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mardi 17 juillet 2018

Le droit et le devoir de surveillance et de contrôle des parents vis-à-vis de leur enfant


Le droit de surveillance permet, et impose également aux parents de surveiller les fréquentations de leur enfant, qu’elles soient physiques ou virtuelles. 

Quel que soit l’âge de celui-ci, on ne saurait invoquer le droit à la vie privée du mineur pour empêcher cette surveillance qui peut tout à fait consister à surveiller les relations de l’enfant qu’elles soient téléphoniques, par Internet ou physiques

Ce droit de surveillance donne ainsi, au moins en théorie, au parent le droit d’interdire au mineur d’avoir des relations sexuelles, et ce même s’il a plus de 15 ans (1). 

Par ailleurs, le Code pénal réprime l’atteinte sexuelle sans violence sur mineurs de moins de quinze ans (art. 227-25 du Code pénal) et lorsqu’elles sont commises sur des mineurs de plus de 15 ans par un ascendant ou une personne ayant autorité sur le mineur (art. 227-26 du Code pénal) ([Adeline] Gouttenoire, 2011, p. 431). 

Selon la jurisprudence, exercent notamment un oncle par alliance de la victime à qui celle-ci avait été confiée par ses parents, le mari d’une institutrice assistant celle-ci dans ses fonctions, le concubin de la mère qui partage avec elle son habitation, le directeur d’un centre d’accueil pour jeune en difficulté. 

Un parent peut interdire et dénoncer les relations sexuelles qu’un adulte entretiendrait avec son enfant lorsqu’elles s’inscrivent dans une des hypothèses visées par le Code pénal. On peut même considérer qu’il s’agit pour eux d’une obligation.

Note

(1) Le fait que le Code pénal ne réprime que les relations sexuelles d’un mineur de moins de quinze ans avec un majeur n’exclut pas le droit des parents de surveiller les relations sexuelles de l’enfant même âgé de plus de quinze ans.

Source

Hélène Romano, (dir .), « La protection de l’enfant par ses parents », in Accompagner en justice l'enfant victime de maltraitance ou d'accident, coll. « Enfances », Dunod, janvier 2017, p. 35-36.


Rappel de l'article 371-1 du Code Civil

L'autorité parentale est un ensemble de droits et de devoirs ayant pour finalité l'intérêt de l'enfant.

Elle appartient aux parents jusqu'à la majorité ou l'émancipation de l'enfant pour le protéger dans sa sécurité, sa santé et sa moralité, pour assurer son éducation et permettre son développement, dans le respect dû à sa personne.

Les parents associent l'enfant aux décisions qui le concernent, selon son âge et son degré de maturité. 

vendredi 3 avril 2015

L'égoïsme, selon P. Bellouino, 1844

 
La passion la plus basse, celle qui rapproche le plus l'être intelligent de l'animal, c'est celle dont nous allons traiter. 
 
L'égoïsme est l'amour exclusif de soi, se préférant dans tous les cas au devoir et à autrui ; c'est le refus tacite que fait l'homme d'accomplir les obligations qui lui sont imposées par Dieu à l'égard de ses semblables, obligations d'amour, de sacrifice, qui sont l'une des conditions les plus essentielles du bonheur à venir, le seul en vue duquel il faille définitivement agir.
 
Cette passion est la plus impénétrable qui existe ; elle se montre partout ; et partout elle est insaisissable ; nulle part on ne peut la surprendre. Menteuse habile, elle a des formes qui trompent et qui ne sont jamais en rapport avec ses effets. Essayons cependant de l'approfondir. 
 
Ce qu'il faut reprocher à l'égoïste, ce n'est pas d'être le dernier terme de ses affections, mais d'en être l'objet unique ; ce n'est pas non plus d'aimer les autres pour lui, mais de n'aimer que lui. 
 
Nous savons bien que c'est toujours nous que nous cherchons jusque dans nos démarches les plus désintéressées. Nous ne pratiquons l'amitié qu'en vue du bonheur qu'elle nous procure ; nous n'aimons d'amour que pour le même motif; notre bienfaisance n'a peut-être pas d'autre but. Les sacrifices que nous faisons à une personne aimée, nous sont encore inspirés par l'amour de nous-mêmes. Cette loi est irrésistible, nul ne peut s'y soustraire.Cependant, en général, les hommes ne se renferment pas en eux-mêmes pour être heureux ; ils trouvent leur bonheur dans les autres, dans le bien qu'ils leur font, dans les jouissances qu'ils leur procurent ou qu'ils en reçoivent. Il est naturel qu'on se plaise et qu'on se recherche dans ses semblables ; l'égoïste ne se recherche et n'a de satisfactions qu'en lui-même. Il lui semble absurde de s'occuper d'autre chose que de lui. 
 
