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jeudi 10 août 2017

Le salut par le moyen de l'Église, Peuple de Dieu, selon le Bienheureux Paul VI, 1971



Audience publique, premier septembre 1971


Le Bienheureux Paul VI - Portrait officiel
 


Chers Fils et Filles,

Parmi les multiples expressions qui définissent cette société mystérieuse et complexe qu’est  l’Église, il en est une à laquelle le Concile tient particulièrement : «Peuple de Dieu».

Nous connaissons tous quelques-uns, au moins, des titres que le langage biblique et la théologie confèrent à l’Église. Un rappel à ce sujet permettra de mieux comprendre l’importance et le sens de celui que nous avons choisi, aujourd’hui, comme sujet de réflexion : « Église-Peuple de Dieu ». 


Je serai leur Dieu et eux seront mon peuple

- L’Église est « in Christo », un sacrement, un signe, le moyen par lequel les hommes peuvent communiquer intimement avec Dieu pour leur propre Salut. Elle est l’instrument qui leur permet de s’unir tous dans la création d’une société et même plus, d’une communion.

- L’Église est « la semence et le commencement » du Royaume du Christ et de Dieu.

- C’est le bercail dont le Christ est le Pasteur.

- Elle est la maison, la famille de Dieu, la Jérusalem messianique, la cité de Dieu.

- Épouse du Christ, l’Église est l’humanité unie à Lui par un lien d’amour suprême.

- Elle est pilier et fondement de vérité.

- Elle est surtout le Corps Mystique dont le Christ est le Chef et dont nous sommes les membres, différemment constitués, mais animés d’un seul Esprit (cf. 1 Corinthiens 12,12 ; Colossiens 1,18 ; Éphésiens 1,22-23 ; Éphésiens 4,15-16).

Ces expressions font chacune l’objet d’une profonde méditation, mais reprenons celle que le Concile estime davantage.

Lisons l’une des très belles pages de la Constitution dogmatique sur l’Eglise (Lumen Gentium, n° 9) :

À toute époque et en toute nation, Dieu a tenu pour agréable quiconque le craint et pratique la justice (cf. Actes des Apôtres 10,35). 

Cependant, le bon vouloir de Dieu a été que les hommes ne reçoivent pas la sanctification et le Salut séparément, hors de tout lien naturel. Il a voulu, au contraire, en faire un peuple qui le connaîtrait selon la vérité et le servirait dans la sainteté. 

C’est pourquoi, il s’est choisi Israël pour être son peuple avec qui Il a fait alliance et qu’il a progressivement instruit, se manifestant lui-même et son dessein, dans l’histoire de ce peuple et se l’attachant dans la sainteté. 

Tout cela, cependant n’était que pour préparer et figurer l’alliance nouvelle et parfaite qui serait conclue dans le Christ, et la révélation plus totale qui serait apportée par le Verbe de Dieu lui-même, fait chair. 

« Voici venir des jours, dit le Seigneur, où je conclurai avec la maison d’Israël et la maison de Judas, une alliance nouvelle... Je mettrai ma Loi au fond de leur être et je l’écrirai sur leur cœur. Alors je serai leur Dieu et eux seront mon peuple... Tous méconnaîtront, du plus petit jusqu’au plus grand, dit le Seigneur (Jérémie 31,31-34). 

Cette alliance nouvelle, le Christ l’a instituée : c’est la nouvelle alliance dans son sang (cf. 1 Corinthiens 11,25) ; Il appelle la foule des hommes de parmi les juifs et de parmi les gentils, pour former un tout, non selon la chair, mais dans l’Esprit et devenir le nouveau Peuple de Dieu.
C’est, là, une magnifique synthèse historique et théologique des rapports entre Dieu et l’humanité, selon la Révélation. 


Pas d’antagonisme Peuple-Hiérarchie

D’aucuns ont attribué « une grande importance doctrinale et pratique à la priorité donnée par Lumen Gentium au chapitre II : « Peuple de Dieu », sur le chapitre III : « Constitution hiérarchique de l’Église », comme si cela devait entraîner une modification profonde du contexte de l’Église et l’obliger ainsi à reformer les règles constitutionnelles, établies par le Christ, interprétées et appliquées par la tradition; changement qui s’effectuerait aux dépens des doctrines dogmatiques du Concile de Trente, de Vatican I, de l’enseignement théologique et catéchétique, et dont l’idéologie démocratique de notre temps tirerait profit

Mais il n’en est pas ainsi.

Cette priorité revêt une extrême importance de par la vision globale et organique qu’elle nous oblige à contempler. 

La réalité humaine dont est enveloppé le Corps mystique et social de l’Église, ainsi que la raison finale de l’Église elle-même, c’est-à-dire le Salut de l’humanité, du Peuple, sont placées au premier plan : priores intentiones.

Mais la cause instrumentale efficiente, c’est-à-dire le mandat hiérarchique — avec les pouvoirs relatifs à la génération du Peuple de Dieu —, conféré par le Christ aux Apôtres, garde toute sa valeur : prior executione

Ce n’est pas sous cet aspect pseudo-antagoniste du Peuple et de la Hiérarchie que nous devons considérer ce titre de « Peuple de Dieu » reconnu à l’Église tout entière, fidèles, évêques et Pape ensemble.


Tous voués à un même destin

Dans la pensée divine, les hommes sont tous égaux, voués à un même destin ; l’humanité constitue un peuple auquel tous peuvent s’unir. 

