(…)
Nul n'ignore que le national-socialisme est la religion de la race.
Hitler
se savait-il ici en dépendance des historiens et philosophes
allemands qui ont soutenu, avant lui, ces prétentions ethniques ?
C'est probable, mais on est un peu surpris de ne pas trouver, au
cours de ces pages débordantes, une allusion ou un hommage aux
devanciers, Fichte, Hegel et consorts Peut-être ces précurseurs
étaient-ils trop « bourgeois » pour être cités comme des
autorités de prix. Et peut-être le nazisme voulait-il être
encore un appel aux instincts populaires plutôt qu'une suite à un
développement philosophique. Quoi qu'il en soit, les grands ancêtres
sont passés sous silence, méconnus.
Mais
l'idée centrale demeure. Elle apporte l'affirmation péremptoire que
la race aryenne, tenue pour identique à la race germanique, est au
sommet des valeurs humaines, seule ouvrière de la civilisation
authentique, et, par suite, dotée de tous les droits qui conviennent
à sa dignité éminente.
L'Aryen
est le Prométhée de l'humanité ; l'étincelle divine du génie a
de tout temps jailli de son front lumineux. (p. 389.)
Tel
est l'axiome initial ou plutôt le dogme premier. Le contester serait
nier une vérité évidente, et même s'insurger contre le plan
manifeste du Créateur. Car la religion naturelle intervient, dès ce
premier stade, pour nous montrer la race germanique, non seulement
comme supérieure, mais encore comme élue de par une prédestination
divine.
La
culture et la civilisation humaines sont, sur ce continent,
indissolublement liées à l'existence de l'Aryen. Sa disparition ou
son amoindrissement ferait descendre sur cette terre les voiles
sombres d'une époque de barbarie.
Mais
saper l'existence de la civilisation humaine en exterminant ceux qui
la détiennent apparaît comme le plus exécrable des crimes. Celui
qui ose porter la main sur la propre image du Seigneur dans sa forme
la plus haute injurie le Créateur et aide à faire perdre le
paradis. (p. 381.)
Cette
vérité première a une contre-partie. Et l'évidence du problème
ethnique, en ce nouvel aspect négatif, n'est pas moins forte, aux
yeux d'Hitler, que celle de la supériorité inscrite au compte des
Aryens. C'est, cette fois, la perfidie congénitale de la race juive
qui apparaît dans un contraste et dans un conflit. Les Juifs,
dispersés à travers le monde, sans intérêts nationaux, sont un
ferment de désagrégation et de désordre. Ils interviennent comme
des agents de corruption physique et sociale. Ils travaillent sous le
couvert de théories qui cherchent à niveler les frontières, qui
exaltent la « classe » et ses luttes artificielles, aux dépens
du « peuple » et de ses vraies conquêtes. Le marxisme
international est leur œuvre et leur masque.
Hitler,
encore tout jeune, à Vienne, a rencontré les Juifs presque à tous
les coins du socialisme collectiviste, sitôt qu'il a mené son
enquête. Surpris de constater à quel point ses compagnons de
travail étaient envoûtés par des préjugés marxistes, maltraité
même par eux lors de ses premières discussions sur les
échafaudages, il a compris de quel côté se trouvaient les meneurs,
quelles étaient leurs intentions plus ou moins secrètes.
Et
d'ailleurs, était-il une saleté quelconque, une infamie sous
quelque forme que ce fût, surtout dans la vie sociale, à laquelle
un Juif au moins n'avait pas participé ?
Sitôt
qu'on portait le scalpel dans un abcès de cette sorte, on
découvrait, comme un ver dans un corps en putréfaction, un petit
youtre tout ébloui par cette lumière subite. (p. 64.)
Même
cet investissement des ouvriers par les menées Israélites apparut
vite à Hitler si complet qu'il cessa de s'étonner du succès de la
manœuvre. Et dès lors, plein de sympathie pour les dupes, il ne
cessa plus de songer aux moyens de les détromper. D'autant que cette
réussite se trouvait facilitée par l'inertie, la sottise ou
l'égoïsme des « bourgeois ». Si les travailleurs allemands
reniaient leur peuple, leur sang, leur race, pour s'inscrire dans les
formations juives internationales, c'est aussi qu'ils y étaient
poussés par des misères auxquelles les gens nantis refusaient de
prêter l'attention requise. Dès lors, Hitler était déterminé à
être l'adversaire de ces esprits étroits et lourds. Antimarxiste
parce qu'antisémite, il serait socialiste, à sa manière, dans les
cadres de la nation magnifiée, dans l'amour de la race exaltée. Les
traits principaux du national-socialisme étaient fixés.
Ce
mépris du bourgeois se renforçait encore par le dédain des régimes
politiques taillés à la mesure de ce citoyen étriqué. Là aussi
ne fallait-il pas discerner des connexions étranges et souvent peu
connues ? Le Juif n'était-il pas l'ouvrier et le bénéficiaire
de ces systèmes bâtards qui se nomment le parlementarisme et la
démocratie, fourriers du marxisme intégral ?
II
n'y a rien de plus déprimant que d'observer tous ces agissements [du
scrutin] dans la prosaïque vérité et d'être obligé d'assister à
cette tromperie perpétuellement renouvelée. Avec un pareil fond de
pourriture intellectuelle, on ne peut vraiment pas trouver, dans le
camp bourgeois, la force nécessaire pour mener le combat contre la
puissance organisée du marxisme. (p. 374.)
Et
d'ailleurs, les faits n'ont-ils pas démontré, dans l'Allemagne
récente, cette faiblesse ou cette inconsciente complicité ?
Aux
jours où les parlementaires bourgeois voyaient la garantie de la
sécurité du pays dans la monumentale inintelligence du nombre
prépondérant, le marxisme, avec une troupe de rôdeurs de bas
quartiers, de déserteurs, de bonzes de partis et de littérateurs
juifs, s'empara en un tour de main du pouvoir, donnant un soufflet
retentissant à la démocratie. (lbid.)
Bref,
le monde moderne est le théâtre et la victime d'un jeu dont les
Juifs tiennent presque tous les fils et qui tend à éliminer les
titulaires légitimes des premiers rôles, les représentants de la
race aryenne. Tout revient à rendre à ces protagonistes le devant
de la scène.
Quand
Hitler méditait, voici vingt ans [vers 1914], sur l'idéal lointain
et sur les obstacles proches, il était à peu près seul à nourrir
de semblables pensées. Plus tard, à Munich, après la guerre, ils
ne seront encore que sept inscrits dans un parti qui compte
aujourd'hui l'immense majorité des Allemands.
Comment
convenait-il de mener la propagande ?
D'abord
par l'effet d'un objectif simple et grandiose qui donne à toute la
campagne un caractère d'offensive. Un but net, concret, entraînant.
Les déficiences des « partis bourgeois » pouvaient, sous ce
rapport, instruire.
Il
leur manque cette forte attraction magnétique qui ne peut s'exercer
sur la masse que par l'emprise de grandes idées, cette force de
conviction que donne seule la foi absolue en ses principes et la
résolution fanatique de les faire triompher. (p. 375.)
Encore
y aurait-il, dans cette masse conquise, des gradations ou des grades.
Les chefs, les partisans, pleinement conscients ou informés,
devraient être relativement peu nombreux. Les membres n'auraient que
faire d'une instruction aussi poussée : plutôt guidés par le
sentiment, ils n'auraient pas tous à déployer, d'ailleurs, des
qualités combatives identiques ni à s'enrôler toujours dans les «
sections d'assaut ».
Mais
à tous il importait de rendre le sentiment de la race, l'orgueil ou
la fierté du sang.
Cet
objectif positif avait une exigence corrélative dans une intolérance
dont il importait de ne pas oublier non plus l'action stimulante.
On
ne peut gagner l'âme du peuple que si, en même temps qu'on lutte
pour atteindre son propre but, on veille à détruire tout ennemi qui
cherche à y faire obstacle.
Dans
tous les temps, le peuple a considéré l'attaque sans merci de ses
adversaires comme la preuve de son bon droit : pour lui,
renoncer à les détruire, c'est douter de ce bon droit ; c'est
même nier qu'il existe. (p. 337.)
Il
est à peine besoin de répéter sous quels traits sémitiques Hitler
aperçoit les principaux adversaires, les « empoisonneurs
internationaux ».
Une
fois déterminé le but de la campagne, désignés les bataillons à
disperser, reste à choisir les méthodes et les procédés
efficaces. L'arme la plus directe semble, dans l'arsenal de la
propagande, celle de la parole, qui se montre supérieure au libelle
et à l'imprimé.
Que
les snobs et chevaliers de l'encrier de nos jours se disent bien que
les grandes révolutions de ce monde ne se sont jamais faites sous le
signe de la plume d'oie. (p. 111.)
Aussi,
Hitler consacre-t-il de nombreuses pages à narrer les réunions de
plus en plus vastes qui lui ont permis de faire passer son idée dans
l'esprit et l'âme des foules. Tumultueuses, elles l'étaient,
certes, ces assemblées.
Et
c'est un sujet de fierté pour le meneur qui raille les conférences
bourgeoises, somnolentes et soporifiques. Un orateur, devant des
auditeurs résignés, y débite un discours, que le président, entre
deux assesseurs à monocle déclare rituellement admirable après
l'heure réglementaire. Sur quoi, chacun se retire pour regagner son
domicile ou la brasserie voisine.