L'enfance, chez laquelle les instincts animaux sont très développés, est en général fort égoïste ; il n'en est pas de même de la jeunesse, généreuse et pleine d'illusions ; elle ne vit que d'amour, d'amitié, de dévouement. L'expérience n'a point encore détruit ses erreurs, ne les a point arrachées de son cœur ; elle est confiante, expansive, croit à l'affection d'autrui et prodigue facilement la sienne. L'âge mur, qui a davantage l'expérience des choses de la vie est plus positif, plus réfléchi ; il obéit souvent aux calculs et aux inspirations de l'égoïsme. l.a vieillesse, de laquelle tout se retire, qui n'a plus que quelques années à passer sur la terre, se renferme en elle-même. Le vieillard, continuellement préoccupé de la crainte de la mort et des soins nécessaires à son grand âge, est la plupart du temps égoïste. 
 
L'isolement, le célibat, quand il n'est pas inspiré par la charité et la foi, les occupations sédentaires, tendent aussi à fermer le cœur à tout ce qui n'a pas d'intérêt individuel. Il n'est pas bon que l'homme se sépare de ses semblables ; il s'enlève ainsi l'occasion de pratiquer de grandes vertus et d'accomplir des devoirs nécessaires au perfectionnement de l'âme. 
 
Les souffrances physiques, les affections chroniques surtout, qui portent sans cesse l'individu à chercher des soulagements à ses maux, qui mettent continuellement le malheureux patient face à face avec la douleur, sont une cause puissante d'égoïsme. 
 
Les peines morales n'agissent point de la même manière : loin de concentrer l'homme en lui-même, elles le forcent à s'épandre pour chercher eu autrui des consolations Rien ne lie les hommes d'affection comme l'infortune, et l'amitié cimentée par les larmes, celle surtout qui vient au secours du malheur, ne périt jamais. Il est si doux de donner des consolations, il est si bon quelquefois d'en recevoir ! 
 
Jamais, à aucune époque, l'égoïsme ne fut aussi développé qu'à la nôtre. Une philosophie subversive tend à mettre en doute tous les devoirs ; les vertus ne sont plus honorées, la conscience passe pour un préjugé ; et si la foi n'est pas éteinte, les hommes s'endorment dans une mortelle indifférence sur les choses de l'autre vie. 
 
Nécessairement, dans de telles conditions, l'égoïsme doit se faire jour et remplacer dans le cœur toutes les vertus, toutes les nobles tendances qui en sont l'ornement. Ce vice est devenu parmi nous une science, qui consiste à savoir profiter le plus possible de tout, en rendant le moins qu'on peut : c'est une véritable exploitation des personnes et des choses au milieu desquelles on vit. Pour être égoïste dans ce sens, il faut une certaine habileté, car il s'agit d'attirer l'affection des hommes en ne méritant que leur haine ; d'obtenir leur estime en n'étant digne que de leur mépris ; de gagner leur confiance en la trompant tous les jours. Une semblable tâche effraierait un honnête homme et présenterait à ses yeux d'immenses difficultés. Mais celui qui n'a d'autre règle que son intérêt, qui n'est plus susceptible de remords, celui-là trouve qu'il peut l'accomplir en y mettant un peu d'art et d'hypocrisie. Cacher ses défauts et ses vices, montrer les apparences de vertus qu'il n'a pas, voilà son unique, mais puissant moyen de réussite. Il ne se met en opposition ouverte ni avec les convenances, ni avec les lois, mais il ne leur sacrifie ses goûts, ses désirs, ses intérêts que quand il y est absolument contraint. 
 
