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mercredi 23 août 2023

Origène, partisan de la substitution pénale dans son Commentaire de l'Évangile selon S. Jean

 

Origène,
Manuscrit de Schäftlarn (v.1160), fol. 130v.


14. Ainsi donc vois si, soit Caïphe, soit ce qui le fait prophétiser, ne veut pas exciter les auditeurs à tuer Jésus à travers le : « vous ne connaissez rien, et vous ne pensez pas non plus qu'il nous soit utile qu'un seul homme meure pour le peuple, et que la nation entière ne périsse pas1. » Ainsi donc, celui qui dit : « Il nous est utile », ce qui constitue une partie de sa prophétie, dit-il la vérité ou ment-il ? Si, en effet, il dit la vérité, Caïphe est sauvé, ainsi que ceux combattant Jésus dans le sanhédrin, car Jésus est mort pour le peuple, et tous en tirent avantage. S'il est absurde de dire que Caïphe, et ceux qui étaient contre Jésus au sanhédrin, ont été sauvés et ont tiré avantage de ce que Jésus est mort, il est clair qu’on dit que ce n’est pas le Saint-Esprit qui a agi en cela. Car le Saint-Esprit ne ment pas. Mais à celui qui veut dire la vérité sur ce qui fait agir Caïphe, je dis à propos de l’affirmation : « Il nous est utile qu'un seul homme meure pour le peuple », que l’on comprenne plus profondément le : « Il nous est utile », grâce à la mention des conséquences, et qu’on se serve du : « afin qu’il goûtât par la grâce de Dieu2 ou sans Dieu la mort pour tous » ; et qu’on s’arrête sur le « pour tous », et le « sans Dieu, pour tous ». Qu’on se serve également du « qui est le Sauveur de tous les hommes, surtout des croyants3 » ; et du « Celui-ci est l'Agneau de Dieu, qui ôte le péché du monde4 », entendant particulièrement qu’est ôté le péché du monde, et non de [certaines] parties de ce dernier. Celui qui dit être vrai le fait qu’ « il nous est utile qu'un seul homme meure », conviendra que tout le passage est une vraie prophétie commençant par le « vous ne connaissez rien ». Car les Pharisiens et les grands prêtres ne savaient rien, ignorant que Jésus est la vérité, la sagesse, la justice et la paix : « Car il est lui-même notre paix5. » Mais ceux-ci, ne sachant rien, n'ont pas pensé quel procédé leur serait utile pour que Celui-ci, en tant qu’Il est homme, mourût pour le peuple ; car Jésus, qui est mort, est un homme. C’est pourquoi Il dit aussi Lui-même : « Maintenant, vous cherchez à me tuer, Moi qui ai dit la vérité6. » Et puisque Celui qui meurt est un homme, ce n’est pas l'homme qui était la vérité, la sagesse, la paix et la justice ; et Il est n’est pas mort, Celui au sujet duquel on écrit : « Le Verbe7 était Dieu », Dieu, le Verbe, la vérité, et la sagesse, et la justice. En effet, l'Image du Dieu invisible, le Premier-né de toutes les créatures, est incapable de mort. C’est pour le peuple que mourut cet homme, plus pur que tous les êtres vivants, qui a porté nos péchés ainsi que nos faiblesses9, parce qu'Il a été capable de briser, détruire et anéantir tout le péché du monde entier en le prenant en Lui-même, puisqu' « Il n'a commis aucun péché, qu’il n'y a pas non plus de tromperie dans Sa bouche10 » et qu’Il n’a pas même connu le péché10bis. C’est à cause de cela que je pense que Paul a parlé ainsi : « Celui qui n'a pas connu le péché, Dieu