Rechercher dans ce blogue

lundi 4 juillet 2011

Définition de l'anxiété et de l'angoisse par le Dr F. Poujoul, 1857.


 
ANXIÉTÉ, Angoisse (sentiments naturels).
 

Anxiété veut dire inquiétude, trouble, agitation de l'âme tourmentée par la pensée d'un événement heureux ou malheureux, prochain ou encore éloigné, qui doit nous arriver, ou arrivera à ceux que nous aimons.
Elle participe donc tout à la fois de l'alarme, qui naît de l'annonce d'un danger apparent ou réel, éloigné ou prochain, qui nous menace, et de l'appréhension qui exprime le même sentiment éprouvé pour autrui.
Dans aucun cas, l'anxiété ne saurait être un défaut, et moins encore un vice ; car il est tout naturel qu'une personne dans l'attente d'un événement qui doit lui être agréable ou l'affecter péniblement, éprouve ce trouble et cette agitation inquiète que nous avons dit caractériser l'anxiété.
Mais comme celle-ci est généralement proportionnée à la cause qui la fait naître et aussi passagère qu'elle, il est inutile d'insister davantage sur ce sujet.

Ajoutons cependant que l'anxiété diffère de l'angoisse en ce que celle-ci consiste dans une affliction extrême qui naît d'un grand malheur qui nous est arrivé, c'est-à-dire d'un fait accompli et non d'une pensée se rapportant à un événement prochain dont l'idée nous inquiète ; ou bien elle provient d'un mal physique qui se fait vivement sentir. Dans ce cas le mal est existant et non attendu. Ni l'un ni l'autre ne produisent l'anxiété : celle-ci, avons-nous dit, vient du tourment de l'attente, ou d'un événement futur; donc ce n'est pas le même sentiment.
Du reste ce serait, je crois, du temps perdu que de nous arrêter plus longtemps à des considérations qui se rapportent à des distinctions si minimes.

Félix-André-Augustin Poujol, Dictionnaire des facultés intellectuelles et affectives de l'âme: ou l'on traite des passions, des vertus, des vices, des défauts, etc., J. P. Migne éditeur, 1857, col. 233.