Un pareil système ne peut exister que chez un homme habile et surtout expérimenté. Il suppose toujours une étude approfondie du monde, et des motifs secrets qui font agir les hommes. En effet, l'égoïste a déchiré le voile du cœur humain ; il en a pénétré les plus intimes pensées. Jamais il ne s'arrête à la surface ; il va chercher plus loin la réalité ; car il suppose que les autres, ainsi que lui, ne possèdent qu'un vernis menteur de vertus, de générosité, d'amitié, de bienfaisance. Sa froide raison, qui pèse tout au poids de l'intérêt individuel, salit ainsi les plus nobles actions, les vertus les plus pures. Elle croit que les dévouements, s'il en existe, sont des bévues de jeunesse ou d'inexpérience ; que l'abnégation est une folie stupide, et la charité une faiblesse dont se moquent intérieurement ceux même qui en sont les objets. Cherchant sans cesse à pénétrer la pensée d'autrui, l'égoïste rend la sienne impénétrable. Il vit en guerre continuelle avec le genre humain, guerre d'embuscade et de ruses occultes, dans laquelle il pense que le plus habile est le plus sage, le plus hypocrite, le plus raisonnable.
 
Parfois il arrive que l'égoïsme n'est point ainsi le produit d'un calcul habile, d'un système profondément combiné. Il naît des dispositions naturelles de l'individu et de certaine insuffisance ou faiblesse de l'esprit et du cœur. Ce genre d'égoïsme n'a point le caractère vicieux du précédent, il est moins dans la raison que dans la pente naturelle du caractère. Dépourvu d'habileté, il a quelque chose de matériel et de brutal qui se montre à nu sans précaution et sans honte. 
 
Le premier, plus coupable, sait garder les apparences ; il ne heurte personne, il ne s'étale point aux regards. Le second, au contraire, se fait voir sans pudeur ; il inspire le plus profond dégoût, parce que tous les hommes peuvent l'apprécier et en voir la laideur. Le premier est un serpent qui s'insinue sous les fleurs et qui arrive, en se cachant , à son but; le second, est un animal immonde qui se jette brutalement sur sa proie. La société est pleine d'égoïstes semblables au serpent, c'est- à-dire, d'amis trompeurs et perfides, de spéculateurs sans conscience, de débauchés hypocrites, de philanthropes avares et sans entrailles. C'est à ceux-là, vraiment criminels, qu'il faudrait infliger, s'il se pouvait, le stigmate de la haine publique ; ce sont ces hommes qu'il faudrait démasquer et vouer à l'ignominie. Quant aux autres , ils sont nombreux aussi , mais ils ne sont dignes que de dégoût, de pitié peut-être ; on doit les éviter plutôt que les blâmer ; il faudrait les refaire plutôt que les punir.
 
L'égoïste viole tous les sentiments que la nature inscrivit au cœur de l'homme ; il foule aux pieds tous les devoirs que la société et la morale imposent.

Voyez-le, dans le sein de la famille, se refusant aux plus douces jouissances, méconnaissant la voix du sang, et brisant les liens d'affection que la nature établit entre les parents. Il ne voit dans son père et sa mère que des êtres qui ont accompli vis-à-vis de lui des devoirs qu'ils s'étaient volontairement imposés, et qui, du reste, ayant reçu des soins de leurs ancêtres, les devaient à leur descendance.

Mais bientôt il ne s'en tient plus à cette horrible ingratitude. De quoi n'est pas capable celui qui oublie le premier des bienfaits, celui de l'existence ? Il finit par regarder les auteurs de ses jours comme des surveillants incommodes qui lui imposent dés égards gênants, qui le restreignent dans ses goûts, dans ses passions. Il voit en eux les détenteurs de biens qui lui permettraient de vivre heureux, et d'horribles pensées, de criminels désirs traversent son cœur. Qui sait même si le malheureux, agenouillé près le lit de mort de son père, n'a pas suivi de l'œil les progrès du mal, dans de parricides espérances d'indépendance et de fortune ?

L'égoïste regarde son frère comme un être qui vient lui ravir une part d'héritage et d'affection.

Dans ses enfants, il ne voit que des charges pour lui, ne pense qu'aux privations qu'il faudra s'imposer pour eux ; il regrette de leur avoir donné le jour et néglige de les instruire par avarice ; ou bien, tombant dans un excès contraire, ou les aimant pour ses jouissances, il ne les contrarie en rien, ne corrige pas leurs mauvais penchants, et prépare ainsi l'infortune de leur vie tout entière.

