Le pape Benoît XV (1854-1922) |
(…)
Hâtons-Nous, au contraire, de Nous féliciter de
la résolution qu'on vient de formuler : vous allez veiller à ce que
la femme catholique se sente tenue non seulement d'être honnête,
mais encore de prouver son honnêteté par la façon de se vêtir. Pareille résolution rappelle la nécessité pour la femme catholique
de donner le bon exemple.
Quel grave et urgent devoir de condamner
les exagérations de-la mode! Nées de la corruption de ceux qui les
lancent, comme le remarquait tout à l'heure la très digne
présidente de l'Union des Femmes catholiques, ces toilettes
inconvenantes sont, hélas ! un des ferments les plus puissants de la
corruption générale des mœurs.
Nous
croyons devoir insister d'une manière particulière sur ce point.
Nous savons, d'une part, que certaines toilettes aujourd'hui admises
chez les femmes sont funestes au bien de la société, car elles sont
une funeste provocation au mal; et, d'autre part, Nous sommes rempli
d'étonnement, de stupeur, en voyant que celles qui versent le poison
semblent en méconnaître les funestes effets, que l'incendiaire qui
met le feu à la maison semble en ignorer la puissance de
dévastation.
L'ignorance peut seule expliquer la déplorable
extension prise de nos jours par une mode si contraire à la
modestie, le plus bel ornement de la femme chrétienne ; mieux
éclairée, il Nous semble qu'une femme n'eût jamais pu arriver à
cet excès de porter une toilette indécente jusque dans le lieu
saint, sous les regards des maîtres naturels et les plus autorisés
de la morale chrétienne.
Aussi,
avec quelle satisfaction approuvons-Nous que les adhérentes de
l'Union des Femmes catholiques aient inscrit dans leur programme la
résolution de se montrer honnêtes même dans leur mise. Par cet
engagement elles remplissent le devoir strict de ne pas donner le
scandale et de ne pas être pour autrui une pierre d'achoppement dans
le chemin de la vertu ; elles témoignent, de plus, avoir compris que,
leur mission ayant pris une large étendue dans la société, il leur
incombe de donner le bon exemple non plus seulement entre les murs du
foyer domestique, mais encore dans les rues et sur les places
publiques. Il importe que les femmes catholiques acceptent en toute
logique cet important devoir : il leur impose, outre des obligations
individuelles, une mission sociale.
Aussi
désirons-Nous que les nombreuses adhérentes de l'Union des Femmes
catholiques aujourd'hui réunies en Notre présence forment entre
elles une ligue pour combattre les modes indécentes, non pas
seulement en ce qui les concerne, mais encore chez toutes les
personnes ou familles sur lesquelles leur influence peut s'exercer
efficacement.
La
mère chrétienne ne doit jamais, cela va de soi, permettre à ses
filles de céder aux fausses exigences d'une mode répréhensible ;
mais il ne sera pas superflu d'ajouter que la femme d'un rang social
plus élevé est plus rigoureusement tenue de ne pas tolérer chez
ses visiteuses des immodesties de toilette. Un avis donné à propos
empêcherait le retour de celte audacieuse absence de réserve qui
viole les droits de l'hospitalité bien comprise. Et peut-être
l'écho de ce blâme, arrivant opportunément à d'autres personnes
peu attentives, complices des créateurs des modes inconvenantes,
leur donnerait-il le courage de ne plus se déshonorer en portant ces
toilettes indécentes ou toutes autres analogues que la sage
maîtresse de maison aura réprouvées sans hésitation.
Nous
croyons que cette ligue contre les dérèglements de la mode ne peut
que trouver bon accueil chez les pères, les époux, les frères et
tous les parents des courageuses militantes. Nous voudrions, en tout
cas, que s'emploient à la favoriser et répandre du mieux possible
les pasteurs sacrés et tous les prêtres qui ont charge d'âmes, là
où la mode a franchi les limites de la modestie... et elle les a
franchies en de nombreuses régions !
Mais
que Notre parole soit entendue principalement de vous, très chères
Filles, qui avez aujourd'hui manifesté votre résolution d'être des
apôtres au milieu du inonde.
Il
ne faut pas croire, du reste, que le bon exemple favorise seulement
l'œuvre éducatrice qui revient directement à la femme, dans la
famille comme au dehors; le courage chrétien, qui donne vie au bon
exemple de la femme dans les milieux corrompus de notre époque et
tient tête au débordement de modes indécentes, facilite encore la
mission de la femme au milieu de la société. Aussi le langage
populaire lui-même exprime-t-il un adage du bon sens quand il
affirme que « la vertu s'impose ». (…).
Référence
Pape
Benoît XV, « Allocution sur la mission de
la femme dans la société », devant une délégation de
l'Union des Femmes catholiques, 21 octobre 1919, in Actes de
Benoît XV, tome
II, Maison de la Bonne Presse, Paris, 1926, p. 69-70.