Tribune des Pères du Concile, 2d Concile du Vatican. Photo par Lothar Wolleh. |
Il
s'agit ici d'une retranscription de la vidéo disponible en ligne sur
<https://www.youtube.com/watch?v=v0DPqDdd4FE>,
publiée le 7 octobre 2019 par Archidiacre. Merci à lui pour ce travail...
La version française des textes non publiée en ligne ainsi que les notes sont le fait de l’auteur de ce blogue.
La version française des textes non publiée en ligne ainsi que les notes sont le fait de l’auteur de ce blogue.
Avant-propos
Bonjour
à tous et bienvenue dans cette vidéo qui portera sur les raisons
pour lesquelles lire les décrets de Vatican II et les encycliques
papales en accord avec la Tradition est non seulement la chose la
plus raisonnable à faire mais aussi la plus morale du point de vue de
la doctrine catholique.
L’Église
catholique considère que ces décrets sont en continuité avec la
sainte Tradition, enseignant ainsi ce que l’on appelle
l’herméneutique de continuité. Il est un constat évident que les
ennemis de l’Église chercheront toujours une lecture
contradictoire alternative, aussi absurde soit-elle, pour justifier
leur rejet du Magistère romain.
Cependant
cette vidéo donnera toutes les raisons aux catholiques en
cheminement pour faire confiance au Magistère vivant de l’Église
romaine. Celui-ci exerce [=expose] encore aujourd’hui et détient la
continuelle véritable doctrine. On peut donc légitimement faire
confiance en [=à] ses enseignements théologiques, même quand ils ne
semblent pas toujours clairs ou évidents aux yeux des laïcs.
Avant
de commencer, rappelons déjà que le raisonnement sédévacantiste
selon quoi [=lequel] soutenir les textes de Vatican II ferait de S. Paul VI et
ses successeurs des anti-Papes s’ils contenaient des erreurs, est un
« non sequitur »
c’est-à-dire que la conclusion ne suit pas la prémisse.
Il
est vrai que les textes de
Vatican II sont bel et bien dotés d’une haute autorité qui oblige
les fidèles catholiques à accepter humblement leurs enseignements,
comme [cela est] expliqué dans Lumen gentium
qui rappelle que l’ « assentiment religieux de la
volonté et de l’intelligence est due, à un titre singulier, au
Souverain Pontife en son Magistère authentique même lorsqu’il ne
parle pas ex cathedra,
ce qui implique la reconnaissance respectueuse de son suprême
Magistère
et l’adhésion sincère à ses affirmations en conformité à ce
qu’il manifeste de sa pensée et de sa volonté » (1). En
tant que fidèle, on a donc pas le droit de les rejeter comme
insignifiants ou de les tenir simplement comme faux.
Il
est sûr aussi que ces textes, selon le même auteur, ne définissent
aucune doctrine engageant
l’infaillibilité comme [cela est] expliqué dans son allocution du 12
janvier 1966 (3). Étant donné que leur autorité n’exige pas un
assentiment de foi ici, mais un accueil docile et sincère, on ne
peut pas affirmer que ce sont des textes entièrement protégés de
l’erreur. Et les parties qui pourraient l’être sont encore
débattues.
Il
n’y aucune doctrine définitive enseignée par le Magistère
sur les conséquences qu’aurait la présence d’une erreur
religieuse dans un texte faillible. Étant donné qu’on ne dispose
que d’hypothèses spéculatives de simples théologiens, la
conclusion sédévacantiste n’est absolument pas une vérité de
foi. Ce débat ne nous
concerne cependant pas ici, car nous défendrons dans les vidéos à
venir que les décrets ne contiennent pas d’hérésie (4).
I.
L’herméneutique de continuité est un devoir moral
Il
existe toujours des lectures qui concilient les décrets, encycliques
et autres enseignements de l’Église depuis Vatican II avec la
Tradition. Il ne s’agit pas seulement de pouvoir les lire en
conciliation mais aussi de devoir
le faire autant que possible. En effet, il tient de la charité
catholique de devoir toujours favoriser une interprétation positive
des paroles et des actions de son prochain.
Chercher obstinément à trouver une hérésie derrière des paroles
dont on ne connaît pas l’intention, chose qui est la méthode
systématique des sédévacantistes, constitue un grave péché de
jugement téméraire.
Le
Catéchisme de S. Pie
X, le définit comme un « péché qui consiste à mal juger ou
à soupçonner de mal le prochain sans un juste motif (5) ». Le
Catéchisme actuel l’explique plus en détail, en citant S. Ignace
de Loyola, qui dit que « pour éviter le jugement téméraire,
chacun veillera à interpréter autant que possible dans un sens
favorable les pensées, paroles et actions de son prochain. “Tout
bon chrétien doit être plus prompt à sauver la proposition du
prochain qu’à la condamner.” » (6)
Si
cela est valable pour notre prochain, alors qu’en est-il du
Magistère de la Sainte Église sur qui repose
l’autorité d’enseigner la foi catholique ?
Étant
donner que sauver les textes de Vatican II est tout à fait possible,
comme nous le verrons dans des vidéos futures, il est un devoir
moral de favoriser cette possibilité. Le Pape incarne le Magistère
guidé par l’Esprit Saint. Il
est donc la personne sur terre à qui la confiance est le plus due.
C’est ce que S. Pie X enseignait en 1912 : « Pour aimer
le Pape, il suffit de réfléchir à ce qu’il est : le Pape
est le gardien du dogme et de la morale ; il est le dépositaire
des principes qui rendent vertueuses les familles, grandes les
nations, saintes les âmes ; il est le conseil des princes et du
peuples. » Une chose
contraire à l’amour, disait-il, était de questionner
la portée de son autorité
et de réinterpréter ses paroles en conséquence. « Quand
on aime le Pape, on n’objecte pas qu’il n’a point parlé assez
clairement, comme s’il était obligé de redire directement à
l’oreille de chacun sa volonté clairement exprimée tant de fois
non seulement de vive voix, mais par des lettres et d’autres
documents publics. »
(7)
Les
sédévacantistes essaient en permanence, sûrement plus que les
progressistes, de réinterpréter les Papes
pour en déduire des intentions cachées. Ils rétorqueront sûrement
que, par leur pouvoir de télépathie ou d’exégèse inspirée,
ceux-ci connaissent la volonté secrète des Papes
et, donc, qu’ils ont un juste motif pour considérer leurs textes
comme hérétiques. Ce n’est, bien sûr, que spéculation et
présomption téméraire.
Lors du discours de clôture du Concile Vatican II (8),
S. Paul VI adressait [=visait] directement les soupçons d’influence
relativiste ou mondaine au détriment de la Tradition en ratifiant
que ce Concile ne déviait en rien de cette dernière dans ses
profondes intentions et ses manifestations authentiques. Cette
volonté de rester en continuité avec la Tradition était rappelée
systématiquement par exemple, pour Dignitatis Humanæ
(9) ou Lumen Gentium (10).
On ne peut donc rien
conjecturer de plus à partir des textes sans tomber dans le jugement
téméraire et donc, pécher gravement.
Ses
successeurs (11)
ont réaffirmé à plusieurs reprise la continuité des enseignements
de l’Église avec la doctrine traditionnelle. Et c’est donc
comme cela qu’ils doivent être lus autant que possible.
En
vérité, l’argumentaire sédévacantiste est complètement
circulaire. Pour eux, il est juste d’interpréter les textes du
Concile comme hérétiques car ils pensent que Paul VI était un
hérétique notoire. Seulement, ils savent que Paul VI était un
hérétique notoire uniquement parce qu’ils lisent ces textes comme
hérétiques. Leur logique repose donc sur une mauvaise présomption
auto-justifiée.
Rappelons
que, selon la lettre de Pie IX Etsi multa
(12) qui
dénonçait les schismatiques anti-Vatican I, dire que le Pape et les Évêques unis à lui sont tombés dans l’hérésie en adhérant au
Concile œcuménique était un blasphème contraire à
l’indéfectibilité de l’Église. Lisez
attentivement. L’argument de Pie IX n’est pas que le Concile est
orthodoxe donc que le Pape n’est pas hérétique mais plutôt :
le Pape est le chef de l’Église, donc le Concile auquel il adhère
ne peut pas être hérétique.
Les
sédévacantistes font le chemin inverse, en prétendant pouvoir
juger S. Paul VI sous
prétexte qu’ils comprennent mieux la théologie et le Concile que
lui-même. Cela signifie que le Magistère n’a, en pratique, aucune
autorité sur eux. Il est même inférieur à leur libre examen, car
ils ne le présument comme vrai Magistère que s’il
enseigne ce que eux
pensent savoir vrai et compatible avec la doctrine. Même
l’infaillibilité papale ne sert plus à rien dans ces conditions,
car ils ne la reconnaissent que si eux sont personnellement venus à
la conclusion que ce qu’elle définit est vrai. Redoublant
d’hypocrisie, ils osent dire qu’ils se réfèrent au Magistère
passé, comme si le présent ne se comprenait pas aussi bien
lui-même. Les schismatiques
faisaient pareil avec Vatican I : ils jugeaient d’abord que le
Concile était hérétique en prétendant suivre une Église du passé
et donc, concluaient que ses adhérents étaient des hérétiques,
aussi. Mais conformément à la logique de Pie IX, l’enseignement
œcuménique est acceptable du fait même de l’indéfectibilité de
l’Église. Donc, pour le dire hérétique, les sédévacantistes
doivent d’abord prouver que le Pape n’est pas le Pape, qu’il a
été invalidement élu, que S. Jean XXIII a été invalidement élu,
que la majorité des Cardinaux
l’ayant élevé au pontificat étaient des hérétiques ou encore
que Pie XII a ordonné des Évêques
hérétiques au cardinalat. Or, jamais de preuve solide n’a été
donnée et il n’y a eu recours qu’à de fragiles théories du
complot, des accusations sans fondement et des spéculations. La
capacité des laïcs sédévacantistes à juger ces Cardinaux
comme hérétiques sans procès canonique est d’ailleurs nulle car
le canon de 1917 avait établi que seul le Pape pouvait les juger
(13). Pire encore, Pie XII
condamnait toute prétention à rejeter rétrospectivement un Pape
sur la base de ce qu’il a pu dire ou faire sous son cardinalat
(14). Il en va de même pour
les hypothèses théologiques ad hoc
qui spéculent sur la possibilité que S. Paul VI ne fût pas Pape en
volonté mais seulement matériellement, de façon abstraite. On peut
émettre une théorie du genre pour tous les Papes comme bon nous
semble ; et plusieurs sédévacantistes remontent [=font remonter] la corruption
de l’Église jusqu’à Benoît XV. Ils utilisent les mêmes
arguments spéculatifs en disant, par exemple, que les actions des
Papes prouvaient leur hérésie en dressant là encore des listes
superficielles d’actes interprétés
témérairement à l’encontre de Benoît XV, Pie XI et Pie XII
(15).
