Le christianisme, au dire de certains de ses affidés, aurait dépassé le particularisme juif pour étendre l'amour, l'agapè, la caritas, à toute l'humanité. Jésus-Christ aurait révolutionné la morale en prêchant le don et la générosité gratuits.
La petite anthologie qui suit montre que le romain Cicéron (106-43 av. J.C.), homme politique et homme de lettres, n'a pas attendu les chrétiens pour exprimer les principes d'une morale universelle...
1) De amicitia (De l’amitié), chapitre
14, §. 50.
(…)
Sed eadem bonitas etiam ad multitudinem
pertinet. Non enim est inhumana uirtus neque immunis neque superba,
quæ etiam populos uniuersos tueri iisque optime consulere soleat ;
quod non faceret profecto, si a caritate uulgi abhorreret. (…).
(…)
Mais l'homme de bien a égard aussi à la foule des autres hommes. Sa
vertu n'est pas inhumaine, elle n'est pas égoïstement enfermée en
elle-même, elle est sans orgueil, elle veut veiller sur des peuples
entiers et défendre leurs intérêts de son mieux. Elle ne le ferait
pas si l'amour des hommes en général lui était étranger. (…).
1) Tusculanes, livre
V, chapitre 37, §. 108.
Socrates
quidem cum rogaretur, cuiatem se esse diceret, « mundanum »,
inquit, « totius enim mundi se incolam et ciuem arbitrabatur.
On
demandait à Socrate, quelle était sa patrie ? « Toute la
terre » dit-il, donnant à entendre qu'il se croyait citoyen de
tous les lieux où il y a des hommes.
2) De finibus bonorum et malorum (Des fins des biens et des
maux), livre
III, chapitre 19, §. 62-63.
(62) Pertinere autem ad rem arbitrantur intellegi natura fieri ut liberi a
parentibus amentur. a quo initio profectam communem humani generis
societatem persequimur.(De Finibus bonorum et malorum
(63)
ex hoc nascitur ut etiam communis hominum inter homines naturalis sit
commendatio, ut oporteat hominem ab homine ob id ipsum, quod homo
sit, non alienum uideri.
Il
est encore nécessaire d'entendre, disent les stoïciens, que c'est
la nature qui fait que les pères aiment leurs enfants, et que cette
première affection est le berceau de toute société humaine. (…).
(…)
De ces premières affections on voit naître le lien qui rattache
tous les hommes les uns aux autres, en sorte que tout homme, par cela
seul qu'il est homme, ne doit point être étranger pour son
semblable.
3) De finibus bonorum et malorum (Des fins des biens et des
maux), livre
III, chapitre 20, §. 65.
(65)
(…) quodque nemo in summa solitudine uitam agere uelit ne cum
infinita quidem uoluptatum abundantia, facile intellegitur nos ad
coniunctionem congregationemque hominum et ad naturalem communitatem
esse natos. Inpellimur autem natura, ut prodesse uelimus quam
plurimis in primisque docendo rationibusque prudentiæ tradendis.
(…).
(…) N'est-il
pas vrai d'ailleurs qu'il n'est pas un homme qui voulût vivre dans
une complète solitude, même au milieu de tous les plaisirs
imaginables, et n'est-ce pas une nouvelle preuve que nous sommes nés
pour vivre réunis en société sous le lien d'une communauté
naturelle ? La nature nous porte encore à vouloir servir le plus
possible nos semblables, surtout en les instruisant et en les
initiant à la sagesse. (…).
4) De finibus bonorum et malorum (Des fins des biens et des
maux), livre
V, chapitre 23, §. 65-66.
(…)
In omni autem honesto, de quo loquimur, nihil est tam illustre nec
quod latius pateat quam coniunctio inter homines hominum et quasi
quædam societas et communicatio utilitatum et ipsa
caritas generis humani. Quæ
nata a primo satu, quod a procreatoribus nati diliguntur et tota
domus coniugio et stirpe coniungitur, serpit sensim foras,
cognationibus primum, tum affinitatibus, deinde amicitiis, post
uicinitatibus, tum ciuibus et iis, qui publice socii atque amici
sunt, deinde totius complexu gentis humanæ. (…).
