Présentation du
texte
John
Broadus Watson (1878-1958) est un psychologue américain,
fondateur du béhaviorisme.
Selon lui, la psychologie devait se limiter à l'observation et à la
mesure rigoureuse des comportements humains, sans prendre en compte
introspection ni conscience. L'apprentissage constituait, pour
Watson, un objet central d'étude du comportement en tant qu'il est
une adaptation à des stimuli récurrents issus de l'environnement.
Watson démontra les applications possibles de cette doctrine à
l'éducation, par le biais de l'expérience du petit Albert. Il
réussit, en effet, à conditionner un bébé à avoir peur d'un rat
blanc, sans qu'il y ait, chez l'enfant, de crainte préalable.
John Broadus Watson |
Dans les années 1920,
Watson s'éloigna de l'université et de la fréquentation des autres
scientifiques. À partir de 1922, il se tourna vers la presse
populaire pour faire connaître ses idées béhavioristes. En 1928,
il publia Psychological
Care of Infant & Child, où
il faisait part de ses convictions concernant l'éducation des jeunes
enfants. Cette publication lança l'ère éducative behavioriste en
Amérique. Selon Watson, la pratique éducative devait être rendue
plus efficace en affranchissant les parents de l'inutile
sentimentalité qu'ils manifestaient dans leurs rapports aux enfants.
L'expression de l'affection était, selon Watson, infantilisante et
empêchait l'enfant d'accéder à une véritable autonomie, valeur
centrale de la culture américaine.
L'ouvrage
de Watson devint un best-seller
car les parents étaient impressionnés par son apparente autorité
scientifique, bien que cet ouvrage ne se référât qu'aux premiers
travaux de Watson sur le conditionnement des émotions. Le
conditionnement de la peur chez le petit Albert conduisit, à travers
la travail de Mary
Cover Jones
(1896-1987), au développement du premier essai d'intervention
thérapeutique par renversement de la peur conditionnée. Cela
anticipa la futur psychothérapie par modification du comportement.
La
lecture des extraits suivants paraît, au début du XXIe
siècle, relever d'une méthode d'éducation particulièrement
cruelle, surtout lorsqu'elle s'applique aux tous jeunes enfants. Elle
caractérise, cependant, la priorité, poussée à l'extrême, donnée
à l'autonomisation précoce des petits, destinés à évoluer dans
une société difficile et compétitive où il faut savoir régler,
par soi-même, tous les problèmes. Watson associe d'ailleurs le
caractère anti-social des individus et leur trop grande dépendance,
voire leur faiblesse. Sa grande crainte, typiquement américaine,
semble être celle de l'inadaptation.
Plus
tard, en 1936, John B. Watson manifesta des regrets concernant l'écriture de
cet ouvrage :
« Psychological
Care of Infant and Child was another book I feel sorry
about – not because of its sketchy form, but because I did not know
enough to write the book I wanted to write. I feel that I had a right
to publish this, sketchy as it is, since I planned never to go back
into academic work. » (John B. Watson, 1936, p. 280)
(« Psychological
Care of Infant and Child
fut un autre livre pour lequel je suis désolé – non à cause de
sa forme imprécise, mais parce que je n'en savais pas assez
pour écrire le livre que je voulais écrire. J'avais le sentiment
que j'avais le droit de publier cela, aussi imprécis que cela soit,
puisque j'avais prévu de ne jamais refaire d'œuvre
universitaire. »)
La
question qui nous est aujourd'hui posée est la suivante :
-
la société doit-elle se transformer pour rester vivable humainement
(ce qui suppose l'acceptation de la notion d'une certaine nature et
dignité humaines et le maintien d'une orientation politique commune)
?
-
Ou bien l'individu, enfant ou adulte, doit-il s'adapter de plus en
plus à une société toujours en mouvement, régie par le seul
principe de concurrence, c'est-à-dire la compétition permanente de
tous contre tous (ce qui suppose la plasticité illimitée de
l'individu et la transformation progressive de l'humanité par
sélections des meilleurs, c'est-à-dire des plus adaptés) ?
Version
française
Une
fois, à la fin d'une conférence tenue devant des parents, un chère
vieille dame se leva et dit : « Dieu merci, mes enfants
sont élevés – et j'ai eu la chance de profiter d'eux avant de
vous rencontrer. »
N'exprime-t-elle
pas là la faiblesse qui caractérise notre manière moderne
d'élever les enfants ? Nous avons des enfants pour profiter
d'eux. Nous avons besoin d'exprimer notre amour en quelque manière.
