Institutio
Generalis Missalis Romani [Doctrine
générale du Missel romain], 2002.
2. Missæ natura
sacrificalis, a Concilio Tridentino, quod universæ traditioni
Ecclesiæ congruebat, sollemniter asserta [1], rursus enuntiata est a
Concilio Vaticano II, quod circa Missam hæc significantia protulit
verba : « Salvator noster in Cena novissima sacrificium
eucharisticum Corporis et Sanguinis sui instituit, quo sacrificium
crucis in sæcula, donec veniret, perpetuaret, atque adeo Ecclesiæ
dilectæ sponsæ memoriale concrederet mortis et resurrectionis suæ
» [2].
Quod sic a Concilio
docetur, id formulis Missæ continenter exprimitur. Etenim doctrina,
quæ hac sententia, iam in antiquo Sacramentario, vulgo Leoniano
nuncupato, exstante, presse significatur : « quoties huius hostiæ
commemoratio celebratur, opus nostræ redemptionis exercetur » [3],
apte accurateque explicatur in Precibus eucharisticis ; in his enim
sacerdos, dum anamnesin peragit, ad Deum nomine etiam totius populi
conversus, ei gratias persolvit et sacrificium offert vivum et
sanctum, oblationem scilicet Ecclesiæ et hostiam, cuius immolatione
ipse Deus voluit placari [4], atque orat, ut Corpus et Sanguis
Christi sint Patri sacrificium acceptabile et toti mundo salutare
[5].
Ita in novo Missali lex
orandi Ecclesiæ respondet perenni legi credendi, qua nempe monemur
unum et idem esse, excepta diversa offerendi ratione, crucis
sacrificium eiusque in Missa sacramentalem renovationem, quam in Cena
novissima Christus Dominus instituit Apostolisque faciendam mandavit
in sui memoriam, atque proinde Missam simul esse sacrificium laudis,
gratiarum actionis, propitiatorium et satisfactorium.
2.
La nature sacrificielle de la Messe, solennellement affirmée [1] par
le Concile Œcuménique de Trente qui se montrait d’accord avec la
tradition toute entière de l’Église, a été de nouveau exposée
par le Concile du Vatican II qui a émis, au sujet de la Messe, ces
paroles expressives : « Notre
Sauveur, à la dernière Cène, la nuit où Il était livré,
institua le sacrifice
eucharistique
de son Corps et de son Sang par lequel Il perpétuait le Sacrifice de
la Croix au long des siècles, jusqu’à ce qu’il vînt, et bien
plus, confiait à l’Église, son Épouse bien-aimée le mémorial
de Sa Mort et de Sa Résurrection » [2].
Ce
qui est ainsi enseigné par le Concile est exprimé continuellement
par les formules de la Messe. En effet, la doctrine qui est
signifiée, avec précision, déjà dans un ancien sacramentaire
communément appelé léonien, par cette phrase, : « Chaque fois
qu’est célébré le souvenir de cette victime, l’œuvre de notre
rédemption est réalisée » [3], est développée de façon
appropriée et avec soin dans les Prières eucharistiques ; là, en
effet, le prêtre [sacerdos]
lorsqu’il
accomplit l’anamnèse, tourné vers Dieu, au nom aussi de tout le
peuple, s’acquitte envers Lui de la dette de reconnaissance et Lui
offre le sacrifice vivant et saint, à savoir l’oblation de
l’Église et la victime par l’immolation de laquelle Dieu
Lui-même a voulu être apaisé [4] , et il prie pour que le Corps et
le Sang du Christ soient un sacrifice agréable au Père et le moyen
de salut du monde entier [5].
Ainsi,
dans le nouveau Missel, la règle de la prière de l’Église répond
à la la règle continuelle de la foi par laquelle nous sommes
assurément instruits du fait que sont une seule et même chose le
sacrifice de la croix et son renouvellement sacramentel dans la Messe
que le Christ Seigneur a institué lors de la dernière Cène et a
chargé ses Apôtres de faire en sa mémoire, et que, par conséquent,
la Messe est, en même temps, sacrifice de louange [et] d’action de
grâce, moyen de propitiation et de satisfaction. »
Notes
:
[1] Concile Œcuménique de
Trente, session 22, 17 septembre 1562 : H. J. D. Denzinger, A.
Schönmetzer, Enchiridion
symbolorum, definitionum et declarationum de rebus fidei et morum,
n. 1738-1759.
[2] Concile Œcuménique du
Vatican II, Constitution
“de sacra Liturgia” [« Sur
la sainte Liturgie »], Sacrosanctum Concilium, n. 47
; cf. Constitution dogmatique “de
Ecclesia", Lumen gentium, nn. 3, 28
; Décret « “de
Presbyterorum ministerio et vita” [« Sur le ministère et la vie
des Prêtres »] », Presbyterorum ordinis,
nn. 2, 4, 5.
[3] Messe du soir en la Cène
du Seigneur, oraison sur les offrandes. Cf. Sacramentarium
Veronense, ed. L.C., Mohlberg, n. 93.
[4] Cf. Prière
eucharistique III.
[5] Cf. Prière eucharistique
IV.
3. Mirabile etiam mysterium
præsentiæ realis Domini sub speciebus eucharisticis, a Concilio
Vaticano II [6] aliisque Ecclesiæ Magisterii documentis [7] eodem
sensu eademque sententia, quibus Concilium Tridentinum id credendum
proposuerat [8], confirmatum, in Missæ celebratione declaratur non
solum ipsis verbis consecrationis, quibus Christus per
transsubstantiationem præsens redditur, sed etiam sensu et
exhibitione summæ reverentiæ et adorationis, quæ in Liturgia
eucharistica fieri contingit. Eadem de causa populus christianus
adducitur, ut feria V Hebdomadæ sanctæ in Cena Domini, et in
sollemnitate Ss.mi Corporis et Sanguinis Christi, hoc admirabile
Sacramentum peculiarem in modum excolat adorando.
3.
Bien plus, le mystère étonnant de la présence réelle du Seigneur
sous les espèces eucharistiques, confirmé par le Concile du Vatican
II [6] et les autres documents du Magistère de l’Église [7] dans
le même sens et avec la même signification que le Concile
Œcuménique de Trente l’avait proposé à croire [8], est mis en
lumière dans la célébration de la Messe, non seulement par les
paroles mêmes de la consécration, par lesquelles le Christ est
rendu présent par transsubstantiation, mais encore par le sentiment
et la démonstration de la plus haute déférence et adoration qui
sont manifestés dans la Liturgie eucharistique. Pour le même motif,
le peuple chrétien est amené à vénérer cet admirable Sacrement
d’une manière particulière, en l’adorant, le Jeudi de la
Semaine sainte, en la Cène du Seigneur et en la solennité des Très
saints Corps et Sang du Christ.
Notes :
[6] Concile Œcuménique du
Vatican II, Constitution « “de
sacra Liturgia” [« Sur la sainte Liturgie »] »,
Sacrosanctum Concilium, nn. 7, 47 ; Décret « “de
Presbyterorum ministerio et vita” [« Sur le ministère et la vie
des Prêtres »] », Presbyterorum ordinis,
nn. 5, 18.
[7] Cf. Vénér. Pie XII,
Lettre encyclique Humani generis, 12 août 1950 : Acta
Apostolicæ Sedis n° 42 (1950), pp. 570-571 ; S. Paul VI,
Lettre encyclique Mysterium Fidei, 3 septembre 1965 : Acta
Apostolicæ Sedis n° 57 (1965), pp. 762-769 ; Sollemnis
Professio Fidei, 30 juin 1968, nn. 24-26 : Acta
Apostolicæ Sedis n° 60 (1968), pp. 442-443 ; Sacrée
Congrégation des Rites, Instruction Eucharisticum mysterium,
25 mai 1967, nn. 3f, 9 : Acta
Apostolicæ Sedis n° 59 (1967), pp. 543, 547.
[8] Cf. Concile Œcuménique de
Trente, session 13, 11 octobre 1551 : H. J. D. Denzinger, A.
Schönmetzer, Enchiridion
symbolorum, definitionum et declarationum de rebus fidei et morum,
n. 1635-1661.
4. Natura vero sacerdotii
ministerialis, quod episcopi et presbyteri proprium est, qui in
persona Christi sacrificium offerunt cœtuique populi sancti
præsident, in ipsius ritus forma, e præstantiore loco et munere
eiusdem sacerdotis elucet. Huius vero muneris rationes edicuntur et
perspicue ac fusius explanantur in gratiarum actione Missæ
chrismatis, feria V Hebdomadæ sanctæ ; quo videlicet die institutio
sacerdotii commemoratur. In illa enim collatio potestatis
sacerdotalis per manuum impositionem facta illustratur ; atque ipsa
potestas, singulis officiis recensitis, describitur, quæ est
continuatio potestatis Christi, Summi Pontificis Novi Testamenti.
4.
En vérité, la nature du sacerdoce ministériel, qui est le propre
de l’évêque et du prêtre [presbyteri]
qui, dans le rôle du Christ, offrent le sacrifice et dirigent
l’assemblée du peuple saint, se manifeste dans la forme du rite
lui-même par la place et la charge éminentes de [ce] même prêtre
[sacerdotis]. Les
caractéristiques de cette charge sont de fait fixées et expliquées
très clairement et très abondamment dans l’action de grâces [la
Préface] de la Messe chrismale du Jeudi de la Semaine sainte ; car
en ce jour est commémorée l’institution du sacerdoce. En effet,
en ce texte, est mise en lumière la collation du pouvoir sacerdotal
faite par l’imposition des mains ; et y est décrit, passant en
revue chacun de ses devoirs, le pouvoir lui-même qui est la
continuation du pouvoir du Christ, Souverain Pontife de la Nouvelle
Alliance.
------------------------------------------------------------
Préface
de la Messe chrismale
Vere
dignum et iustum est, æquum et salutáre,
nos
tibi semper et ubíque grátias ágere :
Dómine,
sancte Pater, omnípotens ætérne Deus :
Qui
Unigénitum tuum Sancti Spíritus unctióne
novi
et ætérni testaménti constituísti Pontíficem,
et
ineffábili dignátus es dispositióne sancíre,
ut
únicum eius sacerdótium in Ecclésia servarétur.
Ipse
enim non solum regáli sacerdótio
pópulum
acquisitiónis exórnat,
sed
étiam fratérna hómines éligit bonitáte,
ut
sacri sui ministérii fiant mánuum impositióne partícipes.
Qui
sacrifícium rénovent,
eius
nómine, redemptiónis humánæ,
tuis
apparántes fíliis paschále convívium,
et
plebem tuam sanctam caritáte prævéniant,
verbo
nútriant, refíciant sacraméntis.
Qui,
vitam pro te fratrúmque salúte tradéntes,
ad
ipsíus Christi nitántur imáginem conformári,
et
constánter tibi fidem amorémque testéntur.
Unde
et nos, Dómine, cum Angelis et Sanctis univérsis
tibi
confitémur, in exsultatióne dicéntes : (...)
Il est
vraiment mérité et juste, équitable et salutaire,
que nous te
rendions grâces toujours et partout :
Seigneur,
Père saint, Dieu tout-puissant éternel :
Toi qui par
l’onction du Saint-Esprit,
a établi ton Fils unique Pontife de
l’alliance nouvelle et éternelle,
et qui a
trouvé bon de consacrer par une disposition ineffable
le fait que
son unique sacerdoce serait conservé dans l’Église.
En effet,
il munit le peuplede [son]
acquisition
non
seulement du sacerdoce royal,
mais il
choisit également des hommes, avec une fraternelle bonté,
pour
qu’ils soient rendus participants,
par l’imposition des mains, de
Son ministère sacré.
Eux qui
renouvelleraient, en Son nom,
le sacrifice de la
rédemption humaine,
préparant
pour tes fils le festin pascal,
et qui
devanceraient ton peuple saint par la charité,
le
nourriraient de la parole, le restaureraient par les sacrements.
Eux qui,
livrant [leur] vie pour toi et le salut des frères,
s’efforceraient
d’être modelés à l’image du Christ lui-même,
et
attesteraient, avec constance, de la foi et de l’amour pour toi.
Aussi,
Seigneur, avec les Anges et tous les Saints,
nous te louons, disant,
dans un transport de joie : (...)
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16. Celebratio Missæ, ut actio Christi et populi Dei hierarchice ordinati, centrum est totius vitæ christianæ pro Ecclesia tum universa tum locali, ac pro singulis fidelibus [22]. In ea enim culmen habetur et actionis qua Deus in Christo mundum sanctificat, et cultus quem homines exhibent Patri, eum per Christum Dei Filium in Spiritu Sancto adorantes [23]. In ea insuper mysteria redemptionis ita per anni circulum recoluntur, ut quodammodo præsentia reddantur [24]. Ceteræ autem actiones sacræ et omnia opera christianæ vitæ cum ea cohærent, ex ea profluunt et ad eam ordinantur [25].
16. La célébration de la Messe, en tant qu’action du Christ et du
peuple de Dieu ordonné hiérarchiquement, est le centre de toute la
vie chrétienne pour l’Église tant universelle que locale et pour
chacun des fidèles [22]. En elle, en effet, se trouve le sommet, et
de l’action par laquelle Dieu, dans le Christ, sanctifie le monde,
et du culte que les hommes rendent au Père en l’adorant dans
l’Esprit Saint par le Christ Fils de Dieu [23]. En elle, en outre,
les mystères de la Rédemption sont passés en revue au cours du
cycle annuel, pour être en quelque manière rendus présents [24].
Aussi les autres actions sacrées et toutes les œuvres de la vie
chrétienne lui sont liées, en découlent et lui sont ordonnées
[25].
Notes
:
[22] Cf. Concile Œcuménique
du Vatican II, Constitution
“de sacra Liturgia” [« Sur la sainte Liturgie »],
Sacrosanctum Concilium, n. 41 ; Constitution dogmatique “de
Ecclesia” [« Sur l'Église »] [« Sur l’Église »],
Lumen gentium, n. 11 ; Décret “de Presbyterorum
ministerio et vita” [« Sur le ministère et la vie des Prêtres
»], Presbyterorum ordinis, nn. 2, 5, 6 ; Décret « de
pastorali Episcoporum munere », Christus Dominus, n. 30 ;
Décret “de Œcumenismo” [« Sur l'Œcuménisme »], Unitatis
redintegratio », n. 15 ; Sacrée Congrégation des Rites,
Instruction Eucharisticum mysterium, 25 mai 1967, nn. 3, 6 :
Acta Apostolicæ Sedis n° 59
(1967), pp. 542, 544-545.
[23] Cf. Concile Œcuménique
du Vatican II, Constitution
“de sacra Liturgia” [« Sur la sainte Liturgie »],
Sacrosanctum Concilium, n. 10.
[24] Cf. ibidem, n. 102.
[25] Cf. Concile Œcuménique
du Vatican II, Constitution
“de sacra Liturgia” [« Sur la sainte Liturgie »],
Sacrosanctum Concilium, n. 10 ; Décret “de Presbyterorum
ministerio et vita” [« Sur le ministère et la vie des Prêtres
»], Presbyterorum ordinis, n. 5.
17. Maxime proinde interest
ut celebratio Missæ seu Cenæ dominicæ ita ordinetur, ut sacri
ministri atque fideles, illam pro sua condicione participantes, eos
fructus plenius exinde capiant [26], ad quos obtinendos Christus
Dominus sacrificium eucharisticum sui Corporis et sui Sanguinis
instituit illudque, velut memoriale passionis et resurrectionis suæ,
Ecclesiæ dilectæ sponsæ concredidit [27].
17. Ainsi donc, il est de la plus grande importance que la
célébration de la Messe ou Cène du Seigneur, soit ordonnée de
manière à ce que les ministres sacrés et les fidèles y
participant tous selon leur condition, en recueillent complètement
les fruits [26] pour l’obtention desquels le Christ Seigneur a
institué le sacrifice eucharistique de son Corps et de son Sang, et
l’a confié, comme
un mémorial de sa passion et de sa résurrection, à l’Église,
son épouse bien-aimée [27].
Notes
:
[26] Cf. Concile Œcuménique
du Vatican II, Constitution
“de sacra Liturgia” [« Sur la sainte Liturgie »],
Sacrosanctum Concilium, nn. 14, 19, 26, 28, 30.
[27] Cf. ibidem, n. 47.
27.
In
Missa seu Cena dominica populus Dei in unum convocatur, sacerdote
præside personamque Christi gerente, ad memoriale Domini seu
sacrificium eucharisticum celebrandum [37]. Quare de huiusmodi
sanctæ Ecclesiæ coadunatione locali eminenter valet promissio
Christi : « Ubi sunt duo vel tres congregati in nomine meo, ibi sum
in medio eorum » (Mt 18, 20). In Missæ enim celebratione, in qua
sacrificium crucis perpetuatur [38], Christus realiter præsens
adest in ipso cœtu in suo nomine congregato, in persona ministri, in
verbo suo, et quidem substantialiter et continenter sub speciebus
eucharisticis [39].
27. À la Messe, ou Cène du Seigneur, le
peuple de Dieu est convoqué en un seul
corps, sous la direction du prêtre
tenant le rôle du Christ
pour célébrer le mémorial
du Seigneur ou sacrifice eucharistique [37]. C’est
pourquoi, la promesse du Christ
s’applique de façon éminente à cette
réunion locale de la sainte Église : «
Lorsque deux ou trois sont rassemblés en mon nom, je suis là au
milieu d’eux » (Mt 18, 20). En effet, lors de la célébration de
la Messe, où se perpétue le sacrifice de la croix [38], le Christ
est là réellement
présent dans l’assemblée elle-même réunie en son nom, dans la
personne du ministre, dans sa parole et aussi, mais substantiellement
et durablement, sous les espèces eucharistiques [39].
Notes
:
[37] Cf. Concile
Œcuménique du Vatican II, Décret “de Presbyterorum
ministerio et vita” [« Sur le ministère et la vie des Prêtres
»], Presbyterorum ordinis, n. 5 ; Constitution “de
sacra Liturgia” [« Sur la sainte Liturgie »] ,
Sacrosanctum Concilium, n. 33.
[38] Cf. Concile
Œcuménique de Trente,
session 22, “Doctrina de sacrosanto Missæ Sacrificio” [« Sur
le saint Sacrifice de la Messe »], chapitre 1 : H. J. D.