Mais étant donné que, même dans les pires cas où ces actions seraient objectivement pécheresses, ce qui est souvent sinon toujours faux, il est un fait que les actions d’un Pape peuvent, malgré lui, contredire sa propre foi, car il reste un homme pécheur. Ce n’est donc pas un motif suffisant pour le déclarer hérétique, particulièrement quand il s’agit du Pape.
Mais étant donné que, même dans les pires cas où ces actions seraient objectivement pécheresses, ce qui est souvent sinon toujours faux, il est un fait que les actions d’un Pape peuvent, malgré lui, contredire sa propre foi, car il reste un homme pécheur. Ce n’est donc pas un motif suffisant pour le déclarer hérétique, particulièrement quand il s’agit du Pape.
Qu’est-ce
qu’un bon chrétien doit faire si un texte donné par l’Église
lui semble contradictoire ? En expliquant que la philosophie
rationnelle ne servait pas à déterminer le contenu de la doctrine
mais surtout à démontrer pourquoi il était raisonnable d’y
croire, S. Pie X citait S. Anselme (16) :
Il
est clair qu’aucun chrétien ne devrait disputer en quoi cela n’est
pas ce que l’Église catholique croit en son cœur et confesse en
sa bouche, mais toujours en professant sans douter la même foi,
aimant et vivant selon celle-ci, il doit chercher autant que possible
la raison pour laquelle c’est le cas. S’il est capable de
comprendre, qu’il rende grâce, s’il ne le peut pas, qu’il ne
prépare pas ses cornes pour l’attaque, mais qu’il baisse sa tête
en révérence.
Autrement
dit, un chrétien ne peut pas s’enorgueillir et s’attaquer à une
doctrine qu’il n’arrive pas à comprendre. Il doit plutôt se
faire humble et laisser cette question à l’Église.
II.
L’herméneutique de continuité est la plus raisonnable.
Nous
savons que l’affirmation selon quoi [=laquelle] le Concile enseigne une hérésie
repose sur une présomption injuste.
Est-elle
rationnellement la plus raisonnable ? C’est ce que pourrait
avancer les protestants et les orthodoxes orientaux — premiers
recruteurs de sédévacantistes — qui se réjouissent de l’affirmation
d’une rupture doctrinale. Pour un catholique qui reconnaît
l’existence du Magistère vivant et enseignant guidé par l’Esprit
Saint, c’est un pari inutile et immensément risqué.
Une
première raison qui rend improbable l’herméneutique de rupture
est que le but affirmé de ces textes, comme montré précédemment,
est explicitement de rester en conciliation avec la doctrine passée.
Même si cela ne veut pas dire qu’ils ne peuvent pas se tromper
malgré eux, ils n’ont aucune raison a priori de la
contredire. Et ce serait introduire de multiples hypothèses ad
hoc inutiles que de faire appel aux intentions cachées du Pape
qui sont véritablement des spéculations téméraires.
Une
méthode de lecture fallacieuse est celle de l’assimilation des
termes. Il se peut qu’un terme concept comme « œcuménisme »,
« liberté religieuse », ou « prosélytisme »
soit utilisé deux fois dans l’histoire de l’Église mais pour
signifier des choses différentes. Pour attaquer Vatican II, certains
lui reprocheront d’enseigner des concepts qui ont été condamnés
par le passé. Mais vu que la définition que donne Vatican II à ces
termes est différente, alors la confusion est malhonnête. Car même
si le nom est semblable, c’est l’idée signifiée qui importe. Il
existait plusieurs exemples de ce type avant Vatican II, ce qui
discrédite cette logique. Il y avait, par exemple, le mot
« consubstantiel » rejeté par le Concile d’Antioche en
264, selon la définition que lui donnaient les hérétiques, puis
affirmé par le Concile de Nicée en 325 dans une définition
différente et orthodoxe (17). Un autre terme est aussi « laïcité »
que S. Pie X et Pie XI condamnaient parce qu’il désignait une
injuste séparation entre la religion et l’État (18). Pourtant Pie
XII (19) et S. Jean-Paul II (20) emploieront le même terme
positivement, mais cette fois pour parler de la simple distinction
entre l’Église et le pouvoir séculier. Étant donné que la
définition qu’ils donnent est totalement différente, alors ils
ne contredisent pas leurs prédécesseurs. Pie XI reprochait au
communisme de ne pas respecter la liberté de conscience (21). Il se
défendait ailleurs de prôner une liberté de conscience dans le
sens où on l’assimile au libre droit d’adhérer à l’erreur
(22). Pourtant il est très fréquent qu’on ignore volontairement
la définition donnée dans le décret de Vatican II.
Il
y a aussi le classique argument de la complexité de la conciliation.
Face à une difficulté théologique, les plus orgueilleux croiront
qu’une explication qu’ils ne comprennent pas ou difficilement est
forcément fausse. En dehors de cette prétention orgueilleuse
assurément pécheresse, les moins malhonnêtes diront plutôt
qu’elle est moins probable, crédible ou raisonnable. Selon eux, la
rupture est évidente car une lecture naturelle, sans réflexion
théologique poussée y mène, alors que l’herméneutique de la
continuité n’est pas toujours facile à comprendre. Mais cette
évidence subjective est un raisonnement qui mènerait à confirmer
toutes les contradictions apparentes de la Bible qui contient,
parfois, des parties compliquées. Les musulmans l’interprètent
très mal et pourtant, ils jugent leur lecture évidente ou
vraisemblable. Ça ne réfute en rien la lecture orthodoxe qui
demande plus de réflexion.
Pour
un catholique, la méthode de la simplicité est interdite par Pie
XII (23) qui expliquait que, sur les questions du dépôt de la foi,
que,
s’ « il est évident qu’il est d’une
méthode absolument fausse d'expliquer le clair par l'obscur,
disons bien qu'il est nécessaire que tous s'astreignent à suivre
l'ordre inverse. » Contrairement à ce que certains diront,
cette règle ne s’applique pas qu’aux Écritures saintes mais
aussi aux textes magistériels. C’est pour cette raisons que les
décrets du Concile de Trente étaient uniquement interprétables par
la Congrégation romaine [pour l’exécution et l’interprétation
du Concile de Trente] (24). Sachant qu’il serait toujours possible
de les interpréter de façon erronée, Pie IV interdisait à toute
personne, ecclésiastiques de tous rangs ainsi que laïcs de
n’importe quel honneur ou pouvoir, de publier des commentaires ou
autres formes d’interprétation des décrets conciliaires (25). Il
se réservait le droit exclusif de les expliquer de la façon qu’il
jugeait la plus convenable.
C’est
donc un fait que la doctrine du Magistère ne peut pas être toujours
bien comprise par tout le monde et n’a pas besoin de l’être pour
être véridique. Par exemple les feeneyistes (26) interprètent mal
le Magistère sur le baptême de désir et déduisent que c’est une
hérésie car sa conciliation avec le fait que hors de l’Église,
il n’y a pas de salut (27) n’est pas évidente. En fait, les
Papes ont souvent omis de préciser que ce dernier dogme ne
contredisait pas l’ignorance invincible et le baptême de désir.
Ainsi, ils laissaient, sans culpabilité de leur part, l’occasion
aux hérétiques d’y soutenir leur foi aux interprétations.
L’apparente clarté est alors un critère de jugement complètement
biaisé car il y a énormément d’interprétations du Magistère
erronées qui ont été faites pour traiter Benoît XV, Pie XI et Pie
XII d’hérétiques.
C’est
aussi pour cette raison qu’une autre objection qui parle de
tactique moderniste est moralement indéfendable. Celle-ci vient, en
partie d’une bulle du Pape Pie VI, Auctorem fidei,
qui dénonçait les décrets du concile de Pistoie (28).
Il
accusait les hérétiques de dissimuler subtilement des erreurs pour
mieux les transmettre, en
décrétant clairement une erreur dans un passage et en la corrigeant
dans un autre, disant tout et son contraire, sachant pertinemment que
les simples fidèles n’auraient pas les capacités de les comparer
de façon à éviter l’hérésie. Les sédévacantistes pensent
qu’elle leur donne le droit d’interpréter les textes de Vatican
II de façon à ce que, si un passage paraît hérétique, alors
qu’il ne l’est pas si on le remet en contexte, c’est parce que
c’est une tactique moderniste. Il est facile pour quiconque
d’honnête de se rendre compte que n’importe qui pourrait se
servir de cette logique malhonnête contre les saintes Écritures
elles-mêmes ainsi que [contre] le Magistère dont on peut facilement
tirer les morceaux et les condamner en disant qu’une nécessité de
remise en contexte serait la preuve de l’hérésie. S. Paul serait
un hérétique caché pour avoir dit que « tous ont péché »
(Romains 3, 23), sans préciser l’exception de la Sainte Vierge. Ou
Eugène IV serait un hérétique caché pour avoir laissé croire aux
feeneyistes qu’il n’existait pas de salut par le
désir implicite du baptême.
Pie XI aura usé d’une tactique moderniste pour avoir tantôt
défendu la liberté de conscience et
clarifié son terme ailleurs pour lui donner une définition
orthodoxe. Voyez comme cette lecture est intenable.
En
vérité, Auctorem fidei
ne dit pas que l’ambiguïté apparente est, en soi, la preuve de
l’hérésie, ni même qu’une vérité ne peut pas être mal
interprétée hors de son contexte global. Si on va au-delà des
traductions sédévacantistes tronquées, la bulle dit, au contraire,
que l’hérésie doit être démontrée et appelle d’ailleurs à
une pastorale pacifique qui permet aux personnes soupçonnées
d’expliquer dans un sens plus sain ce qu’il y avait d’ambiguë
(29). Cela veut dire que,
pour parler de tactiques modernistes, il faut d’abord avoir prouvé
qu’il y a une volonté de propager une hérésie ; pas
simplement avoir eu une impression d’hérésie en lisant un passage
ambiguë, chose que les schismatiques ont fait avec les textes
magistériels bien avant S. Paul VI. Bien
plus encore, Pie VI ne dit pas que le simple laïc peut prouver qu’il
y a une hérésie. En fait, il dit que c’est son propre devoir
apostolique (29).
