(…)
quand le sens se perd, la communauté se désagrège ou se
déshumanise. Quand un État, une cité, se réduisent à leur
réalité objective, quand ils n'ont plus conscience d'être autre
chose que ce qu'ils sont dans l'objectivité de leurs réalisations
humaines, alors ils restent, bien sûr, œuvres
humaines, mais ne sont plus sens pour les humains qui les composent.
Et au cœur
de ces communautés politiques, dépourvues de tout sens
transcendant, l'égoïsme et les intérêts particuliers auront tôt
fait de resurgir, et de les détruire. Les communautés politiques
les plus pauvres, les plus malheureuses, les plus fragiles ne sont
pas nécessairement celles qui seraient économiquement les moins
défavorisées : ce sont celles qui ont perdu tout idéal
transcendant.
Référence
Jean
Kamp, Credo sans foi, foi sans credo,
coll. « présence et pensée », Aubier Montaigne, 1974,
p. 183-184.