Rien
de pareil dans les orageuses réunions où il s'agissait de
convaincre les ouvriers, envoûtés par la doctrine marxiste, et de
les gagner à la cause de leur race. C'était un rude « combat »
amenant la griserie de la victoire finale. Mais pour permettre cet
avantage et ce succès du verbe, souvent aussi de vraies bataille;
étaient nécessaires comme exordes du discours. Déjà les
hitlériens redoutaient le secours de la police officielle,
maladroite en ses interventions qui empêchaient la conférence pour
supprimer la cause du trouble. Et les « sections d'assaut » du
parti, dressée au jeu des poings ou au maniement de la matraque, se
chargèrent seules d'expulser les perturbateurs et d'assurer le champ
libre à la marche des arguments de l'orateur.
L'intransigeance,
dont nous avons, déjà vu plus d’un signe, se manifestait encore,
dans cette campagne ou cet assaut pour la conquête de l'opinion, par
le refus des alliances ou des accords qui alourdissent. Une doctrine
philosophique comme le racisme ne doit pas admettre de
compromission avec des théories différentes ou divergentes, elle se
donne pour infaillible.
Et
même sur le terrain de l'action, elle refuse aussi les
collaborations, d'abord, — et cela va sans dire, — avec le régime
qu'elle attaque, ensuite, avec des groupes qui se donneraient comme
plus ou moins similaires. Sauf pour une période très courte, sur
une question bien définie, ces alliances débilitent.
Il
ne faut jamais oublier que tout ce qui est, en ce monde,
véritablement grand, n'a pas été obtenu de haute lutte par des
coalitions mais a toujours été conquis par un vainqueur unique. (p.
513.)
Nous
n'avons pas le loisir d'étudier et de suivre, pas à pas, cette
campagne. Hitler, d'ailleurs, ne nous en fournit guère le plan
méthodique. Et ses renseignements ont assez vite fait de passer,
dans des horizons optimistes, à l'organisation du pouvoir supposé
conquis.
Ici
encore, la même idée domine. La race supérieure doit imposer son
intérêt et faire prévaloir ses titres. Il en résulte que l'État,
le gouvernement, n'a point pour principal rôle, comme on le dit
d'ordinaire, d'assurer l'ordre à l'intérieur, la paix à
l'extérieur, de maintenir, pour tous les citoyens, un milieu
favorable au déploiement de leur activité. Ces fonctions, ainsi
définies, sont plutôt propres à distraire l'État de son premier
devoir. Et celui-ci consiste — on pouvait d'avance s'en douter —
à préserver, à servir la race élue. L'État n'est qu'un moyen
pour cet office.
La
condition préalable mise à l'existence durable d'une humanité
supérieure n'est donc pas l'État mais la race qui possède les
qualités requises. (p. 390.)
À
vrai dire, la race aryenne, la race germanique, n'existe plus dans
son homogénéité première sur le territoire allemand. Elle a subi,
au cours des âges, des contaminations qui ont pour résultat de
l'abâtardir. Mais, par bonheur, cependant, il subsiste un îlot, et
comme un parc de réserve, où l'on possède encore « le trésor des
Germains du Nord dont le sang est resté sans mélangé ». (p. 395.)
Ailleurs,
si « le trésor » a été dilapidé, il en demeure pourtant des
reliquats. Il est du devoir de l'État de protéger ce patrimoine, de
le développer en quantité et qualité, de le mettre en pleine
valeur.
De
là procèdent les pratiques d'un « eugénisme » qui se dit
nécessaire. L'État se constitue le gardien de la race.
Il
doit déclarer que tout individu notoirement malade ou atteint de
tares héréditaires, donc transmissibles à ses rejetons, n'a pas le
droit de se reproduire, et il doit lui en enlever matériellement la
faculté. (p. 402.)
La
« stérilisation » ainsi annoncée se proclame, par ailleurs,
l'adversaire du néo-malthusianisme. La première a pour but de ne
laisser venir au monde que des échantillons exempts de tares, le
second a pour effet d'empêcher de naître, indistinctement, des
enfants dont plusieurs seraient peut-être des représentants
qualifiés de la race. L'une prétend servir les intérêts du
groupe, l'autre ne peut invoquer que des considérations
individuelles. Aussi, toute la politique de l'État va-t-elle à
organiser la famille et à donner aux privilégiés du sang les
ressources nécessaires pour élever une nombreuse progéniture. Par
l'éducation, — nous le verrons plus loin, — par la propagande,
par des mesures économiques, les mariages précoces et féconds sont
à encourager.
Un
État raciste doit donc, avant tout, faire sortir le mariage de
l'abaissement où l'a plongé une continuelle adultération de la
race et lui rendre la sainteté d'une institution destinée à créer
des êtres à l'image du Seigneur, et non des monstres qui tiennent
le milieu entre l'homme et le singe. (p. 400.)
«
L'image du Seigneur », c'est, dans ce vocabulaire spécial, le type
humain réussi.
L'État
voudrait espérer que, pour cette tâche, les confessions religieuses
viendront à son aide. Mais leur persistance à enseigner l'égalité
foncière, la dignité essentielle des êtres humains, fâche Hitler
et l'inquiète. Les Églises, à son avis, en ne prenant pas assez le
parti de la race privilégiée, sont responsables de la dégradation
physique et morale des peuples européens. Puis, pour se dédommager,
elles vont évangéliser les Hottentots et les Cafres !
Nos
deux confessions chrétiennes répondraient bien mieux aux plus
nobles aspirations humaines si, au lieu d'importuner les nègres avec
des missions dont ils ne souhaitent ni ne peuvent comprendre
l'enseignement, elles voulaient bien faire comprendre très
sérieusement aux habitants de l'Europe que les ménages de mauvaise
santé feraient une œuvre bien plus agréable à Dieu s'ils avaient
pitié d'un pauvre petit orphelin sain et robuste et lui tenaient
lieu de père et de mère, au lieu de donner la vie à un enfant
maladif qui sera, pour lui-même et les autres, une cause de malheur
et d'affliction. (p. 402.)
Bref,
le devoir de l'État est d'obtenir que viennent au monde bon nombre
de types d'humanité saine et robuste.
Ce
premier résultat acquis par hypothèse, reste à former ces êtres
choisis. Ce sera l'œuvre de l'éducation et de l'enseignement dont
l'État ne saurait se désintéresser.
L'éducation
surtout est importante.
Les
sports, la boxe en particulier, développeront, avec les qualités
physiques, l'endurance et l'énergie. Le goût de l'initiative, le
support allègre des responsabilités, la loyauté, l'abnégation, la
discrétion, seront montrés comme les qualités primordiales du
caractère. Et, dans cette hiérarchie de la moralité, tout sera
finalement ordonné au « sentiment de la race », au souci de la «
pureté du sang ».
(…)
L'homme n'a qu'un droit sacré, et ce droit est en même temps le
plus saint des devoirs, c'est de veiller à ce que son sang reste
pur. (p. 400.)
Tandis
que toutes les forces de l'éducation officielle collaborent à
exalter cet idéal, la protection de l'État doit détruire les
plantes vénéneuses, réprimer les tentations de la prostitution, de
la pornographie qui s'exercent au grand dam de la santé publique et
de la race.
Théâtre,
art, littérature, cinéma, presse, affiches, étalages doivent être
nettoyés des exhibitions d'un monde en putréfaction, pour être mis
au service d'une idée morale, principe d'État et de civilisation.
(p. 254.)
L'enseignement
n'aura pas une autre ligne que l'éducation. Hitler ne s'astreint pas
à donner un programme pédagogique. Il marque seulement son dédain
pour une instruction abusivement livresque. Et, à propos de deux
disciplines, celle des langues vivantes et celle de l'histoire, il
laisse encore voir son point de vue utilitaire ethnique.
Au
reste, la tâche de l'État raciste est de veiller à ce que soit
écrite enfin une histoire universelle dans laquelle la question de
race sera mise au premier rang. (p. 420.)
Si
les matières à enseigner sont à peine signalées dans ce livre
qui, malgré ses proportions, ne saurait être une encyclopédie, on
nous indique la pensée qui préside à l'école. C'est, bien
entendu, l'avantage de la race. Mais c'est aussi le souci de dégager
les personnalités. Car on se tromperait sur la tendance du racisme
si l’on y voyait exclusivement le soin d'un groupe ethnique.
De
même, — dira Hitler, — que je suis obligé d'apprécier
diversement les hommes d'après la race à laquelle ils
appartiennent, de même faut-il procéder, à l'intérieur de la
communauté, à l'égard de l'individu. (p. 441.)
Rien
de plus faux, donc, que l'adage marxiste, égalitaire, suivant lequel
«un homme en vaut un autre».
Au
lieu d'édifier sut l'idée de majorité, cette doctrine [raciste] se
fonde sur la personnalité.
L'école
sera chargée, pour sa part, « d'aiguiller le talent sur la voie qui
lui convient », ...
… d'ouvrir
les portes des établissements d'État d'instruction supérieure à
tous les sujets bien doués, quelle que soit leur origine.
Cette
ascension des éléments populaires mettra la classe instruite en
contact avec la vie, lui apportera le sens de l'action. Car le
malheur de l'Allemagne a été d'être gouvernée, aux heures
critiques, par ...
… des
hommes hypercultivés, bourrés jusqu'à là bonde de
savoir et d'intelligence, mais dénués de sain instinct et privés
de toute énergie et de toute audace.
Voici
que cette sélection scolaire nous introduit dans le problème
économique et social qui lui fait suite ou se complique de ses
données. Car, comment bouleverser les mœurs et les classes de façon
que, par exemple, le « fils chéri d'un haut fonctionnaire » puisse
devenir normalement un ouvrier ? Hitler pense que, pour ce faire, les
idées sont à remanier en même temps que les situations. Le travail
manuel sera tiré de son discrédit. Les salaires, toujours
suffisants pour les exigences familiales, ont à se disposer sur une
échelle qui n'admette plus les grandes différences actuelles. Et
l'estime du publie, le salaire idéal, doit se proportionner, non
plus au genre de la tâche, mais à la perfection du travail
accompli.