La seule raison pour laquelle
nous savons que ce concile
régional était vraiment hérétique, c’est parce que Pie VI l’a
jugé comme tel.
Cela
est donc inapplicable sur un Concile œcuménique de la plus haute
autorité, approuvé par le Pape. Et c’est pourquoi la Tradition
n’a jamais imaginé qu’un laïc suspicieux puisse juger le
Souverain Pontife
(30). Suspecter le Pape
d’être un hérétique à cause d’un texte qu’il a promulgué
reviendrait à présupposer qu’il n’est pas Pape et tomberait
dans le raisonnement circulaire que nous avons déjà exposé.
Quelques-uns, au moins conscients de n’être que de simples laïcs
rétorqueront que plusieurs théologiens sont d’accord avec eux.
Mais plusieurs théologiens les contredisent aussi, comme Thomas
Pink, Joseph Ratzinger, Basile
Valuet, Louis-Marie de Blignères ou Brian Harrison sur la liberté
religieuse. Devant une question débattue, aucun catholique ne peut
choisir l’hypothèse du théologien qui lui plaît et y adhérer
comme à un fait doctrinal. Pie XII disait bien à propos du dépôt
de la foi que « ce n’est ni à chaque fidèle, ni même aux
théologiens que le Christ l'a confié pour en assurer
l'interprétation authentique, mais au seul Magistère de
l’Église. (31) » À l’occasion de la Semaine
italienne d’adaptation pastorale,
il ajoutait qu’ « on aurait pu se demander si c'est la
parole des théologiens ou celle du Magistère de l’Église qui a
le plus de poids et offre une meilleure garantie de vérité. (…)
[P]our la connaissance de la vérité, ce qui est décisif ce n'est
pas l’opinion des théologiens mais le sens de l’Église. Sinon
ce serait faire des théologiens presque des timoniers du Magistère
; ce qui est une erreur évidente. » Autrement dit, si on a des
doutes sur un enseignement — et cela engage tous les catholiques —
la position de l’Église est la plus certaine et digne de
confiance ; car elle a toujours le plus de poids dans la
garantie de la vérité.
Cette
différence de poids en terme de doctrine est valable même pour les
plus grands saints comme l’expliquait Benoît XIV :
« L’opinion d’une seul docteur, bien que saint et renommé
doit, dans tous les cas, céder au jugement de l’Église. (33) »
D’un point de vue
catholique, l’herméneutique la plus raisonnable est donc celle que
l’Église enseigne, même si on ne la comprend pas et même si des
théologiens, aussi experts soient-ils, ont émis l’humble
hypothèse d’une erreur.
Conclusion
En
conclusion, affirmer sans le moindre doute que les textes de Vatican
II sont hérétiques est une erreur grave pour un catholique. Pour
porter un jugement d’une telle gravité, particulièrement pour en
tirer les conclusions sédévacantistes, il faudrait, pour cela, se
charger de graves présomptions à l’encontre des Papes et de
l’Église, en faisant confiance à des accusations si peu
solidement fondées qu’elles entrent
dans le péché grave de jugement téméraire. Et par leur volonté
exprimée et leur nature autoritaire, l’interprétation la plus
probable de leurs enseignements est toujours celle de l’orthodoxie,
même si les textes sont complexes ou peuvent sembler en contredire
un autre. La rupture est donc non seulement l’explication la moins
raisonnable mais aussi la plus dangereuse pour l’âme.
« Une
proposition contraire à ces doctrines peut être qualifiée
d’erronée ou bien, dans le cas des enseignements de l’ordre de
la prudence, de téméraire ou de dangereuse
et donc “ne peut être enseignée en toute sureté”. (34)
»
En
publiant Donum veritatis,
la Congrégation pour la doctrine de la foi établissait très bien
les fondements moraux d’un tel jugement, loin d’innover sur la
question.
24.
(…) Les Pasteurs n'ont pas toujours perçu aussitôt tous les
aspects ou toute la complexité d'une question. Mais il serait
contraire à la vérité de conclure, à partir de certains cas
déterminés, que le Magistère de l'Église puisse se tromper
habituellement dans ses jugements prudentiels, ou qu'il ne jouisse
(...)
de l'assistance divine dans l'exercice intégral de sa mission.
(…)
27.
(…) [L]e théologien ne présentera pas ses opinions ou ses
hypothèses divergentes comme s'il s'agissait de conclusions
indiscutables. Cette discrétion est commandée par le respect de la
vérité ainsi que par le respect du Peuple de Dieu (cf. Romains 14, 1-15;
1 Corinthiens 8 ; 10, 23-33). Pour les mêmes raisons, il renoncera à leur
expression publique intempestive.
28.
Ce qui précède trouve une application particulière dans le cas du
théologien qui aurait de sérieuses difficultés à accueillir, pour
des raisons qui lui paraissent fondées, un enseignement magistériel
non-irréformable. Un tel désaccord ne pourrait être justifié s'il
se fondait seulement sur le fait que la validité de l'enseignement
donné n'est pas évidente, ou sur la persuasion que la position
contraire est plus probable. De même, le jugement de la conscience
subjective du théologien ne saurait suffire, car celle-ci ne
constitue pas une instance autonome et exclusive pour juger de la
vérité d'une doctrine.
29.
Jamais, en tout cas, ne pourra manquer une attitude fondamentale de
disponibilité à accueillir loyalement l'enseignement du Magistère,
comme il convient à tout croyant au nom de l'obéissance de la
foi. (35)
Si
cela est vrai pour les théologiens, alors
qu’en est-il pour les nombreux laïcs qui ont péché en portant un
jugement sur le Concile et les Papes comme si c’était une
évidence, tout en osant brandir des hypothèses de théologiens
comme [étant] des doctrines plus certaines. Ceux-ci ont toujours été tenus
de ne pas y opposer leur opinion personnelle. Il est donc un devoir
moral de soumettre leurs doutes au jugement de l’Église (36).
Nous
espérons, avec cette vidéo, avoir donné une piste de réflexion
aux esprits humbles et prudents. Cette vidéo est à présent
terminée. Soyez bénis et allez en paix.
Notes
(1)
Constitution dogmatique sur
l’Église, Lumen
gentium, 21
novembre 1964, n. 25 :
« Cet assentiment religieux de la volonté et de l’intelligence
est due, à un titre singulier, au Souverain Pontife en son Magistère
authentique même lorsqu’il ne parle pas ex cathedra,
ce qui implique la reconnaissance respectueuse de son suprême
Magistère et l’adhésion sincère à ses affirmations en
conformité à ce qu’il manifeste de sa pensée et de sa volonté
et que l’on peut déduire en particulier du caractère des
documents, ou de l’insistance à proposer une certaine doctrine, ou
de la manière même de s’exprimer. » Disponible
en ligne sur
<http://www.vatican.va/archive/hist_councils/ii_vatican_council/documents/vat-ii_const_19641121_lumen-gentium_fr.html>,
consultée le 20 janvier 2020.
(2)
Vén. Pie
XII, Lettre encyclique
Humani generis, 12
août 1950 : « Et
l'on ne doit pas penser que ce qui est proposé dans les Lettres
encycliques
n'exige pas de soi l'assentiment, sous le prétexte que les Papes n'y
exerceraient pas le pouvoir suprême de leur Magistère. C'est bien,
en effet, du Magistère ordinaire que relève cet enseignement et
pour ce Magistère vaut aussi la parole : “Qui vous écoute,
m'écoute...” (Luc 10, 16), et le plus souvent ce qui est proposé
et imposé dans les Encycliques appartient depuis longtemps
d'ailleurs à la doctrine catholique. Que si dans leurs Actes, les
Souverains Pontifes portent à dessein un jugement sur une question
jusqu'alors disputée, il apparaît donc à tous que, conformément à
l'esprit et à la volonté de ces mêmes Pontifes, cette question ne
peut plus être tenue pour une question libre entre théologiens. Disponible
en ligne sur
<http://www.vatican.va/content/pius-xii/fr/encyclicals/documents/hf_p-xii_enc_12081950_humani-generis.html>,
consultée le 20 janvier 2020.
(3)
S. Paul VI, Audience
publique,
12 janvier 1966 : « Il
y a ceux qui se demandent quelle est l'autorité, la qualification
théologique, que le Concile a voulu attribuer à ses enseignements,
sachant qu'il a évité de donner des définitions dogmatiques
solennelles, engageant l'infaillibilité du magistère
ecclésiastique. Et la réponse est connue de ceux qui se souviennent
de la déclaration conciliaire du 6 mars 1964, répétée le 16
novembre 1964 : compte tenu du caractère pastoral du Concile,
celui-ci a évité de définir, selon le mode extraordinaire,
des dogmes dotés de la note d'infaillibilité ; mais il a néanmoins
conféré à ses enseignements l'autorité du magistère suprême
ordinaire qui doit
être accepté
docilement et sincèrement par tous les fidèles, conformément à
l'esprit du Concile, selon la nature et les objectifs de chaque
document. » Disponible
en ligne dans la version italienne sur
<https://w2.vatican.va/content/paul-vi/it/audiences/1966/documents/hf_p-vi_aud_19660112.html>,
consultée le 21 novembre 2019.
(4)
S. Pie X, Grand catéchisme, 1905,
1ère
partie, chap. 10,
§ . 6 :
« Qu’est-ce que les hérétiques ?
Les hérétiques sont les baptisés qui refusent avec obstination de
croire quelque vérité révélée de Dieu et enseignée comme de foi
par l’Église catholique : par exemple, les ariens, les nestoriens
et les diverses sectes du protestantisme. » Disponible
en ligne sur <http://catho.org/9.php?d=brw#bg>,
consultée le 20 janvier 2020.
(5)
ibid., 3e
partie, chap. 3, §. 5:
« Qu’est-ce que le jugement ou soupçon téméraire ?
Le jugement ou le soupçon téméraire est un péché qui consiste à
mal juger ou à soupçonner de mal le prochain sans un juste motif. »
Disponible
en ligne sur <http://catho.org/9.php?d=bry#cs>,
consultée le 20 janvier 2020.
(6)
Catéchisme de l’Église catholique,
3e
partie, section 2, chap.,
art. 8, III, n.
2477-2478 : « 2477. Le respect de la réputation des
personnes interdit toute attitude et toute parole susceptibles de
leur causer un injuste dommage (cf. Code de droit
canonique, 1983, canon 220).
Se rend coupable – de jugement téméraire celui qui, même
tacitement admet comme vrai, sans fondement suffisant, un défaut
moral chez le prochain. (…). 2478.