(…)
Mais de tout ce qui est honnête, rien n'a plus d'éclat et ne
s'étend plus loin que l'union des hommes avec leurs semblables ;
cette société et cette communauté d'intérêts, cet amour de
l'humanité, amour qui naît avec la tendresse des pères pour leurs
enfants, se développe dans les liens du mariage, au milieu des nœuds
les plus sacrés, puis coule insensiblement au dehors, s'étend aux
parents, aux alliés, aux amis, aux relations de voisinage, grandit
avec le titre de citoyen, se répand sur les nations alliées et
attachées à la nôtre, enfin est consommé par l'union de tout le
genre humain. (…).
(66)
(…) Nam cum sic hominis natura generata sit, ut habeat quiddam
ingenitum quasi ciuile atque populare, quod Græci g-politikon
uocant, quicquid aget quæque uirtus, id a communitate et ea, quam
exposui, caritate ac societate humana non abhorrebit,(...).
(…)
Car telle étant la nature de l'homme, que visiblement sa place est
marquée dans la société, il faut que chaque vertu, dans toutes les
actions qui lui sont propres, contribue à établir cette communauté
et cet amour de nos semblables dont je parlais ; (…).
(…)
Quando igitur inest in omni uirtute cura quædam quasi foras spectans
aliosque appetens atque complectens, existit illud, ut amici, ut
fratres, ut propinqui, ut affines, ut ciues, ut omnes denique -
quoniam unam societatem hominum esse uolumus - propter se expetendi
sint. (…).
(…)
Comme donc il y a en chaque vertu une espèce de regard au dehors de
l'homme, un soin et une providence qui s'étend à nos semblables, il
en faut conclure que nos amis, nos frères, nos proches, nos alliés,
nos concitoyens, tous les hommes enfin, puisque nous n'avons fait
qu'une seule société de tout le genre humain, doivent être
recherchés et aimés pour eux-mêmes ; (…).
5) De officiis (Des devoirs), livre
I, chapitre 7, §. 22
(22)
(...) Sed quoniam, ut præclare scriptum est a Platone, non nobis
solum nati sumus ortusque nostri partem patria uindicat, partem
amici, atque, ut placet Stoicis, quæ in terris gignantur, ad usum
hominum omnia creari, homines autem hominum causa esse generatos, ut
ipsi inter se aliis alii prodesse possent, in hoc naturam debemus
ducem sequi, communes utilitates in medium adferre, mutatione
officiorum, dando accipiendo, tum artibus, tum opera, tum
facultatibus deuincire hominum inter homines societatem.
(…)
Mais, comme l'a très bien dit Platon, nous n'existons pas seulement
pour nous-mêmes, notre patrie réclame sa part de notre être, nos
amis ont droit à la leur et, les Stoïciens l'ont compris, si tous
les produits de la terre existent en vue de l'homme, c'est pour les
hommes que naissent les hommes, de sorte que nous devons, nous
conformant à la nature, servir l'intérêt commun, nous rendre les
uns aux autres des services mutuels, donner et recevoir, employer nos
talents, nos facultés, toutes nos ressources, à resserrer le lien
social.
6) De officiis (Des devoirs), livre
III, chapitre 6, §. 26-28.
(26)
(…) Ergo unum debet esse omnibus propositum, ut eadem sit utilitas
uniuscuiusque et uniuersorum ; quam si ad se quisque rapiet,
dissoluetur omnis humana consortio.
(27)
Atque etiam si hoc natura præscribit, ut homo homini, quicumque
sit, ob eam ipsam causam, quod is homo sit, consultum uelit, necesse
est secundum eandem naturam omnium utilitatem esse communem. Quod
si ita est, una continemur omnes et eadem lege naturæ, idque ipsum
si ita est, certe uiolare alterum naturæ lege prohibemur. Verum
autem primum, uerum igitur extremum.
