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mercredi 11 janvier 2023

Les déclarations définitives du Pape : garantie et légitimité, selon J. Ratzinger, futur Pape Benoît XVI, en 1969

 

 

Joseph Ratzinger, prêtre et professeur, vers 1969

 

Nous avons dit plus haut que l'unité de l'Église, selon la compréhension catholique, exige la soumission à l'interprétation définitive de la Foi par le Pape. Sur cela, selon Vatican I, on ne doit pas revenir

 Mais la question peut et doit être posée de savoir comment de telles décisions définitives sont prises de manière optimale. Il est peut-être utile ici de réfléchir comparativement à la manière dont les Conciles œcuméniques parviennent à des définitions. La condition préalable à cela, comme on le sait (!), est l'unanimité morale. Le Concile ne se prononce pas sur la vérité — ce qui est impossible — mais il constate l'unanimité de la Foi : l'unité est, pour lui, le signe que, là, se trouve l’unique Foi. Les définitions ne peuvent rien créer de nouveau dans l'Église, mais seulement être le reflet de l'unité qu'elles défendent et éclairent contre l'obscurcissement. De ce point de vue, il doit être considéré comme normal qu'une déclaration définitive du Pape soit précédée d'une écoute de l'Église entière sous une forme ou sous une autre ; à l'heure actuelle, le Synode des Évêques se présente comme l’instrument de cette consultation à l'échelle de l'Église entière

Là où se présentent d’indiscutables violations de claires déclarations de Foi, les situations d'urgence peuvent naturellement être vite et clairement tranchées : on ne doit pas mener une discussion sans fin avec celui qui nie manifestement le Dieu trinitaire, pour savoir si l’on doit peut-être encore traiter sa théorie de théologie catholique. Un débat interminable, dans un tel cas, ne peut que manquer de sérieux et exercer un effet repoussoir

Mais quand il faut dire quelque chose de nouveau ou que de vraies questions attendent d'être éclairées, une parole gagnera d’autant plus en importance qu’elle coïncidera avec l’effort de l'Église entière. Pourtant, à cet égard, la situation actuelle montre assez clairement que la « périphérie » du « centre » n'est pas la seule à avoir quelque chose à dire et à apporter, mais que la correction des Églises particulières à partir du centre incarnant tout l'ensemble, peut, à tout moment, s'avérer être, par elle même, une nécessité

Surtout, il faut éviter de donner l'impression que le Pape (ou la fonction, prise absolument) n’est autorisé à rassembler et à exprimer que la moyenne statistique de la Foi actuellement en vigueur, et que, par conséquent, une contradiction avec de telles moyennes statistiques (dont la possibilité de constatation est déjà pourtant discutable) n'est pas possible. 

La Foi trouve sa règle dans les données préalables et objectives de l'Écriture et du dogme, qui, dans les périodes sombres, peuvent disparaître, de manière terrifiante, de la conscience de la partie statistiquement la plus importante de la Chrétienté et, cependant, ne rien perdre de leur caractère contraignant

Dans ce cas, la parole du Pape peut et doit absolument s'opposer à la statistique et au pouvoir de l'atmosphère générale qui affirme haut et fort être la seule valable ; cela peut être fait d’une manière d’autant plus catégorique que le témoignage de la Tradition est indiscutable (comme dans le cas que nous venons d'évoquer).

 Inversement, la critique des déclarations papales sera possible et nécessaire dans la mesure où elles ne sont pas couvertes par l'Écriture et le Credo ou bien par la Foi dans son ensemble. Quand l’unanimité de l'Église entière n’existe pas et que les sources ne donnent pas un clair témoignage, une décision contraignante n'est alors pas non plus possible. Si elle était formellement prise, les conditions seraient manquantes et il faudrait soulever la question de sa légitimité.


Texte original en allemand

Wir hatten vorhin gesagt, Einheit der Kirche verlange nach katholischen Verständnis Unterstellung unter die definitive Auslegung des Glauben durch den Papst. Daran kann soll nach dem Vatikanum I nicht gerüttelt werdern. 

