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vendredi 30 novembre 2012

La titulature honorifique épiscopale


Depuis quelle époque et en vertu de quelle bulle, ou édit, les évêques français sont-ils qualifiés de Monseigneur ? La loi française leur reconnaît-elle cette qualification de nos jours ? Le titre de Monseigneur est-il donné aux évêques dans tous les pays catholiques ?

F. MÈGE. (col. 139)


Je ne sais en vertu de quelle loi ce titre fut donné aux évêques français ; mais voici ce que dit Duclos : « Avant l'anné 1635, non-seulement les évêques ne se monseigneurisaient pas, mais ils ne donnaient pas de Monseigneur aux cardinaux. (Collection de pièces rel. à l'Hist. de France, par Leber, t. VI, p. 49. )

P. CLAUER.


– Voici ce que je trouve, dans un ouvrage imprimé en 1693 sous le titre Des mots à mode et des nouvelles façons de parler, [3e édition, Claude Barbin, Paris, 1693, p. 149-153] par de Callières [François de].

– L'auteur, après avoir fait remarquer que la manie des titres a toujours été en augmentant jusqu'au moment où il parle, ajoute : 

« On ne s'est pas contenté des anciens, on en a créé de nouveaux ; l'Italie, fertile en ces sortes de productions, nous a donné l'Altesse, qui était inconnue en France il n'y a pas cent ans, les gens d’Église même, nonobstant la profession particulière qu ils sont obligés de faire de l'humilité chrétienne, si opposée à tous les vains titres du monde, s'en sont laissé éblouir ; les cardinaux, qui, après de faibles commencements fort connus dans l'histoire (ce fut par un décret du pape Urbain VIII, du 10 juin de l'année 1630), se voyent aujourd'hui si élevés, ont quitté, il n'y a pas soixante ans, les titres d'Illustrissimes et de Révérensissimes, pour prendre le titre pompeux d'Éminence ; leur ambition est montée jusqu'à se dire égaux aux rois et à prétendre la préséance partout sur les autres souverains ; et ils prennent le pas en Italie, dans leurs propres maisons, sur les princes dont ils sont nés les sujets. Cet amour des titres a passé, comme une maladie contagieuse, du clergé de Rome à celui des autres pays ; les évêques se traitent réciproquement de Monseigneur. Cela me fait souvenir qu'étant allé voir un évêque de mes amis, et ayant appris qu'il y avait d'autres évêques avec lui, je demandai ce qu'ils faisaient « Ils se monseigneurisent, » me répondit assez plaisamment un de leurs laquais. – Ils ne se contentent pas du titre de Monseigneur, ils trouvent très bon que leurs ecclésiastiques et tous ceux qui sont dans leur dépendance, y ajoutent le titre fastueux de Votre Grandeur et que ceux qui leur dédient des thèses leur donnent la qualité de Princes de l'Église, au lieu de celle de Pères, qui est la seule qu'ils doivent recevoir, s'ils veulent se conformer à l'exemple de leurs saints prédécesseurs ; il n'y a pas même jusqu'aux religieux, qui nonobstant les continuelles humiliations auxquelles leur règle et leur profession les obligent, ne se traitent entre eux de Votre Révérence. »

Il semblerait donc, d'après cette citation, que le titre de Monseigneur appliqué aux évêques date du XVIe siècle.

LE ROI.


– Les articles organiques du Concordat spécifient que les évêques n'ont droit à aucun titre. Ce n'est donc que par déférence qu'on continue à leur donner ceux de Monseigneur ou de Grandeur, auxquels ils n ont aucun droit légal. Voilà pour la France, j'ignore ce qu il en est dans les autres pays catholiques.

J. R. (col. 215-216)


« Les évêques statuèrent de se monseigneuriser, à l'exemple de Richelieu : Jamais aucun concile ne fut mieux observé, » dit le Diction. univ. de Boiste, (1847), au mot monseigneuriser.

(Guernesey.) S. M.


– C'est vers la fin du XVIIe siècle, comme on le peut voir dans Saint-Simon, que les évêques prirent, de leur propre autorité, le titre de Monseigneur. Jusque-là on les appelait Monsieur, en ajoutant le nom de la ville épiscopale : Monsieur de Meaux, Monsieur de Cambrai, étaient les qualifications que Bossuet et Fénelon ne trouvaient pas trop modestes pour eux (Mémoires de Saint-Simon, t. VII, 171, éd. Hachette) (1). Le concordat de 1802 ne reconnaît pas aux archevêques et évêques d'autre qualification que celle de Monsieur ou de Citoyen. Aucun acte officiel n'a modifié cette prescription qui, dans l'état actuel, est la seule légale. « Il sera libre aux archevêques et évêques d'ajouter à leur nom le titre de Citoyen ou celui de Monseigneur. Toutes autres qualifications sont interdites. » (Articles organiques, art. 12. )

(1) Voici le passage : « …Peu auparavant (il écrit ceci en 1709), dans une assemblée du clergé, les évêques, pour tâcher à se faire dire et écrire Monseigneur, prirent de se le dire et se l'écrire réciproquement les uns les autres. Ils ne réussirent à cela qu'avec le clergé et le séculier subalterne. Tout le monde se moqua fort d'eux, et on riait de ce qu'ils s'étaient monseigneurisés. Malgré cela ils ont tenu bon, et il n'y a point eu de délibération parmi eux sur aucune matière, sans exception, qui ait été plus invariablement exécutée. »

FRÉD. LOCK. (col. 279-280)


Référence

L'Intermédiaire des chercheurs et curieux, Maison de la Suisse Romande, Maison Cherbuliez, 2e année, Paris, 1865.