La lune de miel ne durent pas toujours pour tous les époux et toutes
les épouses, et nous la complétons d'une façon dont nous pensons
qu'elle est inoffensive, en aimant, à mort, nos enfants. N'est-ce
pas spécialement vrai de la mère actuelle ? Peu importe
combien elle aime son mari, il est tous les jours absent ; son
cœur est rempli d'un amour qu'elle doit exprimer en quelque manière.
Elle l'exprime en couvrant d'amour et de baisers ses enfants – et
elle pense que le monde devrait la louer pour cela. Et c'est ce
qu'il fait. (…)
Il
est vrai que les parents ont cessé de bercer leurs enfants pour
qu'ils dorment. Vous trouvez le berceau et ses bascules posées
sur lui, désormais, seulement dans les expositions de mobilier
américain ancien. Vous vous direz que, sous ce rapport, nous avons,
de toute façon, progressé. Cela est vrai. Le livre du Dr
Holt sur les soins du nourrisson peut s'attribuer le mérite de
cette évolution. Mais il est douteux que les mères eussent
abandonné cette pratique si l'économie domestique ne l'eut exigé.
Les mères ont estimé que, si elle commençaient à entraîner leur
nourrisson dès la naissance, il apprendrait à s'endormir sans être
bercé. Cela donna à la mère du temps pour les tâches ménagères,
les commérages, le bridge et les boutiques. Le Dr Holt le suggéra ;
la valeur économique de ce système était facilement
reconnaissable.
Mais
cela ne prend pas beaucoup de temps de caresser et d'embrasser le
bébé. On peut le faire en le prenant de son petit lit, après la
sieste, ou quand on le met au lit, et particulièrement après son
bain. Quoi de plus plaisant pour la mère que d'embrasser son bébé
potelé des pieds à la tête après le bain ! Et cela prend si
peu de temps !
Revenons
à la mécanique de l'amour et de l'affection. Les amours grandissent
chez les enfants tout comme les peurs. Les amours sont
construits et intégrés à la maison. Autrement dit, les amours sont
conditionnés. L'on a
chaque jour tout ce qu'il faut entre les mains pour mettre en place
des réponses d'amour conditionnées. (…).
Nous
devons coller à nos emplois, dans la vie commerciale et
professionnelle, sans égard pour les maux de tête, de dents,
l'indigestion et les autres petites maladies. Il n'y a personne pour
nous materner. Si nous ne pouvons supporter ce traitement, nous
devons rentrer chez nous, là où l'amour et l'affection peuvent de
nouveau être réquisitionnés. Si, à la maison, nous ne pouvons
obtenir assez de dorlotement, par des moyens ordinaires, nous nous
mettons dans nos fauteuils, ou même dans nos lits. Là, alors, nous
sommes dans une position sécurisante pour réclamer un dorlotement
constant.
L'on
peut voir le handicap en train de se construire dans la majorité des
foyers américains. Voici l'image d'un amour de l'enfant
conditionné à l'excès. L'enfant est seul, en train d'associer ses
cubes, faisant quelque chose de ses mains et apprenant à contrôler
son environnement. La mère entre. Le jeu constructif cesse.
L'enfant marche à quatre pattes ou court vers la mère, l'enfant se
saisit d'elle, grimpe sur ses genoux et met ses mains autour de son
cou. La mère, consentante, caresse son enfant, l'embrasse, le serre
dans ses bras. J'ai vu cette scène se poursuivre pendant deux heures
de temps. Si la mère, qui a ainsi conditionné son enfant, tente de
le poser, le hurlement d'un cœur brisé s'en suit. Les cubes et le
reste du monde ont perdu leur pouvoir d'attraction. Si la mère
essaie de quitter la pièce ou la maison, le cri d'un cœur brisé
plus encore s'en suit. De nombreuses mères souvent s'esquivent de
leurs maisons par l'arrière afin d'éviter une séparation pleine de
larmes et de pleurs.