La fait péché pour nous, afin qu’en Lui, nous devenions justice de Dieu11. » Car Il s’est fait Lui-même péché, dit-il, afin, Lui qui n’a pas Lui-même péché, de prendre sur Lui les péchés de tous, et, s'il faut dire les choses bien plus audacieusement que Ses Apôtres, de devenir Lui-même le déchet du monde, et l’ordure de tous, [plus audacieusement que] ceux qui disent :     « Nous sommes devenus comme le déchet du monde ; lordure de tous jusqu'à présent12. » De nombreuses histoires, tant des Grecs que des Barbares, ne rejetant ni ne repoussant en cela le bon sens, nous rapportent que, lorsque de nombreux maux prévalent dans le genre humain, telles que les épidémies de peste, les absences nuisibles de vent, les famines, ces choses sont résolues, comme si l'esprit malin ayant opéré en elles, avait été rendu inactif, par le fait que quelqu'un s'est livré lui-même pour le bien commun : que ces choses soient vraies ou non, ce n’est pas le moment d’en faire l’examen. Néanmoins, on n’a jamais rapporté et on ne peut le faire que Celui qui, étendant sa puissance sur l’ensemble du monde, s’ Il n’a pas accepté de mourir pour Lui-même, eût accepté, moyennant Sa pureté, d’avoir péri afin que le monde entier fût purifié ; c’est à Jésus seul qu’a appartenu le fardeau, en la croix, d’avoir pris en Lui le péché de tous, en faveur de tous les sans Dieu13 et de le porter par la puissance de sa grande force. Car Celui-ci seul avait la sagesse de porter la faiblesse, comme le pense le prophète Esaïe disant : « Un homme couvert de plaies et sachant porter la faiblesse14. » Et Celui-ci, précisément, a porté nos péchés, et a été brisé par nos iniquités15, et le châtiment, qui nous était dû, Lui est advenu, afin que nous soyons châtiés et que nous recevions la paix. Car c'est ainsi que je comprends ceci : « Le châtiment de notre paix est sur Lui.16 » Et peut-être, du fait que « nous sommes guéris par ses meurtrissures », nous, qui avons été guéris en venant à Lui et aux meurtrissures de la croix, dirons-nous aussi : « Pour ce qui me concerne, loin de moi la pensée d'être glorifié, si ce n'est dans la croix de notre Seigneur Jésus-Christ, par qui le monde a été crucifié pour moi, et moi pour le   monde17. » Ce Jésus, le Père l’a livré pour nos péchés et, à cause d’eux, « Il a été conduit sous le couteau comme une brebis, comme l’agneau muet devant celui qui le tond18 ». En cet abaissement par lequel Il s'est abaissé Lui-même, devenant obéissant jusqu'à la mort et la mort de la croix19, le jugement a été ôté : car c’est ainsi que je comprends le : « Dans l’abaissement, son jugement a été ôté20 » ; comme si cela voulait dire la chose suivante : dans son abaissement, le jugement a été ôté. Ainsi, à cause des iniquités du peuple de Dieu, il a été conduit à la mort. C'est pourquoi cet homme est mort pour le peuple, et grâce à cela, toute la nation n'a pas péri. Et regarde si tu peux rapporter le nom de « peuple » à ceux de la circoncision, et celui de « nation » au restant. Cet homme, en effet, est mort, non seulement    « pour le peuple », mais également « afin que la nation entière ne pérît pas », comme si l’on désignait celui agissant en lieu et place du peuple et [faisant que] toutes les nations ne périront pas.


