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dimanche 11 décembre 2016

Honorer et aimer le Fils de Dieu dans le Saint-Sacrement


Le Christ-Prêtre en Croix,
Église Notre-Dame-de-la-Miséricorde
d' Ars-sur-Formans
Les Princes des ténèbres s'assemblent contre le Fils de Dieu au très Saint-Sacrement.

Les Princes des ténèbres, dans la profonde nuit qui fait la partie principale de leur empire, sortent de leurs cavernes, sans pourtant se séparer de leurs tourments. Les feux qui les dévorent les suivent partout. Ils sortent, dis-je, et volent par toute la terre pour assembler leurs suppôts, et leurs détestables coopérateurs, afin de combattre la gloire du Fils de Dieu dans l'adorable Eucharistie, qui est le principal objet de leur aversion, étant le mystère qui attache plus d'âmes à Dieu. 

Le Fils de Dieu a été l'occasion de leur ruine en leur création, parce qu'ils n'ont pas voulu Lui rendre leurs hommages comme il leur avait été commandé, et ces mauvais anges sont au désespoir de voir que les hommes se sauvent et vont occuper leurs places dans le Ciel, à cause des pieux sentiments qu'ils ont d'honorer et d'adorer l'Homme-Dieu sur les Autels. C'est pourquoi ils font ce qu'ils peuvent pour en abolir le culte.
  
Une grande ferveur à honorer le Fils de Dieu au Saint-Sacrement.

Toutes les âmes réparatrices de l'honneur du Fils de Dieu au Saint-Sacrement, doivent, en qualité de victimes, opposer à la malheureuse volonté des démons une grande ferveur, pour souhaiter que tous les hommes s'emploient à honorer le Fils de Dieu, comme il le mérite. 

Et si une haine infernale contre cet Homme-Dieu presse les démons à faire tant d'efforts contre Lui, le vœu que la victime a fait, et la résolution que tant de saintes âmes ont prises de L'honorer, les obligent à contribuer de tout ce qu'elles sont, et de tout ce qu'elles ont, pour Le faire adorer de tous les hommes.

L'oubli de Jésus dans la plupart des chrétiens.

Par rapport à la Passion du corps naturel de Jésus vivant sur la terre, on peut voir les mêmes démarches et les mêmes insultes des démons, pour L'attaquer et Lui faire injure dans le Saint-Sacrement de l'autel. 

Les trois apôtres bien-aimés s'endorment au Jardin des Olives, et Jésus sur nos autels, où Il vit d'une vie mystique, dans un être sacramentel, pour prier pour nous, n'a pas un des chrétiens durant la nuit qui L'accompagne, ou qui veille auprès de Lui. 

L’Église avait ce sentiment dans ses premiers siècles, quand elle s'assemblait pendant la nuit. Après les persécutions, elle continua encore cette assiduité pendant plusieurs siècles. 

Mais maintenant la lâcheté est devenue si grande qu'on peut dire que ce Roi, ce Prêtre, cet Époux n'a ni gardes, ni assistants, ni épouses qui aient la fidélité, la dévotion, ou l'amour de veiller avec lui.

« Non potuistis una hora vigilare mecum. »

[« Vous n'avez pas pu veiller une heure avec moi. »
 
(Évangile selon S. Matthieu 16, 40)]

Référence

Occupation intérieure pour les âmes associées à l'adoration perpétuelle du Très-Saint-Sacrement de l'autel, Josse et Delespine, Paris ; Dehansy, Saint-Nicolas, 1758, p. 17-20.

L'édition du texte a été modernisée par l'auteur de ce blog.

samedi 12 novembre 2016

Comment l'âme se trouve divinisée, par S. Alphonse Rodriguez, XVIIe siècle


S. Alphonse Rodriguez
(...) Ceci ne dura pas bien longtemps parce que, comme elle éprouvait beaucoup de facilité, des consolations et un grand profit spirituel à méditer sur les Mystères de la Passion de Notre-Seigneur, il lui sembla bon de s'adonner davantage à la considération des souffrances de Jésus-Christ, qui lui inspiraient une tendre compassion, plutôt qu'aux autres exercices. 

Elle méditait en particulier sur l'Ecce homo, sur Jésus portant sa croix, pendant que la foule le conduit au supplice avec des cris et des vociférations ; sur la rencontre du Fils et de la Mère et la manière dont ils se regardèrent ; ou bien encore elle contemplait le mystère du crucifiement du Sauveur et son élévation en croix et la scène qui se passa alors entre la Mère et le Fils ; enfin la descente de la croix et la manière dont le corps de Jésus fut reçu par sa mère bien-aimée. 