(28)
Nam illud quidem absurdum est, quod quidam dicunt, parenti se aut
fratri nihil detracturos sui commodi causa, aliam rationem esse
ciuium reliquorum. Hi sibi nihil iuris, nullam societatem communis
utilitatis causa statuunt esse cum ciuibus quæ sententia omnem
societatem distrahit ciuitatis. Qui autem ciuium rationem dicunt
habendam, externorum negant, ii dirimunt communem humani generis
societatem ; qua sublata beneficentia, liberalitas, bonitas, iustitia
funditus tollitur ; quæ qui tollunt, etiam aduersus deos immortales
impii iudicandi sunt. Ab iis enim constitutam inter homines
societatem euertunt, cuius societatis artissimum uinculum est magis
arbitrari esse contra naturam hominem homini detrahere sui commodi
causa quam omnia incommoda subire uel externa uel corporis uel etiam
ipsius animi. Iustitia enim una uirtus omnium est domina et regina
uirtutum.
(26)
(...) Le but qu'il faut donc se proposer avant tout, c'est
d'identifier son intérêt particulier avec l'intérêt général :
qui veut tout tirer à lui poursuit la dissolution de toute
association humaine.
(27)
Si la nature prescrit qu'un homme doit à un autre homme, quel qu'il
soit, assistance pour cette seule raison qu'il est homme, il est
nécessaire, selon le vœu de cette même nature, que l'intérêt
commun soit l'intérêt de tous. S'il en est ainsi, la nature
nous lie tous par une même loi et, cela étant, il est certain que
la loi de nature interdit de faire violence à un autre homme. Le
principe est vrai, la conséquence est donc vraie, elle aussi.
(28)
Et c'est une thèse absurde que soutiennent ceux qui disent qu'il ne
faut à la vérité rien prendre pour améliorer sa propre situation
à son père ou à son frère, mais que la règle ne s'applique pas
aux autres citoyens. Ils pensent donc qu'avec les autres citoyens ils
n'ont aucun lien de droit, aucun lien social fondé sur un intérêt
commun, c'est là une opinion qui détruit toute société politique.
Pour ceux qui disent qu'il faut tenir compte des citoyens, mais non
des étrangers, ils abolissent la société que forme le genre humain
et causent ainsi la ruine complète de la bienfaisance, de la
libéralité, de la bonté, de la justice. On doit les qualifier en
conséquence d'impies envers les dieux immortels. Ils renversent en
effet la société que les dieux ont établie entre les hommes et
dont le lien le plus étroit est ce principe qu'il est plus contraire
à la nature de dépouiller son semblable pour son propre avantage
que d'affronter tous les coups de la fortune et tous les maux du
corps, plus conforme à la nature en revanche de vouloir plutôt être
utile aux autres que de jouir de tous les avantages de la fortune, de
ceux du corps et des qualités de l'âme elle-même si la justice
fait défaut. Car cette vertu est la maîtresse et la reine de toutes
les vertus.
7) De legibus (Des lois), livre
I, chapitre 10, §. 28-29.
(28)
(…) Sed omnium quæ in hominum doctorum disputatione uersantur,
nihil est profecto præstabilius, quam plane intellegi, nos ad
iustitiam esse natos, neque opinione sed natura constitutum esse ius.
Id iam patebit, si hominum inter ipsos societatem coniunctionemque
perspexeris.
(29)
Nihil est enim unum uni tam simile, tam par, quam omnes inter nosmet
ipsos sumus.
(28)
(…) mais de toutes les idées qui font l'entretien des doctes, la
plus importante, certes, est celle qui nous fait clairement connaître
que nous sommes nés pour la justice, et que le droit a son
fondement, non dans une convention, mais dans la nature. Cette vérité
paraîtra évidente si l'on considère les liens de société qui
unissent les hommes entre eux.
(29)
Il n'y a pas en effet d'êtres qui, comparés les uns aux autres,
soient aussi semblables, aussi égaux que nous.
