Rechercher dans ce blogue

mercredi 16 janvier 2019

Le Sacré-Cœur de Jésus, qui a tant aimé le monde, par Mgr de Ségur, 1872


Pompeo Batoni, Le Sacré-Coeur de Jésus, église du Gesù, Rome
(…) IX. De l’ineffable et toute divine excellence du Sacré-Cœur de Jésus

Le monde est composé de deux espèces de créatures : les esprits et les corps. En dehors de Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit, Créateur de l'univers, il n'existe rien que le monde des esprits et le monde des corps.

Or, le monde des esprits est créé de Dieu selon un type, un modèle parfait, qui en est comme le centre ; et ce type, cet exemplaire, c'est la très sainte âme que le Fils éternel de Dieu a daigné s'unir, quand il s'est fait homme, au milieu des temps. C'est à l'image et à la ressemblance de cette âme sacrée que le bon Dieu, pour qui tout est présent, a créé dès l'origine tous les Anges, ainsi que les âmes de nos premiers parents. C'est à l'image et ressemblance de l'âme de son Fils qu'il a créé et qu'il continue de créer toutes nos âmes.

Il en est de même pour le monde des corps, pour le monde de la matière : le corps adorable que le Fils de Dieu devait prendre un jour dans le sein de la Vierge a été le type, le modèle sur lequel le bon Dieu a créé, d'abord le monde, puis l'homme, roi du monde. Oui, le corps d'Adam a été fait, au paradis terrestre, sur le modèle du corps très parfait que le Fils de Dieu devait unir un jour à son âme et à sa personne divine.

L'humanité de Jésus-Christ est ainsi, dans le plan de la création, comme le centre et la raison d'être de toutes les créatures, principalement des Anges et des hommes.

Dire les excellences de cette humanité devenue l'humanité du Fils de Dieu ; de cette âme et de ce corps tellement unis à la Personne éternelle de ce même Fils de Dieu, que, sans se confondre le moins du monde avec sa divinité, ils forment avec elle une seule et unique Personne divine, éternelle, infinie, c'est chose absolument impossible. Jamais, ni en ce monde ni en l'autre, nous ne pourrons pleinement comprendre le mystère infini de Jésus-Christ ; jamais nous ne pourrons l'adorer aussi parfaitement qu'il le mérite ; jamais nous ne l'admirerons, nous ne l'aimerons, nous ne le bénirons autant qu'il mérite d'être béni, aimé, admiré.

L'humanité de Dieu ! Une âme et un corps créés, devenus l'âme et le corps de Dieu même, et dès lors adorables, divins ! Quel abîme de grandeurs ! Quel mystère !!

Eh bien, dans cette adorable et toute divine humanité, il y a quelque chose de plus sur-adorable encore, s'il est permis de parler ainsi ; dans cet abîme de sainteté et de majesté, il y a quelque chose de plus saint, de plus sublime, de plus excellent : c'est le Cœur de Notre Seigneur, Créateur et Rédempteur Jésus-Christ. Oui, dans l'humanité très adorable de notre Dieu, il nous faut mettre au-dessus de tout son très Sacré-Cœur.

En Jésus-Christ, comme en nous, le cœur est en effet l'organe le plus noble et le plus délicat. C'est comme le résumé et, pour ainsi dire, le centre vivant, la moelle de tout le corps. L'âme, qui anime le corps et qui exerce ses diverses facultés par les divers organes du corps, exerce par le cœur la plus sublime de toutes ses facultés, la faculté d'aimer. L'âme pense par le cerveau et en union avec le cerveau, elle sent par les nerfs, qui s'étendent dans tous nos sens ; mais c'est par le cœur, et par le cœur seul, qu'elle aime. De là l'excellence suréminente du cœur ; de là aussi le langage universellement usité parmi les hommes, employé même par l'Esprit-Saint dans les divines Écritures, où le cœur est présenté comme le résumé de la personne. Avoir bon cœur, c'est être bon ; avoir mauvais cœur, c'est être mauvais.Avoir du cœur, c'est être généreux, dévoué ; n'avoir pas de cœur, c'est être égoïste, c'est être mauvais. Le cœur, c'est l'homme tout entier, contemplé dans ce qu'il y a en lui de plus excellent.

Or, je le répète, il en est de même en cet Homme unique, divin, qui est Dieu, qui est Jésus-Christ. Le Cœur de Jésus-Christ est, si l'on peut s'exprimer de la sorte, ce qu'il y a de plus adorable en son adorable humanité, ce qu'il y a de plus divin, de plus ineffable en son très divin et très ineffable corps. Son Cœur est l'organe vivant de son amour ; et son amour, c'est l'amour infini de Dieu incarné !

Ô sainte humanité de mon Sauveur ! Ô saint et très saint Cœur de mon adorable Jésus ! Je vous aime de toutes les puissances de mon âme, et je me prosterne devant vous la face contre terre !

X. Que le Cœur de Jésus est le vivant foyer de l'amour universel.

En 1670, le vénérable évêque d'Évreux, approuvant pour son diocèse le culte du Sacré-Cœur et l'Office composé à cet effet par le bon P. Eudes, s'exprimait ainsi :

Le Cœur adorable de Notre-Seigneur étant une fournaise d'amour envers son Père et de charité envers nous, et la source d'une infinité de grâces et de faveurs au regard de tout le genre humain, tous les hommes, spécialement tous les chrétiens, ont des obligations infinies de l'honorer, louer et glorifier en toutes les manières possibles.

La même année, un autre évêque français, celui de Coutances, disait de son côté :

Le Cœur adorable de notre Rédempteur étant le premier objet de la dilection et [de la] complaisance du Père des miséricordes, et étant réciproquement tout ombragé du saint amour envers ce Dieu de consolation comme aussi étant tout enflammé de charité envers nous, tout brûlant du zèle de notre salut, tout plein de miséricorde envers les pécheurs, tout rempli de compassion envers les misérables, et le principe de toutes les gloires et félicités du Ciel, de toutes les grâces et bénédictions de la terre, et une source inépuisable de toutes sortes de faveurs pour ceux qui l'honorent : tous les chrétiens doivent s'efforcer de lui rendre toutes les vénérations et adorations possibles.

Rien n'est plus certain que cette doctrine. Voyez en effet :

Le Saint-Esprit est l'Amour même ; il est l'Amour éternel, substantiel et vivant. Or, Il repose en plénitude en la sainte âme de Jésus : c'est comme la lumière qui est condensée tout entière dans le soleil, et qui de là s'épanche sur le monde. Mais l'âme du Fils de Dieu n'aimant qu'au moyen du Cœur auquel elle est unie, il en résulte que le Cœur sacré de Jésus est le foyer visible de l'amour divin au milieu du monde. « Il est — comme dit admirablement saint Bernardin de Sienne — la très ardente fournaise de la charité (1). » Et le feu de cette fournaise, c'est le Saint-Esprit, c'est l'éternel Amour. L'Esprit d'amour repose et vit dans le Cœur de Jésus-Christ, comme une colombe dans son nid. Il brûle en ce Cœur divin, comme le feu dans le charbon qu'il embrase, et c'est de là, c'est de ce Cœur ineffable qu'il se répand dans le cœur de tout ce qui est capable d'aimer. Le Cœur de Jésus est d'abord le foyer de l'amour de Dieu.

Notre Seigneur aime son Père d'un amour absolument divin, puisqu'il est Dieu lui-même, aussi bien que son Père, et puisqu'Il aime Dieu avec l'âme et le cœur d'un Dieu. Tout cet océan d'amour, sans fond, sans limites, passe par le Cœur du Fils de Marie, et de là va se perdre éternellement dans le sein du Père. Comme un torrent irrésistible, il remplit d'abord, puis il entraîne après lui toutes les créatures, Anges et hommes, qui veulent aimer le bon Dieu. Tout l'amour de Dieu qui fait palpiter le cœur de la Sainte-Vierge, le cœur des Séraphins, des Chérubins, des Archanges et des Anges ; tout l'amour qui a sanctifié les patriarches, les prophètes, les Saints, les fidèles de l'Ancien-Testament ; tout l'amour des apôtres, des martyrs et des fidèles de la Loi de grâce ; tout cet amour émane du Sacré-Cœur de Jésus, comme d'une source intarissable, infinie. Dans le monde des âmes, le Cœur de Jésus-Christ est le soleil de l'amour de Dieu.

Ô mon Sauveur ! Je me donne à vous pour m'unir à l'amour éternel, immense et infini que vous portez à votre Père. Ô Père adorable ! Par l'Incarnation, par la grâce et par l'Eucharistie, vous m'avez donné votre Fils bien aimé ; Il est à moi, Son Sacré-Cœur est à moi. Je vous offre donc tout l'amour éternel, immense et infini de votre Fils Jésus, comme un amour qui est à moi. Et ainsi, de même que Jésus nous dit : « Je vous aime comme mon Père m'aime (2) », de même je puis vous dire, moi aussi, ô mon divin Père : « Je vous aime comme votre Fils vous aime. »

Oh! quelle grâce d'être membre de Jésus-Christ, et de pouvoir ainsi aimer par son Cœur, aimer avec son Cœur !

Le divin Cœur de Jésus est également la source de l'amour de la Sainte-Vierge. Après son Père céleste, Notre-Seigneur n'aime rien tant que sa sainte Mère; ou plutôt en vrai fils, Il l'aime du même amour dont Il aime son Père, ne les séparant jamais dans sa divine tendresse. Ici encore, c'est par son Cœur, c'est au moyen de son Cœur que le Verbe incarné aime la très Sainte Vierge ; et Il communique ce filial amour à tous les cœurs qui se laissent faire par lui. L'amour que nous portons à la Vierge Marie, l'amour dont nous l'aimerons au Ciel pendant toute l'éternité, découle donc, comme de sa source, du Cœur de Jésus-Christ. Et il en est ainsi de tout amour pur et légitime, au Ciel et sur la terre : il vient de la Source unique, de la Source vivante de l'amour ; il vient, il découle du très aimant et très adorable Cœur de Jésus-Christ.