À cette oraison, elle employait le matin, deux heures, suivies d'un quart d'heure d'actions de grâces ; ensuite elle entendait la messe. Durant le jour, elle s'entretenait avec ferveur avec son Dieu ; le soir, elle faisait une méditation semblable à celle du matin. 

Dieu lui enseigna encore diverses manières de prier ; car, d'elle-même, elle n'aurait pas su trouver le chemin par où Dieu voulait la conduire. L'une d'elle consistait en ce que, après s'être exercée sur un Mystère, en discourant de façon en être bien pénétrée, elle devenait tellement enflammée de l'amour de Jésus-Christ, que, tout discours cessant, elle se bornait à demeurer en la présence de son Dieu et elle y jouissait de ses divines communications. Cette manière de prier qui se nomme contemplation, se passait ainsi à son égard : son âme étant vivement occupée de Notre-Seigneur, se sentait blessée d'amour en contemplant ce qu'il souffrait pour elle ; alors, le Seigneur la mettait en son cœur, ou il lui communiquait de grandes lumières concernant sa douloureuse passion et les souffrances de toute sorte qu'il y endura.

Mais nul ne saurait dire et expliquer ce que Jésus-Christ lui communiquait de ses vertus et de ses dons spirituels, lorsqu'il lui donnait de ressentir en elle même, dans l'âme et dans le corps, ses propres souffrances. Alors cette personne se sentait des pieds à la tête, crucifiée avec Jésus-Christ, qui lui communiquait une partie de ses souffrances. De là résultait qu'elle se trouvait embrasée d'amour, étroitement unie à son Sauveur et comme transformée et transfigurée en lui, tant était ardent leur amour réciproque, et tant était grande la part que Jésus-Christ lui communiquait de ses souffrances.

4. En outre, de même que dans le mode d'oraison dont il a été parlé, cette personne était attirée par Jésus-Christ dans son divin cœur et là, dans cette solitude, en recevait de merveilleuses communications d'une façon toute spirituelle et sans aucun bruit de paroles ; de même, dans le mode d'oraison que je vais dire, Notre-Seigneur se communiquait grandement à elle. 

Ce mode était le suivant : en contemplant ce divin Maître cloué sur la croix, son âme, blessée de l'amour de ce souverain Seigneur, l'attirait à elle par la force de son amour, comme l'aimant attire le fer, et le mettait au plus profond de son cœur. Pendant qu'elle était ainsi en sa présence, Notre-Seigneur lui faisait part de ce qu'il est et de ce qu'il a, de son amour, de ses souffrances, de ses vertus ; il lui faisait aussi ressentir ses souffrances ; enfin il se communiquait tellement à elle qu'elle en venait à être comme transformée en lui et divinisée. Elle éprouvait d'une manière très sensible cette visite et cette présence de Jésus-Christ Notre-Seigneur en elle. La transformation en lui durait habituellement plusieurs jours de suite ; en particulier, quand elle recevait le Très-Saint Sacrement de l'autel.

Ces deux transformations de l'âme en Dieu, se comprendront à l'aide de la comparaison suivante : Dieu agit sur l'âme comme le feu sur le fer de même que, lorsque le fer est dans un foyer ardent, le feu se communique au fer, au point que le fer devienne feu ou plutôt à la fois fer et feu, mais feu par participation, non par nature ; de même aussi, quand le Seigneur met l'âme en son cœur, qui est un foyer d'amour, il l'embrase à un tel point de cet amour, qu'en vertu de la grâce et de l'amour de Jésus-Christ, elle se trouve divinisée, unie et transformée en lui, soit que le Seigneur mette l'âme en lui, soit que l'âme attire le Seigneur en son cœur par la grandeur de son amour. De là, l'âme tire un grand profit.

Cette personne en vint ainsi a être tellement remplie de la personne de Jésus-Christ Notre-Seigneur, qu'elle allait par les rues de la ville, absorbée en Jésus crucifié sans voir les gens autrement que comme des ombres.


Référence

Vie admirable de saint Alphonse Rodríguez, coadjuteur temporel de la Compagnie de Jésus : d'après les mémoires écrits de sa main, par ordre de ses supérieurs, traduite de l'espagnol par Octave Duhil de Benazé, jésuite, 1890, p. 4-7