Denzinger, A. Schönmetzer, Enchiridion symbolorum, definitionum
et declarationum de rebus fidei et morum, n.1740.
[39] Cf. Concile
Œcuménique du Vatican II, Constitution
“de sacra Liturgia” [« Sur la sainte Liturgie »],
Sacrosanctum Concilium, n. 7 ; S. Paul VI, Lettre
encyclique Mysterium Fidei, 3 septembre 1965 :
Acta Apostolicæ Sedis n° 57 (1965) p. 764 ;
Sacrée Congrégation des Rites,
Instruction Eucharisticum mysterium, 25 mai 1967, n. 9
: Acta Apostolicæ Sedis n° 59 (1967) p. 547.
Raúl Berzosa Fernández, Jesus, Rey de los Judios. Église San Pedro en Malaga (Espagne), 2006 |
Rappel :
Concile Œcuménique de Trente, session 22, “Doctrina de sacrosancto Missæ Sacrificio” [« Doctrine concernant le saint Sacrifice de la Messe »], chapitre 1.
Cf.
H. J. D. Denzinger, A.
Schönmetzer, Enchiridion
symbolorum, definitionum et declarationum de rebus fidei et morum,
n. 1740.
“Is igitur Deus et
Dominus noster, etsi semel seipsum in ara crucis, morte intercedente,
Deo Patri oblaturus erat, ut æternam illis (illic) redemptionem
operaretur : quia tamen per mortem sacerdotium exstinguendum non erat
(Heb 7, 24.27), in Cœna novissima, "qua nocte tradebatur"
(1 Cor 11, 23), ut dilectæ sponsæ suæ
Ecclesiæ visibile (sicut hominum natura exigit) relinqueret
sacrificium, quo cruentum illud semel in cruce peragendum
repræsentaretur ejusque memoria in finem usque sæculi permaneret,
atque illius salutaris virtus in remissionem eorum, quæ a nobis
quotidie commituntur, peccatorum applicaretur : "sacerdotem
secundum ordinem Melchisededch se in æternum" (Ps 109, 4
; He 5, 6 ; He 7, 17) constitutum declarans, corpus et
sanguinem suum sub speciebus panis et vini Deo Patri obtulit ac sub
earundem rerum symbolis Apostolis (quos tunc Novi Testamenti
sacerdotes constituebat), ut sumerent, tradidit, et eisdem eorumque
in sacerdotio successoribus, ut offerent, præcipit per hæc verba :
"Hoc facite in meam commemorationem", etc. (Lc 22, 19 ; 1
Cor 11, 24), uti semper catholica Ecclesia intellexit et
docuit (can. 2.).”
« Ainsi donc, Lui, notre
Dieu et Seigneur, bien qu’Il allât s'offrir Lui-même, par la
survenue de [s]a mort, une fois pour toutes à Dieu le Père sur
l'autel de la croix (Hébreux 7, 27) afin d’opérer pour eux (là
même) une Rédemption éternelle, cependant, parce que le sacerdoce
ne devait pas s’éteindre par [sa] mort, (Hébreux 7, 24.27), lors
de la dernière Cène, "la nuit où il était livré" (1
Corinthiens 11, 23), afin de laisser à l’Église, son épouse
bien-aimée, un sacrifice visible (comme l'exige la nature humaine),
par lequel ce sacrifice sanglant devant s'accomplir une fois pour
toutes sur la croix serait rendu présent, la mémoire [en]
persisterait jusqu'à la fin du monde, et la vertu salutaire [en]
serait appliquée pour la rémission de ces péchés que nous
commettons chaque jour : proclamant qu’Il est établi prêtre pour
toujours selon l'ordre de Melchisédech (Psaumes 110, 4 ;
Hébreux 5, 6 ; Hébreux 7, 17), Il offrit à Dieu le Père son
Corps et son Sang sous les espèces du pain et du vin et, sous les
symboles de ces mêmes choses, Il les remit aux Apôtres (qu'Il
établissait alors prêtres de la Nouvelle Alliance) pour qu'ils les
prennent, et à ceux-ci ainsi qu'à leurs successeurs dans le
sacerdoce, il prescrivit de les offrir par ces paroles : “Faites
ceci en rappel de moi” (Luc 22,19 ; 1 Corinthiens 11, 24),
etc., comme l'a toujours compris et enseigné l'Église catholique ».
IId
Concile Œcuménique du Vatican, Constitution “de sacra
Liturgia” [« Sur la sainte Liturgie »] ,
Sacrosanctum Concilium, 4
décembre 1963.
n.
2 :
“Liturgia enim, per quam,
maxime in divino Eucharistiæ Sacrificio, "opus nostræ
Redemptionis exercetur" [1],
summe eo confert ut fideles vivendo exprimant et aliis manifestent
mysterium Christi et genuinam veræ Ecclesiæ naturam, cuius proprium
est esse humanam simul ac divinam, visibilem invisibilibus præditam,
actione ferventem et contemplationi vacantem, in mundo præsentem et
tamen peregrinam ; et ita quidem ut in ea quod humanum est ordinetur
ad divinum eique subordinetur, quod visibile ad invisibile, quod
actionis ad contemplationem, et quod præsens ad futuram civitatem
quam inquirimus [2]. Unde, cum Liturgia eos qui intus sunt cotidie
ædificet in templum sanctum in Domino, in habitaculum Dei in Spiritu
[3], usque ad mensuram ætatis plenitudinis Christi [4], miro modo
simul vires eorum ad prædicandum Christum roborat, et sic Ecclesiam
iis qui sunt foris ostendit ut signum levatum in nationes [5], sub
quo filii Dei dispersi congregentur in unum [6] quousque unum ovile
fiat et unus pastor [7]”.
« En effet, la liturgie, par le moyen de laquelle, principalement dans le divin Sacrifice de l’Eucharistie, “est réalisé l’œuvre de notre Rédemption [1]”, s’applique au plus haut point à ce que les fidèles, en vivant, expriment et manifestent aux autres le mystère du Christ et la nature authentique de la vraie Église dont le propre est d’être à la fois humaine et divine, visible et dotée de choses invisibles, animée par l’action et libre pour la contemplation, présente dans le monde et cependant voyageant comme à l’étranger ; et ainsi, de telle sorte qu’en elle, ce qui est humain est ordonné au divin et lui est subordonné, ce qui est visible l’est à l’invisible, ce qui relève de l’action l’est à la contemplation, et ce qui est présent l’est à la cité future que nous recherchons [2]. Aussi, puisque la Liturgie édifie chaque jour ceux qui sont au-dedans en un temple saint dans le Seigneur, en une demeure de Dieu dans l’Esprit [3], jusqu’à la taille de l’âge adulte de la plénitude du Christ [4], d’une manière étonnante, elle affermit en même temps leurs forces pour prêcher le Christ, et ainsi montre l’Église à ceux qui sont au-dehors comme un signal levé au milieu des nations [5], sous lequel les enfants de Dieu dispersés sont rassemblés en un seul corps [6] jusqu’à ce que se crée un seul bercail et un seul pasteur [7]. »
Notes :
[1] Secrète du 9e
dimanche après la Pentecôte.
[2] Cf. Hébreux 13, 14.
[3] Cf. Éphésiens 2,21-22.
[4] Ibid., 4, 13.
[5] Cf. Isaïe 11,12.
[6] Cf. Jean 11, 52.
[7] Cf. Jean 10, 16.
n. 6 :
“Ideoque, sicut Christus
missus est a Patre, ita et ipse Apostolos, repletos Spiritu Sancto,
misit, non solum ut, prædicantes Evangelium omni creaturæ [14],
annuntiarent Filium Dei morte sua et resurrectione nos a potestate
satanæ [15] et a morte liberasse et in regnum Patris transtulisse,
sed etiam ut, quod annuntiabant, opus salutis per sacrificium et
Sacramenta, circa quæ tota vita liturgica vertit, exercerent. (…).
Similiter quotiescumque dominicam cenam manducant, mortem Domini
annuntiant donec veniat [18]. (…). Numquam exinde omisit Ecclesia
quin in unum conveniret ad paschale mysterium celebrandum: legendo ea
"in omnibus Scripturis quæ de ipso erant" (Lc 24,27),
Eucharistiam celebrando in qua "mortis eius victoria et
triumphus repræsentantur" [19], et simul gratias agendo "Deo
super inenarrabili dono" (2 Cor 9,15) in Christo Iesu, "in
laudem gloriæ eius" (Eph 1,12), per virtutem Spiritus Sancti.”
« Et par conséquent, de
même que le Christ a été envoyé par le Père, ainsi lui-même
envoya ses Apôtres, remplis du Saint Esprit, non seulement pour que,
prêchant l’Évangile à toute créature [14], ils annoncent que le
Fils de Dieu, par sa mort et sa résurrection, nous a délivrés du
pouvoir de Satan [15] et de la mort, et nous a transférés dans le
royaume du Père, mais aussi afin qu’ils exerçassent ce qu’ils
annonçaient, l’œuvre de salut par le moyen du sacrifice et des
Sacrements autour desquels tourne toute la vie liturgique. (…).
Semblablement, chaque fois qu’ils mangent la cène du Seigneur, ils
annoncent la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne [18]. (…).
Jamais, par la suite, l’Église n’omit de se rassembler en un
seul corps pour célébrer le mystère pascal : en lisant les
choses qui « dans toutes les Écritures le concernait » (Luc 24,
27), en célébrant l’Eucharistie dans laquelle « sont rendus
présents la victoire et le triomphe de sa mort [19] » et en rendant
en même temps grâces « à Dieu pour son ineffable don » (2
Corinthiens 9, 15) dans le Christ Jésus, « à la louange de sa
gloire » (Éphésiens 1, 12), par la vertu du Saint Esprit.
Notes :
[14] Cf. Marc 16, 15.
[15] Cf. Actes 26, 18.
[16] Cf. Romains 6, 4 ;
Éphésiens 2, 6 ; Colossiens 3, 1 ; 2 Timothée 2, 11.
[17] Cf. Jean 4, 23.
[18] Cf. 1 Corinthiens 11, 26.
[19] Concile Œcuménique de
Trente, session 13, 11 octobre 1551, Décret “De sacrosancta
Eucharistia” chapitre 5 : Concile de Trente, Diariorum,
Actorum, Epistolarum, Tractatuum nova collectio, ed. Soc.
Gœrresiana, t. VII. Actorum pars IV, Fribourg-en-Brisgau,
1961, p. 202.
n. 7 :
“Ad tantum vero opus
perficiendum, Christus Ecclesiæ suæ semper adest, præsertim in
actionibus liturgicis. Præsens adest in Missæ Sacrificio cum in
ministri persona, "idem nunc offerens sacerdotum ministerio,
qui seipsum tunc in cruce obtulit"(20), tum maxime sub
speciebus eucharisticis. Præsens adest virtute sua in Sacramentis,
ita ut cum aliquis baptizat, Christus ipse baptizet (21). Præsens
adest in verbo suo, siquidem ipse loquitur dum sacræ Scripturæ in
Ecclesia leguntur. Præsens adest denique dum supplicat et psallit
Ecclesia, ipse qui promisit : "Ubi sunt duo vel tres congregati
in nomine meo, ibi sum in medio eorum" (Mt 18,20). Reapse
tanto in opere, quo Deus perfecte glorificatur et homines
sanctificantur, Christus Ecclesiam, sponsam suam dilectissimam, sibi
semper consociat, quæ Dominum suum invocat et per ipsum æterno
Patri cultum tribuit.”
« Pour
accomplir une si grande œuvre, le Christ est toujours auprès de
son Église, surtout dans les actions liturgiques. Il est là
présent dans le Sacrifice
de la Messe
[20], non seulement dans la personne du ministre, « le même qui
offre maintenant par le ministère des prêtres, [étant Celui] qui
s’offrit alors Lui-même sur la croix » mais encore, au plus haut
degré, sous les espèces eucharistiques. Il est là présent, par
sa puissance, dans les Sacrements
au point que lorsque quelqu’un baptise, [c’est] le Christ
Lui-même [qui] baptise [21]. Il est là présent dans sa parole,
puisque Lui-même parle lorsqu’on lit dans l’Église les Saintes
Écritures. Enfin il est là présent lorsque l’Église supplie
et chante les psaumes, Lui qui a promis : “Là où deux ou trois
sont rassemblés en Mon nom, je suis là, au milieu d’eux” (Mt
18, 20). Effectivement, pour une telle œuvre par laquelle Dieu est
parfaitement glorifié et les hommes sanctifiés, le Christ
s’associe toujours
l’Église, son Épouse très-aimée, qui le nomme son Seigneur et
qui, par Lui, rend un
culte au Père éternel. »
Notes :
[20] Concile Œcuménique de
Trente, session 22, 17 septembre 1562, “Doctrina
de sacrosanto Missæ Sacrificio” [« Sur le saint Sacrifice de la
Messe »], chapitre 2 : Concile de Trente, ed. cit., t.
VIII. Actorum pars V, Fribourg-en-Brisgau, 1919, p. 960.
[21] Saint Augustin, Traité
sur l’Évangile de Jean VI, I, 7 : J.-P. Migne, Patrologia
Latina, tome n° 35, col.
1428.
n.
10 :
“Attamen Liturgia est
culmen ad quod actio Ecclesiæ tendit et simul fons unde omnis eius
virtus emanat. Nam labores apostolici ad id ordinantur ut omnes, per
fidem et Baptismum filii Dei facti, in unum conveniant, in medio
Ecclesiæ Deum laudent, Sacrificium participent et cenam dominicam
manducent.
Vicissim, ipsa Liturgia
impellit fideles ut "sacramentis paschalibus" satiati fiant
"pietate concordes"(26) ; orat ut "vivendo teneant
quod fide perceperunt"(27) ; renovatio vero fœderis Domini cum
hominibus in Eucharistia fideles in urgentem caritatem Christi trahit
et accendit. Ex Liturgia ergo, præcipue ex Eucharistia, ut e fonte,
gratia in nos derivatur et maxima cum efficacia obtinetur illa in
Christo hominum sanctificatio et Dei glorificatio, ad quam, uti ad
finem, omnia alia Ecclesiæ opera contendunt.”
« Toutefois, la liturgie
est le sommet auquel vise l’action de l’Église, et en même
temps la source d’où découle toute sa vertu. Car les labeurs
apostoliques sont ordonnés à ce que tous, faits enfants de Dieu par
la foi et le Baptême, se rassemblent en un seul corps, louent Dieu
au milieu de l’Église, participent au Sacrifice et mangent la cène
du Seigneur.
En retour, la liturgie
elle-même pousse les fidèles à ce que, rassasiés par les
“sacrements de la Pâque”, ils soient “réunis de cœur par la
piété” [26] » ; elle prie pour que, “par leur vie, ils gardent
ce qu’ils ont reçu par la foi” [27] ; et le renouvellement, dans
l’Eucharistie, de l’alliance du Seigneur avec les hommes attire
et enflamme les fidèles à la charité pressante du Christ. De la
Liturgie, donc, et principalement de l’Eucharistie la grâce
découle, comme d’une source, en nous et, sont obtenues avec la
plus grande puissance efficace cette sanctification des hommes, ainsi
cette glorification de Dieu dans le Christ vers lesquelles tendent,
comme à leur fin, toutes les autres œuvres de l’Église. »
Notes :
[26] Postcommunion pour la
Vigile et le dimanche de Pâques.
[27] Oraison de la messe du
mardi de Pâques.
n.
12 :
“Quapropter Dominum in
Missæ Sacrificio precamur ut, ‘hostiæ spiritualis oblatione
suscepta, nosmetipsos’ sibi perficiat ‘munus æternum’ [32].”
« C’est pourquoi, dans
le Sacrifice de la Messe, nous prions le Seigneur pour “qu’ayant
accueilli l’oblation de la victime spirituelle” il fasse, pour
lui, “de nous-mêmes un don éternel” [32] ».
Note :
[32] Missel Romain,
Oraison sur les offrandes de la férie II dans l’octave de
Pentecôte.
n.
14 :
“Valde cupit Mater
Ecclesia ut fideles universi ad plenam illam, consciam atque actuosam
liturgicarum celebrationum participationem ducantur, quæ ab ipsius
Liturgiæ natura postulatur et ad quam populus christianus, ‘genus
electum, regale sacerdotium, gens sancta, populus adquisitionis’
(1Petr 2,9 ; cf. 2,4-5), vi Baptismatis ius habet et officium. Quæ
totius populi plena et actuosa participatio, in instauranda et
fovenda sacra Liturgia, summopere est attendenda : est enim primus,
isque necessarius fons, e quo spiritum vere christianum fideles
hauriant ; et ideo in tota actione pastorali, per debitam
institutionem, ab animarum pastoribus est sedulo adpetenda. (…).”
« La Mère Église
désire grandement que tous les fidèles soient amenés à cette
participation complète, consciente et agissante aux célébrations
liturgiques, demandée par la nature de la Liturgie elle-même et qui
est pour le peuple chrétien, « race élue, sacerdoce royal, nation
sainte, peuple acquis » (1 P 2, 9 ; cf. 2, 4-5), par la force du
Baptême, un droit et un devoir. En renouvelant et en encourageant la
sainte Liturgie, il faut chercher à atteindre avec le plus grand
soin cette participation complète et agissante de tout le peuple.
Elle est, en effet, la source première et, qui plus est,
nécessaire, à laquelle les fidèles puisent un esprit vraiment
chrétien ; et par conséquent, elle doit être recherchée avec
ardeur par les pasteurs d’âmes, dans toute action pastorale, par
le moyen d’une formation adéquate. (…). »
n. 19 :
“Liturgicam institutionem
necnon actuosam fidelium participationem, internam et externam, iuxta
ipsorum ætatem, condicionem, vitæ genus et religiosæ culturæ
gradum, animarum pastores sedulo ac patienter prosequantur, unum e
præcipuis fidelis mysteriorum Dei dispensatoris muneribus
absolventes ; et gregem suum hac in re non verbo tantum, sed etiam
exemplo ducant.”
