De nos jours, lorsque l'on fait
référence à la morale du Nouveau Testament, on évoque en premier
lieu l'attitude qu'aurait prescrite Jésus-Christ vis-à-vis des
« petit ».
Mais qui sont ces petits ?
L'évangile de Matthieu, dans sa section 18, 1-20, 16, est particulièrement dédié à ce problème (Marc 10, 1-45 en est l'équivalent) .
Tout d'abord, se pose la question de savoir qui est le plus grand dans le Royaume des Cieux et qui y entrera. La réponse est la suivante : entrera dans le Royaume des Cieux celui qui s'abaisse comme un enfant (18, 1-5) et qui représente ainsi le Christ lui-même.
Ensuite, Jésus-Christ associe très visiblement « ces petits » à « qui croient en moi » (18, 6-9). Les petits sont donc ceux qui croient en Jésus-Christ.
Jésus-Christ donne des informations au sujet de ces derniers :
- leurs anges dans les Cieux regardent constamment la face du Père qui est dans les cieux (18, 10). Les petits sont donc en contact direct et permanent avec le Père qui est dans les Cieux.
- le Père qui est dans les Cieux les protège de tout danger et de tout égarement (parabole de la brebis égarée, 18, 12-14).
Vient alors un ensemble de prescriptions de Jésus-Christ liées au péché et au pardon entre frères appartenant à la communauté de l'Église. Jésus-Christ n'évoque plus les petits mais « ton frère », « deux d'entre vous », « mon frère » (18, 15-22).
Le frère, dans cette section, est très visiblement le membre de l'Église : la question en débat est celle de savoir comment se comporter avec le frère qui pèche.
- premièrement, il faut le reprendre de frère à frère, d'homme à homme ;
- deuxièmement, si le frère ne change pas d'attitude, il faut le reprendre de nouveau avec un ou deux témoins ;
- troisièmement, si rien n'y fait, il faut en référer à l'Église toute entière ;
- enfin, si le frère persévère, il faut le traiter comme un païen et un publicain, c'est-à-dire, cesser toute vie communautaire avec lui et le considérer comme une personne à qui il faut de nouveau annoncer l'Évangile.
Cependant Jésus-Christ insiste dans la section 18, 21-35 sur le fait qu'il faut pardonner à son frère autant de fois qu'il est nécessaire.
Quelle que soit la situation, il s'agit de toujours garder espoir et d'être sûr que ce que les frères demandent en étant au moins deux, le Père qui est dans les Cieux l'accorde toujours (18, 19-20).
Dans la section qui suit (19, 1-20-16), est précisé à qui appartient le royaume des Cieux et pourquoi Jésus-Christ donne en exemple les enfants.
En 19, 13-15, en effet, Jésus-Christ réaffirme que « c'est à (…) [ceux qui sont] pareils [aux enfants] qu' appartient le Royaume des Cieux ».
Cette proposition est encadrée par deux autres :
1) la section 19, 3-12 aborde la question de la sexualité : Jésus-Christ prescrit à ses disciples une sexualité réduite au strict minimum :
▪ soit le mariage indissoluble avec une seule épouse, avec la réaffirmation de la condamnation de l'adultère (19, 3-9) ;
▪ soit le renoncement à toute activité sexuelle et à toute descendance, avec l'évocation « des eunuques qui se sont rendus eunuques eux-mêmes à cause du Royaume des Cieux ».
2) la section 19, 16-20, 16 aborde la question du patrimoine, de la parentalité, de la descendance et des positions honorifiques. En effet, il s'agit :
▪ en plus du respect obligatoire des dix commandements, de vendre tout ce que l'on possède et de le donner aux pauvres (19, 21-22) ; d'abandonner sa maison et ses champs (19, 29) ;
▪ d'abandonner ses frères ou sœurs, ses père ou mère (id.) ;
▪ d'abandonner ses enfants (id.) ;
▪ de prendre la dernière place (19, 30).
Il est d'ailleurs toujours temps de se mettre à la suite de Jésus-Christ. La parabole des ouvriers de la dernière heure (20, 1-16) assure que les derniers arrivés bénéficieront du même salaire que les premiers engagés.
Quel est ce salaire ? Il s'agira d'être « assis aussi sur douze trônes pour juger les douze tribus d'Israël ». Ainsi sera redonnée aux disciples, « lors de la Régénération » la place prééminente qu'ils auront volontairement délaissée au préalable, en se faisant derniers.
On comprend donc, par le biais de ces deux sections, pourquoi Jésus-Christ, donne les enfants pour modèles aux disciples qui souhaitent s'assurer l'entrée dans le Royaume des Cieux, « lors de la Régénération ».
