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mercredi 27 janvier 2021

L’épreuve d’Adam et Ève, l’obéissance, la morale et la gloire

 

Le texte suivant est la retranscription d'une instruction du P. Marie-Dominique Molinié. Il présente donc un style oral très marqué...

 

 

P. Marie Dominique Molinié

 

L’épreuve de nos premiers parents, c’était celle du feu. Et le péché de nos premiers parents, en termes très simples, c’est d’avoir voulu s’emparer de la gloire au lieu d’avoir accepté que la gloire s’empare d’eux, c’est tout. Voyez… ?

Et alors, le troisième péché que je dénonce maintenant mais qui n’est pas celui de nos premiers parents et qui ne pouvait pas être celui de nos premiers parents — parce que ça ne peut pas être le premier —, c’est [ni de refuser de s’emparer de la gloire, comme si on disait] : « oh non, moi, je suis très modeste, je n’en demande pas tant », ni [de refuser] que la gloire s’empare de nous [comme si on disait] : « [j’aime mieux rester] bien tranquille dans mon coin ». Alors ça c’est un péché [qui ferait dire à Dieu] : « si vous étiez chaud ou froid, quoi, enfin, ah ! je vous en sortirai !!! ».

Alors nos premiers parents, non c’était pas ça. Ils ne pouvaient pas. Justement parce qu’ils étaient beaucoup trop profonds, parce qu’ils étaient trop parfaits, parce qu’ils étaient innocents, parce qu’ils étaient purs, parce qu’ils étaient vibrants, parce qu’ils étaient transparents, hein !, parce qu’ils étaient en feu, en fièvre, ils ne pouvaient pas se permettre l’indifférence. Je crois pas.

Seulement le problème, c’est le suivant, hein ?! : « c’est toi qui mange ou c’est Moi qui mange, lequel de nous deux qui va manger l’autre », hein ?! On se regarde comme ça. Et on s’aime. Voyez, cela ressemble beaucoup à l’aventure de l’amour humain : mais « qui qui » va manger l’autre ? Qui va dévorer l’autre ? Qui va avoir raison de l’autre ? Qui va avoir et qui va être eu ? Qui va se laisser posséder et qui va posséder ? « C’est toi qui vas Me posséder ?  — par le moyen de la manducation du fruit interdit et qui va ainsi connaître, en effet, cet espèce de royauté qui appartient à celui qui décide par lui-même de ce qui doit être fait, de ce qui est bien et de ce qui est mal. C’est ça que tu veux connaître ? Ou bien : c’est Ma Vie que tu veux connaître ? Et alors si c’est Ma Vie que tu veux connaître, il faut pas prétendre connaître cette royale indépendance qui est la Mienne. »

Autrement dit, si vous voulez : bon, il y a deux manières d’être Dieu ; il y a deux aspects de Dieu dont l’un ne doit pas être désiré : c’est celui par où Il se distingue de la créature. Qu’est-ce que vous voulez que j’y fasse, moi ! C’est ce que j’appelle « la falaise ». C’est celui par lequel « Tu es tout et nous rien ». C’est ça la morale, en fin de compte. Vous savez, hein… Qu’est ce que c’est que la morale ? Dieu est tout et nous rien, voilà ! Quand vous aurez compris ça, vous serez dans « la morale » ! Et la morale sexuelle comme l’autre ! Et la morale de l’avortement comme l’autre ! Pourquoi ? Parce que, quelle est la grande difficulté de la morale sexuelle ? Quelle est la grande difficulté de tout ? Prenez-moi n’importe quel cas, le plus difficile que vous voudrez : quelle est la grande difficulté ?

Ben, c’est d’accepter qu’il y ait une loi ! Voilà ! Quelle qu’elle soit. Là, croyez-moi… ! La vraie difficulté, c’est d’accepter que, de temps en temps, notre volonté se heurte à un refus... de la part de Dieu. Voilà. Pour quelque raison que ce soit. Et de quelque manière que ce soit. Là est la difficulté.