Pour
éviter le jugement téméraire, chacun veillera à interpréter
autant que possible dans un sens favorable les pensées, paroles et
actions de son prochain : “Tout bon chrétien doit être plus
prompt à sauver la proposition du prochain qu’à la condamner. Si
l’on ne peut la sauver, qu’on lui demande comment il la comprend
; et s’il la comprend mal, qu’on le corrige avec amour ; et si
cela ne suffit pas, qu’on cherche tous les moyens adaptés pour
qu’en la comprenant bien il se sauve” (S. Ignace [de
Loyola], Exercices
spirituels 22). »
Disponible en ligne sur
<http://www.vatican.va/archive/FRA0013/__P8F.HTM>,
consultée le 20 janvier 2020.
(7)
S. Pie X, Discours
aux prêtres de l’union apostolique,
18 novembre 1912 : «
Pour l' [le Pape] aimer alors il suffit de réfléchir à qui est le
Pape
: Le Pape
est le gardien du dogme et de la moralité ; il est le dépositaire
des principes qui forment honnêtement la famille, les grandes
nations, les âmes saintes ; il est le conseiller des princes et des
peuples ; c'est la tête sous laquelle personne ne se sent
tyrannisé, parce qu'il représente Dieu lui-même ; c'est le père
par excellence qui réunit en lui
tout ce qui peut être aimant, tendre, divin. Cela semble incroyable,
et c'est douloureux, qu'il y ait des prêtres à qui cette
recommandation doive
être faite, mais malheureusement, nous sommes aujourd'hui dans cette
dure et malheureuse condition de devoir dire aux prêtres : aimez le
Pape
! Et comment se doit-on d’aimer le Pape ? “Non
verbo neque lingua, sed opere et veritate”
[« Non par la parole, ni par la langue, mais en acte et en
vérité » ; 1
Jean 3, 18]
. Quand on aime une personne, on essaie de se conformer à toutes ses
pensées, d'exécuter ses désirs, d'interpréter ses désirs. Et si
notre Seigneur Jésus-Christ a dit de Lui-même:
« “Si
quis
diligit, sermonem meum servabit”
[Si quelqu’un m’aime, il gardera Ma parole » ; Jean
14, 23],
afin de montrer notre amour au Pape,
il est nécessaire de lui obéir. Par conséquent, quand on aime le
Pape,
on ne discute pas de ce qu'il dispose ou demande, ni jusqu’où
doit aller l'obéissance,
ni de ce à quoi on doit obéir ; quand on aime le Pape, on ne dit
pas qu'il n'a pas parlé assez clairement, comme s'il était obligé
de répéter à l'oreille de chacun ce qui sera clairement exprimé
si souvent non seulement par la voix, mais par des lettres et autres
documents publics ; ses ordres ne sont pas remis en question,
invoquant le prétexte facile de celui qui ne veut pas obéir, que
ce
n'est pas le Pape qui commande, mais ceux qui l'entourent ; le
domaine dans lequel il peut et devrait exercer son autorité n'est
pas limité ; l’autorité
du Pape
n’est pas surpassée
par celle
d’autres personnes, même instruites, qui
sont en désaccord avec le Pape,
lesquelles
personnes, si elles sont instruites,
ne sont pas des saints, car celui qui est saint ne peut être en
désaccord avec le Pape. C’est l’épanchement d’un cœur peiné,
que je pratique
avec une profonde amertume, non pas vis-à-vis
de vous,
chers confrères, mais avec vous, pour déplorer la conduite de tant
de prêtres qui, non seulement se permettent de discuter et de
critiquer
les volontés du Pape,
mais n’ont pas honte d’en
arriver à la désobéissance impudente et effrontée avec un
tel
scandale du bien et une
telle
de ruine des âmes. » Version
originale italienne disponible sur
<https://w2.vatican.va/content/pius-x/it/speeches/documents/hf_p-x_spe_19121118_unione-apostolica.html>,
consultée le 23.11.2019.
(8)
S. Paul VI, Allocution
lors de la dernière session du Concile Œcuménique Vatican II, 7
décembre 1965 : « Cette
attitude, provoquée par l'éloignement et les ruptures qui
séparèrent l'Église de la civilisation profane au cours des
siècles derniers, surtout au XIXe
et en notre siècle, et toujours inspirée par la mission de salut
qui est essentielle à l'Église, a fortement et constamment fait
sentir son influence dans le Concile : au point de faire naître chez
certains le soupçon qu'à cause de l'influence de la doctrine du
“relativisme”
un excès de tolérance et de considération pour le monde extérieur,
l'actualité qui passe, les modes en matière de culture, les besoins
contingents, la pensée des autres, aient prévalu chez certains
membres du Concile et dans certains de ses actes, au détriment de la
fidélité due à la tradition et aux finalités de l'orientation
religieuse du Concile lui-même. Pour Notre part, Nous n'estimons pas
qu'on puisse taxer de pareille déviation ce Concile, en ce qui
concerne ses véritables et profondes intentions et ses
manifestations authentiques. » Disponible
en ligne sur
<http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMDictionnaire?iddictionnaire=1678>,
consultée le 7 janvier 2020.
(9)
Déclaration sur la liberté religieuse, Dignitatis
Humanæ,
7 décembre 1965, n. 1 : « Considérant
avec diligence ces aspirations dans le but de déclarer à quel point
elles sont conformes à la vérité et à la justice, ce saint
Concile du Vatican scrute la sainte tradition et la doctrine de
l’Église d’où il tire du neuf en constant accord avec le
vieux. » Disponible
en ligne sur
<http://www.vatican.va/archive/hist_councils/ii_vatican_council/documents/vat-ii_decl_19651207_dignitatis-humanae_fr.html>,
consultée le 7 janvier 2020.
(10)
Constitution
dogmatique sur l’Église, Lumen
gentium,
21
novembre 1964, n.
14,
n. 20, n. 21, n. 25, n. 55 : « Appuyé sur la Sainte
Écriture et sur
la Tradition,
il [le saint Concile] enseigne que cette Église en marche sur la
terre est nécessaire au salut. (…) Parmi les différents
ministères qui s’exercent dans l’Église depuis les premiers
temps, la première place, au
témoignage de la Tradition,
appartient à la fonction de ceux qui, établis dans l’épiscopat,
dont la ligne se continue depuis les origines, sont les instruments
de transmission de la semence apostolique. Ainsi, selon le témoignage
de saint Irénée, c’est la Tradition
apostolique
qui se manifeste et se conserve dans le monde entier par ceux que les
Apôtres ont faits évêques et par leurs successeurs jusqu’à
nous. (…) En effet, la Tradition qui s’exprime surtout par les
rites liturgiques et par l’usage de l’Église, tant orientale
qu’occidentale, montre à l’évidence que par l’imposition des
mains et les paroles de la consécration, la grâce de l’Esprit
Saint est donnée et le caractère sacré imprimé, de telle sorte
que les évêques, d’une façon éminente et patente, tiennent la
place du Christ lui-même, Maître, Pasteur et Pontife et agissent en
sa personne. (…) Lorsque le Pontife romain, ou le corps des évêques
avec lui, porte une définition, ils
le font conformément à
la
Révélation elle-même à laquelle tous doivent se tenir et se
conformer, Révélation qui est transmise intégralement, sous forme
écrite ou par tradition, par la succession légitime des évêques,
et, avant tout, par le soin du Pontife romain lui-même ; cette
Révélation à la lumière de l’Esprit de vérité est
scrupuleusement conservée dans l’Église et fidèlement présentée.
Le
Pontife romain et les évêques s’appliquent avec zèle à scruter
consciencieusement et à énoncer
correctement
cette Révélation, dans la conscience de leur devoir et de la
gravité de la chose, en ayant recours aux moyens appropriés ; mais
ils ne reçoivent, comme appartenant au dépôt divin de la foi,
aucune nouvelle révélation publique. (…) Les Saintes Écritures
de l’Ancien et du Nouveau Testament et la
Tradition vénérable
mettent dans une lumière de plus en plus grande le rôle de la Mère
du sauveur dans l’économie du salut et le proposent pour ainsi
dire à notre contemplation. » Voir aussi S. Paul VI,
Allocution
prononcée lors de la conclusion de la 3e
session su Concile Vatican II,
21 novembre 1964, n. 7 : « La meilleure recommandation
pour cette promulgation semble être celle-ci,
à savoir que la
doctrine traditionnelle n’a été modifiée en
aucune façon.
Ce que le Christ voulait, nous le voulons aussi. Ce qui était,
demeure.
Ce
que l'Église a enseigné au cours des siècles, nous l'enseignons
également. Seulement,
ce
qui était auparavant contenu uniquement dans le mode de vie est
maintenant exprimé également par un enseignement explicite ; ce
qui, jusqu’à présent faisait l’objet de réflexions, de
discussions et en partie de différends, a maintenant été rédigé
selon une formule doctrinale précise. » Version
originale italienne disponible sur
<http://www.vatican.va/content/paul-vi/it/speeches/1964/documents/hf_p-vi_spe_19641121_conclusions-iii-sessions.html>,
consultée le 23.11.2019.
(11)
S. Jean-Paul II, Lettre encyclique Centesimus
annus,
1er
mai 1991, n. 3 : « En
agissant ainsi, non seulement on réaffirmera la
valeur permanente de cet enseignement [l’enseignement
contenu dans la Lettre encyclique du Pape Léon XIII,
Rerum novarum],
mais on manifestera aussi le vrai sens de la Tradition de l’Église
qui, toujours vivante et active, construit sur les fondations posées
par nos pères dans la foi et particulièrement sur ce que “les
Apôtres ont transmis à l’Église”
(S.
Irénée de Lyon, Adversus
haereses,
1, 10, 1; 3, 4, 1 ; S. Ch. 264, 154 s. ; 211, 44-46)
au nom de Jésus-Christ : il est le fondement et “nul
n'en peut poser d'autre”
(cf. 1 Corinthiens
3, 11). » Disponible
en ligne sur
<http://www.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/encyclicals/documents/hf_jp-ii_enc_01051991_centesimus-annus.html>,
consultée le 7 janvier 2020.
