Italie, abhorrissaient les propos mêmement qui se tenaient de cela, après y avoir démouré, ne prennent plaisir aux paroles seulement, mais viennent jusques aux effets, et en font profession entre eux, comme d’une chose qu’ils ont apprise en une bonne école ? Car quant à ceux qui par une mauvaise accoutumance ont seulement retenu des façons de parler italiennes, qui se disent là ordinairement et coutumièrement, étant toutefois prises de telle méchanceté, ils ont bien quelque apparence d’excuse : mais que peuvent alléguer les autres ? Or ne veux-je pas dire toutefois que tous ceux qui se trouvent entaché de ce péché, l’aient appris ou en Italie ou en Turquie : car notre maître Maillard (4) en faisait bien profession, et toutefois il n’y avait jamais été : mais celui qui comme docteur de la Sorbonne, tous les jours faisait brûler tant de poures gens à tort et sans cause, était celui que messieurs de la justice pouvaient faire brûler à bon droit, non pas comme luthérien (qu’on appelait alors) ou trop obstiné évangélique, mais comme bougre sodomitique.

II. Mais j’aurais grand tort si étant sur ce propos j’oubliais Pierre Louis, plutôt Aloïs (car son nom était en langage italien Piedro Aloïsio) fils du pape Paul troisième de ce nom. Ce Louis duc de Parme et de Plaisance, pour ne pas dégénérer la race papale, de laquelle il était issu, fut si adonnée à cet horrible et détestable péché, voire si transporté de la rage d’icelui, que non seulement il oublia totalement le jugement de Dieu, non seulement il oublia la recommandation en laquelle il devait avoir son honneur, (pour le moins à l’endroit de ceux qui naturellement ne font pas grand’conscience de s’abandonner à telle méchanceté) non seulement il oublia qu’il était homme : mais aussi oublia le danger de la mort (que les bêtes mêmes appréhendent) lequel se prétendait journellement à lui. Car ne se contentant d’avoir exercé ses infâmes concupiscences en une infinité de personnes de diverses qualités, en la fin s’adressa à un jeune évêque, nommé Cosmo Cherio (5) ayant l’évêché de Fano : et n’en pouvant venir à bout autrement le fit tenir, par ses gens. Après lequel acte il n’arrêta pas longtemps à recevoir le salaire dû à de tels monstres : et comme il avait mené une vie infâme, aussi lui fut fait un épitaphe si infâme qu’il requérait des lecteurs qui eussent pris quelque préservatif de peur d’avoir mal au cœur.

III. Quant au péché contre nature (lequel de tout temps a été plus ordinaire aux bergers qu’à autres) qui voudrait faire la recherche d’exemples de notre temps, il en trouverait grande abondance, aussi bien que des autres méchancetés. Mais pour en trouver beaucoup et en même temps et de fraîche mémoire, il faudrait s’adresser aux soldats italiens du camp qui voulait tenir la ville de Lyon assiégée pendant les troubles, et leur demander qu’ils faisaient de leurs chèvres. Toutefois il est advenu une chose de notre temps, qui sert d’un exemple beaucoup plus étrange que tous autres qu’on pourrait alléguer : c’est d’une femme qui fut brûlée à Toulouse (comme on m’a assuré), il y a environs vingt-sept ans, pour s’être prostituée à un chien, lequel aussi fut brûlé avec elle. Je tiens cet acte pour plus étrange, ayant égard au sexe. Or ai-je nommé cette sorte de péché, le péché contre nature, m’accommodant à la façon de parler ordinaire, non pas ayant égard à ce qu’emporte ce mot. Car fuyant cela, il est certain que la sodomie doit être comprise sous ce titre : et sans autrement en disputer, les bêtes brutes nous en rendent convaincus.