Références scripturaires

1. Jn. 11, 49, 50.

2. Hebr. 2, 9.

3. 1 Tim. 4, 10.

4. Jn. 1, 20.

5. Ephes. 2,14.

6. Jn. 8, 40.

7. Jn. 1, 1.

8. Coloss. 1,15.

9. Is. 53, 4.

10. P. 2, 22.

10 bis. Rom. 10, 29.

11. 2 Cor. 5, 21.

12. 1 Cor. 4, 13.

13. Hebr. 2, 9.

14. Is. 53, 3.

15. ibid. 4

16. ibid. 5.

17. Gal. 6, 14.

18. Is. 53, 7.

19. Phil. 2, 8.

20. Is. 53, 8.


Version grecque originale

14. Ὅρα γὰρ, εἰ μὴ παροξῦναι βούλεται τοὺς ἀκροωμένους, εἴτε ὁ Καϊάφας, εἴτε τὸ ἐνεργοῦν αὐτὸν προφητεύειν, πρὸς τὸ ἀποκτεῖναι τὸν Ἰησοῦν, διὰ τοῦ· „ὑμεῖς οὐκ οἴδατε οὐδὲν, οὐδὲ λογίζεσθε, ὅτι συμπφέρει ἡμῖν, ἵνα εἰς ἄνθρωπος ἀποθάνῃ ὑπὲρ τοῦ λαοῦ, καὶ μὴ ὅλον τὸ ἔθνος ἀπόληται.1“ Ἆρά γε ὁ λέγων· „συμφέρει ἡμῖν· ὅπερ μέρος ἦν τῆς προφητείας αὖτοῦ, ἀληθεύει, ἢ ψεύδεται; Εἰ μὲν γὰρ ἀληθεύει, σώζεται ὁ Καϊάφας, καὶ οἱ ἐν τῷ συνεδρίῳ κατὰ τοῦ Ἰησοῦ ἀγωνιζόμενοι, ἀποθανόντος τοῦ Ἰησοῦ ὑπὲρ τοῦ λαοῦ, καὶ τυγχάνουσι τοῦ συμφέροντος· εἰ δὲ ἄτοπον φάσκειν, τὸν Καϊάφαν καὶ τοὺς ἐν τῷ κατὰ τοῦ Ἰησοῦ συνεδρίῳ σώζεσθαι, καὶ τοῦ συμφέροντος τετευχέναι ἀποθανόντος τοῦ Ἰησοῦ, δῆλον οὐχ ἅγιον πνεῦμα ἦν τὸ ταῦτα ἐνεργῆσαν λέγεσθαι· ἅγιον γὰρ πνεῦμα οὐ ψεύδεται. Ὁ δὲ βουλόμενος ἀληθεύειν καὶ ἐν τούτῳ τὸ ἐνεργοῦν τὸν Καϊάφαν, λέγω δὲ τῷ φάσκειν· „συμφέρει ἡμῖν, ἵνα εἰς ἄνθρωπος ἀποθάνῃ ὑπὲρ τοῦ λαοῦ βαθύτερον ἐξακούεται τοῦ·,συμφέρει ἡμῖν· διὰ τὸν περὶ τέλους λόγον, καὶ συγχρήσεται τῷ· „ὅπως χάριτι2,“ ἤ „χωρὶς Θεοῦ ὑπὲρ παντὸς γεύσηται θανάτου“ καὶ ἐπιστήσει τῷ· „ὑπὲρ παντός· καὶ τῷ· „χωρὶς Θεοῦ ὑπὲρ παντός.“ Συγχρήσεται δὲ καὶ τῷ· ὅς ἐστι Σωτὴρ πάντων ἀνθρώπων, μάλιστα πιστῶν3· ὅτι δὲ οὗτός ἐστιν „ὁ ἀμνὸς τοῦ Θεοῦ ὁ αἴρων τὴν ἁμαρτίαν τοῦ κόσμου4,“ ἰδίως ἀκούων τοῦ αἴρεσθαι τὴν ἁμαρτίαν τοῦ κόσμου, καὶ οὐχὶ μέρους αὐτοῦ. Ὁ δὲ λέγων ἀληθὲς εἶναι τό συμφέρει ἡμῖν, ἵνα εἰς ἄνθρωπος ἀποθάνῃ. φήσει καὶ ὅλα τὰ κατὰ τὸν τόπον προφητείαν εἶναι ἀληθῆ, ἀρχομένην ἀπὸ τοῦ· „ὑμεῖς οὐκ οἴδατε οὐδέν· οὐδὲν γὰρ ᾔδεσαν οἱ τὸν Ἰησοῦν μὴ γνωρίζοντες Φαρισαῖοι καὶ ἀρχιερεῖς, ὄντα ἀλήθειαν καὶ σοφίαν καὶ δικαιοσύνην, καὶ εἰρήνην· αὐτὸς γάρ ἐστιν ἡ εἰρήνη ἡμῶν5.