Désormais
l'amour par conditionnement excessif est de règle. Faites le
test en comptant le nombre de fois où votre enfant geint et hurle
« Mère ». Partout dans la maison, tout le long du jour,
l'enfant de deux ans et celui de quatre ans geint : « Maman,
Maman », « Mère ». Désormais, ces réponses
d'amour que la mère ou le père bâtissent par conditionnement
excessif, en dépit de ce que peuvent dire le poète et le romancier,
ne sont pas constructives. Ils ne se battent pas beaucoup pour leur
enfant. Ils ne l'aident pas à dépasser les difficultés qu'il peut
rencontrer dans son environnement. Par conséquent, tout le temps que
l'on passe à la caresse et au dorlotement – et j'ai vu presque
toutes les heures d'éveil de l'enfant consacré à cela – tout ce
temps, l'on en dépouille l'enfant de celui qui devrait être
consacré à la manipulation de son univers, à l'acquisition d'une
habileté à utiliser ses doigts, ses mains, ses bras. Il doit avoir
du temps pour démonter et remonter son univers. Même selon ce point
de vue – qui consiste à dérober à l'enfant les occasions de
conquérir le monde –, le dorlotement est une dangereuse
expérience.
La
mère dorlote l'enfant pour deux raisons. L'une d'elle, elle la
reconnaît ; pour l'autre, elle ne la reconnaît pas, car elle
ne sait pas qu'elle est vraie. Celle qu'elle admet est qu'elle veut
que l'enfant soit heureux, elle veut qu'il soit entouré d'amour afin
qu'il devienne un enfant gentil et de bonne nature. L'autre est que
son être tout entier a un grand besoin d'exprimer de l'amour. Sa
mère, avant elle, l'a entraîné à donner et recevoir de l'amour.
Elle était affamée d'amour – d'affection, comme elle préfère
l'appeler. Il s'agit, au fond, en elle, d'une réponse guidée par la
recherche de sexualité, sinon elle n'embrasserait jamais l'enfant
sur la bouche. À coup sûr, la justification qu'elle donne au fait
de dorloter, d'embrasser l'enfant sur le front, sur le dos de la
main, de lui donner une caresse sur la tête de temps en temps,
serait la chaleur humaine nécessaire au bébé afin qu'il sache
qu'il grandit dans une maison pleine de bienveillance.
Mais
même si l'on admet que la mère pense qu'elle embrasse l'enfant pour
la raison parfaitement logique qu'elle implante en lui la somme
adéquate d'affection et de bonté, y parvient-elle ?
Le
fait que j'ai exposé ci-dessus, c'est-à-dire que nous trouvons
rarement un enfant heureux, est la preuve du contraire. Le fait que
nos enfants sont toujours en train de pleurer et de gémir montre
l'état malheureux et malsain dans lequel ils se trouvent. Leur
digestion est gênée, et probablement tout leur système glandulaire
est dérangé.
La
mère ne doit-elle jamais embrasser son bébé ?
Il
existe une façon avisée de se comporter avec les enfants. Traitez
les comme s'ils étaient de jeunes adultes. Habillez-les,
baignez-les avec soin et précaution. Ayez un comportement toujours
objectif et gentiment ferme. Ne les prenez jamais dans vos bras et
ne les embrassez jamais, ne les mettez jamais sur vos genoux. Si
vous le devez, embrassez-les une seule fois sur le front lorsqu'ils
vous disent bonne nuit. Le matin, serrez-leur la main. Donnez-leur
une caresse sur la tête s'ils ont fait un travail extraordinairement
bon ou une tâche difficile.
Essayez.
En l'espace d'une semaine, vous verrez combien il est facile d'être,
avec votre enfant, parfaitement objectif en même temps que gentil.
Vous aurez totalement honte de la façon mièvre et sentimentale avec
laquelle vous vous y êtes pris avec lui. (p. 81-82)
Si
vous espérez qu'un chien grandisse pour devenir un chien de garde,
un chien de chasse, un chien courant, utile à toute chose, et non
pas un chien d'appartement, vous ne le traiteriez certainement pas
comme vous le faites avec votre enfant. Quand j'entends un mère dire
« Mon pauvre chéri», lorsqu'il tombe, se cogne l'orteil
ou qu'il se fait autrement mal, je fais un ou deux pâtés de maison
pour me défouler. La mère ne peut-elle s'entraîner, lorsque
quelque chose arrive à son enfant, à regarder son mal en ne disant
rien, et s'il y a une blessure, en la pansant d'une manière détachée
? Et de même, lorsque l'enfant grandit, ne peut-elle l'entraîner à
aller chercher l'acide acétique et les bandages et s'occuper de ses
propres blessures ? Ne peut-elle s'entraîner elle-même à
substituer un mot gentil, un sourire, dans tous ses rapports avec
l'enfant, au baiser et à l'embrassade, au portage et au cajolement ?
Par dessus tout, ne peut-elle apprendre à se tenir à l'écart de
l'enfant une grande partie de la journée, puisque le conditionnement
à l'amour doit se faire de toute façon, même si l'on s'en garde
scrupuleusement, au travers de l'alimentation et du bain ?
