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samedi 28 décembre 2019

L' « esprit du Concile » en matière de langue liturgique, selon Mgr Annibale Bugnini, 1974


Mgr Annibale Bugnini


Pour se faire une idée des présupposés qui ont guidé le travail des réformateurs de la liturgie catholique latine, après le 2d Concile du Vatican, on peut se pencher sur un article de Mgr Annibale Begnini, paru en  1974, « Restaurare la linea “authentica” del Concilio ? » [« Restaurer la ligne “authentique” du Concile »], paru in Sacrée Congragation pour le Culte divin, Notitiæ, n°93-94, mai-juin 1974 (vol. 10, n°5-6), p. 217-221.
 

Mgr Benigni y répondait à ceux qui, critiquant négativement la réforme liturgique, affirmaient que le Concilium (voir plus loin) avait outrepassé les principes définis par le Concile concernant l’usage des langues vivantes dans la liturgie. 

Auparavant, il est bon de préciser qu'Annibale Bugnini (1912-1982) est un prêtre religieux lazariste, ordonné le 26 juillet 1936 et sacré évêque titulaire du diocèse de Diocletiana, le 6 janvier 1972.

À partir de 1946 il fut rédacteur en chef de la revue liturgique Ephemerides liturgicæ et commença à intervenir dans le domaine des études liturgiques spécialisées.

En 1948, le Vénérable Pie XII le nomma Secrétaire de la « Commission pour la Réforme Liturgique », instaurée le 28 juin 1948.

De 1959 à 1962, en vue du 2d Concile du Vatican, le P. Bugnini fut secrétaire de la Commission Préparatoire pour la Liturgie, présidée par le Cardinal Cicogagni. Après l’adoption du schéma préparatoire par le vote du 13 janvier 1962, quelques semaines plus tard, S. Jean XXIII suspendit le P. Bugnini de ses fonctions de Secrétaire de la Commission Préparatoire, sans le reconduire à la Commission conciliaire équivalente. Le Saint Pape lui retira également sa chaire à l’Université du Latran.

Mais le 1er octobre 1963, ouvrant la seconde session du Concile, S. Paul VI, après en avoir fait son théologien personnel, nomma le P. Bugnini à la présidence de la Commission Spéciale pour la Réforme de la Liturgie.

Le P. Bugnini devint ensuite le secrétaire du Consilium ad exsequendam Constitutionem de sacra Liturgia (Conseil pour l'application de la constitution sur la Liturgie sacrée) mis en place par S. Paul VI le 26 février 1964 et présidé, en premier lieu, par le cardinal Lercaro. Ce Conseil était chargé de mettre en œuvre les principes de la réforme liturgique définis par le Concile.

De 1969 jusqu'à 1975, le P. Bugnini fut Secrétaire de la Sacrée Congrégation pour le Culte Divin, dans laquelle le Consilium fut intégré comme « Commission spéciale pour l’application de la réforme liturgique », jusqu'à ce que la Sacrée Congrégation fût réunie, en 1975, à la Congrégation des Sacrements. Le 6 janvier 1972, le P. Bugnini fut nommé évêque titulaire de Diocletiana.

Après 1975, Mgr Bugnini se retira au couvent de San Silvestro. Le 4 janvier 1976, il fut nommé pro-nonce apostolique en Iran. Rentré en Italie pour une opération bénigne, il mourut à l'hôpital, à Rome, le 3 juillet 1982. 
 


Mgr Benigni cite, dans l'article en question, et dans un premier temps, l’article 54 de la Constitution sur la Sainte Liturgie Sacrosanctum Concilium qui est le suivant :

54. Linguae vernaculae in Missis cum populo celebratis congruus locus tribui possit, praesertim in lectionibus et “oratione communi”, ac, pro condicione locorum, etiam in partibus quae ad populum spectant, ad normam art. 36 huius Constitutionis.
 
Provideatur tamen ut christifideles etiam lingua latina partes Ordinarii Missae quae ad ipsos spectant possint simul dicere vel cantare.
 
Sicubi tamen amplior usus linguae vernaculae in Missa opportunus esse videatur, servetur praescriptum art. 40 huius Constitutionis. 


54. Une place convenable pourra être accordée à la langue vernaculaire dans les Messes célébrées avec le concours du peuple, surtout dans les lectures et la « prière commune », et, selon les conditions locales, aussi dans les parties qui concernent le peuple, conformément à l’article 36 de la présente Constitution.
 
Cependant, on veillera à ce que les fidèles chrétiens puissent dire ou chanter ensemble, également en langue latine, les parties de l’Ordinaire de la Messe qui concernent le peuple. 
 
Toutefois, si, quelque part, l’usage plus large de la langue vernaculaire dans la Messe semble opportun, on observera ce qui est prescrit à l’article 40 de la présente Constitution.



L’article se réfère aux autres articles suivants :

36. §1. Linguae latinae usus, salvo particulari iure, in Ritibus latinis servetur.
 
§2. Cum tamen, sive in Missa, sive in Sacramentorum administratione, sive in aliis Liturgiae partibus, haud raro linguae vernaculae usurpatio valde utilis apud populum exsistere possit, amplior locus ipsi tribui valeat, imprimis autem in lectionibus et admonitionibus, in nonnullis orationibus et cantibus, iuxta normas quae de hac re in sequentibus capitibus singillatim statuuntur.
 
§3. Huiusmodi normis servatis, est competentis auctoritatis ecclesiasticae territorialis, de qua in art. 22 § 2, etiam, si casus ferat, consilio habito cum Episcopis finitimarum regionum eiusdem linguae, de usu et modo linguae vernaculae statuere, actis ab Apostolica Sede probatis seu confirmatis.
 
§4. Conversio textus latini in linguam vernaculam in Liturgia adhibenda, a competenti auctoritate ecclesiastica territoriali, de qua supra, approbari debet. 


36. §1. L’usage de la langue latine, sauf droit particulier, sera conservé dans les Rites latins.
 
§2. Cependant, étant donné que, soit dans la Messe, soit dans l’administration des Sacrements, soit dans les autres parties de la Liturgie, l’emploi de la langue vernaculaire peut se montrer souvent grandement utile pour le peuple, une place plus large pourra lui être accorder, surtout dans les lectures et les monitions, dans quelques prières et chants, conformément aux normes qui sont établies à ce sujet dans les chapitres suivants, pour chaque cas.
 
§3. Ces normes étant observées, il revient à l’autorité ecclésiastique territoriale compétente, mentionnée à l’article 22, même, le cas échéant, après avoir délibéré avec les Évêques des régions limitrophes de même langue, de statuer au sujet de l’usage de la langue vernaculaire et de son étendue, en faisant agréer ou confirmer ses actes par le Siège Apostolique.
 
§4. La traduction du texte latin dans la langue vernaculaire, devant être employée dans la Liturgie, doit être approuvée par l’autorité ecclésiastique territoriale compétente dont il est question ci-dessus. 
 
 
40. Cum tamen variis in locis et adiunctis, profundior Liturgiae aptatio urgeat, et ideo difficilior evadat :
 
1) A competenti auctoritate ecclesiastica territoriali, de qua in art. 22 § 2, sedulo et prudenter consideretur quid, hoc in negotio, ex traditionibus ingenioque singulorum populorum opportune in cultum divinum admitti possit. Aptationes, quae utiles vel necessariae existimantur, Apostolicae Sedi proponantur, de ipsius consensu introducendae.
 
2) Ut autem aptatio cum necessaria circumspectione fiat, eidem auctoritati ecclesiasticae territoriali ab Apostolica Sede facultas tribuetur, si casus ferat, ut in quibusdam coetibus ad id aptis et per determinatum tempus necessaria praevia experimenta permittat et dirigat.
 
3) Quia leges liturgicae difficultates speciales, quoad aptationem, praesertim in Missionibus, secum ferre solent, in illis condendis praesto sint viri, in re de qua agitur, periti. 
 
 
40. Cependant, étant donné que, en différents lieux et circonstances, une adaptation plus profonde de la Liturgie est pressante, et que, par conséquent, cela conduit à plus de difficulté :
 
1) L’autorité ecclésiastique territoriale compétente, mentionnée à l’article 22 §2, considérera avec application et prudence ce qui, en ce domaine, peut être à propos d’admettre des traditions et du génie de chaque peuple dans le culte divin. Les adaptations jugées utiles ou nécessaires seront proposées au Siège Apostolique pour être introduites avec son consentement.
 
2) Mais pour que l’adaptation se fasse avec la circonspection nécessaire, faculté sera accordée par le Siège Apostolique à cette autorité ecclésiastique territoriale de permettre et de diriger, le cas échéant, les expériences préalables nécessaires dans certaines assemblées leur étant appropriées et pendant un temps déterminés.
 
3) Parce que les lois liturgiques présentent ordinairement des difficultés spéciales en matière d’adaptation, surtout dans les Missions, on devra, pour les établir, avoir à sa disposition des hommes experts en ce domaine.
 
 
Or, Mgr Benigni affirme : 

Sulla filigrana dello spirito del Concilio più che sulla lettera dell’articolo 54, lavorarono un anno dopo i Padri del « Consilium », per determinare in concreto le parti della Messa che potevano dirsi in volgare. 


C’est sur le filigrane de l’esprit du Concile plus que sur la lettre de l’article 54 que les Pères du « Consilium », ont travaillé un an plus tard, pour déterminer concrètement les parties de la Messe qui pourraient être dites en langue vulgaire.


Il précise, par la suite, ce qu’est, selon lui, cet « esprit du Concile » en matière liturgique :

Aprire i tesori della mensa della parola e della mensa eucaristica al popolo di Dio. Ma che cosa non appartiene nell’azione liturgica al popolo di Dio ? Tutto gli appartiene. Da nulla, infatti, è esclusa la sua attenzione e la sua partecipazione. Nei canti deve partecipare con l’intelligenza e con la voce ; nelle letture con l’ascolto e la comprensione, perché chi parla prima di tutto vuole essere capito ; nelle orazioni e nella preghiera eucaristica deve comprendere, perché ha da ratificare con l’ « Amen » quanto il sacerdote ha compiuto a nome dell’assemblea, ed ha chiesto a Dio. Se perciò il principio della lingua volgare nella liturgia è stato quello di mettere l’assemblea nella condizione di parteciparvi coscientemente, attivamente e fruttuosamente (« scienter, actuose et fructuose », Cost. n. 11), nessuna parte dell’azione sacra si giustifica in una lingua non compresa dal popolo. 


Ouvrir les trésors de la table de la parole et de la table eucharistique au peuple de Dieu. Mais qu'est-ce qui, dans l'action liturgique, n'appartient pas au peuple de Dieu ? Tout lui appartient. En effet, son attention et sa participation ne sont exclues de rien. Dans les chants, il doit participer avec l’intelligence et la voix ; dans les lectures, avec l’écoute et la compréhension, car celui qui parle veut avant tout être compris ; dans les prières et dans la prière eucharistique, il doit comprendre, car il doit ratifier avec l’ « Amen » ce que le prêtre a fait au nom de l'assemblée, et ce qu’il a demandé à Dieu. Si donc le principe de la langue vulgaire dans la liturgie était de mettre l'assemblée en situation de participer consciemment, activement et fructueusement (« scienter, actuose et fructuose », Const. n. 11), aucune partie de l'action sacrée n'est justifiée dans une langue non comprise par le peuple.


Dans la conclusion de l’article, Mgr Bugnini complète d’ailleurs cette description de l’ « esprit du Concile » ou de la « ligne “authentique” du Concile » en matière liturgique :

La liturgia non è più soltanto rubriche o ceremonie : è pastorale, è arte, è teologia, è vita. Non è solo per l’élite, ma per la moltitudine dei fedelo ; non è per appagare l’esteta, ma per alimentare la vita spirituale del popolo di Dio ; non è tanto per il godimento intelletuale di pochi, quanto per edificare nei « piccoli » e negli umili il regno di Dio. Questa sembra l’ »autentica » linea del Concilio. 


La liturgie, [ce n’est] n'est plus seulement des rubriques ou des cérémonies : c’est de la pastorale, c’est de l’art, c’est de la théologie, c’est la vie. Ce n'est pas seulement pour l'élite, mais pour la multitude des fidèles ; ce n'est pas pour satisfaire l'esthète, mais pour nourrir la vie spirituelle du peuple de Dieu ; ce n'est pas tant pour la jouissance intellectuelle de quelques-uns que pour construire le royaume de Dieu chez les « petits » et chez les humbles. [C’est] cela [qui] semble être la ligne « authentique » du Concile.

 
On voit bien que la conservation de l'usage de la langue latine dans les Messes célébrées avec le concours du peuple n’était plus du tout envisagée par les réformateurs de la liturgie latine. Contrairement à la lettre de la Constitution sur la sainte Liturgie, il s’agissait d’étendre l’usage de la langue vernaculaire à toutes les parties de la Messe. Car il fallait absolument que le peuple comprenne tout ce qui se déroule dans l’action sacrée, ce qui semblait impossible aux réformateurs si l’on conservait quelque peu l’usage du latin. Or la Constitution précisait bien que l’on devait veiller « à ce que les fidèles chrétiens puissent dire ou chanter ensemble, également en langue latine, les parties de l’Ordinaire de la Messe qui concernent le peuple. » 

Enfin, concernant le chant grégorien, après avoir souligné que « la Constitution liturgique soutient et défend le chant grégorien », il ajoute :

Bisogna per di riconoscere che quest’azione di conservazione non può né deve impedire la creazione di nuove melodie, di altra musica sul testo volgare. La nota della « universalità », enumerata da S. Pio X tra le carattristiche della musica sacra, acquista in questo caso altre proporzioni e viene posta su basi diverse da quando il latino era unica lingua della liturgia. Se ogni popolo ha la propria lingua, ogni popolo non può non avere la propria musica. La lingua esprime l’anima di un popolo in suoni alfabetici ; la musica lo fa in note. 


Il faut reconnaître que cette action de conservation ne peut et ne doit pas empêcher la création de nouvelles mélodies, d'autres musiques [composées] sur le texte [en langue] vulgaire. La note d’ « universalité », énumérée par saint Pie X parmi les caractéristiques de la musique sacrée, acquiert, dans ce cas, une autre dimension et se place sur des bases différentes puisque le latin était la seule langue de la liturgie. Si chaque peuple a sa propre langue, chaque peuple ne peut manquer d'avoir sa propre musique. La langue exprime l'âme d'un peuple avec des sons alphabétiques ; la musique le fait avec les notes.


On pourra considérer, à tout le moins, que Mgr Benigni n’avait pas pressenti l’immense uniformisation de la culture mondiale qui commençait déjà à poindre dans les années 1960-1970 et qui rendrait sans effet ce souhait que chaque peuple invente une musique sacrée qui convienne à son génie culturel.

De plus, il n'envisageait pas, non plus, la possibilité qu'une autre langue telle que l'anglais, devienne, peu à peu, la langue universelle, et s'apprête à submerger à Dieu ne plaise toutes les langues nationales... L'anglais deviendra-t-elle alors, suivant le principe d'adaptation,  la langue sacrée ?

Remarque: la version française des textes originaux latins et italiens a été revue ou faite par l'auteur de ce blogue.

jeudi 21 novembre 2019

Les enseignements du Concile sont dans la droite ligne du patrimoine magistèriel de l'Église


Audience publique, le 12 janvier 1966
 
Saint Paul VI - Portrait officiel


Fils et filles bien-aimés !

La vie de l'Église est dominée par le Concile œcuménique, qui s'est achevé en décembre dernier [1965]. Et ce n’est pas seulement le souvenir d’un événement si rare et si important qui doit occuper nos âmes ; la mémoire se réfère à un fait passé ; la mémoire le recueille, l'histoire l'enregistre, la tradition le conserve ; mais tout ce processus concerne un moment fini, un événement passé. Au lieu de cela, le Concile laisse derrière lui quelque chose qui dure et continue d’agir. Le Concile est comme une source d'où coule une rivière ; la source peut être éloignée, le courant de la rivière nous suit. On peut dire que le Concile quitte de lui-même l’Église qui l’a célébré. Le Concile ne nous oblige pas tellement à regarder en arrière vers l’époque de sa célébration ; mais cela nous oblige à regarder l'héritage qu'il nous a laissé, et qui est présent et continuera à l’avenir. Quel est cet héritage ?

L’héritage du Concile est constitué des documents qui ont été promulgués au cours des différentes étapes conclusives de ses discussions et de ses délibérations ; ces documents sont de nature différente ; c'est-à-dire qu'il s'agit de constitutions (quatre), de décrets (neuf) et de déclarations (trois) ; mais tous ensemble, ils forment un corps de doctrines et de lois qui doivent donner à l'Église le renouveau pour lequel le Concile a été promu. Connaître, étudier et appliquer ces documents est le devoir et la chance de la période post-conciliaire.

Il faut faire attention : les enseignements du Concile ne constituent pas un système organique complet de la doctrine catholique ; celle-ci est beaucoup plus étendue, comme tout le monde le sait, et le Concile ne l’a pas remise en question ni modifiée de manière substantielle ; en effet, le Concile la confirme, l’illustre, la défend et la développe par une apologie faisant autorité, pleine de sagesse, de vigueur et de confiance. Et c’est cet aspect doctrinal du Concile, que nous devons d’abord remarquer, pour l’honneur de la Parole de Dieu qui reste claire et éternelle, comme une lumière qui ne s’éteint pas, et pour le confort de nos âmes qui, par la voix franche et solennelle du Concile, découvrent quelle fonction providentielle le Christ a confiée au magistère vivant de l'Église pour garder, défendre et interpréter le « dépôt de la foi » (voir Humani generis, Acta Apostolicae Sedis, 1950, p. 567). Nous ne devons pas détacher les enseignements du Concile du patrimoine doctrinal de l’Église, tant il est bon de voir comment ils s’y intègrent, comment ils sont cohérents et comme ils apportent témoignage, amélioration, explication et application. Alors, même les « nouveautés » doctrinales ou normatives du Concile apparaissent dans leurs justes proportions, ne viennent pas contredire la fidélité de l'Église à sa fonction d’enseignement et acquièrent ce véritable sens qui la fait resplendir d'une lumière supérieure.

Par conséquent, le Concile aide les fidèles, maîtres ou disciples, à surmonter les états d'esprit de déni, d’indifférence, de doute, de subjectivisme, etc. qui sont opposés à la pureté et à la force de la foi. C'est un grand acte du magistère ecclésiastique ; et quiconque adhère au Concile reconnaît et honore en cela le magistère de l'Église ; et telle est la première idée qui a poussé le pape Jean XXIII, de vénérable mémoire, à convoquer le Concile, comme il l’a bien dit lorsqu’il l’a inauguré : “ut iterum magisterium ecclesiasticum... affirmaretur” [« pour que soit affirmé de nouveau le magistère ecclésiastique »] ; « En convoquant cette grande assemblée, notre intention était de réaffirmer le magistère ecclésiastique » (Acta Apostolicae Sedis, 1962, p. 786). « Ce qui compte le plus pour le Concile œcuménique — a-t-il poursuivi — est la chose suivante : que le dépôt sacré de la doctrine chrétienne soit mieux gardé et exposé » ( ibid., p. 790).

Ne serait donc pas dans le vrai ceux qui pensent que le Concile représente un détachement, une rupture ou, comme certains le pensent, une libération par rapport à l'enseignement traditionnel de l'Église, ou qu’il autorise et promeut un conformisme facile vis-à-vis de la mentalité de notre temps, dans ce qu’elle a d’éphémère et de négatif plutôt que dans ce qu’elle a de sûr et de scientifique, ou qu’il permet à quiconque de donner la valeur et l'expression qu’il veut à la vérité de la foi. Le Concile ouvre de nombreux horizons nouveaux aux études bibliques, théologiques et de sciences humaines, nous invite à rechercher et approfondir les sciences religieuses mais ne prive pas la pensée chrétienne de sa rigueur spéculative et ne permet pas que, dans l'enseignement philosophique, théologique et scripturaire de l'Église, pénètrent l'arbitraire, l'incertitude, la servilité, la désolation qui caractérisent de nombreuses formes de la pensée religieuse moderne, lorsqu'elle manque de l'aide du magistère ecclésiastique.

Il y a ceux qui se demandent quelle est l'autorité, la qualification théologique, que le Concile a voulu attribuer à ses enseignements, sachant qu'il a évité de donner des définitions dogmatiques solennelles, engageant l'infaillibilité du magistère ecclésiastique. Et la réponse est connue de ceux qui se souviennent de la déclaration conciliaire du 6 mars 1964, répétée le 16 novembre 1964 : compte tenu du caractère pastoral du Concile, celui-ci a évité de définir, selon le mode extraordinaire, des dogmes dotés de la note d'infaillibilité ; mais il a néanmoins conféré à ses enseignements l'autorité du magistère suprême ordinaire qui doit être accepté docilement et sincèrement par tous les fidèles, conformément à l'esprit du Concile, selon la nature et les objectifs de chaque document.

