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L'adoration des bergers, par Charles Le Brun, 1689, Musée du Louvres |
«
(…) par son incarnation, le Fils de Dieu s’est en
quelque sorte uni lui-même à tout homme » :
phrase
célèbre de la Constitution pastorale « sur l’Église de ce
temps », Gaudium
et Spes, citée
volontiers par le pape S. Jean-Paul II.
Les
prêtres et théologiens de
la Fraternité sacerdotale S. Pie X posent
la question de savoir si cette affirmation se trouve bien dans la
continuité de la théologie christologique et sotériologique
traditionnelle ou si elle constitue une innovation injustifiée.
C’est
ainsi que, pour permettre au
lecteur de se faire une meilleure idée de la question, après
avoir cité les
extraits
suivants :
a)
d’un article de la « Déclaration finale » du premier
symposium théologique de Paris, tenu à l’Institut Universitaire
Saint-Pie X, les 4 et 5 octobre 2002, symposium
qui « se proposait d’analyser la ‘’religion de Vatican
II’’, et d’en tenter une synthèse » ;
b)
d’un texte du Professeur
Paolo Pasqualucci développant
le questionnement de l’union, par son Incarnation, et « en
quelque sorte »du Fils de Dieu « à tout homme »;
… nous
mettrons à disposition un
certain nombre de textes (n°1
à 14) publiés autour de
cette affirmation théologique par le Magistère de l’Église
catholique ou la Commission
théologique internationale, après
le IId
Concile Œcuménique du Vatican.
***
a) « Déclaration finale »,
article 8 – le salut, in La religion de Vatican II – études
théologiques, premier symposium de Paris, 4-5-6 octobre 2002,
Éditions des Cercles de Tradition de Paris, p. 359.
En-deçà de cette croissance historique
de l’unité du genre humain, l’Incarnation du Fils de Dieu
réalise « en quelque sorte » l’identification de tout
homme au Christ (GS, n°22).
La
question fondamentale du salut ou de la damnation perd de son
urgence.
Désormais
la pastorale conciliaire fera l’économie du péché originel et de
la déchéance de la nature humaine.
Le salut
devient une prise de conscience.
b) Professeur Paolo
Pasqualucci, « La christologie anthropocentrique du
Concile Œcuménique Vatican II », in Courrier de
Rome, année 50, n°392 (583), décembre 2015, §.
2 : une conception de l’Incarnation nouvelle et ambiguë.
Dans l’art. 22 de Gaudium et spes,
il est affirmé que « par son incarnation, le Fils de Dieu s’est
en quelque sorte uni lui-même à tout homme » (Ipse enim, Filius
Dei, incarnatione sua cum omni homine quodammodo Se univit).
Comment arrive-t-on à une telle
proposition, qui frappe par sa nouveauté, ainsi que par une
ambiguïté certaine et immédiate, causée à première vue par
l’utilisation de l’expression « en quelque sorte » ?
Si Notre-Seigneur s’est uni seulement «
en quelque sorte », devons-nous comprendre cette union uniquement
dans un sens symbolique, c’est-à-dire moral ? Et si oui, cela
signifie-t-il que chacun de nous a été en quelque sorte divinisé
par l’Incarnation de Notre-Seigneur ?
Mais même sans l’incise, l’idée
même d’Incarnation de Notre-Seigneur comme «union avec tout
homme» est tout sauf claire, étant donné que, d’après le
dogme, nous savons qu’Il s’est uni (dans l’union hypostatique)
exclusivement à la nature humaine de cet homme que fut le juif Jésus
de Nazareth . Sa divinité s’est donc unie (tout en restant
indivisée et distincte) à la nature humaine d’un seul homme, en
un individu unique, un homme en chair et en os, dont l’existence
historique a été largement prouvée.
Comment se fait-il que le Concile, d’une
façon tout à fait atypique, vienne nous parler de l’Incarnation
comme d’une union de Notre-Seigneur « avec tout homme »?
Qu’est-ce que cela signifie ?
L’art. 22 GS fait partie du
chapitre I de cette constitution, consacré à la « Dignité de la
personne humaine » (art. 12-22). L’article veut relier la dignité
de la personne humaine à la divinité du Christ, qui constitue,
comme nous le savons, le modèle de l’homme nouveau, c’est-à-dire
du chrétien, en tant que pécheur repenti qui se régénère en
vivant selon l’enseignement du Christ (Jean 3,3-8).
Le sujet de l’article est en effet : «
Le Christ, homme nouveau. » Il s’agit d’une terminologie
traditionnelle, que le texte conciliaire, en suivant tout de même la
Tradition, rapporte au chapitre V de l’épître aux Romains
davantage qu’à l’Évangile de saint Jean, épître où saint
Paul énonce le dogme du péché originel, opposant le premier Adam
(« figure de Celui qui devait venir ») au Christ, qui est alors le
« nouvel Adam », comme le répète l’art. 22 GS, au premier
paragraphe.
Reapse nonnisi in mysterio Verbi
incarnati mysterium hominis vere clarescit. Adam enim, primus homo,
erat figura futuri [Rm 5, 14 ; Tert., De carnis resurr., 6] scilicet
Christi Domini. Christus, novissimus Adam, in ipsa revelatione
mysterii Patris Eiusque amoris, hominem ipsi homini plene manifestat
eique altissimam eius vocationem patefacit. Nil igitur mirum in Eo
prædictas veritates suum invenire fontem atque attingere fastigium.
(GS 22.1).
Le Concile affirme donc qu’en ce «
nouvel Adam » le Christ, en révélant le mystère du Père et de
son amour pour l’homme, « manifeste pleinement l’homme à
lui-même ». Le manifestant à lui-même, il « lui découvre la
sublimité de sa vocation ». Comprendre : « la très haute vocation
» de l’homme. Ceci établi, poursuit le texte, « la source » des
« vérités exposées au sujet de l’homme » devient alors
évidente.
De quelles vérités s’agit-il ?
De celles exposées dans les paragraphes
précédents du chap. I de la constitution, à partir de l’art. 12.