Si l'égoïste est mauvais fils et mauvais père, sera-t-il bon citoyen ? Sera-t-il capable d'aimer sa patrie, de se dévouer pour elle ? Quoi ! la chose publique pourrait intéresser celui qui n'a d'autre dieu que lui-même ! Ne croyez pas qu'il veuille exposer son repos, sa fortune ou ses jours pour ses concitoyens. La patrie est un mot vide de sens ; il ne commettra jamais l'ineptie de se sacrifier pour des inconnus, pour des hommes qui ne lui en auraient aucune obligation, et qui, du reste, ne lui rendraient ni sa fortune, ni sa vie. Les héros morts sur les champs de bataille et immortalisés par l'histoire ne sont, pour lui, que des fanatiques.

L'égoïsme a poussé, de nos jours, sur la foi politique ; il a éteint dans les cœurs l'amour sacré de la patrie ; il a fait de la France une nation abâtardie, prête à subir toutes les tyrannies au-dedans et toutes les humiliations au-dehors. Chacun se préoccupe exclusivement du bonheur personnel ; le faisceau commun se disjoint, la décadence arrive à pas de géant.

Où sont donc ces dévouements sublimes qui poussaient tout un peuple, comme un seul homme, à la frontière ? Nous n'avons plus que des intérêts privés qui s'agitent stérilement dans des préoccupations individuelles. L'honneur national n'a plus d'écho dans les poitrines Les peuples ne sont plus solidaires des nationalités qui succombent. Des industriels, qui jouent leur fortune au scrutin, attirent les regards et l'attention des citoyens. Cette plaie honteuse de l'égoïsme ronge la société entière ; elle existe dans les masses, elle atteint les sommités, les gouvernants, ceux qui sont à hauteur d'exemple pour tous. Tous les efforts, toutes les tendances, nous entraînent sur cette pente fatale. Les égoïsmes combinés tournent les forces sociales vers l'industrie et les besoins matériels.
Dans cette voie, la ruine nous parait inévitable ; et, si nous n'avions foi dans le secours d'en-haut, si nous ne pensions que la croix arborée au sommet du Golgotha, et qui brille sur les nationalités chrétiennes, dut les protéger et les maintenir, nous craindrions pour notre patrie ces grandes catastrophes qui vinrent briser les civilisations de l'ancien monde, et les plonger dans les ténèbres de la plus profonde barbarie. Nous ne savons pas ce que Dieu nous garde ; mais l'avenir nous parait chargé d'événements suprêmes, et notre société sera fortement ébranlée, modifiée , si elle n'est pas complètement détruite.

L'égoïste, n'aimant que lui au monde, ne connaît pas la pitié, l'humanité : son cœur n'est accessible qu'aux malheurs qu'il éprouve ou qu'il craint ; s'il est fâché qu'il y ait des infortunés sur la terre, c'est que leur présence et l'aspect de leurs misères troublent son repos et choquent ses yeux. Jamais il ne descend dans l'asile de la pauvreté pour y semer l'aumône ou les consolations. Sa porte est fermée à tous les malheureux ; il mange son pain dans l'isolement, et ne permet pas que le pauvre en ramasse les miettes.

Si parfois il écoute avec intérêt le récit d'un malheur, les plaintes d'un cœur en proie à la souffrance, c'est pour se féliciter intérieurement de n'être pas dans la même position. Dans les calamités publiques, il cherche quel profit il pourrait tirer des circonstances : son principe , c'est que les autres hommes sont égoïstes, ainsi que lui, et qu'il serait bien fou d'être leur dupe. Il est, dit-il. ici-bas pour faire son bonheur, et il ressemble à tout le monde en se préférant à tout .

