Oui, en vérité,
- tout ce qu'il
peut y avoir de salutaire au bien en général dans l’État ;
- tout ce qui est utile à protéger
le peuple contre la licence des princes qui ne pourvoient pas
à son bien,
- tout ce qui empêche les empiétements
injustes de l’État sur la commune ou la famille ;
- tout ce qui intéresse l'honneur, la personnalité
humaine et la sauvegarde des droits égaux de chacun,
tout
cela, l’Église catholique en a toujours pris soit l'initiative,
soit le patronage, soit la protection, comme l'attestent les monuments
des âges précédents.
Toujours conséquente avec elle-même,
si d'une part elle repousse une liberté immodérée
qui, pour les individus et les peuples, dégénère
en licence ou en servitude, de l'autre elle embrasse de grand cœur les progrès que chaque jour fait naître, si
vraiment ils contribuent à la prospérité
de cette vie, qui est comme un acheminement vers la vie future
et durable à jamais.
Ainsi donc, dire que l’Église
voit de mauvais œil les formes plus modernes des systèmes
politiques et repousse en bloc toutes les découvertes du
génie contemporain, c'est une calomnie vaine et sans fondement.
Sans doute, elle répudie les opinions malsaines, elle réprouve
le pernicieux penchant à la révolte, et tout particulièrement
cette prédisposition des esprits où perce déjà
la volonté de s'éloigner de Dieu ; mais comme
tout ce qui est vrai ne peut procéder que de Dieu, en tout
ce que les recherches de l'esprit humain découvrent de
vérité, l’Église reconnaît comme une
trace de l'intelligence divine ; et comme il n'y a aucune
vérité naturelle qui infirme la foi aux vérités
divinement révélées, que beaucoup la confirment,
et que toute découverte de la vérité peut
porter à connaître et à louer Dieu lui-même, l’Église accueillera toujours volontiers et avec joie tout
ce qui contribuera à élargir la sphère des
sciences ; et, ainsi qu'elle l'a toujours fait pour les autres
sciences, elle favorisera et encouragera celles qui ont pour objet
l'étude de la nature. En ce genre d'études, l’Église
ne s'oppose à aucune découverte de l'esprit ;
elle voit sans déplaisir tant de recherches qui ont pour
but l'agrément et le bien-être ; et même,
ennemie-née de l'inertie et de la paresse, elle souhaite
grandement que l'exercice et la culture fassent porter au génie
de l'homme des fruits abondants. Elle a des encouragements pour
toute espèce d'arts et d'industries, et en dirigeant par
sa vertu toutes ces recherches vers un but honnête et salutaire,
elle s'applique à empêcher que l'intelligence et
l'industrie de l'homme ne le détournent de Dieu et des
biens célestes.
Référence
Léon XIII, pape catholique romain (1878-1903), Encyclique Immortale Dei, Rome, 1er novembre 1885. (La mise en page est le fait de l'auteur de ce blog).
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