La première vérité est que l’homme a été « créé à l’image
de Dieu » : pour cette raison, il possède sa « dignité et
vocation ». La dignité de l’homme se manifeste aussi dans la «
dignité de son intelligence et de sa sagesse », qui le conduisent «
vers la recherche et l’amour du vrai et du bien » (art.15) ; dans
la dignité de sa « conscience morale » (art. 16) et dans la «
grandeur de sa liberté » (art. 17).
Cette véritable exaltation de la «
dignité » et de la « grandeur » de l’homme, l’art. 22.1 la
greffe sur la doctrine traditionnelle du Christ comme « nouvel Adam
». Mais une telle union est-elle permise ?
La question me semble tout à fait
permise parce que la célèbre phrase clé : « le Christ, dans la
révélation même du mystère du Père et de son amour, manifeste
pleinement l’homme à lui-même et lui découvre la sublimité de
sa vocation » ne vient pas de saint Paul, ni en tant que phrase ni
en tant que notion.
Elle vient, en revanche, après avoir été
légèrement modifiée, de Catholicisme du père de Lubac, qui
lui-même la tire d’une interprétation déformée de Gal. 1,
15-16.
On le sait, la phrase ci-dessus a déjà
été critiquée efficacement par le cardinal Siri, dans Gethsemani.
Le cardinal accusait à juste titre Lubac de manipulation du texte
saint, de vouloir supprimer la distinction entre la nature et le
Surnaturel, en divinisant ainsi l’homme.
La critique de Siri à Lubac est
considérée comme très pertinente entre autres par Johannes
Dörmann, qui soutenait que la formulation du texte de GS 22.1
remontait en dernière analyse précisément à Henri de Lubac (G.
SIRI, Getsemani, 2e éd., Edition Fraternità della
Santissima Vergine Maria, Rome, 1987, pp. 55-56 ; J. DÖRMANN, Der
theologische Weg Johannes Pauls II, Sitta Verlag, Senden, 1990,
I, p. 922 ss., 112 ss.).
Cette idée de la « manifestation de
l’homme à lui-même » par le Christ, non comme pécheur destiné
à la réprobation éternelle s’il n’est pas racheté par le
Christ, mais au contraire comme porteur d’une dignité qui
manifesterait « la sublimité de sa vocation », constitue une
notion clé de l’art. 22 et, à bien y regarder, de toute la
pastorale de Vatican II. Avec cette idée commence le discours qui
finit par se conclure avec la notion particulière d’Incarnation
que l’on a vu.
(…)
Vatican II affirme donc que
l’Incarnation, n’ayant pas « absorbé » la nature humaine mais
l’ayant « assumée », a élevé par cela même « en nous aussi »
la nature humaine à une « dignité sans égale ».
Devons-nous considérer qu’il s’agit
là de la doctrine toujours enseignée par l’Église, étant donné
que le texte conciliaire semble vouloir justifier ses affirmations
sur la base de ce qui est enseigné par les trois Conciles
œcuméniques de l’antiquité auxquels il se réfère ?
En réalité, si l’on relit ce
magistère conciliaire ancien (et dogmatique), on s’aperçoit que
celui-ci enseigne bien que l’Incarnation a élevé la nature
humaine, mais pas en nous, en Notre-Seigneur Jésus-Christ, en Celui
qui s’est incarné ! Et ce parce que seul Celui qui s’est incarné
est l’homme parfait, sans péché !
Il nous semble donc que l’incise «
etiam in nobis », soutenue par « eo ipso », de GS
22, constitue une extraordinaire nouveauté pour les documents
officiels du Magistère, car elle semble vouloir étendre à nous
aussi, hommes pécheurs, en tant que tels, la dignité sublime de
l’humanité parfaite du Christ, Dieu historiquement incarné en un
homme.
***
1)
Concile du Vatican II,
Gaudium et Spes, 1965, n° 22, § 1, 2 et 5.
1. En réalité, le mystère de
l’homme ne s’éclaire vraiment que dans le mystère du Verbe
incarné.
Adam, en effet, le premier homme, était
la figure de celui qui devait venir [Cf. Rm 5, 14. Cf.
Tertullien, De carnis resurrectione, 6 : « Tout ce que
le limon [dont est formé Adam] exprimait, présageait l’homme qui
devait venir, le Christ » ; Patrologia Latina,
vol. 2, col. 802 (848) ; Corpus
Scriptorum Ecclesiasticorum Latinorum, n°47,
p. 33, 1. 12-13.], le Christ Seigneur.
Nouvel Adam, le Christ, dans la
Révélation même du mystère du Père et de son
amour, manifeste pleinement l’homme à lui-même et lui découvre
la sublimité de sa vocation.
Il n’est donc pas surprenant que les
vérités ci-dessus trouvent en lui leur source et atteignent en lui
leur point culminant.
2. « Image du Dieu invisible »
(Colossiens 1, 15), il est l’Homme parfait qui a restauré dans la
descendance d’Adam la ressemblance divine, altérée dès le
premier péché.
Parce qu’en lui la nature humaine a
été assumée, non absorbée [Cf. Concile de Constantinople
II, can. 7 : « Sans que le Verbe soit transformé dans la nature de
la chair, ni que la chair soit passée dans la nature du Verbe. » –
Cf. aussi Concile de Constantinople III : « Car de même que
sa chair toute sainte, immaculée et animée, n’a pas été
supprimée par la divinisation, mais qu’elle est demeurée dans son
état et dans sa manière d’être. » – Cf. Concile de
Chalcédoine : « nous devons reconnaître en deux natures, sans
confusion, sans changement, sans division, sans séparation » :
Denzinger 148 (302).], par le fait même, cette nature a été
élevée en nous aussi à une dignité sans égale. Car, par
son incarnation, le Fils de Dieu s’est en quelque sorte
uni lui-même à tout homme [Cum
in Eo
natura humana assumpta,
non perempta sit, eo
ipso etiam in nobis ad sublimem dignitatem evecta est.