Les conventions sociales, les exigences de l'amitié , de la famille, sont des entraves dont il ne veut être ni dupe ni victime. Si les autres hommes s'écartent du but qu'ils veulent atteindre, c'est leur faute, et il ne voit pas pourquoi il ne profiterait pas des bévues que leurs passions leur font commettre. La prudence et l'insensibilité sont les deux principes de l'égoïste, les choses qu'il érige en vertus, et qui dirigent sa conduite tout entière. Quant à de la probité, il en a autant qu'il en faut pour paraître en avoir. Dans ses relations, il cache sous des formes prévenantes la dureté et la sécheresse de son cœur. Ses prévenances ne marquent ni l'envie de plaire aux autres, ni de les servir ; ce sont seulement des moyens de ne pas aliéner les personnes qui lui sont utiles. Sa pensée dominante, qui ne le quitte jamais, c'est l'avantage qu'il peut tirer des hommes, des choses, des circonstances ; et, suivant les cas, il est poli, presque affectueux : on bien froid, indifférent, cruel même, et sans entrailles pour personne. Recevant tous les services, n'aimant à en rendre aucun, ne cherchant que ses aises, et ne craignant pas de gêner les autres, il vit comme s'il jouait une partie qu'il faut gagner contre tout le monde. L'égoïste n'a pas d'affections, il n'a que des liaisons plus  ou moins intéressées, et les protestations d'amitié que son intérêt lui arrache, s'évanouissent devant le plus petit sacrifice, devant le plus léger obstacle. Un pareil être, vivant, au sein de la société, comme une bête sauvage, n'a point d'amis ; il n'a point honte d'être heureux à l'aspect de certaines misères, personne ne plaindra les siennes ; il ne pleure pas sur la mort des autres, personne ne suivra son convoi, aucun regret ne l'accompagnera au-delà du tombeau. S'il a le triste bonheur de satisfaire tous ses appétits et tous ses goûts, il demeure étranger aux plus douces jouissances de l'âme, à celles qui naissent des affections mutuelles dans les rapports sociaux. 
 
L'égoïsme est une affection incurable chez ceux qui le doivent au vice de leur organisation et à l'insuffisance de leur esprit et de leur cœur. Chez ceux qui l'ont réduit en système, qui s'en sont fait une règle de conduite, il est la négation d'une saine philosophie, des principes moraux et religieux ; quelquefois le résultat du vice et de la dépravation. Il est certain qu'en inspirant à ces hommes l'amour de Dieu et des principes éternels de la philosophie et de la morale, on guérirait chez eux cette horrible plaie.

Référence

P. BELOUINO, Les passions dans leurs rapports avec la religion, philosophie, la physiologie et la médecine légale, tome 1, Walle, Paris, 1844, p. 196-204.

mardi 9 septembre 2014

Les relations parents-enfants dans le christianisme : petit florilège biblique


G. Decker - Portrait d'un père et de son fils (1850)
Sur la base de la doctrine du péché originel illustrée dans l'article précédent, la Bible chrétienne met en évidence quelques principes concernant les relations des parents et de  leurs enfants. Si les enfants ont pour principale obligation d'honorer leur parents et de ne pas leur faire honte par leur comportement général, les parents ont pour devoir :
1) d'instruire leurs enfants, de leur enseigner les principes de la sagesse et de les exhorter au juste comportement ;
2) de les réprimander lorsque la situation l'exige ; 
3) de ne pas hésiter à leur administrer un châtiment corporel.
Il s'agit très tôt de s'opposer à la tendance au mal qui gît dans la nature humaine de l'enfant et qui pourrait prendre le dessus si l'enfant était laissé à lui-même. Le châtiment corporel doit vaincre l'indocilité et la rétivité de l'enfant et lui apprendre la crainte et le respect de Dieu, de ses parents et de ses supérieurs.



Du côté des enfants

Respecter ses parents, 
les entretenir dans la vieillesse
 et leur faire honneur.


Exode 20, 12

Honore ton père et ta mère, afin que tes jours soient prolongés sur la terre que l’Éternel, ton Dieu, te donne.

Deutéronome 5, 16

Honore ton père et ta mère, comme l’Éternel, ton Dieu, te l’a commandé, afin que tes jours soient prolongés, et afin que tu prospères sur la terre que l’Éternel, ton Dieu, te donne.

Proverbes 19, 26

Celui qui ruine son père et chasse sa mère, est un fils qui fait honte et apporte l’opprobre.

Proverbes 20, 20

Qui maudit son père et sa mère, — sa lampe s’éteindra au sein des ténèbres.

Proverbes 28, 7

Qui garde la loi est un fils intelligent ; mais le compagnon des débauchés fait honte à son père.

Proverbes 28, 24

Qui dépouille son père et sa mère, et dit : « Ce n’est point une transgression », celui-là est compagnon du destructeur.

