Rechercher dans ce blogue

dimanche 29 juillet 2018

Dieu, le Prince des Amoureux, Celui qui ne sait faire qu’aimer..., selon Antonio de Guevara, 1573


Le texte suivant sera présenté :
1) dans une version modernisée et plus facilement compréhensible ;
2) dans la version originale : l'orthographe et la ponctuation seront, certes, modernisés, des mots ajoutés entre crochets ([...]) ainsi que des expressions plus modernes ([=...]), et ce afin de faciliter la compréhension de ce texte rédigé dans une français assez ancien (XVIe siècle). 

Le Retour du fils prodigue, par Rembrandt, vers 1668


1) Version modernisée

Poursuivons donc notre propos, le Seigneur disant : « Ego ostendam tibi omne bonum [Moi, Je te montrerai tout bien] » [Exode 33, 19].

Et semblablement, ce serait la même chose que de dire à Moïse qu’Il lui montrerait Sa bonté car il n’y a pas autre chose par quoi Dieu manifeste plus Sa bonté qu’en voulant nous communiquer Sa bonté même. Et pour cela, Dieu envoya son Fils au monde afin qu’Il communiquât la bonté que Son Père avait, là, au Ciel ; si bien que, dès l’heure où Il décida de nous donner Son Fils, Il vida, dès cette heure là, tout Son trésor.

Donc, par ces mots, Jésus Christ dit, à la fin, à Dieu, dans le grand discours qu’Il prêcha pendant Sa dernière Cène : « Pater, manifestavi Nomen Tuum hominibus [Père, j’ai révélé Ton Nom aux hommes ; Jean 17, 6] ». « Mon Père — dit-Il — souviens-Toi que J’ai manifesté Ton Nom au monde, et ce, en leur révélant ce nom de Trinité qu’ils ignoraient et la grandeur de Ta bonté qu’ ils ne connaissaient pas. Car, avant Ma venue, les hommes ne connaissaient que Ta puissance dans le cadre de la création. Mais, désormais, ils connaîtront pareillement Ta bonté par Ma rédemption. »

Ceci présuppose d’ailleurs que Dieu n’estime en Lui-même rien au dessus de Sa bonté et qu’Il n’a voulu envoyer Son Fils au monde que pour nous la communiquer. C’est la raison pour laquelle, il me semble, il faudrait savoir pourquoi nous L’envoie-t-Il et ce que nous devons faire d’elle. Car le trésor est bon dès lors que celui qui le possède, sait en faire bon usage.

À ceci je réponds que la bonté de Dieu est si bonne [sic] qu’elle n’est pas pénible, c’est pourquoi on ne doit pas la fuir, ni parce c'est à grand coût qu’il faudrait la conserver durablement, ni parce qu’il faudrait supporter l’ennui dont elle serait la cause, ni parce qu’elle aurait des désirs ambitieux à contenter. Mais le Seigneur veut que, de bon cœur, nous L’aimions et qu’avec ce peu de force que nous avons, nous Le servions.

Il n’y a de bonté entière qui ne veuille d’amour parfait, ni d’amour parfait qui ne veuille de volonté parfaite, ni de volonté parfaite qui ne veuille être bien employée. D’où l’on peut déduire que, puisqu’en notre Dieu, il existe une immense bonté, un amour infini et une volonté parfaite et qu’Il ne demande rien sinon d’être aimé, Il doit être familier de l’amour. Et certes, Il est sujet à la loi d’amour, Celui qui ne sait faire qu’aimer, qui commande d’aimer, qui ne veut qu’aimer, et qui ne s’occupe pas d'autre chose que d'aimer. Et ce qui est le plus fort, c’est que du même amour qu’Il S’aime Lui-même, Il m’aime, moi. Il est bien vrai que, parfois, c’est de ma faute si je ne suis pas aimé, parce que je ne le mérite pas. Mais Lui ne peut jamais cesser d’aimer, car les mérites, en Lui, ne peuvent jamais faire défaut.

Nous nous contenterons d’avoir prouvé que l’amour et Dieu, Dieu et l’amour renvoient à la même chose et sont du même genre. 