Je
souhaite parfois que nous vivions dans une communauté de foyers où
chaque maison serait pourvue d'une nourrice bien formée afin que
les bébés soient nourris et baignés chaque semaine par une
nourrice différente (p. 83). Il y a peu, j'ai eu l'occasion
d'observer un enfant qui eut, pendant un an et demi, une nourrice
bien trop tendre et compréhensive. Cette nourrice dut partir.
Lorsqu'une nouvelle nourrice arriva, l'enfant pleura trois heures
durant, se calmant, de temps en temps, seulement le temps de
reprendre sa respiration. La nourrice dut partir à la fin du mois et
une nouvelle nourrice arriva. Cette fois, l'enfant pleura seulement
une demi-heure, lorsque la nouvelle nourrice le prit en charge. De
nouveau, comme cela arrive souvent dans les maison bien organisées,
la deuxième nourrice resta seulement deux semaines. Lorsque la
troisième nourrice arriva, l'enfant s'approcha d'elle sans un
murmure. D'une certaine manière, je ne peux m'empêcher de
souhaiter qu'il soit possible, également, de faire tourner les
mères, à l'occasion ! À moins qu'elle ne soit vraiment
très avisées.
Il
est certain qu'une mère, si nécessaire, devrait laisser son
enfant pendant une période assez longue afin que le
conditionnement excessif s'amenuise. Si vous n'avez pas de nourrice
et que vous ne pouvez laisser l'enfant, laissez-le dans le jardin de
derrière une grande partie de la journée. Mettez une barrière tout
autour du jardin afin qu'il ne court aucun danger. Faites cela dès
sa naissance. Lorsque l'enfant peut marcher à quatre pattes, mettez
lui un bac à sable et assurez-vous de creuser de petits trous dans
le jardin afin qu'il doive y entrer et en sortir en rampant.
Laissez-le apprendre à surmonter les difficultés à l'écart de
votre surveillance. (…).
En
conclusion, vous rappellerez-vous alors, lorsque vous serez tentés
de chouchouter votre enfant, que l'amour maternel est un
instrument dangereux ? Un instrument qui peut infliger une
blessure à jamais inguérissable, une blessure qui peut rendre
l'enfance malheureuse, faire de l'adolescence un cauchemar, un
instrument qui peut dévaster le futur professionnel de votre fils
ou de votre fille adultes, ainsi que leurs chance de bonheur
conjugal. (p. 87)
(…)
La formation moderne nécessite toujours une vie ordonnée.
Habituellement, de l'âge de un an à trois ans, les pédiatres
spécifient qu'il faut donner du jus d'orange aux enfants qui se
réveillent le matin. Les enfants qui dorment convenablement se
réveillent à un certain horaire. L'heure du réveil peut facilement
être fixé à 6h30. Il faudrait donner le jus d'orange à cette
heure régulièrement chaque matin, et l'enfant devrait être mis sur
les toilettes pour soulager sa vessie (uniquement). Remettez l'enfant
au lit et permettez lui de s’asseoir dans le lit et de jouer
calmement tout seul avec un ou deux jouets choisis. Il devrait être
levé à 7h, nettoyé légèrement à l'éponge, habillé et il
devrait recevoir son petit-déjeuner à 7h30 ; ensuite on
devrait lui permettre de jouer bruyamment jusqu'à 8h, puis il
devrait être mis sur les toilettes pendant vingt minutes ou moins
(jusqu'à ce que les selles soient complètement évacuées). Le
bébé, à partir de l'âge de huit mois, devrait avoir un siège
de toilette spécial sur lequel il puisse être attaché en toute
sécurité. Il faudrait laisser l'enfant dans les
toilettes, sans jouet et la porte fermée. En aucun cas, il ne
faudrait laisser la porte ouverte ou que la mère ou la nourrice
restassent avec l'enfant. Il s'agit d'une règle qui est presque
universellement transgressée. Si elle est transgressée, cela
conduit à de la perte de temps, à de la discussion bruyante, et en
général, à un comportement antisocial et dépendant. (p.
121-122)
Extraits
originaux
Once at the close of a
lecture before parents, a dear old lady got up and said, ''Thank God,
my children are grown – and I had the chance to enjoy them before I
met you.''
Doesn't she express
the weakness in our modern way of bringing up children ? We have
children to enjoy them. We need to express our love in some way. The
honeymoon period doesn't last forever with all husbands and wives,
and we eke it out in a way we think is harmless by loving our
children to death. Isn't this especially true of the mother today ?