Siracide 3, 1-16

Enfants, écoutez-moi, je suis votre père, faites ce que je vous dis, afin d'être sauvés. Car le Seigneur glorifie le père dans ses enfants, il fortifie le droit de la mère sur ses fils. Celui qui honore son père expie ses fautes, celui qui glorifie sa mère est comme quelqu'un qui amasse un trésor. Celui qui honore son père trouvera de la joie dans ses enfants, au jour de sa prière il sera exaucé. Celui qui glorifie son père verra de longs jours, celui qui obéit au Seigneur donne satisfaction à sa mère. Il sert ses parents comme son Seigneur. En actes comme en paroles honore ton père afin que la bénédiction te vienne de lui. Car la bénédiction d'un père affermit la maison de ses enfants, mais la malédiction d'une mère en détruit les fondations. Ne te glorifie pas du déshonneur de ton père il n'y a pour toi aucune gloire au déshonneur de ton père. Car c'est la gloire d'un homme que l'honneur de son père et c'est une honte pour les enfants qu'une mère méprisée. Mon fils, viens en aide à ton père dans sa vieillesse, ne lui fais pas de peine pendant sa vie. Même si son esprit faiblit, sois indulgent, ne le méprise pas, toi qui es en pleine force. Car une charité faite à un père ne sera pas oubliée, et, pour tes péchés, elle te vaudra réparation. Au jour de ton épreuve Dieu se souviendra de toi, comme glace au soleil, s'évanouiront tes péchés. Tel un blasphémateur, celui qui délaisse son père, un maudit du Seigneur, celui qui fait de la peine à sa mère.

Siracide 7, 27

De tout ton cœur honore ton père et n'oublie jamais ce qu'a souffert ta mère. 

Siracide 22, 3-5

C'est la honte d'un père que d'avoir donné le jour à un fils mal élevé, mais une fille naît pour sa confusion. Une fille sensée trouvera un mari, mais la fille indigne est le chagrin de celui qui l'a engendrée. Une fille éhontée déshonore son père et son mari, l'un et l'autre la renient.


Siracide 41, 17a

Ayez honte de la débauche devant un père et une mère (…)

Malachie 1, 6

Un fils honore son père, et un serviteur son maître.

Matthieu 10, 37

Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n'est pas digne de moi (…).

Matthieu 15, 4-5

Car Dieu a dit : Honore ton père et ta mère ; et : Celui qui maudira son père ou sa mère sera puni de mort. Mais vous, vous dites : Celui qui dira à son père ou à sa mère : Ce dont j'aurais pu t'assister est une offrande à Dieu, n'est pas tenu d'honorer son père ou sa mère.

Marc 7, 10-13

Car Moïse a dit : Honore ton père et ta mère; et : Celui qui maudira son père ou sa mère sera puni de mort. Mais vous, vous dites: Si un homme dit à son père ou à sa mère: Ce dont j'aurais pu t'assister est corban, c'est-à-dire, une offrande à Dieu, vous ne le laissez plus rien faire pour son père ou pour sa mère, annulant ainsi la parole de Dieu par votre tradition, que vous avez établie. Et vous faites beaucoup d'autres choses semblables.



Écouter ses parents et leur obéir.


Proverbes 1, 8-9

Écoute, mon fils, l’instruction de ton père, et n’abandonne pas l’enseignement de ta mère ; car ce sera une guirlande de grâce à ta tête, et des colliers à ton cou.

Proverbes 12, 1

Qui aime l’instruction aime la connaissance, et qui hait la répréhension est stupide.

Proverbes 13, 1

Un fils sage [écoute] l’instruction [ou : « un fils sage [est le fruit de] l’instruction » ] du père, mais le moqueur n’écoute pas la répréhension [= le tancement].

Proverbes 15, 5

Le fou méprise l’instruction de son père, mais celui qui a égard à la répréhension devient avisé.

Proverbes 15, 31-32

L’oreille qui écoute la répréhension de vie logera au milieu des sages. Celui qui rejette l’instruction méprise sa vie ; mais celui qui écoute la répréhension acquiert du sens.

Proverbes 19, 20

Écoute le conseil, et reçois l’instruction, afin que tu sois sage à ta fin.

Siracide 6, 18

Mon fils ! dès ta jeunesse choisis l'instruction et jusqu'à tes cheveux blancs tu trouveras la sagesse.

Éphésiens 6, 1-3

Enfants, obéissez à vos parents dans le Seigneur, car cela est juste. « Honore ton père et ta mère », (c’est le premier commandement avec promesse,) « afin que tu prospères et que tu vives longtemps sur la terre ».

Colossiens 3, 20

Enfants, obéissez à vos parents en toutes choses, car cela est agréable dans le Seigneur. 



Du côté des parents 


Instruire ses enfants, les exhorter, 
les réprimander et les châtier corporellement.