En effet, un enfant se trouve, de fait et déjà, dans la situation de celui qui est appelé à devenir « dernier », « petit » :
- un enfant n'a pas encore la sexualité d'un adulte, il n'a donc pas de conjoint légitime ni d'enfants : il est comme un eunuque ; il ne pratique pas de sexualité active : il ne se rend pas coupable d'adultère.
- un enfant n'a pas de patrimoine propre et reçoit tout de ses parents.
- un enfant passe toujours après les adultes et est mis à leur service comme un esclave (ce qui correspond à l'idéal de service prescrit par Jésus-Christ en 20, 25-28), surtout dans la société antique.
Cette section 18, 1-20, 16 permet donc de comprendre qui est le « petit » :
Le « petit » est le disciple du Christ qui a abandonné patrimoine, famille et descendance pour le suivre. Il est aussi celui qui a renoncé à toute sexualité luxuriante pour se contenter perpétuellement d'un seul conjoint ou pour renoncer à tout commerce sexuel et donc à toute descendance.
Le petit est le frère qu'il ne faut jamais scandaliser, c'est-à-dire pousser au péché. Il est le frère qu'il faut reprendre à plusieurs reprises, s'il pèche de son propre chef. S'il se repent, il s'agit de lui pardonner autant de fois qu'il est nécessaire ; s'il ne se repent pas, il faut cesser toute vie communautaire avec lui et le considérer comme une personne à qui il faut de nouveau annoncer l'Évangile.
Mais à quoi est appelé le disciple, le frère, le petit ? La section 20, 17-28 qui suit celle que nous avons étudiée l'explique : il s'agit de « boire la coupe » que Jésus-Christ a bu ; il s'agit de « servir et donner sa vie en rançon pour beaucoup ». Jésus-Christ annonce dans cette section qu'il sera livré, condamné à mort, bafoué, fouetté et crucifié ; puis qu'il ressuscitera. Le disciple doit donc se préparer à être assimilé à l'esclave persécuté. C'est le seul moyen de parvenir à la résurrection. La vocation du martyre est aussi celle du disciple, du frère, du petit.
En 18, 5, Jésus-Christ s'était assimilé celui qui s'est abaissé comme un enfant : « celui qui accueille à cause de mon nom un enfant comme celui-ci, c'est moi qu'il accueille ».
Cela permet de mieux comprendre le principe du Jugement des « nations » qui aura lieu « lorsque le Fils de l'homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui » (Matthieu 25, 31-46).
La discrimination qui sera établie entre les bénis du Père (destinés au Royaume réparé pour eux depuis la fondation du monde) et les maudits (destinés au feu éternel préparé pour le diable et ses anges) dépendra de la façon dont on se sera comporté vis-à-vis des moindres frères de Jésus-Christ (en grec : τούτων τῶν άδελφῶν μου τῶν έλαχίστων, toutôn tôn adelphôn mou tôn elachistôn, littéralement « mes frères les plus petits »).
Or, nous avons démontré que ces frères les plus petits sont les vrais disciples de Jésus-Christ, ceux qui ont suivi en tout point son enseignement en renonçant à toute sexualité luxuriante, à tout patrimoine, à toute famille et descendance, à toute place honorifique ou de commandement et en se faisant serviteur jusqu'au martyr.
Ce que les membres des nations auront fait aux vrais disciples de Jésus-Christ, ils l'auront fait à Jésus-Christ lui-même. Et c'est sur ce critère qu'il seront bénis ou maudits.
Ludolphe le Chartreux, dans La grande vie de Jésus-Christ, trad. par Dom Marie-Prosper Augustin, tome V, C. Dillet, Paris, 1865, p. 322, évoque Saint Augustin qui semble parvenir à la même conclusion :
« Ces chrétiens auxquels Jésus-Christ donne ici le nom de petits, dit saint Augustin (serm. 35, de Verbis Domini), sont ceux qui ont tout quitté pour le suivre ; qui ont distribué tous leurs biens aux pauvres afin de mieux servir le Seigneur ; qui se sont débarrassés de tous les tracas, de toutes les sollicitudes du siècle, pour s'élever plus librement vers les cieux. Ce sont là ceux qui sont véritablement petits. Et pourquoi petits ? Parce qu'ils sont humbles, sans prétention, sans vanité et sans orgueil. Prenez ces petits dans vos mains, soupesez-les et vous verrez qu'ils sont chargés de mérites. »
Dans l'Église catholique actuelle, les seuls baptisés qui sont soumis, à la fois, aux commandements communs et aux conseil évangéliques sont les religieux et les personnes consacrées qui respectent ces mêmes conseils par leurs vœux d'obéissance, de pauvreté et de chasteté.
La conclusion étonnante à laquelle on parvient est donc que le Jugement des nations se fera sur le comportement manifesté à l'égard des religieux et des personnes consacrées !!