S'il est vrai que les évêques ne se soient donnée entre eux le titre de Monseigneur que vers la fin du règne de Louis XIII, comme le disent Duclos et de Caillères (et aussi [ Gilles André] De la Roque, Traité de la Noblesse [, Estienne Michallet, 1678, p. 311]), cela prouve qu'ils ont tardé bien longtemps à se donner à eux-mêmes le titre que tout le monde leur donnait depuis plusieurs siècles.

À la fin du XVIe siècle, D'Aubigné adressait sa Confession de Sancy « à Monseigneur l'évêque d'Évreux ; » Rabelais, dans ses lettres écrites d'Italie à l'évêque de Maillezais [Les lettres de François Rabelais escrites pendant son voyage d'Italie, nouvelle édition, François Foppens, Bruxelles, 1525, p. 1], appelait ce prélat Monseigneur ; le hérault d'armes de Bretagne, dans son récit officiel des funérailles de la reine Anne de Bretagne [Bretaigne, Récit des funérailles d'Anne de Bretagne, publié par L. Merlet et Max. de Gombert, Auguste Aubry, Paris, 1858, par ex. p. 50]donnait le titre de Monseigneur à tous les prélats qui ont pris part aux cérémonies funèbres ; Comynes adressait ses Mémoires [de Philippe de Commynes, publiée par Mlle Dupont, tome I, Jules Renouard et Cie, Paris, 1840, p. 1] à Monseigneur l'archevêque de Vienne. Enfin, l'état des officiers des quatre derniers ducs de Bourgogne, qui fait partie des Mémoires pour servir à l'histoire de France et de Bourgogne ([Julien-Michel Gandouin, Pierre-François Giffart], Paris, 1729, 2 vol. in-4°), constate que dès le XIVe siècle, le titre de Monseigneur était donné aux évêques et à quelques abbés.

B. SELSACH. (col. 329)


Référence

L'Intermédiaire des chercheurs et curieux, Maison de la Suisse Romande, Maison Cherbuliez, 4e année, année 1867-1868, Paris, 1868.


Voici une réponse qui m'est fournie par l'abbé de Marsy. Il publia en 1751 une traduction de l'italien, qu'il intitula en français : le Prince de Fra-Paolo, ou conseils politiques adressés à la Noblesse de Venise, par le père Paul Sarpi, de l'ordre des Servites, consulteur d'État et théologien de la République de Venise [, Berlin, 1751] . C'est, pour le dire en passant, un petit écrit fort remarquable et digne de l'historien du Concile de Trente, et je comprends que le père Le Courayer en ait dit : « qu'il il peut passer pour un chef-d'œuvre de politique. » Or, à la page 2, sur ce mot du texte : « Vos Excellences m'ordonnent. etc., » l'abbé de Marsy a mis cette note : « Les nobles de Venise ont usurpé ce titre, qui dans le fond n'appartient qu'aux ambassadeurs. Ils se le donnent réciproquement, et ils ont si bien qu'on ne peut guère le leur refuser, sans les offenser. C'est ainsi que nos prélats, à force de s'appeler Monseigneur les uns les autres, nous ont en6n amenés à leur donner ce titre. »

S. D. (col. 476-477)

L'Intermédiaire des chercheurs et curieux, Librairie de Joëln Cherbuliez, 5e année, année 1869, Paris, 1869.


Le titre Monseigneur. N'en abuse-t-on pas ? On ne l'accolait pas au nom du comte de Chambord. On disait simplement M. le comte de Chambord. Seulement dans son entourage, en parlant de lui, on le désignait ainsi : Monseigneur.

Aujourd'hui nous lisons toujours dans les feuilles royalistes : « Monseigneur le duc d'Orléans, Monseigneur le comte de Paris ». Je crois que dans ces circonstances cette qualification est contre l'ancien usage ; on employait ce titre en s'adressant directement à un prince, mais en parlant de lui on ne se servait que du mot monsieur ; M. le comte d'Artois, M. le duc de Berry. J'ai même sous les yeux un volume dédié a Louis XVIII (Les Bourbons, [ou précis historique sur les aïeux du roi, sur sa Majesté, et sur les princes et princesses du nom de Bourbon qui entourent son trône], Paris, Lepetit, 1815) où tous les membres de la famille royale sont le sujet de notices et où leurs noms ne sont pas même précédés du mot monsieur.