Mais nous voulons, de la même manière, prouver que Dieu se loue d’être amoureux — amoureux, dis-je — le plus ancien du monde, afin que tous ceux qui s’occupent de l’amour sachent qu’Il est le Premier des amoureux. Et si les anciens philosophes ont cherché avec soin des inventeurs du marteau, de la scie, du ciseau et de la cognée pour tailler le bois, à plus forte raison, devrait-on chercher le premier inventeur de l’office d’aimer. Car si la scie, et aussi la cognée, coupent le bois, l’amour, certes, scie et découpe les entrailles. J’ai appris de mon père Adam la désobéissance ; de ma mère Ève la gloutonnerie ; de mon frère Caïn l’homicide ; du peuple hébreu l’idolâtrie ; du roi David l’adultère ; du roi Sennachérib à blasphémer ; de saint Pierre à pleurer. Et de Toi, mon bon Jésus, j’ai appris à aimer : et par le moyen de cet amour, Tu T’es fait homme et moi, Dieu. Telle est l’école où nous étudions, telle est la science que nous apprenons. Cela, je le dis pour moi, car en l’école du monde, je n’ai appris qu’à être fou ; en celle de Satan, je n’ai appris qu’à vouloir ce qui est mal ; en celle de la chair, je n’ai appris qu’à pécher ; et en celle des hommes, je n’ai appris qu’à haïr. Mais en la tienne, ô mon Dieu, je n’ai appris qu’à aimer. D’où l’on peut déduire que, puisque, dans les écoles de Dieu, l’amour que l’on apprend est si pur, il n’est pas raisonnable que vivent loin de l’amour ceux qui les fréquentent.

« Ego diligentes me diligo, et qui mane vigilant ad me invenient me [Moi, J’aime ceux qui M’aiment et ceux qui, dès le matin, s’éveillent pour Moi, me trouveront ; Proverbes 8, 17] » dit le Seigneur, parlant généralement à tous, comme s’Il voulait dire : « J’aime ceux qui M’aiment, je cherche ceux qui Me cherchent, et Je Me donne à ceux qui, à Moi, se donnent. Et ainsi, celui qui M’aime ne parviendra certainement pas à aimer mieux, ni plus fidèlement que moi. Car Je suis constant à aimer celui que J’aime, et si attentif qu’à ses portes il Me prend la nuit et que, dans son cœur, il Me trouve au point du jour. »

Ô propos amoureux tel qu’on n’en a jamais entendu, ô amour tel qu’on a en jamais vu de semblable. C’est cela, dis-je, qui, par ces paroles, nous montre Jésus Christ. Car ce n’est pas autre chose que de dire qu’Il se lève le premier ou plus tôt pour nous aimer, et de dire qu’Il nous aime le premier avant que nous L’aimions, et qu’Il nous cherche avant que nous Le cherchions, même si le plus tôt que nous avons commencé à l’aimer, ce pût être dès notre naissance. Mais notre Seigneur Dieu, plus pressé, nous aime avant que nous fussions nés. 

C’est bien vrai ce que Tu dis, Seigneur : « Quod qui mane vigilant ad me, invenient me. »

D’autant que si on Te demande ce que Tu faisais avant de créer le monde, Tu répondras : « Je ne faisais qu’aimer ». Si on T’interroges sur ce qui T’as poussé à créer le monde, Tu répondras : « L’amour ». Si on Te demande ce que Tu fais, Tu répondras : « J’aime ». Et si on Te demande ce que Tu aimes, Tu répondras : « Je n’aime que l’amour », de manière à ce que, avant que soit le jour, c’est Toi que Tu aimes et que, dès le matin, c’est moi que Tu aimes.

Ô bon Jésus, ô combien est différent ton amour par rapport au mien, puisque Toi, comme un amoureux plein de sollicitude, Tu Te lèves de si bon matin pour m’aimer, et moi, comme un grand pécheur, je veille pour t’offenser, en sorte que, puisque Tu es Dieu, Tu m’aimes, et moi, puisque je suis homme, je t’offense. C’est habituel chez l’amoureux fameux que la nuit ne le trouve au logis, ni que l’aube du jour ne le surprenne au lit, mais qu’il veille pour qui le fait veiller et qu’il se réveille pour qui lui donne de la peine.

