Albert Ritschl |
Pour
lui [Albert Ritschl], le Christ est essentiellement notre Rédempteur,
parce qu'il est le révélateur du Dieu-Père. Car Dieu est amour,
l'amour invincible et permanent, et l'homme se trompe quand il se
croit l'objet de l'inimitié divine. Son péché n'est, en réalité,
qu'une faiblesse et Dieu est tout prêt à lui accorder le pardon.
Les maux de la vie ne sont pas des châtiments, mais une conséquence
fatale de la marche du monde, tout au plus des corrections
paternelles pour nous ramener à Dieu. Toutes ces vérités,
obscurcies dans la conscience humaine, ont été, au contraire,
présentes et vivantes dans la conscience filiale de Jésus,
cependant que sa vie tout entière en était le splendide
commentaire. C'est à ce titre qu'il nous sauve, parce qu'il nous
rend la confiance et l'amour ; il n'est pas venu réconcilier Dieu
avec les hommes, mais les hommes avec Dieu. Sa mort, à cet égard,
n'a point de signification spéciale ; mais elle couronne l'œuvre de
sa vie, en ce qu'elle nous offre un exemple de la plus profonde
communion religieuse avec Dieu dans les plus dures épreuves. La foi
initie chaque chrétien aux mêmes sentiments, et c'est en cela que
consiste notre Rédemption. Comme Schleiermacher, Ritschl enseigne
que cette grâce ne saurait être appropriée que par l'intermédiaire
de l'Église : ce qui leur vaut à tous deux le reproche de
catholicisme.
Référence
Jean
Rivière, Le dogme de la Rédemption, étude théologique,
2e édition, J. Gabalda, Paris, 1914, p. 472-473.
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