L'observation que je faisais tout à l'heure peut être aussi appliquée aux évêques. Jadis, en parlant d'eux, on ne leur donnait que du monsieur. On appelait Bossuet Monsieur de Condom, Monsieur de Meaux. Madame de Sévigné disait même d'une façon très peu révérencieuse : Monsieur de Rome. On peut lire dans les
Mémoires de madame [la comtesse] de Genlis, [sur le XVIIIe siècle et la révolution française, depuis 1756 jusqu'à nos jours, 2e édition, tome II, Ladvocat, Paris, 1825, p. 87], très au courant des usages : « À Sillery. je trouvai nombreuse compagnie... M. de la Roche-Aymon, archevêque de Reims... » 

Le Concordat n'accordait pas le titre Monseigneur aux évêques. Ils ne pouvaient prendre que le nom de citoyen ou de monsieur (art..XII des Articles organiques). Sous la Restauration, c'est cette dernière qualification qu'on employait en parlant d'un prélat. Les Conférences [Défense du christianisme ou Conférences sur la religion, tome I ; Le Clere et Cie, Paris, 1825] de l'évêque d'Hermopolis, premier aumônier du roi, imprimées en 1825, portent simplement comme nom d'auteur : M. D. Frayssinous. Mais si l'on adressait la parole à un évêque, on usait du titre de Monseigneur ; non les princes pourtant, qui ne se servaient que du nom de monsieur, comme M. le comte de Chambord dans une lettre célèbre. L'usage s'est modifié par les manières d'être d'un parti hostile tout ce qui tient à la religion, et il serait plus que discourtois, aujourd'hui, de ne pas donner en toute occasion le titre de Monseigneur aux évêques.

Quant à celui de Grandeur, à quelle époque a-t-il fait son apparition ?

Suivant
Littré il remonte à 1630, mais Littré ne cite aucune autorité à cet égard. Un livre assez amusant, Paris, Versailles et [les] Provinces, [au dix-huitième siècle, par M. Dugast de Bois-Saint-Just, 5e édition, tome I, Charles Gosselin, Paris, 1823, p. 239] offre le premier, sous une forme un peu gauloise, que Votre Grandeur était usitée au moment de la Révolution. Mgr de la Ferronnays, évêque de Bayonne, prêtre exemplaire du reste, avait émigré à Genève. « Son tailleur lui apporta une culotte, qu'il essaya devant lui, mais dans laquelle il ne pouvait entrer. – Mon cher, lui dit-il, tu vois bien qu'elle n'est pas faite à ma mesure. – C'est vrai, lui répondit le bon Suisse qui ne connaissait guère les finesses de la langue française, elle est un peu trop étroite pour le c... de Votre Grandeur. – Dis donc, mon ami, reprit l'évêque, pour la grandeur de mon c... Et, craignant de lui avoir fait de la peine par cette plaisanterie, il le paya comme s'il eût été content. »

POGGIARIDO (col. 738-739)

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Référence

L'Intermédiaire des chercheurs et curieux, XXIIIe année, nouvelle série, VIIe année 1890, Paris.


On sait qu'au XVIIe siècle, le titre de Monsieur, suivi du nom de l’évêché, était ordinairement donné aux membres de l'épiscopat. Bossuet fut d'abord Monsieur de Condom et ensuite Monsieur de Meaux. Fénelon fut Monsieur de Cambrai. Ce ne fut que plus tard que l'on donna aux évêques le titre de Monseigneur. Il semble que ce soit Balzac et Racan qui soient les pères de ce nouvel usage.

« Estant encore enfant, dit Balzac au R. P. dom André de Saint-Denis, j'avois grand commerce de lettres avec feu Monsieur Coeffeteau, évesque de Dardanie, nommé par le Roy à l'evesché de Marseille. Ce sçavant prélat se contenta toujours de
Monsieur dans nostre commerce. En ce mesme temps nous n'écrivions pas d'une autre sorte à Monsieur l'évesque de Luçon (Richelieu), qui fut depuis eslevé si haut au-dessus de toutes les qualitez et de tous les tiltres (...). Monsieur de Racan fust le premier qui me mist du scrupule dana l'esprit et qui me remonstra que la dignité d'évesque ne devoit point estre moins respectée par un vray chrestien que celle de duc et pair par un naturel François. Sa remonstrance me sembla fondée en raison, nous résolumes luy et moy de donner à t'advenir du Monseigneur à tous les evesques, sans excepter l'evesque de Bethleem, quoy qu'il logeat dans un trou de collège de Paris, quoy qu'il allest à pied par les rues, quoy qu'il fust luy mesme son aumosnier. (BALZAC, Discours à la suite du « Socrate chrétien », Paris, 1652, in-4, p. 210 ; et BALZAC, Œuvres, édit. Louis Moreau, t. I, I, p. 423, n. 2.)