No matter how much she may love her husband, he is away all day ;
her heart is full of love which she must express in some way. She
expresses it by showering love and kisses upon her children – and
thinks the world should laud her for. And
it does. (…)
It is true that
parents have got away from rocking their children to sleep. You find
the cradle with rockers on it now only in exhibits of early American
furniture. You will say that we have made progress in this respect at
any rate. This is true. Dr. Holt's book on the care of the infant can
take credit for this education. But it is doubtful if mothers would
have given it up if home economics had not demanded it. Mothers found
that if they started training the infant at birth, it would learn to
go to sleep withour rocking. This gave the mother time for household
duties, gossiping, bridge and shopping. Dr Holt suggested it ;
the economic value of the system was easy to recognize.
But it doesn't take
much time to pet and kiss the baby. You can do it when you pick him
up from the crib after a nap, when you put him to bed, and especially
after his bath. What more delectable to the mother than to kiss her
chubby baby from head to foot after the bath ! And it takes so
little time !
To come back to the
mechanics of love and affection. Loves grow up in children just like
fears. Loves are home
made, built in. In other words
loves are conditioned.
You have everything at hands all day long for setting up conditionned
love responses. (…).
We have to stick to
our jobs in commercial and professionnal life regardless of
headaches, toothaches, indigestion and other tiny ailments. There is
no one there to baby us. If we cannot stand this treatment we have to
go back home where love and affection can again be commandeered. If
at home we cannot get enough coddling by ordinary means, we take to
our armchairs or even to our beds. Thereafter we are in a secure
position to demand constant coddling.
You can see invalidism
in the making in the majority of American homes. Here is a picture of
a child over-conditioned love. The child is alone putting his blocks
together, doing something with his hands, learning how to control his
environment. The mother comes in. Constructive play ceases. The child
crawls its way or runs to the mother, takes hold of her, climbs into
her lap, puts its arms around the neck. The mother, nothing loath,
fondles her child, kisses it, hugs it. I have seen this go on for a
two-hour period. If the mother who has so conditioned her child
attempts to put it down, a heartbroken wail ensues. Blocks and the
rest of the world have lost their pulling power. If the mother
attempts to leave the room or the house, a still more heartbroken cry
ensues. Many mothers often sneak away from their homes the back way
in order to avoid a tearful, wailing parting.
Now over-conditioning
love is the rule. Prove it yourself by counting the number of times
your child whines and wails ''Mother''. All over the house, all day
long, the two-year-old and the four-year-old whine ''Mamma, Mamma'',
''Mother''. Now these love responses wich the mother or father is
building in by over conditioning, in spite of what the poet and the
novelist may have to say, are not constructive. They do not fight
many battles for the child. They do not help it to conquer the
difficulties it must meet in its environment. Hence just to the
extent to which you devote time to petting and coddling – and I
have seen almost all the child's waking hours devoted to it – just
to that extent do you rob the child of the time which he should be
devoting to the manipulation of his universe, acquiring a technique
with fingers, hands and arms. He must have time to pull his universe
apart and put it together again. Even from this standpoint alone –
that of robbing the child of its opportunity for conquering the
world, coddling is a dangerous experiment.
The mother coddles the
child for two reasons. One, she admits ; the other, she doesn't
admit because she doesn't know that it is true. The one she admits is
that she wants the child to be happy, she wants it to be surrounded
by love in order that it may grow up to be a kindly, goodnatured
child. The other is that her own whole being cries out for the
expression of love. Her mother before her has trained her to give and
receive love. She is starved for love – affection as she prefers to
call it. It is at bottom a sex-seeking response in her, else she
would never kiss the child on the lips. Certainly, to satisfy her
professed reason for coddling, kissing the youngster on the forehead,
on the back of the hand, patting it on the head once in a while,
would be all the petting needed for a baby to learn that it is
growing up in a kindly home.
But even granting that
the mother thinks she kisses the child for the perfectly logical
reason of implanting the proper amount of affection and kindliness in
it, does she succeed ?
The fact I brought out
before, that we rarely see a happy child, is proof to the contrary.
The fact that our children are always crying and always whining shows
the unhappy, unwholesome state they are in. Their digestion is
interfered with and probably their whole glandular system is
deranged.
Should the mother
never kiss the baby ?