Ipse enim, Filius
Dei, incarnatione sua cum omni homine quodammodo
Se univit].
Il a travaillé avec des mains d’homme,
il a pensé avec une intelligence d’homme, il a agi avec une
volonté d’homme [Cf. Concile de Constantinople III : « De
même sa volonté humaine divinisée n’a pas été supprimée » :
Denzinger 291 (556).], il a aimé avec un cœur d’homme.
Né de la Vierge Marie, il est vraiment
devenu l’un de nous, en tout semblable à nous, hormis le péché
[Cf. He 4, 15.].
(…)
Mais, associé au mystère pascal,
devenant conforme au Christ dans la mort, fortifié par l’espérance,
il va au-devant de la résurrection [Cf. Ph 3, 10 ; Rm 8,
17. ].
5. Quod
non tantum
pro christifidelibus valet,
sed et pro
omnibus hominibus bonae voluntatis in quorum corde gratia invisibili
modo operatur.
Cum enim pro omnibus mortuus sit Christus (40) cumque vocatio
hominis ultima revera una sit, scilicet divina, tenere debemus
Spiritum Sanctum cunctis possibilitatem offerre ut, modo Deo cognito,
huic paschali mysterio consocientur.
Et cela ne vaut pas
seulement pour ceux qui croient au Christ,
mais bien pour tous les hommes
de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la
grâce [Lumen
gentium, n°
16].
En effet, puisque le Christ est mort pour
tous [Cf. Rom.
8, 32 ] et que la vocation dernière de l’homme est
réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que
l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu
connaît, la possibilité d’être associé au mystère
pascal.
2) Jean-Paul II, Redemptor Hominis
(1979),
nos
8 et
14.
8. (…)
Le Concile Vatican II, dans
son analyse pénétrante du « monde contemporain », a atteint ce
point qui est le plus important du monde visible, à savoir l'homme,
en descendant, comme le
Christ, au plus profond des consciences humaines,
en parvenant jusqu'au
mystère intérieur de l'homme
qui s'exprime, dans le langage biblique et même non biblique, par le
mot «cœur».
Le
Christ, Rédempteur du
monde, est celui qui a
pénétré, d'une manière unique et absolument singulière, dans le
mystère de l'homme, et
qui est entré dans son «cœur».
C'est donc à juste titre que le Concile
Vatican II enseigne ceci :
En
réalité, le mystère de
l'homme ne s'éclaire vraiment que dans le mystère du Verbe incarné.
Adam, en effet, le premier homme, était la figure de celui qui
devait venir (cf. Rm
5, 14), le Christ Seigneur. Nouvel Adam, le Christ, dans la
révélation même du mystère du Père et de son amour, manifeste
pleinement l'homme à lui-même et
lui découvre la sublimité de sa vocation.
Et encore :
« Image
du Dieu invisible » (Col
1, 15) il est l'Homme parfait qui a restauré dans la descendance
d'Adam la ressemblance divine, altérée dès le premier péché.
Parce
qu’en lui la nature
humaine a été assumée,
non absorbée, par le fait
même, cette nature a été élevée en nous aussi à une dignité
sans égale. Car,
par son incarnation, le Fils de Dieu s’est en quelque sorte uni
lui-même à tout homme (Gaudium
et Spes, n°22,
1 et 2).
Il est le Rédempteur de l'homme !
14. (…) Cet homme est la route de
l’Église, route qui se déploie, d'une certaine façon, à la base
de toutes les routes que l’Église doit emprunter, parce que
l'homme – tout homme sans aucune exception –
a été racheté par le Christ ; parce que le Christ est
en quelque sorte uni à l'homme – à tout
homme sans aucune exception – même si l’homme
n'en est pas conscient : « Le Christ, mort et ressuscité pour
tous, offre à l'homme » – à tout homme et à
tous les hommes – «... lumière et forces pour lui
permettre de répondre à sa très haute vocation » (Gaudium
et Spes, n°10). (…).
3) The
Evangelical-Roman Catholic
Dialogue on Mission, 1977-1984, a Report.
Publié par la Pater Noster Press, Exeter, Royaume-Uni et William B.
Eerdmans, Grand Rapids, États-Unis. Réimpresion avec permission, §.
3. 4.
Traduction
française par l’auteur de ce blog.
(…) Roman Catholics go further,
however, and consider that, if human sin is universal, all the more
is Christ's salvation universal. If everyone born into the world
stands in solidarity with the disobedience of the first Adam, still
the human situation as such has been changed by the definitive event
of salvation, that is, the Incarnation of the Word, his death, his
resurrection and his gift of the Spirit. All are now part of the
humanity whose new head has overcome sin and death. For all there is
a new possibility of salvation which colours their entire situation,
so that it is possible to say "Every person, without exception,
has been redeemed by Christ, and with each person, without any
exception, Christ is in some way united, even when that person is not
aware of that" [Redemptor
Hominis, n° 14]. To
become beneficiaries of the obedience of the Second Adam, men and
women must turn to God and be born anew with Christ into the fullness
of his life. The mission of the Church is to be the instrument to
awaken this response by proclaiming the gospel, itself the gift of
salvation for everyone who receives it, and to communicate the truth
and grace of Christ to all [Lumen
Gentium, n°8] .
(…) Les catholiques romains vont plus
loin, et considèrent que, si le péché de l’humanité est
universel, le salut du Christ l’est d’autant plus. Si tout homme
venu au monde est solidaire de la désobéissance du Premier Adam, la
condition humaine en tant que telle a été changée par l’événement
définitif du salut, c’est-à-dire l’Incarnation du Verbe, sa
mort, sa résurrection et la don qu’Il a fait du Saint-Esprit. Tous
ont désormais part à l’humanité dont la Tête nouvelle a
triomphé du péché et de la mort. Il existe pour tous une nouvelle
possibilité de salut qui marque leur entière condition, de telle
manière qu’il est possible de dire : « Tout homme,
sans exception, a été racheté par le Christ, et c’est avec
chaque homme, sans exception que le Christ est, en
quelque sorte, uni, même lorsque cet homme n’en est pas
conscient » [Redemptor Hominis, n°14].