On sait que les articles du Concordat proscrivirent le titre de Monseigneur.

« Il sera loisible aux archevêques et aux évêques, porte l'art. 12, d'ajouter à leur nom le titre de citoyen ou de monsieur. Toutes les autres qualifications sont interdites. »

Quelque Intermédiairiste ne pourrait- il pas nous indiquer si ce titre ne remontait pas plus haut ? 0n sait, en effet, qu'au moyen âge on avait l'habitude d'ajouter le titre de Monseigneur au nom des saints, et ainsi on dirait Monseigneur saint Nicolas, Monseigneur saint Godefroy.

ADOLPHE DÉMY. (col. 131)


D'après le signataire, M. Démy, il semblerait que Balzac, inspiré par Racan, serait le premier parrain de ce titre donné aux évêques. Je crois pouvoir démontrer qu'il y a, soit erreur, soit fausse conclusion.

Voici mes preuves.

Balzac est né en 1586 mort en 1655. Racan est né en 1589, mort en 1670. Or, à la naissance de Balzac, Malherbe était déjà un poète connu; et le fameux Du Perrier, dont la fille morte est restée immortalisée dans une des pièces de Malherbe que personne n'ignore, Du Perrier, un jour, lui soumet comme sien un sonnet qu'il vient de recevoir d'un grand personnage. Malherbe répond : « Bah c'est tout comme si c'était Monseigneur le grand-prieur de France qui l'eût fait. »

On n'ignore pas qu'un prieur était le supérieur d'un couvent, qu'ainsi un grand-prieur possédait (d'après le droit de régale) un grand nombre de couvents, au point de vue du revenu, quand il était laïque, ce qui était ici le cas le duc d'Angoulême était grand-prieur de France. S'il avait dit MONSEIGNEUR LE DUC, grand-prieur, – le titre s'appliquerait au prince; mais il dit : MONSEIGNEUR LE GRAND-PRIEUR, le titre s'applique à la dignité ecclésiastique.

On peut argumenter sur mon propre argument, mais on avouera qu'il est bon, parce qu'il prouve que le mot de
Monseigneur s'appliquait très bien à un mot d'Église, sans quoi Malherbe n'eût pas fait cette locution. Et s'il l'a faite, c'est donc lui qui a eu la première idée, non Racan ni Balzac.

Voilà donc Racan et Balzac détrônés ; il faut donc remonter à Malherbe.

Ce n'est pas tout : si Malherbe l'avait inventé, au lieu d'user des locutions en usage, il faudrait qu'on expliquât comment ce titre s'est vite
généralisé, rapidement. Des choses semblables ne s'improvisent pas, un beau matin, sur tout un vaste territoire, à l'égard de personnages haut placés, ce qui est le cas pour les évêques, surtout d'alors. Il fallait une ordonnance, un acte quelconque de l'autorité supérieure. Un auteur de génie inventera des expressions nouvelles, mais la langue officielle de tous ne saurait les admettre si vite, sans qu'il y en ait des traces dans les lois ou les actes officiels.

Je vais plus loin. La plupart des évêques étaient déjà nobles : leur donnait-on le titre de « Monseigneur » à cause de leur noblesse de famille, et non à cause de leur dignité épiscopale ? Il faudrait prouver qu'on refusait ce titre aux évêques non nobles, et que de ceux-ci seulement parle Balzac. Réduite à cette dimension, la question serait encore fort intéressante.

Mais j'y réponds en disant : même aux non-nobles, on donnait ce titre. Ainsi, voici sous mes yeux un livre fait par les ordres de « Monseigneur l'illustrissime et révérendissime Père en Dieu Claude Joly, évêque de..., puis d'Agen. » Né en 1610, curé de Paris et ami de Richelieu qu'il assista à sa mort, -– il mourut en 1678 après avoir été évêque longtemps. – Or, Claude Joly n'était pas noble, et on l'appelle « Monseigneur ». Son secrétaire signe après lui, comme aujourd'hui : par mandement de Monseigneur. » – Je trouverais ainsi de nombreux exemples. À l'époque où Joly fut fait évêque, quelle apparence que l'idée de Racan eût été universalisée, et fût devenue une réalité officielle ?

Qu'on ne m'objecte pas que Joly devenait noble par son titre de « comte d'Agen », car voici une autre liste où ces deux catégories d’évêques sont mêlées, et de la même date: Félix, évêque et comte de Châtons, – D. de Ligny, évêque de Meaux ; Gabriel, évêque d'Autun. – Étienne, évêque et prince de Grenoble – Jules, évêque de Tulle. – Je dirai même que ce Jules, évêque de Tulle, fut le successeur de Claude Joly à Agen ; et pourtant ce Jules Mascaron fut bien toujours « Monseigneur Mascaron », n'importe le titre de son siège.