“ ̓Αλλὰ καὶ οὐκ ἐλογίζοντο οὗτοι οἱ μηδὲν εἰδότες, τίνα τρόπον συνέφερε καὶ αὐτοῖς, ἵνα ὁ εἷς οὗτος, καθ ὃ ἄνθρωπός ἐστιν, ἀποθάνῃ ὑπὲρ τοῦ λαοῦ· ἄνθρωπος γάρ ἐστιν ἀποθανὼν Ἰησοῦς. Διὸ καὶ αὐτός φησι· νῦν δὲ ζητεῖτέ με ἀποκτεῖναι, ἄνθρωπον, ὃς τὴν ἀλήθειαν λελάληκα6. Καὶ ἐπεὶ ἄνθρωπος μέν ἐστιν ὁ ἀποθανών, οὐκ ἦν δὲ ἄνθρωπος ἡ ἀλήθεια καὶ ἡ σοφία καὶ ἡ εἰρήνη καὶ ἡδικαιοσύνη, καὶ περὶ οὗ γέγραπται· „Θεὸς ἦν ὁ Λόγος7“ οὐκ ἀπέθανεν ὁ Θεὸς Λόγος καὶ ἡ ἀλήθεια καὶ ἡ σοφία καὶ ἡ δικαιοσύνη· ἀνεπίδεκτος γὰρ ἡ εἰκὼν τοῦ Θεοῦ τοῦ ἀοράτου, ὁ πρωτότοκος πάσης κτίσεως8, θανάτου. Ὑπὲρ τοῦ λαοῦ δὲν ἀπέθανεν οὗτος ὁ ἄνθρωπος, τὸ πάντων ζώων καθαρώτερον, ὅστις τὰς ἁμαρτίας ἡμῶν ἦσε καὶ τὰς ἀσθενείας9, ἅτε δυνάμενος πᾶσαν τὴν ὅλου τοῦ κόσμου ἁμαρτίαν εἰς ἑαυτὸν ἀναλαβὼν λῦσαι, καὶ ἐξεναλῶσαι, καὶ ἐξαφανίσαι, ἐπεὶ μὴ ἁμαρτίαν ἐποίησε, μηδὲ εὑρέθη δόλος ἐν τῷ στώματι αὐτοῦ10, οὐδὲ ἔγνω[ν] ἁμαρτίαν10bis. Κατὰ τοῦτο δ ̓οἶμαι καὶ τὸν Παῦλον εἰρηκέναι οὕτως· „τὸν μὴ γνόντα ἁμαρτίαν, ὑπὲρ ἡμῶν ἁμαρτίαν ἐποίησεν, ἵνα ἡμεῖς γενώμεθα δικαιοσύνη Θεοῦ ἐν αὐτῷ11· ἁμαρτίαν γὰρ αὐτὸν ἐποίησεν, εἶπε, μὴ γνόντα ἁμαρτίαν, τῷ μηδὲν αὐτὸν ἡμαρτηκότα τὰς πάντων ἁμαρτίας ἀνειληφέναι, καὶ εἰ δεῖ τολμήσαντα εἰπεῖν, πολλῷ μᾶλλον τῶν ἀποστόλων αὐτοῦ περικάθαρμα αὐτὸν τοῦ κόσμου γεγονέναι, καὶ πάντων περίψημα τῶν εἰπόντων· ὡς περικαθάρματα τοῦ κόσμου ἐγενήθημεν, πάντων περίψημα ἕως ἄρτι12.“ Περὶ δὲ τοῦ πολλάκις ἐπικρατούντων τινῶν χαλεπῶν ἐν τῷ τῶν ἀνθρώπων γένει, οἷον λοιμῶν, ἤ ἐπιβλαβῶν νηνεμιῶν, ἢ λιμῶν, λύεσθαι τὰ τοιαῦτα, οἱονεὶ καταργουμένου τοῦ ἐνεργοῦντος αὐτὰ πονηροῦ πνεύματος, διὰ τὸ ἑαυτόν τινα ὑπὲρ τοῦ κοινοῦ διδόναι, πολλαὶ φέρονται Ελλήνων καὶ Βαρβάρων ἱστορίαι, τὴν περὶ τοῦ τοιούτου ἔννοιαν οὐκ ἀποπτυόντων, οὐδὲ ἀποδοκιμαζόντων· πότερον μὲν οὖν ἀληθῆ ἐστι τὰ τοιαῦτα, ἢ μὴ, οὐ τοῦ παρόντος ἐστὶ καιροῦ μετ ἐξετάσεως διαλαβεῖν. Πλὴν ὁ δυνάμενος ὑπὲρ ὅλου κόσμου, ἵνα πᾶς ὁ κόσμος καθαρθῇ, ἀναδέξασθαι ἐπὶ καθαρσίῳ αὐτοῦ, ἀπολομένου ἦν, εἰ μὴ ἀνεδέξατο τὸ ὑπὲρ αὐτοῦ ἀποθανεῖν, οὔτε ἱστόρηται πώποτε, οὔτε ἱστορηθῆναι δύναται, μόνου Ἰησοῦ τὸ πάντων τῆς ἁμαρτίας φορτίον ἐν τῷ ὑπὲρ τῶν ὅλων χωρὶς Θεοῦ13 σταυρῷ ἀναλαβεῖν εἰς ἑαυτὸν, καὶ βαστάσαι τῇ μεγάλῃ αὐτοῦ ἰσχύϊ δεδυνημένου. Καὶ γὰρ οὗτος μόνος ἐπιστήμων ἦν τοῦ φέρειν μαλακίαν, ὥς φησιν ὁ προφήτης Ησαΐας λέγων· „ἄνθρωπος ἐν πληγῇ ὤν, καὶ εἰδὼς φέρειν μαλακίαν14.“ Καὶ οὗτός γε τὰς ἁμαρτίας ἡμῶν ἔλαβε, καὶ μεμαλάκισται διὰ τὰς ἀνομίας ἡμῶν15, καὶ ἡ ὀφειλομένη ἡμῖν εἰς τὸ παιδευθῆναι καὶ εἰρήνην ἀναλαβεῖν κόλασις ἐπ αὐτὸν γεγένηται. Οὕτω γὰρ ἀκούω τούτων· „παιδεία εἰρήνης ἡμῶν ἐπ αὐτόν.16“ Τάχα δὲ καὶ, ἐπεὶ „τῷ μώλωπι αὖτοῦ ἡμεῖς ἰάθημεν,“ εἴποιμεν ἂν οἱ ἰαθέντες ἐκ τοῦ σταυροῦ ἐλθόντος αὐτῷ τοῦ μώλωπος, τό· „ἐμοὶ δὲ μὴ γένοιτο καυχᾶσθαι, εἰ μὴ ἐν τῷ σταυρῷ τοῦ κυρίου Ἰησοῦ Χριστοῦ, δι οὗ ἐμοὶ κόσμος ἐσταύρωται, κἀγὼ τῷ κόσμῳ.17Τοῦτον τὸν Ἰησοῦν παρέδωκεν ὁ πατὴρ ταῖς ἁμαρτίαις ἡμῶν, καὶ δι αὐτὰς „ὡς πρόβατον ἐπὶ σφαγὴν ἤχθη, καὶ ὡς ἀμνὸς ἐνώπιον τοῦ κείροντος ἄφωνος18.“ Τούτου ἐν τῇ ταπεινώσει, ἣν ἐταπείνωσεν ἑαυτὸν, γενόμενος ὑπήκοος μέχρι θανάτου, θανάτου δὲ σταυροῦ19,“ ἡ κρίσις ἤρθη· οὕτω γὰρ ἀκούω τοῦ· „ἐν τῇ ταπεινώσει ἡ κρίσις αὐτοῦ ἤρθη20 ὡς εἶναι τὰ ἑξῆς· ἐν τῇ ταπεινώσει αὐτοῦ ἡ κρίσις ἤρθη. Οὕτως δὲ ἀπὸ τῶν ἀνομιῶν τοῦ λαοῦ τοῦ Θεοῦ ἤχθη εἰς θάνατον. Οὐκοῦν ἀπέθανεν ὁ ἄνθρωπος οὗτος ὑπὲρ τοῦ λαοῦ, καὶ διὰ τοῦτον οὐχὶ ὅλον τὸ ἔθνος ἀπώλετο. Καὶ ἐπίστησον, εἰ δύνασαι τὸ μὲν ὄνομα τοῦ λαοῦ λαβεῖν εἰς τοὺς ἐκ περιτομῆς, τὸ δὲ τοῦ ἔθνους εἰς τοὺς λοιπούς· ἀπέθανε γὰρ οὗτος ὁ ἄνθρωπος, οὐ μόνον ὑπὲρ τοῦ λαοῦ, ἀλλ ἵνα καὶ μὴ ὅλον τὸ ἔθνος ἀπόληται, ὡς εἰ ἔλεγε τὸ χρηματίζον τὸ ἔθνος, καὶ πάντες οἱ ἐθνικοὶ ἀπόλωνται.


