Rechercher dans ce blogue

Affichage des articles dont le libellé est Philosophie morale. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Philosophie morale. Afficher tous les articles

vendredi 3 décembre 2021

Nationalisme « exagéré » et racisme : l'inquiétude et la condamnation du Pape Pie XI en 1938

  

Pie XI en 1922. Par Nicola Perscheid.

 

Pie XI, Discours adressé aux religieuses membres du Chapitre général des Sœurs de Notre Dame du Cénacle, audience du 15 juillet 1938.

 

(…) Une troisième chose que Nous croyons avoir vraiment vue par l’aide surnaturelle du bon Dieu, et qui peut être de quelque avantage spirituel pour vous, pour le bien général de votre Société, pour tous. Vous allez avoir les prémices d’un inédit papal, Nous le proposons à votre considération. Nous voulons dire, chères filles, la grande question qui agite le monde actuellement sous le nom de nationalisme exagéré en tant de manières, le nationalisme mal entendu que nous avons déjà eu la pénible occasion de dénoncer comme erroné et dangereux, le racisme servant de base, prétendant servir de base scientifique. Il y a quelques années [le 6 décembre 1929], Nous avons convoqué tous les Procureurs généraux des Ordres et Congrégations missionnaires résidant à Rome, pour leur dire entre autres choses : « Avertissez vos Supérieurs généraux respectifs et dites-leur, au nom du Pape, de se parer de cette malédiction – le mot est fort, mais Nous l’avons dit, – de cette malédiction qu’est le nationalisme exagéré, produisant la stérilité apostolique, dont les preuves remplissent la table du Vicaire de Jésus-Christ, du Christ qui disait à ses apôtres : Euntes docete omnes gentes. Allez prêcher à toutes les nations. »

Voilà un argument sur lequel la Providence pendant ces derniers jours – ou plutôt ces dernières nuits, – car elles sont rares les nuits où Nous pouvons trouver le sommeil, mais quand Nous ne dormons pas, Nous pouvons quand même Nous reposer assez pour le travail de la journée, – pendant ces dernières nuits, donc, voilà ce que Dieu Nous a présenté, comme si Nous lisions sur un tableau devant Nous : que ce nationalisme exagéré empêche le salut des âmes, soulève des barrières entre peuple et peuple ; il est contraire non seulement à la loi de Dieu, mais à la foi même ; c’est une contradiction avec le Credo, ce Credo qui se chante dans toutes les cathédrales du monde, comme par exemple la cathédrale restaurée de Reims ; ce Credo qui se confesse dans toutes les Messes qui se célèbrent sur tous les autels du monde ; ce Credo que les foules chrétiennes chantent avec un si émouvant enthousiasme, comme Nous l’avons entendu à Lourdes ; le magnifique Credo de tous les Congrès eucharistiques où il accompagne le triomphe du Roi des rois. Le nationalisme est en contradiction avec ce Credo. Comment ne pas se rappeler ce Credo si clair qui contient les premiers mots sortis de la bouche du Collège apostolique, les premières formules de l’enseignement évangélique, promulgué par les paroles de Jésus : docete omnes gentes ? Et que disons-Nous ? Credo unam, sanctam, catholicam Ecclesiam. Catholique, c’est-à-dire universelle ; il n’y a pas d’autre traduction possible, soit en français, soit en italien ou dans n’importe quelle langue moderne : Église catholique voudra toujours dire Église universelle.

Nous voici donc devant un contraste évident, quelque chose d’irréconciliable : le contraste entre le nationalisme exagéré et la doctrine catholique, l’esprit de ce nationalisme est contraire à l’esprit du Credo, contraire à la foi.

(…)

On m’a rapporté aujourd’hui même quelque chose de bien grave : il s’agit d’une nouvelle forme de vraie apostasie ; ce n’est plus seulement une vérité ou l’autre qui est attaquée, c’est l’esprit de la foi, c’est tout l’esprit de la doctrine qui est contraire à la foi du Christ. Credo sanctam catholicam Ecclesiam. Dire ainsi, c’est dire tout ce que le bon Dieu a fait pour le salut du monde, pour glorifier l’humanité ; tout cela signifie la rédemption et la sanctification du monde, tandis que l’autre doctrine signifie tout le contraire. (…)

Source : http://www.liberius.net/livres/Actes_de_S._S._Pie_XI_(tome_18)_000001031.pdf#page=15


Pie XI, Discours adressé aux élèves du Collège pontifical urbain de la Propagande, audience particulière du 28 juillet 1938. Traduit du texte italien publié par l’Osservatore Romano du 30 juillet 1938.

 

(…) Cette présence [des élèves de la « Propagande »] lui était en vérité particulièrement chère, en ces jours où l’on parle tant, trop, beaucoup trop de racisme, de nationalisme, dans un sens séparatiste. Leur visite se produisait précisément le jour où le Pape avait reçu une nouvelle communication à ce sujet. (…) [A]ujourd’hui, selon l’information parvenue au Saint-Père, il y a eu quelqu’un – et il faut le considérer comme doué d’une excellente intention et comme disant au fond la vérité, – quelqu’un qui a noté que catholique veut dire universel, non raciste, non nationaliste, au sens séparatiste de ces deux attributs. (…) [L’]action catholique est la vie catholique. La vie catholique signifie une activité faite de charité, de vertu, de la loi de Dieu qui remplit une telle vie, laquelle est pour ce motif vie de Dieu. Il n’y a pas d’autre manière de penser catholiquement, et ce n’est pas une pensée raciste, nationaliste, séparatiste, au sens qui est exprimé assez clairement dans le dernier de ces mots.

On oublie que le genre humain, tout le genre humain, est une seule, grande, universelle race humaine.

L’expression genre humain révèle précisément la race humaine, bien que certains écrivains pensent que cette dernière expression soit peu sympathique. Le Saint-Père rappelle qu’il a entendu lui-même un vieux savant – lequel connaissait bien les universaux – qui, à l’expression race humaine – le mot race lui semblant à la vérité plus approprié pour désigner les animaux, – préférait les termes de genre humain.

Il ne faut cependant pas être trop exigeants. De même que l’on dit genre, on peut dire race ; et l’on doit dire que les hommes sont avant tout un grand et seul genre, une grande et seule famille d’êtres vivants, engendrés et générateurs. Ainsi le genre humain est une seule race, universelle, « catholique ».

On ne peut toutefois nier que dans cette race universelle il y ait place pour les races spéciales, comme pour tant de variations diverses, comme pour beaucoup de nationalités qui sont encore plus spécialisées. Et de même que dans les vastes compositions musicales il y a de grandes variations dans lesquelles, toutefois, l’on voit le même motif général qui les inspire revenir souvent, mais avec des tonalités, des intonations, des expressions diverses, de même dans le genre humain, il existe une seule grande race humaine universelle, catholique, une seule grande et universelle famille humaine et, avec elle, en elle, des variations diverses.