Une fois que vous avez avalé ça, bon, ben alors, vous dites : « Bon, alors quel est le programme… ? »

Tandis que tant que vous contestez : « j’accepte le programme, j’accepte pas ce programme », ça veut dire : « j’accepte tout simplement d’obéir tant que ça ne me gène pas » ! C’est tout. Ou que : « ça me gène dans des limites que j’estime tolérables ». N’est-ce pas, hein ?! Non, la grande difficulté, c’est pas d’accepter telle ou telle loi morale, c’est d’accepter qu’il y ait une loi morale, mais vraiment « morale », c’est-à-dire qu’elle engendre un malheur infini et éternel… si elle est refusée. Et un bonheur infini et éternel si elle est acceptée.

Bon, alors, il y a un privilège de Dieu, c’est de détenir la science du bien et du mal moral. Ça, y faut pas y toucher parce que c’est justement accepter d’obéir. Et y toucher, c’est refuser d’obéir.

Et puis alors, il existe un privilège de Dieu que Dieu veut nous donner, c’est la gloire ! À condition de ne pas toucher à l’arbre de la science du bien et du mal, on entre en possession de l’arbre de Vie. « Laisse-toi manger, laisse-toi dévorer par le feu. » Voilà, en gros.

Seulement, dans la présentation que je vous propose, ces deux fruits se fondent en un seul parce que ce sont deux… j’ai pas le temps de dire quoi, voilà, bon… Ça veut dire que ce même fruit de la gloire, si justement tu t’en empares en ne touchant pas à l’arbre de la science du bien et du mal, il sera pour toi un fruit de vie. Et si tu t’en empares de toi-même, par ton industrie, par tes efforts, par ta conquête, de façon à ne pas être obligé de Me le demander, de le mendier, de l’attendre pendant vingt cinq siècles s’il le faut, pendant des ères géologiques s’il le faut, en te mettant à genoux, en rampant dans la poussière et en disant : « Comme Tu voudras, Ta volonté, pas la mienne ! », si justement, tu veux tricher avec ça…, alors ce même fruit va devenir de la gloire, cette invasion… tu vas toucher la gloire, bien sûr, oh oui ! Si tu fais ça, tu vas toucher la gloire, tu vas manger la gloire. Et tu vas en mourir… « Tu mourras de mort. » La gloire te fera mourir. « Mors est malis, vita bonis », comme l’Eucharistie qui est la prolongation de ce mystère. C’est une mort pour les mauvais, c’est-à-dire pour ceux qui n’acceptent pas d’obéir. La gloire est une mort pour ceux qui n’acceptent pas d’obéir. La gloire est une vie pour ceux qui acceptent d’obéir. Alors, on peut désobéir en s’emparant de la gloire à son gré. On peut désobéir en disant : « Je ne suis pas pressé... ». Enfin : on désobéit. Oui. Et la gloire est une vie pour ceux qui obéissent. Voilà !

Alors l’épreuve de nos premiers parents, ça a été ça : ils n’ont pas obéi. Il en est résulté un certain nombre de conséquences que nous essaierons de voir par la suite et... qui sont bien passionnantes à suivre parce que nous sommes qu’au début de cette affaire-là.

Mais voyez que la gloire est au cœur de ce mystère de nos premiers parents et que, inversement, quand je vous parlais de la gloire, il fallait que je vous parle pour que vous compreniez ce que c’est quand S. Paul dit : « La gloire est en nous », ça veut dire qu’elle nous est restituée par le Christ alors que nous [l’]avions perdue. Car c’est la première chose que Dieu dira à nos premiers parents au soir de la Chute : « eh bien, la gloire, vous l’aurez plus ! » « Vous l’aurez plus ! » « Pas avant Jésus-Christ. » « Vous aurez Mon intimité, Mon pardon, Ma miséricorde, mais la gloire, alors, c’est fini. C’est trop dangereux ! J’ai essayé, ça m’a pas réussi, hein… »


Référence

Père Marie-Dominique Molinié (o.p.), enregistrement audio « Réflexion sur la Genèse, partie 4, minutage : 29’14–35’35. Disponible en ligne sur <http://www.medvan.it/mp3/mol_refgen/RG01-04-ReflexionsurlaGenese.mp3>, consultée le 27 janvier 2021.