Bien souvent — hélas ! — nous abusons de ce trésor, et l'amour que nous donne notre Dieu, nous le détournons de son véritable objet ; mais, en lui-même, cet amour n'en reste pas moins un don très pur; et le profaner est un vrai sacrilège. Ainsi, le Cœur qui palpitait jadis sur la terre, qui palpite éternellement au Ciel dans la poitrine sacrée de Jésus, c'est le foyer adorable et adoré de l'amour de Dieu et de l'amour des créatures. Oh ! combien nous devons l'aimer ! Combien nous devons nous jeter et nous perdre amoureusement dans cet abîme d'amour !

Mais, ô Sauveur! je suis pauvre et misérable, et je ne puis, comme il faudrait, jeter mon cœur dans Votre Cœur. Faites un peu pour moi, miséricordieux Jésus, ce que Vous avez fait pour Votre bienheureuse servante de la Visitation : daignez prendre mon faible cœur, et le plonger, comme celui de Sœur Marguerite-Marie, dans le Vôtre tout brûlant d'amour. Embrasez-le, fondez la glace de son égoïsme naturel; et ne me le rendez que transformé en une flamme d'amour, qui désormais me fera tout aimer, comme vous et en vous.

XI. Comme quoi la très sainte Trinité est vivante et régnante dans le Cœur de Jésus.

Voici une preuve vraiment divine de l'excellence ineffable du Sacré-Cœur : Il est le vivant sanctuaire de la très Sainte Trinité, qui vit et règne en lui, en toute plénitude.

Le Père éternel est dans ce Cœur admirable comme dans le Cœur de son Fils bien-aimé, en Qui Il met toutes ses complaisances. Le Père engendre éternellement son Fils ; Il Lui communique éternellement Sa vie éternelle : or, Il vit et règne en Lui dans le temps, en Sa sainte humanité, de cette même vie toute divine qu'Il Lui donne dans l'éternité. Le Cœur de Jésus est en effet, par suite de l'union hypostatique, le Cœur même du Fils éternel du Père. Quelle grandeur infinie ! Combien le Père céleste doit aimer le divin Cœur de Jésus !

Ô bon Jésus, gravez Vous-même l'image de Votre très doux et très humble Cœur dans nos pauvres cœurs. Faites qu'eux aussi ne vivent que d'amour pour votre Père céleste, qui, par Vous, et en Vous est devenu notre vrai Père.

Le Verbe éternel vit et règne dans ce Cœur royal, qu'il s'est uni de l'union la plus intime qui puisse se concevoir, c'est-à-dire de l'union hypostatique. En vertu de cette union, ce Cœur, ce Cœur de chair, ce Cœur créé, est le vrai Cœur du Verbe éternel ; et Il est adorable de la même adoration qui est due au Verbe, qui est due à Dieu. Quel règne que celui du Fils de Dieu en son Sacré-Cœur !

Dans l'homme, le cœur est le principe de la vie, le siège de l'amour, de la haine, de la joie, de la tristesse, de la colère, de la crainte, et de toutes les autres passions de l'âme. Dans le Cœur de Jésus-Christ, ces passions n'avaient point, il est vrai, le caractère désordonné qu'elles ont en nous, puisqu'elles étaient toutes absolument et toujours soumises à sa volonté très sainte ; mais elles y existaient en plénitude, et elles étaient merveilleusement assujetties à la divine volonté du Verbe éternel. Quel beau règne !

Ô Jésus ! N'êtes-vous pas de plein droit le Roi de mon cœur ? Vivez-y, et régnez ainsi sur mes passions. Hélas ! Elles ne sont pas en moi, comme en vous, soumises à votre volonté sainte. Unissez-les aux vôtres, très parfaites, et ne permettez pas qu'elles s'exercent jamais en dehors de votre conduite et pour un autre but que votre seule gloire.

La troisième personne de l'auguste Trinité, le Saint-Esprit, inséparable du Fils et du Père, vit également et règne dans le Cœur de Jésus d'une manière ineffable. Cet Esprit d'amour y concentre les trésors infinis de la science et de la sagesse de Dieu ; Il Le remplit de tous Ses dons en un souverain degré, selon ces divines paroles de l'Écriture : « Et l'Esprit du Seigneur reposera en Lui : l'Esprit de sagesse et d'intelligence, l'Esprit de conseil et de force, l'Esprit de science et de piété, et Il Le remplira de l'Esprit de la crainte du Seigneur (3). » Le Saint-Esprit féconde le Cœur de Jésus, et lui fait produire, comme à une terre divine, les fruits si délicieux, si suaves, que nous énumère l'Apôtre saint Paul : « Les fruits de l'Esprit-Saint sont la charité, la joie, la paix, la patience, la bénignité, la bonté, la longanimité, la douceur, la fidélité, la modestie, la continence, la chasteté (4). »

Inséparables les unes des autres et ne faisant qu'un seul Dieu, les trois Personnes divines vivent donc et règnent ensemble dans le Cœur du Sauveur, comme dans le Trône le plus sublime de Leur Amour, dans le premier Ciel de Leur Gloire, dans le Paradis de Leurs plus chères Délices. Elles y répandent, pour ainsi dire, à l'envi, avec une surabondance, avec une profusion inénarrables, d'incompréhensibles lumières, des océans immenses de grâces, et des torrents de feux et de flammes infiniment ardents, et toutes les effusions de leur éternel amour.

Ô très Sainte Trinité, mon Dieu ! Louanges infinies Vous soient rendues à jamais pour tous les miracles d'amour que Vous opérez dans le Cœur de mon bien-aimé Jésus. Je Vous offre le mien, avec celui de tous mes frères, vous suppliant très humblement d'en prendre entièrement possession, d'y détruire tout ce qui vous déplaît, et d'y établir souverainement le règne de votre divin amour. Ô très Sainte Trinité ! Vie éternelle des cœurs, régnez dans mon cœur à jamais.

XII. Que le cœur de Jésus est le Temple, l'Autel et l'Encensoir du divin Amour.

C'est l'Amour incréé et éternel, c'est-à-dire le Saint-Esprit qui s'est élevé ce Temple magnifique, et qui l'a formé du sang virginal de la Mère d'amour. Ce Temple vivant a été consacré et sanctifié par « le Pontife saint, innocent, exempt de souillure, plus élevé que le Ciel ; par le grand Pontife qui a pénétré les cieux, par Jésus-Christ ; le Fils de Dieu (5). » Il a été consacré par l'onction de la Divinité. Il est dédié à l'Amour éternel. Il est infiniment plus saint, plus digne et plus vénérable que tous les temples, matériels et spirituels, qui ont été et qui seront jamais au Ciel et sur la terre.

C'est dans ce Cœur, dans ce Temple auguste, que Dieu reçoit des adorations, des louAnges et des gloires dignes de sa grandeur infinie. C'est dans ce Temple que le souverain Prédicateur, qui est le Verbe, c'est-à-dire la Parole de Dieu en personne, nous prêche continuellement. C'est dans ce Temple céleste et plus saint que les cieux, que le Prêtre éternel offre à la Majesté divine, au nom de la création tout entière, le sacrifice d'adoration éternelle, d'actions de grâces éternelles, d'amour éternel. C'est le sanctuaire, le centre de la sainteté, qui ne connaît point la profanation. Il est orné de toutes les vertus évangéliques et de toutes les perfections de la divine essence, comme d'autant de riches sculptures et de peintures vivantes.

Ô sainte humanité de Jésus ! Ô Cœur déifié, centre glorieux de cette humanité trois fois sainte ! Soyez béni, mon Dieu, de Vous être élevé à Vous-même ce merveilleux Temple, et d'avoir daigné m'en ouvrir l'accès ! J'ose m'unir à Votre Jésus et à mon Jésus, pour Vous rendre dans le Temple de son Cœur, les adorations, les actions de grâces et tous les autres hommage qui sont dus à votre souveraine Majesté.

Mais le Cœur de Jésus n'est pas seulement le Temple ; Il est encore l'Autel du divin Amour. C'est sur cet Autel d'or pur que le Feu sacré de ce même Amour est allumé jour et nuit. C'est sur ce même Autel que le souverain Prêtre Jésus offre continuellement toutes sortes de sacrifices à la très Sainte Trinité.

Il S'offre d'abord et Se sacrifie Lui-même comme une Victime d'amour, comme la plus sainte et la plus précieuse Victime qui fut jamais et qui puisse être. Il sacrifie entièrement et Son âme, et Son corps, et Son sang, et Sa vie, avec toutes Ses pensées, toutes Ses paroles, toutes Ses actions, et tout ce qu'Il a souffert sur la terre. Et ce sacrifice, Il l'offre perpétuellement sur le vivant autel de son Cœur; Il l'offre avec un Amour immense, infini.

En second lieu, il offre en sacrifice d'adoration et de louAnges tout ce que Son Père Lui a donné, c'est-à-dire le Ciel et la terre, les Anges, les hommes, toutes les créatures animées et inanimées ; Il les offre à la Majesté divine comme autant de victimes destinées à rendre gloire à Dieu. Il offre même et sacrifie à la sainteté de Dieu les créatures rebelles qui, par le péché, échappent à l'amour : les mauvais chrétiens, les impies, les hérétiques, les réprouvés, les démons eux-mêmes. Il sacrifie par le glaive de la divine justice tous ceux qui se soustraient à la douce et libre immolation de l'amour. Nul ne lui échappe : les damnés pas plus que les élus, les démons pas plus que les Anges, l'enfer pas plus que la terre et le Ciel.

C'est ainsi que Jésus-Christ, le Prêtre éternel selon l'ordre de Melchisédech, s'offre Lui-même et offre toutes choses avec un Bonheur absolument divin (6) à la Gloire de son Père, sur l'Autel du Sacré-Cœur, le plus aimable à la foi et le plus redoutable des autels.

Ô Jésus ! Jésus, mon amour ! Jésus, ma miséricorde et mon bon Maître ! Mettez-moi, tout indigne que j'en suis, au nombre des victimes de votre Amour. Consumez-moi entièrement, comme un holocauste de cet Amour, dans les feux divins qui brûlent incessamment sur l'Autel sacré de votre Cœur.