Nous devons entrer dans l'esprit de ces critères fondamentaux du magistère ecclésiastique et faire grandir, dans nos esprits, la confiance vis-à-vis de l'Église en tant qu’elle conduit sur les chemins sûrs de la foi et de la vie chrétienne. Si cela est fait par de bons catholiques, de braves fils de l'Église et en particulier des spécialistes, des théologiens, des maîtres, des diffuseurs de la Parole de Dieu, non moins que par les étudiants et les chercheurs eux-mêmes de la doctrine authentique née de l'Évangile et professée par l'Église, il faut espérer que la foi, et avec elle la vie chrétienne, mais aussi civile, bénéficieront d’un grand rafraîchissement, celui qui provient de la vérité salvatrice. Parce que « l'Esprit du Concile » veut vraiment être l'Esprit de vérité (Jean 16, 13).

Que notre bénédiction vous aide à comprendre cet Esprit et à le faire vôtre.


Référence

S. Paul VI, Audience publique, 12 janvier 1966, disponible en ligne dans la version italienne sur <https://w2.vatican.va/content/paul-vi/it/audiences/1966/documents/hf_p-vi_aud_19660112.html>, consultée le 21 novembre 2019.

La version française présentée ici est le fait de l'auteur de ce blogue, avec l'aide de Google Traduction.

vendredi 1 novembre 2019

Mes brebis ont été dispersées, parce qu’elles n’avaient point de pasteur...



Le Bon Pasteur, Rome, catacombe de Priscille, après 250.


La parole du Seigneur me fut adressée en ces termes :

« Fils de l’homme, prophétise au sujet des pasteurs d’Israël ; prophétise et dis aux pasteurs : “Ainsi parle le Seigneur Dieu :

Malheur aux pasteurs d’Israël qui se paissent eux-mêmes. Est-ce que les pasteurs ne paissent pas leurs troupeaux ?

Vous mangiez le lait, et vous vous vêtiez de la laine ; vous avez tué ce qui était gras, mais vous ne paissiez pas mon troupeau. Vous n’avez pas fortifié ce qui était faible, guéri ce qui était malade, pansé ce qui était blessé ; vous n’avez pas ramené ce qui était égaré, ni cherché ce qui était perdu ; mais vous leur commandiez avec dureté et avec violence.

Mes brebis ont été dispersées, parce qu’elles n’avaient point de pasteur ; elles sont devenues la proie de toutes les bêtes sauvages, et elles ont été dispersées. Mes troupeaux ont erré sur toutes les montagnes et sur toutes les collines élevées ; mes troupeaux ont été dispersés sur toute la face de la terre, et personne ne les cherchait ; personne, dis-je, ne les cherchait.

C’est pourquoi, pasteurs, écoutez la parole du Seigneur :

Par ma vie — dit le Seigneur Dieu — parce que mes troupeaux ont été livrés au pillage, et que mes brebis sont devenues la proie de toutes les bêtes sauvages, faute de pasteur ; car mes pasteurs n’ont point cherché mon troupeau, mais ces pasteurs se paissaient eux-mêmes et ne faisaient pas paître mes troupeaux ; à cause de cela, pasteurs, écoutez la parole du Seigneur.

Ainsi parle le Seigneur Dieu :

Voici, Je viens moi-même à ces pasteurs ; Je reprendrai mon troupeau d’entre leurs mains, et j’empêcherai désormais ces pasteurs de paître le troupeau, et aussi de se paître eux-mêmes ; Je délivrerai mon troupeau de leur bouche, et il ne sera plus leur pâture.

Car ainsi parle le Seigneur Dieu :

Voici, Je chercherai moi-même mes brebis, et Je les visiterai. Comme un pasteur visite son troupeau lorsqu’il se trouve au milieu de ses brebis dispersées, ainsi Je visiterai mes brebis, et Je les délivrerai de tous les lieux où elles avaient été dispersées au jour du nuage et de l’obscurité.

Je les ferai paître dans les pâturages les plus fertiles ; les hautes montagnes d’Israël seront le lieu de leur pâture ; elles s’y reposeront sur les herbes verdoyantes, et elles paîtront sur les montagnes d’Israël en de gras pâturages.

Je ferai moi-même paître mes brebis, et Je les ferai moi-même reposer — dit le Seigneur Dieu. 

Je chercherai ce qui était perdu, Je ramènerai ce qui était égaré, Je panserai ce qui était blessé, Je fortifierai ce qui était faible, et Je conserverai ce qui était gras et fort, et Je les ferai paître avec justice.

Mais vous, mes troupeaux, ...

... ainsi parle le Seigneur Dieu :

Voici, je jugerai entre brebis et brebis, entre béliers et boucs.

N’était-ce pas assez pour vous de paître en de bons pâturages ? Mais vous avez foulé de vos pieds les restes de vos pâturages, et, après avoir bu l’eau très pure, vous avez troublé le reste avec vos pieds. Et mes brebis se nourrissaient de ce que vous aviez foulé aux pieds, et elles buvaient ce que vos pieds avaient troublé.

C’est pourquoi ainsi vous parle le Seigneur Dieu :

Voici, Je jugerai moi-même entre la brebis grasse et la brebis maigre.

Parce que vous heurtiez du côté et de l’épaule, et que vous frappiez de vos cornes toutes les brebis faibles, jusqu’à ce que vous les eussiez dispersées dehors, Je sauverai mon troupeau, et il ne sera plus exposé au pillage, et Je jugerai entre brebis et brebis.

Et Je susciterai sur elles un Pasteur unique pour les paître, David Mon serviteur ; il les fera paître lui-même, et il sera leur Pasteur. Et moi, le Seigneur, Je serai leur Dieu, et Mon serviteur David sera prince au milieu d’elles. Moi, le Seigneur, J’ai parlé.

Je ferai avec elles une alliance de paix, J’exterminerai du pays les bêtes féroces, et ceux qui habitent dans le désert dormiront en sécurité dans les bois. Je les établirai autour de ma colline pour les bénir, Je ferai tomber la pluie en son temps, et ce seront des pluies de bénédiction. L’arbre des champs donnera son fruit, et la terre donnera son produit, et ils seront sans crainte dans le pays ; et ils sauront que Je suis le Seigneur, lorsque j’aurai brisé les chaînes de leur joug et que Je les aurai arrachés de la main de ceux qui les dominaient. Ils ne seront plus la proie des nations, et les bêtes de la terre ne les dévoreront plus ; mais ils habiteront avec confiance, sans aucune crainte. Je leur susciterai un Germe de renom ; ils ne seront plus diminués par la famine dans le pays, et ils ne porteront plus l’opprobre des nations. Et ils sauront que Moi, leur Seigneur Dieu, Je serai avec eux, et qu’ils seront Mon peuple, eux la Maison d’Israël dit le Seigneur Dieu. 

Mais vous, Mes brebis, vous, les brebis de Mon pâturage, vous êtes des hommes, et Moi je suis le Seigneur votre Dieu dit le Seigneur Dieu.” »


Référence : Ézéchiel, chapitre 34, selon La Sainte Bible commentée, d’après la Vulgate et les textes originaux par L. -Cl. Fillion.

samedi 5 octobre 2019

La nature de la Messe dans les textes officiels de l’Église catholique à partir du second Concile du Vatican : Florilège.

Remarque : la version française des textes latins présentés ci-dessus est l'œuvre de l'auteur de ce blogue, à l'exception du dernier texte, celui de S. Jean Paul II, pape, version qui a été tirée du site officiel du Saint-Siège.



Institutio Generalis Missalis Romani [Doctrine générale du Missel romain], 2002.


2. Missæ natura sacrificalis, a Concilio Tridentino, quod universæ traditioni Ecclesiæ congruebat, sollemniter asserta [1], rursus enuntiata est a Concilio Vaticano II, quod circa Missam hæc significantia protulit verba : « Salvator noster in Cena novissima sacrificium eucharisticum Corporis et Sanguinis sui instituit, quo sacrificium crucis in sæcula, donec veniret, perpetuaret, atque adeo Ecclesiæ dilectæ sponsæ memoriale concrederet mortis et resurrectionis suæ » [2].

Quod sic a Concilio docetur, id formulis Missæ continenter exprimitur. Etenim doctrina, quæ hac sententia, iam in antiquo Sacramentario, vulgo Leoniano nuncupato, exstante, presse significatur : « quoties huius hostiæ commemoratio celebratur, opus nostræ redemptionis exercetur » [3], apte accurateque explicatur in Precibus eucharisticis ; in his enim sacerdos, dum anamnesin peragit, ad Deum nomine etiam totius populi conversus, ei gratias persolvit et sacrificium offert vivum et sanctum, oblationem scilicet Ecclesiæ et hostiam, cuius immolatione ipse Deus voluit placari [4], atque orat, ut Corpus et Sanguis Christi sint Patri sacrificium acceptabile et toti mundo salutare [5].

Ita in novo Missali lex orandi Ecclesiæ respondet perenni legi credendi, qua nempe monemur unum et idem esse, excepta diversa offerendi ratione, crucis sacrificium eiusque in Missa sacramentalem renovationem, quam in Cena novissima Christus Dominus instituit Apostolisque faciendam mandavit in sui memoriam, atque proinde Missam simul esse sacrificium laudis, gratiarum actionis, propitiatorium et satisfactorium.

2. La nature sacrificielle de la Messe, solennellement affirmée [1] par le Concile Œcuménique de Trente qui se montrait d’accord avec la tradition toute entière de l’Église, a été de nouveau exposée par le Concile du Vatican II qui a émis, au sujet de la Messe, ces paroles expressives : « Notre Sauveur, à la dernière Cène, la nuit où Il était livré, institua le sacrifice eucharistique de son Corps et de son Sang par lequel Il perpétuait le Sacrifice de la Croix au long des siècles, jusqu’à ce qu’il vînt, et bien plus, confiait à l’Église, son Épouse bien-aimée le mémorial de Sa Mort et de Sa Résurrection » [2].

Ce qui est ainsi enseigné par le Concile est exprimé continuellement par les formules de la Messe. En effet, la doctrine qui est signifiée, avec précision, déjà dans un ancien sacramentaire communément appelé léonien, par cette phrase, : « Chaque fois qu’est célébré le souvenir de cette victime, l’œuvre de notre rédemption est réalisée » [3], est développée de façon appropriée et avec soin dans les Prières eucharistiques ; là, en effet, le prêtre [sacerdos] lorsqu’il accomplit l’anamnèse, tourné vers Dieu, au nom aussi de tout le peuple, s’acquitte envers Lui de la dette de reconnaissance et Lui offre le sacrifice vivant et saint, à savoir l’oblation de l’Église et la victime par l’immolation de laquelle Dieu Lui-même a voulu être apaisé [4] , et il prie pour que le Corps et le Sang du Christ soient un sacrifice agréable au Père et le moyen de salut du monde entier [5].

Ainsi, dans le nouveau Missel, la règle de la prière de l’Église répond à la la règle continuelle de la foi par laquelle nous sommes assurément instruits du fait que sont une seule et même chose le sacrifice de la croix et son renouvellement sacramentel dans la Messe que le Christ Seigneur a institué lors de la dernière Cène et a chargé ses Apôtres de faire en sa mémoire, et que, par conséquent, la Messe est, en même temps, sacrifice de louange [et] d’action de grâce, moyen de propitiation et de satisfaction. »

Notes :

[1] Concile Œcuménique de Trente, session 22, 17 septembre 1562 : H. J. D. Denzinger, A. Schönmetzer, Enchiridion symbolorum, definitionum et declarationum de rebus fidei et morum, n. 1738-1759.

[2] Concile Œcuménique du Vatican II, Constitution “de sacra Liturgia” [« Sur la sainte Liturgie »], Sacrosanctum Concilium, n. 47  ; cf. Constitution dogmatique “de Ecclesia", Lumen gentium, nn. 3, 28  ; Décret « “de Presbyterorum ministerio et vita” [« Sur le ministère et la vie des Prêtres »] », Presbyterorum ordinis, nn. 2, 4, 5.

[3] Messe du soir en la Cène du Seigneur, oraison sur les offrandes. Cf. Sacramentarium Veronense, ed. L.C., Mohlberg, n. 93.

[4] Cf. Prière eucharistique III.

[5] Cf. Prière eucharistique IV.


3. Mirabile etiam mysterium præsentiæ realis Domini sub speciebus eucharisticis, a Concilio Vaticano II [6] aliisque Ecclesiæ Magisterii documentis [7] eodem sensu eademque sententia, quibus Concilium Tridentinum id credendum proposuerat [8], confirmatum, in Missæ celebratione declaratur non solum ipsis verbis consecrationis, quibus Christus per transsubstantiationem præsens redditur, sed etiam sensu et exhibitione summæ reverentiæ et adorationis, quæ in Liturgia eucharistica fieri contingit. Eadem de causa populus christianus adducitur, ut feria V Hebdomadæ sanctæ in Cena Domini, et in sollemnitate Ss.mi Corporis et Sanguinis Christi, hoc admirabile Sacramentum peculiarem in modum excolat adorando.

3. Bien plus, le mystère étonnant de la présence réelle du Seigneur sous les espèces eucharistiques, confirmé par le Concile du Vatican II [6] et les autres documents du Magistère de l’Église [7] dans le même sens et avec la même signification que le Concile Œcuménique de Trente l’avait proposé à croire [8], est mis en lumière dans la célébration de la Messe, non seulement par les paroles mêmes de la consécration, par lesquelles le Christ est rendu présent par transsubstantiation, mais encore par le sentiment et la démonstration de la plus haute déférence et adoration qui sont manifestés dans la Liturgie eucharistique. Pour le même motif, le peuple chrétien est amené à vénérer cet admirable Sacrement d’une manière particulière, en l’adorant, le Jeudi de la Semaine sainte, en la Cène du Seigneur et en la solennité des Très saints Corps et Sang du Christ.

Notes :

[6] Concile Œcuménique du Vatican II, Constitution « “de sacra Liturgia” [« Sur la sainte Liturgie »] », Sacrosanctum Concilium, nn. 7, 47 ; Décret « “de Presbyterorum ministerio et vita” [« Sur le ministère et la vie des Prêtres »] », Presbyterorum ordinis, nn. 5, 18.

[7] Cf. Vénér. Pie XII, Lettre encyclique Humani generis, 12 août 1950 : Acta Apostolicæ Sedis n° 42 (1950), pp. 570-571 ; S. Paul VI, Lettre encyclique Mysterium Fidei, 3 septembre 1965 : Acta Apostolicæ Sedis n° 57 (1965), pp. 762-769 ; Sollemnis Professio Fidei, 30 juin 1968, nn. 24-26 : Acta Apostolicæ Sedis n° 60 (1968), pp. 442-443 ; Sacrée Congrégation des Rites, Instruction Eucharisticum mysterium, 25 mai 1967, nn. 3f, 9 : Acta Apostolicæ Sedis n° 59 (1967), pp. 543, 547.

[8] Cf. Concile Œcuménique de Trente, session 13, 11 octobre 1551 : H. J. D. Denzinger, A. Schönmetzer, Enchiridion symbolorum, definitionum et declarationum de rebus fidei et morum, n. 1635-1661.


4. Natura vero sacerdotii ministerialis, quod episcopi et presbyteri proprium est, qui in persona Christi sacrificium offerunt cœtuique populi sancti præsident, in ipsius ritus forma, e præstantiore loco et munere eiusdem sacerdotis elucet. Huius vero muneris rationes edicuntur et perspicue ac fusius explanantur in gratiarum actione Missæ chrismatis, feria V Hebdomadæ sanctæ ; quo videlicet die institutio sacerdotii commemoratur. In illa enim collatio potestatis sacerdotalis per manuum impositionem facta illustratur ; atque ipsa potestas, singulis officiis recensitis, describitur, quæ est continuatio potestatis Christi, Summi Pontificis Novi Testamenti.

4. En vérité, la nature du sacerdoce ministériel, qui est le propre de l’évêque et du prêtre [presbyteri] qui, dans le rôle du Christ, offrent le sacrifice et dirigent l’assemblée du peuple saint, se manifeste dans la forme du rite lui-même par la place et la charge éminentes de [ce] même prêtre [sacerdotis]. Les caractéristiques de cette charge sont de fait fixées et expliquées très clairement et très abondamment dans l’action de grâces [la Préface] de la Messe chrismale du Jeudi de la Semaine sainte ; car en ce jour est commémorée l’institution du sacerdoce. En effet, en ce texte, est mise en lumière la collation du pouvoir sacerdotal faite par l’imposition des mains ; et y est décrit, passant en revue chacun de ses devoirs, le pouvoir lui-même qui est la continuation du pouvoir du Christ, Souverain Pontife de la Nouvelle Alliance.

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Préface de la Messe chrismale

 Vere dignum et iustum est, æquum et salutáre,
nos tibi semper et ubíque grátias ágere :
Dómine, sancte Pater, omnípotens ætérne Deus :
Qui Unigénitum tuum Sancti Spíritus unctióne
novi et ætérni testaménti constituísti Pontíficem,
et ineffábili dignátus es dispositióne sancíre,
ut únicum eius sacerdótium in Ecclésia servarétur.
Ipse enim non solum regáli sacerdótio
pópulum acquisitiónis exórnat,
sed étiam fratérna hómines éligit bonitáte,
ut sacri sui ministérii fiant mánuum impositióne partícipes.
Qui sacrifícium rénovent,
eius nómine, redemptiónis humánæ,
tuis apparántes fíliis paschále convívium,
et plebem tuam sanctam caritáte prævéniant,
verbo nútriant, refíciant sacraméntis.
Qui, vitam pro te fratrúmque salúte tradéntes,
ad ipsíus Christi nitántur imáginem conformári,
et constánter tibi fidem amorémque testéntur.
Unde et nos, Dómine, cum Angelis et Sanctis univérsis
tibi confitémur, in exsultatióne dicéntes : (...)


Il est vraiment mérité et juste, équitable et salutaire,
que nous te rendions grâces toujours et partout :
Seigneur, Père saint, Dieu tout-puissant éternel :
Toi qui par l’onction du Saint-Esprit, 
a établi ton Fils unique Pontife de l’alliance nouvelle et éternelle,
et qui a trouvé bon de consacrer par une disposition ineffable 
le fait que son unique sacerdoce serait conservé dans l’Église.
En effet, il munit le peuplede [son] acquisition
non seulement du sacerdoce royal,
mais il choisit également des hommes, avec une fraternelle bonté, 
pour qu’ils soient rendus participants, 
par l’imposition des mains, de Son ministère sacré.
Eux qui renouvelleraient, en Son nom, 
le sacrifice de la rédemption humaine,
préparant pour tes fils le festin pascal,
et qui devanceraient ton peuple saint par la charité,
le nourriraient de la parole, le restaureraient par les sacrements.
Eux qui, livrant [leur] vie pour toi et le salut des frères,
s’efforceraient d’être modelés à l’image du Christ lui-même,
et attesteraient, avec constance, de la foi et de l’amour pour toi.
Aussi, Seigneur, avec les Anges et tous les Saints, 
nous te louons, disant, dans un transport de joie : (...)

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16. Celebratio Missæ, ut actio Christi et populi Dei hierarchice ordinati, centrum est totius vitæ christianæ pro Ecclesia tum universa tum locali, ac pro singulis fidelibus [22]. In ea enim culmen habetur et actionis qua Deus in Christo mundum sanctificat, et cultus quem homines exhibent Patri, eum per Christum Dei Filium in Spiritu Sancto adorantes [23]. In ea insuper mysteria redemptionis ita per anni circulum recoluntur, ut quodammodo præsentia reddantur [24]. Ceteræ autem actiones sacræ et omnia opera christianæ vitæ cum ea cohærent, ex ea profluunt et ad eam ordinantur [25].

16. La célébration de la Messe, en tant qu’action du Christ et du peuple de Dieu ordonné hiérarchiquement, est le centre de toute la vie chrétienne pour l’Église tant universelle que locale et pour chacun des fidèles [22]. En elle, en effet, se trouve le sommet, et de l’action par laquelle Dieu, dans le Christ, sanctifie le monde, et du culte que les hommes rendent au Père en l’adorant dans l’Esprit Saint par le Christ Fils de Dieu [23]. En elle, en outre, les mystères de la Rédemption sont passés en revue au cours du cycle annuel, pour être en quelque manière rendus présents [24]. Aussi les autres actions sacrées et toutes les œuvres de la vie chrétienne lui sont liées, en découlent et lui sont ordonnées [25].

Notes :

[22] Cf. Concile Œcuménique du Vatican II, Constitution “de sacra Liturgia” [« Sur la sainte Liturgie »], Sacrosanctum Concilium, n. 41 ; Constitution dogmatique “de Ecclesia” [« Sur l'Église »] [« Sur l’Église »], Lumen gentium, n. 11  ; Décret “de Presbyterorum ministerio et vita” [« Sur le ministère et la vie des Prêtres »], Presbyterorum ordinis, nn. 2, 5, 6  ; Décret « de pastorali Episcoporum munere », Christus Dominus, n. 30  ; Décret “de Œcumenismo” [« Sur l'Œcuménisme »], Unitatis redintegratio », n. 15 ; Sacrée Congrégation des Rites, Instruction Eucharisticum mysterium, 25 mai 1967, nn. 3, 6 : Acta Apostolicæ Sedis59 (1967), pp. 542, 544-545. 