IV. Je viens de réciter un forfait merveilleusement étrange : mais j’en vais réciter un autre qui l’est encore davantage, (non pas toutefois si vilain) advenu aussi de notre temps, il y a environs trente ans. C’est qu’une fille native de Fontaines, qui est entre Blois et Romorantin, s’étant déguisée en homme, servit de valet d’étable environ sept ans en une hôtellerie du faubourg de Foye, puis de se maria à une fille du lieu, avec laquelle elle fut environs deux ans, exerçant le métier de vigneron. Après lequel temps étant découverte la méchanceté de laquelle elle usait pour contrefaire l’office de mari, fut prise, et ayant confessé fut là brûlée toute vive. Voici comment notre siècle se peut vanter qu’outre toutes les méchancetés des précédents, il en a qui lui sont propres et péculières. Car cet acte n’a rien de commun avec celui de quelques vilaines qu’on appelait anciennement tribades (6).


Notes.

(1) Et cardinalitates etc. Peut-être carnalitates [inclinations charnelles]. Isti Cardinales vere sunt carnales, a dit Guy Patin.

(2) Sed Romæ puero etc.) Tiré de l’Épigr. Esse putas du Fratres Fraterrimi de Buchanann où, soit dit en passant, l’édition de 1628 lit : « Sed puero Romæ. »

(3) Selon le témoignage etc.) H. Étienne n’avait donc pas vu ce prétendu livre, duquel d’ailleurs, il nomme l’Imprimeur Trojan Nanus, au lieu de Trojan Navus, comme il aurait dû l’appeler. Aussi n’est-ce point un livre, mais un simple capitole italien, imprimé avec ceux du Bernia, comme le reconnaît Bèze pag.12 de l’Épître Dédicatoire qui précède l’édition qui se fit de ses poésies en 1576.
Extat excusum Sodomiæ encomiura Joannis à Casa Florentini, rhythmis Italicis (ut idonei testes scribunt) unà cum Berniæ Capitulis quæ vocant. Ce sont les propres termes de cette Épître.

(4) Notre maître Maillard.) JEAN MAILLARD. Docteur de Sorbonne, mort environ l’année 1567. Voyez l’Épître Déclaratoire des Poésies de Bèze in 8, 1576. Entre plusieurs Sorbonistes de ce temps-là, qui étaient soupçonnés de pédérastie, cet homme était des plus décriés, depuis certaine aventure qui, sous le règne de Henri II lui était arrivée avec un jeune clerc du Palais. Maillard avait voulu le forcer, mais le jeune clerc échappa de ses mains, ce qui donna lieu à cette épitaphe, quoique notre docteur ne soit mort qu’à plusieurs années de là :

Ici gît maître Jean Maillard,
Beaucoup plus bougre que paillard :
Soutenant, si la chair irrite
Un de nos maîtres de Sorbonne,
Qu’il ne pèche étant Sodomite :
Trouvant cette voie fort bonne :
De peur qu’une femme fragile
Son secret ne pouvant celer,
Ne scandalisât l’Évangile,
Notre maître allant déceler,
Qui par simple et bonne équité
Se serait à elle prêté.

Voyez une ancienne Anatomie de la Messe, traduite de l’Italien pag. 544 de l’édit. de 1562. Maillard s’était vanté qu’il se trouverait au Colloque de Poissy, pour y confondre les ministres : n’y ayant point paru, quelque Huguenot en marque le raison dans le sonnet qui suit, imprimé au devant de la comédie du Pape malade, pièce ingénieuse qui est de la même année que ce colloque.

Notre maître Maillard tout partout met le nez :
Tantôt va chez le Roi, tantôt va chez la Reine :
Il fait tout, il fait tout, et à rien n’est idoine.
Il est grand orateur, poète des mieux nés :
Juge si bon, qu’au feu mille en a condamnés.
Sophiste aussi aigu que les fesses d’un moine.
Mais il est si méchant, pour n’être qu’un chanoine,
Qu’auprès de lui sont saints le Diable et les damnés,
Si se fourrer partout, à gloire il se repose,
Pourquoi dedans Poissy n’est-il à la dispute ?
Il dit qu’à grand regret il en est éloigné,
Car Bèze il eut vaincu, tant il est habile homme.
Pourquoi donc n’y est-il ? Il est embesogné
Après les fondements, pour rebâtir Sodome.