Enfin, le Sacré-Cœur de Jésus est aussi l'Encensoir du divin amour. C'est cet Encensoir d'or dont il est parlé au huitième chapitre de l'Apocalypse, et que saint Augustin explique de l'adorable Cœur de Jésus. « Un Ange vint se placer devant l'Autel, tenant en sa main un Encensoir d'or; et il le remplit d'encens, afin d'offrir les prières de tous les Saints sur l'Autel d'or, qui est devant le Trône de Dieu (7). » Toutes ces paroles sont pleines de Jésus : cet Ange qui offre à la Majesté de Dieu l'encens des prières des Saints dans son encensoir, c'est Jésus, l'Ange de la nouvelle et éternelle Alliance, qui offre à son Père les prières de tous ses fidèles, en les unissant à sa divine prière. L'Encensoir d'or pur, c'est encore Jésus, c'est le Cœur de Jésus : les charbons ardents de l'Amour remplissent ce Cœur sacré, et allumant l'encens de la prière des Saints, lui donnent de monter, comme une vapeur embaumée, jusqu'au Trône du Seigneur. Cet Autel d'or, nous venons de le dire, c'est Jésus, toujours Jésus. Enfin, le Trône de Dieu, c'est encore Notre Seigneur, dont l'Humanité sainte est le vrai Trône où réside la Majesté de Dieu. Dans l'Encensoir du Cœur très saint de Jésus-Christ sont déposés, pour être offertes à Dieu, pour être sanctifiées et déifiées, toutes les adorations, toutes les louAnges, toutes les prières, toutes les oraisons, toutes les affections et aspirations de tous les Saints, de tous les Anges. Ayons soin de répondre fidèlement à ce dessein de la Providence, en mettant dans notre céleste Encensoir toutes nos prières, tous nos désirs, toutes nos dévotions et toutes les pieuses affections de nos cœurs. Mettons-y nos cœurs même, avec tout ce que nous faisons et tout ce que nous sommes, suppliant le Roi des cœurs de purifier et de sanctifier toutes ces choses, pour les offrir ensuite à son Père comme un encens très pur, en odeur de suavité (8).

Oui, le Cœur sacré de notre Jésus est le Temple, l'Autel, l'Encensoir en même temps que le Prêtre et la Victime du divin amour. Et Il est tout cela pour nous ! Et c'est pour nous, pauvres et misérables, c'est pour nous qu'il exerce ces divines fonctions !

Ô Amour ! Ô excès d'Amour ! Ô mon Sauveur ! Que vos bontés sont admirables envers moi. Oh ! Quelle vénération et quelles louAnges ne suis-je pas obligé de rendre à votre Sacré-Cœur ! Ô très doux Cœur de mon Jésus ! Que je sois tout cœur et tout amour pour vous, et que tous les cœurs du Ciel et de la terre soient immolés à votre louange et à votre gloire.

XIII. Comment le Cœur de Jésus est le principe de la vie de l' Homme-Dieu, de la vie de la Mère de Dieu, et de la vie des enfants de Dieu.

Voici encore une raison d'admirer et d'adorer très profondément le Cœur de Notre Seigneur Jésus-Christ : c'est qu'Il est le principe de Sa Vie, et par suite le principe de la vie de sa Mère et de tous ses fidèles.

Jésus est la Vie. Il l'a dit lui-même : « Je suis la Vie (9). » Son Cœur, qui est la partie la plus excellente de Lui-même, est donc ce qu'il y a de plus excellent, de plus vivant en Celui qui est la Vie. Ce Cœur divin peut être contemplé par rapport au corps de Jésus et par rapport à son âme. Pour l'un comme pour l'autre, il est le principe de la vie.

Il est le principe de la vie du corps de Notre Seigneur, parce que c'est de Lui, comme d'une Source vivifiante, que se répand dans tous les membres, dans toutes les parties du corps du Sauveur, le sang divin qui est la vie de cet adorable corps. L'Esprit-Saint l'a dit en effet : « La vie est dans le sang (10). » La chaleur de la vie réside tout entière dans le sang, et le sang vient du cœur.

Le Cœur spirituel de Jésus, c'est-à-dire son âme très sainte unie à son cœur de chair, et contemplée dans ce qu'elle a de plus sublime, l'intelligence et l'amour, est également le siège et le principe de la vie de l'âme de Jésus. C'est en effet en ce Cœur spirituel, en cette partie supérieure et intime de l'âme de Jésus-Christ que s'opère l'union hypostatique, laquelle unit tellement la divinité et l'humanité du Fils de Dieu, que l'une et l'autre, désormais inséparables, forment ensemble l'unique et indivisible Personne de notre Sauveur. De ce Cœur déifié se répandent en l'âme de Jésus tous les torrents de la lumière divine et du divin amour.

Le Sacré-Cœur est donc en Jésus le principe de Sa vie : toutes les pensées et affections que le Fils de Dieu a eues en ce monde pour notre salut, toutes les paroles qu'Il a dites, toutes les actions qu'Il a faites, toutes les souffrances qu'Il a daigné endurer, la sainteté et l'amour incompréhensibles avec lesquels Il a fait et souffert toutes choses, en un mot tout en Lui procédait, découlait de Son divin Cœur, comme les ruisseaux de leur source. C'est donc au Sacré-Cœur que nous en sommes redevables ; c'est de Lui, c'est du Cœur de Jésus que découle notre salut.

Que ferons-nous pour vous en rendre grâces, ô bon Jésus ? Nous Vous offrirons ce Cœur adorable que vous avez daigné faire nôtre. Oui, je Vous l'offre avec confiance, en union de l'amour infini qui lui a inspiré tant de choses admirables pour ma rédemption.

Le Cœur de Jésus est ensuite le principe de la vie de la Mère de Dieu ; car, de même que le Cœur virginal de cette admirable Mère était le principe de la vie corporelle et naturelle de son Enfant pendant qu'elle le portait dans son chaste sein, de même le Cœur de cet Enfant adorable était à son tour le principe de la vie spirituelle et surnaturelle de sa très sainte Mère. Le Cœur déifié du Fils de Marie était donc le principe de toutes les pieuses pensées et affections de sa Bienheureuse Mère, de toutes les saintes paroles qu'elle disait, de toutes les bonnes actions qu'elle faisait, de toutes les vertus qu'elle pratiquait, et de la sainteté merveilleuse avec laquelle elle a souffert tant de peines et tant de douleurs, en coopérant avec son Fils à l'œuvre de notre salut.

Louanges éternelles — ô mon Jésus — en soient rendues à votre divin Cœur. Ô mon Rédempteur ! En actions de grâces de ce que la Sainte Vierge, votre Mère et notre Mère, a daigné faire pour nous, je vous offre ce que vous aimez le plus au monde, après votre Père : le Cœur immaculé de votre Mère, tout embrasé d'amour pour vous.

En troisième lieu, le Cœur de Jésus est le principe de le vie spirituelle et surnaturelle de tous les enfants de Dieu. Cette vie surnaturelle est comme une expansion, un épanouissement de la vie toute divine que Jésus communique à sa Mère. Puisque le Cœur de Jésus est le principe de la vie du Chef, il est aussi le principe de la vie des membres. Et puisqu'il est le principe de la vie de la Mère, il est par là même le principe de la vie des enfants. Semblable à cette fontaine mystérieuse qui jaillissait au milieu du paradis terrestre pour, de là, se répandre sur toute la terre et la féconder, le Cœur de Jésus est ainsi, au milieu de l'Église, comme la source universelle de la sainteté. C'est de cette source que s'élancent les eaux vivantes de l'Esprit-Saint, les eaux qui rejaillissent en nous jusqu'à la vie éternelle. Le Cœur de Jésus est le principe et l'origine de toutes les bonnes pensées qui ont jamais été et qui seront, jusqu'à la fin des siècles et jusque dans l'éternité, dans les esprits de tous les chrétiens, le principe et l'origine de toutes les saintes paroles qui sont sorties et qui sortiront de leur bouche, de toutes les actions de piété qui sont parties et qui partiront de leurs mains, de toutes les vertus qu'ils ont pratiquées et qu'ils pratiqueront, enfin de tous les mérites qu'ils ont acquis et qu'ils pourront acquérir en travaillant, en souffrant, en mourant pour Jésus-Christ.

Ô mon Sauveur ! Que toutes ces choses soient converties en louAnges éternelles à votre très saint Cœur ! Ô Jésus ! Puisque vous m'avez donné ce même Cœur pour être le principe de ma vie, faites, s'il vous plaît, qu'il soit l'unique principe de tous mes sentiments et de toutes mes affections ; que par sa charité très ardente, il vivifie, il meuve, comme par un sang mystique, toutes les puissances de mon âme, de sorte que ce ne soit plus moi, mais Lui et Lui seul, qui vive en moi. Faites enfin qu'il soit l'âme de mon âme, l'esprit de mon esprit, et le cœur de mon cœur. Ô Cœur de Jésus-Christ, principe de tout bien, gloire à vous, au Ciel et sur la terre, dans le temps et dans l'éternité !

XIV. Que le Cœur adorable de Jésus est une fournaise d'amour à l'égard de la très sainte Vierge Marie.

Nous l'avons indiqué déjà, mais il faut y revenir et y insister : après son Père céleste, Jésus n'a rien tant aimé, n'aime rien autant que sa très bonne, très sainte et très douce Mère. Les grâces ineffables dont le Fils de Dieu a comblé sa Bienheureuse Mère font voir manifestement qu'Il a pour elle un amour sans mesure et sans bornes. Il l'aime, elle seule, incomparablement plus que tous ses Anges et tous ses Saints, plus que toutes ses créatures ensemble.

D'abord, cette Bienheureuse Vierge est « l'unique (11) » que le Fils de Dieu a choisie de toute éternité pour l'élever au-dessus de toute la création, pour l'établir sur le Trône le plus sublime de la Gloire et de la Grandeur, et pour lui conférer la plus prodigieuse de toutes les dignités, la dignité de Mère de Dieu.