« Que les pasteurs
d’âmes accompagnent avec zèle et patience la formation
liturgique, et également la participation agissante des fidèles,
intérieure et extérieure, en fonction de leur âge, de leur
condition, de leur genre de vie et de leur degré de culture
religieuse, menant à bonne fin l’un des tâches particulières du
fidèle intendant des mystères de Dieu ; et qu’ils conduisent, en
cette matière, leur troupeau non seulement par la parole, mais aussi
par l’exemple. »
n. 26 :
“Actiones liturgicæ non
sunt actiones privatæ, sed celebrationes Ecclesiæ, quæ est
‘unitatis sacramentum’, scilicet plebs sancta sub Episcopis
adunata et ordinata [33]. Quare ad
universum Corpus Ecclesiæ pertinent illudque manifestant et
afficiunt ; singula vero membra ipsius diverso modo, pro diversitate
ordinum, munerum et actualis participationis, attingunt.”
Les actions liturgiques ne
sont pas des actions privées, mais des célébrations de l’Église,
qui est “le sacrement de l’unité”, c’est-à-dire le peuple
saint réuni et ordonné sous [l’autorité] des Évêques [33].
C’est pourquoi elles appartiennent au Corps tout entier de
l’Église, elles le manifestent et ont rapport avec lui ; mais
elles ont rapport également avec chacun de ses membres, de façon
diverse, selon la diversité des ordres, des charges, et de la
participation active.
Note :
[33] Saint Cyprien, De
l’unité de l’Église catholique, 7 : Corpus
Scriptorum Ecclesiasticorum Latinorum (Hartel) III, 1, p.
215-216. – Cf. Épître 66, n. 8, 3 : ed. cit., III, 2, p. 732-733.
n. 28 :
“In celebrationibus
liturgicis quisque, sive minister sive fidelis, munere suo fungens,
solum et totum id agat, quod ad ipsum ex rei natura et normis
liturgicis pertinet.”
« Que, dans les
célébrations liturgiques, chacun qu’il soit ministre ou fidèle,
en s’acquittant de sa charge, fasse seulement et totalement ce qui
lui revient en fonction de la nature de la chose et des normes
liturgiques. »
n. 30 :
“Ad actuosam
participationem promovendam, populi acclamationes, responsiones,
psalmodia, antiphonæ, cantica, necnon actiones seu gestus et
corporis habitus foveantur. Sacrum quoque silentium suo tempore
servetur.”
« Pour promouvoir la
participation agissante, que soient encouragées les acclamations du
peuple, les réponses, la psalmodie, les antiennes, les cantiques et
aussi les actions ou gestes et les attitudes corporelles. On
observera aussi en son temps un silence sacré. »
n. 33 :
“Etsi sacra Liturgia est
præcipue cultus divinæ maiestatis (…). (…) Unde non solum
quando leguntur ea quæ ‘ad nostram doctrinam scripta sunt’ (Rom
15,4), sed etiam dum Ecclesia vel orat vel canit vel agit,
participantium fides alitur, mentes in Deum excitantur ut rationabile
obsequium Ei præstent, gratiamque Eius abundantius recipiant.”
«
Bien que la Liturgie sacrée soit particulièrement le culte de la
divine majesté, (…). (…) Aussi, non seulement lorsqu’on lit
“ce qui a été écrit pour notre instruction” (Romains
15, 4), mais encore lorsque l’Église prie, chante ou agit, la foi
des participants est nourrie, les esprits sont élevés en Dieu pour
lui faire un sacrifice/rendre un culte [obsequium
; cf. Romains 12, 1]
raisonnable et recevoir sa grâce avec plus d’abondance. »
n.
41 :
“Episcopus ut sacerdos
magnus sui gregis habendus est, a quo vita suorum fidelium in Christo
quodammodo derivatur et pendet. Quare omnes vitam liturgicam
diœceseos circa Episcopum, præsertim in ecclesia cathedrali, maximi
faciant oportet : sibi persuasum habentes præcipuam manifestationem
Ecclesiæ haberi in plenaria et actuosa participatione totius plebis
sanctæ Dei in iisdem celebrationibus liturgicis, præsertim in eadem
Eucharistia, in una oratione, ad unum altare cui præest Episcopus a
suo presbyterio et ministris circumdatus [35].”
« L’évêque doit être
considéré comme le grand prêtre de son troupeau, duquel dérive,
en quelque manière, la vie de ses fidèles dans le Christ. C’est
pourquoi il faut que tous estiment au plus haut point la vie
liturgique du diocèse autour de l’évêque, surtout dans l’église
cathédrale : étant persuadés que la principale manifestation de
l’Église se trouve dans la participation plénière et agissante
de tout le Peuple saint de Dieu aux mêmes célébrations
liturgiques, surtout à la même Eucharistie, dans une prière
unique, auprès d’un autel unique où l’évêque dirige entouré
de l’ ordre
de ses prêtres et de ses ministres [35]. »
Note :
[35] Cf. S. Ignace d’Antioche,
Épître aux Magnésiens 7 ; Aux Philadelphiens. 4 ; Aux
Smyrniotes 8, édité par F. X. Funk, cit., vol. n° 1, pp. 236, 266,
281.
n.
42 :
“(…) Quare vita
liturgica parœciæ eiusque relatio ad Episcopum in mente et praxi
fidelium et cleri fovenda est; et adlaborandum ut sensus communitatis
parœcialis, imprimis vero in communi celebratione Missæ
dominicalis, floreat.”
« C’est pourquoi, la
vie liturgique de la paroisse doit favoriser, dans l’esprit et la
pratique des fidèles, sa relation avec l’Évêque ; et il
faut travailler à ce que fleurisse le sens de la communauté de la
paroisse, surtout dans la célébration commune de la Messe
dominicale. »
n.
47 :
“Salvator noster, in Cena
novissima, qua nocte tradebatur, Sacrificium Eucharisticum Corporis
et Sanguinis sui instituit, quo Sacrificium Crucis in sæcula, donec
veniret, perpetuaret atque adeo Ecclesiæ dilectæ Sponsæ memoriale
concrederet Mortis et Resurrectionis suæ : sacramentum pietatis,
signum unitatis, vinculum caritatis [36],
convivium paschale, ‘in quo Christus sumitur, mens impletur gratia
et futuræ gloriæ nobis pignus datur’ [37].
”
« Notre Sauveur, à la
dernière Cène, la nuit où Il était livré, institua le Sacrifice
Eucharistique de son Corps et de son Sang par lequel Il perpétuait
le Sacrifice de la Croix au long des siècles, jusqu’à ce qu’il
vînt, et bien plus, Il confiait à l’Église, son Épouse
bien-aimée le mémorial de Sa Mort et de Sa Résurrection :
sacrement de la bonté, signe de l’unité, lien de la charité
[36], festin pascal “dans lequel le Christ est consommé, l’esprit
est rempli de grâce, et le gage de la gloire future nous est donné
[37]. »
Notes :
[36] Cf. Saint Augustin, Traité
sur l’Évangile de Jean XXVI, VI, 13 : J.-P. Migne, Patrologia
Latina, tome n° 35,
col.1613.
[37] Bréviaire romain,
Fête du Corps du Christ, Vêpres II, antienne du Magnificat.
n.
48
“Itaque Ecclesia
sollicitas curas eo intendit ne christifideles huic fidei mysterio
tamquam extranei vel muti spectatores intersint, sed per ritus et
preces id bene intellegentes, sacram actionem conscie, pie et actuose
participent, verbo Dei instituantur, mensa Corporis Domini
reficiantur, gratias Deo agant, immaculatam hostiam, non tantum per
sacerdotis manus, sed etiam una cum ipso offerentes, seipsos offerre
discant, et de die in diem consummentur, Christo Mediatore, in
unitatem cum Deo et inter se (38), ut sit tandem Deus omnia in
omnibus.”
« C’est pourquoi
l’Église manifeste le souci inquiet que les fidèles chrétiens
n’assistent pas à ce mystère de la foi comme des spectateurs
étrangers et muets, mais que, le comprenant bien dans ses rites et
ses prières, ils participent de façon consciente, pieuse et
agissante à l’action sacrée, soient instruits par la parole de
Dieu, soient restaurés à la table du Corps du Seigneur, rendent
grâces à Dieu, apprennent à s’offrir eux-mêmes en offrant la
victime immaculée, non seulement par les mains du prêtre
[sacerdotis], mais
aussi de concert avec lui, et, de jour en jour, soient rendus
parfaits, par la Médiation du Christ [38], dans l’unité avec Dieu
et entre eux pour que, à la fin, Dieu soit tout en tous. »
Note :
[38]
Cf. Saint Cyrille d’Alexandrie, Commentaire de l’Évangile de
Jean, livre 11, chapitre 11-12 : J.-P. Migne, Patrologia
Græca, t.
n° 74, col. 557-564.
n.
83 :
(…) Illud enim
sacerdotale munus per ipsam suam Ecclesiam pergit, quæ non tantum
Eucharistia celebranda, sed etiam aliis modis, præsertim Officio
divino persolvendo, Dominum sine intermissione laudat et pro totius
mundi salute interpellat.
« (…) En effet, Il [Le
Christ] persiste dans cette charge sacerdotale par son Église
elle-même qui, non seulement en célébrant l’Eucharistie, mais
aussi par d’autres moyens, surtout en s’acquittant de l’Office
divin, loue sans cesse le Seigneur et s’adresse à Lui pour le
salut du Monde entier. »
n.
102 :
“Pia Mater Ecclesia suum
esse ducit Sponsi sui divini opus salutiferum, statis diebus per anni
decursum, sacra recordatione celebrare. In unaquaque hebdomada, die
quam Dominicam vocavit, memoriam habet Resurrectionis Domini, quam
semel etiam in anno, solemnitate maxima Paschatis, una cum beata
ipsius Passione, frequentat.
Totum vero Christi
mysterium per anni circulum explicat, ab Incarnatione et Nativitate
usque ad Ascensionem, ad diem Pentecostes et ad exspectationem beatæ
spei et adventus Domini.
Mysteria Redemptionis ita
recolens, divitias virtutum atque meritorum Domini sui, adeo ut omni
tempore quodammodo præsentia reddantur, fidelibus aperit, qui ea
attingant et gratia salutis repleantur.”
« La bienveillante Mère
Église croit qu’il lui appartient de célébrer l’œuvre
salvifique de son divin Époux, par un rappel sacré, à jours fixes,
dans le cours de l’année. Chaque semaine, au jour qu’elle a
appelé « du Seigneur », elle fait mémoire de la Résurrection du
Seigneur, qu’elle célèbre également une fois par an, en même
temps que sa bienheureuse Passion, par la très grande solennité de
Pâques.
Et elle déploie tout le
mystère du Christ pendant le cycle de l’année, de l’Incarnation
et la Nativité jusqu’à l’Ascension, au jour de la Pentecôte,
et à l’attente de la bienheureuse espérance et de la venue du
Seigneur.
Rappelant ainsi les mystères
de la Rédemption, elle ouvre les richesses des vertus et des mérites
de son Seigneur, à tel point qu’ils soient en quelque sorte rendus
présents en tout temps, aux fidèles qui sont mis en contact avec
eux et sont remplis par la grâce du salut. »
n.
106 :
“Mysterium paschale
Ecclesia, ex traditione apostolica, quæ originem ducit ab ipsa die
Resurrectionis Christi, octava quaque die celebrat, quæ dies Domini
seu dies dominica merito nuncupatur.
Hac enim die christifideles
in unum convenire debent ut, verbum Dei audientes et Eucharistiam
participantes, memores sint Passionis, Resurrectionis et gloriæ
Domini Iesu, et gratias agant Deo qui eos "regeneravit in spem
vivam per Resurrectionem Iesu Christi ex mortuis" (1Pt 1,3).
(...)”
« L’Église célèbre
le mystère pascal, en vertu d’une tradition apostolique qui trouve
son origine le jour même de la Résurrection du Christ, chaque
huitième jour, qui est justement nommé jour du Seigneur, ou jour
dominical/dimanche.
Ce jour-là, en effet, les
fidèles chrétiens doivent se réunir en un seul corps pour que,
entendant la parole de Dieu et participant à l’Eucharistie, ils se
souviennent de la Passion, de la Résurrection et de la gloire du
Seigneur Jésus, et rendent grâces à Dieu qui les « a régénérés
pour une vivante espérance par la Résurrection de Jésus Christ
d’entre les morts » (1 Pierre 1, 3). (…) »
Svitozar Nenyuk, First Mass [Première messe] |
n.
3 :
“(…) Quoties
sacrificium crucis, quo "Pascha nostrum immolatus est Christus"
(1Cor 5,7), in altari celebratur, opus nostræ redemptionis
exercetur. Simul sacramento panis eucharistici repræsentatur et
efficitur unitas fidelium, qui unum corpus in Christo constituunt
(cf. 1Cor 10,17). Omnes homines ad hanc vocantur unionem cum Christo,
qui est lux mundi, a quo procedimus, per quem vivimus, ad quem
tendimus.”
« (…)
Chaque fois qu’est célébré sur l’autel le sacrifice de la
croix, par lequel “le Christ notre Pâques a été immolé” (1
Corinthiens 5, 7), l’œuvre de notre rédemption est réalisée. En
même temps, par le sacrement du pain eucharistique, est représentée
et accomplie l’unité des fidèles qui, dans le Christ, forment un
seul corps (cf. 1 Corinthiens
10, 17). Tous les hommes sont appelés à cette union avec le Christ
qui est la lumière du monde, duquel nous procédons, par lequel nous
vivons, vers lequel nous nous dirigeons. »
n.
10 :
“(…) Sacerdos quidem
ministerialis, potestate sacra qua gaudet, populum sacerdotalem
efformat ac regit, sacrificium eucharisticum in persona Christi
conficit illudque nomine totius populi Deo offert ; fideles vero, vi
regalis sui sacerdotii, in oblationem Eucharistiæ concurrunt [17],
illudque in sacramentis suscipiendis, in oratione et gratiarum
actione, testimonio vitæ sanctæ, abnegatione et actuosa caritate
exercent. ”
« (…)
Le prêtre [sacerdos]
ministériel, d’une
part, jouit d’un
pouvoir sacré, forme et dirige le peuple sacerdotal, réalise,
dans le rôle
du Christ, le sacrifice eucharistique et l’offre
à Dieu au nom du peuple tout entier ; les fidèles, d’autre
part, par la force de leur sacerdoce
royal, se joignent
à l’oblation
de l’Eucharistie [17] et exercent [ce
sacerdoce] par la réception
des sacrements, la prière et l’action de grâces, le témoignage
d’une vie sainte, l’abnégation
et la
charité agissante. »
Notes :
[17] Cf.
Pie XI, Lettre
encyclique
Miserentissimus
Redemptor, 8 mai
1928 : Acta
Apostolicæ Sedis
n° 20 (1928), p.
171 s. – Vénér. Pie
XII, Allocution Vous
nous avez, Acta
Apostolicæ Sedis
n° 48 (1956), p.
714.
n.
11 :
“Sacrificium
eucharisticum, totius vitæ christianæ fontem et culmen,
participantes, divinam Victimam Deo offerunt atque seipsos cum Ea
(20) ; ita tum oblatione tum sacra communione, non
promiscue sed alii aliter, omnes in liturgica actione partem propriam
agunt. Porro corpore Christi in sacra synaxi refecti, unitatem Populi
Dei, quæ hoc augustissimo sacramento apte significatur et
mirabiliter efficitur, modo concreto exhibent.”
« Participant au
sacrifice eucharistique, source et sommet de toute vie chrétienne,
[les fidèles] offrent à Dieu la Victime divine et [s’offrent]
eux-mêmes avec Elle [20] ; ainsi, tant par l’oblation que par la
sainte communion, non pas indifféremment mais les uns autrement que
les autres, tous prennent leur part propre dans l’action
liturgique. En outre, restaurés par le corps du Christ dans
l’Assemblée liturgique [synaxis]
sainte, ils manifestent l’unité du Peuple de Dieu qui est
signifiée de manière appropriée et réalisée d’une manière
admirable par ce très auguste sacrement. »
Note :
[20] Cf. Vénér. Pie XII,
Lettre Encyclique Mediator Dei, 20 novembre 1947 : Acta
Apostolicæ Sedis n° 39, (1947), surtout p. 552 et suiv.
n.
17 :
“(…) sacerdotis tamen
est ædificationem Corporis sacrificio eucharistico perficere,
adimplendo verba Dei per prophetam: "Ab ortu... solis usque ad
occasum magnum est nomen meum in gentibus, et in omni loco
sacrificatur et offertur nomini meo oblatio munda" (Mal 1, 11)
(36). (...)”
« (…)
c’est aux prêtres [sacerdotis]
cependant qu’il revient d’achever l’édification du Corps par
le sacrifice eucharistique, en accomplissant les paroles [que] Dieu
[a dit] par le prophète : « Du levant jusqu’au couchant, grand
est mon nom parmi les nations, et en tout lieu est offerte en
sacrifice et présentée à mon nom une offrande pure » (Malachie 1,
11) [36]. (...)
Note :
Cf.
Didachè,
14 : éd. par Funk I, p. 32. – S. Justin, Dialogue
avec Tryphon 41 : J.-P.
Migne, Patrologie
Gracque,
t. 6, col. 564. –
Saint Irénée, Contre
les hérésies,
t. 4,
17, 5 : J.-P. Migne, Patrologia
Græca,
t. 7, col.
1023 ; Harvey, 2, p. 199s. –
Concile Œcuménique de
Trente, session
22, chapitre
1 : H. J. D. Denzinger, A. Schönmetzer, Enchiridion
symbolorum, definitionum et declarationum de rebus fidei et morum,
n. 939 (1742).
n.
26 :
“Episcopus, plenitudine
sacramenti Ordinis insignitus, est ‘œconomus gratiæ supremi
sacerdotii’ [84], præsertim in Eucharistia, quam ipse offert vel
offerri curat [85], et qua continuo vivit et crescit Ecclesia. (…)
In eis prædicatione Evangelii Christi congregantur fideles et
celebratur mysterium Cœnæ Domini, ‘ut per escam et sanguinem
Domini corporis fraternitas cuncta copuletur’ [87] In quavis
altaris communitate, sub Episcopi sacro ministerio [88], exhibetur
symbolum illius caritatis et "unitatis Corporis mystici, sine
qua non potest esse salus’ [89]. (…) Omnis autem legitima
Eucharistiæ celebratio dirigitur ab Episcopo, cui officium commissum
est cultum christianæ religionis Divinæ Maiestati deferendi atque
administrandi secundum præcepta Domini et Ecclesiæ leges, eius
particulari iudicio ulterius pro diœcesi determinatas. (…) Ipsi
(…) atque populos suos, ut in liturgia et præsertim in sacro Missæ
sacrificio partes suas fide et reverentia impleant, sollicite
exhortantur et instruunt.”