Version latine présentée par Migne, Patrologia  Graeca

14. Vide vero an non concitare velit auditores sive Caiaphas, sive is qui illi vim prophetandi suppeditabat, ad interficiendum Jesum hisce verbis : “Vos nescitis quidquam, neque cogitatis quia expedit nobis ut unus homo moriatur pro populo, et non tota gens pereat1.” Utrum qui dicit, “expedit nobis,” quæ verba sunt prophetiae ipsius pars, vera narrat an mentitur? Si vera narrat, servatur Caiaphas, cum his qui in concilio adversus Jesum contendunt, quia mortuus est Jesus pro populo, consequunturque omnes hi utilitatem; si vero absurdum est dicere Caiapham, eosque qui concilio aderant adversus Jesum, servari assecutosque eos fuisse utilitatem, quia mortuus fuerit Jesus, perspicuum est non dici Spiritum sanctum talia operatum fuisse: Spiritus enim sanctus non mentitur. Qui vero velit Caïapham atque potentiam in ipso operantem vera narrare dicendo : “Expedit nobis ut unus homo moriatur pro populo,” profundius intelliget hoc dictum : “Expedit nobis,” propter rationem finis, uteturque eo testimonio : “Ut per gratiam Dei2, vel sine Deo, pro omni gustaret mortem;” et notabit illud, “pro omni,” et illud, “sine Deo, pro omni.” Utetur pariter etiam illo: « Qui est Servator omnium hominum, præsertim fidelium3; » et illo: « Hic est ille agnus Dei, qui aufert peccatum mundi4, » proprie intelligens auferri peccatum mundi, non partis ejus. Cæterum qui verum esse dicit : “Expedit nobis ut unus homo moriatur,” dicet totum præsentem locum veram prophetiam esse incipientem ab illo “Vos nescitis quidquam.” Nihil enim norant summi sacerdotes et Pharisæi, nescientes Jesum veritatem esse, sapientiam, justitiam, et pacem : “Ipse enim est pax nostra5.” Quin etiam non cogitabant hi nihil scientes, quonam pacto conduceret etiam illis ut unus hic, quatenus homo est, moreretur pro populo. Jesus enim, qui mortuus est, homo est; quocirca ipse etiam inquit : “Nunc autem quæritis me interficere, hominem, qui locutus sum veritatem6.” Et quoniam homo quidem est, qui mortuus est; non erat autem homo veritas, sapientia, pax, et justitia, et de quo scriptum est : “Deus erat Sermo7;” non mortuus est ille Deus Sermo, et veritas, et sapientia, et justitia: si quidem imago invisibilis Dei, primogenitus omnis creaturæ8, incapax est mortis. Pro populo autem moritur hic homo omnibus animantibus purior, qui peccata nostra tulit et infirmitates9, quia posset universum totius mundi peccatum in se receptum solvere, et consumere, et delere, quoniam “peccatum non fecit, neque inventus est in ore ejus dolus10,” neque agnovit peccatum10bis. Hanc etiam ob causam opinor Paulum sic dixisse: “Eum qui non novit peccatum pro nobis peccatum fecit Deus, ut nos efficeremur justitia Dei in ipso11:” peccatum enim, dixit, ipsum fecit, qui peccatum non novit, quia cum ipse nihil peccati commisisset, omnium in se peccata receperit; et si audacius loqui audendum est, multo magis quam cæteri sui Apostoli, purgamentum mundi factus fuerit, rejectamentaque omnium dicentium : “Quasi purgamenta mundi facti