Si de l'éternité nous descendons dans « la plénitude des temps », nous voyons que cette très sacrée Vierge est l'unique entre les enfants d'Adam que, par un privilège tout spécial, Dieu a préservée du péché originel. Il l'a faite ainsi toute belle, toute pure et toute immaculée, lui donnant d'écraser la tête de Satan. Et non-seulement l'amour du Fils de Dieu l'a préservée du péché originel, mais en outre, dès le premier moment de sa conception immaculée, Il l'a remplie d'une grâce si éminente, qu'elle surpassait la grâce du premier des Séraphins, la grâce d'Adam innocent, la grâce du plus grand de tous les Saints. Et par suite de ce privilège unique la très Sainte Vierge fait, au moment même où, elle commence à vivre, un acte d'adoration et d'amour, plus parfait que celui du plus embrasé des Séraphins. Dans son amour filial, Notre Seigneur lui a encore donné, et donné à elle seule, d'aimer, d'adorer son Dieu parfaitement, continuellement et sans aucune interruption, durant tout le cours de sa vie. Aussi peut-on dire que depuis le premier moment de sa vie jusqu'au dernier elle n'a fait qu'un acte d'amour. À elle seule, il a été donné d'accomplir en plénitude le premier des divins commandements : « Tu adoreras et tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toutes tes forces, et de toute ton âme (12). »

À elle seule, il a été donné d'engendrer de sa propre substance Celui qui de toute éternité est engendré de la substance du Père. Elle a donné une partie de sa substance virginale et de son très pur sang pour former l'humanité sainte du Fils de Dieu ; bien plus, elle a coopéré, et coopéré librement, avec le Père, le Fils et le Saint-Esprit, à l'union de sa substance avec la personne adorable du Fils de Dieu ; et ainsi elle a coopéré à l'accomplissement du mystère de l'Incarnation, c'est-à-dire au plus grand miracle que Dieu ait jamais fait, qu’Il fera jamais, et même , qu'Il puisse jamais faire. Quel privilège ! Quelle gloire pour cette très Sainte Vierge ! Ce n'est pas tout. Le très pur sang et la chair virginale que la Vierge Marie a donnés à Jésus dans cet ineffable mystère d'amour demeureront unis pour l'éternité, par l'union hypostatique, à la personne du Verbe incarné, à raison de quoi, dans l'humanité du Fils de Dieu, ce sang virginal et cette précieuse chair de Marie sont adorables, adorables de l'adoration même qui est due à cette humanité ; et ils sont effectivement, ils seront à tout jamais l'objet des adorations de tous les Anges et de tous les Saints. Ici-bas, en attendant le Ciel, nous les adorons sous les voiles de l'Eucharistie. Ô amour de Jésus envers Marie ! Elle seule, cette Mère admirable, a fourni la substance dont a été formé le Sacré-Cœur et l'Enfant-Jésus ; et c'est de sa substance que, pendant neuf mois, ce Cœur divin a pris sa nourriture et son accroissement. C'est de Marie que nous tenons le Sacré-Cœur. Elle seule est Mère et Vierge tout ensemble ; elle seule a porté dans ses chastes entrailles durant neuf mois Celui que le Père éternel porte dans son sein durant toute l'éternité ; elle seule, la douce Vierge Marie, a allaité et fait vivre Celui qui est la Vie éternelle et qui donne la vie à tout ce qui est vivant. Le lait est comme la fleur et l'essence du sang de la mère : Marie a donné son lait à l'Enfant-Dieu, et l'a fait reposer pendant deux ou trois ans sur sa poitrine, comme sur un délicieux lit de repos.

Elle seule, vraie Mère de Celui qui est le vrai Dieu, s'est vue obéie du souverain monarque de l'univers ; ce qui l'honore infiniment plus que ne le pourraient faire tous les hommages de tous les êtres créés et que Dieu pourrait créer. Elle seule, et saint Joseph à ses côtés, a demeuré continuellement avec cet adorable Sauveur, durant les trente-trois années qu'il a passées sur la terre. Chose étonnante ! Le Fils de Dieu y est descendu pour sauver tous les hommes, et cependant, pour les prêcher et instruire, Il ne leur a donné que trois ans et trois mois de sa vie, tandis qu'Il a consacré plus de trente ans à sa sainte Mère pour la sanctifier toujours de plus en plus. Oh ! Quels torrents de grâces et de bénédictions Il versait incessamment, durant tout ce temps-là, dans l'âme de sa Mère bien aimée, qui était si bien disposée à les recevoir ! Oh ! de quels feux et de quelles flammes célestes le divin Cœur de Jésus, fournaise d'amour très ardente, embrasait toujours de plus en plus le Cœur immaculé de sa très douce Mère, spécialement lorsque ces deux Cœurs étaient si proches l'un de l'autre et si étroitement unis, d'abord pendant qu'elle Le portait en ses chastes entrailles, et ensuite lorsqu'elle Le nourrissait de son lait et qu'elle Le portait entre ses bras et sur sa sainte poitrine, et durant tout le temps qu'elle habitait avec Lui à Nazareth, qu'elle vivait familièrement avec Lui comme une mère avec son enfant, qu'elle buvait et mangeait avec Lui, qu'elle priait avec Lui et qu'elle entendait les paroles qui sortaient de Sa bouche adorée, semblables à autant de charbons ardents qui enflammaient toujours de plus en plus son très saint Cœur du feu sacré de l'amour.

Pour faire comprendre davantage, s'il en était besoin, l'immensité de l'Amour de Jésus pour sa Mère, disons encore que seule, elle a été transportée en corps et en âme dans le Ciel, et qu'elle y est élevée, par-dessus tous les Chœurs des Anges et des Saints, à la droite de son Fils ; qu'elle est seule couronnée Reine des Anges et des hommes, Souveraine du Ciel et de la terre ; qu'elle seule a tout pouvoir sur l'Église triomphante, militante et souffrante (13) ; qu'elle seule enfin a plus de crédit auprès de son Jésus que tous les habitants du Ciel ensemble (14), parce qu'au Ciel elle conserve, avec sa qualité de Mère de Dieu, l'autorité que ce titre auguste lui conférait sur le Cœur de Jésus-Christ. Au Ciel, elle est, comme dit admirablement saint Bernard, « la toute-puissance suppliante ( omnipotentia supplex) ». 

Que de prodiges de grâces le Cœur de notre Sauveur a ainsi accumulés en sa sainte Mère ! Qui l'y a obligé, sinon l'amour très ardent dont Son Cœur filial est embrasé à son égard ? Et Il l'aime tant, parce qu'elle est sa Mère. Il l'aime plus, elle seule, que toutes les créatures ensemble, parce qu'elle a plus d'amour pour Lui que tous les Anges, que tous les élus du Ciel et de la terre. Il l'aime si ardemment, parce qu'elle a coopéré avec Lui à sa grande œuvre, qui est l'œuvre de la rédemption et de la sanctification du monde.

Ô Cœur adorable du Fils unique de Marie ! Mon cœur est plein de joie de voir que vous avez tant d'amour pour votre très douce Mère ! Ô Jésus, Fils de Dieu et de Marie ! Enflammez mon cœur de l'amour que vous portez à votre Mère ! Vous nous avez dit : « Je vous ai donné l'exemple, afin que ce que j'ai fait, vous le fassiez, vous aussi (15). » Vous m'ordonnez par là d'aimer tant que je puis Celle que vous avez tant aimée. Ô Mère d'Amour ! Oui, je vous aime de tout mon cœur, avec votre Jésus, qui est aussi mon Jésus. Aimons-la tous, cette très sainte Mère ; aimons-la comme Jésus, aimons-la avec Jésus et en Jésus ! Et n'ayons plus désormais qu'un cœur avec Jésus et Marie : un cœur qui déteste ce qu'ils détestent, c'est-à-dire le péché : sous toutes ses formes ; un cœur qui aime ce qu'ils aiment, particulièrement l'innocence, l'humilité et l'abnégation. Ô Mère de bonté ! Obtenez-nous cette grâce du Cœur si aimant de votre Fils.

XV. Ce qu'a été le cœur de Jésus pour sa sainte Mère, durant sa Passion.

Jésus, étant le plus parfait, le meilleur fils qui ait jamais été, a ressenti avec une douleur très amère le contre-coup des terribles douleurs que sa Mère bien aimée a eues à souffrir pendant toute sa vie, mais principalement aux jours de sa Passion. Les douleurs de Jésus étaient celles de Marie, et les douleurs de Marie étaient celles de Jésus.

Le jour de cette douloureuse Passion étant arrivé, Notre-Seigneur, obéissant jusqu'à la mort à sa sainte Mère aussi bien qu'à son Père céleste, demanda à la très Sainte Vierge, disent les Saints, d'acquiescer à son sanglant sacrifice, ce qu'elle fit avec un amour et une douleur impossibles à concevoir. Jésus lui fit connaître ce qu'il avait à souffrir, et lui demanda de l'accompagner d'esprit et de corps dans ses souffrances.

Marie offrit donc son Cœur et Jésus livra son Corps ; et ainsi la Mère eut à souffrir en son Cœur tous les tourments de son Fils, et le Fils eut à souffrir tout ensemble des tortures inconcevables en son Corps, et dans son Sacré-Cœur celles du Cœur de sa Mère.

Le Sauveur, ayant pris congé de sa Mère bien-aimée, alla se plonger alors dans l'océan immense de ses douleurs, emportant, comme une flèche aiguë qui lui perçait le Cœur, la pensée et les désolations de Celle qu'il aimait par-dessus tout. De son côté, la Sainte Vierge, entrant dans une oraison profonde, commença à l'accompagner intérieurement, et à partager avec lui les angoisses de son agonie. Elle disait avec lui : « Seigneur, non point ma volonté, mais la vôtre ! (16) »

Pendant la nuit terrible de la Passion, la Sainte Vierge suivit en esprit son cher, son adorable Jésus, trahi, abandonné, frappé, couvert d'insultes et d'outrages, souffleté, conspué. Quelle nuit ! Le Cœur de Jésus ne quitta pas un seul instant le Cœur déchiré de sa Mère, et lui envoyait incessamment des grâces extraordinaires afin qu'elle pût tout souffrir sans mourir. Entre autres grâces, il lui envoya le bon et bien-aimé saint Jean, qui ne la quitta plus, et qu'elle conduisit, seul entre tous les apôtres, jusqu'au pied de la Croix et jusqu'au sépulcre.