Cette liste n'est qu'un extrait de celle des évêques qui examinèrent un traité de Bossuet, alors évêque de Condom, et précepteur du Dauphin. – En tête se trouve : « Approbation de Messeigneurs les archevêques et évêques. Le mot y est, et le traité y est dit : « composé par Messire J. B. Bossuet, évêque et seigneur de Condom. »

Le même ouvrage fait l'objet d'une lettre d'un cardinal de Rome, qui dit : « Havendo poi parlato con questi signori cardinali... J'en ai parlé avec Messeigneurs les cardinaux... » Puis, « Trovai il signor cardinale Brancaccio molto propenso a lodarne l'autore. J'ai trouvé surtout Monseigneur le cardinal Brancaccio très porté à en louer l'auteur... »

Le maître du Sacré Palais, qui donne l'approbation romaine, dit «  Il libro del signore di Condom... Le livre de Monseigneur de Condom. » Et ainsi de suite, d'autres textes semblables.

Mais ici je remarque que le traducteur de l'époque a mis : le livre de Monsieur de Condom. C'est dire que le langage français ne concordait pas toujours avec le langage de Rome en cette occasion ; mais c'est dire aussi que l'invention de Balzac ne pourrait se réduire qu'a avoir introduit en France, à titre général, un mot qui y était déjà employé, nous l'avons vu, qu'on avait tort de ne pas y employer assez, et qui était d'usage officiel en Italie.

Il faut donc en rabattre, et beaucoup, sur Balzac à ce sujet, puisqu'il a enfoncé une porte ouverte.

Bien plus, comment affirmer qu'on disait seulement Monsieur de Condom ou de Meaux, quand Rome disait : Monseigneur de Condom, et que déjà on avait dit Monseigneur Cl. Joly, Monseigneur Mascaron..., etc., etc. !

Quant à dire que les articles du concordat ont proscrit ce titre, c'est une erreur complète. Sur les 17 articles, pas un n'en parle.

Mais j'avoue que le 12e des articles organiques a été parfaitement cité. Cela me permet de relever ici une erreur très répandue, que l'ignorance ou l'esprit de secte entretient. On croit que les « articles organiques sont le « Concordat ». Ils le sont à peu près comme le factum d’Émile Henry était l'autre jour le réquisitoire du ministère public. Les délégués du Pape et de Bonaparte signèrent le Concordat le 15 juillet 1801. Bonaparte présenta aux Chambres et publia aussitôt en un seul volume, le 8 avril 1802, le Concordat et les Articles organiques.

Au reste, en défendant de donner aux évêques d'autres titres que ceux de citoyen ou de monsieur, le Premier Consul caressait secrètement te désir de se faire appeler sire et majesté ; et je ne comprends pas qu'on puisse dire indifféremment le citoyen évêque ou monsieur l'évêque, et qu'on ne puisse pas dire le citoyen préfet, le citoyen colonel.
Revenons à la question, en attendant d'entendre le prochain curé de la Madeleine dire au cardinal de Paris, le jour de son installation : « Monsieur le curé présente ses hommages au citoyen archevêque » ; car, en effet, il n'est rien dit pour les curés dans les articles organiques.

Oui, au moyen âge, on disait Monseigneur saint Jacques, Monseigneur saint Nicolas..., etc. Cela se comprend : la plupart des grands saints populaires furent des évêques ; de tous, et des vivant évêques comme des évêques canonisés, on disait Dominus, seigneur. Dans les grands monastères on a dit Domnus, d'où : Dom Guéranger, Dom Bosco (1).

J'ai dit plus haut qu'on disait aussi messire. Il est évident que le latin senior, italien signor, qui après tout veulent dire plus vieux et vénérable, sont traduits par seigneur, sieur, sire. Or, tandis que Monseigneur ne s'appliquait qu'aux évêques, canonisés ou vivants, – Monsieur, qui n'est qu'un diminutif, a donc pu s'appliquer au titre épiscopal: Monsieur de Meaux, pour Monseigneur Bossuet, évêque de Meaux ; mais jamais on n'a dit : Monsieur Bossuet, ni même Monsieur l'évêque tout court, mais le nom de la ville : Monsieur de Meaux, de Cambrai, etc., ou Monsieur, l'évêque de Meaux. On disait messire Bossuet, messire Claude Joly, comme je l'ai lu, et l'ai sous tes yeux (2).

Toutefois, ce mot : messire, s'appliquait à des personnages inférieurs, auxquels on ne pouvait donner du « Monseigneur ». Ainsi, on le disait d'un prieur de couvent, d'un curé titulaire ; et, dans certaines notices historiques que j'ai faites d'après d'anciens registres des siècles passés, j'ai eu à inscrire souvent : messire un tel, prieur, ou prieur-curé, ou curé, selon le cas.

Du temps de Bossuet, le clergé des paroisses disait toujours Monseigneur en parlant de son évêque. Je trouve dans les Annales de philosophie catholique, un bel article critique sur Bossuet, n° d'août et septembre 1893, p. 340 et suiv.