8) De legibus (Des lois), livre
I, chapitre 11, §. 32.
(…)
Molestiæ, lætitiæ, cupiditates, timores
similiter omnium mentes peruagantur, nec si opiniones
aliæ sunt apud alios, idcirco qui canem
et felem ut deos colunt, non eadem superstitione qua ceteræ gentes
conflictantur. Quæ autem natio non comitatem, non benignitatem, non
gratum animum et beneficii memorem diligit ? Quæ superbos, quæ
maleficos, quæ crudeles, quæ ingratos non aspernatur, non odit ?
Quibus ex rebus cum omne genus hominum sociatum inter se esse
intellegatur, illud extremum est, quod recte uiuendi ratio meliores
efficit.
Tristesses,
joies, désirs, craintes, toutes ces affections de l'âme nous sont
communes ; et, quelle que soit la diversité des opinions, il n'en
faut pas conclure que les peuples honorant comme des dieux le chien
et le chat aient une superstition qui, dans sa forme, diffère de
celle des autres. Mais quelle nation ne chérit pas la douceur, la
bienveillance, la bonté d'âme et la reconnaissance ? Où l'orgueil,
la méchanceté, la cruauté, l'ingratitude ne sont-ils point objets
d'aversion ? On doit connaître par cet accord des sentiments que les
hommes ne forment entre eux qu'une seule société, et en fin de
compte qu'une même règle de vie droite les rend meilleurs.
9) De legibus (Des lois), livre
I, chapitre 12, §. 33-34.
(33)
(MARCVS) Sequitur igitur ad participandum alium ab alio
communicandumque inter omnes iustos natura esse factos.
MARCUS
: Il suit de là que la nature a mis en nous le sentiment de la
justice pour que tous nous nous venions en aide l'un à l'autre et
nous rattachions l'un à l'autre ;
(34)
Ex quo perspicitur, quom hanc beniuolentiam tam late longeque
diffusam uir sapiens in aliquem pari uirtute præditum contulerit,
tum illud effici (quod quibusdam incredibile uideatur, sit autem
necessarium) ut nihilo sese plus quam alterum diligat : quid enim est
quod differat, quom sint cuncta paria ? Quod si interesse quippiam
tantulum modo potuerit, iam amicitiæ nomen occiderit, cuius est ea
uis ut simul atque sibi aliquid quam alteri maluerit, nulla sit.
Par
où l'on voit que le sage, quand il rassemble sur un être d'une
vertu égale à la sienne ce bon vouloir que répand au loin la
nature, doit nécessairement ne pas pouvoir s'aimer lui-même plus
qu'il n'aime son ami, ce qui paraît incroyable à certaines
personnes. Puisqu'il y a égalité en tout, quelle pourrait être la
différence ? S'il y avait une différence quelconque, le nom
d'amitié périrait ; car tel est le caractère de l'amitié, qu'elle
cesse d'être entièrement, sitôt qu'on s'accorde à soi-même une
préférence quelconque sur son ami.
10) De legibus (Des lois), livre
I, chapitre 13, §. 35.
(…)
secundo autem loco unam esse hominum inter ipsos uiuendi parem
communemque rationem, deinde omnes inter se naturali quadam
indulgentia et beniuolentia, tum etiam societate iuris contineri ?
(…)
ensuite que les hommes ont entre eux une règle de vie pareille et
commune qu'enseigne la raison ; enfin qu'unis les uns aux autres par
la sympathie et un bon vouloir naturel, ils le sont aussi par les
liens du droit ?
11) De legibus (Des lois), livre
I, chapitre 18, §. 48-49.
