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samedi 10 novembre 2018

Le monastère Notre-Dame de Charité du Refuge, de Besançon (Doubs) et la Garde d'honneur du Cœur Immaculé de Marie




Statue du Cœur Immaculé de Marie.
Garde d'honneur.
Œuvre de Henri-Paul Rey (1904-1981)
Ex-monastère de Notre-Dame de Charité du Refuge, 
actuel théâtre Bacchus (!) (Besançon, dans le Doubs)

C'est en 1875, sur les plans de l'architecte bisontin Louis Lavie (1841-1886), que fut construite la chapelle du monastère de Notre-Dame de Charité du Refuge, bénie solennellement par Mgr Paulinier, archevêque de Besançon, le 9 juillet 1877. Un peu plus tard fut créé le beau cloître réservé aux religieuses de l'Ordre de Notre-Dame de Charité du Refuge. Cet ordre, initié à Caen en 1641 par S. Jean Eudes, fut reconnu en 1651 par l'évêque de Bayeux, Mgr Molé, dont le jugement fut confirmé définitivement, par une bulle pontificale en 1666. Son but était de recueillir d'anciennes libertines et prostituées repenties, désirant revenir aux bonnes mœurs et dont la nouvelle moralité aurait couru des dangers dans le monde.

L'établissement de Besançon datait du 22 juillet 1839 et fut fondé sur l'initiative de l'archevêque de Besançon, le cardinal Matthieu, qui y accueillit les religieuses du Refuge de Versailles qui cherchaient à essaimer. Cette institution occupait, dans la rue de la Vieille-Monnaie, au numéro 12, un ancien hôtel particulier, acquis par Mgr Matthieu lui-même, immeuble remarquable par les grilles de fer forgé qui en garnissaient les fenêtres. L'établissement se développa au point de comprendre, finalement, les immeubles du 4 au 14 de la rue. En 1939, lors du centenaire de la fondation du Refuge de Besançon, l'Académie française lui accorda un prix de vertu, renouvelé en 1940. Finalement, après la fermeture de l'établissement bisontin, l'ensemble immobilier dit « du Refuge » fut racheté en 1995 par la commune de Besançon.

La Garde d’honneur du Cœur immaculé de Marie, dont le secrétariat était situé dans ce Refuge bisontin, était « une association, qui a[vait] pour fin d'accroître chez les fidèles la dévotion au Cœur immaculé de Marie, par le moyen d'une heure quotidienne passée en esprit dans sa compagnie, sans que cela nuise aux occupations auxquelles cette heure est normalement consacrée. Il s'agi[ssai]t, en quelque sorte, d'une heure de garde auprès de la Vierge. Et c' [était] bien la raison pour laquelle les membres de cette association (autrefois, « archiconfrérie » mais le vocable a disparu du code de droit canon de 1983), [étaient] désignés sous le nom de “gardes d’honneur”. »

« À l'âge de 17 ans, Félicie Larcher (1868-1945) rejoignait une de ses sœurs moniale de N[otre] D[ame] de Charité au Refuge de Besançon. C'était une jeune fille qui avait fait des études et qui lisait couramment le latin. Elle avait, de plus, hérité de son père, miraculé de La Salette, une grande dévotion à Marie, qui ne put que s'épanouir dans le milieu eudiste où elle fit profession le 8 avril 1886, sous le nom de S[œu]r Marie de S[ain]te Thérèse. Tout en se livrant aux tâches de sa vocation d'éducatrice de jeunes en difficulté, elle produisit quelques écrits spirituels en vue d'aider ses sœurs à la prière, dans l'esprit du Père [Saint Jean] Eudes. Ils furent jugés dignes d'être publiés. L'un d'eux, L'esclavage d'amour du Cœur immaculé de Marie, fut remarqué par le Père J. Dauphin (1841-1912), eudiste. Il y avait reconnu l'idée d'une association en l'honneur du Cœur de Marie, qu'il avait conçue et n'avait pas eu le moyen de réaliser lui-même. Il proposait donc à la sœur de la mettre en œuvre. Cela eut lieu le 16 sept[embre] 1912. Le lendemain, le Père mourait, avant d'apprendre cette fondation. Un an après, il y avait déjà 3 400 associés. Comme l'avait signalé le P. Dauphin, l'approbation de l'archevêque était indispensable. Elle fut obtenue, le 21 nov[embre] 1913, pour les statuts. La “Garde d’honneur du Cœur de Marie” était érigée le 22 déc[embre] 1913 en confrérie et instituée dans la chapelle du Refuge de Besançon le 8 février 1914. »