[23] Cf. Concile Œcuménique du Vatican II, Constitution “de sacra Liturgia” [« Sur la sainte Liturgie »], Sacrosanctum Concilium, n. 10.

[24] Cf. ibidem, n. 102.

[25] Cf. Concile Œcuménique du Vatican II, Constitution “de sacra Liturgia” [« Sur la sainte Liturgie »], Sacrosanctum Concilium, n. 10 ; Décret “de Presbyterorum ministerio et vita” [« Sur le ministère et la vie des Prêtres »], Presbyterorum ordinis, n. 5.


17. Maxime proinde interest ut celebratio Missæ seu Cenæ dominicæ ita ordinetur, ut sacri ministri atque fideles, illam pro sua condicione participantes, eos fructus plenius exinde capiant [26], ad quos obtinendos Christus Dominus sacrificium eucharisticum sui Corporis et sui Sanguinis instituit illudque, velut memoriale passionis et resurrectionis suæ, Ecclesiæ dilectæ sponsæ concredidit [27].

17. Ainsi donc, il est de la plus grande importance que la célébration de la Messe ou Cène du Seigneur, soit ordonnée de manière à ce que les ministres sacrés et les fidèles y participant tous selon leur condition, en recueillent complètement les fruits [26] pour l’obtention desquels le Christ Seigneur a institué le sacrifice eucharistique de son Corps et de son Sang, et l’a confié, comme un mémorial de sa passion et de sa résurrection, à l’Église, son épouse bien-aimée [27].

Notes :

[26] Cf. Concile Œcuménique du Vatican II, Constitution “de sacra Liturgia” [« Sur la sainte Liturgie »], Sacrosanctum Concilium, nn. 14, 19, 26, 28, 30.

[27] Cf. ibidem, n. 47.


27. In Missa seu Cena dominica populus Dei in unum convocatur, sacerdote præside personamque Christi gerente, ad memoriale Domini seu sacrificium eucharisticum celebrandum [37]. Quare de huiusmodi sanctæ Ecclesiæ coadunatione locali eminenter valet promissio Christi : « Ubi sunt duo vel tres congregati in nomine meo, ibi sum in medio eorum » (Mt 18, 20). In Missæ enim celebratione, in qua sacrificium crucis perpetuatur [38], Christus realiter præsens adest in ipso cœtu in suo nomine congregato, in persona ministri, in verbo suo, et quidem substantialiter et continenter sub speciebus eucharisticis [39].


27. À la Messe, ou Cène du Seigneur, le peuple de Dieu est convoqué en un seul corps, sous la direction du prêtre tenant le rôle du Christ pour célébrer le mémorial du Seigneur ou sacrifice eucharistique [37]. C’est pourquoi, la promesse du Christ s’applique de façon éminente à cette réunion locale de la sainte Église : « Lorsque deux ou trois sont rassemblés en mon nom, je suis là au milieu d’eux » (Mt 18, 20). En effet, lors de la célébration de la Messe, où se perpétue le sacrifice de la croix [38], le Christ est là réellement présent dans l’assemblée elle-même réunie en son nom, dans la personne du ministre, dans sa parole et aussi, mais substantiellement et durablement, sous les espèces eucharistiques [39].

Notes :

[37] Cf. Concile Œcuménique du Vatican II, Décret “de Presbyterorum ministerio et vita” [« Sur le ministère et la vie des Prêtres »], Presbyterorum ordinis, n. 5 ; Constitution “de sacra Liturgia” [« Sur la sainte Liturgie »] , Sacrosanctum Concilium, n. 33.

[38] Cf. Concile Œcuménique de Trente, session 22, “Doctrina de sacrosanto Missæ Sacrificio” [« Sur le saint Sacrifice de la Messe »], chapitre 1 : H. J. D. Denzinger, A. Schönmetzer, Enchiridion symbolorum, definitionum et declarationum de rebus fidei et morum, n.1740.

[39] Cf. Concile Œcuménique du Vatican II, Constitution “de sacra Liturgia” [« Sur la sainte Liturgie »], Sacrosanctum Concilium, n. 7 ; S. Paul VI, Lettre encyclique Mysterium Fidei, 3 septembre 1965 : Acta Apostolicæ Sedis n° 57 (1965) p. 764  ; Sacrée Congrégation des Rites, Instruction Eucharisticum mysterium, 25 mai 1967, n. 9 : Acta Apostolicæ Sedis n° 59 (1967) p. 547.



Raúl Berzosa Fernández, Jesus, Rey de los Judios.
Église San Pedro en Malaga (Espagne), 2006


Rappel :

Concile Œcuménique de Trente, session 22, “Doctrina de sacrosancto Missæ Sacrificio  [« Doctrine concernant le saint Sacrifice de la Messe »], chapitre 1.

Cf. H. J. D. Denzinger, A. Schönmetzer, Enchiridion symbolorum, definitionum et declarationum de rebus fidei et morum, n. 1740.


Is igitur Deus et Dominus noster, etsi semel seipsum in ara crucis, morte intercedente, Deo Patri oblaturus erat, ut æternam illis (illic) redemptionem operaretur : quia tamen per mortem sacerdotium exstinguendum non erat (Heb 7, 24.27), in Cœna novissima, "qua nocte tradebatur" (1 Cor 11, 23), ut dilectæ sponsæ suæ Ecclesiæ visibile (sicut hominum natura exigit) relinqueret sacrificium, quo cruentum illud semel in cruce peragendum repræsentaretur ejusque memoria in finem usque sæculi permaneret, atque illius salutaris virtus in remissionem eorum, quæ a nobis quotidie commituntur, peccatorum applicaretur : "sacerdotem secundum ordinem Melchisededch se in æternum" (Ps 109, 4  ; He 5, 6  ; He 7, 17) constitutum declarans, corpus et sanguinem suum sub speciebus panis et vini Deo Patri obtulit ac sub earundem rerum symbolis Apostolis (quos tunc Novi Testamenti sacerdotes constituebat), ut sumerent, tradidit, et eisdem eorumque in sacerdotio successoribus, ut offerent, præcipit per hæc verba : "Hoc facite in meam commemorationem", etc. (Lc 22, 19 ; 1 Cor 11, 24), uti semper catholica Ecclesia intellexit et docuit (can. 2.).” 

« Ainsi donc, Lui, notre Dieu et Seigneur, bien qu’Il allât s'offrir Lui-même, par la survenue de [s]a mort, une fois pour toutes à Dieu le Père sur l'autel de la croix (Hébreux 7, 27) afin d’opérer pour eux (là même) une Rédemption éternelle, cependant, parce que le sacerdoce ne devait pas s’éteindre par [sa] mort, (Hébreux 7, 24.27), lors de la dernière Cène, "la nuit où il était livré" (1 Corinthiens 11, 23), afin de laisser à l’Église, son épouse bien-aimée, un sacrifice visible (comme l'exige la nature humaine), par lequel ce sacrifice sanglant devant s'accomplir une fois pour toutes sur la croix serait rendu présent, la mémoire [en] persisterait jusqu'à la fin du monde, et la vertu salutaire [en] serait appliquée pour la rémission de ces péchés que nous commettons chaque jour : proclamant qu’Il est établi prêtre pour toujours selon l'ordre de Melchisédech (Psaumes 110, 4  ; Hébreux 5, 6  ; Hébreux 7, 17), Il offrit à Dieu le Père son Corps et son Sang sous les espèces du pain et du vin et, sous les symboles de ces mêmes choses, Il les remit aux Apôtres (qu'Il établissait alors prêtres de la Nouvelle Alliance) pour qu'ils les prennent, et à ceux-ci ainsi qu'à leurs successeurs dans le sacerdoce, il prescrivit de les offrir par ces paroles : “Faites ceci en rappel de moi” (Luc 22,19  ; 1 Corinthiens 11, 24), etc., comme l'a toujours compris et enseigné l'Église catholique ».



IId Concile Œcuménique du Vatican, Constitution “de sacra Liturgia” [« Sur la sainte Liturgie »] , Sacrosanctum Concilium, 4 décembre 1963.

n. 2 :

Liturgia enim, per quam, maxime in divino Eucharistiæ Sacrificio, "opus nostræ Redemptionis exercetur" [1], summe eo confert ut fideles vivendo exprimant et aliis manifestent mysterium Christi et genuinam veræ Ecclesiæ naturam, cuius proprium est esse humanam simul ac divinam, visibilem invisibilibus præditam, actione ferventem et contemplationi vacantem, in mundo præsentem et tamen peregrinam ; et ita quidem ut in ea quod humanum est ordinetur ad divinum eique subordinetur, quod visibile ad invisibile, quod actionis ad contemplationem, et quod præsens ad futuram civitatem quam inquirimus [2]. Unde, cum Liturgia eos qui intus sunt cotidie ædificet in templum sanctum in Domino, in habitaculum Dei in Spiritu [3], usque ad mensuram ætatis plenitudinis Christi [4], miro modo simul vires eorum ad prædicandum Christum roborat, et sic Ecclesiam iis qui sunt foris ostendit ut signum levatum in nationes [5], sub quo filii Dei dispersi congregentur in unum [6] quousque unum ovile fiat et unus pastor [7]”.


« En effet, la liturgie, par le moyen de laquelle, principalement dans le divin Sacrifice de l’Eucharistie, “est réalisé l’œuvre de notre Rédemption [1]”, s’applique au plus haut point à ce que les fidèles, en vivant, expriment et manifestent aux autres le mystère du Christ et la nature authentique de la vraie Église dont le propre est d’être à la fois humaine et divine, visible et dotée de choses invisibles, animée par l’action et libre pour la contemplation, présente dans le monde et cependant voyageant comme à l’étranger  ; et ainsi, de telle sorte qu’en elle, ce qui est humain est ordonné au divin et lui est subordonné, ce qui est visible l’est à l’invisible, ce qui relève de l’action l’est à la contemplation, et ce qui est présent l’est à la cité future que nous recherchons [2]. Aussi, puisque la Liturgie édifie chaque jour ceux qui sont au-dedans en un temple saint dans le Seigneur, en une demeure de Dieu dans l’Esprit [3], jusqu’à la taille de l’âge adulte de la plénitude du Christ [4], d’une manière étonnante, elle affermit en même temps leurs forces pour prêcher le Christ, et ainsi montre l’Église à ceux qui sont au-dehors comme un signal levé au milieu des nations [5], sous lequel les enfants de Dieu dispersés sont rassemblés en un seul corps [6] jusqu’à ce que se crée un seul bercail et un seul pasteur [7]. »

Notes :

[1] Secrète du 9e dimanche après la Pentecôte.

[2] Cf. Hébreux 13, 14.

[3] Cf. Éphésiens 2,21-22.

[4] Ibid., 4, 13.

[5] Cf. Isaïe 11,12.

[6] Cf. Jean 11, 52.

[7] Cf. Jean 10, 16.


n. 6 :

Ideoque, sicut Christus missus est a Patre, ita et ipse Apostolos, repletos Spiritu Sancto, misit, non solum ut, prædicantes Evangelium omni creaturæ [14], annuntiarent Filium Dei morte sua et resurrectione nos a potestate satanæ [15] et a morte liberasse et in regnum Patris transtulisse, sed etiam ut, quod annuntiabant, opus salutis per sacrificium et Sacramenta, circa quæ tota vita liturgica vertit, exercerent. (…). Similiter quotiescumque dominicam cenam manducant, mortem Domini annuntiant donec veniat [18]. (…). Numquam exinde omisit Ecclesia quin in unum conveniret ad paschale mysterium celebrandum: legendo ea "in omnibus Scripturis quæ de ipso erant" (Lc 24,27), Eucharistiam celebrando in qua "mortis eius victoria et triumphus repræsentantur" [19], et simul gratias agendo "Deo super inenarrabili dono" (2 Cor 9,15) in Christo Iesu, "in laudem gloriæ eius" (Eph 1,12), per virtutem Spiritus Sancti.”
« Et par conséquent, de même que le Christ a été envoyé par le Père, ainsi lui-même envoya ses Apôtres, remplis du Saint Esprit, non seulement pour que, prêchant l’Évangile à toute créature [14], ils annoncent que le Fils de Dieu, par sa mort et sa résurrection, nous a délivrés du pouvoir de Satan [15] et de la mort, et nous a transférés dans le royaume du Père, mais aussi afin qu’ils exerçassent ce qu’ils annonçaient, l’œuvre de salut par le moyen du sacrifice et des Sacrements autour desquels tourne toute la vie liturgique. (…). Semblablement, chaque fois qu’ils mangent la cène du Seigneur, ils annoncent la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne [18]. (…). Jamais, par la suite, l’Église n’omit de se rassembler en un seul corps pour célébrer le mystère pascal : en lisant les choses qui « dans toutes les Écritures le concernait » (Luc 24, 27), en célébrant l’Eucharistie dans laquelle « sont rendus présents la victoire et le triomphe de sa mort [19] » et en rendant en même temps grâces « à Dieu pour son ineffable don » (2 Corinthiens 9, 15) dans le Christ Jésus, « à la louange de sa gloire » (Éphésiens 1, 12), par la vertu du Saint Esprit.

Notes :

[14] Cf. Marc 16, 15.

[15] Cf. Actes 26, 18.

[16] Cf. Romains 6, 4 ; Éphésiens 2, 6 ; Colossiens 3, 1 ; 2 Timothée 2, 11.

[17] Cf. Jean 4, 23.

[18] Cf. 1 Corinthiens 11, 26.

[19] Concile Œcuménique de Trente, session 13, 11 octobre 1551, Décret “De sacrosancta Eucharistia” chapitre 5 : Concile de Trente, Diariorum, Actorum, Epistolarum, Tractatuum nova collectio, ed. Soc. Gœrresiana, t. VII. Actorum pars IV, Fribourg-en-Brisgau, 1961, p. 202.


n. 7 :
    Ad tantum vero opus perficiendum, Christus Ecclesiæ suæ semper adest, præsertim in actionibus liturgicis. Præsens adest in Missæ Sacrificio cum in ministri persona, "idem nunc offerens sacerdotum ministerio, qui seipsum tunc in cruce obtulit"(20), tum maxime sub speciebus eucharisticis. Præsens adest virtute sua in Sacramentis, ita ut cum aliquis baptizat, Christus ipse baptizet (21). Præsens adest in verbo suo, siquidem ipse loquitur dum sacræ Scripturæ in Ecclesia leguntur. Præsens adest denique dum supplicat et psallit Ecclesia, ipse qui promisit : "Ubi sunt duo vel tres congregati in nomine meo, ibi sum in medio eorum" (Mt 18,20). Reapse tanto in opere, quo Deus perfecte glorificatur et homines sanctificantur, Christus Ecclesiam, sponsam suam dilectissimam, sibi semper consociat, quæ Dominum suum invocat et per ipsum æterno Patri cultum tribuit.
« Pour accomplir une si grande œuvre, le Christ est toujours auprès de son Église, surtout dans les actions liturgiques. Il est là présent dans le Sacrifice de la Messe [20], non seulement dans la personne du ministre, « le même qui offre maintenant par le ministère des prêtres, [étant Celui] qui s’offrit alors Lui-même sur la croix » mais encore, au plus haut degré, sous les espèces eucharistiques. Il est là présent, par sa puissance, dans les Sacrements au point que lorsque quelqu’un baptise, [c’est] le Christ Lui-même [qui] baptise [21]. Il est là présent dans sa parole, puisque Lui-même parle lorsqu’on lit dans l’Église les Saintes Écritures. Enfin il est là présent lorsque l’Église supplie et chante les psaumes, Lui qui a promis : “Là où deux ou trois sont rassemblés en Mon nom, je suis là, au milieu d’eux” (Mt 18, 20). Effectivement, pour une telle œuvre par laquelle Dieu est parfaitement glorifié et les hommes sanctifiés, le Christ s’associe toujours l’Église, son Épouse très-aimée, qui le nomme son Seigneur et qui, par Lui, rend un culte au Père éternel. »

Notes :

[20] Concile Œcuménique de Trente, session 22, 17 septembre 1562, “Doctrina de sacrosanto Missæ Sacrificio” [« Sur le saint Sacrifice de la Messe »], chapitre 2 : Concile de Trente, ed. cit., t. VIII. Actorum pars V, Fribourg-en-Brisgau, 1919, p. 960.

[21] Saint Augustin, Traité sur l’Évangile de Jean VI, I, 7 : J.-P. Migne, Patrologia Latina, tome n° 35, col. 1428.


n. 10 :

Attamen Liturgia est culmen ad quod actio Ecclesiæ tendit et simul fons unde omnis eius virtus emanat. Nam labores apostolici ad id ordinantur ut omnes, per fidem et Baptismum filii Dei facti, in unum conveniant, in medio Ecclesiæ Deum laudent, Sacrificium participent et cenam dominicam manducent.

Vicissim, ipsa Liturgia impellit fideles ut "sacramentis paschalibus" satiati fiant "pietate concordes"(26) ; orat ut "vivendo teneant quod fide perceperunt"(27) ; renovatio vero fœderis Domini cum hominibus in Eucharistia fideles in urgentem caritatem Christi trahit et accendit. Ex Liturgia ergo, præcipue ex Eucharistia, ut e fonte, gratia in nos derivatur et maxima cum efficacia obtinetur illa in Christo hominum sanctificatio et Dei glorificatio, ad quam, uti ad finem, omnia alia Ecclesiæ opera contendunt.”

« Toutefois, la liturgie est le sommet auquel vise l’action de l’Église, et en même temps la source d’où découle toute sa vertu. Car les labeurs apostoliques sont ordonnés à ce que tous, faits enfants de Dieu par la foi et le Baptême, se rassemblent en un seul corps, louent Dieu au milieu de l’Église, participent au Sacrifice et mangent la cène du Seigneur.

En retour, la liturgie elle-même pousse les fidèles à ce que, rassasiés par les “sacrements de la Pâque”, ils soient “réunis de cœur par la piété” [26] » ; elle prie pour que, “par leur vie, ils gardent ce qu’ils ont reçu par la foi” [27] ; et le renouvellement, dans l’Eucharistie, de l’alliance du Seigneur avec les hommes attire et enflamme les fidèles à la charité pressante du Christ. De la Liturgie, donc, et principalement de l’Eucharistie la grâce découle, comme d’une source, en nous et, sont obtenues avec la plus grande puissance efficace cette sanctification des hommes, ainsi cette glorification de Dieu dans le Christ vers lesquelles tendent, comme à leur fin, toutes les autres œuvres de l’Église. »

Notes :

[26] Postcommunion pour la Vigile et le dimanche de Pâques.

[27] Oraison de la messe du mardi de Pâques.


n. 12 :

Quapropter Dominum in Missæ Sacrificio precamur ut, ‘hostiæ spiritualis oblatione suscepta, nosmetipsos’ sibi perficiat ‘munus æternum’ [32].”

« C’est pourquoi, dans le Sacrifice de la Messe, nous prions le Seigneur pour “qu’ayant accueilli l’oblation de la victime spirituelle” il fasse, pour lui, “de nous-mêmes un don éternel” [32] ».

Note :

[32] Missel Romain, Oraison sur les offrandes de la férie II dans l’octave de Pentecôte.


n. 14 :

Valde cupit Mater Ecclesia ut fideles universi ad plenam illam, consciam atque actuosam liturgicarum celebrationum participationem ducantur, quæ ab ipsius Liturgiæ natura postulatur et ad quam populus christianus, ‘genus electum, regale sacerdotium, gens sancta, populus adquisitionis’ (1Petr 2,9 ; cf. 2,4-5), vi Baptismatis ius habet et officium. Quæ totius populi plena et actuosa participatio, in instauranda et fovenda sacra Liturgia, summopere est attendenda : est enim primus, isque necessarius fons, e quo spiritum vere christianum fideles hauriant ; et ideo in tota actione pastorali, per debitam institutionem, ab animarum pastoribus est sedulo adpetenda. (…).

« La Mère Église désire grandement que tous les fidèles soient amenés à cette participation complète, consciente et agissante aux célébrations liturgiques, demandée par la nature de la Liturgie elle-même et qui est pour le peuple chrétien, « race élue, sacerdoce royal, nation sainte, peuple acquis » (1 P 2, 9 ; cf. 2, 4-5), par la force du Baptême, un droit et un devoir. En renouvelant et en encourageant la sainte Liturgie, il faut chercher à atteindre avec le plus grand soin cette participation complète et agissante de tout le peuple. Elle est, en effet, la source première et, qui plus est, nécessaire, à laquelle les fidèles puisent un esprit vraiment chrétien ; et par conséquent, elle doit être recherchée avec ardeur par les pasteurs d’âmes, dans toute action pastorale, par le moyen d’une formation adéquate. (…). »


n. 19 :

Liturgicam institutionem necnon actuosam fidelium participationem, internam et externam, iuxta ipsorum ætatem, condicionem, vitæ genus et religiosæ culturæ gradum, animarum pastores sedulo ac patienter prosequantur, unum e præcipuis fidelis mysteriorum Dei dispensatoris muneribus absolventes ; et gregem suum hac in re non verbo tantum, sed etiam exemplo ducant.