Or, je veux dire par ce qui a été dit que nous devons nous acheminer à servir Dieu dès le matin de la jeunesse et que nous n’oubliions ni ne cessions de Le servir dans la nuit de la vieillesse, car la flamme de la chandelle ne luit pas tant avec éclat quand on l’allume que quand elle s’en va déjà, presque morte.

Dieu seul dit : « Qui mane vigilant ad me, invenient me. »


2) Version originale :    

Poursuivant [=Poursuivons] donc notre propos, le Seigneur disant : « Ego ostendam tibi omne bonum [Moi, Je te montrerai tout bien] » [Exode 33, 19].

Et semblablement autant que lui [à Moïse] dire [=ce serait la même chose que de lui dire] qu’Il lui montrerait Sa bonté car il n’y a [pas autre] chose en [=par] quoi Dieu manifeste plus Sa bonté qu’en nous voulant communiquer Sa même bonté [=Sa bonté même]. Et pour cela, envoya Dieu [=Dieu envoya] son Fils au monde à ce [=afin] qu’Il communiquât la bonté que Son Père avait, là, au Ciel ; si que [=si bien que], dès l’heure qu’Il détermina [=décida de] nous donner Son Fils, Il mit, dès cette heure là, à sac tout Son trésor [=il vida tout Son trésor].

Donc, à ces propos [=par ces mots], dit Jésus Christ [=Jésus Christ dit], en dernier [=à la fin], à Dieu, du grand sermon [dans le grand discours] qu’Il prêcha en [=pendant] Sa dernière Cène : « Pater manifestavi Nomen Tuum hominibus [Père, j’ai révélé Ton Nom aux hommes ; Jean 17, 6] ». « Mon Père — dit-Il — qu’il Te souvienne [=souviens-Toi] que J’ai manifesté Ton Nom au monde, et ce, [en] leur déclarant [=révélant] ce nom de Trinité qu’ils ignoraient et la hauteur [=grandeur] de Ta bonté laquelle [=qu’] ils ne connaissaient [pas]. Car, avant Mon avènement [=Ma venue], les hommes ne connaissaient que Ta puissance pour [=dans le cadre de] la création. Donc, à cette heure [=désormais], ils connaîtront semblablement [=pareillement] Ta bonté pour [=par] Ma rédemption. »

Ceci présuppose et puis [=d’ailleurs] que Dieu ne se prise [n’estime en Lui-même, n’apprécie en lui-même] de chose plus que [rien au dessus] de Sa bonté et qu’Il n’a voulu envoyer Son Fils au monde que pour nous communiquer Sa bonté. Raison serait [=C’est la raison pour laquelle], ce me semble [=il me semble], savoir [=il faudrait savoir] pourquoi est-ce qu’Il nous L’envoie et qu’est-ce [=ce] que [nous] devons faire d’elle. Car lors [c'est alors qu'] est bon le trésor, quand celui qui l’a, le sait employer [=sait en faire usage].

À ceci je réponds que la bonté de Dieu est si bonne [sic] qu’elle n’est [pas] importune [=fâcheuse, pénible], [c’est] pourquoi on la doive fuir [=on ne doit la fuir] ni de coûtange entretenir, ennuyeuse à souffrir, ni moins ambitieuse à contenter [=ni parce c'est à grand coût qu’il faudrait la conserver durablement, ni parce qu’il faudrait supporter l’ennui dont elle serait la cause, ni parce qu’elle aurait des désirs ambitieux à contenter]. Ains [=Mais] le Seigneur veut que, de bon cœur, [nous] L’aimions et qu’avec ce peu de force que [nous] avons, nous Le servions.