« L’évêque,
revêtu de la plénitude du sacrement de l’Ordre, est “l’économe
de la grâce du sacerdoce suprême” [84], surtout dans
l’Eucharistie qu’il offre lui-même ou dont il a le soin qu’elle
soit offerte [85], et par laquelle l’Église vit et croît
continuellement. (…). En elles [les
Églises],
les fidèles sont assemblés
par la prédication de l’Évangile du Christ et
le mystère de la Cène du Seigneur est célébré « pour que, par
le moyen de la Nourriture
et du Sang du Seigneur, soit
solidement formée toute la fraternité du corps”
[87]. En
toute communauté
de l’autel, en dépendance du ministère sacré de l’Évêque
[88], se manifeste le symbole de cette charité et « de l’unité
du Corps mystique sans laquelle le salut n’est pas possible [89]”.
(…)
Mais toute célébration légitime de l’Eucharistie
est dirigée par l’évêque à qui a été confiée la fonction de
présenter à la Majesté divine le culte de la religion chrétienne
et de le diriger selon les préceptes du Seigneur et les lois de
l’Église, réglées ultérieurement, en faveur de son diocèses,
par son jugement particulier. (…). (…) et [les Évêques]
eux-mêmes encouragent et instruisent avec sollicitude leurs peuples
[respectifs] afin qu’ils remplissent leur part dans la liturgie,
avec foi et déférence, et surtout dans le saint sacrifice de la
Messe. »
Notes :
[85] Cf. Saint Ignace
d’Antioche,
Lettre aux Smyrniotes
8, 1 : éd. par Funk,
I, p. 282.
[86] Cf. Actes
8, 1 ; 14, 22-23 ;
20, 17 et passim.
[87] Cf. Oratio
mozarabica : J.-P.
Migne, Patrologia
Latina,
t. 96, col.
759 B.
[88] Cf. Saint Ignace
d’Antioche,
op. cit.
[89] Saint Thomas d’Aquin,
Somme théologique,
3e
partie,
question
73, article
3.
n.
28 :
“(…) Presbyteri,
quamvis pontificatus apicem non habeant et in exercenda sua potestate
ab Episcopis pendeant, cum eis tamen sacerdotali honore coniuncti
sunt (100) et vi sacramenti Ordinis (101), ad imaginem Christi, summi
atque æterni Sacerdotis (cf. Hebr 5, 1-10; 7, 24; 9, 11-28), ad
Evangelium prædicandum fidelesque pascendos et ad divinum cultum
celebrandum consecrantur, ut veri sacerdotes Novi Testamenti (102).
Muneris unici Mediatoris
Christi (cf. 1 Tim. 2, 5) participes in suo gradu ministerii, omnibus
verbum divinum annuntiant. Suum vero munus sacrum maxime
exercent in eucharistico cultu vel synaxi, qua in persona Christi
agentes [103] Eiusque mysterium proclamantes, vota fidelium
sacrificio Capitis ipsorum coniungunt, et unicum sacrificium Novi
Testamenti, Christi scilicet Sese Patri immaculatam hostiam semel
offerentis (cf. Hebr 9, 11-28), in sacrificio Missæ usque ad
adventum Domini (cf. 1 Cor 11, 26) repræsentant et applicant [104].”
« (…) Les Prêtres
[Presbyteri], quoique qu’ils
ne possèdent pas la couronne du pontificat et qu’ils dépendent
des Évêques dans l’exercice de leur pouvoir, leur sont cependant
unis par la dignité sacerdotale [100] et sont consacrés, par la
force du sacrement de l’Ordre [101], à l’image du Christ, Prêtre
[Sacerdotis] souverain
et éternel (cf. Hébreux 5, 1-10 ; 7, 24 ; 9, 11-28), pour prêcher
l’Évangile, paître les fidèles et célébrer le culte divin
comme de vrais prêtres [sacerdotes]
du Nouveau Testament [102].
Participant, à leur degré de
ministère, de la charge du Christ, l’unique Médiateur (1 Tm 2,
5), [les prêtres] annoncent à tous la parole divine. En vérité,
ils exercent leur charge sacrée principalement dans le culte
ou, si l’on veut, l’assemblée liturgique [synaxis]
eucharistique par laquelle, agissant en la personne du Christ
[103] et proclamant Son mystère, ils unissent les prières [votum]
des fidèles au sacrifice de leur Chef, rendent présent et
appliquent dans le sacrifice de la Messe jusqu’à la venue du
Seigneur (cf. 1 Corinthiens 11, 26), l’unique sacrifice du Nouveau
Testament, à savoir celui du Christ s’offrant au Père une fois
pour toutes en victime immaculée (cf. Hébreux 9, 11-28) [104]. (…).
Notes :
[101] Cf. Concile Œcuménique
de Trente, session 23, “Doctrina de sacramento ordinis”
[« Doctrine sur le sacrement de l’ordre »] : H. J.
D. Denzinger, A. Schönmetzer, Enchiridion symbolorum,
definitionum et declarationum de rebus fidei et morum, n.
956a-968 (1763-1778), et particulièrement
canon 7 : H. J. D. Denzinger, A. Schönmetzer, Enchiridion
symbolorum, definitionum et declarationum de rebus fidei et morum,
n. 967 (1777). – Vénér. Pie XII, Constitution apostolique
Sacramentum Ordinis : H. J. D. Denzinger, A. Schönmetzer,
Enchiridion symbolorum, definitionum et declarationum de rebus
fidei et morum, n. 2301 (3857-3861).
[102] Cf. Innocent Ier,
Lettre à Decentius : H. J. D. Denzinger, A. Schönmetzer,
Enchiridion symbolorum, definitionum et declarationum de rebus
fidei et morum, n. 20, 554 A ; Mansi, Sacrorum Conciliorum
Nova et Amplissima Collectio, t.
3, 1029 ; H. J. D. Denzinger, A. Schönmetzer, Enchiridion
symbolorum, definitionum et declarationum de rebus fidei et morum,
n. 98 (215). Saint Grégoire de Naziance, Apologetica,
Discours 2, §. 22
: J.-P. Migne, Patrologia Græca,
t. 35, col. 432 B. – Pseudo-Denys l’æropagite, De la
Hiérarchie Ecclésiastique chapitre 1, §. 2 : J.-P. Migne,
Patrologia Græca, t. 3,
col. 372 D.
[103] Cf. Concile Œcuménique
de Trente, session 22 : H. J. D. Denzinger, A. Schönmetzer,
Enchiridion symbolorum, definitionum et declarationum de rebus
fidei et morum, n. 940 (1743). – Vénér. Pie XII, Lettre
encyclique Mediator Dei, 20 novembre 1947 : Acta Apostolicæ
Sedis n° 39 (1947), p.
553 ; H. J. D. Denzinger, A. Schönmetzer, Enchiridion symbolorum,
definitionum et declarationum de rebus fidei et morum, n. 2300
(3850).
[104] Cf. Concile Œcuménique
de Trente, session 22 : H. J. D. Denzinger, A. Schönmetzer,
Enchiridion symbolorum, definitionum et declarationum de rebus
fidei et morum, n. 938 (1739-1740). – Concile Œcuménique du
Vatican II, Constitution “de Sacra Liturgia”, Sacrosanctum
concilium, n. 7 et n. 47.
n. 34 :
“(…) Omnia enim eorum
opera, preces et incepta apostolica, conversatio coniugalis et
familiaris, labor quotidianus, animi corporisque relaxatio, si in
Spiritu peragantur, imo molestiæ vitæ si patienter sustineantur,
fiunt spirituales hostiæ, acceptabiles Deo per Iesum Christum (cf.
1Pt 2,5), quæ in Eucharistiæ celebratione, cum dominici Corporis
oblatione, Patri piissime offeruntur. Sic et laici, qua adoratores
ubique sancte agentes, ipsum mundum Deo consecrant.”
« (…) En effet, toutes
leurs [celle des laïcs] actions, leurs prières et leurs entreprises
apostoliques, leur intimité conjugale et familiale, leur labeur
quotidien, le repos de leur âme et de leur corps, s’ils sont
accomplis dans l’Esprit, et bien mieux, les peines de la vie, si
elles sont supportées patiemment, deviennent “des victimes
spirituelles, agréables à Dieu par Jésus Christ” (cf. 1 Pierre
2, 5), qui, dans la célébration de l’Eucharistie, sont offertes,
très pieusement, au Père, en union avec l’oblation du Corps du
Seigneur. Ainsi, les laïcs consacrent à Dieu le monde lui-même, en
agissant saintement et partout comme des adorateurs. »
n. 41 :
“(…) Ad plenitudinem
sacerdotii electi, sacramentali gratia donantur, ut orando,
sacrificando et prædicando, per omnem formam episcopalis curæ et
servitii, perfectum pastoralis caritatis munus exerceant [125], (…).
Pro plebe sua et toto Populo Dei ex officio precantes et sacrificium
offerentes, agnoscendo quod agunt et imitando quod tractant [128)]
nedum apostolicis curis, periculis et ærumnis impediantur, per ea
potius ad altiorem sanctitatem ascendant, (…).”
« (…) Choisis en vue
de la plénitude du sacerdoce, ils [les Évêques] bénéficient de
la grâce sacramentelle afin qu’ils exercent [125] la charge
parfaite de la charité pastorale en priant, en offrant le sacrifice,
en prêchant, à travers tout type de soin et de service épiscopal,
(...).
Priant et offrant le
sacrifice, de par leur fonction, pour leur peuple et tout le Peuple
de Dieu, en ayant conscience de ce qu’ils font et en imitant ce
dont ils s’occupent [128], bien loin qu’ils soient empêchés par
les soucis, les dangers et les tribulations, ils [les Prêtres ;
Presbyteri] doivent
par là plutôt s’élever à une plus haute sainteté, (...). »
Notes :
[125]
Cf. Saint Thomas, Somme théologique 2de partie de
la 2e partie, question 184, article 5 et 6 ; De la
perfection de la vie spirituelle, chapitre
18. – Origène, sur Isaïe, Homélie
6, 1 : J.-P. Migne, Patrologia
Græca, n° 13,
col. 239.
[128]
Ordinaire de la consécration sacerdotale, dans l’exhortation
initiale (Ordo consecrationis sacerdotalis, in exhortatione
initiali).
n. 50 :
Nobilissima vero ratione
unio nostra cum Ecclesia cœlesti actuatur, cum, præsertim in sacra
Liturgia, in qua virtus Spiritus Sancti per signa sacramentalia super
nos agit, divinæ maiestatis laudem socia exsultatione concelebramus
[163], et universi, in sanguine Christi ex omni tribu et lingua et
populo et natione redempti (cf. Apoc 5, 9) atque in unam Ecclesiam
congregati, uno cantico laudis Deum unum et trinum magnificamus.
Eucharisticum ergo sacrificium celebrantes cultui Ecclesiæ cœlestis
vel maxime iungimur “communicantes et memoriam venerantes in primis
gloriosæ semper Virginis Mariæ, sed et beati Ioseph et beatorum
Apostolorum et Martyrum et omnium Sanctorum” [164].
« (…) En vérité,
notre union avec l’Église céleste est mise en œuvre de la
manière la plus noble, lorsque, surtout dans la sainte Liturgie,
dans laquelle la vertu du Saint Esprit agit sur nous à travers les
signes sacramentels, nous célébrons, dans un transport de joie
commun, la louange de la majesté divine [163], et que, tous rachetés
dans le sang du Christ, de toute tribu, langue, peuple et nation (cf.
Apocalypse 5, 9) et assemblés en une seule Église, nous magnifions
d’un seul chant de louange le Dieu un et trine. Célébrant donc le
sacrifice eucharistique, nous sommes unis même au plus haut point au
culte de l’Église céleste, “étant en communion et vénérant
la mémoire, en premier lieu, de la glorieuse et toujours Vierge
Marie, mais également du bienheureux Joseph, des bienheureux Apôtres
et Martyrs et de tous les Saints.” »
Notes :
[163] Concile Œcuménique du
Vatican II, Constitution “de Sacra Liturgia”, Sacrosanctum
Concilium, n. 104.
[164] Canon de la messe
romaine.
Raúl
Berzosa Fernández, L'Agneau de Dieu, détail
|
n.
15 :
“Omnibus quoque notum est
quanto cum amore Christiani orientales liturgica Sacra peragant,
præsertim celebrationem eucharisticam, fontem vitæ Ecclesiæ et
pignus futuræ gloriæ, qua fideles cum episcopo uniti accessum ad
Deum Patrem habentes per Filium Verbum incarnatum, passum et
glorificatum, in effusione Sancti Spiritus, communionem cum
Sanctissima Trinitate consequuntur, ‘divinæ consortes naturæ’
(2 Pt. 1, 4) effecti. Proinde per celebrationem Eucharistiæ Domini
in his singulis Ecclesiis, Ecclesia Dei ædificatur et crescit [26],
et per concelebrationem communio earum manifestatur.”
« Tous savent aussi avec
quel amour les Chrétiens orientaux mettent en œuvre les Cérémonies
liturgiques du culte, surtout la célébration eucharistique, source
de la vie de l’Église et gage de la gloire future par laquelle les
fidèles unis à l’évêque, ayant accès à Dieu le Père par le
Verbe Fils incarné, ayant souffert, et glorifié, dans l’effusion
de l’Esprit Saint, entrent en communion avec la Très Sainte
Trinité et sont faits « participants de la nature divine » (2
Pierre 1, 4). Ainsi donc, par la célébration de l’Eucharistie du
Seigneur dans ces Églises particulières, l’Église de Dieu se
construit et croît [26], et leur communion est manifestée par la
concélébration. »
Note :
[26] Cf. S. Jean Chrysostome,
Commentaire de l’Évangile de S. Jean, homélie
n° 46 : J.-P. Migne, Patrologia Græca, tome
n° 59, col. 260-262.
n.
22 :
“Communitates ecclesiales
a nobis seiunctæ, quamvis deficiat earum plena nobiscum unitas ex
baptismate profluens, et quamvis credamus illas, præsertim propter
sacramenti Ordinis defectum, genuinam atque integram substantiam
Mysterii eucharistici non servasse, tamen, dum in Sancta Cœna mortis
et resurrectionis Domini memoriam faciunt, vitam in Christi
communione significari profitentur atque gloriosum Eius adventum
exspectant. ”
« (…) Les communautés
ecclésiales séparées de nous, quoiqu’il leur manque la pleine
unité avec nous découlant du baptême et quoique nous croyions que,
surtout à cause de la disparition du sacrement de l’Ordre, elles
n’ont pas conservé la substance authentique et entière du Mystère
eucharistique, cependant, lorsqu’elles font mémoire, dans la
sainte Cène, de la mort et de la résurrection du Seigneur, elles
professent que la vie se trouve dans la communion du Christ et
attendent sa venue glorieuse. »
S.
Paul VI, Lettre encyclique Mysterium Fidei, 3 septembre
1965.
Cf.
Acta Apostolicæ Sedis
n° 57 (1965) p. 764.
“Hæ præsentiæ rationes
stupore mentem replent et mysterium Ecclesiæ contemplandum præbent.
Sed alia est ratio, præstantissima quidem, qua Christus præsens
adest Ecclesiæ suæ in sacramento Eucharistiæ, quod est propterea
inter cetera Sacramenta ‘devotione suavius, intellegentia
pulchrius, continentia sanctius’ [40] ;
continet enim ipsum Christum et est ‘quasi consummatio spiritualis
vitæ et omnium sacramentorum finis’ [41].
Quæ quidem præsentia ‘realis’ dicitur non per exclusionem,
quasi aliæ ‘reales’ non sint, sed per excellentiam, quia est
substantialis, qua nimirum totus atque integer Christus, Deus et
homo, fit præsens [42]. Perperam igitur
hanc præsentiæ rationem aliquis explicet fingendo naturam
‘pneumaticam’, uti dicunt, corporis Christi gloriosi ubique
præsentem ; aut illam intra limites symbolismi coarctando, quasi hoc
augustissimum Sacramentum nulla alia constet re quam signo efficaci
«spiritualis præsentiæ Christi eiusque intimæ coniunctionis cum
fidelibus membris in Corpore Mystico» [43].
(…) Hac Ecclesiæ fide innixa Tridentina Synodus ‘aperte et
simpliciter profitetur, in almo sanctæ Eucharistiæ sacramento post
panis et vini consecrationem Dominum Nostrum Iesum Christum, verum
Deum atque hominem, vere, realiter ac substantialiter sub specie
illarum rerum sensibilium contineri’. Ideo Salvator noster
secundum suam humanitatem præsens adest non solum ad dexteram
Patris, iuxta modum exsistendi naturalem, sed simul etiam in
sacramento Eucharistiæ ‘ea exsistendi ratione, quam etsi verbis
exprimere vix possumus, possibilem tamen esse Deo, cogitatione per
fidem illustrata, assequi possumus et constantissime credere debemus’
[50].”