Il faut, au reste, que Maillard passât pour un grand maître dans ce métier, puisque, suivant la même Épître Dédicatoire, le sobriquet de Docteur Gomorrhéen lui avait été donné par de bons catholiques.

(5) Cosmo Cherio etc.) Dans plusieurs lettres latines, insérées parmi les Epistolæ clarorum virorum selectæ, de l’édition de Venise, chez Paul Manuce in 16, 1556, il se nomme Cosmus Gherius, en italien Cosmo Gheri, selon l’index Thuani. M. de Thou, d’après Sleïdan, le qualifie mal episcopus Faventinus, évêque de Faenca dans la Romagne. Son évêché était Fano petite ville située sur le Golfe de Venise, et il y avait succédé à Goro Gheri son oncle, àqui l’éditeur des Cento Novelle antiche les dédia en 1525. Du reste, ce fut en 1537, et non pas en 1538, que Pierre Louis commit cette énormité en la personne de l’évêque de Fano. Benoît Varchi, sous l’année 1538, raconte la chose avec les circonstances les plus odieuses, dans son Histoire de Florence imprimée seulement en 1725, et d’abord supprimée, comme écrite avec trop de liberté, et d’ailleurs injurieuse à la maison Farnèse. Mais cet historien s’est trompé quant à l’année de l’événement, une lettre de Benedict. Rhambertus, datée de Venise, du 7 octobre 1537, parlant d’une autre lettre, par laquelle la nouvelle de la mort de Côme Ghéri avait été mandée à Pierre Bembe, par Louis Beccatelli. C’est la 28 des mêmes Épîtres Claror. Viror.

(6) Tribades.) Femmes amoureuses d’autres femmes. Tertullien les désigne par le mot de frictrices : et Brantômes dans ses Dam. Gal. exprime sous le nom de friquerelle, le joli métier de ces femmes.

Remarques.

- Henri Estienne, deuxième du nom est né à Paris en 1528 et mort à Lyon en 1598. Il est le fils de l'imprimeur Robert Estienne et le petit-fils de l'imprimeur Henri Estienne, premier du nom. Il fut lui-même imprimeur, philologue et humaniste français, et un helléniste hors pair.

- Michel Menot (mort en 1518) est un fameux prédicateur franciscains (cordelier), qui vécut sous les règnes de Louis XI, Charles VIII, Louis XII et François Ier. Il prêcha vraisemblablement devant ces monarques. « ses sermons étaient remplis de traits burlesques et bouffons, de mauvaises plaisanteries et d'allusions indécentes ; mais ces défauts tenaient au goût corrompu de son siècle, tandis que ses qualités, qu'on ne remarquait dans aucun autre prédicateur de l'époque, lui appartenaient en propre ».

- Olivier Maillard (vers 1440-1502) est, également un prédicateur franciscain (cordelier), docteur en théologie. « Il partagea le sceptre de la chaire avec les Barlette, les Menot, les Raulin, ses contemporains et ses dignes confrères ; mais il faut convenir que ce sceptre, entre leurs mains, ressemble souvent à celui que porte l'héroïne dont Érasme a fait l'éloge, et qui, par sa tournure et ses grelots, inspire plus la gaîté que le recueillement et le respect. »

- Nicolas ou Nicole Maillard (?-1565), qu'Estienne nomme ici Jean,  docteur de Sorbonne, doyen de la faculté de théologie, fut défenseur des études grecques et par ce fait sympathisa avec Érasme. Théodore de Bèze le surnommait le «docteur gomorrhéen ». Voir la note 4.

 - Gabriel Barlette ou Barletta, est un prédicateur du XVe siècle, fameux par son éloquence (d'où le proverbe : nescit prædicare,  qui nescit Barlettare, il ne sait pas précher celui qui ne sait Barletter).

Source.

Henri Estienne, Apologie pour Hérodote ou traité de la conformité des merveilles anciennes avec les nouvelles, nouvelle édition, remarques par Jacob Le Duchat, tome 1, Henri Scheurleer, La Haye, 1735.