« Que les pasteurs d’âmes accompagnent avec zèle et patience la formation liturgique, et également la participation agissante des fidèles, intérieure et extérieure, en fonction de leur âge, de leur condition, de leur genre de vie et de leur degré de culture religieuse, menant à bonne fin l’un des tâches particulières du fidèle intendant des mystères de Dieu ; et qu’ils conduisent, en cette matière, leur troupeau non seulement par la parole, mais aussi par l’exemple. »


n. 26 :

Actiones liturgicæ non sunt actiones privatæ, sed celebrationes Ecclesiæ, quæ est ‘unitatis sacramentum’, scilicet plebs sancta sub Episcopis adunata et ordinata [33]. Quare ad universum Corpus Ecclesiæ pertinent illudque manifestant et afficiunt ; singula vero membra ipsius diverso modo, pro diversitate ordinum, munerum et actualis participationis, attingunt.

Les actions liturgiques ne sont pas des actions privées, mais des célébrations de l’Église, qui est “le sacrement de l’unité”, c’est-à-dire le peuple saint réuni et ordonné sous [l’autorité] des Évêques [33]. C’est pourquoi elles appartiennent au Corps tout entier de l’Église, elles le manifestent et ont rapport avec lui ; mais elles ont rapport également avec chacun de ses membres, de façon diverse, selon la diversité des ordres, des charges, et de la participation active.

Note :

[33] Saint Cyprien, De l’unité de l’Église catholique, 7 : Corpus Scriptorum Ecclesiasticorum Latinorum (Hartel) III, 1, p. 215-216. – Cf. Épître 66, n. 8, 3 : ed. cit., III, 2, p. 732-733.


n. 28 :

In celebrationibus liturgicis quisque, sive minister sive fidelis, munere suo fungens, solum et totum id agat, quod ad ipsum ex rei natura et normis liturgicis pertinet.

« Que, dans les célébrations liturgiques, chacun qu’il soit ministre ou fidèle, en s’acquittant de sa charge, fasse seulement et totalement ce qui lui revient en fonction de la nature de la chose et des normes liturgiques. »

n. 30 :

Ad actuosam participationem promovendam, populi acclamationes, responsiones, psalmodia, antiphonæ, cantica, necnon actiones seu gestus et corporis habitus foveantur. Sacrum quoque silentium suo tempore servetur.

« Pour promouvoir la participation agissante, que soient encouragées les acclamations du peuple, les réponses, la psalmodie, les antiennes, les cantiques et aussi les actions ou gestes et les attitudes corporelles. On observera aussi en son temps un silence sacré. »


n. 33 :

Etsi sacra Liturgia est præcipue cultus divinæ maiestatis (…). (…) Unde non solum quando leguntur ea quæ ‘ad nostram doctrinam scripta sunt’ (Rom 15,4), sed etiam dum Ecclesia vel orat vel canit vel agit, participantium fides alitur, mentes in Deum excitantur ut rationabile obsequium Ei præstent, gratiamque Eius abundantius recipiant.” 

« Bien que la Liturgie sacrée soit particulièrement le culte de la divine majesté, (…). (…) Aussi, non seulement lorsqu’on lit “ce qui a été écrit pour notre instruction” (Romains 15, 4), mais encore lorsque l’Église prie, chante ou agit, la foi des participants est nourrie, les esprits sont élevés en Dieu pour lui faire un sacrifice/rendre un culte [obsequium  ; cf. Romains 12, 1] raisonnable et recevoir sa grâce avec plus d’abondance. »


n. 41 :

Episcopus ut sacerdos magnus sui gregis habendus est, a quo vita suorum fidelium in Christo quodammodo derivatur et pendet. Quare omnes vitam liturgicam diœceseos circa Episcopum, præsertim in ecclesia cathedrali, maximi faciant oportet : sibi persuasum habentes præcipuam manifestationem Ecclesiæ haberi in plenaria et actuosa participatione totius plebis sanctæ Dei in iisdem celebrationibus liturgicis, præsertim in eadem Eucharistia, in una oratione, ad unum altare cui præest Episcopus a suo presbyterio et ministris circumdatus [35].”

« L’évêque doit être considéré comme le grand prêtre de son troupeau, duquel dérive, en quelque manière, la vie de ses fidèles dans le Christ. C’est pourquoi il faut que tous estiment au plus haut point la vie liturgique du diocèse autour de l’évêque, surtout dans l’église cathédrale : étant persuadés que la principale manifestation de l’Église se trouve dans la participation plénière et agissante de tout le Peuple saint de Dieu aux mêmes célébrations liturgiques, surtout à la même Eucharistie, dans une prière unique, auprès d’un autel unique où l’évêque dirige entouré de l’ ordre de ses prêtres et de ses ministres [35]. »

Note :

[35] Cf. S. Ignace d’Antioche, Épître aux Magnésiens 7 ; Aux Philadelphiens. 4 ; Aux Smyrniotes 8, édité par F. X. Funk, cit., vol. n° 1, pp. 236, 266, 281.


n. 42 :

(…) Quare vita liturgica parœciæ eiusque relatio ad Episcopum in mente et praxi fidelium et cleri fovenda est; et adlaborandum ut sensus communitatis parœcialis, imprimis vero in communi celebratione Missæ dominicalis, floreat.”

«  C’est pourquoi, la vie liturgique de la paroisse doit favoriser, dans l’esprit et la pratique des fidèles, sa relation avec l’Évêque ; et il faut travailler à ce que fleurisse le sens de la communauté de la paroisse, surtout dans la célébration commune de la Messe dominicale. »


n. 47 :

Salvator noster, in Cena novissima, qua nocte tradebatur, Sacrificium Eucharisticum Corporis et Sanguinis sui instituit, quo Sacrificium Crucis in sæcula, donec veniret, perpetuaret atque adeo Ecclesiæ dilectæ Sponsæ memoriale concrederet Mortis et Resurrectionis suæ : sacramentum pietatis, signum unitatis, vinculum caritatis [36], convivium paschale, ‘in quo Christus sumitur, mens impletur gratia et futuræ gloriæ nobis pignus datur’ [37].

« Notre Sauveur, à la dernière Cène, la nuit où Il était livré, institua le Sacrifice Eucharistique de son Corps et de son Sang par lequel Il perpétuait le Sacrifice de la Croix au long des siècles, jusqu’à ce qu’il vînt, et bien plus, Il confiait à l’Église, son Épouse bien-aimée le mémorial de Sa Mort et de Sa Résurrection : sacrement de la bonté, signe de l’unité, lien de la charité [36], festin pascal “dans lequel le Christ est consommé, l’esprit est rempli de grâce, et le gage de la gloire future nous est donné [37]. »

Notes :

[36] Cf. Saint Augustin, Traité sur l’Évangile de Jean XXVI, VI, 13 : J.-P. Migne, Patrologia Latina, tome n° 35, col.1613.

[37] Bréviaire romain, Fête du Corps du Christ, Vêpres II, antienne du Magnificat.


n. 48

Itaque Ecclesia sollicitas curas eo intendit ne christifideles huic fidei mysterio tamquam extranei vel muti spectatores intersint, sed per ritus et preces id bene intellegentes, sacram actionem conscie, pie et actuose participent, verbo Dei instituantur, mensa Corporis Domini reficiantur, gratias Deo agant, immaculatam hostiam, non tantum per sacerdotis manus, sed etiam una cum ipso offerentes, seipsos offerre discant, et de die in diem consummentur, Christo Mediatore, in unitatem cum Deo et inter se (38), ut sit tandem Deus omnia in omnibus.”

« C’est pourquoi l’Église manifeste le souci inquiet que les fidèles chrétiens n’assistent pas à ce mystère de la foi comme des spectateurs étrangers et muets, mais que, le comprenant bien dans ses rites et ses prières, ils participent de façon consciente, pieuse et agissante à l’action sacrée, soient instruits par la parole de Dieu, soient restaurés à la table du Corps du Seigneur, rendent grâces à Dieu, apprennent à s’offrir eux-mêmes en offrant la victime immaculée, non seulement par les mains du prêtre [sacerdotis], mais aussi de concert avec lui, et, de jour en jour, soient rendus parfaits, par la Médiation du Christ [38], dans l’unité avec Dieu et entre eux pour que, à la fin, Dieu soit tout en tous. »

Note :

[38] Cf. Saint Cyrille d’Alexandrie, Commentaire de l’Évangile de Jean, livre 11, chapitre 11-12 : J.-P. Migne, Patrologia Græca, t. n° 74, col. 557-564.


n. 83 :

(…) Illud enim sacerdotale munus per ipsam suam Ecclesiam pergit, quæ non tantum Eucharistia celebranda, sed etiam aliis modis, præsertim Officio divino persolvendo, Dominum sine intermissione laudat et pro totius mundi salute interpellat.

« (…) En effet, Il [Le Christ] persiste dans cette charge sacerdotale par son Église elle-même qui, non seulement en célébrant l’Eucharistie, mais aussi par d’autres moyens, surtout en s’acquittant de l’Office divin, loue sans cesse le Seigneur et s’adresse à Lui pour le salut du Monde entier. »


n. 102 :

Pia Mater Ecclesia suum esse ducit Sponsi sui divini opus salutiferum, statis diebus per anni decursum, sacra recordatione celebrare. In unaquaque hebdomada, die quam Dominicam vocavit, memoriam habet Resurrectionis Domini, quam semel etiam in anno, solemnitate maxima Paschatis, una cum beata ipsius Passione, frequentat.

Totum vero Christi mysterium per anni circulum explicat, ab Incarnatione et Nativitate usque ad Ascensionem, ad diem Pentecostes et ad exspectationem beatæ spei et adventus Domini.

Mysteria Redemptionis ita recolens, divitias virtutum atque meritorum Domini sui, adeo ut omni tempore quodammodo præsentia reddantur, fidelibus aperit, qui ea attingant et gratia salutis repleantur.”

« La bienveillante Mère Église croit qu’il lui appartient de célébrer l’œuvre salvifique de son divin Époux, par un rappel sacré, à jours fixes, dans le cours de l’année. Chaque semaine, au jour qu’elle a appelé « du Seigneur », elle fait mémoire de la Résurrection du Seigneur, qu’elle célèbre également une fois par an, en même temps que sa bienheureuse Passion, par la très grande solennité de Pâques.

Et elle déploie tout le mystère du Christ pendant le cycle de l’année, de l’Incarnation et la Nativité jusqu’à l’Ascension, au jour de la Pentecôte, et à l’attente de la bienheureuse espérance et de la venue du Seigneur.

Rappelant ainsi les mystères de la Rédemption, elle ouvre les richesses des vertus et des mérites de son Seigneur, à tel point qu’ils soient en quelque sorte rendus présents en tout temps, aux fidèles qui sont mis en contact avec eux et sont remplis par la grâce du salut. »


n. 106 :

Mysterium paschale Ecclesia, ex traditione apostolica, quæ originem ducit ab ipsa die Resurrectionis Christi, octava quaque die celebrat, quæ dies Domini seu dies dominica merito nuncupatur.

Hac enim die christifideles in unum convenire debent ut, verbum Dei audientes et Eucharistiam participantes, memores sint Passionis, Resurrectionis et gloriæ Domini Iesu, et gratias agant Deo qui eos "regeneravit in spem vivam per Resurrectionem Iesu Christi ex mortuis" (1Pt 1,3). (...)”

« L’Église célèbre le mystère pascal, en vertu d’une tradition apostolique qui trouve son origine le jour même de la Résurrection du Christ, chaque huitième jour, qui est justement nommé jour du Seigneur, ou jour dominical/dimanche.

Ce jour-là, en effet, les fidèles chrétiens doivent se réunir en un seul corps pour que, entendant la parole de Dieu et participant à l’Eucharistie, ils se souviennent de la Passion, de la Résurrection et de la gloire du Seigneur Jésus, et rendent grâces à Dieu qui les « a régénérés pour une vivante espérance par la Résurrection de Jésus Christ d’entre les morts » (1 Pierre 1, 3). (…) »



Svitozar Nenyuk, First Mass [Première messe]
IId Concile Œcuménique du Vatican, Constitution “de Ecclesia” [« Sur l'Église »], Lumen gentium, 21 novembre 1964.


n. 3 :

(…) Quoties sacrificium crucis, quo "Pascha nostrum immolatus est Christus" (1Cor 5,7), in altari celebratur, opus nostræ redemptionis exercetur. Simul sacramento panis eucharistici repræsentatur et efficitur unitas fidelium, qui unum corpus in Christo constituunt (cf. 1Cor 10,17). Omnes homines ad hanc vocantur unionem cum Christo, qui est lux mundi, a quo procedimus, per quem vivimus, ad quem tendimus.”

« (…) Chaque fois qu’est célébré sur l’autel le sacrifice de la croix, par lequel “le Christ notre Pâques a été immolé” (1 Corinthiens 5, 7), l’œuvre de notre rédemption est réalisée. En même temps, par le sacrement du pain eucharistique, est représentée et accomplie l’unité des fidèles qui, dans le Christ, forment un seul corps (cf. 1 Corinthiens 10, 17). Tous les hommes sont appelés à cette union avec le Christ qui est la lumière du monde, duquel nous procédons, par lequel nous vivons, vers lequel nous nous dirigeons. »


n. 10 :

(…) Sacerdos quidem ministerialis, potestate sacra qua gaudet, populum sacerdotalem efformat ac regit, sacrificium eucharisticum in persona Christi conficit illudque nomine totius populi Deo offert ; fideles vero, vi regalis sui sacerdotii, in oblationem Eucharistiæ concurrunt [17], illudque in sacramentis suscipiendis, in oratione et gratiarum actione, testimonio vitæ sanctæ, abnegatione et actuosa caritate exercent. ”

« (…) Le prêtre [sacerdos] ministériel, d’une part, jouit d’un pouvoir sacré, forme et dirige le peuple sacerdotal, réalise, dans le rôle du Christ, le sacrifice eucharistique et l’offre à Dieu au nom du peuple tout entier ; les fidèles, d’autre part, par la force de leur sacerdoce royal, se joignent à l’oblation de l’Eucharistie [17] et exercent [ce sacerdoce] par la réception des sacrements, la prière et l’action de grâces, le témoignage d’une vie sainte, l’abnégation et la charité agissante. »

Notes :

[17] Cf. Pie XI, Lettre encyclique Miserentissimus Redemptor, 8 mai 1928 : Acta Apostolicæ Sedis20 (1928), p. 171 s. – Vénér. Pie XII, Allocution Vous nous avez, Acta Apostolicæ Sedis48 (1956), p. 714.


n. 11 :

Sacrificium eucharisticum, totius vitæ christianæ fontem et culmen, participantes, divinam Victimam Deo offerunt atque seipsos cum Ea (20) ; ita tum oblatione tum sacra communione, non promiscue sed alii aliter, omnes in liturgica actione partem propriam agunt. Porro corpore Christi in sacra synaxi refecti, unitatem Populi Dei, quæ hoc augustissimo sacramento apte significatur et mirabiliter efficitur, modo concreto exhibent.”

« Participant au sacrifice eucharistique, source et sommet de toute vie chrétienne, [les fidèles] offrent à Dieu la Victime divine et [s’offrent] eux-mêmes avec Elle [20] ; ainsi, tant par l’oblation que par la sainte communion, non pas indifféremment mais les uns autrement que les autres, tous prennent leur part propre dans l’action liturgique. En outre, restaurés par le corps du Christ dans l’Assemblée liturgique [synaxis] sainte, ils manifestent l’unité du Peuple de Dieu qui est signifiée de manière appropriée et réalisée d’une manière admirable par ce très auguste sacrement. »

Note :

[20] Cf. Vénér. Pie XII, Lettre Encyclique Mediator Dei, 20 novembre 1947 : Acta Apostolicæ Sedis n° 39, (1947), surtout p. 552 et suiv.


n. 17 :

(…) sacerdotis tamen est ædificationem Corporis sacrificio eucharistico perficere, adimplendo verba Dei per prophetam: "Ab ortu... solis usque ad occasum magnum est nomen meum in gentibus, et in omni loco sacrificatur et offertur nomini meo oblatio munda" (Mal 1, 11) (36). (...)”

« (…) c’est aux prêtres [sacerdotis] cependant qu’il revient d’achever l’édification du Corps par le sacrifice eucharistique, en accomplissant les paroles [que] Dieu [a dit] par le prophète : « Du levant jusqu’au couchant, grand est mon nom parmi les nations, et en tout lieu est offerte en sacrifice et présentée à mon nom une offrande pure » (Malachie 1, 11) [36]. (...)

Note :

Cf. Didachè, 14 : éd. par Funk I, p. 32. – S. Justin, Dialogue avec Tryphon 41 : J.-P. Migne, Patrologie Gracque, t. 6, col. 564. – Saint Irénée, Contre les hérésies, t. 4, 17, 5 : J.-P. Migne, Patrologia Græca, t. 7, col. 1023 ; Harvey, 2, p. 199s. – Concile Œcuménique de Trente, session 22, chapitre 1 : H. J. D. Denzinger, A. Schönmetzer, Enchiridion symbolorum, definitionum et declarationum de rebus fidei et morum, n. 939 (1742).


n. 26 :

Episcopus, plenitudine sacramenti Ordinis insignitus, est ‘œconomus gratiæ supremi sacerdotii’ [84], præsertim in Eucharistia, quam ipse offert vel offerri curat [85], et qua continuo vivit et crescit Ecclesia. (…) In eis prædicatione Evangelii Christi congregantur fideles et celebratur mysterium Cœnæ Domini, ‘ut per escam et sanguinem Domini corporis fraternitas cuncta copuletur’ [87] In quavis altaris communitate, sub Episcopi sacro ministerio [88], exhibetur symbolum illius caritatis et "unitatis Corporis mystici, sine qua non potest esse salus’ [89]. (…) Omnis autem legitima Eucharistiæ celebratio dirigitur ab Episcopo, cui officium commissum est cultum christianæ religionis Divinæ Maiestati deferendi atque administrandi secundum præcepta Domini et Ecclesiæ leges, eius particulari iudicio ulterius pro diœcesi determinatas. (…) Ipsi (…) atque populos suos, ut in liturgia et præsertim in sacro Missæ sacrificio partes suas fide et reverentia impleant, sollicite exhortantur et instruunt.”

« L’évêque, revêtu de la plénitude du sacrement de l’Ordre, est “l’économe de la grâce du sacerdoce suprême” [84], surtout dans l’Eucharistie qu’il offre lui-même ou dont il a le soin qu’elle soit offerte [85], et par laquelle l’Église vit et croît continuellement. (…). En elles [les Églises], les fidèles sont assemblés par la prédication de l’Évangile du Christ et le mystère de la Cène du Seigneur est célébré « pour que, par le moyen de la Nourriture et du Sang du Seigneur, soit solidement formée toute la fraternité du corps” [87]. En toute communauté de l’autel, en dépendance du ministère sacré de l’Évêque [88], se manifeste le symbole de cette charité et « de l’unité du Corps mystique sans laquelle le salut n’est pas possible [89]. (…) Mais toute célébration légitime de l’Eucharistie est dirigée par l’évêque à qui a été confiée la fonction de présenter à la Majesté divine le culte de la religion chrétienne et de le diriger selon les préceptes du Seigneur et les lois de l’Église, réglées ultérieurement, en faveur de son diocèses, par son jugement particulier. (…). (…) et [les Évêques] eux-mêmes encouragent et instruisent avec sollicitude leurs peuples [respectifs] afin qu’ils remplissent leur part dans la liturgie, avec foi et déférence, et surtout dans le saint sacrifice de la Messe. »

Notes :
[85] Cf. Saint Ignace d’Antioche, Lettre aux Smyrniotes 8, 1 : éd. par Funk, I, p. 282.

[86] Cf. Actes 8, 1 ; 14, 22-23 ; 20, 17 et passim.

[87] Cf. Oratio mozarabica : J.-P. Migne, Patrologia Latina, t. 96, col. 759 B.

[88] Cf. Saint Ignace d’Antioche, op. cit.

[89] Saint Thomas d’Aquin, Somme théologique, 3e partie, question 73, article 3.


n. 28 :

(…) Presbyteri, quamvis pontificatus apicem non habeant et in exercenda sua potestate ab Episcopis pendeant, cum eis tamen sacerdotali honore coniuncti sunt (100) et vi sacramenti Ordinis (101), ad imaginem Christi, summi atque æterni Sacerdotis (cf. Hebr 5, 1-10; 7, 24; 9, 11-28), ad Evangelium prædicandum fidelesque pascendos et ad divinum cultum celebrandum consecrantur, ut veri sacerdotes Novi Testamenti (102).

Muneris unici Mediatoris Christi (cf. 1 Tim. 2, 5) participes in suo gradu ministerii, omnibus verbum divinum annuntiant. Suum vero munus sacrum maxime exercent in eucharistico cultu vel synaxi, qua in persona Christi agentes [103] Eiusque mysterium proclamantes, vota fidelium sacrificio Capitis ipsorum coniungunt, et unicum sacrificium Novi Testamenti, Christi scilicet Sese Patri immaculatam hostiam semel offerentis (cf. Hebr 9, 11-28), in sacrificio Missæ usque ad adventum Domini (cf. 1 Cor 11, 26) repræsentant et applicant [104].”