On peut donc se demander comment il se fait que, malheureusement, l’Italie ait eu besoin d’aller imiter l’Allemagne. (…)

Que fait l’Église, le Saint-Siège ? Que fait le Pape à la « Propagande », c’est-à-dire là où se trouvent des élèves de trente-sept nations ? Cela est très visible : ils sont tous fils de la même mère, de la même famille ; tous chers et élevés à la table commune de la même vérité et des biens identiques. « Propagande » est la vraie, juste et saine pratique d’un racisme répondant à la dignité et à la réalité humaine ; car la réalité humaine, c’est d’être des hommes et non des bêtes sauvages, des existences quelconques ; la dignité humaine, c’est d’être une seule et grande famille, le genre humain, la race humaine. C’est ainsi que l’Église montre qu’elle pense, comprend, sent et traite les choses. La présence de ces chers jeunes gens, comme le Collège lui-même, avait aussi cette signification magnifique, opportune, au moment, à l’heure qui passe, dans les discussions qui agitent plus ou moins consciemment le monde. Voilà la réponse de l’Église ; voici ce qu’est pour l’Église le vrai racisme, le racisme proprement dit, le racisme sain, digne de chacun des hommes dans leur grande collectivité. Tous de même, tous faisant l’objet de la même affection maternelle, tous appelés à la même lumière de vérité, de bien, de charité chrétienne ; appelés à être tous dans leur propre pays, dans les nationalités particulières de chacun, dans la race particulière, les propagateurs de cette idée si grande et si magnifiquement maternelle, humaine, avant même d’être chrétienne.

Les chers élèves ne s’attendaient peut-être pas à être entraînés dans un ordre d’idées quelque peu indiscret, car en vérité on entend désormais un peu partout ces mots, même là où il n’y aurait aucune raison de les trouver et où l’on devrait encore moins en tirer un motif, un prétexte injuste, pour offenser l’Église catholique dans ce qu’elle a de plus sacré et de plus cher : la vie catholique, la vie des âmes.

Tout est là. Notre-Seigneur est venu au monde, a souffert, est mort sur la croix pour cette vie, afin que vitam habemus et abundantius : cette vie catholique dont seule l’Église connaît le secret et possède les moyens et les instruments dans les sacrements, et avant tout dans la prédication, dans cette mission qui s’est commencée avec la parole divine de l’Envoyé du Père : «  Ecce ego mitto vos… euntes docete omnes gentes. Voici que je vous envoie…, allez donc, enseignez toutes les nations. » Omnes : toutes, non avec des compartiments étanches, insurmontables et incommunicables entre eux. (...)

Source : http://www.liberius.net/livres/Actes_de_S._S._Pie_XI_(tome_18)_000001031.pdf#page=23

mercredi 27 janvier 2021

L’épreuve d’Adam et Ève, l’obéissance, la morale et la gloire

 

Le texte suivant est la retranscription d'une instruction du P. Marie-Dominique Molinié. Il présente donc un style oral très marqué...

 

 

P. Marie Dominique Molinié

 

L’épreuve de nos premiers parents, c’était celle du feu. Et le péché de nos premiers parents, en termes très simples, c’est d’avoir voulu s’emparer de la gloire au lieu d’avoir accepté que la gloire s’empare d’eux, c’est tout. Voyez… ?

Et alors, le troisième péché que je dénonce maintenant mais qui n’est pas celui de nos premiers parents et qui ne pouvait pas être celui de nos premiers parents — parce que ça ne peut pas être le premier —, c’est [ni de refuser de s’emparer de la gloire, comme si on disait] : « oh non, moi, je suis très modeste, je n’en demande pas tant », ni [de refuser] que la gloire s’empare de nous [comme si on disait] : « [j’aime mieux rester] bien tranquille dans mon coin ». Alors ça c’est un péché [qui ferait dire à Dieu] : « si vous étiez chaud ou froid, quoi, enfin, ah ! je vous en sortirai !!! ».

Alors nos premiers parents, non c’était pas ça. Ils ne pouvaient pas. Justement parce qu’ils étaient beaucoup trop profonds, parce qu’ils étaient trop parfaits, parce qu’ils étaient innocents, parce qu’ils étaient purs, parce qu’ils étaient vibrants, parce qu’ils étaient transparents, hein !, parce qu’ils étaient en feu, en fièvre, ils ne pouvaient pas se permettre l’indifférence. Je crois pas.

Seulement le problème, c’est le suivant, hein ?! : « c’est toi qui mange ou c’est Moi qui mange, lequel de nous deux qui va manger l’autre », hein ?! On se regarde comme ça. Et on s’aime. Voyez, cela ressemble beaucoup à l’aventure de l’amour humain : mais « qui qui » va manger l’autre ? Qui va dévorer l’autre ? Qui va avoir raison de l’autre ? Qui va avoir et qui va être eu ? Qui va se laisser posséder et qui va posséder ? « C’est toi qui vas Me posséder ?  — par le moyen de la manducation du fruit interdit et qui va ainsi connaître, en effet, cet espèce de royauté qui appartient à celui qui décide par lui-même de ce qui doit être fait, de ce qui est bien et de ce qui est mal. C’est ça que tu veux connaître ? Ou bien : c’est Ma Vie que tu veux connaître ? Et alors si c’est Ma Vie que tu veux connaître, il faut pas prétendre connaître cette royale indépendance qui est la Mienne. »

Autrement dit, si vous voulez : bon, il y a deux manières d’être Dieu ; il y a deux aspects de Dieu dont l’un ne doit pas être désiré : c’est celui par où Il se distingue de la créature. Qu’est-ce que vous voulez que j’y fasse, moi ! C’est ce que j’appelle « la falaise ». C’est celui par lequel « Tu es tout et nous rien ». C’est ça la morale, en fin de compte. Vous savez, hein… Qu’est ce que c’est que la morale ? Dieu est tout et nous rien, voilà ! Quand vous aurez compris ça, vous serez dans « la morale » ! Et la morale sexuelle comme l’autre ! Et la morale de l’avortement comme l’autre ! Pourquoi ? Parce que, quelle est la grande difficulté de la morale sexuelle ? Quelle est la grande difficulté de tout ? Prenez-moi n’importe quel cas, le plus difficile que vous voudrez : quelle est la grande difficulté ?

Ben, c’est d’accepter qu’il y ait une loi ! Voilà ! Quelle qu’elle soit. Là, croyez-moi… ! La vraie difficulté, c’est d’accepter que, de temps en temps, notre volonté se heurte à un refus... de la part de Dieu. Voilà. Pour quelque raison que ce soit. Et de quelque manière que ce soit. Là est la difficulté.

Une fois que vous avez avalé ça, bon, ben alors, vous dites : « Bon, alors quel est le programme… ? »

Tandis que tant que vous contestez : « j’accepte le programme, j’accepte pas ce programme », ça veut dire : « j’accepte tout simplement d’obéir tant que ça ne me gène pas » ! C’est tout. Ou que : « ça me gène dans des limites que j’estime tolérables ». N’est-ce pas, hein ?! Non, la grande difficulté, c’est pas d’accepter telle ou telle loi morale, c’est d’accepter qu’il y ait une loi morale, mais vraiment « morale », c’est-à-dire qu’elle engendre un malheur infini et éternel… si elle est refusée. Et un bonheur infini et éternel si elle est acceptée.

