« Si la divinité, pour nous donner des signes, descend même dans
les objets inanimés tels que des baguettes, des dés, des pierres,
du blé, des gâteaux de farine, c'est un des mystères qui méritent
le plus notre respectueuse admiration, puisqu'elle communique pour
nous instruire une âme à ce qui est inanimé, le mouvement à ce
qui est immobile, une raison à ce qui est dépourvu de toute raison.
Mais il y a une plus grande merveille, un plus grand mystère que
Dieu veut nous révéler par ces étranges événements. Comme il
choisit souvent un idiot pour lui faire prononcer les plus sages
paroles (car alors il est évident que ce n'est pas l'œuvre de
l'homme, mais celle de Dieu qui éclate); de même il nous découvre
par les objets dénués de toute connaissance certaines choses
supérieures à toute connaissance. Cela montre aux hommes et que ces
signes sont dignes d'une entière créance, et que Dieu est supérieur
à la nature et ne dépend point d'elle dans ses opérations. Ainsi
ce qui est naturellement inintelligible devient intelligible ; ce qui
n'a point d'intelligence prend une intelligence ; et par là Dieu nous
suggère la sagesse, et nous apprend la vérité des choses qui sont,
qui ont été et qui doivent être. »
Référence.
Jamblique. Cité par J.
Denis, Histoires des théories et des idées morales dans
l’Antiquité, tome 2, Auguste Durand, Paris, 1856, p.383.