Deutéronome 8, 5

Connais dans ton cœur que, comme un homme châtie son fils, l’Éternel, ton Dieu, te châtie. 

Deutéronome 21, 18-21

Si un homme a un fils indocile et rebelle, qui n’écoute pas la voix de son père ni la voix de sa mère, et qu’ils l’aient châtié, et qu’il ne les ait pas écoutés, alors son père et sa mère le prendront et l’amèneront aux anciens de sa ville, à la porte de son lieu ; et ils diront aux anciens de sa ville : Voici notre fils, il est indocile et rebelle, il n’écoute pas notre voix, il est débauché [ou : « gourmand »] et ivrogne ; et tous les hommes de sa ville le lapideront avec des pierres, et il mourra ; et tu ôteras le mal du milieu de toi, et tout Israël l’entendra et craindra.

2 Samuel 7, 14

Moi, je lui serai pour père, et lui me sera pour fils : s’il commet l’iniquité, je le châtierai avec une verge d’hommes et avec des plaies des fils des hommes ;

Proverbes 3, 12

Car celui que l’Éternel aime, il le discipline, comme un père le fils auquel il prend plaisir.

Proverbes 13, 24

Celui qui épargne la verge hait son fils, mais celui qui l’aime met de la diligence à le discipliner.

Proverbes 15, 10

Une discipline fâcheuse est [pour] celui qui abandonne le [droit] sentier ; celui qui hait la correction mourra.

Proverbes 19, 18

Corrige ton fils tandis qu’il y a de l’espoir, mais ne te laisse pas aller au désir de le faire mourir.

Proverbes 20, 30

Les meurtrissures [et] les plaies nettoient le mal, et les coups, les chambres intérieures du ventre [litt. : « les profondeurs de l'âme »].

Proverbes 22, 6

Élève le jeune garçon selon la règle [ou : « à l'entrée »] de sa voie ; même lorsqu’il vieillira, il ne s’en détournera point.

Proverbes 22, 15

La folie est liée au cœur du jeune enfant ; la verge de la correction l’éloignera de lui.

Proverbes 23, 13-14

Ne manque pas de corriger le jeune garçon ; quand tu l’auras frappé de la verge, il n’en mourra pas. Tu le frapperas de la verge, mais tu délivreras son âme du shéol.

Proverbes 29, 15

La verge et la répréhension donnent la sagesse, mais le jeune garçon abandonné à lui-même fait honte à sa mère.

Proverbes 29, 17

Corrige ton fils, et il te donnera du repos et procurera des délices à ton âme.

Siracide 7, 23-25

As-tu des enfants? Fais leur éducation et dès l'enfance fais-leur plier l'échine. As-tu des filles? Veille sur leur corps, mais montre-leur un visage sévère. Marie ta fille, tu auras accompli une grande chose, mais donne-la à un homme sensé.

Siracide 22, 6

Remontrances inopportunes : musique en un jour de deuil; coups de fouet et correction, voilà en tout temps la sagesse.

Siracide 30, 1-13

Qui aime son fils lui prodigue le fouet, plus tard ce fils sera sa consolation. Qui élève bien son fils en tirera satisfaction et parmi ses connaissances il s'en montrera fier. Celui qui instruit son fils rend jaloux son ennemi et se montre joyeux devant ses amis. Qu'un père vienne à mourir, c'est comme s'il n'était pas mort, car il laisse après lui un fils qui lui ressemble. Vivant, il a trouvé la joie dans sa présence, devant la mort il n'a pas eu de peine. Contre ses ennemis il laisse un vengeur et pour ses amis quelqu'un qui leur rende leurs bienfaits. Celui qui gâte son fils pansera ses blessures, à chacun de ses cris ses entrailles tressailliront. Un cheval mal dressé devient rétif, un enfant laissé à lui-même devient mal élevé. Cajole ton enfant, il te terrorisera, joue avec lui, il te fera pleurer. Ne ris pas avec lui, si tu ne veux pas pleurer avec lui, tu finirais par grincer des dents. Ne lui laisse pas de liberté pendant sa jeunesse et ne ferme pas les yeux sur ses sottises. Fais-lui courber l'échine pendant sa jeunesse, meurtris-lui les côtes tant qu'il est enfant, de crainte que, révolté, il ne te désobéisse et que tu n'en éprouves de la peine. Élève ton fils et forme-le bien, pour ne pas avoir à endurer son insolence.