« Cette association avait une parenté de forme avec la “Garde d’honneur du Sacré Cœur de Jésus”, fondée en 1863 par une moniale (bisontine elle aussi) de la Visitation de Bourg, au diocèse de Belley [dans l’Ain]. La nouvelle confrérie eut un essor rapide. Elle comptait déjà 12 000 inscrits, en 1916. Les apparitions de Fatima, en 1917, furent, pour elle, comme une confirmation. Puis, les Papes lui ont témoigné une faveur exceptionnelle. Benoît XV l'érigeait en archiconfrérie [le 22 mars 1919], l'autorisant à agréger d'autres confréries, fondées avec une fin et un nom identiques, en France, et à l'étranger. Cela a permis la fondation du centre du Canada, à Pierrefonds, en 1927, et de la Pologne, à Jaslo, en 1937. Pie XI étendait encore cette faculté, et accordait à l'archiconfrérie des faveurs spirituelles précieuses. Pie XII qui, comme ses prédécesseurs, s'inscrivit à la confrérie, apporta à Sœur Marie de S[ain]te Thérèse la joie de voir ses deux désirs réalisés, avant de mourir : la consécration du monde au Cœur de Marie [le 31 octobre 1942, dans un message radiodiffusé, et le 8 décembre 1942, dans la basilique Saint-Pierre à Rome], avec l'extension de la fête de ce Cœur immaculé à l'Église universelle [le 4 mai 1944]. »

« La fin de l'archiconfrérie [était] de former un groupe de fidèles contemplant le Cœur de Marie, lui offrant louange, gloire, actions de grâces, amour, se donnant à lui pour communier à ses sentiments, ses vertus, ses états et mystères et à sa vie même. Cela, en lui consacrant une heure quotidienne de jour ou de nuit passée à remplir les tâches ordinaires avec le plus d'amour et de perfection possible aux intentions citées. Pour faire partie de ce groupe, il suffi[sai]t de s'inscrire au centre de l’œuvre à Besançon ou dans un des centres particuliers affiliés à l'archiconfrérie. L'inscription comport[ait] une consécration d'enrôlement à prononcer et à signer. Aucune rétribution n'[était] demandée, sauf le prix des imprimés éventuellement fournis. Là où la chose [était] faisable, les associés se réuniss[ai]ent le premier samedi du mois pour honorer le Cœur de Marie. Enfin, il exist[ait] une revue de 32 pages paraissant quatre fois par an, intitulée Dans le sillage de Marie, sorte de lien entre les associés, leur donnant informations et thèmes de réflexion, de valeur, et très appréciés. »

La revue Dans le sillage de Marie fut précédée dans le temps, avant octobre 1968, par l'Écho de la Garde d'Honneur du Cœur Immaculé de Marie, fondée à Besançon en 1919, dont le secrétariat se trouvait également au 10 rue de la Vieille-Monnaie, et dont le vœu était le suivant : 

« Oh ! qu'elle règne enfin et partout triomphante !
Conquis par son doux Cœur, que le monde, à genoux,
De l'aurore au couchant, la célèbre et la chante,
Et, par elle, ô Jésus, se donne tout à vous ! »

Bibliographie :  

- Auguste Castan, Besançon et ses environs, Imprimerie Jacques et Demontrond, Besançon, 1936, p. 140.
- R. P. Dugnaud, s. j., « Le saint Cœur de Marie », in Action Catholique, Mémoires et rapports du Congrès Marial, Bruxelles, 8-11 septembre 1921, second vol., Vromant et C°, Bruxelles, 1922, p. 562.  
- G. Geenen, « Les Antécédents doctrinaux et historiques de la Consécration du Monde au Cœur Immaculé de Marie », in R. P. Hubert du Manoir (dir.), Maria. Études sur la Sainte Vierge, tome I, Beauchesne et Fils, Paris, 1949, p. 829.
- Sœur Marie de Sainte-Thérèse Larcher, Esclavage d'amour du Cœur Immaculé de Marie, 3e édition, Imprimerie de l'Est, Besançon, 1934, p. 229.
- Antoine Monnot (chanoine), Le vieux Besançon religieux, Imprimerie de l'Est, Besançon, 1956, p. 165.
- « La Garde d'honneur du Cœur Immaculé de Marie  », Cahiers eudistes, n°12, 1989, p. 109.
- « Office Public d’HLM du Doubs - Habitat 25 - Programme d’aménagement de 45 logements et 45 places de stationnement 10, rue de la Vieille Monnaie à Besançon », in Bulletin officiel de la commune de Besançon, 6 avril 1998, p. 389.