« Les
caractéristiques des ces présences remplissent l’esprit de
stupeur et donnent à contempler le mystère de l’Église. Mais
autre est la nature, certes très supérieure par laquelle le Christ
est là, présent, à de son Église dans le sacrement de
l’Eucharistie qui est, à cause de cela, parmi les autres
Sacrements, “le plus doux pour la dévotion, le plus beau pour
l’intelligence, le plus saint pour la continence” [40] ; en
effet, il contient le Christ Lui-même et est “comme
l’accomplissement de la vie spirituelle et le degré suprême de
tous les sacrements” (41]. Certes, cette présence est dite
“réelle” non par exclusion, comme si les autres n’étaient pas
“réelles” mais par excellence parce qu’elle est substantielle
; par elle, assurément, le Christ entier et total, Dieu et homme,
est rendu présent [42]. On donnerait donc une idée tordue de la
présence en imaginant une nature “pneumatique”, comme on dit, du
corps glorieux du Christ partout présente ; ou en la réduisant
aux limites du symbolisme, comme si ce très auguste Sacrement ne
consistait en rien d’autre qu'en un signe agissant “de la
présence spirituelle du Christ et de son union intime avec les
fidèles membres du Corps Mystique” [43] (…) Le Concile
Œcuménique de Trente, appuyé sur cette foi de l’Église,
“professe ouvertement et sans détour que, dans le Sacrement
nourricier de la sainte Eucharistie, après la consécration du pain
et du vin, notre Seigneur Jésus Christ, vrai Dieu et vrai Homme, est
contenu vraiment, réellement et substantiellement sous l'apparence
de ces choses sensibles”. Par conséquent, notre Sauveur est là,
présent, selon son humanité, non seulement à la droite du Père,
conformément à [son] mode naturel d’exister, mais en même temps
également dans le sacrement de l'Eucharistie “en une manière
d’exister que, d’ailleurs, nous pouvons difficilement exprimer
avec des mots, mais qui est toutefois, possible à Dieu, que nous
pouvons atteindre par la pensée éclairée par la foi et que nous
devons croire très fermement” [50]. »
Notes :
(40) Gilles de Rome,
Theoremata de Corpore Christi,
theor. 50, Venise, 1521,
p. 127.
(41) S. Thomas, Somme
Théologique, IIIe
partie, question
73, article
3, conclusion.
(42) Cf. Concile Œcuménique
de Trente, Décret
“de Sacrosancta
Eucharistia”»,
chapitre
3.
(43) Vénér. Pie
XII, Lettre encyclique
Humani generis, Acta
Apostolicæ Sedis n° 42,
1950, p. 578.
(50) Décret Décret
“de Sacrosancta Eucharistia”»,
chapitre
1.
IId
Concile Œcuménique du Vatican, Décret “de pastorali
Epicoporum munere” [« Sur la charge pastorale des Évêques »],
Christus Dominus, 28 octobre 1965.
n.
15 :
“ In
exercendo suo munere sanctificandi memores sint Episcopi se ex
hominibus assumptos esse et pro hominibus constitui, in iis quæ sunt
ad Deum, ut offerant dona et sacrificia pro peccatis. (…) Iugiter
itaque adnitantur ut christifideles paschale mysterium penitius
cognoscant et vivant, per Eucharistiam, ita ut unum arctissimum
efficiant Corpus in unitate caritatis Christi [24] ; (…).”
« En exerçant leur
charge de sanctifier, les Évêques doivent se souvenir qu’ils ont
été pris d’entre les hommes et sont établis en leur faveur, dans
les choses qui sont tournées vers Dieu, afin qu’ils offrent les
dons et les sacrifices pour les pécheurs. (…) C’est pourquoi,
ils travailleront continuellement à ce que les fidèles chrétiens
connaissent plus profondément le mystère pascal et en vivent, par
le moyen de l’Eucharistie, de telle sorte qu’ils forment un Corps
unique et très resserré dans l’unité de la charité du Christ
[24] ; (…). »
Note :
[24] Cf. Vénér. Pie XII,
Lettre encyclique Mediator Dei, 20 novembre 1947, Acta
Apostolicæ Sedis n° 39
(1947), p. 251 s. – S. Paul VI, Lettre encyclique Mysterium
Fidei, 3 septembre 1965.
n.
30 :
“(…) 2) (…) In
perficiendo opere sanctificationis, curent parochi ut celebratio
Eucharistici Sacrificii centrum sit et culmen totius vitæ
communitatis christianæ ; itemque adlaborent ut fideles spirituali
pabulo pascantur per devotam et frequentem Sacramentorum receptionem
atque per consciam et actuosam in Liturgia participationem. (…).”
« (…) 2) (…) Pour
accomplir l’œuvre de sanctification, les curés veilleront à ce
que la célébration du Sacrifice Eucharistique soit le centre et le
sommet de toute la vie de la communauté chrétienne ; et de même,
ils travailleront à ce que les fidèles soient nourris
spirituellement par la réception pieuse et fréquente des
Sacrements, et la participation consciente et agissante à la
Liturgie. (…) »
IId
Concile Œcuménique du Vatican, Décret “De
institutione sacerdotali” [« Sur l'éducation sacerdotale »] ,
Optatam totius, 28 octobre 1965.
n.
4 :
“Seminaria Maiora ad
sacerdotalem conformationem necessaria sunt. In eis integra alumnorum
institutio eo tendere debet ut ad exemplar Domini Nostri Iesu
Christi, Magistri, Sacerdotis et Pastoris, veri animarum pastores
ipsi formentur;[7] præparentur ergo ad ministerium verbi: ut verbum
Dei revelatum semper melius intelligant, meditantes possideant,
lingua et moribus exprimant; ad ministerium cultus et
sanctificationis: ut orantes et sacras liturgicas celebrationes
peragentes opus salutis per Sacrificium eucharisticum et Sacramenta
exerceant; ad ministerium Pastoris: ut sciant repræsentare hominibus
Christum, qui «non venit, ut ministraretur ei, sed ut ministraret et
daret animam suam redemptionem pro multis» (Mc. 10, 45; cf. Io. 13,
12-17) et ut, omnium facti servi, plures lucrifaciant (cf. I Cor. 9,
19).”
« Les Grands Séminaires
sont nécessaires. Une éducation complète devra y tendre à ce
qu’ils soient formés [à devenir] eux-mêmes de vrais pasteurs
d’âmes, à l’exemple de Notre Seigneur Jésus Christ, Maître,
Prêtre [Sacerdotis]
et Pasteur [7] ; ils seront donc préparés au ministère de la
parole, afin qu’ils comprennent toujours mieux la parole révélée
de Dieu, qu’ils la possèdent en la méditant, et qu’ils
l’expriment par la langue et par les mœurs ; au ministère du
culte et de la sanctification, afin que, priant et accomplissant les
saintes célébrations liturgiques, ils réalisent l’œuvre du
salut par le Sacrifice eucharistique et les Sacrements ; au ministère
de Pasteur, afin qu’ils sachent rendre présent aux hommes le
Christ, qui « n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et
pour donner sa vie en rançons pour la multitude » (Marc 10, 45; cf.
Jean 13, 12-17) et pour que, devenus les serviteurs de tous, ils en
gagnent un plus grand nombre (cf. 1 Corinthiens 9, 19). »
Note :
[7] Cf. Concile Œcuménique du
Vatican, Constitution dogmatique “de Ecclesia", Lumen
gentium, n. 28.
IId
Concile Œcuménique du Vatican, Décret “de Presbyterorum
ministerio et vita” [« Sur le ministère et la vie des Prêtres
»], Presbyterorum ordinis, 7
décembre 1965.
n.
2 :
“Per Presbyterorum autem
ministerium sacrificium spirituale fidelium consummatur in unione cum
sacrificio Christi, unici Mediatoris, quod per manus eorum, nomine
totius Ecclesiæ, in Eucharistia incruente et sacramentaliter
offertur, donec Ipse Dominus veniat [13]. Ad hoc tendit atque in hoc
consummatur Presbyterorum ministerium. Eorum enim ministratio, quæ
ab evangelico nuntio incipit, e Sacrificio Christi suam vim et
virtutem haurit, atque eo tendit ut ‘tota ipsa redempta civitas,
hoc est congregatio societasque sanctorum, universale sacrificium
offeratur Deo per Sacerdotem Magnum, qui etiam se ipsum obtulit in
Passione pro nobis, ut tanti Capitis corpus essemus’ [14].
Finis igitur quem
ministerio atque vita persequuntur Presbyteri est gloria Dei Patris
in Christo procuranda. Quæ gloria in eo est quod homines opus Dei in
Christo perfectum conscie, libere atque grate accipiunt, illudque in
tota vita sua manifestant. Presbyteri itaque, sive orationi et
adorationi vacent, sive verbum prædicent, sive Eucharisticum
Sacrificium offerant et cetera Sacramenta administrent, sive alia pro
hominibus exerceant ministeria, conferunt cum ad gloriam Dei augendam
tum ad homines in vita divina provehendos. Quæ omnia, dum ex
Paschate Christi manant, in glorioso Eiusdem Domini adventu
consummabuntur, cum Ipse tradiderit Regnum Deo et Patri [15].”
« (…) Mais par le ministère
des Prêtres [Presbyterorum], le sacrifice spirituel des
fidèles est porté à la perfection, en union avec le sacrifice du
Christ, unique Médiateur, qui est offert, par leurs mains, au nom de
toute l’Église, dans l’Eucharistie, de manière non sanglante et
sacramentelle, jusqu’à ce que le Seigneur vienne Lui-même [13].
Leur ministère vise à cela, et en cela, il est porté à sa
perfection. En effet, leur service qui commence par l’annonce
évangélique, tire sa force et sa puissance du Sacrifice du Christ
et vise à ce que “toute la cité elle-même rachetée,
c’est-à-dire l’assemblée et la société des saints, soit
offerte à Dieu comme un sacrifice universel par le Grand Prêtre
[Sacerdotem] qui S’est Lui-même offert pour nous dans sa
Passion, afin que nous soyons le corps d’une si grande Tête”
[14].
Le but, donc, que les prêtres
poursuivent par [leur] ministère et [leur] vie, c’est d’avoir
soin de la gloire de Dieu le Père dans le Christ. Cette gloire
consiste en ce que les hommes accueillent l’œuvre parfaite de Dieu
dans le Christ, consciemment, librement et avec reconnaissance, et
qu’ils la manifestent par toute leur vie. C’est pourquoi, les
Prêtres [Presbyteri], soit qu’ils vaquent à la prière et
à l’adoration, soit qu’ils prêchent la parole, soit qu’ils
offrent le Sacrifice Eucharistique et qu’ils administrent les
autres sacrements, soit qu’ils accomplissent d’autres services en
faveur des hommes, s’appliquent aussi bien à augmenter la gloire
de Dieu qu’à faire avancer les hommes dans la vie divine. Toutes
ces choses, qui découlent de la Pâques du Christ, seront portées à
la perfection lors de la venue dans la gloire de ce même Seigneur,
lorsque Lui-même remettra le Royaume au Dieu et Père [15]. »
Notes :
[13] Cf. 1 Corinthiens. 11, 26.
[14]
S. Augustin d’Hippone,
De la Cité de Dieu 10, 6 : J.-P.
Migne, Patrologia Latina,
tome n° 41, col. 284.
[15]
Cf. 1 Corinthiens 15, 24.
n. 4 :
“(…) quod præcipue
valet pro Liturgia verbi in Missarum celebratione, in qua
inseparabiliter uniuntur annuntiatio mortis et resurrectionis Domini,
responsum populi audientis et oblatio ipsa qua Christus Novum Fœdus
confirmavit in Sanguine suo, cui oblationi fideles, et votis et
Sacramenti perceptione, communicant [34] .”
« (...) ce qui vaut
particulièrement pour la Liturgie de la parole, en la célébration
de la Messe, dans laquelle sont unis inséparablement l’annonce de
la mort et de la résurrection du Seigneur, la réponse du peuple
qui écoute et l’oblation elle-même par laquelle le Christ
garantit la Nouvelle Alliance dans son Sang, à laquelle communient
les fidèles chrétiens par leur oblation, leurs prières et la
réception du Sacrement [34]. »
Note :
[34] Cf. Concile Œcuménique
du Vatican II, Constitution “de Sacra Liturgia” [« Sur
la sainte Liturgie »], Sacrosanctum concilium, n.
33, 35, 48, 52.
n. 5 :
“(…) Cetera autem
Sacramenta, sicut et omnia ecclesiastica ministeria, et opera
apostolatus, cum Sacra Eucharistia cohærent et ad eam ordinantur
[38]. In Sanctissima enim Eucharistia totum bonum spirituale Ecclesiæ
continetur [39], ipse scilicet Christus, Pascha nostrum panisque
vivus per Carnem suam Spiritu Sancto vivificatam et vivificantem
vitam præstans hominibus, qui ita invitantur et adducuntur ad
seipsos, suos labores cunctasque res creatas una cum Ipso offerendos.
Quapropter Eucharistia ut fons et culmen totius evangelizationis
apparet, dum catechumeni ad participationem Eucharistiæ paulatim
introducuntur, et fideles, iam sacro baptismate et confirmatione
signati, plene per receptionem Eucharistiæ Corpori Christi
inseruntur.
Est ergo Eucharistica
Synaxis centrum congregationis fidelium cui Presbyter præest.
Edocent igitur Presbyteri fideles divinam victimam in Sacrificio
Missæ Deo Patri offerre atque cum ea oblationem vitæ suæ facere ;
(…). (…). Laudes et gratiarum actiones quas adhibent in
Eucharistiæ celebratione ipsi Presbyteri ad diversas horas diei
dilatant in Divino persolvendo Officio, quo quidem nomine Ecclesiæ,
pro toto populo sibi commisso, immo pro universo mundo, Deum
deprecantur.
Domus orationis in qua
Sanctissima Eucharistia celebratur et servatur, fidelesque
congregantur, et in qua præsentia Filii Dei Salvatoris nostri in ara
sacrificali pro nobis oblati, in auxilium atque solatium fidelium
colitur, (…).”
« (…) Or, les autres
Sacrements, comme tous les ministères ecclésiastiques et les œuvres
apostoliques, sont liés à la Sainte Eucharistie et sont ordonnés à
elle [38]. En effet, dans la très sainte Eucharistie est contenu
tout le bien spirituel de l’Église [39], à savoir le Christ
Lui-même, notre Pâque et pain vivant, procurant, par sa Chair
vivifiée et vivifiante de par le Saint Esprit, la vie aux hommes qui
sont invités et conduits à s’offrir eux-mêmes, de concert avec
Lui, ainsi que leurs labeurs, et toutes les choses créées. C’est
pourquoi l’Eucharistie est clairement la source et le sommet de
toute évangélisation : alors que les catéchumènes sont amenés
peu à peu à participer à l’Eucharistie, les fidèles, déjà
marqués par le signe du saint baptême et de la confirmation, sont
pleinement entés sur le Corps du Christ par la réception de
l’Eucharistie.
L’Assemblée liturgique
(synaxis) Eucharistique est donc le centre de la communauté
(congregatio) des fidèles à la tête de laquelle se trouve
le Prêtre [Presbyter]. Par conséquent, les Prêtres
[Presbyteri] apprennent aux fidèles à offrir à Dieu le Père
la victime divine dans le Sacrifice de la Messe et à faire, avec
Elle, l’offrande de leur vie ; (…). (…). Les louanges et les
actions de grâce que les Prêtres [Presbyteri] eux-mêmes
adressent dans la célébration de l’Eucharistie, ils les étendent
aux diverses heures du jour en s’acquittant de l’Office divin par
lequel, au nom de l’Église, ils intercèdent auprès de Dieu en
faveur de tout le peuple qui leur est confié, et mieux, pour le
monde tout entier.
La maison de la prière où la
très sainte Eucharistie est célébrée et conservée, où les
fidèles s’assemblent, où la présence du Fils de Dieu notre
Sauveur, offert pour nous sur l’autel [ara] sacrificiel, est
honorée pour le soutien et le réconfort des chrétiens, (…). »
Notes :
[38] “Eucharistia vero est
quasi consummatio spiritualis vitæ, et omnium sacramentorum finis”
(« L’Eucharistie est comme l’accomplissement de la vie
spirituelle et la fin de tous les sacrements ») : S. Thomas, Somme
Théologique, 3e partie, question 73, article 3,
conclusion ; cf. Somme Théologique, 3e partie,
question 65, article 3.
[39] Cf. S. Thomas d’Aquin,
Somme Théologique, 3e partie, question 65, article
3, réponse à l’objection 1 ; question 79, article 1, conclusion
et réponse à l’objection 1.
n. 6 :
“(…) Nulla tamen
communitas christiana ædificatur nisi radicem cardinemque habeat in
Sanctissimæ Eucharistiæ celebratione, a qua ergo omnis educatio ad
spiritum communitatis incipienda est [54]. Quæ celebratio ut sincera
et plena sit tam ad varia caritatis opera mutuumque adiutorium quam
ad missionalem actionem, necnon ad varias christiani testimonii
formas, ducere debet. (…).”
« (…) Toutefois,
aucune communauté chrétienne ne peut se construire sans qu’elle
ne trouve sa racine et son pivot dans la célébration de la très
sainte Eucharistie [54] par laquelle toute éducation à l’esprit
de communauté doit commencer [54]. Cette célébration pour qu’elle
soit naturelle et complète, doit conduire autant à des œuvres
diverses de charité et d’aide mutuelle qu’à l’action
missionnaire non moins qu’aux diverses formes du témoignage
chrétien. (…). »
Notes :
[54] Cf. Didascalie ou
Constitutions des Apôtres, livre II, chapitre 59, 1-3 : “Docens
autem iube et hortare populum in ecclesia frequentare et penitus
numquam deesse, sed convenire semper et ecclesiam non angustare, cum
se subtrahunt, et minus membrum facere corpus Christi (...)