Afin de bénéficier de l’obéissance du Second Adam, les hommes et
les femmes doivent se tourner vers Dieu et renaître avec le
Christ selon la plénitude de Sa vie. La mission de l’Église
est d’être l’instrument qui permettra l’éveil de cette
réponse en proclamant l’Évangile, qui est lui-même le don du
salut, à toute homme qui le reçoit, et de communiquer la vérité
et le grâce du Christ à tous [Lumen Gentium,
n°8]
Evangelicals, on the other hand,
understand the universality of Christ differently. He is universally
present as God (since God is omnipresent) and as potential Saviour
(since he offers salvation to all), but not as actual Saviour (since
not all accept his offer). Evangelicals wish to preserve the
distinction, which they believe to be apostolic, between those who
are in Christ and those who are not (who consequently are in sin and
under judgment), and so between the old and new communities. They
insist on the reality of the transfer from one community to the
other, which can be realized only through the new birth: "if
anyone is in Christ, he is a new creation" (2 Cor 5:17).
Les évangéliques, d’autre part,
comprennent différemment l’universalité du Christ. Il est présent
universellement en tant que Dieu (puisque Dieu est omniprésent) et
Sauveur potentiel (puisqu’Il propose le salut à tous), mais non
pas comme Sauveur en acte (puisque tous n’acceptent pas sa
proposition). Les Évangéliques souhaitent préserver la
distinction, qu’ils croient être apostolique, entre ceux qui sont
dans le Christ et ceux qui ne le sont pas (et qui sont, par
conséquent, pécheurs et soumis au jugement), et ainsi entre
l’ancienne et la nouvelle communauté. Ils insistent sur la réalité
du transfert de l’une à l’autre, transfert qui peut être
accompli uniquement par la nouvelle naissance : « si
quiconque est dans le Christ, il est une nouvelle création »
(2 Corinthiens 5, 17).
The relationship between the life,
death and resurrection of Jesus and the whole human race naturally
leads Roman Catholics to ask whether there exists a possibility of
salvation for those who belong to non-Christian religions and even
for atheists. Vatican II was clear on this point: "Those also
can attain to everlasting salvation who through no fault of their own
do not know the Gospel of Christ or his Church". On the one
hand, there are those who "sincerely seek God and, moved by his
grace, strive by their deeds to do his will". On the other,
there are those who "have not yet arrived at an explicit
knowledge of God, but who strive to live a good life, thanks to his
grace".[23] Both groups are prepared by God's grace to receive
his salvation either when they hear the gospel or even if they do
not. They can be saved by Christ, in a mysterious relation to his
Church.
La relation entre la vie, la mort et la
résurrection de Jésus et l’humanité toute entière conduit
naturellement les catholiques romains à poser la question de savoir
s’il existe une possibilité de salut pour ceux qui appartiennent à
des religions non-chrétiennes et même pour les athées. Vatican II
fut clair à ce sujet : « Peuvent également atteindre au
salut éternel ceux qui, sans faute de leur part, ne connaissent pas
l’Évangile du Christ ou son Église ». D’une part, il y a
ceux qui « cherchent Dieu sincèrement, et [qui], animés
par sa grâce, s’efforcent, dans leurs actes, de faire Sa
volonté ». D’autre part, il y a ceux qui « ne
sont pas encore parvenus à une connaissance explicite
de Dieu, mais qui s’efforcent, par le moyen de
la grâce, de mener une vie bonne » (Lumen gentium,
n°16]. Les deux groupes
sont préparés par la grâce de Dieu à recevoir Son salut, soit
qu’ils entendent parler de l’Évangile, soit que ce ne soit pas
le cas. Ils peuvent être sauvés par le Christ, dans une mystérieuse
relation à Son Église.
Evangelicals insist, however, that
according to the New Testament those outside Christ are "perishing",
and that they can receive salvation only in and through Christ. They
are therefore deeply exercised about the eternal destiny of those who
have never heard of Christ. Most Evangelicals believe that, because
they reject the light they have received, they condemn themselves to
hell. Many are more reluctant to pronounce on their destiny, have no
wish to limit the sovereignty of God, and prefer to leave this issue
to him. Others go further in expressing their openness to the
possibility that God may save some who have not heard of Christ, but
immediately add that, if he does so, it will not be because of their
religion, sincerity or actions (there is no possibility of salvation
by good works), but only because of his own grace freely given on the
ground of the atoning death of Christ. All Evangelicals recognize the
urgent need to proclaim the gospel of salvation to all humankind.
Like Paul in his message to the Gentile audience at Athens, they
declare that God "commands all men everywhere to repent, because
he has fixed a day on which he will judge the world in righteousness
by a man whom he has appointed" (Acts 17:30-31).
Les évangéliques insistent, cependant,
sur le fait que, selon le Nouveau Testament, ceux qui sont en dehors
du Christ sont « dans un état de dépérissement », et
qu’ils ne peuvent recevoir le salut que dans et par le Christ.
Ils sont, par conséquent, profondément préoccupés par la
destinée éternelle de ceux qui n’ont jamais entendu parler du
Christ. La plupart des évangéliques croient que, parce qu’ils
rejettent la lumière qu’ils ont reçu, ils se condamnent eux-mêmes
à l’enfer. Beaucoup ont plus de réticence à se prononcer sur
leur destin, ne souhaitent pas limiter la souveraineté de Dieu et
préfèrent remettre cette question entre Ses mains. D’autres vont
plus loin en se montrant ouverts à la possibilité que Dieu puisse
sauver certains de ceux qui n’ont pas entendu parler du Christ,
mais ils ajoutent immédiatement que, s’Il agit ainsi, cela ne sera
pas à cause de leur religion, de leur sincérité ou de leurs actes
(il n’existe aucune possibilité de salut par les bonnes œuvres),
mais seulement à cause Sa grâce donnée librement sur le fondement
de la mort expiatoire du Christ. Tous les évangéliques
reconnaissent l’urgente nécessité de proclamer l’Évangile
du salut à toute l’humanité. Comme Paul, dans son message aux
Païens d’Athènes, ils déclarent que Dieu « commande à
tous les hommes, en tout lieu, de se repentir, parce qu’il a fixé
le jour où il jugera le monde dans sa justice, par un homme désigné
par Lui (Actes des Apôtres 17, 30-31).