Sachant que le moment approchait où elle devait suivre, non seulement de Cœur mais de corps, la divine Victime jusqu'à l'autel sanglant du sacrifice, elle sortit à l'aube du jour, accompagnée de saint Jean, de sainte Marie Madeleine et des autres saintes femmes. Bientôt, mêlée à la foule du peuple, elle aperçut son Fils, son Seigneur, son Dieu, son unique Amour; elle Le vit pâle et défiguré, traîné, comme un vil malfaiteur, du palais de Caïphe au palais de Pilate ; renvoyé du palais de Pilate à celui d'Hérode, d'où il fut renvoyé de nouveau à Pilate, couvert du manteau des fous, et tenant à la main le sceptre dérisoire de roseau. Elle Le vit, son doux et innocent Agneau, flagellé, baigné de sang dans le prétoire ; puis, couronné d'épines et montré au peuple. Elle L'entendit condamner à mort. À ses oreilles, la foule meurtrière hurlait l'horrible blasphème : « Crucifiez-le ! Crucifiez-le ! Nous n'avons d'autre roi que César ! (17). »

Et pendant tout ce temps Jésus regardait sa Mère, quelquefois des yeux du corps, toujours des yeux du Cœur ! Que d'angoisse dans ce regard ! Imitant son Agneau, qui Se laissait immoler en silence, Marie, comme la Brebis de Dieu, pleurait, souffrait en silence. Le silence seul pouvait convenir à de pareilles douleurs.

Le cortège lugubre se mit en marche.. La Brebis pouvait suivre son Agneau à la trace même de son sang., Elle mêlait à ce Sang divin le sang de son Cœur, c'est-à-dire ses larmes. Elle vit son Bien-aimé, son Jésus tomber sous le poids de la Croix. Elle Le vit gravir la pente du Calvaire. Elle Le vit, cloué sur la terrible Croix, s'élever, comme un drapeau sanglant de salut et d'espérance, d'amour et de justice, de vie et de mort, et dominer la multitude.

L'amour l'obligea de s'approcher le plus possible de son adorable Fils ; et pendant ces longues heures elle souffrit avec Jésus des douleurs que jamais l'homme ne pourra comprendre, des douleurs divines, comme dit saint Bonaventure. Ce que Jésus suspendu à la Croix souffrait en son Âme et en son Corps, voilà ce que souffrait en son Cœur la Mère de douleurs. Et du haut de sa Croix, à travers les larmes et le sang , qui obscurcissaient ses yeux, le Rédempteur contemplait sa très sainte Mère, et donnait à ses souffrances un mérite infini. La très sacrée Brebis et le divin Agneau se regardaient sans rien dire ; ils se communiquaient leurs douleurs. Et à mesure que le sacrifice avançait vers son terme, à mesure que la sainte Victime entrait dans les angoisses de l'agonie, la souffrance inénarrable de Jésus et par conséquent de Marie, de Marie et par conséquent de Jésus, montaient, montaient toujours comme la marée des grandes eaux. Elle arriva à son comble lorsque, tout étant consommé, le Verbe éternel crucifié poussa Son dernier cri d'horrible angoisse et de triomphe, baissa la tête et rendit l'esprit. Jésus expira en regardant sa Mère. La première, elle avait reçu ce divin Regard, à Bethléem, au moment où le Fils de Dieu vint au monde : il était juste qu'elle en jouît la dernière, au moment où le mystère de la Rédemption se parachevait sur le Golgotha.

Oh ! Quels mystères de douleurs et d'amour dans ce dernier regard de Jésus expirant ! Il tombait sur la plus pure et la plus immaculée des créatures, sur la Vierge sans tache, sur l'Épouse sacrée du Père éternel, sur la Mère de Dieu, sur le chef-d'œuvre de l'Esprit-Saint. Il tombait sur la meilleure de toutes les mères, sur Celle que Jésus chérissait plus, elle seule, que toutes les créatures de la terre et des cieux ; sur la compagne très fidèle de toute sa vie, de tous ses travaux.

C'est le Cœur de Jésus crucifié qui, du haut de la Croix, nous a donné à tous, et à chacun, en la personne du fidèle saint Jean, la Très Sainte Vierge pour Mère. Oui, c'est du fond de ce Cœur plein d'amour que sont sorties ces deux paroles inscrites en lettres de feu dans le cœur de tous les vrais chrétiens : « Voici votre fils ! » et « Voici votre Mère ! ». Recevoir pour Mère l'immaculée Mère de Dieu : quel legs ! Quel présent ! Quelle donation divine ! On reconnaît bien là le Sacré-Cœur de Jésus : Lui, seul était capable d'un tel excès de tendresse ! Et c'est en leur donnant Marie, qu'Il se venge des pécheurs !

Bon Jésus ! Très innocent Agneau qui, en Votre Passion, avez tant souffert, et qui avez vu le Cœur virginal de votre Mère plongé dans un océan de douleurs, enseignez-moi, s'il Vous plaît, à Vous accompagner, comme elle, dans Vos afflictions. Apprenez-moi à haïr le péché. Apprenez-moi à être un bon fils pour Votre Mère. Ô mon pauvre cœur, si faible, si coupable, ne te fondras-tu point de douleur en te voyant la cause des douleurs indicibles de cette sainte Mère et de ce très doux Sauveur ? Ô Jésus crucifié ! L'amour de mon cœur ! Ô Marie ! Ma consolation et ma Mère ! Imprimez en mon âme un grand mépris pour les vanités et les plaisirs de ce monde, et faites en sorte que j'aie toujours devant les yeux vos douleurs sacrées, à qui je devrai mon salut et mon bonheur éternels.
XVI. Que le Cœur adorable de Jésus est une fournaise d'amour à l'égard de l'Église triomphante, de l'Église militante, et de l'Église souffrante.

Le Sacré-Cœur de Jésus est le foyer d'où partent toutes les lumières et toutes les ardeurs qui remplissent de pureté, de beauté, de béatitude et d'amour l'Église du Ciel, l'Église de la terre et l'Église du Purgatoire. Les flammes toutes puissantes de ce divin Cœur embrasent même l'enfer, avec les démons et les réprouvés ; mais , ce ne sont que les flammes vengeresses de l'Amour méprisé, « les ardeurs éternelles » de l'Amour éternel, qui enveloppent dans la sainteté redoutable de la justice tous ceux qui ont repoussé la suave sainteté de l’Amour.

Le Sacré-Cœur pénètre donc, illumine et béatifie l'Église du Ciel. Élevons-nous par la pensée jusqu'au bienheureux Paradis, où Jésus nous prépare notre place. Qu'est-ce que ce nombre infini d'Anges, de Saints, de patriarches, de prophètes, d'apôtres, de martyrs, de confesseurs, de vierges, de bienheureux de tout âge, de toute condition, de toute nation ? Qu'est-ce, sinon autant de flammes ardentes de l'immense fournaise du Cœur du Saint des Saints ? N'est-ce pas la bonté et l'amour, n'est-ce pas la grâce de ce divin Cœur Qui les a tous créés, Qui les a éclairés de la lumière de la foi, Qui les a faits chrétiens, Qui leur a donné la force de vaincre le démon, le monde et la chair, Qui les a ornés de toutes les vertus, Qui les a sanctifiés en ce monde, Qui les a glorifiés en l'autre, Qui a allumé dans leurs cœurs fidèles l'amour qu'ils portent à Dieu, Qui a rempli leurs bouches de ses divines louAnges, et Qui est la source de tout ce qu'il y a de grand, de saint et d'admirable en eux ?

Si donc nous célébrons, dans le cours de l'année, tant de belles fêtes en l'honneur de ces mêmes Saints, si nous leur rendons un culte si solennel et tout à la fois si légitime, que ne ferons-nous pas pour honorer, célébrer, glorifier le divin Cœur qui est le principe de la sainteté de tous les Saints, de la béatitude de tous les bienheureux ! Le Cœur de Jésus est le Cœur du Paradis et le Soleil de Gloire de ce beau Ciel vivant où, par sa miséricorde, nous espérons arriver un jour.