L'auteur cite le manuscrit d'un curé du diocèse de Meaux, qui nous a légué ses impressions et ses analyses sur les discours au clergé, les visites pastorales, etc., et qui dit toujours de Bossuet, son évêque : « Monseigneur nous a donne tels avis, – Monseigneur a ouvert le synode diocésain tel jour. », absolument comme nous dirions aujourd'hui dans le clergé français actuel. Et, remarquez-le, quelqu'envie de critiquer que puisse avoir ce prêtre, il ne dit jamais « Monseigneur » qu'avec le respect dû au titre. Si Balzac, à peine mort, eût été le parrain du cadeau d'un tel titre aux évêques, on trouverait une pointe de malice sur cette nouveauté, dans le curé qui trouve à redire aux actes de Bossuet, tout épiscopaux qu'ils soient. Que n'eût-il pas dit sur un titre de vanité !

« Monseigneur » n'est en définitive que le mot français de Dominus, qui a toujours été employa pour désigner les noms d'évêques. Donc, plus haut que Balzac, Racan et Malherbe, il faut chercher l'origine du « monseigneur » dans le moyen âge et dans les siècles antérieurs, dans le Dominus. Seulement, il faut séparer l'adjectif du nom : mon seigneur. Aujourd'hui encore cela se fait. Deux amis ou deux collègues se disent
mon cher seigneur.

(1) Mais on ne disait ainsi « Monseigneur » que des saints, anciens évêques. Des autres, on disait « Monsieur », comme je l'ai aussi sous les yeux dans un Bulletin archéologique : « Chapelle de Monsieur Saint Roch, de Monsieur Saint Jean, etc. »– Il peut y avoir eu mélange, mais tous les noms que j'ai examinés m'ont amené à la dite conclusion.

(2) Ici, je crois que le sujet de l'évêque disait : « Monseigneur », et on employait « Messire » surtout d'un évêque étranger auquel on n'appartenait pas. Ainsi, parisien, j'aurais dit « Monseigneur l'archevêque de Paris », et « Messire l'évêque de Versailles », avec cependant la possibilité de dire : « Monsieur de Versailles ». C'était affaire de goût et de politesse. Tous les textes étudiés me conduisent à cette conclusion.

L'ABBÉ PH. G. LABORIE. (col. 585-590)


Référence

L'Intermédiaire des chercheurs et curieux, 3e série, 3e année, volume XXIX, année 1894, premier semestre, Paris, 1894.


Maintenant lorsqu'il s'agit d'un évêque on dit : son Excellence Mgr... au lieu de Sa Grandeur Mgr X...

Pourquoi et depuis quand, exactement ??

M. (col. 916)


Le titre d'Excellence a été octroyé aux évêques par S. S. le pape Pie XI, pendant le cours de l'année 1931. Mussolini ayant étendu l'an dernier le titre d'Excellence à tous les préfets du royaume, le Vatican en a fait de même officiellement pour les évêques.
Chez nous, l 'appellation de « Votre grandeur » qui ne date cependant que du siècle dernier [XIXe siècle} a une dignité et une onction bien supérieures à cette d' « Excellence » qui s'applique aussi bien à de simples préfets de la Péninsule qu'aux Ministres des plus minuscules États. Pourquoi l'avoir changée ? Pour imiter l'Italie ? Les Anglais, plus traditionalistes ou plus indépendants ont refusé la nouvelle appellation et ils continuent à donner à leurs évêques du « His Grace et du « Lordship ».

Et ils ont joliment raison.

S.


C'est en vertu d'un décret de la S. C. de la Cérémoniale en date du 31 décembre 1930 que le titre d' « Excellence » est substitué à celui de « Grandeur ».

Voici l'essentiel de ce décret

«  Le titre d'« Excellence Révérendissime » réservé aux patriarches de l'Église Latine et Orientale, aux prélats dits : « di fiochetti », aux nonces et internonces apostoliques sera étendu aux archevêques et évêques soit résidentiels, soit seulement titulaires, ainsi qu'au maître de la Chambre Pontificale, aux prélats assistants au Trône, au Secrétaire des S. C. [Sacrées Congrégations] romaines, au Secrétaire du Tribunal Suprême de la Signature Apostolique, au Prélat doyen de la Sacrée Rote romaine et enfin au Substitut de la Secrétairie d'État. Nonobstant toutes dispositions contraires. »

[D E C R E T U M DE TITULO « EXCELLENTIAE REVERENDISSIMAE »

Ssmus D. N. Pius Papa X I , eo consilio ut dignitas eorum, qui cum inEcclesiæ gubernatione, tum in ipsa Pontificis Maximi Domo principes habent partes, maiore cotidie in honore sit, Purpuratorum Patrum percontatus sententiam, qui sacris cærimoniis regundis præpositi sunt, die 11 mensis Decembris huius anni, arcessito viro hac in pagina subsignato, qui Sacræ Congregationi Cærimoniarum est a secretis, decrevit :