There is a sensible
way of treating children. Treat them as though they were young
adults. Dress them, bathe them with care and circumspection. Let your
behavior always be objective and kindly firm. Never hug and kiss
them, never let them sit on your lap. If you must, kiss them once on
the forehead when they say good night. Shake hands with them in the
morning. Give them a pat on the head if they have made an
extraordinary good job of a difficult task. Try it out. In a week's
time you will find how easy it is to be perfectly objective with your
child and at the same time kindly. You will be utterly ashamed of the
mawkish, sentimental way you have been handling it. (p. 81-82).
If you expected a dog
to grow up and be useful as a watch dog, a bird dog, a fox hound,
useful for anything except a lap dog, you wouldn't dare treat it the
way you treat your child. When I hear a mother say "Bless its
little heart" when it falls down, or stubs its toe, or suffers
some other ill, I usually have to walk a block or two to let off
steam. Can't the mother train herself when something happens to the
child to look at its hurt without saying anything, and if there is a
wound to dress it in a matter of fact way? And then as the child
grows older, can she not train it to go and find the boracic acid and
the bandages and treat its own wounds ? Can't she train herself
to substitute a kindly word, a smile, in all of her dealings with the
child, for the kiss and the hug, the pickup and coddling ?
Above all, can’t she learn to keep away from the child a large part
of the day since love conditioning must grow up anyway, even when
scrupulously guarded against, through feeding and bathing ?
I sometimes wish that
we could live in a community of homes where each home is supplied
with a well-trained nurse so that we could have the babies fed and
bathed each week by a different nurse (p. 83). Not long ago I had the
opportunity to observe a child who had an over sympathetic and tender
nurse for a year and half. This nurse had to leave. When a new nurse
came, the infant cried for three hours, letting up now and then only
long enough to get its breath. This nurse had to leave at the end of
a month and a new nurse came. This time the infant cried only half an
hour when the new nurse took charge of it. Again, as often happens in
well regulated homes, the second nurse stayed only two weeks. When
the third nurse came, the child went to her without a murmur. Somehow
I can't help wishing that it were possible to rotate the mothers
occasionnally too ! Unless they are very sensible indeed.
Certainly a mother,
when necessary, ought to leave her child for a long enough period for
over-conditioning to die down. If you haven't a nurse and cannot
leave the child, put it out in the backyard a large part of the day.
Build a fence around the yard so that you are sure no harm can come
to it. Do this from the time it is born. When the child can crawl,
give it a sandpile and be sure to dig some small holes in the yard so
it has to crawl in and out of them. Let it learn to overcome
difficulties almost from the moment of birth. The child should learn
to conquer difficulties away from your watchful eye. (p. 84) (…).
In conclusion won’t
you then remember when you are tempted to pet your child that mother
love is a dangerous instrument? An instrument which may inflict a
never healing wound, a wound which may make infancy unhappy,
adolescence a nightmare, an instrument which may wreck your adult son
or daughter’s vocational future and their chances for marital
happiness. (p. 87.) (…).
Modern training calls
always for an orderly life. Usually from 1 year of age to 3
pediatricians specify that orange juice shall be given when the child
wakes up in the morning. Children who sleep properly awaken on a
schedule. The waking time can easily be set for 6:30. The orange
juice should then be given regurlarly at that hour every morning, the
child put on the toilet for the relief of the bladder (only). Put the
child back to bed and allow it to sit up in bed and play quietly
alone with one or two chosen toys. It should be taken up at 7
o'clock, sponged lightly, dressed and given its breakfast at 7:30 ;
then allowed to romp until 8, then put upon the toilet for 20 minutes
or less (until the bowel movement is complete). The infant from 8
months of age onward should have a special toilet seat into which he
can be safely strapped. The child should be left in the bathroom
without toys and with the door closed. Under no circumstances should
the door be left open or the mother or nurse stay with the child.
This is a rule which seems to be almost universally broken. When
broken it leads to dawdling, loud conversation, in general to
unsocial and dependent behavior. (p. 121-122).
Références
James B. Watson, Psychological Care of Infant & Child, Norton Press, 1928.
Extraits de texte et éléments biographiques trouvés dans :
- Henry Jenkins (dir.), The Children's Culture Reader, New York University Press, New York et Londres, 1998, chapitre 29 : Against the Threat of Mother Love (1928), John B. Watson.
- Carol Magai, Susan H. McFadden, The Role of Emotions in Social and Personality Development. History, Theory, and Research, coll. Emotions, Personality and Psychotherapy, Plenum Press, New York, 1995, p. 104.
La version française des extraits originaux anglais est le fait de l'auteur de ce blog.