Tel
est le premier aperçu de l'organisation économique et sociale que
le « Reich idéaliste » devra s'efforcer de réaliser, sans
se flatter, d'ailleurs, d'espoirs trop rapides.
Hitler,
au moment où il écrivait Mon Combat, était tout absorbé
par ses préoccupations de polémiste. Nous aurions tort de demander
à cet ouvrage des précisions économiques que son auteur, pour de
multiples causes, n'était pas alors en mesure d'y mettre. Ce sont
plutôt des vœux que nous trouvons dans le passage que nous venons
de résumer. Plus loin, l'auteur reviendra sur la question, sans nous
apporter, faute de les avoir sans doute lui-même, des clartés
fulgurantes. Il marquera son désir de voir le mouvement nazi
s'orienter dans le sens d'une organisation, « corporative » dominée
par le souci de la prospérité nationale, de la communauté
populaire. Plus de luttes de classes, plus de grèves. Des chambres
professionnelles, un Parlement économique figurent dans ce projet.
Avec
eux, entrepreneurs et ouvriers ne doivent plus lutter les uns contre
les autres dans la lutte des salaires et des tarifs, — ce qui est
très dommageable à l'existence économique de tous deux, — mais
ils doivent résoudre ce problème en commun pour le bien de ta
communauté populaire et de l'État, dont l'idée doit briller en
lettres étincelantes au-dessus de tout. (p. 597.)
Ces
vues encore vagues ne nous arrêteront pas longtemps. D'autant
qu'elles ont fait place aujourd'hui au Plan de Travail allemand
officiel, dont il a été fourni de nombreux commentaires et que nous
avons nous-même récemment présenté à nos lecteurs (voir Études
du 20 mars 1934). Et nous n'insisterons pas non plus sur les
anticipations de politique intérieure qu'Hitler pouvait développer,
il y a huit ans, en faisant la critique du régime d'alors. Sur ce
terrain encore, des réalisations qu'on peut constater, sont venues
remplacer les projets ou les pronostics dont la valeur, par suite, se
trouve périmée. II suffira de vérifier que la ligne a été
maintenue, que l'esprit est demeuré fidèle à ses origines, et que
le gouvernement du Führer applique avec constance les
principes qu'Hitler donnait pour directeurs lorsqu'il n'était encore
qu'un partisan.
En
revanche, il convient de marquer une pause un peu plus longue sur la
politique extérieure préconisée par Hitler, il y a huit ans. Dans
ce domaine, les faits n'ont pas apporté leur contrôle, puisque le
Reich n'a point dessiné, sous le gouvernement raciste,
d'opérations de grand style à l'étranger. Et nous en sommes donc
réduit à comparer des proclamations, celles de jadis que nous
trouvons dans le livre ici analysé, et celles qui tombent
actuellement des tribunes officielles allemandes.
Il
est sûr qu'elles ne concordent pas. Hitler, arrivé au pouvoir,
multiplie les assurances en faveur de la paix. Et son langage, au
moins, ne rappelle pas la verdeur de ses propos d'autrefois. Pour
expliquer la différence ou l'opposition, les commentaires obligeants
font remarquer que les réflexions d'antan s'énonçaient lors du
séjour des Français sur le Rhin. Leur ton agressif a donc pu
s'amender en raison des changements survenus comme de par la
conscience plus nette des responsabilités qu'apporte le pouvoir.
Soit ! Tout de même, les griefs qui nous étaient faits jadis
paraissaient bien provenir d'un préjugé durable et profond. Il
était dit de notre pays qu'il tombait de plus en plus « au niveau
des nègres ». Et si ce noir pronostic pouvait traduire la mauvaise
humeur provoquée par la présence des Soudanais en Rhénanie, voici
qui est accusation plus générale.
Le
rôle que la France, aiguillonnée par sa soif de vengeance et
systématiquement guidée par les Juifs, joue aujourd'hui en Europe,
est un péché contre l'existence de l'humanité blanche et
déchaînera un jour contre ce peuple tous les esprits vengeurs d'une
génération qui aura reconnu dans la pollution des races le péché
héréditaire de l'humanité. (p. 621.)
D'ailleurs,
la France s'oppose au regroupement de la race allemande soucieuse de
retrouver son unité nationale et un territoire adapté à son
extension.
Ce
territoire ne serait pas forcément identique à celui que limitaient
les frontières de 1914. L'important est que s'établisse...
… un
rapport sain, viable et conforme aux lois naturelles entre le nombre
et l'accroissement de la population, d'une part, et la valeur du
territoire, d'autre part. (p. 640.)
Hitler
ne pense pas que le sol nécessaire à la race allemande doive être
cherché outre-mer et dans des colonies. Il l'aperçoit beaucoup plus
près et spécialement vers l'Est, sur les terres des Slaves à
conquérir. Ces annexions ne sauraient se faire sans un système
d'alliances qui assureraient, fût-ce au prix de sacrifices, la
complaisance de l'Angleterre et de l'Italie. Alors on pourra agir.
Autant
nous sommes tous aujourd'hui convaincus de la nécessité d'un
règlement de comptes avec la France, autant demeurerait-il
inefficace pour nous, dans son ensemble, si nos buts de politique
extérieure se bornaient à cela. On ne saurait l'interpréter que
comme une couverture de nos arrières pour l'extension en Europe de
notre habitat. (p. 651.)
Et
cette action est la seule qui justifierait le sang à verser. Elle le
justifierait devant Dieu…
… pour
autant que nous avons été mis sur cette terre pour y gagner notre
pain quotidien au prix d'un perpétuel combat, en créatures à qui
rien n'a été donné sans contre-partie, et qui ne devront leur
situation de maîtres de la terre qu'à l'intelligence et au courage
avec lesquels ils sauront la conquérir et la conserver. (p. 650.)
Cette
action serait encore légitimée devant la postérité allemande…
...
« pour autant que l'on ne versera pas le sang d'un seul citoyen
allemand sans donner à l'Allemagne future des milliers de nouveaux
citoyens.
Après
avoir écouté tant de couplets nationalistes et tant d'affirmations
péremptoires, il est nécessaire de se ressaisir et de conclure.
Toute
la théorie ou, plus exactement, toute la suggestion qui est devenue
si puissante outre-Rhin compte des éléments de succès qu'il n'est
pas très difficile de dénombrer après coup.
Les
misères et les difficultés de l'existence lui ont d'abord donné
l'appui du désespoir collectif qui joue sa dernière carte.
Mais
ce ressort négatif est loin d'être seul en cause. L’ingénieur
français Georges Sorel, auquel il faut revenir pour lui emprunter
les analyses et comme le démontage de la violence organisée, a
longuement, jadis, expliqué le mécanisme psychologique des «
mythes » évocateurs dont le racisme constitue aujourd'hui un
exemplaire caractéristique.
Un
idéal commun, concret, pressant, inspire les tenants de ce « mythe
» ; une atmosphère de bataille exalte aussi les instincts
guerriers contre un adversaire vivant, immédiat. Et, dans cette
lutte, chacun doit avoir l'impression de jouer un rôle actif, d'être
chargé d'une responsabilité personnelle. Moyennant quoi, la cause
soulève les individus au delà de leurs routines et de leurs
égoïsmes pour obtenir des sacrifices qu'aucun raisonnement n'eût
produits.
Le
« mythe », avec tous ses stimulants, avec sa confuse auréole, se
profile actuellement sur l'horizon germanique pour y exercer son
attraction sur les foules.
Un
« mythe », le racisme ne l'est pas seulement, en ce premier sens,
et pour sa force entraînante.
Il
est aussi pour les aspects imprécis, aléatoires, que comporte la
notion même et pour les postulats qu'il impose.
Le
premier de ces axiomes est, nous l'avons vu, la supériorité native
d'une race privilégiée Hitler a emprunté cette thèse à un
Français, le comte de Gobineau, quitte à en contredire
l'application. Car, d'après Gobineau, la race supérieure avait pour
principaux représentants les peuples nordiques, tandis que
l'Allemagne du dix-neuvième siècle était loin de pouvoir être
exclusivement identifiée avec cette race germanique.
Hitler
répète la leçon de ses devanciers d'outre-Rhin ; il reprend,
après eux au bénéfice de son peuple, la théorie contrefaite de
Gobineau. Il l'établit, sans une preuve, pour pivot de son système.
Et il l'enfonce avec une obstination intransigeante où le primaire
se manifeste, ainsi que nous le disions au début.
Mais
lorsque cette théorie des races, au lieu d'appuyer des visées
politiques et de s'envelopper dans des formules déclamatoires, est
acculée à une discussion scientifique, elle trahit aussitôt sa
faiblesse et s'évanouit aisément.
Si
l'on prend, en effet, le mot race pour signifier la communauté
d'origine, l'identité de certains traits transmis par le sang, il
est assez vain d'y attacher la propriété exclusive d'un apanage
intellectuel et moral.
Au
point de vue politique et sociologique, l'idée de la race n'explique
presque rien. (V. [Louis] Le Fur, Races, nationalités, États,
[Paris, Félix Lacan, 1922,]
p. 32)
Et,
dans les ressemblances ou différences qu'il est loisible de
remarquer entre les peuples,…
…
il
s'agit bien moins d'une question de
race que de l'intervention d'autres facteurs, d'ordre politique et
social, nés au cours des siècles, sous la pression des
circonstances, et lentement fixés en un peuple déterminé. De sorte
que la race est plutôt un effet qu'une cause, [on
l’a dit avec raison, elle du « sociologique répété et
fixé »]. (Ibid.,
p.