« (…) Les Prêtres [Presbyteri], quoique qu’ils ne possèdent pas la couronne du pontificat et qu’ils dépendent des Évêques dans l’exercice de leur pouvoir, leur sont cependant unis par la dignité sacerdotale [100] et sont consacrés, par la force du sacrement de l’Ordre [101], à l’image du Christ, Prêtre [Sacerdotis] souverain et éternel (cf. Hébreux 5, 1-10 ; 7, 24 ; 9, 11-28), pour prêcher l’Évangile, paître les fidèles et célébrer le culte divin comme de vrais prêtres [sacerdotes] du Nouveau Testament [102].

Participant, à leur degré de ministère, de la charge du Christ, l’unique Médiateur (1 Tm 2, 5), [les prêtres] annoncent à tous la parole divine. En vérité, ils exercent leur charge sacrée principalement dans le culte ou, si l’on veut, l’assemblée liturgique [synaxis] eucharistique par laquelle, agissant en la personne du Christ [103] et proclamant Son mystère, ils unissent les prières [votum] des fidèles au sacrifice de leur Chef, rendent présent et appliquent dans le sacrifice de la Messe jusqu’à la venue du Seigneur (cf. 1 Corinthiens 11, 26), l’unique sacrifice du Nouveau Testament, à savoir celui du Christ s’offrant au Père une fois pour toutes en victime immaculée (cf. Hébreux 9, 11-28) [104]. (…).

Notes :

[101] Cf. Concile Œcuménique de Trente, session 23, “Doctrina de sacramento ordinis” [« Doctrine sur le sacrement de l’ordre »] : H. J. D. Denzinger, A. Schönmetzer, Enchiridion symbolorum, definitionum et declarationum de rebus fidei et morum, n. 956a-968 (1763-1778), et particulièrement canon 7 : H. J. D. Denzinger, A. Schönmetzer, Enchiridion symbolorum, definitionum et declarationum de rebus fidei et morum, n. 967 (1777). – Vénér. Pie XII, Constitution apostolique Sacramentum Ordinis : H. J. D. Denzinger, A. Schönmetzer, Enchiridion symbolorum, definitionum et declarationum de rebus fidei et morum, n. 2301 (3857-3861).

[102] Cf. Innocent Ier, Lettre à Decentius : H. J. D. Denzinger, A. Schönmetzer, Enchiridion symbolorum, definitionum et declarationum de rebus fidei et morum, n. 20, 554 A ; Mansi, Sacrorum Conciliorum Nova et Amplissima Collectio, t. 3, 1029 ; H. J. D. Denzinger, A. Schönmetzer, Enchiridion symbolorum, definitionum et declarationum de rebus fidei et morum, n. 98 (215). Saint Grégoire de Naziance, Apologetica, Discours 2, §. 22 : J.-P. Migne, Patrologia Græca, t. 35, col. 432 B. – Pseudo-Denys l’æropagite, De la Hiérarchie Ecclésiastique chapitre 1, §. 2 : J.-P. Migne, Patrologia Græca, t. 3, col. 372 D.

[103] Cf. Concile Œcuménique de Trente, session 22 : H. J. D. Denzinger, A. Schönmetzer, Enchiridion symbolorum, definitionum et declarationum de rebus fidei et morum, n. 940 (1743). – Vénér. Pie XII, Lettre encyclique Mediator Dei, 20 novembre 1947 : Acta Apostolicæ Sedis39 (1947), p. 553 ; H. J. D. Denzinger, A. Schönmetzer, Enchiridion symbolorum, definitionum et declarationum de rebus fidei et morum, n. 2300 (3850).

[104] Cf. Concile Œcuménique de Trente, session 22 : H. J. D. Denzinger, A. Schönmetzer, Enchiridion symbolorum, definitionum et declarationum de rebus fidei et morum, n. 938 (1739-1740). – Concile Œcuménique du Vatican II, Constitution “de Sacra Liturgia”, Sacrosanctum concilium, n. 7 et n. 47.


n. 34 :

(…) Omnia enim eorum opera, preces et incepta apostolica, conversatio coniugalis et familiaris, labor quotidianus, animi corporisque relaxatio, si in Spiritu peragantur, imo molestiæ vitæ si patienter sustineantur, fiunt spirituales hostiæ, acceptabiles Deo per Iesum Christum (cf. 1Pt 2,5), quæ in Eucharistiæ celebratione, cum dominici Corporis oblatione, Patri piissime offeruntur. Sic et laici, qua adoratores ubique sancte agentes, ipsum mundum Deo consecrant.”

« (…) En effet, toutes leurs [celle des laïcs] actions, leurs prières et leurs entreprises apostoliques, leur intimité conjugale et familiale, leur labeur quotidien, le repos de leur âme et de leur corps, s’ils sont accomplis dans l’Esprit, et bien mieux, les peines de la vie, si elles sont supportées patiemment, deviennent “des victimes spirituelles, agréables à Dieu par Jésus Christ” (cf. 1 Pierre 2, 5), qui, dans la célébration de l’Eucharistie, sont offertes, très pieusement, au Père, en union avec l’oblation du Corps du Seigneur. Ainsi, les laïcs consacrent à Dieu le monde lui-même, en agissant saintement et partout comme des adorateurs. »


n. 41 :

(…) Ad plenitudinem sacerdotii electi, sacramentali gratia donantur, ut orando, sacrificando et prædicando, per omnem formam episcopalis curæ et servitii, perfectum pastoralis caritatis munus exerceant [125], (…). Pro plebe sua et toto Populo Dei ex officio precantes et sacrificium offerentes, agnoscendo quod agunt et imitando quod tractant [128)] nedum apostolicis curis, periculis et ærumnis impediantur, per ea potius ad altiorem sanctitatem ascendant, (…).”

«  (…) Choisis en vue de la plénitude du sacerdoce, ils [les Évêques] bénéficient de la grâce sacramentelle afin qu’ils exercent [125] la charge parfaite de la charité pastorale en priant, en offrant le sacrifice, en prêchant, à travers tout type de soin et de service épiscopal, (...).

Priant et offrant le sacrifice, de par leur fonction, pour leur peuple et tout le Peuple de Dieu, en ayant conscience de ce qu’ils font et en imitant ce dont ils s’occupent [128], bien loin qu’ils soient empêchés par les soucis, les dangers et les tribulations, ils [les Prêtres ; Presbyteri] doivent par là plutôt s’élever à une plus haute sainteté, (...). »

Notes :

[125] Cf. Saint Thomas, Somme théologique 2de partie de la 2e partie, question 184, article 5 et 6 ; De la perfection de la vie spirituelle, chapitre 18. – Origène, sur Isaïe, Homélie 6, 1 : J.-P. Migne, Patrologia Græca, n° 13, col. 239.

[128] Ordinaire de la consécration sacerdotale, dans l’exhortation initiale (Ordo consecrationis sacerdotalis, in exhortatione initiali).


n. 50 :

Nobilissima vero ratione unio nostra cum Ecclesia cœlesti actuatur, cum, præsertim in sacra Liturgia, in qua virtus Spiritus Sancti per signa sacramentalia super nos agit, divinæ maiestatis laudem socia exsultatione concelebramus [163], et universi, in sanguine Christi ex omni tribu et lingua et populo et natione redempti (cf. Apoc 5, 9) atque in unam Ecclesiam congregati, uno cantico laudis Deum unum et trinum magnificamus. Eucharisticum ergo sacrificium celebrantes cultui Ecclesiæ cœlestis vel maxime iungimur “communicantes et memoriam venerantes in primis gloriosæ semper Virginis Mariæ, sed et beati Ioseph et beatorum Apostolorum et Martyrum et omnium Sanctorum” [164].

« (…) En vérité, notre union avec l’Église céleste est mise en œuvre de la manière la plus noble, lorsque, surtout dans la sainte Liturgie, dans laquelle la vertu du Saint Esprit agit sur nous à travers les signes sacramentels, nous célébrons, dans un transport de joie commun, la louange de la majesté divine [163], et que, tous rachetés dans le sang du Christ, de toute tribu, langue, peuple et nation (cf. Apocalypse 5, 9) et assemblés en une seule Église, nous magnifions d’un seul chant de louange le Dieu un et trine. Célébrant donc le sacrifice eucharistique, nous sommes unis même au plus haut point au culte de l’Église céleste, “étant en communion et vénérant la mémoire, en premier lieu, de la glorieuse et toujours Vierge Marie, mais également du bienheureux Joseph, des bienheureux Apôtres et Martyrs et de tous les Saints.” »

Notes :

[163] Concile Œcuménique du Vatican II, Constitution “de Sacra Liturgia”, Sacrosanctum Concilium, n. 104.

[164] Canon de la messe romaine.



Raúl Berzosa Fernández, L'Agneau de Dieu, détail
IId Concile Œcuménique du Vatican, Décret de Œcumenismo” [« Sur l’Œcuménisme »], Unitatis redintegratio », 21 novembre 1964.


n. 15 :

Omnibus quoque notum est quanto cum amore Christiani orientales liturgica Sacra peragant, præsertim celebrationem eucharisticam, fontem vitæ Ecclesiæ et pignus futuræ gloriæ, qua fideles cum episcopo uniti accessum ad Deum Patrem habentes per Filium Verbum incarnatum, passum et glorificatum, in effusione Sancti Spiritus, communionem cum Sanctissima Trinitate consequuntur, ‘divinæ consortes naturæ’ (2 Pt. 1, 4) effecti. Proinde per celebrationem Eucharistiæ Domini in his singulis Ecclesiis, Ecclesia Dei ædificatur et crescit [26], et per concelebrationem communio earum manifestatur.

« Tous savent aussi avec quel amour les Chrétiens orientaux mettent en œuvre les Cérémonies liturgiques du culte, surtout la célébration eucharistique, source de la vie de l’Église et gage de la gloire future par laquelle les fidèles unis à l’évêque, ayant accès à Dieu le Père par le Verbe Fils incarné, ayant souffert, et glorifié, dans l’effusion de l’Esprit Saint, entrent en communion avec la Très Sainte Trinité et sont faits « participants de la nature divine » (2 Pierre 1, 4). Ainsi donc, par la célébration de l’Eucharistie du Seigneur dans ces Églises particulières, l’Église de Dieu se construit et croît [26], et leur communion est manifestée par la concélébration. »


Note :

[26] Cf. S. Jean Chrysostome, Commentaire de l’Évangile de S. Jean, homélie n° 46 : J.-P. Migne, Patrologia Græca, tome n° 59, col. 260-262.


n. 22 :

Communitates ecclesiales a nobis seiunctæ, quamvis deficiat earum plena nobiscum unitas ex baptismate profluens, et quamvis credamus illas, præsertim propter sacramenti Ordinis defectum, genuinam atque integram substantiam Mysterii eucharistici non servasse, tamen, dum in Sancta Cœna mortis et resurrectionis Domini memoriam faciunt, vitam in Christi communione significari profitentur atque gloriosum Eius adventum exspectant. ”

« (…) Les communautés ecclésiales séparées de nous, quoiqu’il leur manque la pleine unité avec nous découlant du baptême et quoique nous croyions que, surtout à cause de la disparition du sacrement de l’Ordre, elles n’ont pas conservé la substance authentique et entière du Mystère eucharistique, cependant, lorsqu’elles font mémoire, dans la sainte Cène, de la mort et de la résurrection du Seigneur, elles professent que la vie se trouve dans la communion du Christ et attendent sa venue glorieuse. »



S. Paul VI, Lettre encyclique Mysterium Fidei, 3 septembre 1965.

Cf. Acta Apostolicæ Sedis57 (1965) p. 764.


Hæ præsentiæ rationes stupore mentem replent et mysterium Ecclesiæ contemplandum præbent. Sed alia est ratio, præstantissima quidem, qua Christus præsens adest Ecclesiæ suæ in sacramento Eucharistiæ, quod est propterea inter cetera Sacramenta ‘devotione suavius, intellegentia pulchrius, continentia sanctius’ [40] ; continet enim ipsum Christum et est ‘quasi consummatio spiritualis vitæ et omnium sacramentorum finis’ [41]. Quæ quidem præsentia ‘realis’ dicitur non per exclusionem, quasi aliæ ‘reales’ non sint, sed per excellentiam, quia est substantialis, qua nimirum totus atque integer Christus, Deus et homo, fit præsens [42]. Perperam igitur hanc præsentiæ rationem aliquis explicet fingendo naturam ‘pneumaticam’, uti dicunt, corporis Christi gloriosi ubique præsentem ; aut illam intra limites symbolismi coarctando, quasi hoc augustissimum Sacramentum nulla alia constet re quam signo efficaci «spiritualis præsentiæ Christi eiusque intimæ coniunctionis cum fidelibus membris in Corpore Mystico» [43]. (…) Hac Ecclesiæ fide innixa Tridentina Synodus ‘aperte et simpliciter profitetur, in almo sanctæ Eucharistiæ sacramento post panis et vini consecrationem Dominum Nostrum Iesum Christum, verum Deum atque hominem, vere, realiter ac substantialiter sub specie illarum rerum sensibilium contineri’. Ideo Salvator noster secundum suam humanitatem præsens adest non solum ad dexteram Patris, iuxta modum exsistendi naturalem, sed simul etiam in sacramento Eucharistiæ ‘ea exsistendi ratione, quam etsi verbis exprimere vix possumus, possibilem tamen esse Deo, cogitatione per fidem illustrata, assequi possumus et constantissime credere debemus’ [50].” 

« Les caractéristiques des ces présences remplissent l’esprit de stupeur et donnent à contempler le mystère de l’Église. Mais autre est la nature, certes très supérieure par laquelle le Christ est là, présent, à de son Église dans le sacrement de l’Eucharistie qui est, à cause de cela, parmi les autres Sacrements, “le plus doux pour la dévotion, le plus beau pour l’intelligence, le plus saint pour la continence” [40] ; en effet, il contient le Christ Lui-même et est “comme l’accomplissement de la vie spirituelle et le degré suprême de tous les sacrements” (41]. Certes, cette présence est dite “réelle” non par exclusion, comme si les autres n’étaient pas “réelles” mais par excellence parce qu’elle est substantielle  ; par elle, assurément, le Christ entier et total, Dieu et homme, est rendu présent [42]. On donnerait donc une idée tordue de la présence en imaginant une nature “pneumatique”, comme on dit, du corps glorieux du Christ partout présente  ; ou en la réduisant aux limites du symbolisme, comme si ce très auguste Sacrement ne consistait en rien d’autre qu'en un signe agissant “de la présence spirituelle du Christ et de son union intime avec les fidèles membres du Corps Mystique” [43] (…) Le Concile Œcuménique de Trente, appuyé sur cette foi de l’Église, “professe ouvertement et sans détour que, dans le Sacrement nourricier de la sainte Eucharistie, après la consécration du pain et du vin, notre Seigneur Jésus Christ, vrai Dieu et vrai Homme, est contenu vraiment, réellement et substantiellement sous l'apparence de ces choses sensibles”. Par conséquent, notre Sauveur est là, présent, selon son humanité, non seulement à la droite du Père, conformément à [son] mode naturel d’exister, mais en même temps également dans le sacrement de l'Eucharistie “en une manière d’exister que, d’ailleurs, nous pouvons difficilement exprimer avec des mots, mais qui est toutefois, possible à Dieu, que nous pouvons atteindre par la pensée éclairée par la foi et que nous devons croire très fermement” [50]. » 

Notes :

(40) Gilles de Rome, Theoremata de Corpore Christi, theor. 50, Venise, 1521, p. 127.

(41) S. Thomas, Somme Théologique, IIIe partie, question 73, article 3, conclusion.

(42) Cf. Concile Œcuménique de Trente, Décret “de Sacrosancta Eucharistia”», chapitre 3.

(43) Vénér. Pie XII, Lettre encyclique Humani generis, Acta Apostolicæ Sedis42, 1950, p. 578.

(50) Décret Décret “de Sacrosancta Eucharistia”», chapitre 1.



IId Concile Œcuménique du Vatican, Décret “de pastorali Epicoporum munere” [« Sur la charge pastorale des Évêques »], Christus Dominus, 28 octobre 1965.


n. 15 :

In exercendo suo munere sanctificandi memores sint Episcopi se ex hominibus assumptos esse et pro hominibus constitui, in iis quæ sunt ad Deum, ut offerant dona et sacrificia pro peccatis. (…) Iugiter itaque adnitantur ut christifideles paschale mysterium penitius cognoscant et vivant, per Eucharistiam, ita ut unum arctissimum efficiant Corpus in unitate caritatis Christi [24] ; (…).

« En exerçant leur charge de sanctifier, les Évêques doivent se souvenir qu’ils ont été pris d’entre les hommes et sont établis en leur faveur, dans les choses qui sont tournées vers Dieu, afin qu’ils offrent les dons et les sacrifices pour les pécheurs. (…) C’est pourquoi, ils travailleront continuellement à ce que les fidèles chrétiens connaissent plus profondément le mystère pascal et en vivent, par le moyen de l’Eucharistie, de telle sorte qu’ils forment un Corps unique et très resserré dans l’unité de la charité du Christ [24] ; (…). »

Note :

[24] Cf. Vénér. Pie XII, Lettre encyclique Mediator Dei, 20 novembre 1947, Acta Apostolicæ Sedis39 (1947), p. 251 s. – S. Paul VI, Lettre encyclique Mysterium Fidei, 3 septembre 1965.


n. 30 :

(…) 2) (…) In perficiendo opere sanctificationis, curent parochi ut celebratio Eucharistici Sacrificii centrum sit et culmen totius vitæ communitatis christianæ ; itemque adlaborent ut fideles spirituali pabulo pascantur per devotam et frequentem Sacramentorum receptionem atque per consciam et actuosam in Liturgia participationem. (…).”

« (…) 2) (…) Pour accomplir l’œuvre de sanctification, les curés veilleront à ce que la célébration du Sacrifice Eucharistique soit le centre et le sommet de toute la vie de la communauté chrétienne ; et de même, ils travailleront à ce que les fidèles soient nourris spirituellement par la réception pieuse et fréquente des Sacrements, et la participation consciente et agissante à la Liturgie. (…) »



IId Concile Œcuménique du Vatican, Décret De institutione sacerdotali” [« Sur l'éducation sacerdotale »] , Optatam totius, 28 octobre 1965.


n. 4 :

Seminaria Maiora ad sacerdotalem conformationem necessaria sunt. In eis integra alumnorum institutio eo tendere debet ut ad exemplar Domini Nostri Iesu Christi, Magistri, Sacerdotis et Pastoris, veri animarum pastores ipsi formentur;[7] præparentur ergo ad ministerium verbi: ut verbum Dei revelatum semper melius intelligant, meditantes possideant, lingua et moribus exprimant; ad ministerium cultus et sanctificationis: ut orantes et sacras liturgicas celebrationes peragentes opus salutis per Sacrificium eucharisticum et Sacramenta exerceant; ad ministerium Pastoris: ut sciant repræsentare hominibus Christum, qui «non venit, ut ministraretur ei, sed ut ministraret et daret animam suam redemptionem pro multis» (Mc. 10, 45; cf. Io. 13, 12-17) et ut, omnium facti servi, plures lucrifaciant (cf. I Cor. 9, 19).”

« Les Grands Séminaires sont nécessaires. Une éducation complète devra y tendre à ce qu’ils soient formés [à devenir] eux-mêmes de vrais pasteurs d’âmes, à l’exemple de Notre Seigneur Jésus Christ, Maître, Prêtre [Sacerdotis] et Pasteur [7] ; ils seront donc préparés au ministère de la parole, afin qu’ils comprennent toujours mieux la parole révélée de Dieu, qu’ils la possèdent en la méditant, et qu’ils l’expriment par la langue et par les mœurs ; au ministère du culte et de la sanctification, afin que, priant et accomplissant les saintes célébrations liturgiques, ils réalisent l’œuvre du salut par le Sacrifice eucharistique et les Sacrements ; au ministère de Pasteur, afin qu’ils sachent rendre présent aux hommes le Christ, qui « n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et pour donner sa vie en rançons pour la multitude » (Marc 10, 45; cf. Jean 13, 12-17) et pour que, devenus les serviteurs de tous, ils en gagnent un plus grand nombre (cf. 1 Corinthiens 9, 19). »

Note :

[7] Cf. Concile Œcuménique du Vatican, Constitution dogmatique “de Ecclesia", Lumen gentium, n. 28.



IId Concile Œcuménique du Vatican, Décret “de Presbyterorum ministerio et vita” [« Sur le ministère et la vie des Prêtres »], Presbyterorum ordinis, 7 décembre 1965.


n. 2 :

Per Presbyterorum autem ministerium sacrificium spirituale fidelium consummatur in unione cum sacrificio Christi, unici Mediatoris, quod per manus eorum, nomine totius Ecclesiæ, in Eucharistia incruente et sacramentaliter offertur, donec Ipse Dominus veniat [13]. Ad hoc tendit atque in hoc consummatur Presbyterorum ministerium. Eorum enim ministratio, quæ ab evangelico nuntio incipit, e Sacrificio Christi suam vim et virtutem haurit, atque eo tendit ut ‘tota ipsa redempta civitas, hoc est congregatio societasque sanctorum, universale sacrificium offeratur Deo per Sacerdotem Magnum, qui etiam se ipsum obtulit in Passione pro nobis, ut tanti Capitis corpus essemus’ [14].