Benoît
XVI, Discours
à la Curie romain à l’occasion des vœux de Noël,
22 décembre 2005 : « La question suivante apparaît :
pourquoi l'accueil du Concile, dans de grandes parties de l’Église,
s'est-il jusqu'à présent déroulé de manière aussi difficile ? Eh
bien, tout dépend de la juste interprétation du Concile ou —
comme nous le dirions aujourd'hui — de sa juste herméneutique, de
la juste clef de lecture et d'application. Les problèmes de la
réception sont nés du fait que deux
herméneutiques contraires
se sont trouvées confrontées et sont entrées en conflit. L'une a
causé de la confusion, l'autre, silencieusement mais de manière
toujours plus visible, a porté et porte des fruits. D'un côté, il
existe une interprétation que je voudrais appeler “herméneutique
de la discontinuité et de la rupture”
; celle-ci a souvent pu compter sur la sympathie des mass
media,
et également d'une partie de la théologie moderne. D'autre part, il
y a l'“herméneutique
de la réforme”,
du renouveau dans la continuité de l'unique sujet-Église, que le
Seigneur nous a donné ; c'est un sujet qui grandit dans le temps et
qui se développe, restant cependant toujours le même, l'unique
sujet du Peuple de Dieu en marche. L'herméneutique de la
discontinuité risque de finir par une rupture entre Église
pré(conciliaire
et Église post-conciliaire. Celle-ci affirme que les textes du
Concile comme tels ne seraient pas encore la véritable expression de
l'esprit du Concile. Ils seraient le résultat de compromis dans
lesquels, pour atteindre l'unanimité, on a dû encore emporter avec
soi et reconfirmer beaucoup de vieilles choses désormais inutiles.
Ce n'est cependant pas dans ces compromis que se révélerait le
véritable esprit du Concile, mais en revanche dans les élans vers
la nouveauté qui apparaissent derrière les textes : seuls ceux-ci
représenteraient le véritable esprit du Concile, et c'est à partir
d'eux et conformément à eux qu'il faudrait aller de l'avant. (…)
À l'herméneutique de la discontinuité s'oppose l'herméneutique de
la réforme comme l'ont présentée tout d'abord le Pape Jean XXIII,
dans son discours d'ouverture du Concile le 11 octobre 1962, puis le
Pape Paul VI, dans son discours de conclusion du 7 décembre 1965.
(…)
Le Concile Vatican II, avec la nouvelle définition de la relation
entre la foi de l’Église et certains éléments essentiels de la
pensée moderne, a revisité ou également corrigé certaines
décisions historiques, mais dans cette apparente discontinuité, il
a en revanche maintenu et approfondi sa nature intime et sa véritable
identité. L’Église est, aussi bien avant qu'après le Concile, la
même Église une, sainte, catholique et apostolique, en chemin à
travers les temps; elle poursuit “son pèlerinage à travers les
persécutions du monde et les consolations de Dieu”, annonçant la
mort du Seigneur jusqu'à ce qu'Il vienne (cf. Lumen
gentium,
n. 8). (…) [À] notre époque, l’Église demeure un “signe de
contradiction” (Luc 2, 34) — (…). Le Concile ne pouvait avoir
l'intention d'abolir cette contradiction de l’Évangile à l'égard
des dangers et des erreurs de l'homme. En revanche, son intention
était certainement d'écarter les contradictions erronées ou
superflues, pour présenter à notre monde l'exigence de l’Évangile
dans toute sa grandeur et sa pureté. » Disponible
en ligne sur
<http://www.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/speeches/2005/december/documents/hf_ben_xvi_spe_20051222_roman-curia.html>,
consultée le 7 janvier 2020.
François,
Lettre
à Mgr Marchetto
(ancien
représentant du S. Siège à la F.A.O., secrétaire émérite du
Conseil pontifical pour la pastorale des migrants et des personnes en
déplacement, canoniste, juriste et grand spécialiste du concile
Vatican II, auteur, en français, de : Le
Concile œcuménique Vatican II – Contrepoint pour son histoire
(Sarment/éditions du jubilé, 2012), s’inscrivant dans «
l’herméneutique de la réforme » indiquée par le Pape Benoît
XVI), 7 octobre 2013 (rendue publique le 12 novembre 2013 à
l’occasion de la présentation, au Capitole, du livre édité par
la Maison d’édition du Vatican (Libreria
Editrice Vaticana
– LEV), sous le titre Primat
pontifical et épiscopat. Du premier millénaire au Concile
œcuménique Vatican II – Études en l’honneur de Mgr Agostino
Marchetto) :
« Cher Mgr
Marchetto, (…) Un jour, je vous ai dit, cher Mgr
Marchetto,
et je souhaite aujourd’hui vous le redire, que vous êtes pour moi
le meilleur herméneute du Concile Vatican II. Je sais que c’est un
don de Dieu, mais je sais aussi que vous l’avez fait fructifier.
(...) » Lettre
traduite ne française disponible en ligne sur
<https://fr.zenit.org/articles/hommage-du-pape-aux-travaux-de-mgr-marchetto-sur-vatican-ii/>,
consultée le 7
janvier 2020.
François,
Lettre
au cardinal Walther
Brandmüller,
envoyé spécial du Pape à l’occasion des célébrations du 450e
anniversaire
de la clôture du Concile de Trente,
19
novembre 2013 : « Ce n'est certainement pas sans raison
que l’Église a depuis si longtemps apporté le plus grand soin aux
décrets et canons de ce Concile, qui doivent être rappelés et
observés, puisque que, des choses et des questions extrêmement
graves ayant surgi en ce temps, les Pères conciliaires ont tout mis
en œuvre pour que la foi catholique apparût plus clairement et fût
mieux comprise. Nul doute que, sous l’inspiration et la suggestion
du Saint-Esprit, ils ont eu le plus grand souci que le dépôt sacré
de la doctrine chrétienne fût non seulement préservé, mais aussi
que l’homme fût mieux éclairé, de sorte que l’œuvre
salvifique du Seigneur fût diffusée dans
le monde entier
et que l’Évangile fût propagé sur
la terre entière.
Toujours à l’écoute du même Esprit, la Sainte Église de notre
époque renouvelle et médite maintenant
encore la
très
riche doctrine
tridentine.
En effet, « l’herméneutique du renouveau » que Notre
prédécesseur Benoît XVI a expliqué en 2005 devant la Curie
romaine, ne
se
réfère pas
moins
au Concile de Trente qu’à celui du
Vatican. Certainement, ce mode d’interprétation met brillamment en
lumière une propriété
remarquable
de
l’Église
qui lui
est
communiquée
par le Seigneur Lui-même
: “C'est
‘un sujet’ qui grandit au
cours des siècles
et qui se développe, restant cependant toujours le même. C’est,
en effet, l'unique
sujet du Peuple de Dieu en pérégrination.
» La
version latine originale est disponible en
ligne
sur
<https://w2.vatican.va/content/francesco/la/letters/2013/documents/papa-francesco_20131119_brandmuller-450-chiusura-concilio-trento.html>,
consultée le 23 novembre 2019.
Cf.
Fr.
John Zuhlsdord, « Interprétation du Concile : Le Pape François
à la lumière de Benoît XVI », paru en anglais le 23.11.2019,
traduit en français le 26.11.2019, disponible en ligne sur
<https://fr.aleteia.org/2013/11/26/interpretation-du-concile-le-Pape-francois-a-la-lumiere-de-benoit-xvi/>,
consultée le 25 novembre 2019.
(12)
Bienheureux Pie IX, Lettre encyclique Etsi multa, 21 novembre
1873 : « Car tout en reniant et en renversant la véritable
autorité de juridiction dans la personne du Pontife romain, et des
évêques successeurs de saint Pierre et des Apôtres, et en la
transférant au peuple, ou pour user de leur langage, à la
communauté, ils rejettent avec opiniâtreté et attaquent le
Magistère infaillible et du Pontife romain et de toute l’Église
enseignante, et, donnant un démenti au Saint-Esprit dont le Christ
avait promis à l’Église l'assistance éternelle, par une audace
incroyable, ils soutiennent que le Pontife romain, aussi bien que
tous les évêques ensemble, les prêtres associés à eux dans
l'unité de foi et de communion, sont tombés dans l'hérésie en
acquiesçant aux définitions du concile œcuménique du Vatican et
en les professant. C'est pourquoi ils nient aussi l'indéfectibilité
de l’Église, disant avec blasphème qu'elle a péri dans l'univers
entier, et que par conséquent son Chef visible et les évêques ont
fait défection. De là ils infèrent pour eux la nécessité de
restaurer un épiscopat légitime en la personne de leur
pseudo-évêque qui entrant, non par la porte, mais par un autre
endroit, comme un voleur et un larron, a attiré sur sa tête la
sentence du Christ qui le condamne. Cependant
ces infortunés, qui sapent les bases de la religion catholique,
abrogent toutes ses notes et propriétés, inventent des erreurs si
horribles et si nombreuses ou plutôt qui les ont empruntées à
l'arsenal des anciens hérétiques, pour les réunir ensemble et les
publier, ne rougissent pas de se dire catholiques et même vieux
catholiques, alors que par leur doctrine, leur nouveauté et leur
petit nombre ils renoncent à cette note d'antiquité et de
catholicité plus qu'à tout autre. » Texte en français
disponible en ligne sur
<https://laportelatine.org/bibliotheque/encycliques/PieIX/etsi_multa_luctuosa.php>,
consultée le 25 novembre 2019.
(13)
Cf. Code
de droit canonique,
1917, livre 4, partie 1, section 1, titre 1, canon 1557 : « §1.
Il appartient au seul Pontife Romain de juger (…) 2° Les
cardinaux ; (…). » [“§1.
Ipsius Romani Pontificis dumtaxat ius est iudicandi : (…) 2°
Patres Cardinales ; (…).”] Disponible
en ligne sur
<https://www.droitcanonique.fr/codes/cic-1983-1/c-1557-cic-1917-3321>,
consultée le 7 janvier 2020.
(14)
Vén. Pie XII, Constitution apostolique Vacantis
Apostolicæ Sedis,
8 décembre 1945 : « 34. Aucun cardinal ne peut d'aucune
manière être exclu de l'élection active et passive du Souverain
Pontife sous le prétexte ou par le motif de n'importe quelle
excommunication, suspense, interdit ou autre empêchement
ecclésiastique. Nous suspendons ces censures seulement pour cette
élection ; elles conserveront leurs effets pour tout le reste. (…)
101. Ce consentement ayant été donné dans un espace de temps qui,
dans la mesure où il est nécessaire, doit être déterminé par le
sage jugement des cardinaux à la majorité des votes, l'élu est
immédiatement vrai Pape, et il acquiert par le fait même et peut
exercer une pleine et absolue juridiction sur l'univers entier. Dès
lors, si quelqu'un ose attaquer des lettres ou décisions concernant
n'importe quelles affaires, émanant du Pontife romain avant son
couronnement, Nous le frappons de la peine d'excommunication à
encourir ipso
facto. »
Version française du texte disponible sur
<http://a-c-r-f.com/documents/Pie-XII_Vacantis-Apostoliae-sedis.pdf>,
consultée le 25 novembre 2019.