33)
Si
même on admet en théorie, comme bien réelle, une connexion
mystérieuse entre les hérédités psychologique et physiologique
dans une même race, la difficulté se retrouve pour tirer de cette
donnée une conséquence pratique. Car,
aujourd'hui, dans les régions européennes, ...
… toutes
les races sont profondément altérées par des mélanges et des
croisements qui les brassent et les rebrassent, et ce phénomène est
d'autant plus marqué qu'il s'agit de races plus civilisées (Ibid.,
p. 34)
Hitler
croit échapper à cette objection en affirmant, nous l'avons vu, que
« le trésor » ethnique demeure chez les Germains du Nord «
dont le sang est resté sans mélange ».
Mais
toutes ces fantaisies intéressées n'ont vraiment qu'une valeur
politique. Nous rappelions qu'elles ont déjà beaucoup servi
outre-Rhin. C'est seulement l'habileté, du nouveau chef d'avoir su
rendre à ces clichés fort usagés toute leur force galvanisante.
Il
est superflu de rappeler longuement que cette habileté est loin
d'être toujours en règle avec la morale chrétienne. Cette
divinisation de la race, avec les rites de son culte, la brutalité
de ses haines et de ses gestes, procède d'un paganisme dont les
dirigeants de l'Allemagne actuelle seraient les grands prêtres.
Ce
n'est point qu'Hitler ait personnellement, pour ce rôle sacerdotal
renouvelé de l'antique, un goût très prononcé. Jadis même, il a
désavoué, dans son livre, à propos de certains souvenirs
historiques, l'erreur des partis qui se faisaient persécuteurs du
christianisme et assumaient un rôle religieux, fût-ce celui de
réformateurs.
On
ne doit pas mêler la religion à la lutte des partis politiques.
À
cette sagesse relative, il faut peut-être assigner la modération
des discours du Führer comparés aux diatribes
antichrétiennes de certains parmi ses lieutenants.
Mais
cette sagesse même est instable chez son titulaire, en raison du
principe erroné qui en compromet l'équilibre. Visiblement, Hitler
n'a jamais pénétré le sens de la foi surnaturelle. Si les prêtres
catholiques, par exemple, lui semblent parfois excusables de se
montrer trop tièdes dans l'amour de la race, les circonstances
atténuantes qu'il admet à leur décharge dénoncent elles-mêmes
son incompréhension. Car, en termes alambiqués qui ne lui sont pas
habituels et trahissent ici une spéciale incompétence, Hitler
explique comment le clergé manque de zèle raciste par suite d'un
attachement à une « idée abstraite ». Et la pensée ne lui
vient pas que cette « idée abstraite » pourrait constituer la
raison d'être de l'Église catholique et tenir au dépôt de sa foi.
En
fait, il en est ainsi. Le christianisme ne saurait admettre, sans se
renier lui-même, qu'une valeur absolue soit accordée à l’intérêt
terrestre d'un groupe ethnique, si providentiellement doué qu'on le
suppose. Pour tout croyant, la première place dans la hiérarchie
des valeurs sera toujours réservée à la destinée des âmes
individuelles. Cette perspective commande, sans doute possible, des
vues inconciliables avec celles des hitlériens. Ceux-ci ci estiment
que l'État n'est que le serviteur d'une race privilégiée.
L'Église
catholique reconnaît à cet État le soin d'organiser le milieu
social où les citoyens trouvent une aide pour atteindre leur but
ici-bas en préparant leur sort ultime. Elle oblige même ses fidèles
à répondre aux requêtes légitimes du pouvoir civil, car il est
juste qu'ils fournissent leur apport à ce bien commun » dont ils
tirent avantage. Par cette consigne elle contredit les thèses de
l'individualisme anarchique. Mais toujours elle placera la dignité
de l'âme très au-dessus de la fierté de la race. Et le sang du
Christ, qui a racheté ces âmes et leur confère une valeur sans
prix, lui semblera toujours infiniment supérieur au sang dont on
voudrait lui montrer les hautaines et absolues exigences.
Hitler
se laissera-t-il entraîner par une logique païenne et« totalitaire
» ? Poursuivra-t-il son « combat » sur ce terrain religieux dont
une sagesse superficielle lui faisait naguère reconnaître les
périls ? Il y apprendrait alors, et, sans doute, plus vite
qu'ailleurs, que la violence au service d'un « mythe » ne saurait
suppléer, de façon définitive, une énergie authentique contrôlée
par la vérité.
Référence
L'auteur de l'article cite Mon combat - Mein Kampf, de Adolf Hitler, traduction intégrale de Mein Kampf, par J. Gaudefroy-Demombynes et A. Calmettes
, publié à Paris, aux Nouvelles Éditions latines en 1934.
On
s'est beaucoup occupé d'Hitler en France. (…)
Ce n'est point du rôle politique et
encore moins du geste extérieur, du personnage physique d'Adolf
Hitler que nous nous proposons d'entretenir le lecteur dans les pages
qui suivent. Elles négligeront l'homme pour ne s'attacher qu'à la
doctrine. Dans cette doctrine même, elles laisseront de côté
l'aspect social, économique et politique — celui qui jusqu'ici
[1932] a le plus retenu les regards de l'étranger — pour ne
s'attacher qu'à une face du racisme qui a moins attiré l'attention
le côté religieux.
*
* *
Le national-socialisme a-t-il une
doctrine en face du problème de notre destinée ? Peut-on parler de
positions religieuses du racisme ? Les chefs du mouvement, et
surtout ceux qui en sont les théoriciens, se sont chargés de
répondre.
Ils ont défini la mystique et aussi la
métaphysique du mouvement.
On sait le principe qu'ils placent à la
base de tout : le Sang. Le Sang, entité mystérieuse et
auguste, méconnue jusqu'ici par la plus incompréhensible des
erreurs, devra être rétabli par les racistes dans sa dignité
royale.
Il
est à la base du concept de la nation où il reçoit le primat sur
les composantes d'ordre politique ou culturel. L'idée de patrie est
entièrement absorbée par l'idée de race. Le blond nordique est
souverain. Il est le signe d'élection. Le malheureux qui ne le
possède point et qu'une nature ingrate a condamné au poil noir doit
se résigner à prendre rang parmi les êtres de seconde zone, les
Untermenschen [sous-hommes].
La « nordification » de la race (Aufnordung),
épuration biologique progressive et méthodique, ne doit plus
laisser la place qu'au Germain pur. La participation aux mêmes
éléments sanguins, la communauté dans la composition physiologique
du plasma et de la fibrine [=protéine du plasma sanguin qui
contribue à la formation du caillot, lors de la coagulation] est le
seul lien national reconnu. La communauté du destin historique ne
constitue qu'une contingence fortuite, sans force de contrainte
morale, sans valeur agrégative profonde.
Exhaustif,
le concept de la race est aussi normatif. À la nation conçue comme
un absolu biologique soustrait à toute dépendance métaphysique, la
vie humaine dans son ensemble devra être ordonnée. Tout relèvera
d'elle : pensée, foi, morale. De principium nostri
esse [principe de notre être],
comme le voulait saint Thomas, la nation devient principium
totius nostri esse [principe
de tout notre être].
Les conséquences de cette religion du
Sang sont d'une éclatante brutalité.
Par
delà les superpositions du christianisme, le raciste tentera de
ressaisir le germanisme primitif, le germanisme de la préhistoire
dans toute son originelle pureté. Et c'est ici,
dans l'aurore indécise de la forêt vierge germanique, que se
dévoile la valeur de
symbole de l'emblème raciste, la croix gammée.
Nous
remontons à l'époque primitive du germanisme, encore embrumée de
crépuscule (dämmerdunkle
germanische Vorzeit))
et devant notre regard monte rayonnante, fulgurante dans son
éternelle jeunesse, la roue du Soleil, la croix gammée, symbole de
vie résurgescente (1).
L'éternelle
puissance de vie, dont les peuples nordiques ont reconnu, il y a des
milliers d'années, la nature spirituelle, se manifeste à nous,
habitants
de la
terre, dans le soleil, choisi comme matérialisation visible du
pouvoir divin. Le soleil
(Balder)
est le Fils
de Dieu (Gottessohn).
L'emblème du
Dieu-Soleil,
la croix en formé de roue, contient et enferme tous les secrets du
devenir universel ; il nous restitue le Savoir ; il est la clé de la
libération de l'homme, lui fait retrouver son moi divin (2).
Le
christianisme n'a pas fait luire une aube nouvelle sur l'humanité ;
il n'est qu'un pâle reflet dévié de l'idéal germanique primitif.
Sa richesse morale n'est qu'une richesse d'emprunt. Ses valeurs
profondes sont tirées de la seule source féconde : celle du
germanisme préhistorique.
Ce
n'est point le christianisme qui nous a donné une morale ; ses
valeurs durables et réelles, c'est à l'âme germanique qu'il les
doit. (Alfred Rosenberg).
Il
faut remonter à l'origine, retrouver le type primitif recouvert,
obscurci par les alluvions de l'histoire. Par beaucoup de côtés, le
christianisme n'est que déformation de l'empreinte originelle.
Entaché de servilisme
judaïque, il représente, par sa doctrine de charité et d'humilité,
le
plus grave péril de
décomposition pour l'idéal de dureté héroïque du Germain.