Bon, alors, il y a un privilège de Dieu, c’est de détenir la science du bien et du mal moral. Ça, y faut pas y toucher parce que c’est justement accepter d’obéir. Et y toucher, c’est refuser d’obéir.

Et puis alors, il existe un privilège de Dieu que Dieu veut nous donner, c’est la gloire ! À condition de ne pas toucher à l’arbre de la science du bien et du mal, on entre en possession de l’arbre de Vie. « Laisse-toi manger, laisse-toi dévorer par le feu. » Voilà, en gros.

Seulement, dans la présentation que je vous propose, ces deux fruits se fondent en un seul parce que ce sont deux… j’ai pas le temps de dire quoi, voilà, bon… Ça veut dire que ce même fruit de la gloire, si justement tu t’en empares en ne touchant pas à l’arbre de la science du bien et du mal, il sera pour toi un fruit de vie. Et si tu t’en empares de toi-même, par ton industrie, par tes efforts, par ta conquête, de façon à ne pas être obligé de Me le demander, de le mendier, de l’attendre pendant vingt cinq siècles s’il le faut, pendant des ères géologiques s’il le faut, en te mettant à genoux, en rampant dans la poussière et en disant : « Comme Tu voudras, Ta volonté, pas la mienne ! », si justement, tu veux tricher avec ça…, alors ce même fruit va devenir de la gloire, cette invasion… tu vas toucher la gloire, bien sûr, oh oui ! Si tu fais ça, tu vas toucher la gloire, tu vas manger la gloire. Et tu vas en mourir… « Tu mourras de mort. » La gloire te fera mourir. « Mors est malis, vita bonis », comme l’Eucharistie qui est la prolongation de ce mystère. C’est une mort pour les mauvais, c’est-à-dire pour ceux qui n’acceptent pas d’obéir. La gloire est une mort pour ceux qui n’acceptent pas d’obéir. La gloire est une vie pour ceux qui acceptent d’obéir. Alors, on peut désobéir en s’emparant de la gloire à son gré. On peut désobéir en disant : « Je ne suis pas pressé... ». Enfin : on désobéit. Oui. Et la gloire est une vie pour ceux qui obéissent. Voilà !

Alors l’épreuve de nos premiers parents, ça a été ça : ils n’ont pas obéi. Il en est résulté un certain nombre de conséquences que nous essaierons de voir par la suite et... qui sont bien passionnantes à suivre parce que nous sommes qu’au début de cette affaire-là.

Mais voyez que la gloire est au cœur de ce mystère de nos premiers parents et que, inversement, quand je vous parlais de la gloire, il fallait que je vous parle pour que vous compreniez ce que c’est quand S. Paul dit : « La gloire est en nous », ça veut dire qu’elle nous est restituée par le Christ alors que nous [l’]avions perdue. Car c’est la première chose que Dieu dira à nos premiers parents au soir de la Chute : « eh bien, la gloire, vous l’aurez plus ! » « Vous l’aurez plus ! » « Pas avant Jésus-Christ. » « Vous aurez Mon intimité, Mon pardon, Ma miséricorde, mais la gloire, alors, c’est fini. C’est trop dangereux ! J’ai essayé, ça m’a pas réussi, hein… »


Référence

Père Marie-Dominique Molinié (o.p.), enregistrement audio « Réflexion sur la Genèse, partie 4, minutage : 29’14–35’35. Disponible en ligne sur <http://www.medvan.it/mp3/mol_refgen/RG01-04-ReflexionsurlaGenese.mp3>, consultée le 27 janvier 2021.

jeudi 17 décembre 2020

Le Pape François et la question de l’homosexualité : que dit-il vraiment ?

 

Sa Sainteté, le pape François

 

A) Points de départ doctrinaux : 

 1) Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Déclaration Persona humana, 29 décembre 1975

De nos jours, à l’encontre de l’enseignement constant du Magistère et du sens moral du peuple chrétien, quelques-uns en sont venus, en se fondant sur des observations d’ordre psychologique, à juger avec indulgence, voire même à excuser complètement, les relations homosexuelles chez certains sujets.

Ils font une distinction — et, semble-t-il, avec raison — entre les homosexuels dont la tendance provenant d’une éducation faussée, d’un manque d’évolution sexuelle normale, d’une habitude prise, de mauvais exemples ou d’autres causes analogues est transitoire ou du moins non incurable, et les homosexuels qui sont définitivement tels par une sorte d’instinct inné ou de constitution pathologique jugée incurable. Or, quant à cette seconde catégorie de sujets, certains concluent que leur tendance est à tel point naturelle qu’elle doit être considérée comme justifiant, pour eux, des relations homosexuelles dans une sincère communion de vie et d’amour analogue au mariage en tant qu’ils se sentent incapables de supporter une vie solitaire.

Certes, dans l’action pastorale, ces homosexuels doivent être accueillis avec compréhension et soutenus dans l’espoir de surmonter leurs difficultés personnelles et leur inadaptation sociale.

Leur culpabilité sera jugée avec prudence.

Mais nulle méthode pastorale ne peut être employée qui, parce que ces actes seraient estimés conformes à la condition de ces personnes, leur accorderait une justification morale.

Selon l’ordre moral objectif, les relations homosexuelles sont des actes dépourvus de leur règle essentielle et indispensable.

Elles sont condamnées dans la Sainte Écriture comme de graves dépravations et présentées même comme la triste conséquence d’un refus de Dieu (13).

Ce jugement de l’Écriture ne permet pas de conclure que tous ceux qui souffrent de cette anomalie en sont personnellement responsables, mais il atteste que les actes d’homosexualité sont intrinsèquement désordonnés et qu’ils ne peuvent en aucun cas recevoir quelque approbation.

(13) Romains 1, 24-27 : « Aussi Dieu les a-t-il livrés selon les convoitises de leur cœur à une impureté où ils avilissent eux-mêmes leurs propres corps : eux qui ont échangé la vérité de Dieu contre le mensonge, adoré et servi la créature de préférence au Créateur, qui est béni éternellement. Amen. Aussi Dieu les a-t-il livrés à des passions avilissantes : car leurs femmes ont échangé les rapports naturels pour des rapports contre nature : pareillement les hommes délaissant l’usage naturel de la femme, ont brûlé de désir les uns pour les autres, perpétrant l’infamie d’homme à homme et recevant en leurs personnes l’inévitable salaire de leurs égarements ». Voir aussi ce que dit S. Paul des « masculorum concubitores [ἀρσενοκοῖται, arseno-koitai] » en 1 Corinthiens 6, 9 ; 1 Timothée 1, 10.