Excellentiæ Reverendissimæ titulum, præter quam Patriarchis et Latinæ et Orientalis Ecclesiæ, præter quam Prælatis qui a flocculis vulgo appellantur, præter quam Nuntiis et Internuntiis Apostolicis, tribuendum quoque esse Archiepiscopis atque Episcopis sive residentialibus sive titularibus tantum, itemque Magistro Pontificii cubiculi, Prælatis qui assident vel sunt a secretis in Sacris Romanis Congregationibus, Secretario Supremi Tribunalis Signaturæ Apostolicæ, Prælato Decano Sacræ Romanæ Rotæ ac denique Substituto Secretariæ Status. Contrariis quibuslibet non obstantibus.

Datum Romæ, ex ædibus Sacræ Congregationis Cærimonialis, die 31 Decembris 1930.

Card. GRANITO PIGNATELLI DI BELMONTE, Ep. Ostiensis et Albanensis, Præfectus.
B. Nardone, Secretarius. Cf. A. A. S. n° 23, 1931, p. 22]


OLD BOOK. (col. 989-990)


Référence

L'Intermédiaire des chercheurs et curieux, 67e année, volume XCIV, Paris, 1931.


Le décret de la S. Congrégation du Cérémonial qui substitue, pour les évêques, le titre d'Excellence à celui de Grandeur, est du 31 décembre 1930.

Détail piquant relevé par M. Lanzac de Laborie. Le ministre Peyronnet, il y a 100 ans, [1832] estimant que le titre d'Excellence lui faisait trop peu d'honneur, exigeait qu'on lui dît : « Votre Grandeur ».

J. S.


Après s'être donné le titre de monseigneur (sous Louis XIV on disait simplement : monsieur l'évêque) le haut clergé a substitué, en ces derniers temps, l'appellation de son excellence à celle de sa grandeur. C'est une progression nouvelle dans les honneurs, grandeur est, en effet, indication de dimension ou, si l'on veut, d'élévation dans la hiérarchie. Excellence est une indication de qualité. Il y a une nuance.

A. D. X. (col. 37 et 38)


L' Action Française du 14 janvier 1932 reproduit dans sa Revue de la Presse un article de la Quinzaine religieuse de la Savoie d'où j'extrais le passage suivant :

« … chez nous, le titre de Monseigneur désignait à lui seul l'évêque du diocèse et..., quand on l'avait employé, il n'y avait plus à se tromper..., il s'agissait uniquement du chef du diocèse, il en était tout autrement au delà des Alpes.

Là, Monsignor équivaut à peu près à notre Monsieur et le moindre petit prélat de la cour romaine, le plus humble chanoine se croirait déshonoré de n'être pas qualifié de ce titre. Quand les prélatures romaines se vulgarisées dans nos diocèses français, les heureux dignitaires nouvellement promus n'ont pas estimé un des moindres avantages de leur rang le privilège d'être appelés comme l'évêque. de leur diocèse : Monseigneur.
Le titre de Monseigneur s'est vulgarisé en France comme en cour romaine. Il a fallu, à Rome surtout, distinguer les évêques et les fonctionnaires majeurs par un titre qui leur fut réservé. La cour romaine a jugé que ce serait celui d'Excellence, Eccelenza en italien.
Excellence remplace donc Monseigneur qui n'est plus digne d'un évêque et qui ne convient qu'aux prélats de moindre importance.
En s'adressant à l'évêque on doit lui dire : Excellence, au lieu de Monseigneur...
Dans cette évolution des titres, que devient celui de Sa Grandeur, qui était en usage chez nous et qui était tellement la marque de l'évêque français que le latin ne parvenait pas à le traduire, sinon par l'inélégant Amplitudo ?
Ceux qui ne savent pas le pourquoi des choses ont pu croire que le titre de Sa Grandeur avait été aboli par la décision romaine et remplacé avec avantage par Son Excellence. Cette dernière appellation remplace celle de Monseigneur, mais ne touche en rien à Sa Grandeur, sinon qu'elle s'y ajoute comme une variante dans le langage français.
Sa Grandeur doit rester dans les usages de notre pays parce qu'elle a l'avantage d'être exclusivement ecclésiastique. Son Excellence convient aussi à des personnages laïques quelquefois même très laïques. Ce titre risque de confondre l'évêque avec des ambassadeurs étrangers et des ministres ou des secrétaires d’États étrangers. Quand on annoncera Sa Grandeur, on sera sur de voir apparaître la Croix qui est le signe de sa suprême élévation. Le titre du cardinal est Éminence ».

V. DALFRINLOUP. (col. 77-78)


Référence

L'Intermédiaire des chercheurs et curieux, 68e année, volume XCV, Paris, 1932.

mercredi 28 novembre 2012

Le titre d'abbé, 1879



S'il faut en croire les chroniques, on voyait, au XVIIIe siècle, beaucoup de jeunes gens sans position prendre le costume et le titre d'Abbé, pour avoir leurs entrées dans le monde.