Il n’y [de] bonté entière qu’elle [=qui] ne veuille [d']amour parfait, ni [d']amour parfait qui ne veuille [de] volonté parfaite, ni [de] volonté parfaite qui ne veuille être bien employée. De quoi se peut inférer [=D'où l'on peut déduire] que, puisqu’en notre Dieu, en y a [=il y a] [une] bonté immense, [un] amour infini et [une] volonté parfaite et qu’Il ne demande [rien] fors [sinon d’] être aimé, Il doit être sujet à [=familier de] l’amour. Et certes, Il est sujet à la loi d’amour, Celui qui ne sait faire qu’aimer, qui commande [d’]aimer, qui ne veut que aimer [=qu’aimer], ni moins s’occupe qu’ à [et qui ne s’occupe pas d'autre chose que d'] aimer. Et ce qui est le plus [fort], [c’est] que du même amour qu’Il S’aime à Soi [=qu’Il S’aime Lui-même], Il m’aime à moi [=Il m’aime, moi]. Bien est vrai [=Il est bien vrai] que, parfois, je suis en cause de n’être aimé [=c’est de ma faute si je ne suis pas aimé], parce que je ne le mérite [pas]. Mais Lui ne se peut jamais laisser [=ne peut jamais cesser] d’aimer, ne pouvant en Lui faillir mérites [=car les mérites, en Lui, ne peuvent jamais faire défaut].

Nous nous contenterons d’avoir prouvé que l’amour et Dieu, Dieu et l’amour apportent même devise [=renvoient à la même chose] et sont de même pâture [=sont du même genre]. 

Mais [nous] voulons semblablement [=de la même manière] prouver que Dieu se loue d’être amoureux [=enclin à l’amour] — amoureux, dis-je — le plus ancien du monde, afin que sachent tous ceux qui traitent d’amour [=qui s’occupent de l’amour] qu’Il est le Prince [=le Premier] des amoureux. Et si les anciens philosophes ont cherché en diligence [=avec soin et application] des inventeurs du marteau, de la scie, du ciseau et de la cognée pour charpenter au [=couper, tailler] du bois, à plus grande [=forte] raison, son devrait-on [=devrait-on] chercher le premier inventeur de l’office [=la fonction, le rôle] d’aimer. Car si la scie, et aussi la cognée, coupent le bois, l’amour, certes, scie et détranche [=découpe] les entrailles. J’ai appris de mon père Adam la désobéissance ; de ma mère Ève la gourmandise [=gloutonnerie] ; de mon frère Caïn l’homicide ; du peuple hébreu l’idolâtrie ; du roi David l’adultère ; du roi Sennachérib à blasphémer ; de saint Pierre à pleurer. Et de Toi, mon bon Jésus, [j’]ai appris à aimer : moyennant lequel amour [ et par le moyen de cet amour], Tu T’es fait homme et moi, Dieu. Quelle [=Telle] est l’école où nous étudions, telle est la science que nous apprenons. Ce [=Cela], dis-je [je le dis] pour moi, car en l’école du monde, je n’ai appris qu’à folâtrer [=être fou] ; en celle de Satan, je n’ai appris que mal vouloir [=qu’à vouloir ce qui est mal] ; en celle de la chair, je n’ai appris qu’à pécher ; et en celle des hommes, je n’ai appris qu’à haïr. Mais en la tienne, ô mon Dieu, je n’ai appris qu’à aimer. De quoi se peut inférer [=D'où l'on peut déduire] que, puisqu’aux académies [=dans les écoles] de Dieu, est si chaste [=pur moralement] l’amour qui se lit [=que l’on apprend], ne sera raisonnable que soient éloignés d’amour [=il n’est pas raisonnable que vivent loin de l’amour] ceux qui la [=les] fréquentent.