Disponible en ligne sur <http://www.vatican.va/roman_curia/congregations/cfaith/documents/rc_con_cfaith_doc_19751229_persona-humana_fr.html>, consultée le 24 septembre 2020.

2) Catéchisme de l’Église catholique (1992)

2357. L’homosexualité désigne les relations entre des hommes ou des femmes qui éprouvent une attirance sexuelle, exclusive ou prédominante, envers des personnes du même sexe. Elle revêt des formes très variables à travers les siècles et les cultures.

Sa genèse psychique reste largement inexpliquée.

S’appuyant sur la Sainte Écriture, qui les présente comme des dépravations graves (cf. Gn 19, 1-29 ; Rm 1, 24-27 ; 1 Co 6, 10 ; 1 Tm 1, 10), la Tradition a toujours déclaré que « les actes d’homosexualité sont intrinsèquement désordonnés » (Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Déclaration Persona humana, n. 8).

- Ils sont contraires à la loi naturelle.

- Ils ferment l’acte sexuel au don de la vie.

- Ils ne procèdent pas d’une complémentarité affective et sexuelle véritable.

Ils ne sauraient recevoir d’approbation en aucun cas.

2358. Un nombre non négligeable d’hommes et de femmes présente des tendances homosexuelles foncières. Cette propension, objectivement désordonnée, constitue pour la plupart d’entre eux une épreuve.

Ils doivent être accueillis avec respect, compassion et délicatesse. On évitera à leur égard toute marque de discrimination injuste.

Ces personnes sont appelées à réaliser la volonté de Dieu dans leur vie, et si elles sont chrétiennes, à unir au sacrifice de la croix du Seigneur les difficultés qu’elles peuvent rencontrer du fait de leur condition.

2359 Les personnes homosexuelles sont appelées à la chasteté [cf. n. 2337 La chasteté signifie l’intégration réussie de la sexualité dans la personne et par là l’unité intérieure de l’homme dans son être corporel et spirituel. La sexualité, en laquelle s’exprime l’appartenance de l’homme au monde corporel et biologique, devient personnelle et vraiment humaine lorsqu’elle est intégrée dans la relation de personne à personne, dans le don mutuel entier et temporellement illimité, de l’homme et de la femme.]

Disponible en ligne sur <https://www.vatican.va/archive/FRA0013/__P80.HTM>, consultée le 24 septembre 2020.

B) Déclarations du Pape François

1) 28 juillet 2013

Conférence de presse durant le vol de retour du voyage apostolique à Rio de Janeiro (28e J.M.J).

Disponible en ligne sur <http://www.vatican.va/content/francesco/fr/speeches/2013/july/documents/papa-francesco_20130728_gmg-conferenza-stampa.html>, consultée le 24 septembre 2020.

 

Ilze Scamparini :

Je voudrais demander la permission de poser une question un peu délicate : Une autre image a fait un peu le tour du monde : celle de Mgr Ricca, ainsi que des informations sur sa vie privée. Je voudrais savoir, Sainteté, ce que vous comptez faire sur cette question ? Comment affronter cette question et comment Sa Sainteté entend-elle affronter la question du lobby gay ?

Pape François :

En ce qui concerne Mgr Ricca : j’ai fait ce que le Droit Canonique demande de faire : une investigatio previa. De cette investigatio, il n’y a rien de ce dont on l’accuse ; nous n’avons rien trouvé. Voilà la réponse. Mais je voudrais ajouter autre chose là-dessus : je vois que souvent dans l’Église, au-delà de ce cas et aussi dans ce cas, on va chercher les « péchés de jeunesse », par exemple, et on les publie. Pas les délits, eh ? Les délits c’est autre chose : l’abus sur mineurs est un délit. Non, les péchés. Mais si une personne, laïque ou prêtre ou sœur, a fait un péché, et ensuite s’est convertie, le Seigneur pardonne, et quand le Seigneur pardonne, le Seigneur oublie et cela est important pour notre vie. Quand nous allons nous confesser et que nous disons vraiment : « J’ai péché en ceci », le Seigneur oublie ; et nous, nous n’avons pas le droit de ne pas oublier, parce que nous courrons alors le risque que le Seigneur n’oublie pas nos péchés. C’est un danger. C’est important : une théologie du péché. Souvent je pense à saint Pierre : il a fait l’un des pires péchés, celui de renier le Christ ; et avec ce péché il a été fait Pape. Nous devons y penser beaucoup. Mais, revenant à votre question plus concrète : en ce cas j’ai fait l’investigatio previa et nous n’avons rien trouvé. Ça c’est la première demande.

Ensuite, vous parlez du lobby gay. Bah ! On écrit beaucoup sur le lobby gay. Je n’ai encore trouvé personne au Vatican qui me donne sa carte d’identité avec « gay ». On dit qu’il y en a. Je crois que lorsqu’on se trouve avec une telle personne on doit distinguer le fait d’être « gay », du fait de faire un lobby ; parce que les lobbies, tous ne sont pas bons. Celui-ci est mauvais.

Si une personne est gay et cherche le Seigneur, fait preuve de bonne volonté, qui suis-je pour la juger ? Le Catéchisme de l’Église catholique l’explique de manière très belle, mais il dit, attendez un peu comment il dit… il dit : « Nous ne devons pas mettre en marge ces personnes pour cela, elles doivent être intégrées dans la société ». Le problème n’est pas d’avoir cette tendance, non, nous devons être frères, car ceci est une chose, mais s’il y a autre chose, autre chose.

Le problème est de faire de cette tendance, un lobby : lobby des avares, lobby des politiciens, lobby des maçons, beaucoup de lobby. Voilà le problème le plus grave pour moi. Et je vous remercie beaucoup pour avoir fait cette demande. Merci beaucoup !

2) 19 août 2013

Entretien avec le P. Antonio Spadaro, s. j. Paru dans L'Osservatore Romano, ed. hebdomadaire française du 26/09/2013.

Disponible en ligne sur <http://www.vatican.va/content/francesco/fr/speeches/2013/september/documents/papa-francesco_20130921_intervista-spadaro.html>, consultée le 24 septembre 2020.

 

Nous devons annoncer l’Évangile sur chaque route, prêchant la bonne nouvelle du Règne et soignant, aussi par notre prédication, tous types de maladies et de blessures. À Buenos Aires j’ai reçu des lettres de personnes homosexuelles, qui sont des « blessés sociaux » parce qu’elles se ressentent depuis toujours condamnées par l’Église.

Mais ce n’est pas ce que veut l’Église.

Lors de mon vol de retour de Rio de Janeiro, j’ai dit que, si une personne homosexuelle est de bonne volonté et qu’elle est en recherche de Dieu, je ne suis personne pour la juger. Disant cela, j’ai dit ce que dit le Catéchisme [de l’Église catholique].

La religion a le droit d’exprimer son opinion au service des personnes mais Dieu dans la création nous a rendu libres : l’ingérence spirituelle dans la vie des personnes n’est pas possible.