L'Église s'est donné pour tâche, à travers tes siècles,
d'insinuer dans le cœur
indomptable de l'Allemandous
le couvert des vertus chrétiennes de soumission, d'amour et de
renoncement, l'énervante mollesse de
la
Syrie. Les
poisons les plus dangereux sont ceux qui s'offrent sous l'étiquette
de la générosité. Contre cette dégénérescence calculée, ce
devra être l'œuvre d'un nouveau clergé, d'un clergé allemand,
d'employer toutes ses forces. Belle tâche, de redressement, ou plus
exactement de renversement des valeurs ! Libérer le visage de
l'Allemagne
du masque d'emprunt de la servilité orientale, lui rendre son cœur
libre de jadis, la ramener à la fontaine lustrale de ses
origines.
Feder
salue l'avènement d'une foi nouvelle, d'une foi dans laquelle le
Germain trouvera enfin l'expression adéquate à son âme. Jusqu'ici,
il
a péniblement, avec
de douloureux et inefficaces
efforts, essayé d'adapter à
ses traits un moule
de dogmes étranger et déformant. Ne perdons pas l'espoir qu'un
jour, une religion lui sera donnée, tenant compte, de sa structure
morale spécifique.
Un
jour, le peuple d'Allemagne trouvera une forme nouvelle pour son
expérience de Dieu, ajustée aux exigences de son sang nordique.
Ce
jour-là, se substituera à la Trinité venue de l'Orient, la Trinité
allemande,
« la Trinité du Sang, de la Foi et de l'État ».
Ce
serait sans nul doute singulière simplification que d'imaginer tous
les nazis disposés
à suivre les théoriciens du mouvement jusqu'à ces conséquences
extrêmes dans le paganisme. L'on scandaliserait le plus grand nombre
d'entre eux
en les mettant en demeure d'effacer de leur front le signe du baptême
pour être dignes de la crois gammée. Chez
les chefs mêmes d'un
mouvement où tout est fermentation et confusion, il n'y a d'ailleurs
aucune unité de
vues. Et si nous venons d'entendre certaines
voix faire l'apologie du paganisme d' Arminius, beaucoup d'autres
prétendent rester fidèles
au christianisme.
« Nous inscrivons
dans notre programme une déclaration officielle de christianisme
positifs », c'est l'affirmation
solennelle
du parti raciste.
Comment,
dans la pratique, se comporte ce « christianisme positif »
(positive Christentum) ?
Il
prend avec les articles fondamentaux de la foi les plus audacieuses
liberté.
Et
d'abord, il commence.
par poser en principe le divorce obligatoire entre les deux parties
des Écritures. Les Évangiles
seront
— avec
des réserves — acceptés.
L'Ancien Testament rejeté en bloc
avec mépris.
Dans son
entier, ce
dernier
est infecté par le poison juif. On garde le Christ, on signifie à
Yahvé son congé. Vouloir les concilier, ne serait-ce pas prétendre
réconcilier deux irréductibles adversaires ? Car c'est ainsi que le
racisme voit le Dieu de l'Ancienne loi et celui de la Nouvelle. Tout
principe de continuité entre les deux parties de la Bible est
brutalement déchiré, et le non veni solvere sed adimplere
[je ne suis pas venu abolir
mais accomplir] écarté sans
plus de façon. En en intensifiant l'accent de haine, on reprend les
vieilles attaques de Marcion contre l'Ancien Testament. Le livre de
Harnack sur Marcion, considéré comme un précurseur et un
libérateur, fait partie de la bibliothèque de fond du parti. Le
Nouveau Testament, à son tour, n'échappe point au plus téméraire
travail de révision.
Pour être inoffensif aux yeux des racistes, il devra, lui aussi,
être purgé de toute trace de poison oriental et juif. Tout ce qui
pourra être considéré comme comportant une opposition avec
l'esprit aryen, seul canon sans appel, devra être impitoyablement
banni. Animés d'un zèle religieux d'épuration aryenne, les ciseaux
racistes taillent dans les Écritures avec la plus déconcertante
désinvolture. Ils en détachent, par exemple, sans hésitation les
épîtres de saint Paul, suspectes d'infiltration orientale et
considérées comme « une déformation juive du christianisme ». Et
dans les Évangiles eux-mêmes, que retient-on ? Tout ce dont on peut
faire un aliment pour la cause, tout ce dont on peut nourrir le culte
de la race. En première ligne, les malédictions portées contre «
la race de vipères ». Le raciste consent à reconnaître l'autorité
du Christ, quand il pense pouvoir s'en faire un allié, l'annexer par
une blasphématoire assimilation à ses haines de parti. Il salue en
Jésus le premier Hitlérien quand il écrit :
Le
Christ n'a-t-il pas brandi le fouet et parlé des Juifs comme des
fils du démon et de la race de vipères ? (Robert Ley).
Au vrai, l'Évangile du Christ, pour
trouver grâce devant l'évangile de la race, devra non seulement
être libéré de la gangue juive, mais encore vidé de tout contenu
dogmatique positif. Mutilé dans son caractère de prolongement et
d'achèvement de l'Ancienne Loi, réduit à l'état de pâle schème
moral sans valeur formelle d'obligation, le Christianisme ne survit
plus que comme illustration historique de l'idéalisme dans lequel
Jung voit le caractère profond de l'âme germanique.
On
nous trouvera devant soi comme non-chrétiens chaque fois que l'on
prétendra exiger de nous la reconnaissance d'une vérité une et
seule valable, arrêtée et durcie en formules dogmatiques précises.
Mais il est un second cas dans lequel nous devrons encore nous
déclarer non-chrétiens, c'est à savoir si l'on nous demande de
voir dans le Christianisme la continuation et l'achèvement d'un
esprit dans lequel Jésus lui-même a dénoncé le plus formel
adversaire de son esprit à lui. J'ai dit l'esprit juif. On nous a
élevés dans une conception des rapports du christianisme et du
judaïsme qui fait du premier la continuation et l'achèvement du
second. Dogme en grande partie responsable de la catastrophe dans
laquelle nous sommes aujourd'hui plongés (3)
.
Nous
ne serons pas surpris de voir le protestantisme libéral saluer un
allié dans un esprit affichant avec une pareille netteté son
hostilité résolue à tout concept dogmatique arrêté et son
appartenance à une religion réduite à un idéalisme moral sans
contours définis. Beaucoup de pasteurs, principalement dans la
partie de l'Allemagne la plus soumise à la contagion raciste, celle
qui se situe à l'est de l'Elbe (ligne-frontière plus essentielle
que celle du Mein au point de vue. politique et psychologique), ont
passé ouvertement dans les rangs de Hitler. Très ouvertement
d'ailleurs, le racisme tendait la main et concluait le pacte.
Le
nationalisme et l'esprit de la Confession d'Augsb[o]urg
ne font qu'un. Mener au vingtième siècle toute la bataille autour
de cette idée-là, voilà la tâche du national-socialisme (4)
.
L'alliance entre le racisme et le
protestantisme prenait corps pratiquement dans le projet d'une fusion
entre les deux confessions, catholique et protestante, sous l'égide
de l'esprit allemand. Dans l'unité maternelle de l'âme nationale,
catholicisme et protestantisme devaient réconcilier leurs points de
vue et devenir frères. Généreuses étreintes qui, d'ordinaire, ne
vont point sans concessions ! On va voir de quel côté sont ces
dernières dans la pensée raciste.
Quand
nous parlons d'une Église nationale allemande, nous la voyons
réalisée sous la forme d'une fusion (Verschmelzung)
des deux Églises qui, jusqu'à présent, se partagent le sol
allemand. Cette fusion devrait être l'œuvre de prêtres allemands.
Elle a pour condition l'arrachement au centralisme romain, à
l'esprit international et à
l'Ancien Testament, toutes choses spécifiquement juives (Diese
wesentlich jüdische Dinge).
Voilà qui est très net. Et d'ailleurs
(nous aurons à revenir là-dessus), la netteté, disons la crudité
des formules, est un mérite qu'on ne peut sans déloyauté contester
aux apôtres du racisme. Dès que l'on veut proscrire quelque chose
ou quelqu'un, une idée ou un adversaire, bien vite on épingle
dessus, comme marque d'infamie publique, l'estampille juive et voilà
la mise hors la loi définitive, qu'il s'agisse de Rome, d'Israël ou
de Locarno. Quelles expéditives méthodes de classement ! Et
comme devient facile le triage de l'univers !
C'est sur le plan scolaire que la fusion
rêvée entre les deux confessions religieuses doit, selon les
racistes, entrer le plus immédiatement dans la phase des
réalisations pratiques. Pour les théoriciens du
national-socialisme, l'école confessionnelle a fait son temps. Le
monopole de l'enseignement sera établi sous le contrôle de l'État
souverain, « la plus haute instance humaine ».
Oui !
Nous
combattons, nous autres nationaux-socialistes, l'école
confessionnelle. Nous sommes en même temps pour l'introduction de
l'école mixte. En matière scolaire, nous ne reconnaissons pas
l'autorité des évêques. Ce que nous voulons, c'est l'école
allemande (5).
Le
prêtre « allemand », l'école « allemande », la foi et la
métaphysique « allemandes » (deutschgläubige
Weltanschauungsverbände [les
associations idéologiques de religion allemande]),
la morale « allemande (das germanische
Sittlichkeit u[nd] Moralgefühl
[la moralité et le sentiment
moral germanique]) et enfin,
au sommet, le dieu « allemand » (wir glauben an den
deutschen Gott [nous
croyons au dieu allemand]), —
elle est éloquente cette
inlassable répétition de l'adjectif « allemand » ! C'est du
qualificatif national que toutes les valeurs humaines ou divines
reçoivent leur autorité. Le germanisme s'annexe tous les domaines
naturels et surnaturels. Il est l'investiture universelle en dehors
de laquelle rien ne vaut.