Remarque :
Le texte précédent est le fait de l'auteur de ce blog. La version française du Nouveau Testament utilisée est celle du chanoine Osty.
Mais qui sont ces petits ?
L'évangile de Matthieu, dans sa section 18, 1-20, 16, est particulièrement dédié à ce problème (Marc 10, 1-45 en est l'équivalent) .
Tout d'abord, se pose la question de savoir qui est le plus grand dans le Royaume des Cieux et qui y entrera. La réponse est la suivante : entrera dans le Royaume des Cieux celui qui s'abaisse comme un enfant (18, 1-5) et qui représente ainsi le Christ lui-même.
Ensuite, Jésus-Christ associe très visiblement « ces petits » à « qui croient en moi » (18, 6-9). Les petits sont donc ceux qui croient en Jésus-Christ.
Jésus-Christ donne des informations au sujet de ces derniers :
- leurs anges dans les Cieux regardent constamment la face du Père qui est dans les cieux (18, 10). Les petits sont donc en contact direct et permanent avec le Père qui est dans les Cieux.
- le Père qui est dans les Cieux les protège de tout danger et de tout égarement (parabole de la brebis égarée, 18, 12-14).
Vient alors un ensemble de prescriptions de Jésus-Christ liées au péché et au pardon entre frères appartenant à la communauté de l'Église. Jésus-Christ n'évoque plus les petits mais « ton frère », « deux d'entre vous », « mon frère » (18, 15-22).
Le frère, dans cette section, est très visiblement le membre de l'Église : la question en débat est celle de savoir comment se comporter avec le frère qui pèche.
- premièrement, il faut le reprendre de frère à frère, d'homme à homme ;
- deuxièmement, si le frère ne change pas d'attitude, il faut le reprendre de nouveau avec un ou deux témoins ;
- troisièmement, si rien n'y fait, il faut en référer à l'Église toute entière ;
- enfin, si le frère persévère, il faut le traiter comme un païen et un publicain, c'est-à-dire, cesser toute vie communautaire avec lui et le considérer comme une personne à qui il faut de nouveau annoncer l'Évangile.
Cependant Jésus-Christ insiste dans la section 18, 21-35 sur le fait qu'il faut pardonner à son frère autant de fois qu'il est nécessaire.
Quelle que soit la situation, il s'agit de toujours garder espoir et d'être sûr que ce que les frères demandent en étant au moins deux, le Père qui est dans les Cieux l'accorde toujours (18, 19-20).
Dans la section qui suit (19, 1-20-16), est précisé à qui appartient le royaume des Cieux et pourquoi Jésus-Christ donne en exemple les enfants.
En 19, 13-15, en effet, Jésus-Christ réaffirme que « c'est à (…) [ceux qui sont] pareils [aux enfants] qu' appartient le Royaume des Cieux ».
Cette proposition est encadrée par deux autres :
1) la section 19, 3-12 aborde la question de la sexualité : Jésus-Christ prescrit à ses disciples une sexualité réduite au strict minimum :
▪ soit le mariage indissoluble avec une seule épouse, avec la réaffirmation de la condamnation de l'adultère (19, 3-9) ;
▪ soit le renoncement à toute activité sexuelle et à toute descendance, avec l'évocation « des eunuques qui se sont rendus eunuques eux-mêmes à cause du Royaume des Cieux ».
2) la section 19, 16-20, 16 aborde la question du patrimoine, de la parentalité, de la descendance et des positions honorifiques. En effet, il s'agit :
▪ en plus du respect obligatoire des dix commandements, de vendre tout ce que l'on possède et de le donner aux pauvres (19, 21-22) ; d'abandonner sa maison et ses champs (19, 29) ;
▪ d'abandonner ses frères ou sœurs, ses père ou mère (id.) ;
▪ d'abandonner ses enfants (id.) ;
▪ de prendre la dernière place (19, 30).
Il est d'ailleurs toujours temps de se mettre à la suite de Jésus-Christ. La parabole des ouvriers de la dernière heure (20, 1-16) assure que les derniers arrivés bénéficieront du même salaire que les premiers engagés.
Quel est ce salaire ? Il s'agira d'être « assis aussi sur douze trônes pour juger les douze tribus d'Israël ». Ainsi sera redonnée aux disciples, « lors de la Régénération » la place prééminente qu'ils auront volontairement délaissée au préalable, en se faisant derniers.
On comprend donc, par le biais de ces deux sections, pourquoi Jésus-Christ, donne les enfants pour modèles aux disciples qui souhaitent s'assurer l'entrée dans le Royaume des Cieux, « lors de la Régénération ».
En effet, un enfant se trouve, de fait et déjà, dans la situation de celui qui est appelé à devenir « dernier », « petit » :
- un enfant n'a pas encore la sexualité d'un adulte, il n'a donc pas de conjoint légitime ni d'enfants : il est comme un eunuque ; il ne pratique pas de sexualité active : il ne se rend pas coupable d'adultère.
