À propos de la demande contenue dans la prière évangélique « Notre Père » : ne non inducas in tentationam, « ne nous fais pas entrer en tentation ».
Voici ce qu'en dit Tertullien (v. 155-220), berbère carthaginois de langue latine, converti au christianisme et considéré comme un Père de l'Église. La version française est le fait de l'auteur de ce blog.
Adjecit ad plenitudinem tam expeditæ orationis, ut non de remittendis tantum, sed etiam de avertendis in totum delictis supplicaremus, NE NOS INDUCAS IN TENTATIONEM, id est ne nos patiaris induci, ab eo utique qui tentat. Cæterum absit ut Dominus tentare videatur, quasi aut ignoret fidem cujusque, aut dejicere gestiens. Diaboli est et infirmitas et malitia. Nam et Abrahamum non tentandæ fidei gratia, sacrificare de filio jusserat, sed probandæ, ut per eum faceret exemplum præcepto suo, quo mox præcepturus erat, neque pignora Deo cariora habenda. Ipse a diabolo tentatus, præsidem et artificem tentationis demonstravit. Hunc locum posterioribus confirmat: Orate, dicens, ne tentemini (Luc., XXII, 46). Adeo tentati sunt Dominum deserendo, qui somno potius indulserant quam orationi. Eo respondet clausula interpretans quid sit: Ne nos deducas in tentationem. Hoc est enim: SED DEVEHE NOS A MALO
Il ajoute au développement complet de cette prière si facile, que nous priions non seulement au sujet des fautes qu'il faut remettre, mais également au sujet des fautes qu'il faut éloigner totalement, NE NOUS CONDUIS PAS DANS L'ÉPREUVE, c'est-à-dire ne nous permets pas d'être conduits par celui, de toute façon, qui éprouve. D'ailleurs, loin de nous l'idée que le Seigneur soit vu comme [capable] d'éprouver, comme s'il ignorait la foi de chacun, ou comme s'il brûlait de la saper. La maladie et la méchanceté sont choses du diable. En effet, Il avait commandé à Abraham d'offrir son fils en sacrifice, non pour éprouver sa foi, mais pour la démontrer, afin, par lui, de donner un exemple au précepte qu'il allait bientôt donner, qui est de n'avoir pas de garanties plus précieuses que Dieu. Lui-même a été éprouvé par le diable, Il a montré [du doigt] celui qui préside à l'épreuve et en est l'artisan. Il confirme ce point, plus loin : Priez, dit-Il, afin de ne pas être éprouvé (Luc 12, 46). Tant et si bien, qu' abandonnant le Seigneur, ils furent éprouvés, ceux qui se sont adonnés au sommeil plutôt qu'à la prière. C'est ce qu'assure la conclusion qui explique que ceci : ne nous plonge pas dans l'épreuve, veut dire en effet : OUI, MAIS EMPORTE-NOUS LOIN DU MAL.
Référence.
Quintus Septimus Florens Tertullianus, dit Tertullien, Liber de Oratione [Le livre de la prière], chapitre VIII, Migne - Patrologia Latina - Volumen 001 : Col [1163B] - [1164A].