Nolite ergo vosmet ipsos, cum sitis membra Christi, spargere ab
ecclesia, cum non coadunamini ; Christum enim caput habentes secundum
promissionem ipsius præsentem et communicantem vobis, nolite ipsi
vos neglegere nec alienare salvatorem a membris suis nec scindere nec
spargere corpus eius (...)” : (« Dans
ton enseignement, invite et exhorte le peuple à être assidu à
l’assemblée ecclésiale, à ne pas la déserter tout à fait, mais
à se rassembler toujours, à ne pas restreindre l’assemblée
ecclésiale, quand ils s’y dérobent et à ne pas enlever un membre
au Corps du Christ (...) Refusez donc, alors que vous êtes membres
du Christ, de vous disperser vous-mêmes loin de l’assemblée
ecclésiale, lorsque vous n’êtes pas réunis ; ayant, en effet, le
Christ tête, selon sa promesse, présent et communicant avec vous,
refusez vous-mêmes de négliger et d’éloigner le sauveur de ses
membres, de diviser et de disperser son corps (...) ») : édité par
F. X. Funk, vol. n° 1 p. 170 ;
S. Paul VI, Allocutio iis
qui ex italico clero interfuerunt Cœtui XIII per hebdomadam habito
Urbiveti v. “di aggiornamento pastorale”, 6 septembre 1963 :
Acta Apostolicæ Sedis, n° 55 (1963), pp. 750 et suiv. : « Ed
ecco che questo riferimento alla comunione di spirito che Ci unisce
alla grande schiera di Sacerdoti, impegnati nella cura d’anime, Ci
fa concludere queste Nostre parole con un accenno al tema trattato
durante la vostra Settimana di aggiornamento pastorale, e cioè al
tema sull’«Eucaristia e la comunità cristiana», per augurare che
la vostra riflessione su argomento di tanta ricchezza dottrinale e
spirituale abbia a continuare nell’esercizio del vostro ministero,
a conferma della convinzione che nessuna altra azione ne realizza la
pienezza di grazia e l’efficacia pastorale quanto la celebrazione
del divin Sacrificio, nella quale, da un lato, la sovrumana potestà
dell’ordine rende realmente presente, in forma sacramentale,
l’umanità reale di Cristo, Capo di tutto il Corpo mistico e delle
singole comunità locali, e dall’altro la missione pastorale, che è
affidata al Sacerdote in cura d’anime, è obbligata a rendere
realmente presente, in forma comunitaria, il Corpo mistico di Cristo,
che è la Chiesa. » (« Et
voici que cette mention de la
communion d'esprit qui nous unit à la grande foule des
Prêtres,
engagés dans le soin des âmes, nous
mène à conclure Notre
intervention par une allusion au thème traité lors de votre Semaine
de mise à jour pastorale, à savoir le thème “L’Eucharistie
et la communauté chrétienne”,
pour
souhaiter que votre réflexion au
sujet de tant de richesses
doctrinales et spirituelles se poursuive dans l'exercice de votre
ministère, confirmant ainsi la conviction selon
laquelle aucune autre action
ne réalise la
plénitude de grâce et l'efficacité pastorale que
celle de la célébration du
divin Sacrifice,
dans laquelle, d'une part, le pouvoir surhumain de l'Ordre
rend réellement présente
sous la forme sacramentelle, l’humanité
réelle du
Christ, Tête
de tout le Corps
mystique et de chaque
communauté locale, et
d'autre part, la mission pastorale, confiée au Prêtre
pour le soin
des âmes, est obligée de rendre
réellement présent, sous la forme communautaire, le Corps mystique
du Christ, qui est l’Église. »)
n.
7 :
“Presbyteri omnes, una
cum Episcopis, unum idemque sacerdotium et ministerium Christi ita
participant, ut ipsa unitas consecrationis missionisque requirat
hierarchicam eorum communionem cum Ordine Episcoporum [55], quam
optime aliquando in liturgica concelebratione manifestant, et cum
quibus coniuncti profitentur se Eucharisticam Synaxim celebrare [56].
(…)”
« Tous les Prêtres
[Presbyteri], de
concert avec les Évêques, participent ainsi à l’unique et même
sacerdoce et ministère du Christ de telle sorte que l’unité même
de la consécration et de la mission réclame leur communion
hiérarchique avec l’Ordre des évêques [55] qu’ils manifestent
de manière excellente, quelques fois dans la concélébration
liturgique, et lorsqu’ils professent célébrer en
union avec
eux l’Assemblée liturgique [Synaxim]
Eucharistique [56]. »
Notes :
[55]
Cf. Concile Œcuménique du Vatican II, Constitution dogmatique “de
Ecclesia” [« Sur l'Église »],
Lumen gentium,
n. 28 : Acta Apostolicæ
Sedis,
n° 57 (1965), p. 35.
[56]
Cf. Constitution
Ecclesiasticam Apostolorum,
18
: “Presbyteri
sunt symmystai et synepimachoi Episcoporum”
(Th. schermann, Die allgemeine
Kirchenordnung, I, Paderborn,
1914, p. 26 ; A. Harnack, Texte
und Untersuchungen zur Geschichte der altchristlichen Literatur,
II, 4, p. 13, n. 18 et 19. – Pseudo-Jérôme, Des
sept Ordres de l’Église :
“in
benedictione cum episcopis consortes mysteriorum sunt”
(A. W. Kalff, Würzburg, 1937, p. 45). – Saint Isidore de Séville,
Des fonctions ecclésiastiques,
chapitre 7
: « Ils sont à la tête de l’Église du Christ ; pour faire
l’Eucharistie, ils sont associés aux évêques, de même que dans
l’enseignement du peuple et la fonction de prédication » (J.-P.
Migne, Patrologie
Latina,
t. 83, col.
787).
n.
8 :
“(…) Cum ceteris ergo
membris huius Presbyterii, unusquisque specialibus apostolicæ
caritatis, ministerii et fraternitatis nexibus coniungitur: quod iam
ab antiquis temporibus liturgice significatur, cum Presbyteri
adstantes super novum electum, simul cum Episcopo ordinante, manus
imponere invitentur, et cum Sacram Eucharistiam unanimo corde
concelebrant. (…) ”
« (…) Par conséquent,
chacun [des Prêtres] est uni avec les autres membres de cet Ordre
des Prêtres [Presbyterii]
par des liens spéciaux de charité apostolique, de ministère
et de fraternité : c’est ce qui est signifié liturgiquement, dès
les temps antiques, lorsque les Prêtres [Presbyteri]
présents sont invités, ensemble avec l’évêque qui
ordonne, à imposer les mains sur le nouvel élu et lorsqu’ils
concélèbrent, d’un cœur unanime, la Sainte Eucharistie. (...) »
n.
13 :
“Ut Sacrorum ministri,
præsertim in Sacrificio Missæ, Presbyteri personam specialiter
gerunt Christi, qui seipsum ad sanctificandos homines victimam dedit;
ideoque invitantur ut quod tractant imitentur, quatenus mortis
Dominicæ mysterium celebrantes, membra sua a vitiis et
concupiscentiis mortificare procurent [104]. In mysterio Sacrificii
Eucharistici, in quo munus suum præcipuum sacerdotes adimplent, opus
nostræ redemptionis continuo exercetur [105], et ideo enixe
commendatur eius celebratio cotidiana, quæ quidem etiam si præsentia
fidelium haberi non possit, actus est Christi et Ecclesiæ [106].
Ita, dum Presbyteri cum actu Christi Sacerdotis se coniungunt,
cotidie se totos Deo offerunt, et, dum Corpore Christi nutriuntur, ex
corde participant Eius caritatem qui se in cibum dat fidelibus.”
« En tant que ministres
des rites sacrés, [et] surtout dans le Sacrifice de la Messe, les
Prêtres [Presbyteri]
tiennent spécialement le rôle du Christ, qui s’est offert
lui-même comme victime pour sanctifier les hommes ; et, par
conséquent, ils sont invités à imiter ce dont ils ont soin, en ce
sens que, célébrant le mystère de la mort du Seigneur, ils doivent
s’occuper de faire mourir en leurs membres les vices et les
convoitises [104]. Dans le mystère du Sacrifice Eucharistique, en
lequel les prêtres remplissent leur charge particulière, l’œuvre
de notre rédemption est réalisée continuellement [105], et c’est
pourquoi leur très vivement recommandée la célébration
quotidienne qui, même si la présence des fidèles ne peut être
réalisée, est l’action du Christ et de l’Église [106]. Ainsi,
tandis que les Prêtres [Presbyteri]
s’unissent à l’action du Christ Prêtre [Sacerdotis],
ils s’offrent chaque jour totalement à Dieu ; et,
tandis qu’ils sont nourris
du Corps du Christ, ils participent, par
le cœur, à Sa charité qui se donne en nourriture aux
fidèles. »
n.
14 :
“(…) Hæc quidem
pastoralis caritas [114] maxime profluit a Sacrificio Eucharistico,
quod ideo centrum et radix totius vitæ Presbyteri exstat, ita ut
quod in sacrificali ara agitur, sacerdotalis animus in se referre
studeat. (…).”
« (…) Or, cette
charité pastorale [114] découle surtout du Sacrifice Eucharistique
qui apparaît, par conséquent, comme le centre et la racine de toute
la vie du Prêtre [Presbyteri], de telle sorte que ce qui est
fait sur l’autel [ara] sacrificiel, l’esprit sacerdotal
cherche à l’inscrire en lui. (...) »
Note :
[114] “Sit amoris officium
pascere dominicum gregem” [Que l’office de l’amour soit de
paître le troupeau du Seigneur] : S. Augustin d’Hippone, Traité
sur S. Jean, 123, 5 : J.-P. Migne, Patrologie Latina,
t. 35, col. 1967.
Svitozar Nenyuk, Jesus-Christ, Alpha and Omega |
n.
9 :
“(…) Per verbum
prædicationis et per celebrationem sacramentorum, quorum centrum et
culmen est Sanctissima Eucharistia, Christum salutis auctorem
præsentem reddit. (…)”
« Par la parole de
prédication et par la célébration des sacrements dont le centre et
le sommet est la Très sainte Eucharistie, [l’activité
missionnaire] rend présent le Christ, l’auteur du salut. (...) »
n. 14 :
“(...) Deinde per
initiationis christianæ sacramenta liberati a potestate
tenebrarum,[76] Christo commortui, consepulti et conresuscitati [77],
Spiritum accipiunt [78] adoptionis filiorum, et memoriale mortis et
resurrectionis Domini cum cuncto Populo Dei celebrant.”
« Ensuite, délivrés de
la puissance des ténèbres par les sacrements de l’initiation
chrétienne [76], morts, ensevelis et ressuscités avec le Christ
[77], ils reçoivent l’Esprit [78] d’adoption des fils et
célèbrent avec tout le Peuple de Dieu le mémorial de la mort et de
la résurrection du Seigneur. »
Notes :
[76] Cf. Colossiens 1,13. Sur
cette libération de l’esclavage du démon et des ténèbres dans
l’Évangile, cf. Matthieu. 12,28 ; Jean 8,44 ; 12,31 (cf. 1 Jean
3,8 ; Éphésiens 2,1-2). Dans la « Liturgie du Baptême »,
cf. Rituel Romain.
[77] Cf. Romains 6,4-11 ;
Colossiens 2,12-13 ; 1 Pierre 3,21-22 ; Marc 16,16.
[78] Cf. 1 Thessaloniciens
3,5-7 ; Actes 8,14-17.
n. 15 :
“(…) ipsa enim
sacrificio eucharistico incessanter cum Christo ad Patrem transit
[84], (…).”
« (…) en effet, [la
communauté chrétienne elle-même, par le sacrifice eucharistique,
passe incessamment au Père avec le Christ [84], (…). »
Note :
[84] Concile Œcuménique du
Vatican II, Constitution “De
Ecclesia” [« Sur l'Église »], Lumen gentium, nn. 10,
11, 34 : Acta Apostolicæ Sedis
n° 57 (1965), pp. 10-17, 39-40.
n. 39 :
“Presbyteri personam
Christi gerunt et cooperatores sunt ordinis episcopalis, in triplici
sacro munere quod natura sua ad missionem Ecclesiæ spectat [164].
(…) Cum autem per proprium suum ministerium quod præcipue
in Eucharistia, quæ Ecclesiam perficit, consistit cum Christo Capite
communicent et alios ad hanc communionem adducant (…).”
« Les Prêtres
[Presbyteri] tiennent le rôle
du Christ et sont les coopérateurs de l’ordre épiscopal de par la
triple charge sacrée qui, par sa nature, concerne la mission de
l’Église [164]. (…) Puisque, par leur ministère propre qui
consiste surtout dans l’Eucharistie, laquelle donne à l’Église
son accomplissement, ils sont en communion avec le Christ Tête et
amènent les autres vers cette communion, (…). »
Note :
[84]
Concile Œcuménique du
Vatican II, Constitution “De Ecclesia” [« Sur l'Église
»], Lumen gentium,
n. 28
: Acta Apostolicæ Sedis
n° 57 (1965), p. 34.
Sacrée
Congrégation des Rites, Instruction Eucharisticum mysterium,
25 mai 1967, nn. 3, 6 : Acta
Apostolicæ Sedis n°
59 (1967), pp. 542, 544-545 :
n.
3 :
“(…)
e) Celebratio Eucharistiæ in Missæ sacrificio vere est origo et
finis cultus qui eidem extra Missam exhibetur. Non solum enim sacræ
Species quæ post Missam manent ex ipsa derivantur, sed insuper in
eum præcipuum finem post Missam servantur, ut fideles, qui Missæ
interesse non possunt, per communionem sacramentalem, rectis
dispositionibus susceptam, Christo eiusque sacrificio, quod in Missa
celebratur, uniantur [18]. Quare ipsum Sacrificium eucharisticum
totius cultus Ecclesiæ totiusque vitæ christianæ fons et culmen
est [19]. Hoc Sacrificium gratiarum actionis, propitiationis,
impetrationis et laudis fideles plenius participant quando non solum
sacram Victimam atque in ea seipsos Patri ex toto corde cum sacerdote
offerunt, sed etiam eandem Victimam in sacramento recipiunt. (…).
« (…) e) La
célébration de l’Eucharistie [=Eucharistie-sacrement] dans le
sacrifice de la Messe est vraiment la source et la fin du culte qui
lui est rendu en dehors de la Messe. En effet, non seulement les
saintes Espèces qui demeurent après la Messe sont dérivées de
celle-ci, mais, en outre, elles sont conservés après la Messe à
cette fin particulière que les fidèles qui ne peuvent être
présents à la Messe soient unis, par la communion sacramentelle
reçue dans de bonnes dispositions, au Christ et à son sacrifice
célébré à la Messe [18]. C’est pourquoi le Sacrifice
eucharistique lui-même est la source et le sommet de tout le culte
de l’Église et de toute la vie chrétienne [19]. À ce Sacrifice
d’action de grâce, de propitiation, d’impétration, et de
louange, les fidèles participent complètement lorsque, non
seulement, ils offrent avec le prêtre au Père la sainte Victime et
en Elle, s’offrent eux-mêmes de tout cœur, mais également,
lorsqu’ils reçoivent cette même Victime dans le sacrement. (…).
Notes :
[18] Cf. n. 49 de cette
Instruction.
[19] Cf. Concile Œcuménique
du Vatican II, Constitution
“De Ecclesia” [« Sur l'Église »], Lumen
gentium, n. 11 ; Constitution
“de sacra Liturgia” [« Sur la sainte Liturgie »],
n. 41 ; Décret “de Presbyterorum ministerio et vita” [« Sur
le ministère et la vie des Prêtres »], Presbyterorum
ordinis, nn. 2, 5, 6 ; Décret “de Œcumenismo” [« Sur
l'Œcuménisme »], Unitatis redintegratio, n. 15.
n.
6 :
“Mysterium
eucharisticum centrum totius vitæ Ecclesiæ. Catechesis
de mysterio eucharistico eo tendat oportet ut fidelibus inculcet
celebrationem Eucharistiæ vere centrum esse totius christianæ vitæ
cum pro universa Ecclesia tum pro eiusdem Ecclesiæ congregationibus
localibus. Nam ‘cetera sacramenta, sicut et omnia ecclesiastica
ministeria, et opera apostolatus, cum sacra Eucharistia cohærent et
ad eam ordinantur. In sanctissima enim Eucharistia totum bonum
spirituale Ecclesiæ continetur, ipse scilicet Christus, Pascha
nostrum panisque vivus per carnem suam Spiritu Sancto vivi-ficatam et
vivificantem vitam præstans hominibus, qui ita invitantur et
adducuntur ad seipsos, suos labores cunctasque res creatas una cum
ipso offerendos’ [28]. Communio vitæ divinæ et unitas populi Dei,
quibus Ecclesia subsistit, Eucharistia apte significatur et
mirabiliter efficitur [29]. In ea culmen habetur et actionis qua Deus
in Christo mundum sanctificat et cultus quem homines Christo et per
ipsum Patri in Spiritu Sancto exhibent [30] ; eiusque celebratio
‘summe eo confert ut fideles vivendo exprimant et aliis manifestent
mysterium Christi et genuinam veræ Ecclesiæ naturam’ [31].”
« Le mystère
eucharistique, centre de toute la vie de l’Église. Il
faut que la catéchèse concernant le mystère eucharistique vise à
inculquer aux fidèles que la célébration de l’Eucharistie est
vraiment le centre de toute la vie chrétienne, tant pour l’Église
universelle que pour les assemblées locales de la même Église. Car
“les autres sacrements, comme tous les ministères ecclésiastiques
et les œuvres apostoliques, sont liés à la sainte Eucharistie et
ordonnés à elle. En effet, dans la très sainte Eucharistie est
contenu tout le bien spirituel de l’Église, à savoir le Christ
Lui-même, notre Pâque et pain vivant, procurant, par sa Chair
vivifiée et vivifiante par le Saint Esprit, la vie aux hommes qui
sont invités et conduits à s’offrir eux-mêmes, de concert avec
Lui, ainsi que leurs labeurs, et toutes les choses créées [28].”
La communion à la vie divine et l’unité du peuple de Dieu, par
lesquels l’Église subsiste, sont signifiées de façon appropriée
et réalisées de manière admirable par l’Eucharistie [29]. En
elle se trouve le sommet et de l’action par laquelle Dieu, dans le
Christ, sanctifie le monde, et du culte que les hommes rendent au
Christ et par Lui au Père dans l’Esprit Saint [30] ; et sa
célébration “contribue au plus haut point à ce que les fidèles,
par leur vie, expriment et manifestent aux autres le mystère du
Christ et la nature authentique de la vraie Église” [31] ».
Notes :
[28] Concile Œcuménique du
Vatican II, Décret “de Presbyterorum ministerio et vita” [«
Sur le ministère et la vie des Prêtres »], Presbyterorum
ordinis, n. 5.
[29] Cf. Concile Œcuménique
du Vatican II, Constitution dogmatique “De Ecclesia” [« Sur
l'Église »], Lumen gentium, n. 11 ; Décret “de
œcumenismo”, Unitatis redintegratio, nn. 2, 15.
[30] Cf. Concile Œcuménique
du Vatican II, Constitution “de
sacra Liturgia” [« Sur la sainte Liturgie »], Sacrosanctum
Concilium, n. 10.
[31] Ibid., n. 2 ; cf.
aussi le n. 41.
n. 9
:
“Ad penitiorem
intellegentiam eucharistici mysterii assequendam instruantur fideles
etiam circa modos præcipuos quibus ipse Dominus Ecclesiæ suæ, in
celebrationibus liturgicis, præsens adest [43].