Finis igitur quem ministerio atque vita persequuntur Presbyteri est gloria Dei Patris in Christo procuranda. Quæ gloria in eo est quod homines opus Dei in Christo perfectum conscie, libere atque grate accipiunt, illudque in tota vita sua manifestant. Presbyteri itaque, sive orationi et adorationi vacent, sive verbum prædicent, sive Eucharisticum Sacrificium offerant et cetera Sacramenta administrent, sive alia pro hominibus exerceant ministeria, conferunt cum ad gloriam Dei augendam tum ad homines in vita divina provehendos. Quæ omnia, dum ex Paschate Christi manant, in glorioso Eiusdem Domini adventu consummabuntur, cum Ipse tradiderit Regnum Deo et Patri [15].

« (…) Mais par le ministère des Prêtres [Presbyterorum], le sacrifice spirituel des fidèles est porté à la perfection, en union avec le sacrifice du Christ, unique Médiateur, qui est offert, par leurs mains, au nom de toute l’Église, dans l’Eucharistie, de manière non sanglante et sacramentelle, jusqu’à ce que le Seigneur vienne Lui-même [13]. Leur ministère vise à cela, et en cela, il est porté à sa perfection. En effet, leur service qui commence par l’annonce évangélique, tire sa force et sa puissance du Sacrifice du Christ et vise à ce que “toute la cité elle-même rachetée, c’est-à-dire l’assemblée et la société des saints, soit offerte à Dieu comme un sacrifice universel par le Grand Prêtre [Sacerdotem] qui S’est Lui-même offert pour nous dans sa Passion, afin que nous soyons le corps d’une si grande Tête” [14]. 

Le but, donc, que les prêtres poursuivent par [leur] ministère et [leur] vie, c’est d’avoir soin de la gloire de Dieu le Père dans le Christ. Cette gloire consiste en ce que les hommes accueillent l’œuvre parfaite de Dieu dans le Christ, consciemment, librement et avec reconnaissance, et qu’ils la manifestent par toute leur vie. C’est pourquoi, les Prêtres [Presbyteri], soit qu’ils vaquent à la prière et à l’adoration, soit qu’ils prêchent la parole, soit qu’ils offrent le Sacrifice Eucharistique et qu’ils administrent les autres sacrements, soit qu’ils accomplissent d’autres services en faveur des hommes, s’appliquent aussi bien à augmenter la gloire de Dieu qu’à faire avancer les hommes dans la vie divine. Toutes ces choses, qui découlent de la Pâques du Christ, seront portées à la perfection lors de la venue dans la gloire de ce même Seigneur, lorsque Lui-même remettra le Royaume au Dieu et Père [15]. »

Notes :

[13] Cf. 1 Corinthiens. 11, 26.

[14] S. Augustin d’Hippone, De la Cité de Dieu 10, 6 : J.-P. Migne, Patrologia Latina, tome n° 41, col. 284.

[15] Cf. 1 Corinthiens 15, 24.


n. 4 :

(…) quod præcipue valet pro Liturgia verbi in Missarum celebratione, in qua inseparabiliter uniuntur annuntiatio mortis et resurrectionis Domini, responsum populi audientis et oblatio ipsa qua Christus Novum Fœdus confirmavit in Sanguine suo, cui oblationi fideles, et votis et Sacramenti perceptione, communicant [34] .”

«  (...) ce qui vaut particulièrement pour la Liturgie de la parole, en la célébration de la Messe, dans laquelle sont unis inséparablement l’annonce de la mort et de la résurrection du Seigneur, la réponse du peuple qui écoute et l’oblation elle-même par laquelle le Christ garantit la Nouvelle Alliance dans son Sang, à laquelle communient les fidèles chrétiens par leur oblation, leurs prières et la réception du Sacrement [34]. »

Note :

[34] Cf. Concile Œcuménique du Vatican II, Constitution “de Sacra Liturgia” [« Sur la sainte Liturgie »], Sacrosanctum concilium, n. 33, 35, 48, 52.


n. 5 :

(…) Cetera autem Sacramenta, sicut et omnia ecclesiastica ministeria, et opera apostolatus, cum Sacra Eucharistia cohærent et ad eam ordinantur [38]. In Sanctissima enim Eucharistia totum bonum spirituale Ecclesiæ continetur [39], ipse scilicet Christus, Pascha nostrum panisque vivus per Carnem suam Spiritu Sancto vivificatam et vivificantem vitam præstans hominibus, qui ita invitantur et adducuntur ad seipsos, suos labores cunctasque res creatas una cum Ipso offerendos. Quapropter Eucharistia ut fons et culmen totius evangelizationis apparet, dum catechumeni ad participationem Eucharistiæ paulatim introducuntur, et fideles, iam sacro baptismate et confirmatione signati, plene per receptionem Eucharistiæ Corpori Christi inseruntur.

Est ergo Eucharistica Synaxis centrum congregationis fidelium cui Presbyter præest. Edocent igitur Presbyteri fideles divinam victimam in Sacrificio Missæ Deo Patri offerre atque cum ea oblationem vitæ suæ facere ; (…). (…). Laudes et gratiarum actiones quas adhibent in Eucharistiæ celebratione ipsi Presbyteri ad diversas horas diei dilatant in Divino persolvendo Officio, quo quidem nomine Ecclesiæ, pro toto populo sibi commisso, immo pro universo mundo, Deum deprecantur.

Domus orationis in qua Sanctissima Eucharistia celebratur et servatur, fidelesque congregantur, et in qua præsentia Filii Dei Salvatoris nostri in ara sacrificali pro nobis oblati, in auxilium atque solatium fidelium colitur, (…).”

« (…) Or, les autres Sacrements, comme tous les ministères ecclésiastiques et les œuvres apostoliques, sont liés à la Sainte Eucharistie et sont ordonnés à elle [38]. En effet, dans la très sainte Eucharistie est contenu tout le bien spirituel de l’Église [39], à savoir le Christ Lui-même, notre Pâque et pain vivant, procurant, par sa Chair vivifiée et vivifiante de par le Saint Esprit, la vie aux hommes qui sont invités et conduits à s’offrir eux-mêmes, de concert avec Lui, ainsi que leurs labeurs, et toutes les choses créées. C’est pourquoi l’Eucharistie est clairement la source et le sommet de toute évangélisation : alors que les catéchumènes sont amenés peu à peu à participer à l’Eucharistie, les fidèles, déjà marqués par le signe du saint baptême et de la confirmation, sont pleinement entés sur le Corps du Christ par la réception de l’Eucharistie.

L’Assemblée liturgique (synaxis) Eucharistique est donc le centre de la communauté (congregatio) des fidèles à la tête de laquelle se trouve le Prêtre [Presbyter]. Par conséquent, les Prêtres [Presbyteri] apprennent aux fidèles à offrir à Dieu le Père la victime divine dans le Sacrifice de la Messe et à faire, avec Elle, l’offrande de leur vie ; (…). (…). Les louanges et les actions de grâce que les Prêtres [Presbyteri] eux-mêmes adressent dans la célébration de l’Eucharistie, ils les étendent aux diverses heures du jour en s’acquittant de l’Office divin par lequel, au nom de l’Église, ils intercèdent auprès de Dieu en faveur de tout le peuple qui leur est confié, et mieux, pour le monde tout entier.

La maison de la prière où la très sainte Eucharistie est célébrée et conservée, où les fidèles s’assemblent, où la présence du Fils de Dieu notre Sauveur, offert pour nous sur l’autel [ara] sacrificiel, est honorée pour le soutien et le réconfort des chrétiens, (…). »

Notes :

[38] “Eucharistia vero est quasi consummatio spiritualis vitæ, et omnium sacramentorum finis” (« L’Eucharistie est comme l’accomplissement de la vie spirituelle et la fin de tous les sacrements ») : S. Thomas, Somme Théologique, 3e partie, question 73, article 3, conclusion ; cf. Somme Théologique, 3e partie, question 65, article 3.

[39] Cf. S. Thomas d’Aquin, Somme Théologique, 3e partie, question 65, article 3, réponse à l’objection 1 ; question 79, article 1, conclusion et réponse à l’objection 1.


n. 6 :

(…) Nulla tamen communitas christiana ædificatur nisi radicem cardinemque habeat in Sanctissimæ Eucharistiæ celebratione, a qua ergo omnis educatio ad spiritum communitatis incipienda est [54]. Quæ celebratio ut sincera et plena sit tam ad varia caritatis opera mutuumque adiutorium quam ad missionalem actionem, necnon ad varias christiani testimonii formas, ducere debet. (…).

« (…) Toutefois, aucune communauté chrétienne ne peut se construire sans qu’elle ne trouve sa racine et son pivot dans la célébration de la très sainte Eucharistie [54] par laquelle toute éducation à l’esprit de communauté doit commencer [54]. Cette célébration pour qu’elle soit naturelle et complète, doit conduire autant à des œuvres diverses de charité et d’aide mutuelle qu’à l’action missionnaire non moins qu’aux diverses formes du témoignage chrétien. (…). »

Notes :

[54] Cf. Didascalie ou Constitutions des Apôtres, livre II, chapitre 59, 1-3 : “Docens autem iube et hortare populum in ecclesia frequentare et penitus numquam deesse, sed convenire semper et ecclesiam non angustare, cum se subtrahunt, et minus membrum facere corpus Christi (...) Nolite ergo vosmet ipsos, cum sitis membra Christi, spargere ab ecclesia, cum non coadunamini ; Christum enim caput habentes secundum promissionem ipsius præsentem et communicantem vobis, nolite ipsi vos neglegere nec alienare salvatorem a membris suis nec scindere nec spargere corpus eius (...)” : (« Dans ton enseignement, invite et exhorte le peuple à être assidu à l’assemblée ecclésiale, à ne pas la déserter tout à fait, mais à se rassembler toujours, à ne pas restreindre l’assemblée ecclésiale, quand ils s’y dérobent et à ne pas enlever un membre au Corps du Christ (...) Refusez donc, alors que vous êtes membres du Christ, de vous disperser vous-mêmes loin de l’assemblée ecclésiale, lorsque vous n’êtes pas réunis ; ayant, en effet, le Christ tête, selon sa promesse, présent et communicant avec vous, refusez vous-mêmes de négliger et d’éloigner le sauveur de ses membres, de diviser et de disperser son corps (...) ») : édité par F. X. Funk, vol. n° 1 p. 170 ;

S. Paul VI, Allocutio iis qui ex italico clero interfuerunt Cœtui XIII per hebdomadam habito Urbiveti v. “di aggiornamento pastorale”, 6 septembre 1963 : Acta Apostolicæ Sedis, n° 55 (1963), pp. 750 et suiv. : « Ed ecco che questo riferimento alla comunione di spirito che Ci unisce alla grande schiera di Sacerdoti, impegnati nella cura d’anime, Ci fa concludere queste Nostre parole con un accenno al tema trattato durante la vostra Settimana di aggiornamento pastorale, e cioè al tema sull’«Eucaristia e la comunità cristiana», per augurare che la vostra riflessione su argomento di tanta ricchezza dottrinale e spirituale abbia a continuare nell’esercizio del vostro ministero, a conferma della convinzione che nessuna altra azione ne realizza la pienezza di grazia e l’efficacia pastorale quanto la celebrazione del divin Sacrificio, nella quale, da un lato, la sovrumana potestà dell’ordine rende realmente presente, in forma sacramentale, l’umanità reale di Cristo, Capo di tutto il Corpo mistico e delle singole comunità locali, e dall’altro la missione pastorale, che è affidata al Sacerdote in cura d’anime, è obbligata a rendere realmente presente, in forma comunitaria, il Corpo mistico di Cristo, che è la Chiesa. » (« Et voici que cette mention de la communion d'esprit qui nous unit à la grande foule des Prêtres, engagés dans le soin des âmes, nous mène à conclure Notre intervention par une allusion au thème traité lors de votre Semaine de mise à jour pastorale, à savoir le thème L’Eucharistie et la communauté chrétienne, pour souhaiter que votre réflexion au sujet de tant de richesses doctrinales et spirituelles se poursuive dans l'exercice de votre ministère, confirmant ainsi la conviction selon laquelle aucune autre action ne réalise la plénitude de grâce et l'efficacité pastorale que celle de la célébration du divin Sacrifice, dans laquelle, d'une part, le pouvoir surhumain de l'Ordre rend réellement présente sous la forme sacramentelle, l’humanité réelle du Christ, Tête de tout le Corps mystique et de chaque communauté locale, et d'autre part, la mission pastorale, confiée au Prêtre pour le soin des âmes, est obligée de rendre réellement présent, sous la forme communautaire, le Corps mystique du Christ, qui est l’Église. »)


n. 7 :

Presbyteri omnes, una cum Episcopis, unum idemque sacerdotium et ministerium Christi ita participant, ut ipsa unitas consecrationis missionisque requirat hierarchicam eorum communionem cum Ordine Episcoporum [55], quam optime aliquando in liturgica concelebratione manifestant, et cum quibus coniuncti profitentur se Eucharisticam Synaxim celebrare [56]. (…)”

« Tous les Prêtres [Presbyteri], de concert avec les Évêques, participent ainsi à l’unique et même sacerdoce et ministère du Christ de telle sorte que l’unité même de la consécration et de la mission réclame leur communion hiérarchique avec l’Ordre des évêques [55] qu’ils manifestent de manière excellente, quelques fois dans la concélébration liturgique, et lorsqu’ils professent célébrer en union avec eux l’Assemblée liturgique [Synaxim] Eucharistique [56]. »

Notes :

[55] Cf. Concile Œcuménique du Vatican II, Constitution dogmatique “de Ecclesia” [« Sur l'Église »], Lumen gentium, n. 28 : Acta Apostolicæ Sedis, n° 57 (1965), p. 35.

[56] Cf. Constitution Ecclesiasticam Apostolorum, 18 : Presbyteri sunt symmystai et synepimachoi Episcoporum (Th. schermann, Die allgemeine Kirchenordnung, I, Paderborn, 1914, p. 26 ; A. Harnack, Texte und Untersuchungen zur Geschichte der altchristlichen Literatur, II, 4, p. 13, n. 18 et 19. – Pseudo-Jérôme, Des sept Ordres de l’Église : in benedictione cum episcopis consortes mysteriorum sunt (A. W. Kalff, Würzburg, 1937, p. 45). – Saint Isidore de Séville, Des fonctions ecclésiastiques, chapitre 7 : « Ils sont à la tête de l’Église du Christ ; pour faire l’Eucharistie, ils sont associés aux évêques, de même que dans l’enseignement du peuple et la fonction de prédication » (J.-P. Migne, Patrologie Latina, t. 83, col. 787).


n. 8 :

(…) Cum ceteris ergo membris huius Presbyterii, unusquisque specialibus apostolicæ caritatis, ministerii et fraternitatis nexibus coniungitur: quod iam ab antiquis temporibus liturgice significatur, cum Presbyteri adstantes super novum electum, simul cum Episcopo ordinante, manus imponere invitentur, et cum Sacram Eucharistiam unanimo corde concelebrant. (…) ”

« (…) Par conséquent, chacun [des Prêtres] est uni avec les autres membres de cet Ordre des Prêtres [Presbyterii] par des liens spéciaux de charité apostolique, de ministère et de fraternité : c’est ce qui est signifié liturgiquement, dès les temps antiques, lorsque les Prêtres [Presbyteri] présents sont invités, ensemble avec l’évêque qui ordonne, à imposer les mains sur le nouvel élu et lorsqu’ils concélèbrent, d’un cœur unanime, la Sainte Eucharistie. (...) »


n. 13 :

Ut Sacrorum ministri, præsertim in Sacrificio Missæ, Presbyteri personam specialiter gerunt Christi, qui seipsum ad sanctificandos homines victimam dedit; ideoque invitantur ut quod tractant imitentur, quatenus mortis Dominicæ mysterium celebrantes, membra sua a vitiis et concupiscentiis mortificare procurent [104]. In mysterio Sacrificii Eucharistici, in quo munus suum præcipuum sacerdotes adimplent, opus nostræ redemptionis continuo exercetur [105], et ideo enixe commendatur eius celebratio cotidiana, quæ quidem etiam si præsentia fidelium haberi non possit, actus est Christi et Ecclesiæ [106]. Ita, dum Presbyteri cum actu Christi Sacerdotis se coniungunt, cotidie se totos Deo offerunt, et, dum Corpore Christi nutriuntur, ex corde participant Eius caritatem qui se in cibum dat fidelibus.”

« En tant que ministres des rites sacrés, [et] surtout dans le Sacrifice de la Messe, les Prêtres [Presbyteri] tiennent spécialement le rôle du Christ, qui s’est offert lui-même comme victime pour sanctifier les hommes ; et, par conséquent, ils sont invités à imiter ce dont ils ont soin, en ce sens que, célébrant le mystère de la mort du Seigneur, ils doivent s’occuper de faire mourir en leurs membres les vices et les convoitises [104]. Dans le mystère du Sacrifice Eucharistique, en lequel les prêtres remplissent leur charge particulière, l’œuvre de notre rédemption est réalisée continuellement [105], et c’est pourquoi leur très vivement recommandée la célébration quotidienne qui, même si la présence des fidèles ne peut être réalisée, est l’action du Christ et de l’Église [106]. Ainsi, tandis que les Prêtres [Presbyteri] s’unissent à l’action du Christ Prêtre [Sacerdotis], ils s’offrent chaque jour totalement à Dieu ; et, tandis qu’ils sont nourris du Corps du Christ, ils participent, par le cœur, à Sa charité qui se donne en nourriture aux fidèles. »


n. 14 :

(…) Hæc quidem pastoralis caritas [114] maxime profluit a Sacrificio Eucharistico, quod ideo centrum et radix totius vitæ Presbyteri exstat, ita ut quod in sacrificali ara agitur, sacerdotalis animus in se referre studeat. (…).”

« (…) Or, cette charité pastorale [114] découle surtout du Sacrifice Eucharistique qui apparaît, par conséquent, comme le centre et la racine de toute la vie du Prêtre [Presbyteri], de telle sorte que ce qui est fait sur l’autel [ara] sacrificiel, l’esprit sacerdotal cherche à l’inscrire en lui. (...) »

Note :

[114] “Sit amoris officium pascere dominicum gregem” [Que l’office de l’amour soit de paître le troupeau du Seigneur] : S. Augustin d’Hippone, Traité sur S. Jean, 123, 5 : J.-P. Migne, Patrologie Latina, t. 35, col. 1967.



Svitozar Nenyuk, Jesus-Christ, Alpha and Omega
IId Concile Œcuménique du Vatican, Décret “de Activitate missionale Ecclesiæ[« De l’activité missionnaire de l’Église »], Ad gentes, 7 décembre 1965.


n. 9 :

(…) Per verbum prædicationis et per celebrationem sacramentorum, quorum centrum et culmen est Sanctissima Eucharistia, Christum salutis auctorem præsentem reddit. (…)”

« Par la parole de prédication et par la célébration des sacrements dont le centre et le sommet est la Très sainte Eucharistie, [l’activité missionnaire] rend présent le Christ, l’auteur du salut. (...) »


n. 14 :

(...) Deinde per initiationis christianæ sacramenta liberati a potestate tenebrarum,[76] Christo commortui, consepulti et conresuscitati [77], Spiritum accipiunt [78] adoptionis filiorum, et memoriale mortis et resurrectionis Domini cum cuncto Populo Dei celebrant.”

« Ensuite, délivrés de la puissance des ténèbres par les sacrements de l’initiation chrétienne [76], morts, ensevelis et ressuscités avec le Christ [77], ils reçoivent l’Esprit [78] d’adoption des fils et célèbrent avec tout le Peuple de Dieu le mémorial de la mort et de la résurrection du Seigneur. »

Notes :

[76] Cf. Colossiens 1,13. Sur cette libération de l’esclavage du démon et des ténèbres dans l’Évangile, cf. Matthieu. 12,28 ; Jean 8,44 ; 12,31 (cf. 1 Jean 3,8 ; Éphésiens 2,1-2). Dans la « Liturgie du Baptême », cf. Rituel Romain.

[77] Cf. Romains 6,4-11 ; Colossiens 2,12-13 ; 1 Pierre 3,21-22 ; Marc 16,16.

[78] Cf. 1 Thessaloniciens 3,5-7 ; Actes 8,14-17.


n. 15 :

(…) ipsa enim sacrificio eucharistico incessanter cum Christo ad Patrem transit [84], (…).