Un jour quelqu’un m’a demandé d’une manière provocatrice si j’approuvais l’homosexualité. Je lui ai alors répondu avec une autre question : « Dis-moi : Dieu, quand il regarde une personne homosexuelle, en approuve-t-il l’existence avec affection ou la repousse-t-il en la condamnant ? ».

Il faut toujours considérer la personne. Nous entrons ici dans le mystère de l’homme.

Dans la vie de tous les jours, Dieu accompagne les personnes et nous devons les accompagner à partir de leur condition. Il faut accompagner avec miséricorde. Quand cela arrive, l’Esprit Saint inspire le prêtre afin qu’il dise la chose la plus juste.

(…)

Nous ne pouvons pas insister seulement sur les questions liées à l’avortement, au mariage homosexuel et à l’utilisation de méthodes contraceptives. Ce n’est pas possible. Je n’ai pas beaucoup parlé de ces choses, et on me l’a reproché. Mais lorsqu’on en parle, il faut le faire dans un contexte précis. La pensée de l’Église, nous la connaissons, et je suis fils de l’Église, mais il n’est pas nécessaire d’en parler en permanence. Les enseignements, tant dogmatiques que moraux, ne sont pas tous équivalents. Une pastorale missionnaire n’est pas obsédée par la transmission désarticulée d’une multitude de doctrines à imposer avec insistance. L’annonce de type missionnaire se concentre sur l’essentiel, sur le nécessaire, qui est aussi ce qui passionne et attire le plus, ce qui rend le cœur tout brûlant, comme l’eurent les disciples d’Emmaüs. Nous devons donc trouver un nouvel équilibre, autrement l’édifice moral de l’Église risque lui aussi de s’écrouler comme un château de cartes, de perdre la fraîcheur et le parfum de l’Évangile. L’annonce évangélique doit être plus simple, profonde, irradiante. C’est à partir de cette annonce que viennent ensuite les conséquences morales.

3) 19 mars 2016

Exhortation apostolique post-synodale Amoris lætitia.

Disponible en ligne sur <http://www.vatican.va/content/francesco/fr/apost_exhortations/documents/papa-francesco_esortazione-ap_20190325_christus-vivit.html<, consultée le 24 septembre 2020.

250. L’Église fait sienne l’attitude du Seigneur Jésus qui, dans un amour sans limite, s’est offert pour chaque personne sans exceptions [275].

Avec les Père synodaux, j’ai pris en considération la situation des familles qui vivent l’expérience d’avoir en leur sein des personnes manifestant une tendance homosexuelle, une expérience loin d’être facile tant pour les parents que pour les enfants.

C’est pourquoi, nous désirons d’abord et avant tout réaffirmer que chaque personne, indépendamment de sa tendance sexuelle, doit être respectée dans sa dignité et accueillie avec respect, avec le soin d’éviter « toute marque de discrimination injuste » [276] et particulièrement toute forme d’agression et de violence.

Il s’agit, au contraire, d’assurer un accompagnement respectueux des familles, afin que leurs membres qui manifestent une tendance homosexuelle puissent bénéficier de l’aide nécessaire pour comprendre et réaliser pleinement la volonté de Dieu dans leur vie [277].

251. Au cours des débats sur la dignité et la mission de la famille, les Pères synodaux ont fait remarquer qu’en ce qui concerne le « projet d’assimiler au mariage les unions entre personnes homosexuelles, il n’y a aucun fondement pour assimiler ou établir des analogies, même lointaines, entre les unions homosexuelles et le dessein de Dieu sur le mariage et la famille ». Il est inacceptable que « les Églises locales subissent des pressions en ce domaine et que les organismes internationaux conditionnent les aides financières aux pays pauvres à l’introduction de lois qui instituent le “mariage” entre des personnes de même sexe » [278].

[275] Cf. Bulle Misericordiae Vultus, n. 12 : ASS 107 (2015), p. 407.

[276] Catéchisme de l’Église catholique, n. 2358 ; cf. Relatio finalis 2015, n. 76.

[277] Cf. Ibid.

[278] Relatio finalis, n. 76 ; cf. Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Considérations à propos des projets de reconnaissance légale des unions entre personnes homosexuelles (3 juin 2003), n. 4.

 

4) 26 juin 2016

Conférence de presse durant le vol de retour du voyage apostolique en Arménie.

Disponible en ligne sur <http://m.vatican.va/content/francesco/fr/speeches/2016/june/documents/papa-francesco_20160626_armenia-conferenza-stampa.html>, consultée le 24 septembre 2020.

Cindy Wooden – CNS :

Merci Sainteté. Ces derniers jours, le Cardinal allemand Marx en parlant à une grande conférence très importante à Dublin, sur l’Église dans le monde moderne, a dit que l’Église catholique devait dire pardon à la communauté gay pour avoir marginalisé ces personnes. Les jours qui ont suivi le massacre d’Orlando, beaucoup ont dit que la communauté chrétienne a quelque chose à voir avec cette haine envers ces personnes. Qu’en pensez-vous ?

Pape François :

Je répéterai la même chose que j’ai dite lors du premier voyage, et je répète aussi ce que dit le Catéchisme de l’Église catholique : qu’ils ne sont pas discriminés, qu’ils doivent être respectés, accompagnés pastoralement.

On peut condamner, non pour des motifs idéologiques, mais pour des motifs – disons-nous – de comportement politique, certaines manifestations un peu trop blessantes pour les autres.

Mais ces choses n’ont pas à voir avec le problème : si le problème est une personne qui a cette condition, qui a bonne volonté et qui cherche Dieu, qui sommes-nous pour la juger ? Nous devons bien l’accompagner selon ce que dit le Catéchisme. Le Catéchisme est clair !

Ensuite il y a les traditions dans certains pays, dans certaines cultures qui ont une mentalité différente sur ce problème. Je crois que l’Église non seulement doit demander pardon – comme a dit le Cardinal « marxiste » [Cardinal Marx] – à cette personne qui est gay qu’elle a offensée, mais elle doit demander aussi pardon aux pauvres, aux femmes et aux enfants exploités dans le travail; elle doit demander pardon d’avoir béni tant d’armes… L’Église doit demander pardon de ne pas s’être comportée tant, tant de fois… - et quand je dis « l’Église » j’entends les chrétiens ; l’Église est sainte, c’est nous qui sommes des pécheurs ! – les chrétiens doivent demander pardon de ne pas avoir accompagné tant de choix, tant de de familles

Je me rappelle la culture de Buenos Aires, la culture catholique fermée, quand j’étais enfant – je viens de là ! – : on ne pouvait pas entrer dans la maison d’une famille divorcée ! Je parle d’il y a 80 ans. La culture a changé, grâce à Dieu.

Comme chrétiens, nous devons beaucoup demander pardon, et pas seulement pour cela. Pardon et non seulement des excuses !

