L'amour maternel abusif
est essentiellement captatif. La mère se sert de l'enfant en dépit
d'une façade en apparence désintéressée.
- Elle veut que le
comportement et les sentiments de l'enfant soient conformes à ce
qu'elle attend de lui, c'est-à-dire qu'il vienne :
▪
compenser ses insatisfactions affectives profondes (recours à
l'enfant),
▪
réaliser un idéal manqué car le plus souvent irréalisable,
▪
ou simplement épouser ses idées toutes faites et ses préjugés
sociaux.
- Elle veut la perfection
en tout et des succès qui lui fassent honneur.
- Elle veut, en outre,
des preuves de soumission pour être sûre de ne pas laisser échapper
cet enfant qui sert ses propres desseins. Tout témoignage de
personnalité, toute manifestation timide d'autonomie est une
atteinte portée à son amour maternel.
- La mère abusive veut
enfin des preuves d'amour pour compenser ses insatisfactions
affectives.
La mère abusive est
exigeante, mais elle est aussi inconsciente du caractère anormal de
son amour. C'est presque toujours en toute bonne foi que la tyrannie
affective maternelle entre en jeu. La mère de l'anorexique mentale,
par exemple, tyrannise sa fille sous des manifestations extérieures
d'affection, se déclarant prête à tous les sacrifices pour la
guérir, mais refusant énergiquement une séparation pourtant
indispensable, prétendant que ce serait une erreur et que les
médecins qui la préconisent se trompent. Et tout aussi
inconsciemment, le fille continue de refuser les aliments qui
symbolisent pour elle cet apport affectif de mauvais aloi.
- C'est parmi les femmes
qui n'ont pas accepté leur féminité qu'on trouve le plus grand
nombre de mères tyranniques. Pour des raisons personnelles, elles
n'ont pu devenir pleinement des femmes. N'ayant pu assumer leur
féminité, elles ont tendance à condamner ce qu'elles ne peuvent
avoir, tout en essayant de compenser cette soi-disant infériorité
par des manifestations de puissance et d'autorité, si faciles à
exercer auprès de leurs propres enfants.
- Un autre type assez
fréquent de mère abusive est celui de la mère scrupuleuse à
l'excès. Il s'agit de femmes névrosées, remplies d'anxiété, de
culpabilité inconsciente, qui ne savent que faire pour bien faire,
écrasées par les obligations qu'elles se créent elles-mêmes, qui
s'épuisent et épuisent leur entourage à la recherche d'une
perfection jamais atteinte. Ce sont les mères surprotectrices et
perfectionnistes qui exigent de l'enfant ordre rigoureux, exactitude,
propreté absolue, etc.
La mère possessive aime
trop exclusivement son enfant et le surcharge d'une affection
débordante et trop exigeante, si bien que celui-ci sera fragile et
sans défense face à la vie.
- L'excès de sollicitude
et de marques extérieures d'amour maternel peut aussi masquer
l'indifférence ou l'agressivité, ce dont l'enfant n'est pas dupe.
Les conséquence de
l'amour maternel abusif
L'amour maternel abusif
est captatif. Ne pouvant se mettre à la place de son enfant, la mère
ne peut pas comprendre ni satisfaire correctement ses besoins,
l'aider et l'éclairer. Elle en parviendra pas à saisir les motifs
de ses réactions affectives, de son comportement et agira souvent à
contretemps sur le plan éducatif. La mère qui prétend bien
connaître son enfant et savoir ce qu'il lui faut sait en réalité
ce qui convient à elle-même. En revanche, elle ne comprend pas
grand-chose à son enfant. Elle a tendance à interpréter comme des
offenses dirigées contre elle les erreurs que l'enfant fait sans
malice.
Une mère normale sait
qu'élever son enfant, c'est lui apprendre à se passer d'elle. C'est
précisément ce que redoute et refuse la mère abusive, qui
s'efforce de pérenniser chez lui le bébé qui était entièrement
sous son pouvoir.
L'enfant n'est pas
indifférent aux sentiments affectifs réels de ses parents et y
réagit de différentes façons.
- C'est tout d'abord son
sentiment de culpabilité qui entre en jeu : si quelque chose ne
va pas entre sa mère et lui, celle-ci ne peut en être responsable
puisque, en tant que parent, elle est douée de perfection ; le
coupable ne peut donc être que lui-même.
- L'immaturité affective,
avec ses multiples manifestations infantiles (énurésie, encoprésie,
parler bébé, suçage prolongé du pouce, caprices alimentaires,
turbulences en présence de la mère) a souvent pour cause principale
un amour maternel abusif.
L'avenir de ces enfants
victimes d'une mère abusive dépend de leur personnalité propre.
Beaucoup garderont toute leur vie, sous forme d'un infantilisme
affectif, la marque de cette arriération affective, pour avoir été
trop longtemps freinés dans leur développement par l'amour abusif
de leur mère. Ils seront incapables de couper le cordon ombilical
psychologique.
Référence
Marie-Noël Tardy-Ganry
et Thérèse Durandeau, Les troubles de la personnalité chez
l'adolescent. Comment réagir en tant que parent ?, coll.
Éclairages, Studyparents, 2006, p. 88-90. Les tirets et points de mise en forme sont un ajout de l'auteur de ce blog, destiné à la meilleur compréhension du texte.
Top !
RépondreSupprimeroui top !!
Supprimerune mére abusive peut aussi être très agressive lorsque son enfant ne répond pas à ses attentes. Une agressivité qui se cache sous des arguments éducatifs, et rend impossible la reconnaissance de la personalite de son enfant.
RépondreSupprimerDe son côté , l'enfant tiraillé entre l'amour qu'il lui porte , car elle s'occupe bien de lui, et son désir de lui échapper, le plonge dans un dilemne : si je répond à ses attentes, c'est tout bon mais je suis dépendant , si je n'y repond pas, je suis un mauvais enfant. Or pour grandir, j'ai besoin de m'en séparer...mais si je prends mon autonomie, je perds son amour. Ce paradoxe peut également se traduire par de l'agressivité envers elle, mais aussi les autres femmes.(qui, dans son inconscient, prendraient la place de la mère).Mais ces mères ne voient souvent dans l'agressivité de l'enfant, que le fait de sa personalité , ou, mieux encore (dans sa pathologie), l'image d'elle même.
Se pose alors la question de la place du père...enfin, celle qui lui reste. Non reconnu par la mère abusive, puisque c'est elle qui sait ce qui est bon pour l'enfant, le père aura du mal à s'interposer au risque de mettre à mal le couple. Il est cependant important qu'il "trouve" des arrangements pour créer des espaces de vie à l'enfant. Mais nous sommes là sur une histoire complexe...peut-être arriver à travailler avec un thérapeute familial! C'est pas gagné avec une mère abusive