Præsens semper adest in cœtu fidelium in suo nomine congregato
(cfr. Mt. 18,20). Præsens etiam adest in verbo suo, siquidem ipse
loquitur dum sacræ Scripturæ in Ecclesia leguntur. In eucharistico
vero Sacrificio præsens est ‘cum in ministri persona ‘idem nunc
offerens sacerdotum ministerio, qui se ipsum tunc in Cruce obtulit’
[44], tum, ac quidem maxime, sub
speciebus eucharisticis’ [45]. In illo
enim Sacramento, modo singulari, adest totus et integer Christus,
Deus et homo, substantialiter et continenter. Hæc præsentia Christi
sub Speciebus ‘realis dicitur non per exclusionem, quasi aliæ
reales non sint, sed per excellentiam’ [46]”.
« Pour
atteindre une intelligence plus profonde du mystère eucharistique
les fidèles seront instruits des modes particuliers par lesquels le
Seigneur Lui-même est là, présent, à son Église, dans les
célébrations liturgiques [43]. Il est toujours là, présent, dans
l’assemblée des fidèles réunis en son nom (cf. Matthieu 18, 20).
Il est également là, présent, dans sa parole, puisqu’Il parle
Lui-même lorsqu’on on lit dans l’Église les saintes Écritures.
Il est, certes, là, présent dans le Sacrifice eucharistique, “non
seulement dans la personne du ministre, ‘le même qui offre
maintenant par le ministère des prêtres, [étant Celui] qui
s’offrit alors Lui-même sur la croix’ [44] mais encore, au plus
haut degré, sous les espèces eucharistiques” [45]. Dans ce
sacrement, en effet, est présent, d’une façon unique, le Christ
entier et total, Dieu et homme, substantiellement et durablement.
Cette présence du Christ sous les Espèces est dite “réelle non
par exclusion, comme si les autres n’étaient pas réelles mais par
excellence [46]” ».
Notes
:
(43] Cf. Concile Œcuménique
du Vatican II, Constitution
“de sacra
Liturgia” [« Sur la sainte Liturgie »], Sacrosanctum
Concilium n. 7.
[44] Concile Œcuménique de
Trente, session 22, “Doctrina
de sacrosanto Missæ Sacrificio” [« Sur le saint Sacrifice de la
Messe »], chap. 2 : H. J. D. Denzinger, A. Schönmetzer,
Enchiridion symbolorum,
definitionum et declarationum de rebus fidei et morum, 940
(1743).
[45] Cf. Concile Œcuménique
du Vatican II, Constitution
“de sacra
Liturgia” [« Sur la sainte Liturgie »], Sacrosanctum
Concilium. n. 7.
[46] S. Paul VI, Lettre
encyclique Mysterium Fidei : Acta Apostolicæ Sedis n° 57
(1965), p. 764.
S. Paul VI, Sollemnis professio fidei [Profession de foi solennelle], 30 juin 1968, n. 24
Cf.
Acta Apostolicæ Sedis n°
60 (1968), p. 442.
“Nos credimus Missam, quæ
a sacerdote in persona Christi, vi potestatis per sacramentum Ordinis
receptæ, celebratur, quæque ab eo Christi et membrorum eius mystici
Corporis nomine offertur, revera esse Calvariæ Sacrificium, quod
nostris in altaribus sacramentaliter præsens efficitur. Nos
credimus, ut panis et vinum a Domino consecrata in ultima Cena in
eius Corpus eiusque Sanguinem conversa fuerunt, quæ mox pro nobis in
Cruce erant offerenda, ita pariter panem et vinum a sacerdote
consecrata converti in Corpus et Sanguinem Christi, in cælis
gloriose assidentis ; et nos credimus arcanam Domini præsentiam, sub
specie illarum rerum, quæ nostris sensibus eodem quo antea modo
apparere perseverant, veram, realem ac substantialem esse (Cfr.
Dz-Sch. 1651).”
« Nous
croyons que la Messe qui est
célébrée par le prêtre
dans
le rôle
du Christ en vertu du pouvoir reçu par le sacrement de l’Ordre,
et qui est
offerte par lui au nom du Christ et des membres de Son
Corps mystique, est réellement
le Sacrifice
du Calvaire
qui est rendu
sacramentellement présent sur les
autels. Nous croyons que, comme le pain et le vin consacrés par le
Seigneur à la dernière
Cène ont été changés en son Corps et son Sang qui devaient
bientôt être offerts pour
nous sur la Croix,
ainsi, pareillement, le
pain et le vin consacrés par le prêtre sont changés en
le Corps
et le
Sang
du Christ siégeant glorieusement
dans les cieux, et Nous
croyons que la mystérieuse présence du Seigneur, sous l’aspect
de ces choses qui continuent
d’apparaître à nos sens de la même façon qu’auparavant, est
vraie, réelle et substantielle (Cf. H. J. D. Denzinger, A.
Schönmetzer, Enchiridion symbolorum, definitionum et
declarationum de rebus fidei et morum,
n.1651). »
Note :
[39]
Cf. Concile
Œcuménique du Vatican II,
Constitution
“de sacra Liturgia”
[« Sur la sainte Liturgie »],
Sacrosanctum Concilium,
n. 7
S. Jean-Paul II, Lettre
encyclique Ecclesia de Eucharistia,
17 avril 2003.
“11. (…) Cum
Eucharistiam celebrat Ecclesia, mortis et resurrectionis Domini sui
memoriam, hic præcipuus salutis eventus re vera præsens redditur et
'opus nostræ redemptionis exercetur' [11]. Hoc sacrificium ita
funditus afficit generis humani salutem ut Iesus Christus illud
compleverit et ad Patrem redierit tantummodo postquam nobis
instrumentum reliquit ut participes essemus tamquam si ibi præsentes
adfuissemus. Quisque sic christifidelis partem capere potest eiusque
fructus inexhausto percipere. Hæc fides est, ex qua christianæ
generationes per sæcula vixerunt. Hanc fidem Ecclesiæ Magisterium
sine intermissione inculcavit gaudens gratiasque agens de dono
inæstimabili [12]. Rursus cupimus hanc veritatem revocare Nosque
iuxta vos, carissimi Nostri fratres ac sorores, in adoratione adstare
ante Mysterium hoc : Mysterium magnum, misericordiæ Mysterium. Quid
pro nobis amplius facere potuit Iesus? Re vera in Eucharistia amorem
nobis demonstrat qui procedit 'in finem' (cfr Io 13, 1), amorem qui
non novit limitem.
12. Hæc ratio universalis
caritatis ipsius Sacramenti eucharistici innititur ipsis Salvatoris
verbis. Illud enim instituens non tantum dixit 'hoc est corpus meum',
'hic est sanguis meus', sed addidit : 'quod pro vobis datur... qui
pro vobis funditur' (Lc 22, 19-20). Non affirmavit dumtaxat, quod eis
ad comedendum daret atque ad bibendum suum esse corpus suumque
sanguinem, sed eius pariter virtutem sacrificalem patefecit, cum
sacramentali modo suum sacrificium præsens efficeret, quod in Cruce
nonnullis post horis ad omnium salutem perfecturus erat. 'Missa simul
et inseparabiliter sacrificale est memoriale in quo Crucis
perpetuatur Sacrificium, et sacrum convivium Communionis corporis et
sanguinis Domini' [13].
Continenter vivit Ecclesia
de hoc salutifero sacrificio, ad quod non modo per recordationem
fidei plenam accedit, sed etiam in solido quodam tactu quia hoc
Sacrificium revertitur præsens, se dum sacramentali via in omni
communitate perpetuat quæ illud per ministri consecrati offert
manus. Hoc modo hominibus nostri temporis applicat Eucharistia
reconciliationem semel in perpetuum a Christo effectam pro omnium
temporum hominibus. Etenim 'Sacrificium Christi et Sacrificium
Eucharistiæ unum sunt sacrificium' [14]. Efficaciter hoc iam locutus
est sanctus Ioannes Chrysostomus : 'Eundem enim semper offerimus
[Agnum], non nunc aliam, cras aliam ovem, sed semper eandem.
Quamobrem unum est sacrificium propter hanc rationem. [...] Illam
nunc quoque offerimus [hostiam], quæ tunc fuit oblata, quæ non
potest consumi' [15].
Sacrificium Crucis præsens
efficit Missa, non illi adiungitur neque id multiplicat [16]. Quod
repetitur est memorialis celebratio, memorialis demonstratio [17]
ipsius, unde unicum et postremum redimens Christi sacrificium sese in
tempore semper efficax præstat. Sacrificalis Mysterii eucharistici
natura non potest propterea intellegi tamquam res a se stans, longe a
Cruce, vel cum obliqua sola coniunctione cum Calvarii sacrificio.
13. Virtute huius suæ
necessitudinis cum Golgothæ sacrificio Eucharistia sensu proprio
sacrificium est, non tantum quadam universali significatione veluti
si de simplici oblatione Christi tractaretur tamquam spiritalis
fidelibus dati cibi. Nam amoris eius atque obœditionis usque ad
novissimum vitæ momentum (cfr Io 10, 17-18] in primis est donum
Patri ipsius oblatum. Certe donum hoc nobis favet, quin immo,
universo hominum generi (cfr Mt 26, 28 ; Mc 14, 24 ; Lc 22, 20 ; Io
10, 15], attamen donum imprimis ad Patrem : 'Quod quidem sacrificium
Pater suscepit ac vicissim pro eadem plena donatione Filii sui, qui
erat 'factus obœdiens usque ad mortem' (Philp 2, 8), donationem suam
paternam reddidit, nempe donum novæ vitæ immortalis in ipsa
resurrectione' [18].
Suum Ecclesiæ concedens
sacrificium voluit pariter Christus suum facere totius Ecclesiæ
spiritale sacrificium, quæ etiam ut se ipsam cum Christi sacrificio
offerat invitatur. Hoc nos docet, quod ad omnes fideles spectat,
Concilium Vaticanum II : 'Sacrificium eucharisticum, totius vitæ
christianæ fontem et culmen, participantes, divinam Victimam Deo
offerunt atque se ipsos cum Ea' [19].
14. Una cum passione et
morte comprehendit etiam Christi Pascha illius resurrectionem. Hoc
iterat populi acclamatio post consecrationem : Tuam resurrectionem
confitemur. Sacrificium namque eucharisticum non modo in præsentiam
reducit passionis mortisque Salvatoris mysterium, verum etiam
resurrectionis mysterium, suam ubi consummationem attingit
sacrificium. Quatenus vivit resuscitatus, potest se Christus in
Eucharistia 'panem vitæ' (Io 6, 35.48) facere, 'panem vivum' (Io 6,
51). Hoc neophytis sanctus Ambrosius memorat tamquam applicatum vitæ
eorum resurrectionis eventum : 'Si tibi hodie est Christus, tibi
cotidie resurgit' [20]. Sanctus Cyrillus Alexandrinus rursus
inculcabat sanctorum Mysteriorum participationem, quia 'Confessio
vera quædam est atque commemoratio Dominum mortuum esse et revixisse
propter nos, et pro nobis' [21].
15. Sacrificii Christi in
Sancta Missa sacramentalis repræsentatio, quod resurrectione eius
cumulatur, secum singularem quandam præsentiam infert quæ - ut
sermones repetamus Pauli VI - ''realis' dicitur non per exclusionem,
quasi aliæ 'reales' non sint, sed per excellentiam, quia est
substantialis, qua nimirum totus atque integer Christus, Deus et
homo, fit præsens' [22]. Ita etiam semper valida Concilii Tridentini
revocatur doctrina : 'Per consecrationem panis et vini conversionem
fieri totius substantiæ panis in substantiam Corporis Christi,
Domini nostri, et totius substantiæ vini in substantiam Sanguinis
eius. Quæ conversio convenienter et proprie a sancta Catholica
Ecclesia transsubstantiatio est appellata' [23]. Eucharistia re vera
est Mysterium fidei, quod mysterium nostras superat cogitationes
unaque fide percipi potest, quemadmodum patristicæ super hoc divino
Sacramento catecheses meminerunt. Ita hortatur sanctus Cyrillus
Hierosolymitanus : 'Quamobrem ne tamquam nudis et communibus
elementis pani et vino Eucharisticis attende : sunt enim corpus et
sanguis Christi, secundum Domini asseverationem ; nam etiamsi illud
tibi suggerat sensus, fides tamen te certum et firmum efficiat' [24].
Adoro te devote, latens
Deitas concinere cum Doctore Angelico pergemus. Coram hoc amoris
mysterio omnem suam experitur humana ratio finitionem. Facile
intellegitur quomodo sæculorum decursu theologiam ipsam hæc veritas
ad arduos comprehendendi incitaverit conatus. (…)
16. Sacrificii salutaris
efficacitas tum plene attingitur cum excipiendo corpore et sanguine
Domini communicatur. Ex se enim ordinatur eucharisticum sacrificium
ad intimam nostrum credentium coniunctionem cum Christo ipsam per
communionem : Eum enim recipimus qui sese pro nobis obtulit, eius
nempe corpus quod Ipse pro nobis in Cruce tradidit illiusque
sanguinem qui 'pro multis effunditur in remissionem peccatorum' (Mt
26, 28). Eius verba memoria bene tenemus : 'Sicut misit me vivens
Pater, et ego vivo propter Patrem, et qui manducat me, et ipse vivet
propter me' (Io 6, 57). Confirmat nobis Iesus ipse hanc
necessitudinem, ab eo affirmatam cum aliqua similitudine ipsius vitæ
trinitariæ, re vera contingere. Verum est Eucharistia convivium, in
quo se tamquam nutrimentum Christus offert.
Cum prima illa occasione
hunc cibum Iesus nuntiat, audientes obstupescunt et dubitant,
Magistrum simul cogentes ut verborum suorum obiectivam efferat
veritatem : 'Amen, amen dico vobis : nisi manducaveritis carnem Filii
hominis et biberitis eius sanguinem, non habetis vitam in
vobismetipsis' (Io 6, 53). Non de quadam metaphorica agitur alimonia
: 'Caro enim mea verus est cibus, et sanguis meus verus est potus'
(Io 6, 55).
17. Per corporis sui
sanguinisque communionem nobiscum etiam communicat Christus Spiritum
suum. Scribit enim sanctus Ephrem : 'Panem corpus vivum suum vocavit,
quod et se ipso et suo Spiritu implevit. [...] Qui illud ex fide
comedit, Ignem comedit et Spiritum. [...] Accipite et comedite omnes
et edite cum ipso Spiritum Sanctum. Est re vera corpus meum et
quicumque illud comederit sempiternum vivet' [27]. Eucharistica in
epiclesi hoc donum divinum, omnis alterius doni originem, expetit
Ecclesia. Verbi causa in Divina Liturgia sancti Ioannis Chrysostomi
legitur : 'Rogamus, precamur et obsecramus, mitte Spiritum Sanctum in
nos, et in hæc proposita dona [...] ut fiat accipientibus in
vigilantiam animæ, in remissionem peccatorum, in communicationem
Spiritus Sancti' [28]. Et in Missali Romano precatur celebrans :
'Concede, ut qui Corpore et Sanguine Filii tui reficimur, Spiritu
eius Sancto repleti, unus corpus et unum spiritus inveniamur in
Christo' [29]. Dono itaque corporis et sanguinis sui in nobis sui
Spiritus auget Christus donum, iam in baptismate effusum et veluti
'signum' in Confirmationis sacramento præditum.
18. Quam profert post
consecrationem populus acclamatio, peropportune terminatur
eschatologica ipsa visione quæ eucharisticam Celebrationem designat
(cfr 1 Cor 11, 26) : 'donec venias'. Contentio enim est Eucharistia
ad ultimam metam, lætitiæ plenæ pregustatio a Christo prommissæ
(cfr Io 15, 11) ; certo quodam sensu est Paradisi anticipatio,
'futuræ gloriæ pignus' [30]. Omnia enim in Eucharistia fidentem
exprimunt expectationem quæ indicat 'beatam spem et adventum
Salvatoris nostri Iesu Christi' [31]. Qui de Christo se in
Eucharistia nutrit, non debet ultra mortem exspectare ut æternam
recipiat vitam : in terris iam eam possidet, tamquam primitias
plenitudinis venturæ, quæ totum quidem hominem complectetur. Namque
in Eucharistia confirmationem corporeæ resurrectionis sub mundi
finem percipimus : 'Qui manducat meam carnem et bibit meum sanguinem,
habet vitam æternam ; et ego resuscitabo eum in novissimo die' (Io
6, 54). Inde profecto oritur confirmatio hæc resurrectionis futuræ
quod Filii hominis caro, in cibum tradita, corpus ipsius est in statu
glorioso illius resuscitati. Eucharistia sic comparatur, ut ita
dicamus, resurrectionis 'secretum'. Qua de causa recte Ignatius
Antiochenus eucharisticum Panem definivit 'pharmacum immortalitatis,
antidotum eius quod est non mori' [32].
19. Eschatologica contentio
ex Eucharistia ipsa excitata declarat roboratque cum Ecclesia cælesti
communionem. Non casu accidit ut in anaphoris Orientalibus et
eucharisticis precibus Latinis memoria fiat cum veneratione semper
Virginis Mariæ, Matris Dei nostri ac Domini Iesu Christi, angelorum
sanctorumque apostolorum, martyrum gloriosorum omniumque sanctorum.
Hæc Eucharistiæ pars digna quidem videtur quæ maiore in luce
collocetur : Agni enim celebrantes sacrificium, consociamur cum
cælesti 'liturgia', assentientes immensæ illi multitudini quæ
clamat : 'Salus Deo nostro, qui sedet super thronum, et Agno!' (Apc
7, 10). Est re vera Eucharistia quædam cæli apertura quæ in terris
panditur. Gloriæ radius est Hierosolymorum cælestium, qui historiæ
nostræ nubes penetrat lucemque nostrum iactat in iter.