Si de l'Église du Ciel, nous revenons à l'Église de la terre, nous voyons là encore les merveilles du Cœur et de l'Amour de Jésus-Christ. Il est le Cœur et la Vie du monde de la Grâce, comme Il est le Cœur et la Vie du monde de la Gloire. N'est-ce point l'Amour de Jésus qui, en constituant Son Église militante, a sauvegardé la foi des chrétiens, au moyen de l'infaillible papauté et de la sainte hiérarchie des pasteurs ? N'est-ce pas Lui Qui a fondé le sacerdoce et Qui nous envoie nos prêtres, c'est-à-dire nos sauveurs, nos directeurs, nos gardiens, nos pères spirituels, nos vrais consolateurs ? Si nous avons la foi véritable, si nous sommes chrétiens, à qui le devons-nous, sinon à l'Amour, au Sacré-Cœur de Jésus-Christ ? C'est Lui, lui seul, Qui dans les sacrements de l'Église a épuisé pour ainsi dire toutes les merveilles, toutes les inventions de l'infinie miséricorde. Quel trésor d'amour que le baptême où Jésus, nous appliquant la plénitude des mérites de son sacrifice, nous purifie, nous sanctifie si gratuitement, qu'en recevant ce grand sacrement nous n'avons pas même su que nous le recevions ! Quel est l'homme qui eût été capable de trouver en son cœur une pensée pareille ? Quel trésor de miséricorde que cet ineffable sacrement de pénitence, où l'amour divin, sans rien sacrifier de son infinie sainteté, va bien plus loin encore que dans le baptême, répand le pardon avec une profusion éblouissante, et pardonne tout, pardonne toujours au vrai repentir ! Ô Cœur adorablement bon de mon Sauveur ! Ô miséricorde vraiment divine ! Quel trésor, quel trésor d'amour que cette Eucharistie, appelée pour cette raison « le sacrement d'Amour » ! Là le Ciel s'unit à la terre ; là, sous ce voile de neige, réside réellement et corporellement sur nos autels le Roi des Anges et des Saints, le bon Jésus, le Cœur de Jésus. Il est au milieu de nous, jour et nuit, sans souci de Sa propre gloire, ne cherchant que notre cœur et notre bonheur. Il n'y a point de mère qui puisse s'oublier autant pour son enfant. Et cependant, qu'est-ce que le cœur d'une mère, sinon le synonyme de la tendresse, de l'amour, du dévouement ? Le Cœur de Jésus est bien plus que cela pour sa chère Église. Et que dire des autres sacrements ? Que dire de l'Évangile ? De l'Écriture ? Des mille et une institutions de charité et de miséricorde qui sont la couronne de la sainte Église par toute la terre? Que dire des saintes indulgences et de tous les autres trésors de la Grâce ? Tout cela, oui tout cela n'est que le rayonnement de l'amour du Sacré-Cœur de Jésus. Ô Seigneur ! Quelle grâce inestimable que d'être né et de vivre dans le sein de votre Église ! C'est bien, en vérité, être né et vivre dans votre divin Cœur, dans le sein de votre Amour.

Enfin, l'Église souffrante du Purgatoire est également pleine des flammes sacrées du Cœur de Jésus. Il est vrai, c'est la sainteté de la Justice qui y domine ; mais l'Amour y a aussi sa grande part. Car s'il n'y avait point de Purgatoire, le Paradis demeurerait fermé à la plupart des hommes. N'est-ce pas en effet une vérité de foi que « rien de souillé ne saurait entrer dans le royaume des Cieux (18) » ? Et n'est-il pas également certain que, même parmi les fidèles les plus fidèles, il n'y en a presque pas qui mènent une vie assez pure, qui fassent une pénitence assez parfaite, pour pouvoir, au moment de la mort, entrer au Ciel immédiatement et de plain-pied ? Donc l'Église du Purgatoire doit tout entière et son existence et son salut, et ses inébranlables, ses éternelles espérances au Cœur miséricordieux de Jésus.

C'est en outre de ce très bon Cœur que partent toutes les consolations qui tempèrent les expiations des fidèles du Purgatoire. C'est lui, c'est Jésus qui leur envoie sa sainte Mère comme consolatrice, et qui excite incessamment dans les cœurs des fidèles de la terre ce zèle si charitable et si ardent pour soulager d'abord, puis pour délivrer ces pauvres âmes, au moyen de la Messe, de la communion, des indulgences, des aumônes et de toutes les bonnes œuvres catholiques. .

Tel est donc l'amour infini de Notre Seigneur envers son Église, soit au Ciel, soit sur la terre, soit au Purgatoire.Tel est son adorable Cœur, d'où partent et reviennent, pour s'y reposer éternellement, toutes les créatures qui ont le bonheur de connaître le vrai Dieu, de l'adorer, de l'aimer et de le servir.

XVII. Que le divin Cœur de Jésus est également une fournaise d'amour à l'égard de chacun de nous.

Ce que Notre-Seigneur est pour tous ses fidèles en général, ce qu'il a fait pour tous, Il l'est, Il le fait pour chacun d'eux en particulier. Chacun de nous est, pour ainsi parler, le monde abrégé de Jésus, l'abrégé de son Église, l'abrégé de sa création naturelle et surnaturelle.

Or je puis résumer en deux paroles ce que le Fils de Dieu fait ainsi pour moi, ce qu'Il fait pour chacun de nous individuellement : Il me retire d'un abîme de maux, et Il ouvre devant ma fidélité un monde de biens et de bonheurs. Le péché originel m'a fait naître dans un état surnaturel de dégradation et de mort, dont mon esprit ne peut même concevoir l'horreur : j'étais « enfant de colère (19) », selon la redoutable expression de l'Écriture ; j'étais l'ennemi de mon Dieu et l'objet de sa malédiction. J'étais excommunié de la très Sainte Trinité, anathématisé du Père et du Fils et du Saint-Esprit, séparé de la compagnie des Anges, banni de la maison de mon Père céleste, exclu du Paradis, destiné à l'enfer, condamné aux flammes dévorantes du feu éternel, asservi à l'horrible tyrannie de Satan ; et cela, pour jamais, sans espérance d'aucun secours. J'étais perdu sans remède. J'étais dans le péché, c'est-à-dire dans le mal des maux, dans la cause unique de tous les maux qui désolent la terre et l'enfer, le temps et l'éternité. Oh ! Quel gouffre que le péché !

Sans être infini en la créature qui le commet et qui n'est point capable de l'infini, il est cependant en lui-même un mal véritablement infini, parce qu'il viole la sainteté de Dieu, qui est infinie, parce qu'il offense une Majesté, une Bonté, une Puissance, une Sagesse infinies ; et voilà pourquoi il mérite en stricte justice une peine infinie, au moins quant à la durée. Pour l'expier dignement et pleinement, il faut une Victime d'une dignité infinie, c'est-à-dire divine. Quand même tous les Anges, tous les Séraphins et toutes les Vertus des Cieux viendraient à s'incarner et à souffrir et à mourir ; quand même tous les Saints, depuis le commencement jusqu'à la fin du monde, mettraient en commun leurs mérites si magnifiques, leurs prières, leurs pénitences, leurs larmes, leurs saintes œuvres ; quand même tous verseraient jusqu'à la dernière goutte de leur sang ; quand même — ô prodige ! — la très sainte et immaculée Vierge Marie offrirait à Dieu les ineffables mérites de sa vie et de sa mort, le gouffre du péché resterait toujours béant, le côté par où il est infini ne pouvant être comblé par les efforts d'aucune créature. L'abîme du péché n'est autre en effet que l'abîme de l'enfer.

Donc, si mon Sauveur très miséricordieux, très bon, mille fois béni, ne s'était point fait homme pour venir me sauver ; s'Il n'avait point pleuré et souffert pour moi misérable ; si Son Sacrifice divin n'avait point racheté ma mort, ma mort éternelle, aucune créature, au Ciel et sur la terre, n'aurait pu me retirer du gouffre du péché, me délivrer de la mort et de l'anathème, ni même me rafraîchir au moyen de cette goutte d'eau que le mauvais riche (qui n'est autre chose qu'un pécheur) demande en vain depuis si longtemps. Cependant, par un bonheur incompréhensible, je me vois tiré de cet abîme du malheur. À qui le dois-je ? À qui ? Ô Jésus ! Vous le savez : c'est à vous seul ! Oui, c'est votre Amour infini, c'est votre Sacré-Cœur, organe et foyer de cet Amour ; c'est la Bonté immense, l'infinie Miséricorde et l'Amour incomparable de votre Cœur qui m'ont sauvé! Les flammes sacrées de votre Cœur m'ont rendu la vie et ont éteint les flammes de mon affreux enfer. Et cela, vous l'avez fait gratuitement, et plus que gratuitement, puisque je n'étais pas seulement devant vous comme un néant de mérites, mais comme un réprouvé, tout souillé de mal, horrible et infect. Quelle grâce, mon Dieu ! Quel mystère d'amour !

Et ce que Jésus-Christ a fait pour moi en m'admettant au baptême, Il l'a renouvelé surabondamment mille et mille fois ; Il le renouvelle incessamment au sacrement de la pénitence, me pardonnant toujours ; oui, toujours, toujours ; me pardonnant tout ; ne se lassant jamais ! Il ne sait se venger que par le pardon. Voilà ce qu'a fait pour moi le Cœur de mon Jésus. « Que lui rendrai-je en actions de grâces ? Je prendrai le calice du salut (20) » et j'offrirai à mon céleste Bienfaiteur un remerciement digne de Lui.

Un jour sainte Thérèse, priant devant le Saint-Sacrement, se trouvait comme écrasée sous le poids des miséricordes divines, et elle ressentait une grande angoisse de ne pouvoir les reconnaître comme il fallait. Une voix sortit alors du Tabernacle, et lui dit : « Fais célébrer la Messe ; cela suffit. » Et moi aussi, je prendrai, pour vous l'offrir en actions de grâces infinies, le Sang de ce même sacrifice qui m'a racheté et qui m'a sauvé. Recevez-le, Seigneur Jésus, comme vous avez reçu, dans le sein de votre Père, le sacrifice d'Abel, et ne permettez pas que je perde jamais par mon infidélité le fruit de votre Passion et de votre mort ?

XVIII. Que cet amour du Rédempteur ressort merveilleusement de tous les biens dont son Cœur nous a comblés.

La miséricorde de Notre-Seigneur m'a arraché au péché et à l'enfer. Mais ce n'est là que le côté négatif de ce que Son Amour infini a daigné faire pour moi : le côté positif, le bien qu'Il m'a mérité, est mille fois plus précieux encore. S'Il m'a délivré de tout mal, c'était pour me donner tout bien. Oui, tout bien ; car, avec Son Ciel, avec Sa Béatitude et Son Éternité, Il Se donne Lui-même à moi ; et comme Il le disait à sainte Angèle de Foligno, Il est « le Tout-Bien ».