« (…) en effet, [la communauté chrétienne elle-même, par le sacrifice eucharistique, passe incessamment au Père avec le Christ [84], (…). »

Note :

[84] Concile Œcuménique du Vatican II, Constitution “De Ecclesia” [« Sur l'Église »], Lumen gentium, nn. 10, 11, 34 : Acta Apostolicæ Sedis57 (1965), pp. 10-17, 39-40.


n. 39 :

Presbyteri personam Christi gerunt et cooperatores sunt ordinis episcopalis, in triplici sacro munere quod natura sua ad missionem Ecclesiæ spectat [164]. (…) Cum autem per proprium suum ministerium quod præcipue in Eucharistia, quæ Ecclesiam perficit, consistit cum Christo Capite communicent et alios ad hanc communionem adducant (…).

« Les Prêtres [Presbyteri] tiennent le rôle du Christ et sont les coopérateurs de l’ordre épiscopal de par la triple charge sacrée qui, par sa nature, concerne la mission de l’Église [164]. (…) Puisque, par leur ministère propre qui consiste surtout dans l’Eucharistie, laquelle donne à l’Église son accomplissement, ils sont en communion avec le Christ Tête et amènent les autres vers cette communion, (…). »

Note :

[84] Concile Œcuménique du Vatican II, Constitution “De Ecclesia” [« Sur l'Église »], Lumen gentium, n. 28 : Acta Apostolicæ Sedis n° 57 (1965), p. 34.




Sacrée Congrégation des Rites, Instruction Eucharisticum mysterium, 25 mai 1967, nn. 3, 6 : Acta Apostolicæ Sedis n° 59 (1967), pp. 542, 544-545 :


n. 3 :

(…) e) Celebratio Eucharistiæ in Missæ sacrificio vere est origo et finis cultus qui eidem extra Missam exhibetur. Non solum enim sacræ Species quæ post Missam manent ex ipsa derivantur, sed insuper in eum præcipuum finem post Missam servantur, ut fideles, qui Missæ interesse non possunt, per communionem sacramentalem, rectis dispositionibus susceptam, Christo eiusque sacrificio, quod in Missa celebratur, uniantur [18]. Quare ipsum Sacrificium eucharisticum totius cultus Ecclesiæ totiusque vitæ christianæ fons et culmen est [19]. Hoc Sacrificium gratiarum actionis, propitiationis, impetrationis et laudis fideles plenius participant quando non solum sacram Victimam atque in ea seipsos Patri ex toto corde cum sacerdote offerunt, sed etiam eandem Victimam in sacramento recipiunt. (…).

« (…) e) La célébration de l’Eucharistie [=Eucharistie-sacrement] dans le sacrifice de la Messe est vraiment la source et la fin du culte qui lui est rendu en dehors de la Messe. En effet, non seulement les saintes Espèces qui demeurent après la Messe sont dérivées de celle-ci, mais, en outre, elles sont conservés après la Messe à cette fin particulière que les fidèles qui ne peuvent être présents à la Messe soient unis, par la communion sacramentelle reçue dans de bonnes dispositions, au Christ et à son sacrifice célébré à la Messe [18]. C’est pourquoi le Sacrifice eucharistique lui-même est la source et le sommet de tout le culte de l’Église et de toute la vie chrétienne [19]. À ce Sacrifice d’action de grâce, de propitiation, d’impétration, et de louange, les fidèles participent complètement lorsque, non seulement, ils offrent avec le prêtre au Père la sainte Victime et en Elle, s’offrent eux-mêmes de tout cœur, mais également, lorsqu’ils reçoivent cette même Victime dans le sacrement. (…).

Notes :

[18] Cf. n. 49 de cette Instruction.

[19] Cf. Concile Œcuménique du Vatican II, Constitution “De Ecclesia” [« Sur l'Église »], Lumen gentium, n. 11 ; Constitution “de sacra Liturgia” [« Sur la sainte Liturgie »], n. 41 ; Décret “de Presbyterorum ministerio et vita” [« Sur le ministère et la vie des Prêtres »], Presbyterorum ordinis, nn. 2, 5, 6 ; Décret “de Œcumenismo” [« Sur l'Œcuménisme »], Unitatis redintegratio, n. 15.


n. 6 :

Mysterium eucharisticum centrum totius vitæ Ecclesiæ. Catechesis de mysterio eucharistico eo tendat oportet ut fidelibus inculcet celebrationem Eucharistiæ vere centrum esse totius christianæ vitæ cum pro universa Ecclesia tum pro eiusdem Ecclesiæ congregationibus localibus. Nam ‘cetera sacramenta, sicut et omnia ecclesiastica ministeria, et opera apostolatus, cum sacra Eucharistia cohærent et ad eam ordinantur. In sanctissima enim Eucharistia totum bonum spirituale Ecclesiæ continetur, ipse scilicet Christus, Pascha nostrum panisque vivus per carnem suam Spiritu Sancto vivi-ficatam et vivificantem vitam præstans hominibus, qui ita invitantur et adducuntur ad seipsos, suos labores cunctasque res creatas una cum ipso offerendos’ [28]. Communio vitæ divinæ et unitas populi Dei, quibus Ecclesia subsistit, Eucharistia apte significatur et mirabiliter efficitur [29]. In ea culmen habetur et actionis qua Deus in Christo mundum sanctificat et cultus quem homines Christo et per ipsum Patri in Spiritu Sancto exhibent [30] ; eiusque celebratio ‘summe eo confert ut fideles vivendo exprimant et aliis manifestent mysterium Christi et genuinam veræ Ecclesiæ naturam’ [31].”

« Le mystère eucharistique, centre de toute la vie de l’Église. Il faut que la catéchèse concernant le mystère eucharistique vise à inculquer aux fidèles que la célébration de l’Eucharistie est vraiment le centre de toute la vie chrétienne, tant pour l’Église universelle que pour les assemblées locales de la même Église. Car “les autres sacrements, comme tous les ministères ecclésiastiques et les œuvres apostoliques, sont liés à la sainte Eucharistie et ordonnés à elle. En effet, dans la très sainte Eucharistie est contenu tout le bien spirituel de l’Église, à savoir le Christ Lui-même, notre Pâque et pain vivant, procurant, par sa Chair vivifiée et vivifiante par le Saint Esprit, la vie aux hommes qui sont invités et conduits à s’offrir eux-mêmes, de concert avec Lui, ainsi que leurs labeurs, et toutes les choses créées [28].” La communion à la vie divine et l’unité du peuple de Dieu, par lesquels l’Église subsiste, sont signifiées de façon appropriée et réalisées de manière admirable par l’Eucharistie [29]. En elle se trouve le sommet et de l’action par laquelle Dieu, dans le Christ, sanctifie le monde, et du culte que les hommes rendent au Christ et par Lui au Père dans l’Esprit Saint [30]  ; et sa célébration “contribue au plus haut point à ce que les fidèles, par leur vie, expriment et manifestent aux autres le mystère du Christ et la nature authentique de la vraie Église” [31] ».

Notes :

[28] Concile Œcuménique du Vatican II, Décret “de Presbyterorum ministerio et vita” [« Sur le ministère et la vie des Prêtres »], Presbyterorum ordinis, n. 5.

[29] Cf. Concile Œcuménique du Vatican II, Constitution dogmatique “De Ecclesia” [« Sur l'Église »], Lumen gentium, n. 11 ; Décret “de œcumenismo”, Unitatis redintegratio, nn. 2, 15.

[30] Cf. Concile Œcuménique du Vatican II, Constitution “de sacra Liturgia” [« Sur la sainte Liturgie »], Sacrosanctum Concilium, n. 10.

[31] Ibid., n. 2 ; cf. aussi le n. 41.


n. 9 :

Ad penitiorem intellegentiam eucharistici mysterii assequendam instruantur fideles etiam circa modos præcipuos quibus ipse Dominus Ecclesiæ suæ, in celebrationibus liturgicis, præsens adest [43]. Præsens semper adest in cœtu fidelium in suo nomine congregato (cfr. Mt. 18,20). Præsens etiam adest in verbo suo, siquidem ipse loquitur dum sacræ Scripturæ in Ecclesia leguntur. In eucharistico vero Sacrificio præsens est ‘cum in ministri persona ‘idem nunc offerens sacerdotum ministerio, qui se ipsum tunc in Cruce obtulit’ [44], tum, ac quidem maxime, sub speciebus eucharisticis’ [45]. In illo enim Sacramento, modo singulari, adest totus et integer Christus, Deus et homo, substantialiter et continenter. Hæc præsentia Christi sub Speciebus ‘realis dicitur non per exclusionem, quasi aliæ reales non sint, sed per excellentiam’ [46]”.

« Pour atteindre une intelligence plus profonde du mystère eucharistique les fidèles seront instruits des modes particuliers par lesquels le Seigneur Lui-même est là, présent, à son Église, dans les célébrations liturgiques [43]. Il est toujours là, présent, dans l’assemblée des fidèles réunis en son nom (cf. Matthieu 18, 20). Il est également là, présent, dans sa parole, puisqu’Il parle Lui-même lorsqu’on on lit dans l’Église les saintes Écritures. Il est, certes, là, présent dans le Sacrifice eucharistique, “non seulement dans la personne du ministre, ‘le même qui offre maintenant par le ministère des prêtres, [étant Celui] qui s’offrit alors Lui-même sur la croix’ [44] mais encore, au plus haut degré, sous les espèces eucharistiques” [45]. Dans ce sacrement, en effet, est présent, d’une façon unique, le Christ entier et total, Dieu et homme, substantiellement et durablement. Cette présence du Christ sous les Espèces est dite “réelle non par exclusion, comme si les autres n’étaient pas réelles mais par excellence [46]” ».

Notes :

(43] Cf. Concile Œcuménique du Vatican II, Constitution “de sacra Liturgia” [« Sur la sainte Liturgie »], Sacrosanctum Concilium n. 7.

[44] Concile Œcuménique de Trente, session 22, “Doctrina de sacrosanto Missæ Sacrificio” [« Sur le saint Sacrifice de la Messe »], chap. 2 : H. J. D. Denzinger, A. Schönmetzer, Enchiridion symbolorum, definitionum et declarationum de rebus fidei et morum, 940 (1743).

[45] Cf. Concile Œcuménique du Vatican II, Constitution “de sacra Liturgia” [« Sur la sainte Liturgie »], Sacrosanctum Concilium. n. 7.

[46] S. Paul VI, Lettre encyclique Mysterium Fidei : Acta Apostolicæ Sedis n° 57 (1965), p. 764.


Raúl Berzosa Fernández, Le Christ eucharistique


S. Paul VI, Sollemnis professio fidei [Profession de foi solennelle], 30 juin 1968, n. 24

Cf. Acta Apostolicæ Sedis 60 (1968), p. 442.


Nos credimus Missam, quæ a sacerdote in persona Christi, vi potestatis per sacramentum Ordinis receptæ, celebratur, quæque ab eo Christi et membrorum eius mystici Corporis nomine offertur, revera esse Calvariæ Sacrificium, quod nostris in altaribus sacramentaliter præsens efficitur. Nos credimus, ut panis et vinum a Domino consecrata in ultima Cena in eius Corpus eiusque Sanguinem conversa fuerunt, quæ mox pro nobis in Cruce erant offerenda, ita pariter panem et vinum a sacerdote consecrata converti in Corpus et Sanguinem Christi, in cælis gloriose assidentis ; et nos credimus arcanam Domini præsentiam, sub specie illarum rerum, quæ nostris sensibus eodem quo antea modo apparere perseverant, veram, realem ac substantialem esse (Cfr. Dz-Sch. 1651).” 

« Nous croyons que la Messe qui est célébrée par le prêtre dans le rôle du Christ en vertu du pouvoir reçu par le sacrement de l’Ordre, et qui est offerte par lui au nom du Christ et des membres de Son Corps mystique, est réellement le Sacrifice du Calvaire qui est rendu sacramentellement présent sur les autels. Nous croyons que, comme le pain et le vin consacrés par le Seigneur à la dernière Cène ont été changés en son Corps et son Sang qui devaient bientôt être offerts pour nous sur la Croix, ainsi, pareillement, le pain et le vin consacrés par le prêtre sont changés en le Corps et le Sang du Christ siégeant glorieusement dans les cieux, et Nous croyons que la mystérieuse présence du Seigneur, sous l’aspect de ces choses qui continuent d’apparaître à nos sens de la même façon qu’auparavant, est vraie, réelle et substantielle (Cf. H. J. D. Denzinger, A. Schönmetzer, Enchiridion symbolorum, definitionum et declarationum de rebus fidei et morum, n.1651). »

Note :

    [39] Cf. Concile Œcuménique du Vatican II, Constitution “de sacra Liturgia” [« Sur la sainte Liturgie »], Sacrosanctum Concilium, n. 7 



S. Jean-Paul II, Lettre encyclique Ecclesia de Eucharistia, 17 avril 2003.


11. (…) Cum Eucharistiam celebrat Ecclesia, mortis et resurrectionis Domini sui memoriam, hic præcipuus salutis eventus re vera præsens redditur et 'opus nostræ redemptionis exercetur' [11]. Hoc sacrificium ita funditus afficit generis humani salutem ut Iesus Christus illud compleverit et ad Patrem redierit tantummodo postquam nobis instrumentum reliquit ut participes essemus tamquam si ibi præsentes adfuissemus. Quisque sic christifidelis partem capere potest eiusque fructus inexhausto percipere. Hæc fides est, ex qua christianæ generationes per sæcula vixerunt. Hanc fidem Ecclesiæ Magisterium sine intermissione inculcavit gaudens gratiasque agens de dono inæstimabili [12]. Rursus cupimus hanc veritatem revocare Nosque iuxta vos, carissimi Nostri fratres ac sorores, in adoratione adstare ante Mysterium hoc : Mysterium magnum, misericordiæ Mysterium. Quid pro nobis amplius facere potuit Iesus? Re vera in Eucharistia amorem nobis demonstrat qui procedit 'in finem' (cfr Io 13, 1), amorem qui non novit limitem.

12. Hæc ratio universalis caritatis ipsius Sacramenti eucharistici innititur ipsis Salvatoris verbis. Illud enim instituens non tantum dixit 'hoc est corpus meum', 'hic est sanguis meus', sed addidit : 'quod pro vobis datur... qui pro vobis funditur' (Lc 22, 19-20). Non affirmavit dumtaxat, quod eis ad comedendum daret atque ad bibendum suum esse corpus suumque sanguinem, sed eius pariter virtutem sacrificalem patefecit, cum sacramentali modo suum sacrificium præsens efficeret, quod in Cruce nonnullis post horis ad omnium salutem perfecturus erat. 'Missa simul et inseparabiliter sacrificale est memoriale in quo Crucis perpetuatur Sacrificium, et sacrum convivium Communionis corporis et sanguinis Domini' [13].

Continenter vivit Ecclesia de hoc salutifero sacrificio, ad quod non modo per recordationem fidei plenam accedit, sed etiam in solido quodam tactu quia hoc Sacrificium revertitur præsens, se dum sacramentali via in omni communitate perpetuat quæ illud per ministri consecrati offert manus. Hoc modo hominibus nostri temporis applicat Eucharistia reconciliationem semel in perpetuum a Christo effectam pro omnium temporum hominibus. Etenim 'Sacrificium Christi et Sacrificium Eucharistiæ unum sunt sacrificium' [14]. Efficaciter hoc iam locutus est sanctus Ioannes Chrysostomus : 'Eundem enim semper offerimus [Agnum], non nunc aliam, cras aliam ovem, sed semper eandem. Quamobrem unum est sacrificium propter hanc rationem. [...] Illam nunc quoque offerimus [hostiam], quæ tunc fuit oblata, quæ non potest consumi' [15].

Sacrificium Crucis præsens efficit Missa, non illi adiungitur neque id multiplicat [16]. Quod repetitur est memorialis celebratio, memorialis demonstratio [17] ipsius, unde unicum et postremum redimens Christi sacrificium sese in tempore semper efficax præstat. Sacrificalis Mysterii eucharistici natura non potest propterea intellegi tamquam res a se stans, longe a Cruce, vel cum obliqua sola coniunctione cum Calvarii sacrificio.

13. Virtute huius suæ necessitudinis cum Golgothæ sacrificio Eucharistia sensu proprio sacrificium est, non tantum quadam universali significatione veluti si de simplici oblatione Christi tractaretur tamquam spiritalis fidelibus dati cibi. Nam amoris eius atque obœditionis usque ad novissimum vitæ momentum (cfr Io 10, 17-18] in primis est donum Patri ipsius oblatum. Certe donum hoc nobis favet, quin immo, universo hominum generi (cfr Mt 26, 28 ; Mc 14, 24 ; Lc 22, 20 ; Io 10, 15], attamen donum imprimis ad Patrem : 'Quod quidem sacrificium Pater suscepit ac vicissim pro eadem plena donatione Filii sui, qui erat 'factus obœdiens usque ad mortem' (Philp 2, 8), donationem suam paternam reddidit, nempe donum novæ vitæ immortalis in ipsa resurrectione' [18].

Suum Ecclesiæ concedens sacrificium voluit pariter Christus suum facere totius Ecclesiæ spiritale sacrificium, quæ etiam ut se ipsam cum Christi sacrificio offerat invitatur. Hoc nos docet, quod ad omnes fideles spectat, Concilium Vaticanum II : 'Sacrificium eucharisticum, totius vitæ christianæ fontem et culmen, participantes, divinam Victimam Deo offerunt atque se ipsos cum Ea' [19].

14. Una cum passione et morte comprehendit etiam Christi Pascha illius resurrectionem. Hoc iterat populi acclamatio post consecrationem : Tuam resurrectionem confitemur. Sacrificium namque eucharisticum non modo in præsentiam reducit passionis mortisque Salvatoris mysterium, verum etiam resurrectionis mysterium, suam ubi consummationem attingit sacrificium. Quatenus vivit resuscitatus, potest se Christus in Eucharistia 'panem vitæ' (Io 6, 35.48) facere, 'panem vivum' (Io 6, 51). Hoc neophytis sanctus Ambrosius memorat tamquam applicatum vitæ eorum resurrectionis eventum : 'Si tibi hodie est Christus, tibi cotidie resurgit' [20]. Sanctus Cyrillus Alexandrinus rursus inculcabat sanctorum Mysteriorum participationem, quia 'Confessio vera quædam est atque commemoratio Dominum mortuum esse et revixisse propter nos, et pro nobis' [21].

15. Sacrificii Christi in Sancta Missa sacramentalis repræsentatio, quod resurrectione eius cumulatur, secum singularem quandam præsentiam infert quæ - ut sermones repetamus Pauli VI - ''realis' dicitur non per exclusionem, quasi aliæ 'reales' non sint, sed per excellentiam, quia est substantialis, qua nimirum totus atque integer Christus, Deus et homo, fit præsens' [22]. Ita etiam semper valida Concilii Tridentini revocatur doctrina : 'Per consecrationem panis et vini conversionem fieri totius substantiæ panis in substantiam Corporis Christi, Domini nostri, et totius substantiæ vini in substantiam Sanguinis eius. Quæ conversio convenienter et proprie a sancta Catholica Ecclesia transsubstantiatio est appellata' [23]. Eucharistia re vera est Mysterium fidei, quod mysterium nostras superat cogitationes unaque fide percipi potest, quemadmodum patristicæ super hoc divino Sacramento catecheses meminerunt. Ita hortatur sanctus Cyrillus Hierosolymitanus : 'Quamobrem ne tamquam nudis et communibus elementis pani et vino Eucharisticis attende : sunt enim corpus et sanguis Christi, secundum Domini asseverationem ; nam etiamsi illud tibi suggerat sensus, fides tamen te certum et firmum efficiat' [24].

Adoro te devote, latens Deitas concinere cum Doctore Angelico pergemus. Coram hoc amoris mysterio omnem suam experitur humana ratio finitionem. Facile intellegitur quomodo sæculorum decursu theologiam ipsam hæc veritas ad arduos comprehendendi incitaverit conatus. (…)

16. Sacrificii salutaris efficacitas tum plene attingitur cum excipiendo corpore et sanguine Domini communicatur. Ex se enim ordinatur eucharisticum sacrificium ad intimam nostrum credentium coniunctionem cum Christo ipsam per communionem : Eum enim recipimus qui sese pro nobis obtulit, eius nempe corpus quod Ipse pro nobis in Cruce tradidit illiusque sanguinem qui 'pro multis effunditur in remissionem peccatorum' (Mt 26, 28). Eius verba memoria bene tenemus : 'Sicut misit me vivens Pater, et ego vivo propter Patrem, et qui manducat me, et ipse vivet propter me' (Io 6, 57). Confirmat nobis Iesus ipse hanc necessitudinem, ab eo affirmatam cum aliqua similitudine ipsius vitæ trinitariæ, re vera contingere. Verum est Eucharistia convivium, in quo se tamquam nutrimentum Christus offert.

Cum prima illa occasione hunc cibum Iesus nuntiat, audientes obstupescunt et dubitant, Magistrum simul cogentes ut verborum suorum obiectivam efferat veritatem : 'Amen, amen dico vobis : nisi manducaveritis carnem Filii hominis et biberitis eius sanguinem, non habetis vitam in vobismetipsis' (Io 6, 53). Non de quadam metaphorica agitur alimonia : 'Caro enim mea verus est cibus, et sanguis meus verus est potus' (Io 6, 55).