L'abbé Delille dans le salon de Madame Geoffrin.
Est-ce que, alors comme aujourd'hui, le port d'un vêtement ecclésiastique n'était interdit à quiconque n'avait pas été admis dans les ordres ? Pourquoi donnait-on le nom d'Abbé à des laïques, comme Jacques Delille, par exemple ?

M. FRABAL. (col. 547)


 



Aujourd'hui même le port du vêtement ecclésiastique n'est pas interdit à quiconque n'est point admis dans les ordres. Il y a des ecclésiastiques qui ne sont que simples tonsurés. 

– Mais, avant la Révolution de 1789, il y avait un grand nombre d'abbés qui n'avaient d'ecclésiastique que l'extérieur. On les rencontrait partout, voire même à la comédie, au bal. Un petit chapeau à cornes, un habit noir, brun ou violet, les cheveux coupés en rond : tel était leur costume. C'étaient le plus souvent des cadets de famille. nobles et pauvres, quelquefois aussi de riches roturiers, aspirant les uns et les autres à devenir abbés commendataires.

(Rennes.) P. c. c. : Le Roseau.

– Ce titre a toujours été donné à ceux qui, tout en se destinant à la prêtrise, n'ont reçu que les ordres mineurs. À raison de leur costume, qui n'était pas tout à fait celui des prêtres, on les appelait petits collets. De nos jours encore, j'ai vu porter souvent la soutane et le rabat à des jeunes gens qui, au sortir du séminaire, étudiaient pour entrer dans le ministère ; on les appelait abbés, ce qui n'a pas empêché quelques-uns d'entre eux de se marier, comme le poète Jacques Delille.

E.G.P. (col. 599)


Il y a encore aujourd'hui une foule de séminaristes ou de clercs, qui n'ont reçu que les ordres mineurs, comme M. Renan, et qui ne sont pas prêtres, mais qui portent la soutane et qu'on appelle abbés, par politesse. (…).

BALFRA.

– « C'est la Commende qui a introduit l'usage d'appeler un ecclésiastique « M. l'abbé » parce qu'autrefois, il y avait beaucoup d’ecclésiastiques pourvus de ce titre, et d'autres qui se l'attribuaient, sans l'avoir et auxquels on le supposait par politesse » (Abbé D. Matthieu, l'Ancien régime dans la province de Lorraine et Barrois, Hachette, Paris, 1879, p.77, note 2).

Le poète Delille était abbé commendataire de l'abbaye Saint-Séverin (Poitiers). Ce bénéfice lui rapportait annuellement 3500 livres. J'ai déjà cité, dans l'Intermédiaire, son arrivée en France avec sa femme ; il était diacre ou sous-diacre, et il dut avoir une dispense pour épouser sa très peu intéressante moitié. Il n'était donc pas laïque. Il suffisait, du reste, d'être tonsuré pour avoir un bénéfice. Le chevalier de Boufflers conserva ainsi ses abbayes de Longeville et de Belchamp, en entrant dans l'ordre de Malte. L'abbé Maury était abbé commendataire de l'abbaye de la Frenade (Saintes) ; l'abbé de Malvoisin possédait l'abbaye de Saint-Sauve (Amiens) ; un abbé de Sade avait celle d'Issoudun (Bourges), etc. Mais ces derniers étaient prêtres séculiers.

A. B. (col. 653)


– « Quand il y avait beaucoup d'enfants dans une famille noble, on en destinait un à l'Église : il commençait par obtenir les bénéfices simples, qui fournissaient aux frais de son éducation ; et dans la suite, il devenait prince, abbé commendataire ou évêque, selon qu'il avait plus ou moins de dispositions à l'apostolat.
C'était là le type légitime des abbés ; mais il y en avait de faux ; et beaucoup de jeunes gens qui avaient quelque aisance, et qui ne se souciaient pas de courir les chances de la chevalerie, se donnaient le titre d'abbé en venant à Paris.
Rien n'était plus commode avec une légère altération dans la toilette, on se donnait tout à coup l'apparence d'un bénéficiaire on se plaçait au niveau de tout le monde; on était fêté, caressé, couru ; car il n'y avait pas de maison qui n'eût son abbé.
Les abbés étaient petits, trapus, rondelets, bien mis, câlins, complaisants, curieux, gourmands, alertes, insinuants ; ceux qui restent ont tourné à la graisse ; ils se sont faits dévots.
Il n'y avait pas de sort plus heureux que celui d'un riche prieur ou d'un abbé commendataire ils avaient de la considération, de l'argent, point de supérieurs et rien à faire. (Brillat-Savarin, Physiologie du goût, variété 20, Flammarion, Paris, 1879, p. 277-278). »

G. G. (col. 755)

Référence

L'Intermédiaire des chercheurs et curieux, G. Fischbacher, Paris, 1879, 12e année.