La sympathie du racisme pour le
protestantisme n'est pas seulement faite d'une adhésion commune à
un christianisme libéré de toute armature dogmatique et réduit à
un vague idéalisme moral. Elle repose sur quelque chose de beaucoup
plus concret un vigoureux anticatholicisme. Les haines communes sont
un solide ciment.
Le
national-socialisme juge l'Église catholique romaine d'une façon
sommaire et sans appel. Un simplisme énergique est, nous le savons,
la marque des positions du parti. L'Église
catholique romaine, en sa qualité d'Internationale noire (schwarze
Internationale
[Internationale noire]),
constitue un évident péril pour l'âme
allemande. Entre elle et le germanisme il y a inconciliabilité
de principe. Tout accommodement ne peut être acheté qu'au prix d'un
abandon des valeurs germaniques essentielles. Les concessions et les
glissements seront payés par une décomposition du mouvement
raciste.
Avec
une infatigable vigilance» le comte Reventlow,
gardien de la pure doctrine, met en garde dans sa feuille, der
Reichswart, contre des
faiblesses généreuses dont l'Hitlérisme aurait à se repentir.
Hitler
ne peut faire sa paix avec Rome qu'à la condition de laisser tomber
son programme en déliquescence ou de ne plus le prendre vraiment au
sérieux. (23 février 1925)
Une
paix avec Rome représente une rupture absolue, essentielle et
intolérable avec l'idée nationale-socialiste.
(17 janvier 1931)
Le
même organe a mené une vigoureuse campagne contre l'attitude
pastorale du cardinal Bertram dans la question du racisme. L'adresse
du cardinal de Breslau aux catholiques apparaît au comte Reventlow
comme un appel à la
guerre sainte, la « levée d'une croisade contre l'Église allemande
». De son côté, le Völkischer Beobachter,
l'organe officiel du parti, écrit :
Nous
refusons tout droit à l'existence à une doctrine qui prétend
substituer ce qu'elle dénomme universalité à la discipline
nationale et à la morale de la race. (29 novembre 1929)
Cet
anticatholicisme, déjà violent sur le plan doctrinal, devient
massif sur le plan des faits. La passion antiromaine (antirömischer
Affekt), si justement
dénoncée par Karl Schmitt comme l'une des tares profondes de
beaucoup d'esprits en Allemagne, prend les couleurs d'un
anticléricalisme virulent. Le Journal de l'Université de
Greifswald écrit, dans son
numéro d'avril 1930
à propos du mouvement de protestation catholique contre le
national-socialisme :
Le
cardinal Faulhaber dénonce le nationalisme comme l'hérésie du
vingtième siècle. Fort bien. De cette hérésie-là, c'est le
devoir absolu de nos jeunes, décidés à la lutte,de se faire les
servants.
L'Ordre
de Loyola, l'Ordre des soldats du Pape —
nous devions en bonne logique
nous y attendre — a
l'honneur d'être la bête noire des hitlériens. Dans un article
intitulé « Nous et les Jésuites », le comte Reventlow, déjà
nommé, écrit :
La
Compagnie de Jésus, par ses idées directrices comme par sa conduite
historique au cours des siècles, est l'ennemie mortelle de l'idée
allemande, de l'idée nationale.
Cependant, la haine anticatholique,
fouettée par les condamnations de l'Épiscopat, obligée de faire
front, de se défendre, corse son vocabulaire et prend des accents
véritablement rabiques :
Ces
vérités-là, il faudra les graver à coups
de marteau sur les crânes des tonsurés et aussi sur les crânes
rasés de ceux qui prétendent se donner comme penseurs (6).
On
voit que la feuille raciste est impartiale dans ses haines
distributives et n'est pas plus généreuse de faveurs envers le
clergé séculier qu'envers le régulier. « Crânes tonsurés » et
« crânes rasés » pour user de son langage concret et délicat
sont enveloppés dans le même verdict (7).
Le
vrai moyen de faire payer au clergé catholique l'intolérable audace
de son opposition au racisme, sera de le priver de subsides, de lui
couper les vivres. C'est au ventre qu'il faut frapper l'adversaire.
Donc, plus de soutien aux caisses catholiques. Aux condamnations de
l'ordinaire ecclésiastique, le racisme répond par l'arme qu'il
croit la plus sensible et la plus propre à réduire l'adversaire la
grève du porteimonnaie.
Plus
un pfennig pour les
œuvres de charité, les
œuvres de jeunesse, les
associations de jeunes filles, les syndicats d'apprentissage
catholiques (8).
II
n'est que temps de faire sentir aux curés à grosse bedaine la
pointe qui leur sera sensible d'une diminution de traitement. Toute
leur tâche se réduit à bêler comme des boucs du haut des chaires
(9).
L'anticléricalisme
nazi prend quelquefois des formes si hautes en couleur qu'il atteint
le meilleur comique. Dans une réunion publique tenue à Rheidt, près
Bonn, le 7 décembre 1930,
le chef de section raciste local, dans un juvénile mouvement
d'exaltation oratoire, n'hésite pas à affirmer qu'aucune autorité
catholique ne sera de taille à lui interdire le duel, et que le
premier curé catholique qui en aurait la prétention, il le
provoquera publiquement et le traînera de force sur le terrain, sans
égard à son caractère ecclésiastique. Aucun moyen d'intimidation
n'est négligé par le parti : lettres de menaces, barbouillages
nocturnes des demeures des prêtres les plus visés, au moyen de
gigantesques croix gammées qui, retrouvées au matin, seront saluées
comme une spirituelle mise au pilori.
Ce
n'est pas seulement au catholicisme romain que s'oppose la doctrine
hitlérienne, c'est du christianisme tout court que le sépare, par
un abîme, un de ses articles essentiels, le culte de la dureté. À
l'Évangile de l'amour, le racisme oppose l'évangile de la dureté.
Hitler l'a très nettement formulé au cours de sa conversation avec
Otto Strasser (21 mai 1930)
restée une date et un document
Ce
que nous visons, c'est une sélection basée sur la nouvelle couche
dominante, sur la classe des maîtres (Herrenschicht).
Cette nouvelle classe, inaccessible à la morale de la pitié
(Mitleidsmoral), saura
qu'elle tient de sa qualité même de race supérieure le droit de
commander, et que ce droit de domination sur les masses doit être
maintenu et assuré.
On
reconnaît sans peine le vocabulaire nietzschéen. En passant sur le
plan de l'action raciste, la doctrine de la « Morale des Maîtres »
subit une énergique vulgarisation. À
l'occasion, elle prendra des formes visuelles d'une grande simplicité
qui la rendent accessible aux foules. La division de la masse humaine
en deux classes les chefs, les conducteurs, les « nobles » d'un
côté, de l'autre le pecus [le
troupeau], la race des serfs
a trouvé naguère une curieuse illustration dans une affiche
placardée sur les murs de plusieurs grandes villes d'Allemagne par
les soins des hitlériens. Dans sa disposition matérielle, l'affiche
reproduisait la distribution même du monde selon la conception
raciste dans la partie du haut, le surhomme (Uebermensch)
Strasser, Hitler, von Epp, etc. ; dans la partie inférieure, le
sous-homme (Untermensch)
Stegerwald, Bernhard, Grzesinski, etc. Entre ces deux humanités, un
trait épais, irrévocable, définitif, excluant toute communication.
Nous venons d'entendre Hitler proclamer
son mépris pour la morale de la pitié. De la même conception
découlera logiquement son hostilité coupante à l'endroit des
œuvres de philanthropie vouées à l'amélioration du sort des
déshérités. Asiles, crèches, instituts de redressement
intellectuel et moral pour l'enfance déficiente lui apparaissent
comme autant de conservatoires de déchets. Il y voit un péril pour
la race. Une Allemagne forte ne peut, selon l'antique doctrine de
Sparte, être obtenue que par une impitoyable sélection. Il faut
tailler dans le vif. Le droit à la vie prend rang parmi les
larmoyantes et dangereuses absurdités inventées par les
humanitaires, les démocrates, les apôtres de la faiblesse. Le droit
à la mort, voilà le seul droit qui pourra être reconnu aux débiles
condamnés par la loi de la sélection.
Si,
sur un million d'enfants nés tous les ans, l'Allemagne consentait à
supprimer 700 000 ou 800 000 des plus faibles —
écrit carrément le journal
raciste Der niedersächsische Beobachter,
en 1929, n° 34 — le
résultat final serait une augmentation de forces.
Les mêmes principes guident Adolf Hitler
quand il s'élève contre les œuvres de missions étrangères. Au
lieu de coloniser et de christianiser au fond des savanes des
négrillons rebelles qui n'ont pas demandé les douteux bienfaits de
notre culture, et auxquels, en guise de cadeau, on apporte, en même
temps que de pieuses bénédictions, tous les germes de
dégénérescence biologique de nos vieux mondes, les prêtres
feraient bien mieux de s'occuper de forger à l'Allemagne des cœurs
racistes et des corps vigoureux.
Pendant
que nos peuples européens se désagrègent dans la pire lèpre
physique
et morale, nos dévots missionnaires ne pensent avoir rien de mieux à
faire que de
se rendre dans l'Afrique Centrale pour y fonder des missions de
noirs, en attendant que notre haute culture ait là-bas aussi porté
ses fruits, en faisant d'une race primitive, mais saine, une race de
bâtards et de pourris (eine faulige
Bastardenbrut).
Une
révision des valeurs, des canons
jusqu'ici respectés, s'impose. Les forces obscures du Sang devront
désormais être rétablies dans la
dignité qui leur revient de droit. Devant les affirmations de la
personne morale, si orgueilleuse de sa supériorité, ce sont les
puissances sourdes de l'inconscient qui, désormais, devront avoir le
pas comme seules vraiment génératrices. Le « moral »
devra s’effacer devant l’« élémentaire
» (das Elementare vor das
Moralische).