« Pardon Seigneur ! » : c’est une parole que nous oublions – maintenant, je fais le pasteur et je fais le sermon ! Non, c’est vrai, beaucoup de fois le « prêtre patron » et non le prêtre père, le prêtre « qui châtie » et non le prêtre qui embrasse, pardonne, console…

Mais il y en a tant ! Tant d’aumôniers d’hôpitaux, d’aumôniers des prisons, tant de saints ! Mais ceux-là ne se voient pas, parce que la sainteté a de la pudeur, elle se cache. Au contraire, le manque de pudeur est effronté : il est effronté et se fait remarquer. Tant d’organisations, avec de bonnes personnes, et de moins bonnes ; ou des personnes auxquelles tu donnes une « bourse » un peu nourrie et elles regardent ailleurs, comme les puissances internationales avec les trois génocides. Nous aussi, chrétiens – prêtres, évêques- nous l’avons fait ; mais nous chrétiens nous avons aussi une Teresa de Calcutta et tant de Teresa de Calcutta ! Nous avons tant de sœurs en Afrique, tant de laïcs, tant de couples de saints époux !

Le grain et la zizanie, le grain et la zizanie. Jésus dit que le Royaume est ainsi. Nous ne devons pas nous scandaliser d’être ainsi. Nous devons prier afin que le Seigneur fasse en sorte que cette zizanie finisse et qu’il y ait davantage de grain. Mais c’est la vie de l’Église. On ne peut mettre une limite.

Nous sommes tous saints, parce que nous avons tous l’Esprit Saint en nous, mais nous sommes –nous tous – des pécheurs. Moi le premier. D’accord ? Merci. Je ne sais pas si j’ai répondu… Non seulement une excuse, mais le pardon !

5) 2 octobre 2016

Conférence de presse durant le vol de retour du voyage apostolique en Géorgie et en Azerbaïdjan.

Disponible en ligne sur <http://www.vatican.va/content/francesco/fr/speeches/2016/october/documents/papa-francesco_20161002_georgia-azerbaijan-conferenza-stampa.html>, consultée le 24 septembre 2020.

[Joshua McElwee, du journal américain National Catholic Reporter

Dans le même discours, vous avez parlé de la théorie du genre, en disant que c’est le grand ennemi. Mais je voudrais demander : que diriez-vous à une personne qui a souffert pendant tant d’années à cause de sa sexualité et sent qu’il y a un problème biologique? En tant que pasteur, comment accompagneriez-vous ces personnes ?

Avant tout, dans ma vie de prêtre, d’évêque — et même de Pape — j’ai accompagné des personnes avec une tendance ou des pratiques homosexuelles. Je les ai accompagnées, je les ai approchées du Seigneur, certaines ne peuvent pas, mais je les ai accompagnées et je n’ai jamais abandonné personne. C’est ce qu’il faut faire. Il faut accompagner les personnes comme les accompagne Jésus. Quand une personne dans cette situation arrive devant Jésus, il ne lui dira certainement pas : « Va-t’en parce que tu es homosexuel ! », non.

Ce que j’ai dit concerne ce mal qui se fait aujourd’hui avec l’endoctrinement de la théorie du genre. Un père de famille français me racontait qu’à table, en parlant avec ses enfants — lui est catholique, sa femme est catholique, ses enfants sont catholiques, à l’eau de rose, mais catholiques — et il a demandé à son fils de dix ans : « Et toi que veux-tu faire quand tu seras grand ? » — « je veux être une fille ». Et le père s’est aperçu que dans les livres scolaires, on enseignait la théorie du genre. Et cela est contre les choses naturelles. C’est une chose qu’une personne ait cette tendance, cette option, et il y a aussi ceux qui changent de sexe. C’est une autre chose de donner un enseignement dans les écoles sur cette ligne, pour changer les mentalités. J’appelle cela les « colonisations idéologiques ».

L’an dernier, j’ai reçu une lettre d’un Espagnol qui me racontait l’histoire de son enfance et de son adolescence. C’était une petite fille, une fille, et il a beaucoup souffert parce qu’il se sentait garçon, mais physiquement, il était fille. Il l’a raconté à sa mère quand il avait déjà une vingtaine d’années, 22 ans, et lui a dit qu’il voulait se faire opérer et toutes ces choses-là. Et sa mère lui a demandé de ne pas le faire tant qu’elle serait en vie. Elle était âgée et elle est morte peu après. Il s’est fait opérer. Il est employé dans un ministère d’une ville d’Espagne. Il est allé voir l’évêque. L’évêque l’a beaucoup accompagné, un bon évêque : il « perdait » du temps à accompagner cet homme. Puis il s’est marié. Il a changé son identité civile, il est marié et il m’a écrit que ce serait une consolation pour lui de venir avec son épouse : lui qui était elle, mais qui est lui. Et je les ai reçus. Ils étaient contents. Et dans le quartier où il habitait, il y avait un vieux prêtre, de quatre-vingts ans, le vieux curé qui avait quitté sa paroisse et qui aidait des sœurs, là, dans la paroisse... Et il y avait le nouveau [curé]. Quand le nouveau le voyait, il lui criait du trottoir : « Tu iras en enfer » ! Quand il allait voir l’ancien curé, celui-ci lui disait : « Depuis quand ne t’es-tu pas confessé ? Viens, viens, que je te confesse, ainsi tu pourras faire la communion ». Tu as compris ?

La vie est la vie, et les choses doivent se prendre comme elles viennent.

Le péché est le péché. Les tendances ou les déséquilibres hormonaux créent beaucoup de problèmes et nous devons être attentifs à ne pas dire : « C’est la même chose, faisons la fête ». Non, cela, non.

Mais accueillir chaque cas, l’accompagner, l’étudier, discerner et l’intégrer. Voilà ce que ferait Jésus aujourd’hui.

S’il vous plaît, ne dites pas : « Le Pape va canoniser les trans » ! S’il vous plaît ! Parce que je vois déjà les titres des journaux... Non, non. Y a-t-il des doutes sur ce que j’ai dit ? Je veux être clair.

C’est un problème de morale. C’est un problème. C’est un problème humain. Et il faut le résoudre comme on peut, toujours avec la miséricorde de Dieu, avec la vérité, comme nous l’avons dit dans le cas du mariage, en lisant Amoris laetitia en entier, mais toujours comme cela, toujours le cœur ouvert. Et n’oubliez pas ce chapiteau de Vézelay : il est très beau, très beau.

6) 26 août 2018

Conférence de presse durant le vol de retour du voyage apostolique en Irlande (9e rencontre mondiale des familles).

Disponible en ligne sur <http://www.vatican.va/content/francesco/fr/speeches/2018/august/documents/papa-francesco_20180826_irlanda-voloritorno.html>, consultée le 24 septembre 2020.

[Javier Romero, Rome Reports TV] 

Le premier ministre d’Irlande, qui a été très direct dans son discours, est fier d’un nouveau modèle de famille différent de celui que l’Eglise proposait traditionnellement jusqu’à présent: je veux parler du mariage homosexuel. Et cela est sans doute l’un des modèles qui provoque le plus de conflits, spécialement dans le cas d’une famille catholique dans laquelle un membre de cette famille déclare être homosexuel. Que pensez-vous, que voudriez-vous dire à un père, une mère, auquel leur enfant dit qu’il est homosexuel et qu’il veut aller vivre avec son compagnon? (…)

(…) Il y a toujours eu des homosexuels et des personnes ayant des tendances homosexuelles. Toujours.