4) Jean-Paul II, Discours au Corps
diplomatique accrédité près le Saint-Siège, 14
janvier 1980, n°4.
(…) Ce
que la sagesse des nations reconnaît, l'Église a des raisons
spéciales et très profondes d'en donner le témoignage et d'en
assurer la sauvegarde, parce que le
Christ s'est uni à tout homme et que sa
sollicitude pour tout homme qu'il a racheté est devenue celle de
l'Église :
« Elle ne peut demeurer insensible à tout ce qui sert au vrai bien
de l'homme, comme elle ne peut demeurer indifférente à ce qui le
menace. » (Encyclique Redemptor hominis,
n°
13.)
Voilà
pourquoi, dans cette encyclique comme dans le discours aux Nations
Unies, j'ai pu insister sur les droits de l'homme et j’en ai
énuméré un certain nombre (cf. Discours
à l'ONU,
n°
13) ;
l'ensemble des droits de l'homme correspond en effet à la substance
de la dignité de l'être humain, compris dans son intégralité et
non pas réduit à une seule dimension.
Et très souvent, j'ai l'occasion de revenir sur ce sujet capital.
5) Commission théologique
internationale, La réconciliation et la pénitence, 1982,
§. B. II. 2
2. Le Nouveau Testament désigne la
croix de Jésus-Christ par des notions comme celles de
substitution, de sacrifice, d’expiation.
Aujourd’hui ces concepts sont
difficilement accessibles à un très grand nombre de personnes;
aussi faut-il les élucider et les interpréter avec soin.
Il y a moyen d’y introduire et
d’y préparer les esprits en se référant à la structure
de solidarité de l’existence humaine : l’être, l’agir et
le laisser-faire de l’autre et des autres déterminent chaque
individu en son être propre et dans son agir.
On peut ainsi rendre à nouveau
compréhensible que par son obéissance et son dévouement «
pour la multitude » Jésus-Christ a introduit une détermination
nouvelle dans la situation existentielle de tout être humain.
Les assertions concernant le caractère
de substitution de l’acte rédempteur de Jésus-Christ ne sont
pleinement intelligibles que si l’on considère qu’en
Jésus-Christ Dieu s’est engagé dans la conditio
humana, de sorte que,
dans la personne de l’homme-Dieu Jésus-Christ, Dieu s’est
réconcilié le monde (2 Co
5, 19). Alors on est en droit de dire : « Un seul est mort pour
tous, donc tous sont morts... Si quelqu’un est dans le Christ, il
est dès lors une créature nouvelle » (2 Co
5, 14.17).
La rédemption du péché, autrement
dit le pardon des péchés, s’effectue donc par l’admirabile
commercium.
« Celui qui n’a pas connu le péché
[Dieu] l’a fait péché pour nous, afin qu’en lui nous devenions
justice de Dieu » (2 Co
5, 21 ; Rm
8, 3 s ; Ga
3, 13 ; 1 P 2, 24). « Le Fils de Dieu, dans la nature humaine qu’il
s’est unie, vainqueur de la mort par sa mort et sa résurrection, a
racheté l’homme et l’a transformé en une créature nouvelle »
(Lumen
Gentium, n°7).
« Parce qu’en lui la nature humaine a été assumée, non
absorbée, par le fait même cette nature a été élevée en nous
aussi à une dignité sans égale. Car, par son incarnation, le Fils
de Dieu s’est en quelque sorte uni à tout homme (Gaudium
et Spes, n°22
; cf. à ce sujet Commission Théologique Internationale, «
Questions choisies de christologie »).
6) Commission théologique
internationale, Dignité et droits de la personne humaine,
1983, §. 2.2.3.
L’Évangile, en effet, apporte un
nouveau fondement religieux spécifiquement chrétien à la dignité
et aux droits de la personne. Il ouvre des perspectives nouvelles
et plus amples aux hommes qu’il considère comme d’authentiques
fils adoptifs de Dieu et comme des frères dans le Christ
crucifié et ressuscité.
Le Christ a été et est présent à
toute l’histoire humaine.
« Au commencement était le Verbe...
toutes choses ont été faites par lui » (Jean
1, 1-3). « Il est l’image du Dieu invisible, premier-né de toute
créature, car en lui toutes choses ont été créées dans les cieux
et sur la terre » (Colossiens
1, 15-16 ; cf. 1 Corinthiens
8, 6 ; Hébreux
1, 1-4).
Dans son incarnation, il a conféré à
la nature humaine une dignité sans égale.
Par là, le Fils de Dieu s’est
en quelque sorte uni à tout homme
(Gaudium
et Spes 22,
2 ; Redemptor hominis 8).
Grâce à son existence terrestre, il
a pris part à la condition humaine sous tous ses aspects hormis le
péché. Dans les douleurs corporelles et spirituelles ressenties
dans sa nature humaine, notamment durant sa Passion, il a pris part à
la condition humaine avec nous tous.
Son passage de la mort à la vie
ressuscitée est aussi un don nouveau qui doit être communiqué à
tous les hommes. Dans le Christ, mort et ressuscité, se trouvent les
prémices de l’homme nouveau transformable et transformé en une
condition supérieure.
Ainsi, donc,
tout chrétien, en son cœur
comme en ses œuvres, doit se
conformer aux exigences de la vie nouvelle et se conduire selon les
exigences de la « dignité chrétienne ».
Il portera une attention toute spéciale au respect des droits de
tous les hommes (Romains
13, 8-10). Selon la loi du Christ (Galates
6, 2) et selon le commandement nouveau de la charité (Jean
13, 34), il ne recherchera pas
ses propres intérêts, il évitera tout égoïsme
(1 Corinthiens
13, 5).