L'image
du Christ, apologie de la vertu rédemptrice de la douleur,
incarnation de la souffrance acceptée, est pour le peuple une leçon
de faiblesse. Elle devra désormais être soustraite au regard de la
foule. Plus de crucifix au-dessus des lits d'enfants, plus de
calvaires au carrefour des routes. Les prières se feront devant les
tombes des héros de la guerre, vrais autels d'un cœur
allemand. (Rosenberg, der Mythus des 20ten
Jahrhunderts [Le
mythe du 20e
siècle])
Cette
révision
des critères devra se faire avec un emportement joyeux dans la
démolition, une gaîté dionysiaque
d'iconoclastes. Détruire, c'est encore fonder, et on ne fonde que
dans la joie.
Nous
n'atteindrons notre but —
écrit Göbbels,
dans son tract, Die zweite Revolution —
qu'autant que nous aurons assez
de courage pour déchiqueter et faire voler en pièces, au milieu
d'éclats de rire, tout ce qui jusqu'ici nous a été sacré en fait
de tradition, d'éducation, d'amitié, d'amour
humain.
*
* *
Arrêtons-nous un instant. Nous avons
beaucoup cité mais peut-être ces abondantes citations n'ont-elles
pas été inutiles. Il était bon de laisser aux affirmations
racistes leur accent.
Notre
objet était de mettre sous les yeux du lecteur un certain nombre de
pièces à conviction. Il nous semble que des témoignages produits
(nous n'avons vraiment eu que l'embarras du choix) se déduit
d'elle-même l’inconciliabilité
radicale de la doctrine raciste avec la doctrine non seulement
catholique, mais chrétienne.
Cette
inconciliabilité doctrinale
ne se traduit pas, sur le plan des faits, par un divorce pratique.
Et c'est ici que commence l'énigme.
Tout, après ce que nous savons de la
mentalité raciste (nostalgie du paganisme, irrespect des Écritures,
culte de la dureté, anticléricalisme débridé), tout nous mettait
en droit, semble-t-il, d'attendre des catholiques allemands une
réaction unanime de réprobation.
Or,
ce n'est pas le spectacle en face duquel nous nous trouvons. Nous
assistons, tout au contraire, au paradoxe d'une fraction catholique
(la plus précieuse, la jeunesse, et, dans cette jeunesse, la part la
plus précieuse encore, l'élite intellectuelle) glissant
continûment, irrésistiblement vers l'Hitlérisme.
Et
c'est ce paradoxe qu'il faut tenter d'expliquer ou à tout le moins
de comprendre.
D'abord,
la constatation du fait. Aucun doute n'est permis, une cruelle et
régulière hémorragie vide les rangs de la jeunesse universitaire
catholique pour grossir ceux de la jeunesse hitlérienne. Ce sont
trop souvent les meilleurs éléments, les plus fiers, les plus
généreux, qui se détachent du noyau catholique et passent à
Hitler, nous allions écrire passent à l'ennemi. Les citations qui
précèdent justifient, hélas la première expression venue
spontanément sous la plume. J'ai cité ailleurs (11)
le témoignage mélancolique
d'un éminent éducateur religieux, me disant récemment à Berlin :«
Nous perdons nos meilleurs sujets. »
Quelles
raisons donner d'un phénomène déconcertant ?
D'abord,
l'habileté manœuvrière des dirigeants racistes. Thomas
Mennicken-Holley l'a décelée avec beaucoup de sagacité (12).
Les racistes, nous explique-t-il,
ont parfaitement vu que les convictions religieuses données au
collège et dans la famille étaient chez les jeunes catholiques trop
profondément ancrées pour être heurtées de front. Ils ont jugé
plus expédient de tourner le mur que de le renverser. Comment
?
D'abord,
au moyen d'une vague phraséologie religieuse, susceptible de donner
le change à des esprits encore peu formés. Le racisme a constamment
le mot Dieu à la bouche. Les champions de l'idée nationale sont les
« délégués de Dieu sur terre » (Gottgesandtheit,
göttliche Mission).
L'Aryen est le type humain choisi de Dieu.
Les
nationaux-socialistes sont les évangélistes du monde moderne. Ils
apportent la parole de vérité à un monde en décomposition. La
conscience d'une mission apostolique éclate naïvement dans la
gravité avec laquelle le mot « nous » est mis en tête de tant de
phrases. « Nous, des impies ? —
Nous sommes des apôtres et
souvent des martyrs quand les communistes déchargent sur nous leurs
revolvers. »
Se
rattachent à l'habileté tactique du parti les atténuations
sournoises que les théoriciens n'hésitent pas à faire subir aux
plus brutalement agressives de leurs déclarations. Une critique des
textes donne ici des renseignements intéressants. Nous voyons sur
pièce le travail des ciseaux. D'une édition à l'autre, la teneur
des déclarations officielles est modifiée, toujours dans le sens de
la prudence. Le mot d'ordre est évident ne pas cabrer les
consciences catholiques ombrageuses.
Mission
d'apostolat, avons-nous dit. Voilà de quoi tenter de jeunes cœurs
fiers et purs. Il s'agit de purger l'Allemagne des miasmes
pestilentiels qui l'asphyxient, du venin judéomarxiste en tête. «
La peste juive », « la peste du monde » (marxistische
jüdische Weltpest [peste
mondiale juive marxiste]
;
nous citerons textuellement les formules les plus usuelles), déferle
sur l'Allemagne dont elle énerve les énergies. La bête immonde a
d'innombrables visages : usure dans le commerce, vénalité au
Parlement, lubricité au cinéma et au théâtre, bolchevisme social
et artistique. Il faut appliquer le fouet sur le mufle obscène
partout où il se montre. Il faut arracher la presse au rédacteur
d'Israël, la scène à la régie hébraïque. Le judaïsme, c'est le
poison spécifique de l'Allemagne. Il contient un principe de
stérilité et de mort (schöpferisshe
Unfruchtbarkeit
[Stérilité créative]).
Plus de pornographie internationale, plus de
vaudevilles parisiens et pourris. Revenons aux vraies sources
allemandes, à [Ludwig]
Anzengruber,
[Ernst
von] Wildenbruch,
Eberhard
König,
au drame décrété « pompier » par les chapelles juives
d'avant-garde. Plutôt le vieux jeu que le pervers. Vive le Kitsch
(genre suranné et démodé) de nos grand'mères !
Nettoyons l'Allemagne de toutes les dégénérescences que veulent
nous imposer l'Asie et la mode : la musique invertébrée et
atonale, le mobilier esthète, l'architecture des toits plats de
certains quartiers de Francfort qui fait penser à des « villages
d'Orient » (orientalische
Dörfer).
Secouons les snobismes morbides et retrouvons notre sang.
Appel à
la pureté du Gemüt
[esprit,
âme, tempérament]
germanique primitif. Appel aussi à la virilité. L'internationale
juive corrompt l'Allemand et en même temps elle l'émascule. Elle
fait baiser à l'esclave ses chaînes. Opprimé par le Français qui
le tient à la gorge, l'Allemand doit retrouver la flamme des guerres
de libération, le cœur des Scharnhorst
[Gerhard
David Johann von],
des Gneisenau
[August
Neidhardt von],
du Turnvater
Jahn
[Friedrich
Ludwig Jahn, père de la gymnastique],
le goût voluptueux de la mort héroïque d'Hölderlin,
l'adolescent allemand. Il faut refaire à l'Allemand, anémié par
dix ans de corruption républicaine, une volonté. C'est l'absence de
volonté qui a été la cause de l'effondrement national. Le pays n'a
pas été vaincu militairement, mais moralement (nicht
Mangel an Waffen, sondern an Willen).
Point de volonté sans aguerrissement
physique. Il faut redonner à l'Allemagne des muscles, des corps
durs. Dans la hiérarchie des valeurs de l'éducation nationale, la
boxe passera officiellement avant la littérature et la philosophie.
Le modèle de
la
cité est Sparte, non Athènes. Les jeux de l'esprit sont
secondaires. L'esprit même est un luxe. Un pays vaut par son
dynamisme animal. L'action prime la parole, et c'est pour cela que
l'Hitlérien abhorrera le parlementarisme, le régime des bavards et
des lanterniers verbaux (wo
nur geschwatzt
u[nd]
gefackelt wird [où
il n’y a que bavardage et perte de temps])
et aussi le régime abstrait, vidé d'humanité directe, où les
listes électorales remplacent les silhouettes de chefs, où des
programmes en papier remplacent le sang. Du muscle au moral et au
physique (stählerne
Nerven
[nerfs
d’acier]).
L'Herrenmensch
[l’homme
seigneur] est
maître. Aucune pitié pour « les faibles et les impuissants »
(Nichtskönner
u[nd]
Schwächlinge).
Les larmes n'ont aucun droit.
Dans
un État aussi ferme, la femme ne doit pas s'attendre à un
traitement de faveur. Elle est étroitement reléguée dans son
double domaine propre : le ménage, la maternité. On ne lui
demande point un cerveau, mais des mains expertes aux besognes
domestiques et des flancs généreux capables de donner beaucoup de
mâles au parti national. Noble mission dont elle aurait mauvaise
grâce à se plaindre. Elle perd tout droit à la considération, se
raye elle-même de
l'humanité, si le malheur veut qu'elle soit stérile. Servante
soumise de l'alcôve et de la cuisine, elle n'a droit qu'à la
dignité ancillaire (die Frau muss wieder
Magd u[nd] Dienerin werden
[la femme doit redevenir une
domestique et une servante]).