Siracide 42, 5b

[N'aie pas honte] (…) ; de corriger sévèrement tes enfants, (...).

Éphésiens 6, 4

Et vous, pères, ne provoquez pas vos enfants, mais élevez-les dans la discipline et sous les avertissements du Seigneur.

1 Thessaloniciens 2, 11

(…) ainsi que vous savez comment [nous avons exhorté] chacun de vous, comme un père ses propres enfants, vous exhortant, et vous consolant, (…).

Colossiens, 3, 21

Pères, n’irritez pas vos enfants, afin qu’ils ne soient pas découragés.

1 Timotée 5, 1

Ne réprimande pas rudement le vieillard, mais exhorte-le comme un père (…).

Hébreux 12, 7-11

Vous endurez [des peines] comme discipline : Dieu agit envers vous comme envers des fils, car qui est le fils que le père ne discipline pas ? Mais si vous êtes sans [la] discipline à laquelle tous participent, alors vous êtes des bâtards et non pas des fils. De plus, nous avons eu les pères de notre chair pour nous discipliner, et nous les avons respectés ; ne serons-nous pas beaucoup plutôt soumis au Père des esprits, et nous vivrons ? Car ceux-là disciplinaient pendant peu de jours, selon qu’ils le trouvaient bon ; mais celui-ci [nous discipline] pour notre profit, afin que nous participions à sa sainteté. Or aucune discipline, pour le présent, ne semble être [un sujet] de joie, mais de tristesse ; mais plus tard, elle rend le fruit paisible de la justice à ceux qui sont exercés par elle.

Apocalypse 3, 19

Moi, je reprends et je châtie tous ceux que j’aime ; aie donc du zèle et repens-toi. 

 
 Ce que sont les enfants pour les parents.


Psaume 103, 13

Comme un père a compassion de ses fils, l’Éternel a compassion de ceux qui le craignent.

Proverbes 10, 1

Un fils sage réjouit son père, mais un fils insensé [ou : « sot »] est le chagrin de sa mère.

Proverbes 15, 20

Un fils sage réjouit son père, mais l’homme insensé [ou : « sot »] méprise sa mère.

Proverbes 17, 6

La couronne des vieillards, ce sont les fils des fils, et la gloire des fils, ce sont leurs pères.

Proverbes 17, 25

Un fils insensé [ou : « sot »] est un chagrin pour son père et une amertume pour celle qui l’a enfanté.

Proverbes 19, 13a

Un fils insensé [ou : « sot »] est un malheur pour son père, (…).

Proverbes 23, 24-25

Le père du juste aura beaucoup de joie, et celui qui a engendré le sage, se réjouira en lui. Que ton père et ta mère se réjouissent, et que celle qui t’a enfanté ait de la joie.


Siracide 32, 22

(… ) méfie-toi de tes enfants.

Siracide 33, 22

Car il vaut mieux que tes enfants te supplient, plutôt que de tourner vers eux des regards suppliants.

Siracide 41, 7

Un père impie est insulté par ses enfants, car c'est de lui qu'ils tiennent le déshonneur.

Siracide 42, 9-11

Sans le savoir une fille cause à son père bien du souci; le tracas qu'elle lui donne l'empêche de dormir jeune, c'est la crainte qu'elle ne tarde à se marier, et, mariée, qu'elle ne soit prise en grippe. Vierge, si elle se laissait séduire et devenait enceinte dans la maison paternelle! En puissance de mari, si elle faisait une faute, établie, si elle demeurait stérile! Ta fille est indocile ? Surveille-la bien, qu'elle n'aille pas faire de toi la risée de tes ennemis, la fable de la ville, l'objet des commérages, et te déshonorer aux yeux de tous.

Matthieu 7, 11-13

Or quel est le père d’entre vous à qui son fils demandera un pain et qui lui donnera une pierre ? ou aussi, [s’il demande] un poisson, lui donnera, au lieu d’un poisson, un serpent ? ou aussi, s’il demande un œuf, lui donnera un scorpion ? Si donc, méchants comme vous l'êtes, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, à combien plus forte raison votre Père qui est dans les cieux donnera-t-il de bonnes choses à ceux qui les lui demandent. 


Sources
Version française de la Bible de John Nelson Darby (XIXe siècle) ; Bible de Jérusalem pour le Siracide.