7) Jean-Paul II, Discours aux
membres du Corps diplomatique accrédite près le Saint-Siège, à
l’occasion des vœux du nouvel An, 12
janvier 1991, n°2.
(…) Parce que le Christ, depuis le
jour de Noël, s'est uni à tout homme, l'Église à son tour
partage sa sollicitude pour chacun. Voilà pourquoi le Pape, qui
préside à la communion ecclésiale, se veut au service des
hommes quels qu'ils soient, quelles que soient leurs
convictions, et il ne peut demeurer indifférent à leur bonheur ni
aux menaces qui pèsent sur eux.
8)
Joseph Cardinal Ratzinger
(président du comité de direction), Mgr
Christoph Schönborn (éditeur général), Catéchisme de
l’Église catholique, 1992,
1998, n° 618.
Crux unicum est sacrificium Christi
unius mediatoris inter Deum et homines [Cf 1 Tim
2,5].
Sed quia, in Sua Persona divina incarnata, «
cum omni homine quodammodo Se univit » [Concilium Vaticanum II,
Const. past. Gaudium et spes,
22: Acta Apostolicae Sedis 58 (1966) 1042], hominibus «
cunctis possibilitatem offert ut, modo Deo cognito, [...] Paschali
mysterio consocientur » [Concilium
Vaticanum II, Const. past. Gaudium
et spes, 22: Acta
Apostolicae Sedis 58 (1966) 1043].
Ipse Suos vocat discipulos ut tollant
crucem suam et sequantur Eum [Cf Mt
16,24], quia Ipse passus est pro nobis, nobis relinquens
exemplum ut sequamur vestigia Eius [Cf 1 Pe
2,21]. Ipse etenim Suo sacrificio redemptivo illos vult
etiam sociare qui eius sunt primi beneficiarii.
Hoc [Cf Mc
10,39; Io 21,18-19;
Col 1,24] adimpletur,
modo supremo, in persona Matris Eius, quae, intimius quam quilibet
alius, mysterio Eius passionis redemptricis est associata [Cf Lc
2,35].
« Unica haec et vera est scala
paradisi, nec praeter crucem alia superest qua in caelum ascendatur »
[Sancta Rosa de Lima: P. Hansen, Vita mirabilis [...] venerabilis
sororis Rosae de sancta Maria Limensis (Romae 1664) p. 137].
La Croix est l’unique sacrifice du
Christ « seul médiateur entre Dieu et les hommes »
(1 Tm 2, 5).
Mais, parce que, dans sa Personne
divine incarnée, « il s’est en quelque sorte uni lui-même à
tout homme » (Gaudium et Spes, n°22, § 2), il
« offre à tous les hommes, d’une façon que Dieu connaît,
la possibilité d’être associés au mystère pascal »
(Gaudium et Spes, n°22, § 5).
Il appelle ses disciples à « prendre
leur croix et à le suivre » (Mt 16, 24) car « il a
souffert pour nous, il nous a tracé le chemin afin que nous suivions
ses pas » (1 P 2, 21). Il veut en effet associer à son
sacrifice rédempteur ceux-là même qui en sont les premiers
bénéficiaires (cf. Mc 10, 39 ; Jn 21, 18-19 ; Col 1, 24).
Cela s’accomplit suprêmement pour sa
Mère, associée plus intimement que tout autre au mystère de sa
souffrance rédemptrice (cf. Lc 2, 35).
« En dehors de la Croix il n’y a
pas d’autre échelle par où monter au ciel » (Ste. Rose de
Lima, Vita).
9) Jean-Paul II, Discours
lors de la 1ère session célébrative de l’Assemblée spéciale
pour l’Afrique du synode des Évêques, Yaoundé,
Cameroun, 15 septembre 1995, n°5.
Parmi les thèmes de réflexion du
Synode, une grande attention a été naturellement accordée à
l’inculturation.
Il s’agit au fond, pour les peuples du
monde, de recevoir le Fils de Dieu fait homme, par qui la nature
de l’homme « a été élevée à une dignité sans égale », Lui
qui « s’est en quelque sorte uni à tout homme », Lui qui, «
par son sang librement répandu, nous a mérité la vie », Lui en
qui « Dieu nous a réconciliés avec lui-même et entre nous
»[Gaudium et Spes, n°22].
Ces paroles essentielles du Concile Vatican II nous guident quand
nous réfléchissons à la démarche de l’inculturation.
Tout homme est appelé à accueillir
le Christ dans sa nature profonde. Tout peuple est appelé à
l’accueillir avec toute la richesse de son héritage.
De tout son être, la personne humaine
aimée et sauvée par le Christ se laisse saisir par sa présence et
se laisse purifier par l’Esprit. C’est une rencontre
transformante, car l’amour change celui qui reçoit le Seigneur. Et
Jésus vient avec grandeur et humilité fraternelle en même temps ;
par sa présence, il enrichit ce qui est bon dans l’homme et change
ce qui reste d’impur. J’évoquais à la Messe la parabole des
sarments de la vigne : l’inculturation véritable a lieu quand les
vivants sarments se laissent greffer sur le cep qu’est le Christ et
émonder par le vigneron qu’est le Père.
10) Jean-Paul II, Redemptoris
Missio, 1997, n°6
(…)
S'il est donc normal et utile
de prendre en considération les divers aspects du mystère du
Christ, il ne faut jamais
perdre de vue son unité.
Alors que nous découvrons peu à peu et que nous mettons en valeur
les dons de toutes sortes, surtout les richesses spirituelles, dont
Dieu a fait bénéficier tous les peuples, il ne faut pas les
disjoindre de Jésus Christ qui est au centre du plan divin de salut.
Comme,
« par son Incarnation, le Fils de Dieu s'est en quelque sorte uni
lui-même à tout homme », « nous devons tenir que l'Esprit Saint
offre à tous, d'une façon que Dieu connaît, la possibilité d'être
associés au Mystère pascal » [Cf.