Quel bien, dites-moi, que la possession du Ciel, c'est-à-dire du Bonheur parfait et éternel, de la Joie parfaite et éternelle, de l'Amour parfait et éternel ? Le Ciel, c'est le sein de Dieu, dans lequel la créature déifiée se trouve plongée avec Jésus-Christ, par Jésus-Christ et en Jésus-Christ, dans l'Océan de la Lumière divine et de l'éternelle Béatitude. Le Ciel, c'est l'Amour devenu notre vie, notre état, notre atmosphère, notre tout. Plus de craintes, plus d'obscurités, plus de privations, plus de défaillances, plus de séparations, plus de larmes, plus de souffrances ; mais au contraire la surabondance incommensurable, immuable de tous les biens, soit de l'esprit, soit du cœur, soit des sens. Avec Jésus, avec Marie, avec les bienheureux Séraphins, avec les Chérubins, les Archanges et les saints Anges, avec tous les Saints, avec tous les élus, voir Dieu face à face, posséder Dieu tout entier, jouir de Dieu, être rempli de la paix et de la joie de Dieu ; et cela, à tout jamais, sans inquiétude, sans possibilité de perdre une seule petite goutte de cet océan de bonheur. Ô mon Dieu, mon Dieu, quelle perspective ! Quel bonheur, quel bien d'être éternellement le compagnon des Anges, de vivre de la vie des Anges, d' être revêtu de la gloire des Anges, de jouir de la félicité des Anges ; en un mot, d'être « semblable aux Anges (21) » ! Quel bonheur et quel bien d'être pour toujours au rang des Fils de Dieu, d'être éternellement les membres glorifiés du Fils unique de Dieu, ses cohéritiers et ses frères (22) ! Quel bien, quel bonheur d'être, avec Jésus, rois d'une royauté éternelle, et de posséder le même royaume que le Père de Jésus a donné à son Fils ! Et de s'asseoir à sa table, avec Marie, avec tous les élus ! Quelle gloire d'être revêtu du céleste manteau de lumière (23), de l'habit royal et glorieux du Roi des rois ! Au Ciel, nous siégerons sur un même trône avec le souverain Monarque de la terre et des cieux (24) ; nous reposerons avec notre Sauveur dans le sein et dans le cœur adorable de son divin Père (25) ; nous serons les maîtres de tous les biens de Dieu (26). Enfin nous serons tous transformés en Dieu (27), c'est-à-dire remplis et pénétrés de toutes les perfections de Dieu ; plus intimement que le fer plongé dans la fournaise n'est revêtu et pénétré des qualités du feu. En Jésus-Christ, nous ne ferons plus qu'un avec Dieu, non par unité, mais par union ; ce que Dieu est, par nature et par essence, nous le serons par grâce et par participation.

Ô Seigneur, quel bien, quel bonheur que le Ciel ! Et encore tout ce que j'en connais n'est rien en comparaison de la réalité. C'est vous-même qui me l'avez dit : « L'œil de l'homme n'a point vu, son oreille n'a point entendu, son esprit ne saurait comprendre ce que Dieu réserve à ceux qui l'aiment (28) ! »

Or, l'immensité inconnue de ce céleste, de cet incompréhensible trésor, à qui le dois-je ? À l'Amour miséricordieux et infini du Cœur de mon Sauveur. En se donnant Lui-même à moi, Il m'a donné tout ce qu'Il a sur la terre : Son Église, Son vicaire, Sa vérité, Ses sacrements, Son Eucharistie, Son Corps et Son Sang, Sa Mère, Sa sainte croix, toutes Ses grâces, toutes Ses richesses spirituelles : et dans le Ciel, Il m'attend pour être Lui-même ma béatitude et mon incommensurable récompense. Grâces donc, grâces infinies au Cœur de mon Dieu, pour ses dons inénarrables (29) ! Oui, j'ai tout en Jésus-Christ ; et son Sacré-Cœur, où je repose si je Lui suis fidèle, est l'abîme de tout bien, qui m'arrache à l'abîme de tout mal.

Ô bon Jésus ! pardonnez à tous ceux qui ne Vous aiment pas. Hélas! que leur nombre est grand !

N'est-il pas vrai que, même dans les pays chrétiens, quantité d'hommes traitent cet adorable Sauveur comme s'ils n'avaient rien reçu de Lui ? N'est-il pas vrai qu'ils Le traitent presque en ennemi, L'oubliant, Le blasphémant, négligeant Son service, se moquant de Ses prêtres, de Son vicaire, de Sa sainte Église, riant de la confession, raillant Son Eucharistie, allant même quelquefois jusqu'à outrager grossièrement Sa très sainte Mère ?

Et cependant qu'aurait-il pu faire de plus (30) pour leur témoigner son amour ? « S'il était possible, disait-il un jour à sainte Brigitte, s'il était possible que Je souffrisse les tourments de Ma Passion autant de fois qu'il y a d'âmes dans l'enfer, Je les souffrirais très volontiers. »

Et en retour, la plupart de ceux qu'Il a rachetés et qu'Il a enrichi de ses dons Le crucifient de nouveau. Oui, ils Le crucifient ; car quiconque pèche mortellement « crucifie de nouveau en soi-même le Fils de Dieu ; il Le foule aux pieds ; il méprise le Sang de l'alliance, dans lequel il a été lavé et sanctifié (31). » Ô mon Dieu ! Si le dernier de tous les hommes vient à nous témoigner quelque attachement, s'il nous rend le moindre service, nous ne pouvons nous empêcher de l'aimer ; que dis-je ? Si un animal, si un pauvre chien s'attache à nous et nous est quelque peu utile, nous l'aimons. Et notre bon Dieu, qui est notre Créateur, notre miséricordieux Rédempteur, notre très fidèle ami, notre très bon frère, notre trésor, notre gloire, notre souverain bien, notre vie, notre cœur, et qui est tout Cœur et tout Amour pour nous, nous ne l'aimerions pas ?

XIX. Que le sacré-Cœur de Jésus nous aime comme Son Père L'aime Lui-même.

Le jour même de l'institution de l'Eucharistie, étant encore dans le Cénacle, Notre Seigneur a dit à ses disciples une parole bien étonnante. Elle est sortie comme une flamme ardente du fond même de son Cœur. « Je vous aime (32) », dit-il. » Arrêtons-nous. Pesons bien cette parole : « Je vous aime. » Oh! qu'elle est douce ! qu'elle est douce sur les lèvres du souverain Seigneur de l'univers, du Maître de l'éternité ! Oh! qu'elle est bonne et consolante ! « Je vous aime, » dit notre bon Jésus.

Si un grand roi daignait entrer un jour dans la chaumière du dernier de ses sujets pour lui dire : « Je t'aime ; je viens ici exprès pour te le dire », quelle joie pour ce pauvre homme ! Si un Ange du Ciel ou un Saint, si même l'Immaculée Vierge Marie, Reine des Saints, daignait apparaître tout à coup à quelque pauvre pécheur, et lui dire publiquement, en présence de tous : « Je t'aime, et mon cœur est à toi », quels transports ! Quels ravissements pour ce pécheur !

Or, voici infiniment davantage ; voici le Roi des rois, le Saint des Saints, le souverain Seigneur du Ciel, qui est descendu du Ciel exprès, et qui est venu ici-bas pour nous dire, à nous, pauvres pécheurs : « Je vous aime, ego dilexi vos. Ego, Moi qui suis le Créateur de toutes choses ; Moi qui gouverne tout l'univers ; Moi qui possède tous les trésors du Ciel et de la terre ; Moi qui fais tout ce que Je veux, et à la volonté Duquel personne ne peut résister, Je vous aime ! »

Ô mon bon Sauveur ! quelle consolation ! Ne serait-ce pas déjà beaucoup de nous avoir dit : « Je pense à vous quelquefois. Je jette les yeux sur vous une fois tous les ans. J'ai quelques bons desseins sur vous ? » Mais non ; Vous voulez nous assurer que Vous nous aimez, et que Votre divin Cœur est plein de tendresse pour nous; pour nous, dis-je, qui ne sommes rien ; pour nous, vers de terre, misérables ingrats qui Vous avons crucifié, et qui avons tant de fois mérité l'enfer !

Mais de quelle manière cet adorable Cœur du Sauveur nous aime t-il ? écoutez : « Je vous aime comme mon Père m'aime (33) ; Je vous aime du même Cœur, du même amour dont Je suis aimé de mon Père. » Et quel est cet amour dont ce divin Père aime son Fils ? C'est un amour qui a quatre grandes qualités, lesquelles se retrouvent par conséquent dans l'amour de Jésus envers nous.

D'abord, c'est un Amour infini, c'est-à-dire sans bornes, sans limites et sans mesure ; amour incompréhensible et inénarrable ; amour aussi grand que l'essence même de Dieu. Mesurez, si vous le pouvez, l'étendue et la grandeur de l'essence divine, et vous mesurerez la grandeur de l'amour du Père pour son Fils Jésus ; alors seulement, vous pourrez mesurer la grandeur et l'étendue de l'amour de Jésus pour nous.

En second lieu, l'amour du Père pour son Fils est un Amour éternel. L'éternité, c'est la durée de ce qui est sans variation, sans changement, c'est ce qui dure toujours, sans commencement, sans fin. Ô Jésus, Verbe éternel ! Voilà bien l'amour que vous méritez, et qui compense absolument les défections dans l'amour de toutes vos créatures, soit rebelles, soit simplement faibles, languissantes, inconstantes. Or, c'est de ce même amour éternel dont Jésus est aimé de son Père, que nous avons le bonheur d'être aimés de Jésus ; car, il ne faut pas l'oublier, en Son Incarnation et tout revêtu qu'Il est d'une humanité véritable, Jésus-Christ demeure la seconde Personne de la Trinité, la Personne éternelle du Fils unique de Dieu. Il nous aime donc d'un amour véritablement éternel. L'éternité ne sera pas de trop pour rendre amour pour amour, un amour sans fin pour un amour éternel.

Et dans le temps, que faisons-nous ? Aimons-nous Jésus-Christ ? Hélas ! Ne perdons-nous pas ce précieux temps, semence de l'éternité, à aimer la terre et les bagatelles de la terre ? Quelle ingratitude!