Les sociologues disent, mais je ne sais pas si c’est vrai, que lors des changements d’époque, certains phénomènes sociaux et éthiques se développent, et que l’un d’eux serait celui-là. Cela est l’opinion de certains sociologues.

Ta question est claire: que dirais-je à un père qui voit que son fils ou sa fille a cette tendance. Je lui dirais avant tout de prier: prie. Non pas condamner, mais dialoguer, comprendre, laisser de la place à son fils ou à sa fille. Lui laisser de la place pour qu’il s’exprime.

Puis, à quel âge se manifeste cet inquiétude de l’enfant? C’est important. C’est une chose quand elle se manifeste à l’enfance, quand il y a tant de choses que l’on peut faire, pour voir ce qu’il en est; une autre chose est quand elle se manifeste après les 20 ans, ou quelque chose de ce genre.

Mais je ne dirai jamais que le silence est la solution : ignorer le fils ou la fille ayant une tendance homosexuelle est un manque de paternité et de maternité.

« Tu es mon fils, tu es ma fille, comme tu es ; je suis ton père et ta mère, parlons. »

Et si vous, père et mère, vous n’y arrivez pas, demandez de l’aide, mais toujours dans le dialogue, toujours dans le dialogue. Parce que ce fils ou cette fille a droit à une famille et la famille est celle qui existe : ne le chassez pas de la famille. C’est un défi sérieux à la paternité et à la maternité.

Je te remercie pour ta question, merci.

7) 20 avril 2019

Contenu d'une conversation avec le comédien britannique Stephen K. Amos publié sur les réseaux sociaux par la B.B.C.

Disponible en ligne, en italien sur <https://it.aleteia.org/2020/09/09/6-frasi-forti-papa-francesco-omosessualita-gay/> et en anglais sur <https://inews.co.uk/culture/television/pilgrimage-road-to-rome-pope-meeting-lgbt-gay-rights-stephen-k-amos-bbc-what-time-date-final-281968>, consultées le 24 septembre 2020.

Amos, gay et athée, participait à un programme appelé Pilgrimage: The Road To Rome, dans lequel huit personnages bien connus, tous de croyances et de croyances différentes, portent des sacs à dos et des chaussures de randonnée et marchent le long du tronçon italien de l'ancienne Via Francigena, qui commence à Canterbury et se termine à Rome : ils n'ont que 15 jours pour parcourir 1000 kilomètres, un pèlerinage qui commence dans les Alpes juste avant la frontière italo-suisse.

Amos a déclaré qu'il ne voulait pas au départ rencontrer le Pape: « Nous avons découvert l'avant-dernier jour que nous allions le rencontrer. J'ai dit non. Ensuite, j'ai dit que j'irais si nous pouvions poser des questions. Les producteurs ont demandé : “eh bien, quel genre de questions ? Parce que nous ne voulons pas déclencher un incident diplomatique...” Nous avons donc posé quelques questions et la réponse donnée par le Vatican était que le Pape répondrait à toutes nos questions ».

Amos expliquait au Pape qu'il n'est pas croyant et qu'il est allé à Rome « à la recherche de réponses et de foi ». « Mais, en tant que gay, je ne me sens pas accepté. »

Et le Pape François a aussitôt répondu :

« Donner plus d'importance à l'adjectif [gay] qu'au nom [homme], ce n'est pas bon. Nous sommes tous des êtres humains et avons de la dignité. Peu importe qui vous êtes ou comment vous vivez votre vie, vous ne perdez pas votre dignité. Il y a des gens qui préfèrent sélectionner ou rejeter des gens à cause de l'adjectif - ces gens n'ont pas de cœur humain. »

8) 28 mai 2019

Entretien avec Valentina Alazraki pour le média mexicain Televisa.

Disponible en ligne et en espagnol sur <https://www.vaticannews.va/es/papa/news/2019-05/papa-francisco-entrevista-televisa-mexico-migrantes-feminicidio.html>, consultée le 24 septembre 2020. Traduction par l'auteur de ce blogue, avec l'aide de Google Traduction.

Q.- Il y a peut-être un autre sujet qui attire l'attention et dont je pense qu'il serait bon de l’expliquer. Ce sont vos relations avec des personnes qui vivent dans des situations qui étaient auparavant qualifiées d '« irrégulières », disons ceci. Je donne l'exemple de la fois où vous avez reçu un trans espagnol à Sainte Marthe avec son partenaire, et bien sûr, ces gens quittent Sainte Marthe en disant que vous les avez serrés dans vos bras, que vous les avez bénis, que vous leur avez dit que Dieu les aime, ou [de la fois où] vous avez décroché le téléphone et appelé une femme argentine divorcée, puis elle est partie en disant : « Le Pape m'a dit que je peux recevoir la communion » et bien sûr, les fidèles arrivent dans l’un ou l’autre cas vers les pauvres prêtres et disent : « Le Pape m'a dit que ça va bien pour moi et il m'a dit que je peux recevoir la communion. » Et les prêtres mettent les mains sur la tête et disent : « Maintenant que dois-je faire », parce que la doctrine n'a pas changé, disons. Alors, comment gérez-vous ces situations ?

R.- Parfois, les gens, à cause de l'enthousiasme d'être reçus, disent plus de choses que le Pape n’en a dit, prenons cela en compte.

Q.- C'est un risque que vous courez ...

R.- Bien sûr, un risque. Mais tous sont enfants de Dieu, nous sommes tous enfants de Dieu. Toutes les personnes. Je ne peux rejeter personne. Oui, je dois m'occuper de celui qui me fait du mal, de celui qui me trompe, m’en occuper. Mais rejetez, non. Je ne peux pas non plus dire à une personne que sa conduite est conforme à ce que veut l'Église, je ne le peux pas. Mais je dois lui dire la vérité : « tu es enfant de Dieu et Dieu t’aime comme tel ; maintenant, mets-toi en règle avec Dieu ». Je n'ai pas le droit de dire à quelqu’un qu'il n'est pas un enfant de Dieu parce que ce serait faux. Et de dire à une personne que Dieu ne l’aime pas, parce que Dieu les aime tous, même Judas, Il l’aimait. Jusqu'au bout, avec quel amour Jésus a-t-il traité Judas. Évidemment que l’on recherche ces cas extrêmes, mais... si on m’appelle – je ne me souviens pas de ce que j'ai dit à cette dame – mais je ne dis rien d'autre alors… J'ai dû sûrement lui dire : « Regardez, dans Amoris laetitia, il y a ce que vous devez faire, parler à un prêtre, et avec cela, cherchez... »

Q.- Un chemin ...