- un enfant n'a pas de patrimoine propre et reçoit tout de ses parents.
- un enfant passe toujours après les adultes et est mis à leur service comme un esclave (ce qui correspond à l'idéal de service prescrit par Jésus-Christ en 20, 25-28), surtout dans la société antique.
Cette section 18, 1-20, 16 permet donc de comprendre qui est le « petit » :
Le « petit » est le disciple du Christ qui a abandonné patrimoine, famille et descendance pour le suivre. Il est aussi celui qui a renoncé à toute sexualité luxuriante pour se contenter perpétuellement d'un seul conjoint ou pour renoncer à tout commerce sexuel et donc à toute descendance.
Le petit est le frère qu'il ne faut jamais scandaliser, c'est-à-dire pousser au péché. Il est le frère qu'il faut reprendre à plusieurs reprises, s'il pèche de son propre chef. S'il se repent, il s'agit de lui pardonner autant de fois qu'il est nécessaire ; s'il ne se repent pas, il faut cesser toute vie communautaire avec lui et le considérer comme une personne à qui il faut de nouveau annoncer l'Évangile.
Mais à quoi est appelé le disciple, le frère, le petit ? La section 20, 17-28 qui suit celle que nous avons étudiée l'explique : il s'agit de « boire la coupe » que Jésus-Christ a bu ; il s'agit de « servir et donner sa vie en rançon pour beaucoup ». Jésus-Christ annonce dans cette section qu'il sera livré, condamné à mort, bafoué, fouetté et crucifié ; puis qu'il ressuscitera. Le disciple doit donc se préparer à être assimilé à l'esclave persécuté. C'est le seul moyen de parvenir à la résurrection. La vocation du martyre est aussi celle du disciple, du frère, du petit.
En 18, 5, Jésus-Christ s'était assimilé celui qui s'est abaissé comme un enfant : « celui qui accueille à cause de mon nom un enfant comme celui-ci, c'est moi qu'il accueille ».
Cela permet de mieux comprendre le principe du Jugement des « nations » qui aura lieu « lorsque le Fils de l'homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui » (Matthieu 25, 31-46).
La discrimination qui sera établie entre les bénis du Père (destinés au Royaume réparé pour eux depuis la fondation du monde) et les maudits (destinés au feu éternel préparé pour le diable et ses anges) dépendra de la façon dont on se sera comporté vis-à-vis des moindres frères de Jésus-Christ (en grec : τούτων τῶν άδελφῶν μου τῶν έλαχίστων, toutôn tôn adelphôn mou tôn elachistôn, littéralement « mes frères les plus petits »).
Or, nous avons démontré que ces frères les plus petits sont les vrais disciples de Jésus-Christ, ceux qui ont suivi en tout point son enseignement en renonçant à toute sexualité luxuriante, à tout patrimoine, à toute famille et descendance, à toute place honorifique ou de commandement et en se faisant serviteur jusqu'au martyr.
Ce que les membres des nations auront fait aux vrais disciples de Jésus-Christ, ils l'auront fait à Jésus-Christ lui-même. Et c'est sur ce critère qu'il seront bénis ou maudits.
Ludolphe le Chartreux, dans La grande vie de Jésus-Christ, trad. par Dom Marie-Prosper Augustin, tome V, C. Dillet, Paris, 1865, p. 322, évoque Saint Augustin qui semble parvenir à la même conclusion :
« Ces chrétiens auxquels Jésus-Christ donne ici le nom de petits, dit saint Augustin (serm. 35, de Verbis Domini), sont ceux qui ont tout quitté pour le suivre ; qui ont distribué tous leurs biens aux pauvres afin de mieux servir le Seigneur ; qui se sont débarrassés de tous les tracas, de toutes les sollicitudes du siècle, pour s'élever plus librement vers les cieux. Ce sont là ceux qui sont véritablement petits. Et pourquoi petits ? Parce qu'ils sont humbles, sans prétention, sans vanité et sans orgueil. Prenez ces petits dans vos mains, soupesez-les et vous verrez qu'ils sont chargés de mérites. »
Dans l'Église catholique actuelle, les seuls baptisés qui sont soumis, à la fois, aux commandements communs et aux conseil évangéliques sont les religieux et les personnes consacrées qui respectent ces mêmes conseils par leurs vœux d'obéissance, de pauvreté et de chasteté.
La conclusion étonnante à laquelle on parvient est donc que le Jugement des nations se fera sur le comportement manifesté à l'égard des religieux et des personnes consacrées !!
Remarque :
Le texte précédent est le fait de l'auteur de ce blog. La version française du Nouveau Testament utilisée est celle du chanoine Osty.