20. Consectarium etiam
magnum eschatologicæ tensionis in Eucharistia insitæ id nempe est
quod impulsionem addit peregrinationi nostræ historicæ atque semen
spei vivacis serit in cotidiana singulorum devotione propriis
officiis. Si enim nos adducit christiana visio ut 'cælos novos' et
'terram novam' respiciamus (cfr Apc 21, 1), hoc non infirmat, sed
potius sensum nostrum officiorum concitat erga præsentem hanc terram
[33]. Ineunte novo millennio vehementer commonere cupimus ut se
christiani plus quam alias obligatos videant ne civitatis suæ
terrestris officia neglegant. Eorum est per Evangelii lucem conferre
ad mundi ædificationem qui cum homine congruat ac Dei consilio plene
respondeat.”
« 11.
(…) Quand l'Église
célèbre l'Eucharistie, mémorial
de la mort et de la résurrection de son Seigneur, cet événement
central du salut est rendu réellement présent et ainsi “s'opère
l'œuvre de notre rédemption”
[11]. Ce sacrifice est tellement décisif pour le salut du genre
humain que Jésus Christ ne l'a accompli et n'est retourné vers le
Père qu'après nous avoir laissé le moyen d'y participer comme si
nous y avions été présents. Tout fidèle peut ainsi y prendre part
et en goûter les fruits d'une manière inépuisable. Telle est la
foi dont les générations chrétiennes ont vécu au long des
siècles.
Cette foi, le Magistère de
l'Église l'a continuellement rappelée avec une joyeuse gratitude
pour ce don inestimable [12].
Je
désire encore une fois redire cette vérité, en me mettant avec
vous, chers frères et sœurs, en adoration devant ce Mystère :
Mystère immense, Mystère de miséricorde. Qu'est-ce que Jésus
pouvait faire de plus pour nous ? Dans l'Eucharistie, Il
nous montre vraiment un amour qui va “jusqu'au
bout”
(cf. Jean
13, 1), un amour qui ne connaît pas de mesure.
12. Cet aspect de charité
universelle du Sacrement eucharistique est fondé sur les paroles
mêmes du Sauveur. En l'instituant, Jésus ne se contenta pas de dire
: “Ceci est mon corps” ,“Ceci est mon sang”, mais Il ajouta
“livré pour vous” et “répandu pour la multitude” (Luc 22,
19-20). Il n'affirma pas seulement que ce qu'Il leur donnait à
manger et à boire était son corps et son sang, mais il en exprima
aussi la valeur sacrificielle, rendant présent de manière
sacramentelle son sacrifice qui s'accomplirait sur la Croix quelques
heures plus tard pour le salut de tous.
“La Messe est à la fois et
inséparablement le mémorial sacrificiel dans lequel se perpétue le
sacrifice de la Croix, et le banquet sacré de la communion au Corps
et au Sang du Seigneur” [13].
L'Église
vit continuellement du sacrifice rédempteur, et elle y accède non
seulement par un simple souvenir plein de foi, mais aussi par un
contact actuel car ce sacrifice se rend présent, se perpétuant
sacramentellement, dans chaque communauté qui l'offre par les mains
du ministre consacré. De cette façon, l'Eucharistie étend aux
hommes d'aujourd'hui la réconciliation obtenue une fois pour toutes
par le Christ pour l'humanité de tous les temps. En effet, « le
sacrifice du Christ et le sacrifice de l'Eucharistie sont un unique
sacrifice” [14]. Saint Jean Chrysostome le disait déjà clairement
: “Nous
offrons toujours le même Agneau, non pas l'un aujourd'hui et un
autre demain, mais toujours le même. Pour cette raison, il n'y a
toujours qu'un seul sacrifice. [...] Maintenant encore, nous offrons
la victime qui fut alors offerte et qui ne se consumera jamais”
[15].
La Messe rend présent le
sacrifice de la Croix, elle ne s'y ajoute pas et elle ne le multiplie
pas [16]. Ce qui se répète, c'est la célébration en mémorial, la
“manifestation en mémorial ” (memorialis demonstratio)
[17] du sacrifice, par laquelle le sacrifice rédempteur du Christ,
unique et définitif, se rend présent dans le temps. La nature
sacrificielle du Mystère eucharistique ne peut donc se comprendre
comme quelque chose qui subsiste en soi, indépendamment de la Croix,
ou en référence seulement indirecte au sacrifice du Calvaire.
13. En vertu de son rapport
étroit avec le sacrifice du Golgotha, l'Eucharistie est un sacrifice
au sens propre, et non seulement au sens générique, comme s'il
s'agissait d'une simple offrande que le Christ fait de lui-même en
nourriture spirituelle pour les fidèles. En effet, le don de Son
amour et de Son obéissance jusqu'au terme de Sa vie (cf. Jean 10,
17-18) est en premier lieu un don à Son Père. C'est assurément un
don en notre faveur, et même en faveur de toute l'humanité (cf.
Matthieu 26, 28 ; Marc 14, 24 ; Luc 22, 20 ; Jean 10, 15), mais c'est
avant tout un don au Père : “Sacrifice que le Père a accepté,
échangeant le don total de Son Fils, qui s'est fait ‘obéissant
jusqu'à la mort’ (Philippiens 2, 8), avec Son propre don paternel,
c'est-à-dire avec le don de la vie nouvelle et immortelle dans la
résurrection” [18].
En donnant son sacrifice à
l'Église, le Christ a voulu également faire sien le sacrifice
spirituel de l'Église, appelée à s'offrir aussi elle-même en même
temps que le sacrifice du Christ. Tel est l'enseignement du Concile
Vatican II concernant tous les fidèles : “Participant au Sacrifice
eucharistique, source et sommet de toute la vie chrétienne, ils
offrent à Dieu la victime divine, et s'offrent eux-mêmes avec elle”
[19].
14. La Pâque du Christ
comprend aussi, avec sa passion et sa mort, sa résurrection, comme
le rappelle l'acclamation du peuple après la consécration : “Nous
célébrons Ta résurrection”. En effet, le Sacrifice eucharistique
rend présent non seulement le mystère de la passion et de la mort
du Sauveur, mais aussi le mystère de la résurrection, dans lequel
le sacrifice trouve son couronnement. C'est en tant que vivant et
ressuscité que le Christ peut, dans l'Eucharistie, se faire “pain
de la vie” (Jean 6, 35. 48), “pain vivant” (Jean 6, 51). Saint
Ambroise le rappelait aux néophytes, en appliquant à leur vie
l'événement de la résurrection : “Si le Christ est à toi
aujourd'hui, Il ressuscite pour toi chaque jour” [20]. Saint
Cyrille d'Alexandrie, quant à lui, soulignait que la participation
aux saints Mystères “est vraiment une confession et un rappel que
le Seigneur est mort et qu'Il est revenu à la vie pour nous et en
notre faveur” [21].
15.
Dans la Messe, la représentation sacramentelle du sacrifice du
Christ couronné par sa résurrection implique une présence tout à
fait spéciale que – pour reprendre les mots de Paul VI – “on
nomme “réelle”, non à titre exclusif, comme si les autres
présences n'étaient pas “réelles”, mais par antonomase parce
qu'elle est substantielle, et que par elle le Christ, Homme-Dieu, se
rend présent tout entier” [22]. Ainsi est proposée de nouveau la
doctrine toujours valable du Concile de Trente : “Par la
consécration du pain et du vin s'opère le changement de toute la
substance du pain en la substance du corps du Christ notre Seigneur
et de toute la substance du vin en la substance de Son
sang ; ce changement, l'Église catholique l'a justement et
exactement appelé transsubstantiation” [23]. L'Eucharistie est
vraiment “mysterium
fidei”, mystère qui
dépasse notre intelligence et qui ne peut être accueilli que dans
la foi, comme l'ont souvent rappelé les catéchèses patristiques
sur ce divin Sacrement. “Ne t'attache donc pas – exhorte saint
Cyrille de Jérusalem – comme à des éléments naturels au pain et
au vin, car ils sont, selon la déclaration du Maître, corps et
sang. C'est, il est vrai, ce que te suggèrent les sens ; mais que la
foi te rassure” [24].
Nous continuerons à chanter
avec le Docteur angélique : “Adoro te devote, latens Deitas
[Je T’adore avec dévotion, Divinité]”. Devant ce mystère
d'amour, la raison humaine fait l'expérience de toute sa finitude.
On voit alors pourquoi, au long des siècles, cette vérité a
conduit la théologie à faire de sérieux efforts de compréhension.
(…)
16. L'efficacité salvifique
du sacrifice se réalise en plénitude dans la communion, quand nous
recevons le corps et le sang du Seigneur. Le Sacrifice eucharistique
tend en soi à notre union intime, à nous fidèles, avec le Christ à
travers la communion : nous le recevons lui-même, Lui qui s'est
offert pour nous, nous recevons son corps, qu'il a livré pour nous
sur la Croix, son sang, qu'il a “répandu pour la multitude, en
rémission des péchés” (Matthieu 26, 28). Rappelons-nous ses
paroles : “De même que le Père, qui est vivant, m'a envoyé, et
que moi je vis par le Père, de même aussi celui qui me mangera
vivra par moi” (Jean 6, 57). C'est Jésus lui-même qui nous
rassure : une telle union, qu'il compare par analogie à celle de la
vie trinitaire, se réalise vraiment. L'Eucharistie est un vrai
banquet, dans lequel le Christ s'offre en nourriture. Quand Jésus
parle pour la première fois de cette nourriture, ses auditeurs
restent stupéfaits et désorientés, obligeant le Maître à
souligner la vérité objective de ses paroles : “Amen, amen, je
vous le dis : si vous ne mangez pas la chair du Fils de l'homme, et
si vous ne buvez pas son sang, vous n'aurez pas la vie en vous”
(Jean 6, 53). Il ne s'agit pas d'un aliment au sens métaphorique :
“Ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie
boisson” (Jean 6, 55).
17. À travers la communion à
son corps et à son sang, le Christ nous communique aussi son Esprit.
Saint Éphrem écrit : “Il appela le pain son corps vivant, il le
remplit de lui-même et de son Esprit. [...] Et celui qui le mange
avec foi mange le Feu et l'Esprit [...]. Prenez-en, mangez-en tous,
et mangez avec lui l'Esprit Saint. C'est vraiment mon corps et celui
qui le mange vivra éternellement” [27]. Dans l'épiclèse
eucharistique, l'Église demande ce Don divin, source de tout autre
don. On lit, par exemple, dans la Divine Liturgie de saint Jean
Chrysostome : “Nous t'invoquons, nous te prions et nous te
supplions : envoie ton Esprit Saint sur nous tous et sur ces dons,
[...] afin que ceux qui y prennent part obtiennent la purification de
l'âme, la rémission des péchés et le don du Saint Esprit” [28].
Et dans le Missel romain le célébrant demande : “Quand nous
serons nourris de son corps et de son sang et remplis de l'Esprit
Saint, accorde-nous d'être un seul corps et un seul esprit dans le
Christ” [29]. Ainsi, par le don de son corps et de son sang, le
Christ fait grandir en nous le don de son Esprit, déjà reçu au
Baptême et offert comme “sceau” dans le sacrement de la
Confirmation.
18. L'acclamation que le
peuple prononce après la consécration se conclut de manière
heureuse en exprimant la dimension eschatologique qui marque la
Célébration eucharistique (cf. 1 Corinthiens 11, 26) : “... Nous
attendons ta venue dans la gloire”. L'Eucharistie est tension vers
le terme, avant- goût de la plénitude de joie promise par le Christ
(cf. Jean 15, 11) ; elle est en un sens l'anticipation du Paradis,
“gage de la gloire future” [30]. Dans l'Eucharistie, tout exprime
cette attente confiante : “Nous espérons le bonheur que tu promets
et l'avènement de Jésus Christ, notre Sauveur” [31]. Celui qui se
nourrit du Christ dans l'Eucharistie n'a pas besoin d'attendre
l'au-delà pour recevoir la vie éternelle : il la possède déjà
sur terre, comme prémices de la plénitude à venir, qui concernera
l'homme dans sa totalité. Dans l'Eucharistie en effet, nous recevons
également la garantie de la résurrection des corps à la fin des
temps : “Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie
éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour” (Jean 6,
54). Cette garantie de la résurrection à venir vient du fait que la
chair du Fils de l'homme, donnée en nourriture, est son corps dans
son état glorieux de Ressuscité. Avec l'Eucharistie, on assimile
pour ainsi dire le “secret” de la résurrection. C'est pourquoi
saint Ignace d'Antioche définit avec justesse le Pain eucharistique
comme “remède d'immortalité, antidote pour ne pas mourir” [32].
19. La tension eschatologique
suscitée dans l'Eucharistie exprime et affermit la communion avec
l'Église du ciel. Ce n'est pas par hasard que, dans les anaphores
orientales ou dans les prières eucharistiques latines, on fait
mémoire avec vénération de Marie, toujours vierge, Mère de notre
Dieu et Seigneur Jésus Christ, des anges, des saints Apôtres, des
glorieux martyrs et de tous les saints. C'est un aspect de
l'Eucharistie qui mérite d'être souligné : en célébrant le
sacrifice de l'Agneau, nous nous unissons à la liturgie céleste,
nous associant à la multitude immense qui s'écrie : “Le salut est
donné par notre Dieu, lui qui siège sur le Trône, et par l'Agneau
!” (Apocalypse 7, 10). L'Eucharistie est vraiment un coin du ciel
qui s'ouvre sur la terre! C'est un rayon de la gloire de la Jérusalem
céleste, qui traverse les nuages de notre histoire et qui illumine
notre chemin.
20. Une autre conséquence
significative de cette tension eschatologique inhérente à
l'Eucharistie provient du fait qu'elle donne une impulsion à notre
marche dans l'histoire, faisant naître un germe de vive espérance
dans le dévouement quotidien de chacun à ses propres tâches. En
effet, si la vision chrétienne porte à regarder vers les “cieux
nouveaux” et la “terre nouvelle” (cf. Apocalypse 21, 1), cela
n'affaiblit pas, mais stimule notre sens de la responsabilité envers
notre terre [33]. Je désire le redire avec force au début du
nouveau millénaire, pour que les chrétiens se sentent plus que
jamais engagés à ne pas faillir aux devoirs de leur citoyenneté
terrestre. Il est de leur devoir de contribuer, à la lumière de
l'Évangile, à construire un monde qui soit à la mesure de l'homme
et qui réponde pleinement au dessein de Dieu. »
Notes :
[11] Concile
Œcuménique du Vatican
II, Constitution
dogmatique “De
Ecclesia” [« Sur l'Église »],
Lumen gentium,
n. 3.
[12] Cf. S.
Paul VI, Profession
de foi (30 juin
1968), n. 24 : Acta
Apostolicæ Sedis
n° 60 (1968), p.
442 ; La
Documentation catholique
65 (1968), col. 1256-1257 ; Jean-Paul II, Lettre
apostolique
Dominicæ Cenæ (24
février 1980), n. 9 : Acta
Apostolicæ Sedis
n° 72 (1980), pp.
142-146 ; La
Documentation catholique
77 (1980), pp. 305-306.
[13] Catéchisme
de l'Église catholique,
n. 1382.
[14] Ibid.,
n. 1367.
[15] Homélie
sur la Lettre aux Hébreux,
17, 3 :Patrologia
Græca,
t. 63, cil.
131.
[16] Cf. Concile
Œcuménique de
Trente, session
22,
“Doctrina
de sacrosanto Missæ Sacrificio” [« Sur le saint Sacrifice de la
Messe »],
ch. 2 : H.
J. D. Denzinger, A. Schönmetzer,
Enchiridion
symbolorum, definitionum et declarationum de rebus fidei et morum,
n.1743
; G. Dumeige, La
Foi catholique, n.
768 : « C'est une seule et même victime, c'est le même qui offre
maintenant par le ministère des prêtres, qui s'est offert lui-même
alors sur la Croix ; seule, la manière d'offrir diffère ».
[17] Vénér.
Pie XII, Lettre
encyclique Mediator
Dei (20 novembre
1947) : Acta
Apostolicæ Sedis
39 (1947), p. 548 ; La
Documentation catholique
45 (1948), col. 216.
[18] S.
Jean-Paul II, Lettre
encyclique Redemptor
hominis (15 mars
1979), n. 20 : Acta
Apostolicæ Sedis
71 (1979), p. 310 ;
La Documentation
catholique 76
(1979), p. 317.
[19] Concile
Œcuménique du Vatican
II, Constitution
dogmatique « De
Ecclesia »,
Lumen gentium,
n. 11.
[20] De
sacramentis, V, 4,
26 : Corpus
Scriptorum Ecclesiasticorum Latinorum
73, 70 ; Sources
Chrétiennes
25bis, p. 135.
[21] Sur
l’Évangile de Jean,
XII, 20 : Patrologia
Græca,
t. 74, cil.
726.
[22] Lettre
encyclique Mysterium
fidei (3 septembre
1965) : Acta
Apostolicæ Sedis
57 (1965), p. 764 ; La
Documentation catholique
62 (1965), col. 1643.
[23] Session 13,
“Decretum de
sacrosancta Eucharistia”,
ch. 4 : H.
J. D. Denzinger, A. Schönmetzer,
Enchiridion
symbolorum, definitionum et declarationum de rebus fidei et morum,
n.1642
; G. Dumeige, La
Foi catholique, n.
739.
[24] Catéchèses
mystagogiques, IV, 6
: Sources
Chrétiennes
n° 126, p. 138.
(…)
[27] Homélie IV pour la
Semaine sainte : CSCO 413 / Syr. 182, 55.
[28] Anaphore.
[29] Prière eucharistique III.
[30] Solennité du Corps et du
Sang du Christ, IIe Vêpres, antienne du Magnificat.
[31] Missel romain, Embolisme
après le Notre Père.
[32] Lettre
aux Éphésiens, 20
: J.-P. Migne,
Patrologia
Latina,
t. 5, col. 661 :
Sources Chrétiennes
n° 10 bis, p. 77.
[33] Cf. Concile Œcuménique
du Vatican II, Constitution pastorale « De
Ecclesia in mundo hujus temporis »,
Gaudium et spes,
n. 39.
Version latine disponible sur
[http://w2.vatican.va/content/john-paul-ii/la/encyclicals/documents/hf_jp-ii_enc_20030417_eccl-de-euch.html],
consultée le 5 septembre 2019.
Version française disponible
sur [http
://w2.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/encyclicals/documents/hf_jp-ii_enc_20030417_eccl-de-euch.html],
consultée le 5 septembre 2019.
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