sumus; omnium rejectamenta usque nunc12.” Quod autem frequenter invalescentibus rebus quibusdam asperis, veluti peste, vel fame, vel nocuis ventorum agitationibus in hominum genere, solvantur hæc, abolito, verbi gratia, spiritu illo malo qui hæc operabatur, eo quod aliquis seipsum pro communi salute dederit, multorum auctorum narrant historiæ, tum Græcorum, tum Barbarorum, hanc nostram intelligentiam neque respuentium neque reprobantium: quæ veræ sint, necne, non est præsentis temporis accurate exquirere. Verumtamen nullibi gentium, nullis historiis aliquando mandatum est, ac ne mandari quidem potest, fuisse aliquem qui se reciperet pro toto mundo mortem obiturum, ut totus mundus purgaretur illius sanctitate; alioquin perdendus, ni pro eo servando mortem oppeteret : quippe quod solius sit Jesu posse omnium peccati onus in se recipere per crucem pro omnibus “sine Deo13,” atque ingentibus suis viribus illud portare. Calluit enim hic solus ferre languorem, ut inquit Esaias propheta dicens : “Homo in plaga existens, et sciens ferre languorem14.” Atque hic sane peccata nostra accepit, et ægre affectus est propter iniquitates nostras15, in seque facta est punitio quæ nobis debebatur, ut pacem recipiamus, dum erudimur castigati. Isto namque modo hoc intelligo: “Eruditio pacis nostræ super eum16.” Fortasse autem nos, quia “livore ejus sanati sumus,” livore ex cruce illi obveniente sanati dicemus : “Mihi autem absit gloriari, nisi in cruce Domini nostri Jesu Christi, per quem mihi mundus crucifixus est, et ego mundo17.” Traditus est a Patre propter peccata nostra hic Jesus; qui etiam propterea “ad occisionem ductus est, ut agnus coram tondente mutus18.” Hujus in humilitate, qua “humilem præbuit seipsum, factus obediens usque ad mortem, mortem autem crucis19,” judicium sublatum est: sic enim hoc intelligo: “In humilitate judicium ejus sublatum est20;” perinde ac diceret : In humilitate ejus judicium sublatum est ; et fuit sic, propter iniquitates populi Dei, ductus ad mortem. Mortuus est igitur hic homo pro populo, et propter hunc non tota gens periit. Ac vide num populi nomen referre possis ad eos qui sunt ex circumcisione, Gentis vero ad cæteros. Mortuus etenim est hic homo, non tantum pro populo, sed etiam ne tota gens pereat: tanquam si dixisset, Ne qui vocantur gens inter Judæos, et omnes Gentiles pereant.


Scripturae References

1. Joan. xi, 49, 50.

2. Hebr. ii, 9.

3. I Tim, iv, 10.

4. Joan. i, 20.

5. Ephes. ii,14.

6. Joan. viii, 40.

7. Joan. I, 1.

8. Coloss. I,15.

9. Isai. liii, 4.

10. Petr. ii, 22.

10 bis. Rom. X, 29.

11. II Cor. V, 21.

12. I Cor. iv, 13.

13. Hebr. ii, 9.

14. Isai. liii, 3.

15. ibid. 4

16. ibid. 5.

17. Galat. vi, 14.

18. Isai. liii, 7.

19. Philip. ii, 8.

20. Isai. liii, 8.



Référence

Origène, Commentarius in Evangelium secundum Joannem, tomus xxviii, cap.xiv, in Migne, P.G., col. 719a-724a. Disponible sur <(https://books.google.fr/books?id=NklFyxtsJoIC&hl=fr&pg=PA719#v=onepage&q&f=true)>. Sur Jean 11, 50-52.

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