(15)
Voir, par exemple, disponible en ligne
<https://www.gods-catholic-dogma.com/section_20.3.html>,
consultée le 25 novembre 2019.
(16)
S. Pie X, Lettre
encyclique
Communium
rerum,
21 avril 1909 : « « Notre
foi
, dit [S.
Anselme],
doit
être défendue par la raison contre les
impies. »
Mais comment et jusqu'à quel point
? La phrase suivante le fait
clairement
comprendre
: « Il
faut leur montrer de
manière rationnelle à
quel point ils nous méprisent de façon irrationnelle »
(S. Anselme, 2d
Livre des épîtres,
épître 41). La fonction principale de la philosophie est donc de
mettre
en évidence
l’obéissance
rationnelle
[rationale
obsequium]
de
notre foi et, ce
qui en découle, le
devoir de s’attacher
à l'autorité
de
la foi divine
proposant
les
mystères les
plus élevés qui, attestés par de nombreux
indices
de vérité, sont
devenus
extrêmement
crédibles.
Tout
à fait différente est
la
fonction de
la théologie qui
s’appuie
sur la révélation divine et rend plus inébranlables
dans
la foi ceux
qui proclament
jouir de l'honneur du nom de chrétien ; « de
fait, aucun
chrétien ne doit
examiner
en quoi serait faux [quomodo…
non
sit]
ce
que l'Église catholique croit en
son
cœur et confesse de sa bouche ; mais,
gardant
toujours indubitablement la même foi, en l’aimant, et en vivant
conformément
à elle,
[il doit], autant qu’il peut, chercher la raison pour
laquelle cela
serait vrai [quomodo
sit].
S’il peut le comprendre, qu’il en rende grâce à Dieu, s’il ne
le peut pas, qu’il n’attise pas le feu de son attaque mais qu’il
incline la tête pour vénérer. » (De
fide Trinitatis,
chap. 2). Pour
le texte latin, cf. La
Civilta Cattolica,
année 60, 1909, vol. 2, p. 431-432. Disponible en ligne sur
<https://archive.org/details/s60laciviltcatto02romeuoft/page/430>,
consultée le 3 décembre 2019.
(17)
« Liberté
religieuse. Réponse aux dubia
présentés par S[on] E[xcellence] Mgr Lefebvre » : « Il
est certain que les erreurs mentionnées par l’Enc[yclique] Quanta
cura,
furent condamnées en
elles-mêmes,
et non seulement en raison des circonstances historiques de l’époque.
Cependant, il convient d’avoir bien présent à l’esprit quelles
étaient ces erreurs, pour comprendre correctement les termes sous
lesquels elles sont désignées dans l’Encyclique. On voit ainsi
que l’on se trouve en présence d’un cas – qui n’est pas
unique dans l’histoire – où est condamnée une doctrine exprimée
avec des mots qui, plus tard, seront utilisés par l’Église
elle-même en leur donnant une signification différente. On peut
trouver d’autres cas de contradictions apparentes entre des textes
du Magistère. L’exemple le plus ancien est peut-être celui du mot
consubstantiel, rejeté par le Concile d’Antioche en 264, dans le
sens modaliste que lui avait donné Paul de Samosate, qui l’utilisait
pour nier la distinction réelle entre les Personnes du Père et du
Fils. Il fut ensuite adopté par le Concile de Nicée en 325, dans un
sens différent, le seul correct, défini par le Concile lui-même
(Cf. Dictionnaire
de Théologie Catholique,
vol. I, col. 1434 ; vol. III, col. 1611-1612 ; vol. XII, col. 50.).
Dans l’Écriture Sainte, elle-même, on peut trouver des exemples
de ce type. Les paroles du Seigneur : “Moi et le Père nous sommes
un” (Jn 10, 30) peuvent paraître — à qui ne lit pas la Sainte
Écriture in sinu Ecclesiæ – incompatibles avec l’affirmation
“Le Père est plus grand que moi” (Jn 14, 28). De même, les
textes du Magistère, de manière analogue à ceux de la Sainte
Écriture, doivent être lus in sinu Ecclesiæ, en évitant
l’interprétation libre (Cf.
Paul VI, “Discorso”,
20-XII-1976 :
Insegnamenti di Paolo VI,
14 (1976), p. 1088. ).
Dans le cas qui nous occupe, l’expression “liberté de conscience
et de culte” dans l’Encyclique Quanta
Cura
et l’expression “liberté
religieuse”
dans la Déclaration Dignitatis Humanae désignent des réalités
différentes. » Cf.
le texte disponible en ligne sur
<https://laportelatine.org/vatican/sanctions_indults_discussions/premieres_discussions_jeanPaulII/reponses_dubia.pdf#page=44>,
consulté le 3 décembre 2019.
(18)
Pie XI, Lettre encyclique
Maximam gravissimamque,
18 janvier 1924 : « Quoi qu'il en soit, que personne ne se
permette de détourner dans un sens qui est très loin de Notre
pensée Notre déclaration présente comme si Nous voulions abolir
les condamnations portées par Notre prédécesseur de sainte
mémoire, Pie X, ou Nous réconcilier avec les lois qu'on nomme
laïques ; car ce que Pie X a condamné, Nous le condamnons de même,
et toutes les fois que par « laïcité » on entend un sentiment ou
une intention contraires ou étrangers à Dieu et à la religion,
Nous réprouvons entièrement cette « laïcité » et Nous déclarons
ouvertement qu'elle doit être réprouvée. » cf. la version
française du texte, disponible en ligne sur
<https://www.comprendre-la-laicite.fr/images/Textes-postérieurs-à-1905/Autres_textes/Encyclique_Maximam_gravissimamque.pdf#page=3>,
consultée le 3 décembre 2019.
(19)
Vén. Pie XII, Allocution
à la colonie des Marches à Rome, 23
mars 1958 : « Que vos cités soient une partie vivante de
l’Église. Il y a des gens, en Italie, qui s'agitent parce qu'ils
craignent que le christianisme enlève à César ce qui est à César.
Comme si donner à César ce qui lui appartient n'était pas un
commandement de Jésus ; comme si la légitime et saine laïcité de
l’État n'était pas un des principes de la doctrine catholique ;
comme si ce n'était pas une tradition de l’Église, de s'efforcer
continuellement à maintenir distincts, mais aussi toujours unis,
selon les justes principes, les deux Pouvoirs ; comme si, au
contraire, le mélange entre le sacré et le profane ne s'était pas
plus fortement vérifié dans l'histoire quand une portion de fidèles
s'était détachée de l’Église. » Disponible en ligne sur
<http://www.clerus.org/bibliaclerusonline/pt/c0a.htm>,
consultée le 3 décembre 2019.
(20)
S. Jean-Paul
II, Lettre
aux Évêques de France,
11 février 2005 : « 3. Le principe de laïcité, auquel
votre pays est très attaché, s’il est bien compris, appartient
aussi à la Doctrine sociale de l’Église. Il rappelle la nécessité
d’une juste séparation des pouvoirs (cf. Compendium
de la Doctrine sociale de l’Église,
nn. 571-572), qui fait écho à l’invitation du Christ à ses
disciples: “Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce
qui est à Dieu” (Lc 20, 25). Pour sa part, la non-confessionnalité
de l’État, qui est une non-immixtion du pouvoir civil dans la vie
de l’Église et des différentes religions, comme dans la sphère
du spirituel, permet que toutes les composantes de la société
travaillent ensemble au service de tous et de la communauté
nationale. De même, comme le Concile œcuménique Vatican II l’a
rappelé, l’Église n’a pas vocation pour gérer le temporel,
car, “en raison de sa charge et de sa compétence, elle ne se
confond d’aucune manière avec la communauté politique et n’est
liée à aucun système politique” (Constitution pastorale Gaudium
et spes,
n. 76 § 2; cf. n. 42). Mais, dans le même temps, il importe que
tous travaillent dans l’intérêt général et pour le bien commun.
C’est ainsi que s’exprime aussi le Concile : “La communauté
politique et l’Église, quoique à des titres divers, sont au
service de la vocation personnelle et sociale des mêmes hommes.
Elles exercent d’autant plus efficacement ce service pour le bien
de tous qu’elles recherchent davantage entre elles une saine
coopération” (Ibid.,
n. 76 § 3). » Disponible en ligne sur
<http://w2.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/letters/2005/documents/hf_jp-ii_let_20050211_french-bishops.html>,
consultée le 3 décembre 2019.
(21)
Pie XI, Lettre encyclique Divini
Redemptoris,
19 mars 1937 : « Le communisme athée s'est montré au
début, tel qu'il était, dans toute sa perversité, mais bien vite
il s'est aperçu que de cette façon il éloignait de lui les
peuples: aussi a-t-il changé de tactique et s'efforce-t-il d'attirer
les foules par toutes sortes de tromperies, en dissimulant ses
propres desseins sous des idées en elles-mêmes bonnes et
attrayantes. (…) Ainsi, sans rien abandonner de leurs principes
pervers, ils invitent les catholiques à collaborer avec eux sur le
terrain humanitaire et charitable comme on dit, en proposant parfois
même des choses entièrement conformes à l'esprit chrétien et à
la doctrine de l’Église. Ailleurs, ils poussent l'hypocrisie
jusqu'à faire croire que le communisme, dans les pays de plus grande
foi et de civilisation plus avancée, revêtira un aspect plus doux,
n'empêchera pas le culte religieux et respectera la liberté de
conscience. Il y en a même qui, s'en rapportant à certaines
modifications introduites depuis peu dans la législation soviétique,
en concluent que le communisme est près d'abandonner son programme
de lutte contre Dieu. 58. Veillez, Vénérables Frères, à ce que
les fidèles ne se laissent pas tromper. Le communisme est
intrinsèquement pervers, et l'on ne peut admettre sur aucun terrain
la collaboration avec lui de la part de quiconque veut sauver la
civilisation chrétienne. » Disponible
en ligne sur
<http://www.vatican.va/content/pius-xi/fr/encyclicals/documents/hf_p-xi_enc_19370319_divini-redemptoris.html>,
consultée le 3 décembre 2019.