Const. past. sur l’Église dans le monde de ce temps Gaudium et
spes, n°22]. Le plan de Dieu
est de « ramener toutes
choses sous un seul Chef, le Christ, les êtres célestes comme les
terrestres » (Éphésiens
1, 10).
11)
Commission théologique
internationale, Le christianisme et les religions,
1997, nos
46, 47 et
49 b et c.
[46] Le
Fils de Dieu s’est uni à tout homme
[Parmi
d’autres nombreux documents, voir Vatican II, Constitution
pastorale Gaudium
et spes,
no
22 ; Jean-Paul II, Lettre encyclique Redemptoris
missio,
no
6. ].
Cette
idée revient fréquemment chez les Pères,
qui s’inspirent de certains passages du Nouveau Testament. L’un
de ceux qui a donné lieu à cette interprétation est la parabole de
la brebis perdue
[Voir Mt 18, 12-24 ; Lc 15, 1-7]
: celle-ci est identifiée
au genre humain égaré que
Jésus est venu chercher.
Avec
l’assomption de la nature humaine,
le Fils a pris sur ses épaules l’humanité entière pour la
présenter au Père.
Ainsi
s’exprime Grégoire de Nysse : « Cette brebis, c’est nous, les
hommes. […] Le Sauveur prend sur ses épaules la brebis tout
entière car, […] puisqu’elle s’était perdue tout entière,
elle est ramenée tout
entière. Le pasteur la
porte sur ses épaules, c’est-à-dire dans
sa divinité. […] Ayant
pris sur lui cette brebis, il
la rend une avec lui [Saint
Grégoire de Nysse, Antirrheticus
adversus Apolinarium,
16 (Gregorii
Nysseni Opera,
t. III/1, éd. F. Müller, Leiden, 1958, p. 151-152 ; voir Patroloiga
Græca, vol.
n°45, col. 1153). Voir également saint Irénée, Adversus
Haereses,
III, 19, 3 (Source
Chrétiennes,
n° 211, p. 380-381) ; V, 12, 3 (Source
Chrétiennes,
n° 153, p. 150-151) ; Démonstration
de la prédication apostolique,
33 (Source
Chrétiennes,
n° 406, p. 130-131) ; saint Hilaire de Poitiers, Sur
Matthieu,
18, 6 (Source
Chrétiennes,
n° 258, p. 80-81).
»
Le
verset de Jean 1, 14 également (« le Verbe s’est fait chair et il
a habité parmi nous ») a été interprété en plusieurs occasions
dans le sens d’habiter «
en nous », c’est-à-dire
à l’intérieur de
chaque homme ; de «
l’être en nous », on passe facilement à « notre
être en lui [Voir
saint Hilaire de Poitiers, La
Trinité,
II, 24-25 (Source
Chrétiennes,
n° 443, p. 314-316) ; saint Athanase, Oratio
III contra Arianos,
25 et 33-34 (Patroloiga
Græca, vol.
n°26, col. 376 et 393-397) ; saint Cyrille d’Alexandrie, In
Joannis evangelium,
I, ix et V, ii (Patroloiga
Græca, vol.
n°73, col. 161 et 753). On pourrait également introduire ici l’idée
de « l’échange »
; voir saint Irénée, Adversus
Haereses,
V, Préface (Sources
Chrétiennes, n°
153, p. 14-15), etc.]
».
Nous
contenant tous en lui, il peut tous nous réconcilier avec le Père
[Saint
Cyrille d’Alexandrie, In
Joannis evangelium,
I, 9
(Patrologia
Græca,
vol. n°
73,
col. 164)
].
Dans
son humanité glorifiée, nous pouvons tous trouver la résurrection
et le repos [Voir
saint Hilaire de Poitiers, Tractatus
super Psalmos,
XIII, 4 ; XIV, 5 ; XIV, 17 ; LI, 3 (Corpus
Scriptorum Ecclesiasticorum Latinorum, n°22,
p. 81 ; p. 87-88 ; p. 96 ; p. 98). ].
[47] Les Pères n’oublient pas que
cette union des hommes dans le Corps du Christ se
produit surtout dans le Baptême et
l’Eucharistie.
Mais l’union de tous dans le Christ,
par son assomption de notre nature, constitue un présupposé
objectif à partir duquel le croyant grandit dans l’union
personnelle avec Jésus. (…).
[49] (…) (b) Certains textes du Nouveau
Testament et de la tradition la plus ancienne laissent entrevoir une
signification universelle du Christ qui ne se réduit pas à
celle que nous venons de mentionner.
Par sa venue dans le monde, Jésus
éclaire tout homme, il est l’Adam ultime et définitif auquel
nous sommes tous appelés à nous conformer, etc.
La présence universelle de Jésus
apparaît de manière un peu plus élaborée dans la
doctrine ancienne du Logos
spermatikos. Mais même
là, les auteurs anciens font clairement la différence entre
l’apparition plénière du Logos
en Jésus, et la présence de
ses semences en ceux qui ne le connaissent pas.
Cette présence est réelle mais elle n’exclut
pas l’erreur et la contradiction [Outre
les textes déjà cités, voir saint Augustin, Lettre
137,
12 (Corpus
Scriptorum Ecclesiasticorum Latinorum, n°
44, p. 11-14) ; Retractationes,
I, 13, 3 (Corpus
Christianorum,
Series
Latina,
n°57,
p. 37).].
À partir de la venue de Jésus dans le
monde, et surtout à partir de sa mort et de sa résurrection, on
comprend le sens ultime de la proximité du Verbe envers tous les
hommes. Jésus conduit
l’histoire entière à son accomplissement [Constitution
pastorale Gaudium
et spes,
nos
10 et 45.].
(c) Si le salut est attaché à
l’apparition historique de Jésus, l’adhésion personnelle à
Jésus dans la foi ne peut être indifférente pour personne.
Ce n’est que dans l’Église, qui est
en continuité historique avec Jésus, que l’on peut vivre
pleinement son mystère. Cela implique l’indispensable nécessité
de l’annonce du Christ par l’Église.