« Ego diligentes me diligo, et quod [qui] mane vigilant ad me [in]venient me [Moi, J’aime ceux qui M’aiment et ceux qui s’éveillent dès le matin pour Moi me trouveront ; Proverbes 8, 17] » dit le Seigneur, parlant généralement à tous, comme s’Il voulait dire : « J’aime ceux qui M’aiment, je quiers [=cherche] ceux qui Me quièrent [=cherchent], et Me donne à ceux qui, à Moi, se donnent. Et si [=ainsi] personne [=celui] qui M’aime ne gagnera jà le prix de [=ne parviendra certes pas à] mieux, ni plus fidèlement aimer que moi. Car Je suis tant continuel [=constant] en l’amour de ce que [=à aimer celui que] J’aime, et si songneux [=attentif] qu’à ses portes [il] Me prend la nuit et [que] dans son cœur, [il] Me trouve au point du jour. » Ô propos amoureux oncq’ tels ne furent ouïs [=tel qu’on n’en a jamais entendu], ô amour onc semblable ne fut vu [tels qu’on a en jamais vu de semblable]. Cestui [=C’est cela], dis-je, lequel [=qui], par ces paroles, nous montre Jésus Christ. Car n’est autre chose [=ce n’est pas autre chose que] de dire qu’Il se lève le premier ou plus matin [=plus tôt] à [=pour] nous aimer, sinon [et de dire] qu’Il nous aime [le] premier [=avant que] nous L’aim[i]ons, et [qu’]Il nous cherche avant que [nous] le cherch[i]ons, si que [=même si] le plus ancien commencement que [nous] pourrions avoir [=le plus tôt que nous avons commencé] à le aimer [=à l’aimer], ce pourra[it] [=pût] être dès notre naissance, dont [=mais] notre Seigneur Dieu, comme plus matinier [=étant plus pressé], Il nous aime devant [=avant] que nous fussions nés. 

Que bien vrai [=C’est bien vrai ce que ] Tu dis, Seigneur : « Quod qui mane vigilant ad me, invenient me. »

D’autant que si on Te demande qu’est-ce [=ce que] Tu faisais avant que [=avant de] créer le monde, Tu répondras qu’aimer [: « Je ne faisais qu’aimer »]. Si on T’interroges [sur ce] qui T’as ému [=poussé] à créer le monde, [Tu] répondras : « L’amour ». Si on Te demande qu’est-ce [=ce que] Tu fais, [Tu] répondras : « Aimer » [= « J’aime »]. Et si on Te demande qu’est ce que [=ce que] Tu aimes, Tu répondras qu’amour [: « Je n’aime que l’amour »], de manière [à ce] que devant jour [=avant que soit le jour] tu aimes à Toi [=c’est Toi que Tu aimes] et que, dès le matin, tu m’aimes à Moi [=c’est moi que Tu aimes].

Ô bon Jésus, et [=ô] combien est différent ton amour et le [par rapport au] mien, puisque Toi, comme solliciteux amoureux [=un amoureux plein de sollicitude], [Tu] Te lèves si matin [=de si bon matin, si tôt] à [pour] m’aimer, et moi, comme comme [un] grand pécheur, je veille pour t’offenser, tellement [=en sorte] que dès que [=puisque] Tu es Dieu, Tu m’aimes, et moi, dès que [=puisque] [je] suis homme, je t’offense. C’est coutume [=habituel] du [=chez le] fameux amoureux que la nuit ne le prenne [=le trouve] au logis, ni [que] l’aube du jour [ne] le surprenne au lit, ains [=mais] qu’il veille à [=pour] qui le fait veiller et réveiller [=qu’il se réveille] à [=pour] qui lui donne peine.

Or, je veux dire par ce qu’a [=qui a] été dit que nous nous devons acheminer [=nous devons nous acheminer] à servir Dieu en la matinée de la jeunesse [=dès le matin de la jeunesse] et que ne nous oublions [=nous n’oubliions pas] ni laissions à [=ni ne cessions] à [=de] Le servir en [=dans] la nuit de la vieillesse, car la flamme de la chandelle ne reluit [=ne luit] pas tant quand on l’allume que quand elle s’en va jà [=déjà], presque morte. 

Dieu seul dit : « qui mane vigilant ad me, invenient me. »

Source

Don Antoine de Guevare [=Antonio de Guevara], o.m., (évêque de Mondoñedo, 1481-1545), Les Epistres dorees et discours salutaires, livre II, trad. franç. de l’espagnol : Jean de Guterry (+1581), docteur en médecine, Jean Ruelle, Paris, 1573, p. 165-167.