(48)
Sequitur (ut conclusa mihi iam hæc sit omnis oratio), id quod ante
oculos ex iis est quæ dicta sunt, et ius et omne honestum sua sponte
esse expetendum. Etenim omnes uiri boni ipsam æquitatem et ius ipsum
amant, nec est uiri boni errare et diligere quod per se non sit
diligendum : per se igitur ius est expetendum et colendum. Quod si
ius, etiam iustitia ; sin ea, reliquæ quoque uirtutes per se colendæ
sunt. Quid ? Liberalitas gratuitane est an mercennaria ? Si sine
præmio benignus est, gratuita ; si cum mercede, conducta. Nec est
dubium quin is qui liberalis benignusue dicitur, officium non,
fructum sequatur. Ergo item iustitia nihil expetit præmii, nihil
pretii : per se igitur expetitur eademque omnium uirtutum causa atque
sententia est.
(49)
Atque etiam si emolumentis, non suapte ui uirtus expetitur, una erit
uirtus quæ malitia rectissime dicetur. Ut enim quisque maxime ad
suum commodum refert, quæcumque agit, ita minime est uir bonus, ut
qui uirtutem præmio metiuntur, nullam uirtutem nisi malitiam putent.
Ubi enim beneficus, si nemo alterius causa benigne facit ? Ubi
gratus, si non eum ipsum cernunt grati, cui referunt gratiam ? Ubi
illa sancta amicitia, si non ipse amicus per se amatur toto pectore,
ut dicitur ? Qui etiam deserendus et abiciendus est, desperatis
emolumentis et fructibus ; quo quid potest dici immanius ? Quodsi
amicitia per se colenda est, societas quoque hominum et æqualitas et
iustitia per se expetenda. Quod ni ita est, omnino iustitia nulla
est. Id enim iniustissimum ipsum est, iustitiæ mercedem quærere.
(48)
Ainsi, dirai-je en manière de conclusion à tout ce qui précède,
il apparaît aux yeux que le droit et tout ce qui fait la beauté de
la vie doivent être recherchés pour eux-mêmes. Et en effet tous
les gens de bien aiment l'équité pour l'équité et le droit pour
le droit ; or ce n'est pas le fait de l'homme de bien de se tromper
et d'aimer ce qui ne mérite pas d'être aimé pour soi-même. Le
droit doit donc être recherché et honoré pour lui-même. Si tel
est le droit, telle sera aussi la justice ; telles seront aussi
toutes les vertus. Voyons en effet : la libéralité s'exerce-t-elle
gratuitement, ou en vue d'une récompense ? Si elle n'attend pas de
retour, elle est gratuite ; si elle compte sur une récompense, elle
a un caractère commercial ; or il n'est pas douteux que, pour
mériter le nom de libéral et de bienfaisant, il ne faille vouloir
s'acquitter d'une fonction naturelle à l'homme, et non chercher un
profit. Donc la justice n'attend ni récompense ni salaire. C'est
pour elle même qu'on la recherche. Et toutes les vertus ont une
raison d'être semblable, de toutes il faut juger de même.
(49)
Ajoutons que si la vertu est recherchée, non pour sa valeur propre,
mais pour ce qu'elle rapporte, cette vertu méritera qu'on l'appelle
malice. Plus en effet un homme rapporte toutes ses actions à
l'intérêt, moins il est homme de bien ; et par suite mesurer la
vertu au prix qu'elle peut avoir, c'est croire qu'il n'y a de vertu
que la malice. Où est la bienfaisance, si l'on ne fait pas le bien
pour l'amour d'autrui ? Qu'est-ce qu'être reconnaissant, si l'on n'a
pas en vue celui-là même à qui l'on témoigne de la gratitude ?
Que devient l'amitié sainte, si l'on n'aime pas son ami, comme on
dit, de tout son cœur ? Il faudra donc l'abandonner, le rejeter
quand on n'aura plus rien à gagner avec lui, plus d'avantages à
tirer de lui. Quoi de plus monstrueux ? Mais si l'amitié doit être
cultivée pour elle-même, la société des hommes, l'égalité, la
justice elles aussi doivent être recherchées pour elles-mêmes.
S'il n'en est pas ainsi, il n'y a plus de justice ; car cela même
est injuste au plus haut degré que de vouloir une récompense de la
justice.
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