R.- Un chemin, j’ouvre un chemin. Mais je vais faire très attention de ne pas dire : « Vous pouvez prendre la communion ou pas », à 12 000 kilomètres de distance, ce serait irresponsable. Et ce serait aussi tomber dans la même chose, dans la casuistique, je peux ou je ne peux pas, chose que je n'accepte pas. C'est un processus d'intégration dans l'Église. Si nous pensons tous que les personnes qui sont en situation irrégulière, nous pensons ceci pour l’amour de Dieu, parce que ça ne me plaît pas...

Q.- Oui, c'est un mot que vous détestez, moi aussi, mais pour nous comprendre.

R.- Si nous nous persuadions qu'ils sont enfant de Dieu, les choses changeraient beaucoup.

Ils m'ont posé une question sur un vol – plus tard, ça m'a mis en colère, ça m'a mis en colère à cause de la façon dont les médias l'ont transmis – sur l'intégration familiale des personnes d'orientation homosexuelle, et j'ai dit : les personnes homosexuelles ont le droit d'être dans la famille, les personnes avec une orientation homosexuelle ont le droit de faire partie de la famille et les parents ont le droit de reconnaître ce fils comme homosexuel, cette fille comme homosexuelle. Vous ne pouvez pas expulser qui que ce soit de la famille ou [lui] rendre la vie impossible pour cela ...

Une autre chose que j'ai dite – quand vous voyez des signes chez les garçons qui grandissent et que vous les envoyez chez un ... J'aurais dû dire « professionnel », mais ce qui m’a échappé [c’est le mot] « psychiatre ». Je parlais d'un professionnel car parfois il y a des signes à l'adolescence ou à la pré-adolescence dont on ne sait pas s'ils sont [ceux] d’une tendance homosexuelle ou si le thymus ne s'est pas atrophié avec le temps, allez savoir, mille choses, n’est-ce pas ? Donc un professionnel. Titre de ce journal : « Le Pape envoie les homosexuels chez le psychiatre. » Ce n'est pas vrai ! Ils m'ont posé à nouveau la même question et je l'ai répétée : «Ce sont des enfant de Dieu, ils ont droit à une famille, etc. » C’est autre chose... Et j'ai expliqué : je me suis trompé avec ce mot, mais je voulais dire ceci : « quand ils remarquent quelque chose de bi…. » « Ah, c'est bizarre... » Non, ce n’est pas bizarre. Quelque chose qui sort de l'ordinaire. Je veux dire, ne prenez pas un petit mot pour annuler le contexte. Là, ce qu'il dit, c'est « vous avez le droit à une famille ». Et cela ne veut pas dire approuver les actes homosexuels, loin de là.

Q.- Vous savez ce qui arrive lorsque vous retirez souvent du contexte, c'est un vice de la presse aussi. Lorsque vous avez dit cette fameuse phrase : « Qui suis-je pour juger » lors de votre premier voyage, vous aviez dit auparavant : « Nous savons ce que dit le Catéchisme ». Que se passe-t-il pour qu’on ne se souvienne pas de cette partie, cela devient seulement : « Qui suis-je pour juger ? ». Cela a donc également suscité beaucoup d'attentes au sein de la communauté homosexuelle mondiale car ils pensaient que vous alliez plus loin ...

R.- Eh bien, j'ai fait des déclarations comme celle-ci à propos de la famille, pour aller plus loin. La doctrine est la même, celle des divorcés a été réajustée, selon la même ligne, mais avec Amoris laetitia au huitième chapitre qui consiste à revenir à la doctrine de saint Thomas, et pas à la casuistique.

Q.- C'est le problème qui arrive parfois.

R.- Mais je le comprends sauf quand ils prennent un mot hors de son contexte comme celui du « psychiatre », non, vous n'avez pas le droit. Et c'est drôle, une personne non croyante est venue me défendre, m'ont-ils dit. « Il a dit ce que nous n'avions jamais entendu et vous ........... vous [bien] voyez que le [mot] « psychiatre » était un lapsus ... »

Q- Pape François, il y a quelque chose qui me frappe un peu. Ceux qui vous connaissaient à l'époque où vous viviez en Argentine disent que vous étiez un conservateur – pour encore utiliser des catégories, disons le comme ça – dans la doctrine.

R.- Je suis un conservateur.

Q.- Vous avez mené toute une bataille concernant l'égalité des mariages, des couples de même sexe en Argentine. Et après, ils disent : il est arrivé ici, ils l'ont élu Pape et il semble beaucoup plus libéral qu'il ne l'était en Argentine. Vous reconnaissez-vous dans cette description faite par certaines personnes qui vous connaissaient auparavant, ou c'est la grâce du Saint-Esprit qui vous a donné plus ...

(des rires)

R.- La grâce du Saint-Esprit existe certainement. J'ai toujours défendu la doctrine. Et c'est curieux, en ce qui concerne la loi du mariage homosexuel ......... c'est une incongruité de parler de mariage homosexuel.

Q.- Donc, ce n'est pas vrai qu'avant c'était une chose et maintenant une autre.

R.- Non, avant c’était une chose et maintenant, je suis un autre, c'est vrai.

Q- Eh bien, parce que maintenant vous êtes Pape.

R.- Non, parce que je crois que j’ai un peu grandi, que je me suis sanctifié un peu plus. On change dans la vie. Le fait que j'ai pris en compte plus de critères, c'est peut-être que, voyant les problèmes mondiaux, je me suis trouvé plus conscient de certaines choses que je n'avais pas vues auparavant. Non, je pense qu'il y a des changements dans ce sens, oui. Mais, conservateur ... je suis les deux.

Q.- Ce serait les deux ...

R.- Et oui, en Argentine j'allais dans les villages, la crise cardiaque m’a pris dans un village par exemple, et puis j'ai aussi veillé à ce que la catéchèse soit sérieuse. Je ne sais pas, un peu ... un mélange.

Q.- Il est très difficile d'enfermer les gens dans des catégories ...

R.- C'est vrai.

9) 16 septembre 2020

Fin de l’Audience générale, accueil d’un groupe d’une quarantaine de parents avec enfants LGBT de l'association Tenda di Gionata, née à la demande de Don David Esposito, prêtre de la Marche (Italie) décédé prématurément. Mara Grassi, vice-présidente de l'association avec son mari Agostino Usai, a fait don au Pape du livre Genitori fortunati.

Parlant des enfants de ces parents, le Pape François a déclaré : 

« L’Église ne les exclut pas parce qu’elle les aime profondément. » « Aimez vos enfants tels qu'ils sont, parce qu'ils sont enfants de Dieu. »

Sources : en espagnol, https://www.religiondigital.org/vaticano/Francisco-padres-homosexuales-Iglesia-hijos-audiencia-vaticano-camiseta-inclusion_0_2269273055.html, et en italien : https://www.avvenire.it/papa/pagine/la-chiesa-ama-i-vostri-lgbt-cosi-come-sono, consultée le 24 septembre 2020. Traduction par l'auteur de ce blogue, avec l'aide de Google Traduction.