(22)
Pie XI, Lettre encyclique Non
abbiamo bisogno,
29 juin 1931 : « Nous avons dit : “les droits sacrés et
inviolables des âmes et de l'Église”. Il s'agit du droit qu'ont
les âmes de se procurer le plus grand bien spirituel sous le
Magistère et l’œuvre éducative de l'Église, divinement
constituée unique mandataire de ce Magistère et de cette œuvre, en
cet ordre surnaturel fondé dans le sang du Dieu Rédempteur,
nécessaire et obligatoire pour tous, afin de participer à la divine
Rédemption. Il s'agit du droit des âmes ainsi formées à
communiquer les trésors de la Rédemption à d'autres âmes, en
collaborant à l'activité de l'apostolat hiérarchique. C'est en
considération de ce double droit des âmes que Nous Nous disions
récemment heureux et fier de combattre le bon combat pour la liberté
des consciences, non pas (comme certains, par inadvertance peut-être,
Nous l'ont fait dire) pour la liberté de conscience, manière de
parler équivoque et trop souvent utilisée pour signifier l'absolue
indépendance de la conscience, chose absurde en une âme créée et
rachetée par Dieu. » Disponible
en ligne sur
<http://avancezaularge.free.fr/pie11_non_abbiamo_bisogno.htm>,
consultée le 3 décembre 2019.
(23)
Vén. Pie XII, Lettre encyclique Humani
generis,
12 août 1950 : « Mais on ne peut pas, pour cette raison,
équiparer la théologie, même celle qu'on dit positive, à une
science purement historique. Car Dieu a donné à son Église, en
même temps que les sources sacrées, un Magistère vivant pour
éclairer et pour dégager ce qui n'est contenu qu'obscurément et
comme implicitement dans le dépôt de la foi. Et ce dépôt, ce
n'est ni à chaque fidèle, ni même aux théologiens que le Christ
l'a confié pour en assurer l'interprétation authentique, mais au
seul Magistère de l’Église. Or si l’Église exerce sa charge,
comme cela est arrivé tant de fois au cours des siècles, par la
voie ordinaire ou par la voie extraordinaire, il est tout
à fait évident
qu'il est d'une méthode absolument fausse d'expliquer le clair par
l'obscur, disons bien qu'il est nécessaire que tous s'astreignent à
suivre l'ordre inverse. Aussi notre Prédécesseur, d'immortelle
mémoire, Pie IX, lorsqu'il enseigne que la théologie a la si noble
tâche de démontrer comment une doctrine définie par l’Église
est contenue dans les sources, ajoute ces mots, non sans de graves
raisons : “dans le sens même où l’Église l'a définie”. »
Disponible en ligne sur
<http://w2.vatican.va/content/pius-xii/fr/encyclicals/documents/hf_p-xii_enc_12081950_humani-generis.html,
consultée le 6 décembre 2019.
(24)
Cf. art. « The Roman Congrgations », Catholic
Encyclopedia,
1913 : « Pius
IV, in his zeal for the execution of the Decrees of the Council of
Trent, besides other measures taken by him to this end (see the
Constitution Benedictus
Deus
of 26 January, 1563), by a Motu
Proprio
of 2 August, 1564, commissioned eight cardinals to supervise the
execution of the Tridentine Decrees and gave them ample faculties to
that end, providing however, that cases of doubt or of difficulty, as
he had already decreed in the Constitution Benedictus
Deus,
should be referred to him. In this Motu
Proprio,
Pius IV referred to the congregation of cardinals thus created as
Congregatio
super exsecutione et observatione S. Concilii Tridentini.
As time went on, and in view of the interpretation of frequent
doubts, the congregation received from the successors of Pius IV the
power also to interpret the Decrees of the Council of Trent, so that
Sixtus V, in his Constitution Immensa,
already calls it Congregatio
pro exsecutione et interpretatione Concilii Tridentini,
a title given to it before his time. Gregory XIV afterwards conferred
upon it authority to reply to questions in the name of the pope. »
Disponible en ligne sur <http://www.newadvent.org/cathen/13136a.htm>,
consultée le 6 décembre 2019.
(25)
Pie IV, Bulle Benedictus
Deus et Pater,
24 janvier 1564 : « Au reste, pour éviter le désordre et
la confusion qui pourraient naître, s'il était permis à chacun de
mettre au jour des commentaires et des interprétations tels qu'il
lui plairait sur les décrets du Concile ; faisons expresse défense,
de l'autorité apostolique, à toutes personnes, tant
ecclésiastiques, de quelque rang, dignité et condition qu'elles
soient, que séculières, de quelque puissance et autorité qu'elles
puissent être, aux prélats, sous peine d'interdiction de l'entrée
de l'église, et à tous les autres quels qu'ils soient, sous peine
d'excommunication encourue par le fait, d'entreprendre sans notre
autorité de mettre en lumière, de quelque manière que ce soit,
aucuns commentaires, gloses, annotations, remarques, ni généralement
aucune sorte d'interprétation sur les décrets dudit Concile, ni de
rien statuer à ce sujet, à quelque titre que ce soit, quand ce
serait sous prétexte de donner plus de force auxdits décrets, de
favoriser leur exécution, ou sous quelque autre couleur que ce soit.
Que s'il y a quelque chose qui paraisse obscur à quelqu'un, soit
dans le terme, soit dans le sens des ordonnances, et qui lui semble
pour cela avoir besoin de quelque interprétation ou décision, qu'il
ait recours au lieu que le Seigneur a choisi, c'est-à-dire au Siège
apostolique, d'où tous les fidèles doivent tirer leur instruction,
et dont le saint Concile a reconnu avec tant de respect l'autorité.
Si donc au sujet desdits décrets, il s'élève quelques difficultés
et quelques questions, Nous nous en réservons l'éclaircissement et
la décision, ainsi que le saint Concile lui-même l'a ordonné, et
Nous sommes prêt, comme il se l'est promis de nous avec justice, à
pourvoir aux besoins de toutes les provinces en la manière qu'il
nous paraîtra la plus commode ; déclarant nul et de nul effet tout
ce qui pourrait être fait et entrepris contre la teneur des
présentes, par qui que ce soit et par quelque autorité que ce
puisse être, avec connaissance ou par ignorance. » Disponible
en ligne sur
<https://books.google.fr/books?id=UcA8AAAAcAAJ&pg=RA1-PA387#v=onepage&q&f=false>,
consultée le 6 décembre 2019.
(26)
Les feeneysites se réfèrent au Père Leonard Feeney, jésuite
(1897-1978), du Saint-Benedict-Center de Boston (É. U. A.)
excommunié par une
déclaration du Saint-Office
au cours de la séance plénière du 4 février 1953, déclaration
d’excommunication confirmé par le Vén. Pie XII le 12 février
1953.
(27)
Eugène IV, Bulle Cantate
Domino,
décret sur les Jacobites, Concile de Florence, 4 février 1442 (ou
1441 selon le comput de Florence) : « [La très sainte
Église romaine] croit fermement, professe et prêche qu' “aucun de
ceux qui se trouvent en dehors de l’Église catholique, non
seulement païens” mais encore juifs ou hérétiques et
schismatiques ne peuvent devenir participants à la vie éternelle,
mais iront “dans le feu éternel qui est préparé pour le diable
et ses anges” (Matthieu 25, 41) à moins qu'avant la fin de leur
vie ils ne lui aient été agrégés ; elle professe aussi que
l'unité du corps de l’Église a un tel pouvoir que les sacrements
de l’Église n'ont d'utilité en vue du salut que pour ceux qui
demeurent en elle, pour eux seuls jeûnes, aumônes et tous les
autres devoirs de la piété et exercices de la milice chrétienne
enfantent les récompenses éternelles, et que “personne ne peut
être sauvé, si grandes que soient ses aumônes, même s'il verse
son sang pour le nom du Christ, s'il n'est pas demeuré dans le sein
et dans l'unité de l’Église catholique.” » Cf.
Denzinger-Schönmetzer n. 1351/714. Disponible en ligne sur
<http://catho.org/9.php?d=bwo#di2>,
consultée le 6 décembre 2018.
(28)
Pie Pie VI, Bulle Auctorem
Fidei,
28 août 1794 : « [Les anciens docteurs de l’Église]
connaissaient la capacité des novateurs dans l’art de tromper :
pour ne pas offusquer les oreilles catholiques, ils cherchent à
masquer les entrelacs de leurs tortueuses manœuvres par des manières
de parler trompeuses, de sorte que, par le choix des termes, l’erreur
s’inscrive de façon plus douce dans les âmes, et que la vérité
une fois corrompue par de légers changements ou additions, la
confession de la foi qui opérait le salut, conduise par un détour
subtil à la mort. Cette manière de procéder, camouflée et
mensongère, est vicieuse dans quelque mode d’expression que ce
soit. À
plus forte raison est-il impossible de la tolérer dans un synode
dont la gloire principale consiste précisément à enseigner avec
limpidité la vérité, en excluant tout danger d’erreur. En outre,
s’il y a là un péché, on ne saurait l’excuser, comme on le
voit faire, sous le fallacieux prétexte que les affirmations d’un
passage apparaissant choquantes sont développées à d’autres
moments de manière orthodoxe, et même se retrouvent à d’autres
occasions dûment corrigées ; comme si précisément, cette
possibilité d’affirmer et de nier, ou de mettre au goût de chacun
—
ce
qui fut toujours la frauduleuse astuce des novateurs pour consolider
l’erreur —
avait
une efficacité non seulement pour promouvoir l’erreur, mais aussi
pour l’excuser. Ou bien, comme si, surtout pour les simples fidèles
qui éventuellement connaîtraient telle ou telle partie des
conclusions exposées pour tous en langue vulgaire, il y avait
toujours obligation urgente à présenter les autres passages. Ou
encore, comme si ces mêmes fidèles avaient, en les examinant, la
capacité suffisante de juger par eux-mêmes, écartant toute
confusion et évitant tout péril d’erreur. Un artifice très
blâmable pour l’insinuation de l’erreur doctrinale est celui
qu’a déjà dénoncé notre prédécesseur saint Célestin, en le
découvrant dans les écrits de Nestorius, évêque de
Constantinople, et qu’il mît en évidence pour le réprouver avec
plus de sévérité. Ses textes une fois examinés avec soin, cet
imposteur fut surpris et confondu, tandis qu’il se débattait dans
un flot de paroles, mêlant des choses vraies avec d’autres
obscures confondant à l’occasion l’une et l’autre, de sorte
qu’il pouvait aussi bien confesser des choses niées et posséder
une base pour nier les sentences confessées. Pour mettre à jour de
telles embûches, renouvelées avec une certaine fréquence à toutes
les époques, il n’y a pas d’autre voie que celle-ci : quand il
s’agit de rendre visibles les sentences, qui sous un voile
d’ambiguïté renferment une erreur de sens suspecte ou dangereuse,
il faut dénoncer la signification perverse sous laquelle se camoufle
l’erreur opposé à la vérité catholique. » Disponible en
ligne sur
<https://fidecatholica.wordpress.com/2019/10/09/magistere-pie-vi-auctorem-fidei/>,
consultée le 6 décembre 2019.