À
l'homme l'appareil du guerrier dans la Cité : l'uniforme, la
culotte courte, les bottes, le képi, les buffleteries. Pour lui les
étendards, les cuivres et les
tambours. Une atmosphère martiale le précède, l'enveloppe, le
porte.
Prestiges
auxquels aucune jeunesse n'est sourde, pas plus la catholique que les
autres.
D'autres
facteurs puissants entrent dans la force de contagion dont dispose
l'Hitlérisme auprès des cœurs
jeunes. Hitler a tout de suite vu que les vrais leviers de commande
sur la jeunesse sont les valeurs de sensibilité et non les valeurs
d'intelligence. Toute son action est délibérément d'ordre
émotionnel. La logique dans le raisonnement, la valeur intrinsèque
de l'argumentation sont secondaires. Le résultat que doit viser
l'orateur de réunion publique (qui, bien plus que l'écrivain
ciselant des phrases devant sa table, est, par son contact immédiat,
physique avec la foule, l'agent de choix de pénétration de la
doctrine), ce n'est pas l'adhésion de l'esprit, c'est la colère qui
fait gonfler les
veines et serrer les
poings. La faculté raisonnante, l'intelligence
pure, « ce
qu'on appelle l'intelligence » (der sogenannte
Verstand :
l’expression
est dans son mépris sommaire révélatrice !) doit être
reléguée parmi les moyens d'action inférieurs. L'intelligence a la
clarté, elle ne possède pas la chaleur, et c'est d'échauffer qu'il
s'agit et non de convaincre.
À
cette action élective sur la sensibilité des masses, et
particulièrement des masses jeunes, doit être rattachée la
simplicité voulue des moyens de propagande. La propagande raciste
est surtout visuelle. C'est par l'œil, par le cinéma, par la
couleur, par la dimension des affiches qu'on atteint le peuple.
Hitler est un maître en propagande massive. Il s'est lui-même donné
le nom de « Trommler
» (l’homme au tambour, à la grosse caisse), et il a formulé
magistralement les articles cardinaux du catéchisme de l'action sur
les foules.
Premier
article. — Le
chef devra substituer à son optique d'homme cultivé l'optique de la
masse. Toute une rééducation de la vision, dans le sens de la
simplicité, est à la base de l'action efficace. « Voir avec les
yeux de la masse, c'est tout le secret de la propagande
fructueuse. »
Deuxième
article lié au premier. —
Ne pas trop demander au
public, et surtout ne pas lui demander d'effort cérébral. Vouloir
élever son public, c'est se résigner à perdre le contact avec lui.
C'est s'ajuster à sa bêtise qu'il faut. Les conseils de Hitler
ressemblent à ceux qu'un humoriste donnait au conférencier :
fixer l’œil
de l'auditeur du premier rang qui parait le plus pauvre
intellectuellement, le plus atone au point de vue de l'attention, et
puis s'en emparer, ne pas le lâcher, s'imposer à lui.
Toute
bonne propagande — enseigne
formellement le maître —
doit strictement régler son
niveau intellectuel sur la capacité d'absorption de l'élément le
plus borné de son public. Il suivra de là que plus large est la
masse à laquelle s'adresse l'orateur, plus le niveau de pensée
devra être bas.
Il
faut viser l'effet massif. Une propagande électorale doit être une
« avalanche » (Lawine).
À
la simplicité puissante de la propagande répond la simplicité des
solutions. Les réponses à toutes les difficultés politiques ou
sociales sont vigoureuses et sommaires. Définitives, ne laissant
place à aucun résidu d'inquiétude ou de doute, elles donnent aux
esprits jeunes dans lesquels elles se plantent comme des balles dans
une cible en bois tendre, une sorte de satisfaction physique.
La
forme du gouvernement ? : « Assez de parlementarisme »
(Schluss mit dem Parlamentarismus).
La
République est « un asile de débauchés, de bandits, de profiteurs
» (Freistatt von Prassern, Gaunern u[nd]
Schiebern).
La
France? : « Un abcès au flanc de l'Europe » (Pestbeule
am Leib Europas). On ne ménage
pas un abcès, on le vide au bistouri.
La
question sociale ? : « Assommons les usuriers. Supprimons
l'intérêt, cette mise en servage. Chassons les Juifs » (Schlagt
die Wucherer tot ! Brecht die Zinsknechtschaft !
Schmeisst die Juden raus !)
La
crise économique ? : « Nous voulons la liberté et du pain et
du travail pour tous » (Freiheit u[nd] Brot
! Arbeit für alle !)
Sur
chaque problème le disciple de Strasser et de Hitler colle une
étiquette toute prête, comme un emplâtre sur une plaie. Armé de
ce bagage décisif et léger, il va à la conquête du monde. Ces
formules-talismans lui ont donné la clé de l'univers.
*
*
*
«
Messianisme diffus (13),
patriotisme exalté, un certain degré le générosité (chez le
disciple sinon chez le maître), propreté morale et netteté de
regard, appel à la sensibilité et dédain
de l'intelligence, simplisme extrême : avons-nous réussi à
fixer quelques-unes des raisons qui devaient faire de l'Hitlérisme
un aimant pour la jeunesse ? La jeunesse catholique, elle aussi,
devait se trouver prise dans le champ magnétique.
Elle
n'a pas tout entière succombé. Nous devons le respect à ceux de
ses éléments qui se sont arrachés à l'aimantation, aux enfants
qui n'ont pas suivi la ronde du preneur de rats de Hameln (pour nous
servir de l'image frappante d'un éminent religieux, le R. P.
Muckermann).
Mais
beaucoup ont cédé. Ils ont cédé sans d'ailleurs pouvoir se
masquer le péril, sans pouvoir se dissimuler que l'évangile de
Hitler n'était pas l'Évangile du Christ et que, sur bien des
points, il en représentait la négation. Trop patentes étaient les
déviations, trop criants les blasphèmes, —
toutes les pages qui
précèdent l'ont montré —
pour qu'ils pussent tout à
fait s'aveugler. Mais ils ont essayé de faire taire en eux les voix
qui leur montraient le danger, en tentant de leur opposer les côtés
de noblesse du racisme, la lutte pour l'assainissement de la rue, la
campagne contre l'immoralité juive et socialiste. Ils ont cru à
l'avènement d'une grande vague de pureté. Ils ont cru à la Haine
sainte, oubliant que tôt ou tard toute haine sépare du Christ. À
l'école des racistes, ils ont perdu le respect de l'Église. Les
décombres ont été immenses.
L'inexpérience
de leur âge leur masquait les médiocres titres de leurs chefs.
Leurs théologiens et leurs moralistes étaient un pharmacien
(Strasser), des ingénieurs (Richard Jung, Gottfried Feder), un
architecte (Alfred Rosenberg),
un chimiste (Robert Ley), un peintre-décorateur (Adolf Hitler). Les
hommes qui les enflammaient pour les guerres de libération n'avaient
pas eux-mêmes été au feu : ni Frick, ni Reventlow, ni
Göbbels,
ni Rosenberg. Les chefs qui leur prêchaient le terrorisme des élites
(Terror der Elite) et
la doctrine du « poing de fer asséné sur la nuque » des
bourgeois récalcitrants (die eiserne
Faust ins Genick)
n'avaient pas été en danger.
Surtout,
surtout ils croyaient que l'alliance du Centre et du Socialisme,
l'alliance du rouge et du noir menait leur pays tout droit aux
abîmes.
La patience, la prudence et aussi la tolérance d'un Brüning,
pâles vertus pour des yeux de vingt ans ! Suivre les évêques,
c'était trahir l'Allemagne. Le dilemme entre le Pays et la Foi, le
piège des plus nobles. La partie était trop inégale. Entre la voix
des Pasteurs catholiques et les tambours de
Hitler; le choix, pour des cœurs
d'adolescents, dans un pays déchiré et souffrant, le choix était
fait d'avance. Encore une fois, saluons, dans les rang. de la
jeunesse catholique, la petite élite qui est restée ferme
sur ses positions. Autant que de sa lucidité, elle a donné là
mesure de la virilité de sa foi.
Notes
(1)
Programme du national-socialisme et fondements de sa doctrine,
par Gottfried Feder, 9e édition, 1930.
(2)
Völkischer Beobachter,
4-5 mai 1930.
(3)
Völkischer Beobachter,
23
juin 1923. Déclaration officielle de Georg Schott.
(4)
Sächsischer
Beobachter, à l'occasion du
quatre centième anniversaire de la Confession d'Augsb[o]urg.
(5)
Discours du délégué
national-socialiste Joseph Grohé, 14
déc[embre]
1930, Cologne.
(6)
(Völkischer
Beobachter, 12 juin 1930).
(7)
La violence du vocabulaire
raciste est bien connue. Nous ne résistons cependant pas à en
donner encore un échantillon choisi. En plein Landtag
badois, le député raciste Prof. Kraft (le nom est heureux !
[Kraft
veut dire « force »)
s'adresse à son collègue Leers : « Je vous donne le choix de
votre mort. Voulez-vous être fusillé ou pendu, ou préférez-vous
l'égorgement rituel dans toutes les formes mosaïque ? »
(8)
Der Führer, 15
octobre 1930.
(9)
Discours du raciste
Frielingsdorf dans une réunion publique du 8 novembre 1930,
à Spich, près Borin.
(10)
Hitler, Mein
Kampf.
(11) Revue des Deux Mondes, 1er
juillet 1932.
(12) Kölnische Volkszeitung, 31
août 1930.
(13) Vollzieher ewiger Gesetze
der göttlichen Weltordnung
[Exécuteur des lois éternelles de l'ordre mondial divin] (Ley)
Référence