Aber es kann und muß die Frage bedacht werden, wie solche definitiven Entscheidungen optimal zustande kommen. Vielleicht ist es nützlich, hier vergleichsweise die Form zu bendenken, wie Okumenische Konzilien zu Definitionen finden. Die Voraussetzung dafür ist bekanntlich (!) die moralische Einmütigkeit. Das Konzil stimmt nicht über die Wahrheit ab - was unmöglich ist - sondern es stellt die Einmütigkeit des Glauben fest : die Einheit ist ihm das Zeichen dafür, daß hier der eine Glaube vorliegt. Definitionen können nichts Neues in der Kirche schaffen, sondern nur Reflex der Einheit sein, die sie gegen Verdunkelung verteidigen und klären. Von da aus muß es als normal gelten, daß einer definitiven Äußerung des Papstes das Hören auf die Gesamtkirche in einer wie auch immer gearteten Form vorangeht ; in der Gegenwart bietet sich der Bischofsrat als Instrument solcher gesamtkirchlicher Beratung an. 

Wo eindeutige Verstöße gegen klare Aussagen des Glaubens vorliegen, kann natürlich Notsituationen schnell und klar entschieden werden: Wer evident den dreieinigen Gott leugnet, mit dem muß nicht noch ein endloser Disput geführt werden, ob seine Theorie vielleicht doch noch katholische Theologie zu nennen sei. Ein endloses Verhandeln kann in solchen Fall nur unernst sein und abstoßend wirken. 

Aber wo Neueues zu sagen ist oder wirkliche Fragen der Klärung harren, wird ein Wort umso mehr an Gewicht gewinnen, je mehr es vom Mühen der Gesamtkirche gedeckt ist. Dabei zeigt freilich die gegenwärtige Situation deutlich genug, daß nicht nur die ,, Peripherie ‟ der „ Mitte ‟ etwas zu sagen und zu bringen hat, sondern daß die Korrektur der Teilkirchen von der das Ganze verkörpernden Mitte aus sich jederzeit wieder als Notwendigkeit erweisen kann. 

Vor allem sollte der Eindrück vermieden werden als ob der Papst (oder das Amt überhaupt) nur jeweils das statistische Mittel des gerade lebendigen Glaubens sammeln und aussprechen dürfte, und folglich ein Widerspruch zu solchen statistischen Mittelwerten (die freilich schon in ihrer Feststellbarkeit fraglich sind) nicht möglich wäre. 

Der Glaube normiert sich an den objektiven Vorgegebenheiten der Schrift und des Dogmas, die in dunklen Zeiten in erschreckender Weise aus dem Bewusstsein des statistisch bei weitem größeren Teils der Christenheit entschwinden können und doch nichts von ihrer Verbindlichkeit verlieren. 

In diesem Fall kann und muß sich das Wort des Papstes durchaus gegen die Statistik und gegen die lautstark sich als allein gültig behauptende Macht der Stimmung stellen; das wird um so entschiedener geschehen können, je eindeutiger (wie im vorhin erwähnten Fall) das Zeugnis der Überlieferung ist. 

Umgekehrt wird Kritik an päpstlichen Äußerungen in dem Maß möglich und nötig sein, in dem ihnen die Deckung in Schrift und Credo bzw. im Glauben der Gesamtliche fehlt. Wo weder Einmütigkeit der Gesamtkirche vorliegt noch ein klares Zeugnis der Quellen gegeben ist, da ist auch eine verbindliche Entscheidung nicht möglich. Würde sie formal gefällt, so fehlten die Bedingungen, und damit müßte die Frage nach ihrer Legitimität erhoben werden.

Référence

Abbé Joseph Ratzinger (futur Pape Benoît XVI), Das neue Volk Gottes. Entwürfe zur Ekklesiologie [Le nouveau Peuple de Dieu. Croquis d’ecclésiologie], Düsseldorf, Patmos, 1969, p. 143-144.

La version française est le fait de l'auteur de ce blogue, avec l'aide avantageuse de Google Traduction.

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