(29)
Ibidem : « En
vérité, l’espoir ne nous avait pas quitté qu’il devînt
possible que, s’il présente cette âme docile qu’Augustin (Livre
4 du De Bapt. cont. Donat., chap.
5 ; chap. 2 et livre 5, chapitre 26),
suivant la déclaration de l’Apôtre, requérait au plus haut point
chez un Évêque, lorsque,
avec franchise et simplicité,
et toute
dispute et amertume écartées, lui seraient proposés les principaux
chapitres
des doctrines à examiner
et qui
semblent mériter une plus grande attention, alors, lui-même
concluant logiquement facilement
de
lui-même, il n’hésiterait
pas à exposer dans un sens
plus raisonnable les choses qui ont été présentées de manière
ambiguë et à repousser
ouvertement celles qui étalaient une absurdité
évidente, et de la sorte,
avec la grande réputation de son nom ainsi que la très
heureuse reconnaissance de tous les hommes bons, par la raison la
plus paisible qu’il puisse être, la
tourmente née dans l’Église
seraient arrêtée par une
correction souhaitable
au plus haut point (S.
Célestin, Epître 16, n. 2 ap. Coust.). Mais
maintenant, lorsque, au nom
de sa mauvaise santé, il
aura estimé qu’il ne
doit guère faire usage de
cette faveur offerte, nous ne pouvons dès lors pas différer le
fait de satisfaire à Notre charge Apostolique. Ce n’est pas
seulement du danger d’un ou de deux Diocèses qu’il s’agit,
l’Église Universelle est ébranlée par toute nouveauté (S.
Célestin, Epître 21, ad Episcopus Galliarum,
6). »
(30)
Code
de droit canonique,
1917, livre 4, partie 1, section 1, titre 1, canon 1556 :
“Prima Sedes a nemine iudicatur” (« Le Premier Siège n’est
jugé par personne. » Disponible en ligne sur
<https://www.droitcanonique.fr/codes/canon_search?canon_num=1556&code_id=15>,
consulté le 15 décembre 2019. En sachant que le décret de Gratien
et les sermons d’Innocent III dont la signification est débattue,
ne sont non seulement plus en vigueur mais ne disent jamais qu’un
tel jugement puisse être assumé par les laïcs.
(31)
Vén.
Pie
XII, ibidem :
« Car Dieu a donné à son Église, en même temps que les
sources sacrées, un Magistère vivant pour éclairer et pour dégager
ce qui n'est contenu qu'obscurément et comme implicitement dans le
dépôt de la foi. Et ce dépôt, ce n'est ni à chaque fidèle, ni
même aux théologiens que le Christ l'a confié pour en assurer
l'interprétation authentique, mais au seul Magistère de l'Église. »
Disponible en ligne sur
<http://w2.vatican.va/content/pius-xii/fr/encyclicals/documents/hf_p-xii_enc_12081950_humani-generis.html,
consultée le 15
décembre 2019.
(32)
Vén. Pie XII, Discours
à l’occasion de la Semaine italienne d’adaptation pastorale,
14 septembre 1956 : « Si
comme théologiens ils sont activement intéressés à l'
“orientation” et utilisent des arguments théologiques
scientifiques, on
aurait pu se demander si c'est la parole des théologiens ou celle du
Magistère de l’Église qui a le plus de poids et offre une
meilleure garantie de vérité. (…)
[P]our la connaissance de la vérité, , ce qui est décisif ce n'est
pas l’opinio
theologorum
[opinion des théologiens] mais le sensus
Ecclesiæ
[la compréhension de l’Église]. Sinon ce serait faire des
théologiens presque des magistri
Magisterii
[des maîtres du Magistères] ; ce qui est une erreur évidente.
Cela n'empêche certainement pas les théologiens et les savants de
s'employer à donner un fondement scientifique à toute une série de
questions aiguës de la vie. Certainement le Saint-Père aime, loue
et encourage les recherches érudites et les hautes spéculations des
théologiens qui approfondissent les vérités révélées et qui
n'hésitent pas à considérer, expliquer et soutenir les
déclarations du Magistère ecclésiastique avec le sérieux de la
science, à la lumière de la raison éclairée par la foi1,
c'est-à-dire comme l'affirmait Pie IX, in
sensu Ecclesiæ [selon
la compréhension de l’Église]. » Disponible
sur <http://www.clerus.org/bibliaclerusonline/es/cl5.htm>,
consultée le 15 décembre 2019.
(33)
Benoît XIV, Lettre encyclique
Apostolica Constitutio,
26 juin 1749, §.
6 :
“(…) ;
aut
communis Ecclesiæ sensus ac ritus, (…) privato Doctoris, etsi
sanctitatis ac doctrinæ laude celeberrimi, judicio anteponendus.”
(« et il faut préférer la compréhension et la coutume de
l’Église, (…) au jugement d’un Docteur privé, même s’il
est très célèbre à cause de l’éloge [que l’on fait] de [sa]
sainteté et de [sa] doctrine. » Disponible
en ligne sur
<https://books.google.fr/books?id=YetEAAAAcAAJ&hl=fr&pg=PA120#v=onepage&q&f=false>,
consultée le 7 janvier 2020.
(34)
Joseph Cardinal Ratzinger, Congrégation pour la Doctrine de la Foi,
Note
doctrinale illustrant la formule conclusive de la Professio
fidei, 29 juin 1998, n. 10 et n. 11 : « La troisième
proposition de la Professio
fidei
affirme : « “De plus, avec une soumission religieuse de la volonté
et de l'intelligence, j'adhère aux doctrines qui sont énoncées,
soit par le Pontife romain, soit par le Collège des évêques,
lorsqu'ils exercent le Magistère authentique, même s'ils n'ont pas
l'intention de les proclamer par un acte définitif”. À cet alinéa
appartiennent tous ces enseignements — en matière de foi ou de
morale — présentés comme vrais ou au moins comme sûrs, même
s'ils n'ont pas été définis dans un jugement solennel ou proposés
comme définitifs par le Magistère ordinaire et universel. Ces
enseignements sont en tout cas expression authentique du Magistère
ordinaire du Pontife romain ou du Collège épiscopal et requièrent
donc la soumission religieuse de la volonté et de l'intelligence
[Cf. Concile Œcuménique Vatican II, Constitution dogmatique Lumen
Gentium,
n. 25; Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Instruction Donum
Veritatis,
n. 23 : Acta
Apostolicæ Sedis
82 (1990) 1559-1560]. Ils sont proposés pour nous conduire à une
intelligence plus profonde de la révélation, ou bien pour rappeler
la conformité d'un enseignement avec les vérités de la foi, ou
enfin pour mettre en garde contre les conceptions incompatibles avec
ces vérités ou contre des opinions dangereuses susceptibles
d'induire en erreur [Congrégation pour la Doctrine de la Foi,
Instruction Donum
Veritatis,
n. 23 et n. 24]. Une proposition contraire à ces doctrines peut être
qualifiée d’erronée ou bien, dans le cas des enseignements de
l'ordre de la prudence, de téméraire ou de dangereuse et donc “tuto
doceri non potest” [“ne
peut être enseignée sans danger”] [Cf. Code de droit canonique,
cann. 752; 1371; Code des canons des Églises orientales, cann. 599;
1436 § 2.]. (…) Comme exemples de doctrines appartenant au
troisième alinéa, on peut indiquer en général les enseignements
proposés par le Magistère authentique ordinaire sur un mode non
définitif, qui requièrent des degrés d'adhésion divers, selon
l'esprit et la volonté manifestée spécialement, soit dans la
nature des documents, soit dans le fait de proposer fréquemment la
même doctrine, soit dans la teneur de l'expression employée [Cf.
Concile Œcuménique Vatican II, Constitution dogmatique Lumen
Gentium,
n. 25 § 1 ; Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Instruction
Donum
Veritatis,
n. 17, 23 et 24]. Disponible
en ligne sur
<http://www.vatican.va/roman_curia/congregations/cfaith/documents/rc_con_cfaith_doc_1998_professio-fidei_fr.html>,
consultée le 7 janvier 2020.
(35)
Congrégation pour la doctrine de la foi (Joseph Cardinal Ratzinger,
préfet ; Mgr
Alberto Bovone, secrétaire), Instruction Donum
Veritatis,
Sur la vocation ecclésiale du théologien, 24 mai 1990, n. 24 et
27-29. Disponible en ligne sur
<http://www.vatican.va/roman_curia/congregations/cfaith/documents/rc_con_cfaith_doc_19900524_theologian-vocation_fr.html>,
consultée le 7 janvier 2020.
(36)
Code
de droit canonique,
1983, livre 3, canon 752 : « Ce n'est pas vraiment un
assentiment de foi, mais néanmoins une soumission religieuse de
l'intelligence et de la volonté qu'il faut accorder à une doctrine
que le Pontife Suprême ou le Collège des Évêques énonce en
matière de foi ou de moeurs, même s'ils n'ont pas l'intention de la
proclamer par un acte décisif ; les fidèles veilleront donc à
éviter ce qui ne concorde pas avec cette doctrine. Canon 753 :
Les Évêques qui sont en communion avec le chef du Collège et ses
membres, séparément ou réunis en conférences des Évêques ou en
conciles particuliers, bien qu'ils ne jouissent pas de
l'infaillibilité quand ils enseignent, sont les authentiques
docteurs et maîtres de la foi des fidèles confiés à leurs soins ;
à ce Magistère authentique de leurs Évêques, les fidèles sont
tenus d'adhérer avec une révérence religieuse de l'esprit. Canon
754 : Tous les fidèles sont tenus par l'obligation d'observer
les constitutions et les décrets que porte l'autorité légitime de
l'Église pour exposer la doctrine et proscrire les opinions
erronées, et à un titre spécial, ceux qu'édictent le Pontife
Romain ou le Collège des Évêques. » Disponible en ligne sur
<http://www.vatican.va/archive/FRA0037/__P2F.HTM>,
consultée le 7 janvier 2020.