12) Jean-Paul II, Message pour la
célébration de la journée mondiale de la paix,
1er
janvier 2005.
Même
si le « mystère de l'impiété » est présent et est à l'œuvre
dans le monde (cf. 2
Th 2,7),
il ne faut pas oublier que
l'homme racheté a en lui suffisamment d'énergies pour s'y opposer.
Créé
à l'image de Dieu et racheté par le Christ qui « s'est en quelque
sorte uni à tout homme
» (Gaudium
et spes,
n°22
), ce
dernier peut coopérer activement au triomphe du bien.
L'action
de « l'Esprit du Seigneur remplit le monde »
(Sg
1,7).
Que les chrétiens, spécialement les laïcs, « ne cachent pas cette
espérance au fond d'eux-mêmes, mais que, par une continuelle
conversion et par la lutte ‘‘contre les maîtres de ce monde de
ténèbres, contre les esprits du mal'' (Ep
6,12),
ils l'expriment aussi à travers les structures de la vie séculière
»(Lumen
gentium,
n°35).
13)
Commission théologique
internationale, L’espérance du salut pour les
enfants qui meurent sans baptême, 2007, n°88
Il existe une unité et une solidarité
fondamentales entre le Christ et tout le genre humain.
Par son incarnation, le Fils de Dieu
s’est en quelque sorte (quodammodo) uni à
tout homme [Vatican II, Constitution pastorale Gaudium et
spes, no 22. Les Pères de l’Église se réjouissent
à la pensée de l’assomption de la totalité de l’humanité par
le Christ. Par exemple saint Irénée, Adversus Haereses, III,
19, 3 (Sources chrétiennes, n°
211, p. 380-381) ; Id., Démonstration de la prédication
apostolique, 33 (Sources
chrétiennes, n°
406, p. 130-131) ; saint Hilaire de Poitiers, Sur Matthieu,
4, 12 (Sources chrétiennes, n°
254, p. 130-131) et 18, 6 (Sources
chrétiennes, n°
258, p. 80-83) ; Id., La Trinité, II, 24 (Sources
chrétiennes, n°
443, p. 314-315) ; Id., Tractatus super Psalmos, 51, 17 et
54, 9 (CCSL 61, p. 104 et p. 146) ; etc. ; saint Grégoire de
Nysse, In Canticum Canticorum, Oratio II (Gregorii
Nysseni Opera, vol. 6, H. Langerbeck [éd.], Leiden, 1986, p. 61)
; Id., Antirrheticus adversus Apolinarium (Gregorii Nysseni
Opera, vol. 3/1, F. Müller [éd.], Leiden, 1958, p. 152) ; saint
Cyrille d’Alexandrie, In Joannis evangelium, I, ix (PG
73, col. 161-164) ; saint Léon le Grand, Tractactus 64, 3 et
72, 2 (CCSL 138A, p. 392 et p. 442-443).].
Il n’y a donc personne qui ne soit
atteint par le mystère du Verbe fait chair. L’humanité (avec la
création tout entière) a été objectivement transformée du
fait même de l’incarnation, et objectivement sauvée par
les souffrances, la mort et la résurrection du Christ [Certains
Pères considéraient l’incarnation elle-même comme étant
salvifique ; par exemple saint Cyrille d’Alexandrie, In Joannis
evangelium, V, ii (Patrologia Græca, n°73, col. 753).].
Cependant,
l’être humain doit s’approprier subjectivement ce salut objectif
[Voir
Actes
2, 37-38 ; 3, 19. ].
Cela se fait d’ordinaire par
l’exercice personnel du libre arbitre qui consent à la grâce,
avec ou sans le baptême sacramentel, chez les adultes ; ou,
chez les petits enfants, par la réception du baptême
sacramentel.
Le
cas des petits enfants non baptisés pose problème,
précisément en raison du présupposé de l’absence
d’exercice du libre arbitre de leur part.
Leur situation soulève avec acuité la question de la relation entre
le salut objectif acquis par le Christ et le péché originel, ainsi
que la question de la signification exacte de l’expression
conciliaire « quodammodo
».
14) Conseil Pontifical pour la
Pastorale des Migrants et des Personnes en Déplacement, Conseil
Pontifical Cor Unum,
Accueillir Jésus-Christ dans les réfugiés et les
personnes déracinés de force –
Orientations pastorales,
Cité du Vatican, 2013, n°
14, p. 12.
14. En effet, par l’Incarnation, le
Christ s’est en quelque sorte uni à chaque personne (cf.
Catéchisme de l’Église Catholique, n°
618), que l’on en soit plus ou moins conscient.
Le Christ considérera comme fait à
lui-même le type de traitement réservé à tout être humain, en
particulier au plus petit d’entre eux : l’étranger (cf.
Conseil Pontifical pour la Pastorale des Migrants et des Personnes en
Déplacement, Instruction Erga migrantes caritas Christi, 3
mai 2004, n° 15).
Le Pape Jean-Paul II le rappela quand il
remémora leur mission aux Membres du Conseil de la Commission
Catholique Internationale pour les Migrations :
Aujourd’hui, je désire vous inviter à
prendre toujours davantage conscience de votre mission : voir le
Christ dans chaque frère et sœur dans le besoin, proclamer et
défendre la dignité de chaque migrant, de chaque personne déplacée
et de chaque réfugié. De cette façon, l’assistance apportée
ne sera pas considérée comme une aumône due à la bonté de votre
âme, mais comme un acte de justice qui leur est dû (Discours
aux participants à la réunion de la Commission Catholique
Internationale pour les Migrations (CCIM/ICMC) 2001, 12
novembre 2001, no 2 : O.R., édition hebdomadaire en langue
française, 20 novembre 2001, 7.)
Telle est la vision qui guide l’Église
en ce qu’elle fait en faveur des étrangers de notre époque,
réfugiés, personnes déplacées à l’intérieur de leur pays et
toutes les personnes déracinées de force.