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jeudi 21 novembre 2019

Les enseignements du Concile sont dans la droite ligne du patrimoine magistèriel de l'Église


Audience publique, le 12 janvier 1966
 
Saint Paul VI - Portrait officiel


Fils et filles bien-aimés !

La vie de l'Église est dominée par le Concile œcuménique, qui s'est achevé en décembre dernier [1965]. Et ce n’est pas seulement le souvenir d’un événement si rare et si important qui doit occuper nos âmes ; la mémoire se réfère à un fait passé ; la mémoire le recueille, l'histoire l'enregistre, la tradition le conserve ; mais tout ce processus concerne un moment fini, un événement passé. Au lieu de cela, le Concile laisse derrière lui quelque chose qui dure et continue d’agir. Le Concile est comme une source d'où coule une rivière ; la source peut être éloignée, le courant de la rivière nous suit. On peut dire que le Concile quitte de lui-même l’Église qui l’a célébré. Le Concile ne nous oblige pas tellement à regarder en arrière vers l’époque de sa célébration ; mais cela nous oblige à regarder l'héritage qu'il nous a laissé, et qui est présent et continuera à l’avenir. Quel est cet héritage ?

L’héritage du Concile est constitué des documents qui ont été promulgués au cours des différentes étapes conclusives de ses discussions et de ses délibérations ; ces documents sont de nature différente ; c'est-à-dire qu'il s'agit de constitutions (quatre), de décrets (neuf) et de déclarations (trois) ; mais tous ensemble, ils forment un corps de doctrines et de lois qui doivent donner à l'Église le renouveau pour lequel le Concile a été promu. Connaître, étudier et appliquer ces documents est le devoir et la chance de la période post-conciliaire.

Il faut faire attention : les enseignements du Concile ne constituent pas un système organique complet de la doctrine catholique ; celle-ci est beaucoup plus étendue, comme tout le monde le sait, et le Concile ne l’a pas remise en question ni modifiée de manière substantielle ; en effet, le Concile la confirme, l’illustre, la défend et la développe par une apologie faisant autorité, pleine de sagesse, de vigueur et de confiance. Et c’est cet aspect doctrinal du Concile, que nous devons d’abord remarquer, pour l’honneur de la Parole de Dieu qui reste claire et éternelle, comme une lumière qui ne s’éteint pas, et pour le confort de nos âmes qui, par la voix franche et solennelle du Concile, découvrent quelle fonction providentielle le Christ a confiée au magistère vivant de l'Église pour garder, défendre et interpréter le « dépôt de la foi » (voir Humani generis, Acta Apostolicae Sedis, 1950, p. 567). Nous ne devons pas détacher les enseignements du Concile du patrimoine doctrinal de l’Église, tant il est bon de voir comment ils s’y intègrent, comment ils sont cohérents et comme ils apportent témoignage, amélioration, explication et application. Alors, même les « nouveautés » doctrinales ou normatives du Concile apparaissent dans leurs justes proportions, ne viennent pas contredire la fidélité de l'Église à sa fonction d’enseignement et acquièrent ce véritable sens qui la fait resplendir d'une lumière supérieure.

Par conséquent, le Concile aide les fidèles, maîtres ou disciples, à surmonter les états d'esprit de déni, d’indifférence, de doute, de subjectivisme, etc. qui sont opposés à la pureté et à la force de la foi. C'est un grand acte du magistère ecclésiastique ; et quiconque adhère au Concile reconnaît et honore en cela le magistère de l'Église ; et telle est la première idée qui a poussé le pape Jean XXIII, de vénérable mémoire, à convoquer le Concile, comme il l’a bien dit lorsqu’il l’a inauguré : “ut iterum magisterium ecclesiasticum... affirmaretur” [« pour que soit affirmé de nouveau le magistère ecclésiastique »] ; « En convoquant cette grande assemblée, notre intention était de réaffirmer le magistère ecclésiastique » (Acta Apostolicae Sedis, 1962, p. 786). « Ce qui compte le plus pour le Concile œcuménique — a-t-il poursuivi — est la chose suivante : que le dépôt sacré de la doctrine chrétienne soit mieux gardé et exposé » ( ibid., p. 790).

Ne serait donc pas dans le vrai ceux qui pensent que le Concile représente un détachement, une rupture ou, comme certains le pensent, une libération par rapport à l'enseignement traditionnel de l'Église, ou qu’il autorise et promeut un conformisme facile vis-à-vis de la mentalité de notre temps, dans ce qu’elle a d’éphémère et de négatif plutôt que dans ce qu’elle a de sûr et de scientifique, ou qu’il permet à quiconque de donner la valeur et l'expression qu’il veut à la vérité de la foi. Le Concile ouvre de nombreux horizons nouveaux aux études bibliques, théologiques et de sciences humaines, nous invite à rechercher et approfondir les sciences religieuses mais ne prive pas la pensée chrétienne de sa rigueur spéculative et ne permet pas que, dans l'enseignement philosophique, théologique et scripturaire de l'Église, pénètrent l'arbitraire, l'incertitude, la servilité, la désolation qui caractérisent de nombreuses formes de la pensée religieuse moderne, lorsqu'elle manque de l'aide du magistère ecclésiastique.

Il y a ceux qui se demandent quelle est l'autorité, la qualification théologique, que le Concile a voulu attribuer à ses enseignements, sachant qu'il a évité de donner des définitions dogmatiques solennelles, engageant l'infaillibilité du magistère ecclésiastique. Et la réponse est connue de ceux qui se souviennent de la déclaration conciliaire du 6 mars 1964, répétée le 16 novembre 1964 : compte tenu du caractère pastoral du Concile, celui-ci a évité de définir, selon le mode extraordinaire, des dogmes dotés de la note d'infaillibilité ; mais il a néanmoins conféré à ses enseignements l'autorité du magistère suprême ordinaire qui doit être accepté docilement et sincèrement par tous les fidèles, conformément à l'esprit du Concile, selon la nature et les objectifs de chaque document.

Nous devons entrer dans l'esprit de ces critères fondamentaux du magistère ecclésiastique et faire grandir, dans nos esprits, la confiance vis-à-vis de l'Église en tant qu’elle conduit sur les chemins sûrs de la foi et de la vie chrétienne. Si cela est fait par de bons catholiques, de braves fils de l'Église et en particulier des spécialistes, des théologiens, des maîtres, des diffuseurs de la Parole de Dieu, non moins que par les étudiants et les chercheurs eux-mêmes de la doctrine authentique née de l'Évangile et professée par l'Église, il faut espérer que la foi, et avec elle la vie chrétienne, mais aussi civile, bénéficieront d’un grand rafraîchissement, celui qui provient de la vérité salvatrice. Parce que « l'Esprit du Concile » veut vraiment être l'Esprit de vérité (Jean 16, 13).

Que notre bénédiction vous aide à comprendre cet Esprit et à le faire vôtre.


Référence

S. Paul VI, Audience publique, 12 janvier 1966, disponible en ligne dans la version italienne sur <https://w2.vatican.va/content/paul-vi/it/audiences/1966/documents/hf_p-vi_aud_19660112.html>, consultée le 21 novembre 2019.

La version française présentée ici est le fait de l'auteur de ce blogue, avec l'aide de Google Traduction.

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