17. Per corporis sui sanguinisque communionem nobiscum etiam communicat Christus Spiritum suum. Scribit enim sanctus Ephrem : 'Panem corpus vivum suum vocavit, quod et se ipso et suo Spiritu implevit. [...] Qui illud ex fide comedit, Ignem comedit et Spiritum. [...] Accipite et comedite omnes et edite cum ipso Spiritum Sanctum. Est re vera corpus meum et quicumque illud comederit sempiternum vivet' [27]. Eucharistica in epiclesi hoc donum divinum, omnis alterius doni originem, expetit Ecclesia. Verbi causa in Divina Liturgia sancti Ioannis Chrysostomi legitur : 'Rogamus, precamur et obsecramus, mitte Spiritum Sanctum in nos, et in hæc proposita dona [...] ut fiat accipientibus in vigilantiam animæ, in remissionem peccatorum, in communicationem Spiritus Sancti' [28]. Et in Missali Romano precatur celebrans : 'Concede, ut qui Corpore et Sanguine Filii tui reficimur, Spiritu eius Sancto repleti, unus corpus et unum spiritus inveniamur in Christo' [29]. Dono itaque corporis et sanguinis sui in nobis sui Spiritus auget Christus donum, iam in baptismate effusum et veluti 'signum' in Confirmationis sacramento præditum.

18. Quam profert post consecrationem populus acclamatio, peropportune terminatur eschatologica ipsa visione quæ eucharisticam Celebrationem designat (cfr 1 Cor 11, 26) : 'donec venias'. Contentio enim est Eucharistia ad ultimam metam, lætitiæ plenæ pregustatio a Christo prommissæ (cfr Io 15, 11) ; certo quodam sensu est Paradisi anticipatio, 'futuræ gloriæ pignus' [30]. Omnia enim in Eucharistia fidentem exprimunt expectationem quæ indicat 'beatam spem et adventum Salvatoris nostri Iesu Christi' [31]. Qui de Christo se in Eucharistia nutrit, non debet ultra mortem exspectare ut æternam recipiat vitam : in terris iam eam possidet, tamquam primitias plenitudinis venturæ, quæ totum quidem hominem complectetur. Namque in Eucharistia confirmationem corporeæ resurrectionis sub mundi finem percipimus : 'Qui manducat meam carnem et bibit meum sanguinem, habet vitam æternam ; et ego resuscitabo eum in novissimo die' (Io 6, 54). Inde profecto oritur confirmatio hæc resurrectionis futuræ quod Filii hominis caro, in cibum tradita, corpus ipsius est in statu glorioso illius resuscitati. Eucharistia sic comparatur, ut ita dicamus, resurrectionis 'secretum'. Qua de causa recte Ignatius Antiochenus eucharisticum Panem definivit 'pharmacum immortalitatis, antidotum eius quod est non mori' [32].

19. Eschatologica contentio ex Eucharistia ipsa excitata declarat roboratque cum Ecclesia cælesti communionem. Non casu accidit ut in anaphoris Orientalibus et eucharisticis precibus Latinis memoria fiat cum veneratione semper Virginis Mariæ, Matris Dei nostri ac Domini Iesu Christi, angelorum sanctorumque apostolorum, martyrum gloriosorum omniumque sanctorum. Hæc Eucharistiæ pars digna quidem videtur quæ maiore in luce collocetur : Agni enim celebrantes sacrificium, consociamur cum cælesti 'liturgia', assentientes immensæ illi multitudini quæ clamat : 'Salus Deo nostro, qui sedet super thronum, et Agno!' (Apc 7, 10). Est re vera Eucharistia quædam cæli apertura quæ in terris panditur. Gloriæ radius est Hierosolymorum cælestium, qui historiæ nostræ nubes penetrat lucemque nostrum iactat in iter.

20. Consectarium etiam magnum eschatologicæ tensionis in Eucharistia insitæ id nempe est quod impulsionem addit peregrinationi nostræ historicæ atque semen spei vivacis serit in cotidiana singulorum devotione propriis officiis. Si enim nos adducit christiana visio ut 'cælos novos' et 'terram novam' respiciamus (cfr Apc 21, 1), hoc non infirmat, sed potius sensum nostrum officiorum concitat erga præsentem hanc terram [33]. Ineunte novo millennio vehementer commonere cupimus ut se christiani plus quam alias obligatos videant ne civitatis suæ terrestris officia neglegant. Eorum est per Evangelii lucem conferre ad mundi ædificationem qui cum homine congruat ac Dei consilio plene respondeat.”


« 11. (…) Quand l'Église célèbre l'Eucharistie, mémorial de la mort et de la résurrection de son Seigneur, cet événement central du salut est rendu réellement présent et ainsi s'opère l'œuvre de notre rédemption [11]. Ce sacrifice est tellement décisif pour le salut du genre humain que Jésus Christ ne l'a accompli et n'est retourné vers le Père qu'après nous avoir laissé le moyen d'y participer comme si nous y avions été présents. Tout fidèle peut ainsi y prendre part et en goûter les fruits d'une manière inépuisable. Telle est la foi dont les générations chrétiennes ont vécu au long des siècles.

Cette foi, le Magistère de l'Église l'a continuellement rappelée avec une joyeuse gratitude pour ce don inestimable [12].

Je désire encore une fois redire cette vérité, en me mettant avec vous, chers frères et sœurs, en adoration devant ce Mystère : Mystère immense, Mystère de miséricorde. Qu'est-ce que Jésus pouvait faire de plus pour nous ? Dans l'Eucharistie, Il nous montre vraiment un amour qui va jusqu'au bout (cf. Jean 13, 1), un amour qui ne connaît pas de mesure.

12. Cet aspect de charité universelle du Sacrement eucharistique est fondé sur les paroles mêmes du Sauveur. En l'instituant, Jésus ne se contenta pas de dire : “Ceci est mon corps” ,“Ceci est mon sang”, mais Il ajouta “livré pour vous” et “répandu pour la multitude” (Luc 22, 19-20). Il n'affirma pas seulement que ce qu'Il leur donnait à manger et à boire était son corps et son sang, mais il en exprima aussi la valeur sacrificielle, rendant présent de manière sacramentelle son sacrifice qui s'accomplirait sur la Croix quelques heures plus tard pour le salut de tous.

La Messe est à la fois et inséparablement le mémorial sacrificiel dans lequel se perpétue le sacrifice de la Croix, et le banquet sacré de la communion au Corps et au Sang du Seigneur” [13].

L'Église vit continuellement du sacrifice rédempteur, et elle y accède non seulement par un simple souvenir plein de foi, mais aussi par un contact actuel car ce sacrifice se rend présent, se perpétuant sacramentellement, dans chaque communauté qui l'offre par les mains du ministre consacré. De cette façon, l'Eucharistie étend aux hommes d'aujourd'hui la réconciliation obtenue une fois pour toutes par le Christ pour l'humanité de tous les temps. En effet, « le sacrifice du Christ et le sacrifice de l'Eucharistie sont un unique sacrifice” [14]. Saint Jean Chrysostome le disait déjà clairement : Nous offrons toujours le même Agneau, non pas l'un aujourd'hui et un autre demain, mais toujours le même. Pour cette raison, il n'y a toujours qu'un seul sacrifice. [...] Maintenant encore, nous offrons la victime qui fut alors offerte et qui ne se consumera jamais [15].

La Messe rend présent le sacrifice de la Croix, elle ne s'y ajoute pas et elle ne le multiplie pas [16]. Ce qui se répète, c'est la célébration en mémorial, la “manifestation en mémorial ” (memorialis demonstratio) [17] du sacrifice, par laquelle le sacrifice rédempteur du Christ, unique et définitif, se rend présent dans le temps. La nature sacrificielle du Mystère eucharistique ne peut donc se comprendre comme quelque chose qui subsiste en soi, indépendamment de la Croix, ou en référence seulement indirecte au sacrifice du Calvaire.

13. En vertu de son rapport étroit avec le sacrifice du Golgotha, l'Eucharistie est un sacrifice au sens propre, et non seulement au sens générique, comme s'il s'agissait d'une simple offrande que le Christ fait de lui-même en nourriture spirituelle pour les fidèles. En effet, le don de Son amour et de Son obéissance jusqu'au terme de Sa vie (cf. Jean 10, 17-18) est en premier lieu un don à Son Père. C'est assurément un don en notre faveur, et même en faveur de toute l'humanité (cf. Matthieu 26, 28 ; Marc 14, 24 ; Luc 22, 20 ; Jean 10, 15), mais c'est avant tout un don au Père : “Sacrifice que le Père a accepté, échangeant le don total de Son Fils, qui s'est fait ‘obéissant jusqu'à la mort’ (Philippiens 2, 8), avec Son propre don paternel, c'est-à-dire avec le don de la vie nouvelle et immortelle dans la résurrection” [18].

En donnant son sacrifice à l'Église, le Christ a voulu également faire sien le sacrifice spirituel de l'Église, appelée à s'offrir aussi elle-même en même temps que le sacrifice du Christ. Tel est l'enseignement du Concile Vatican II concernant tous les fidèles : “Participant au Sacrifice eucharistique, source et sommet de toute la vie chrétienne, ils offrent à Dieu la victime divine, et s'offrent eux-mêmes avec elle” [19].

14. La Pâque du Christ comprend aussi, avec sa passion et sa mort, sa résurrection, comme le rappelle l'acclamation du peuple après la consécration : “Nous célébrons Ta résurrection”. En effet, le Sacrifice eucharistique rend présent non seulement le mystère de la passion et de la mort du Sauveur, mais aussi le mystère de la résurrection, dans lequel le sacrifice trouve son couronnement. C'est en tant que vivant et ressuscité que le Christ peut, dans l'Eucharistie, se faire “pain de la vie” (Jean 6, 35. 48), “pain vivant” (Jean 6, 51). Saint Ambroise le rappelait aux néophytes, en appliquant à leur vie l'événement de la résurrection : “Si le Christ est à toi aujourd'hui, Il ressuscite pour toi chaque jour” [20]. Saint Cyrille d'Alexandrie, quant à lui, soulignait que la participation aux saints Mystères “est vraiment une confession et un rappel que le Seigneur est mort et qu'Il est revenu à la vie pour nous et en notre faveur” [21].

15. Dans la Messe, la représentation sacramentelle du sacrifice du Christ couronné par sa résurrection implique une présence tout à fait spéciale que – pour reprendre les mots de Paul VI – “on nomme “réelle”, non à titre exclusif, comme si les autres présences n'étaient pas “réelles”, mais par antonomase parce qu'elle est substantielle, et que par elle le Christ, Homme-Dieu, se rend présent tout entier” [22]. Ainsi est proposée de nouveau la doctrine toujours valable du Concile de Trente : “Par la consécration du pain et du vin s'opère le changement de toute la substance du pain en la substance du corps du Christ notre Seigneur et de toute la substance du vin en la substance de Son sang ; ce changement, l'Église catholique l'a justement et exactement appelé transsubstantiation” [23]. L'Eucharistie est vraiment “mysterium fidei”, mystère qui dépasse notre intelligence et qui ne peut être accueilli que dans la foi, comme l'ont souvent rappelé les catéchèses patristiques sur ce divin Sacrement. “Ne t'attache donc pas – exhorte saint Cyrille de Jérusalem – comme à des éléments naturels au pain et au vin, car ils sont, selon la déclaration du Maître, corps et sang. C'est, il est vrai, ce que te suggèrent les sens ; mais que la foi te rassure” [24].

Nous continuerons à chanter avec le Docteur angélique : “Adoro te devote, latens Deitas [Je T’adore avec dévotion, Divinité]”. Devant ce mystère d'amour, la raison humaine fait l'expérience de toute sa finitude. On voit alors pourquoi, au long des siècles, cette vérité a conduit la théologie à faire de sérieux efforts de compréhension. (…)

16. L'efficacité salvifique du sacrifice se réalise en plénitude dans la communion, quand nous recevons le corps et le sang du Seigneur. Le Sacrifice eucharistique tend en soi à notre union intime, à nous fidèles, avec le Christ à travers la communion : nous le recevons lui-même, Lui qui s'est offert pour nous, nous recevons son corps, qu'il a livré pour nous sur la Croix, son sang, qu'il a “répandu pour la multitude, en rémission des péchés” (Matthieu 26, 28). Rappelons-nous ses paroles : “De même que le Père, qui est vivant, m'a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même aussi celui qui me mangera vivra par moi” (Jean 6, 57). C'est Jésus lui-même qui nous rassure : une telle union, qu'il compare par analogie à celle de la vie trinitaire, se réalise vraiment. L'Eucharistie est un vrai banquet, dans lequel le Christ s'offre en nourriture. Quand Jésus parle pour la première fois de cette nourriture, ses auditeurs restent stupéfaits et désorientés, obligeant le Maître à souligner la vérité objective de ses paroles : “Amen, amen, je vous le dis : si vous ne mangez pas la chair du Fils de l'homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n'aurez pas la vie en vous” (Jean 6, 53). Il ne s'agit pas d'un aliment au sens métaphorique : “Ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson” (Jean 6, 55).

17. À travers la communion à son corps et à son sang, le Christ nous communique aussi son Esprit. Saint Éphrem écrit : “Il appela le pain son corps vivant, il le remplit de lui-même et de son Esprit. [...] Et celui qui le mange avec foi mange le Feu et l'Esprit [...]. Prenez-en, mangez-en tous, et mangez avec lui l'Esprit Saint. C'est vraiment mon corps et celui qui le mange vivra éternellement” [27]. Dans l'épiclèse eucharistique, l'Église demande ce Don divin, source de tout autre don. On lit, par exemple, dans la Divine Liturgie de saint Jean Chrysostome : “Nous t'invoquons, nous te prions et nous te supplions : envoie ton Esprit Saint sur nous tous et sur ces dons, [...] afin que ceux qui y prennent part obtiennent la purification de l'âme, la rémission des péchés et le don du Saint Esprit” [28]. Et dans le Missel romain le célébrant demande : “Quand nous serons nourris de son corps et de son sang et remplis de l'Esprit Saint, accorde-nous d'être un seul corps et un seul esprit dans le Christ” [29]. Ainsi, par le don de son corps et de son sang, le Christ fait grandir en nous le don de son Esprit, déjà reçu au Baptême et offert comme “sceau” dans le sacrement de la Confirmation.

18. L'acclamation que le peuple prononce après la consécration se conclut de manière heureuse en exprimant la dimension eschatologique qui marque la Célébration eucharistique (cf. 1 Corinthiens 11, 26) : “... Nous attendons ta venue dans la gloire”. L'Eucharistie est tension vers le terme, avant- goût de la plénitude de joie promise par le Christ (cf. Jean 15, 11) ; elle est en un sens l'anticipation du Paradis, “gage de la gloire future” [30]. Dans l'Eucharistie, tout exprime cette attente confiante : “Nous espérons le bonheur que tu promets et l'avènement de Jésus Christ, notre Sauveur” [31]. Celui qui se nourrit du Christ dans l'Eucharistie n'a pas besoin d'attendre l'au-delà pour recevoir la vie éternelle : il la possède déjà sur terre, comme prémices de la plénitude à venir, qui concernera l'homme dans sa totalité. Dans l'Eucharistie en effet, nous recevons également la garantie de la résurrection des corps à la fin des temps : “Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour” (Jean 6, 54). Cette garantie de la résurrection à venir vient du fait que la chair du Fils de l'homme, donnée en nourriture, est son corps dans son état glorieux de Ressuscité. Avec l'Eucharistie, on assimile pour ainsi dire le “secret” de la résurrection. C'est pourquoi saint Ignace d'Antioche définit avec justesse le Pain eucharistique comme “remède d'immortalité, antidote pour ne pas mourir” [32].

19. La tension eschatologique suscitée dans l'Eucharistie exprime et affermit la communion avec l'Église du ciel. Ce n'est pas par hasard que, dans les anaphores orientales ou dans les prières eucharistiques latines, on fait mémoire avec vénération de Marie, toujours vierge, Mère de notre Dieu et Seigneur Jésus Christ, des anges, des saints Apôtres, des glorieux martyrs et de tous les saints. C'est un aspect de l'Eucharistie qui mérite d'être souligné : en célébrant le sacrifice de l'Agneau, nous nous unissons à la liturgie céleste, nous associant à la multitude immense qui s'écrie : “Le salut est donné par notre Dieu, lui qui siège sur le Trône, et par l'Agneau !” (Apocalypse 7, 10). L'Eucharistie est vraiment un coin du ciel qui s'ouvre sur la terre! C'est un rayon de la gloire de la Jérusalem céleste, qui traverse les nuages de notre histoire et qui illumine notre chemin.

20. Une autre conséquence significative de cette tension eschatologique inhérente à l'Eucharistie provient du fait qu'elle donne une impulsion à notre marche dans l'histoire, faisant naître un germe de vive espérance dans le dévouement quotidien de chacun à ses propres tâches. En effet, si la vision chrétienne porte à regarder vers les “cieux nouveaux” et la “terre nouvelle” (cf. Apocalypse 21, 1), cela n'affaiblit pas, mais stimule notre sens de la responsabilité envers notre terre [33]. Je désire le redire avec force au début du nouveau millénaire, pour que les chrétiens se sentent plus que jamais engagés à ne pas faillir aux devoirs de leur citoyenneté terrestre. Il est de leur devoir de contribuer, à la lumière de l'Évangile, à construire un monde qui soit à la mesure de l'homme et qui réponde pleinement au dessein de Dieu. »

Notes :

[11] Concile Œcuménique du Vatican II, Constitution dogmatique “De Ecclesia” [« Sur l'Église »], Lumen gentium, n. 3.

[12] Cf. S. Paul VI, Profession de foi (30 juin 1968), n. 24 : Acta Apostolicæ Sedis60 (1968), p. 442 ; La Documentation catholique 65 (1968), col. 1256-1257 ; Jean-Paul II, Lettre apostolique Dominicæ Cenæ (24 février 1980), n. 9 : Acta Apostolicæ Sedis72 (1980), pp. 142-146 ; La Documentation catholique 77 (1980), pp. 305-306. 
 
[13] Catéchisme de l'Église catholique, n. 1382. 
 
[14] Ibid., n. 1367. 
 
[15] Homélie sur la Lettre aux Hébreux, 17, 3 :Patrologia Græca, t. 63, cil. 131. 
 
[16] Cf. Concile Œcuménique de Trente, session 22, “Doctrina de sacrosanto Missæ Sacrificio” [« Sur le saint Sacrifice de la Messe »], ch. 2 : H. J. D. Denzinger, A. Schönmetzer, Enchiridion symbolorum, definitionum et declarationum de rebus fidei et morum, n.1743 ; G. Dumeige, La Foi catholique, n. 768 : « C'est une seule et même victime, c'est le même qui offre maintenant par le ministère des prêtres, qui s'est offert lui-même alors sur la Croix ; seule, la manière d'offrir diffère ». 
 
[17] Vénér. Pie XII, Lettre encyclique Mediator Dei (20 novembre 1947) : Acta Apostolicæ Sedis 39 (1947), p. 548 ; La Documentation catholique 45 (1948), col. 216. 
 
[18] S. Jean-Paul II, Lettre encyclique Redemptor hominis (15 mars 1979), n. 20 : Acta Apostolicæ Sedis 71 (1979), p. 310 ; La Documentation catholique 76 (1979), p. 317. 
 
[19] Concile Œcuménique du Vatican II, Constitution dogmatique « De Ecclesia », Lumen gentium, n. 11. 
 
[20] De sacramentis, V, 4, 26 : Corpus Scriptorum Ecclesiasticorum Latinorum 73, 70 ; Sources Chrétiennes 25bis, p. 135. 
 
[21] Sur l’Évangile de Jean, XII, 20 : Patrologia Græca, t. 74, cil. 726. 
 
[22] Lettre encyclique Mysterium fidei (3 septembre 1965) : Acta Apostolicæ Sedis 57 (1965), p. 764 ; La Documentation catholique 62 (1965), col. 1643. 
 
[23] Session 13, “Decretum de sacrosancta Eucharistia”, ch. 4 : H. J. D. Denzinger, A. Schönmetzer, Enchiridion symbolorum, definitionum et declarationum de rebus fidei et morum, n.1642 ; G. Dumeige, La Foi catholique, n. 739. 
 
[24] Catéchèses mystagogiques, IV, 6 : Sources Chrétiennes n° 126, p. 138.
(…)
[27] Homélie IV pour la Semaine sainte : CSCO 413 / Syr. 182, 55.
[28] Anaphore.
[29] Prière eucharistique III.
[30] Solennité du Corps et du Sang du Christ, IIe Vêpres, antienne du Magnificat.
[31] Missel romain, Embolisme après le Notre Père.
[32] Lettre aux Éphésiens, 20 : J.-P. Migne, Patrologia Latina, t. 5, col. 661 : Sources Chrétiennes n° 10 bis, p. 77.
[33] Cf. Concile Œcuménique du Vatican II, Constitution pastorale « De Ecclesia in mundo hujus temporis », Gaudium et spes, n. 39.