C’était un peuple choisi et pour des raisons ethniques et religieuses, selon l’Ancienne Alliance et l’Ancien Testament, c’était un peuple privilégié. 

Mais avec la venue du Messie, du Christ fondateur d’une « nouvelle et éternelle alliance », un nouveau peuple est né, non pas déterminé par le sang et par la terre, mais comme Pierre l’écrit dans sa première lettre: «race élue, sacerdoce royal, nation sainte, peuple acquis », par la Rédemption du Christ offerte à toute l’humanité, à un peuple de fils de Dieu (cf. Jean 1,12), à vous tous « appelés des ténèbres à son admirable lumière, vous qui, jadis, n’étiez pas un peuple et qui êtes maintenant le Peuple de Dieu » (1 Pierre 2,9-10). 

Tel est le dessein religieux, le vrai plan du Salut, jailli de la miséricorde divine, de l’amour éternel. Le Concile nous le présente admirablement dans toute sa réalité historique, essentielle, dans les siècles des siècles.


Le peuple des croyants

Mais, attention ! Conformément aux inscrutables pensées de Dieu (cf. Matthieu 24,40) et en hommage à la liberté humaine inviolable (cf. Romains 10-16 ; Jean 12,37), ce plan divin, volontairement et essentiellement universel, c’est-à-dire catholique, maintient cependant une ligne de séparation, la foi, avec tout ce qu’elle comporte sur le plan humain et spirituel (cf. Marc 16,16 ; Hébreux 11,16) ; cette ligne est la marque du Peuple de Dieu : ce dernier est, en effet, la communauté des croyants, de tous ceux qui ont accueilli l’Évangile, la Bonne Nouvelle, de tous ceux qui ont lié avec le Dieu vivant, un rapport nouveau et ineffable et ont établi avec Lui cette alliance surnaturelle que nous appelons le Nouveau Testament (cf. 1 Corinthiens 1,21).

L’appartenance au Peuple de Dieu revêt une importance décisive : c’est le commencement et le gage du Salut. 

Elle découle d’un mystère de grâce, de miséricorde, d’amour de la part de Dieu et d’un mystère de liberté humaine de notre part

Elle se greffe sur le drame de notre éternel destin (cf. Jean 3,18 ;  Apocalypse 7,3 ; Apocalypse 9,4 ; Apocalypse 14,1), et d’autres immenses problèmes s’y rattachent, tels que les missions (cf. Ad Gentes, n° 2-5) et l’œcuménisme (cf. Unitatis redintegratio, n°2). 

Si le Peuple de Dieu est l’Église du Christ, appartenir à l’Église du Christ devient alors un fait capital.


Ceux qui rompent la Communion

Ceux qui entrevoient dans l’idée et dans la réalité du terme « Peuple », l’expression suprême de la coexistence humaine, mais qui veulent rester du plan humain, renoncent à l’élévation de cette multitude d’êtres mortels et toujours insatisfaits, au rang supérieur du Peuple de Dieu, du Peuple messianique, voué au destin présent et futur de l’Église, Corps du Christ ressuscité et ressuscitant ; c’est un risque dangereux qui peut conduire à de graves erreurs.

Ceux qui croient :

- demeurer chrétiens en désertant les milieux institutionnels de l’Église visible et hiérarchique 

- ou rester fidèles à la pensée du Christ en construisant une Église qui ne sied qu’à leur propre personne

... sont hors du chemin, rompent et font rompre aux autres la vraie communion avec le Peuple de Dieu ; ils perdent ainsi le gage de Ses promesses.


Le salut par l’Église

Il y a lieu de rappeler, ici, le vieil adage : 

« Hors de l’Église, pas de Salut »

 (cf. Denzinger-Schönmetzer, n° 2865 : « À nouveau nous devons mentionner et blâmer la très grave erreur dans laquelle malheureusement se trouvent certains catholiques qui pensent que des hommes vivant dans l'erreur et loin de la vraie foi et de l'unité catholique peuvent parvenir à la vie éternelle. Or cela est contraire au plus haut point à la doctrine catholique. » ; Dublanchy, Dictionnaire de théologie catholique, article « Église », colonne n° 2155). 


Ce n’est pas le moment d’en expliquer le sens. 

Dieu peut sauver quiconque selon sa volonté et nous connaissons tous la grandeur de sa sagesse et de sa miséricorde ; mais en révélant son amour, Il a établi le Christ avec son Église, pont que nous sommes obligés de franchir pour atteindre son Salut et sa Béatitude.

Nous devrions alimenter sans cesse et examiner attentivement cette conscience d’appartenir au Peuple de Dieu, à l’Église, unis filialement dans la foi, la charité, la communion visible, telle qu’elle est légitimement constituée ; cette conscience devrait représenter la source spirituelle de sécurité et de joie, propre au Peuple de Dieu. Que de notre cœur jaillisse toujours l’hymne de l’Église en marche :

  Que tes demeures sont agréables, ô Seigneur, Dieu des Armées ! 
Mon âme soupire et languit 
Après les parvis du Seigneur ! 
Mon cœur et ma chair crient de joie 
Vers le Dieu vivant 
(Psaume 83).

Avec notre Bénédiction Apostolique.

Sourcehttp://www.clerus.org/bibliaclerusonline/es/cu3.htm

RemarqueLa mise en forme du texte est le fait de l'auteur de ce blogue, afin de mieux faire apparaître la structure de la pensée du Saint-Père.

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