En troisième lieu, l'amour du Père céleste pour son Fils est un Amour universel, c'est-à-dire un Amour qui remplit tous les cœurs du Ciel et de la terre. Cet amour remplit le Ciel ; car le Père aime Jésus par les cœurs de tous les Anges et de tous les Bienheureux. Il remplit la terre ; car c'est encore Lui qui aime Jésus-Christ par les cœurs de tous les fidèles. En effet, qu'est-ce au fond que ce divin amour du Père pour le Fils, et du Fils pour le Père, sinon l'Amour substantiel et personnel, l'Esprit d'amour, le Saint-Esprit ? C'est de ce même Amour que mon Sauveur daigne m'aimer. C'est ce même Esprit qui nous a été donné à tous, et qui répand ce même Amour dans tous nos cœurs (34). Jésus m'aime par le cœur et dans le cœur de la Sainte-Vierge, de saint Joseph, de chacun de ses Anges, de chacun de ses Saints. Quelle immensité ! Il m'aime par le cœur et dans le cœur de tous les membres de son Église, à commencer par le pape, par mon évêque, par tous les prêtres qui aiment et soignent mon âme, par tous ceux qui prient pour moi, et qui me font du bien. Ce n'est pas tout : par un effet de cet admirable et universel Amour, Il défend à tous les hommes, sous peine de péché et de damnation, de nuire, ni à mon âme, ni à mon corps, ni à ma réputation, ni à mes biens. Et de plus, Il commande à tous les hommes d'être vraiment des frères pour moi, en m'aimant comme eux-mêmes. Est-il possible d'étendre plus loin la sollicitude de l'amour ? Et ainsi, comme le dit saint Augustin, « le Ciel et la terre et tout ce qu'ils renferment ne cessent de me dire que je dois aimer mon Dieu » (35). Il m'aime partout ; et moi, ingrat, je L'offense partout ! Ah ! Ne le permettez plus, ô très bon Sauveur ! Faites au contraire, que je Vous aime et bénisse partout.

Enfin, l'Amour du Père pour le Fils est un Amour essentiel et total, c'est - à - dire un Amour de tout Lui-même. Ce divin Père aime son Fils Jésus de tout ce qu'Il est, étant tout Cœur et tout Amour pour Lui. L'amour que daigne nous porter Jésus-Christ est également un Amour essentiel, un Amour total ; Il nous aime de tout ce qu'Il est, de tout ce qu'Il a. Tout ce qui est en Lui, Sa divinité, Son humanité, Son âme, Son corps, Son sang, toutes Ses pensées, Ses paroles, Ses actions, Ses privations, Ses humiliations, Ses souffrances, Sa vie, Sa mort, Ses mérites, Sa gloire ; en un mot, tout en Lui est employé à nous aimer. Par-dessus tout, il emploie son Sacré Cœur à nous aimer ; et Il a déclaré à plusieurs Saints, en particulier à la célèbre sainte Brigitte, dont les révélations jouissent d'un si grand crédit dans l'Église, que sur la Croix ce Cœur adorable s'était brisé sous la pression de la douleur et de l'amour.

Mon Cœur — lui dit Jésus — était plongé dans un océan de souffrances. Je vis Ma Mère et ceux que J'aimais accablés par l'affliction ; sous la violence et sous l'effort de la douleur, mon Cœur se rompit; et ce fut alors que mon âme se sépara de mon corps.

Grand Dieu ! Et c'est pour moi que se sont accomplies ces divines merveilles ; cet « excès » (36), dont Moïse et Élie s'entretenaient avec Jésus glorifié sur le Thabor, c'est moi, moi très indigne pécheur, qui en suis l'objet ! Jésus-Christ m'aime comme L'aime son Père, du même Amour dont Il est aimé de son Père, d'un Amour infini, éternel, universel, essentiel ! Quand donc ouvrirai-je les yeux pour ne plus perdre de vue l'amour que me porte mon Sauveur ? N'aimerai-je donc point de tout mon cœur ce bon Jésus, Qui daigne tant m'aimer, et Qui, pour être plus sûr encore d'obtenir mon cœur, me promet une éternité de béatitude si je consens à Lui rendre amour pour amour ? Et, comme si ce n'était pas encore assez, Il me menace des feux éternels de l'enfer si je me refuse à L'aimer.

Jésus ! Je veux donc Vous aimer désormais comme vous m'aimez : totalement, sans restriction, véritablement, de tout mon cœur.

Ayez compassion de ma faiblesse, qui me fait si souvent défaillir dans cette volonté pourtant bien sincère. Je prie la Sainte-Vierge de m'aider à vous être désormais constamment et pleinement fidèle.

(…)

Notes

(1) “Fornax ardentissimæ caritatis ad inflammandum et incendendum orbem terrarum.” (Sermon de Passione Domini, part. II, tit. 1.)

(2) “Sicut dilexit me Pater, et ego dilexi vos.” (Jean 5, 9).

(3) Et requiescet super Eum Spiritus Domini : Spiritus sapientiæ et intellectus, Spiritus consilii et fortitudinis, Spiritus scientiæ et pietatis, et replebit Eum Spiritus timoris Domini. (lsaïe 11, 2).

(4) Fructus autem Spiritus est : caritas, gaudium, pax, patientia, benignitas, bonitas, longanimitas, mansuetudo, fides, modestia, continentia, castitas. (Galates 5, 22)

(5) Pontifex sanctus, innocens, impollutus (...), et excelsior cœlis factus (Hébreux 7, 26). Habentes ergo Pontificem : qui penetravit cœlos, Jesum Filium Dei. (lbid. 4, 14).

(6) Lætus obtuli universa. (1 Chroniques 19, 17)

(7) Angelus stetit ante Altare, habens Thuribulum aureum : et data sunt illi incensa multa, ut daret de orationibus sanctorum omnium super Altare aureum, quod est ante Thronum Dei. (Apocalypse 5, 3)

(8) Offerre illi incensum dignum, in odorem suavitatis (Ecclésiaste 45, 16)

(9) “Ego sum Vita.” (Jean 11, 25 ; 14, 6)

(10) “Anima enim omnis carnis in sanguine est.” (Lévitique 17, 11.14)

(11) “Una est columba mea.” (Cantique des Cantiques 6, 8)

(12) “Dominum Deum tuum adorabis” (Matthieu 4, 10 ; Luc 4, 8). “Diliges Dominus Deum tuum ex toto corde tuo, ex tota anima tua, ex tota fortitudine tua” (Deutéronome 6, 6 ; Matthieu 22, 37 ; Marc 12, 30 ; Luc 10, 27).

(13) In Jerusalem potestas mea. (Ecclésiaste 24, 15)

(14) Data est tibi omnes potestas in cœlo et in terra. (S. Pierre Damien)

(15) “Exemplum dedi vobis, ut quemadmodum ego feci, ita et vos faciatis.” (Jean, 13, 15.)

(16) “Non mea voluntas, sed tua fiat !” (Luc 22, 42)

(17) “Crucifige, crucifige eum. (…) Non habemus regem nisi Cæsarem.” (Jean 19, 6.15)

(18) “Non intrabit in eam aliquod coinquinatum [aut abominationem faciens et mendacium, (...).” (Apocalypse 21, 27).

(19) “Eramus natura filii iræ.” (Éphésiens 2, 3)

(20) “Quid retribuam Domino pro omnibus quæ retribuit mihi ? Calicem salutaris accipiam.” (Psaume 115, 12-13)

(21) “Erunt sicut Angeli Dei in cœlo” (Matthieu 22, 30). “Sunt sicut Angeli in cœlis” (Marc 12, 25). Æquales enim Angelis sunt” (Luc 20, 36)

(22) “Ipse enim Spiritus testimonium reddit spiritui nostro, quod sumus filii Dei. Si autem filii, et hæredes ; hæredes quidem Dei, cohæredes autem Christi.” (Romains 8, 17)

(23) “Et ego dispono vobis sicut disposuit mihi. Pater meus regnum, ut edatis et bibatis super mensam meam in regno meo (Luc 22, 29). “Caritatem quam dedisti mihi, dedi eis. (Jean 17, 22)”

(24) “Qui vicerit, dabo ei sedere mecum in throno meo.” (Apocalypse 3, 21)

(25) “Pater, quos dedisti mihi, volo ut ubi sum ego, et illi sint mecum” (Jean 17, 24). “Unigenitus Filius, qui est in sinu Patris. (Ibid. 1, 18)

(26) “Amen dico vobis : super omnia bona sua constituet eum.” (Matthieu 24, 47)

(27) “Nos vero omnes, revelata facie gloriam Domini speculantes, in eamdem imaginem transformamur a claritate in claritatem, tamquam a Domini spiritu.” (2 Corinthiens 3, 17)

(28) “Oculus non vidit, nec auris audivit, nec in cor hominis ascendit quæ præparavit Deus iis qui diligunt illum.” (l Corinthiens 2, 9)

(29) “Gratias Deo super inenarrabili dono ejus.” (2 Corinthiens 10, 15)

(30) “Quid est quod debui ultra facere vineæ meæ et non feci ?” (Isaïe 5, 4)

(31) “Rursum crucifigentes sibimetipsis Filium Dei” (Hébreux 6, 6). “Quanto magis putatis deteriora mereri supplicia qui Filium Dei conculcaverit, et sanguinem testamenti pollutum duxerit, in quo sanctificatus est et spiritui gratiœ contumeliam fecerit” (Ibid. 10, 29).

(32) “Ego dilexi vos.” (Jean 13, 34 ; 15, 9.12)

(33) “ Sicut dilexit me Pater.” (Ibid. 15, 9)

(34) “Caritas Dei diffusa est in cordibus nostris per Spiritum Sanctum qui datus est nobis. (Romains 5, 5)

(35) “Cœlum et terra, et omnia quæ in eis sunt, non cessant mihi dicere ut amem Deum.

(36) “Moyses et Ellas (...) dicebant excessum ejus, quem completurus erat in Jerusalem (Luc 9, 31). [En grec : “τὴν ἔξοδον αὐτοῦ” (tèn exodos autou), c’est-à-dire son départ, sa sortie, son sort final]

Référence

Mgr Louis-Gaston de Ségur, Le Sacré-Cœur de Jésus, 10e éditions, Tolra, Paris, 1876 [1ère édition : 1872], p. 54-112.

Source de l'image : https://www.romeartlover.it/Vasi135o.jpg.