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mercredi 18 novembre 2020

Dans l'Évangile de S. Matthieu : la parabole des talents. Homélie de don Paul Préaux

 

Don Paul Préaux


Frères et sœurs,

Nous approchons de la fin de l’année liturgique : dimanche prochain, ce sera le Christ-Roi. Et il est normal que la liturgie nous oriente vers une méditation sur les fins dernières, sur le sens de notre vie ; en particulier sur le Retour glorieux que nous avons entendu évoquer dans la deuxième lecture, de Paul aux Thessaloniciens : nous attendons Son Retour dans la Gloire. Et il me semble que cette parabole nous dit : mais... comment l’attendre ? Comment devons-nous attendre Dieu.

Tout d’abord, pour bien comprendre cette parabole, il faut bien voir que le Seigneur confie quelque chose de très grand à chacun des trois serviteurs. Les spécialistes — les exégètes — disent qu’un talent, cela vaut une fortune colossale. Certains vont même jusqu’à préciser : vingt-cinq années de salaire — un seul talent. Donc un bien surabondant, signifiant, par là, que ce que le maître donne à chacun des serviteurs — et cinq et deux et un — est un bien qui dépasse infiniment les biens seulement matériels : il s’agit de biens beaucoup plus profonds, de biens indispensables à notre vie.

Et — détail important à relever dans la parabole — le maître confie ses biens : non pas des biens qui lui seraient extérieurs.

C’est, au fond — et vous le comprenez bien — de la participation à la Vie même de Dieu dont il s’agit, la participation à Sa Vie divine : celle qui nous est donnée dans le Christ par l’Esprit, au baptême, ce don ineffable.

Avec le don, déjà, de la vie que nous possédons, ce don que nous n’avons pas demandé d’avoir, ce don que nous recevons : le don de la vie ; pour certains d’entre nous, le don de la santé : en plus de la vie, c’est un don — Il suffit de perdre un peu la santé pour se rendre compte que c’est vraiment un don…

Et puis il y a ce Don par excellence qui est le Dessein divin de Dieu qui veut faire de nous Ses fils par la grâce du baptême : nous associer à Sa Vie divine.

Donc, comme ces trois serviteurs, nous sommes tous, tous — mais vraiment, tous — à la tête d’une fortune colossale : quelle chance, nous avons, d’avoir la Vie et d’avoir la possibilité de partager cette Vie reçue de Dieu !

Et cette Vie, nous la recevons, mais nous en avons aussi la gérance : nous en sommes responsables. Au moment où, au baptême, on confie au parrain — ou à la marraine — la lumière : « Recevez la Lumière du Christ : Elle vous est confiée ». C’est important ce geste. Mais il va falloir l’entretenir la flamme ! Il va falloir la protéger de tous les vents contraires, cette petite flamme — foi, espérance et charité — que nous avons en nous. Il va falloir la démultiplier en nous.

C’est toute l’œuvre de notre vie.

Alors, nous recevons ces Dons de Dieu, chacun, personnellement — le Don de la Grâce de l’Esprit Saint ; et puis chacun en vue de construire le Bien commun.

Ah oui ! Parce qu’il peut y avoir aussi un sentiment — première tentation — de croire que Dieu est injuste. Pourquoi Il donne cinq à l’un, à l’autre deux et simplement un seul talent au dernier ?

Cette répartition inégale des dons de Dieu est là, en fait, pour susciter la charité. C’est Catherine de Sienne qui fait cette révélation dans ses Dialogues avec Dieu. Dieu lui révèle ceci — je vous la cite : « J’ai voulu répartir les dons de manière inégale pour que nous ayons besoin les uns des autres et pour favoriser ainsi le désir de la charité mutuelle. »

Et là, nous apprenons quelque chose, c’est que les dons que nous avons reçus par [sic] Dieu, ne sont pas seulement des dons pour nous-mêmes ; mais c’est [sic] des dons aussi pour la Communauté.

Cela nous rappelle ce que nous vivons pendant tout ce mois, en particulier, de novembre : cette réalité fondamentale pour nous qui est la Communion des Saints. Dans la Communion des Saints, tout m’appartient, tout m’est destiné, y compris le bien des autres; si bien qu’il n’y a plus de jalousie ; il n’y a que de l’action de grâce, de la reconnaissance, de la gratitude. Nous ne sommes pas jaloux du fait que les autres ont des dons que je n’ai pas ; nous nous en réjouissons, parce que tout m’appartient, parce que je suis au Christ.

Par contre, ce qui m’est toujours demandé, c’est de faire fructifier ce que j’ai. À trop me préoccuper des dons des autres, je risque d’oublier de faire fructifier mes propres dons. À force de jalouser les dons qui sont dans la mesure des autres, je finis par ne pas m’occuper de mes propres dons. Et mon terrain, il est en friche ; et là, il y a toutes les mauvaises herbes qui poussent ; et cela étouffe les dons de Dieu en moi. Et cela entraîne quoi ? La tristesse. La jalousie entraîne la tristesse, là où la reconnaissance des dons de Dieu dans cette magnifique répartition divine de tous les charismes qui sont faits à l’Église, entraîne la joie et entraîne la charité.

Ah ! Un autre danger, subtil, celui-là — la jalousie, c’est un peu grossier pour vous — subtil, celui-là, c’est de croire que — fausse humilité — de croire que de faire fructifier mes biens, c’est de briller aux yeux des autres…

Est-ce bien chrétien que de vouloir déployer ses talents et ainsi briller ainsi aux yeux du monde ? Eh bien, oui ! Le Seigneur nous le dit. Dans l’Évangile de Jean, Il nous dit — c’est une très belle formule : « C’est la gloire de Mon Père que vous portiez beaucoup de fruits. » [Jean 15, 8] La fructification des dons, liée à la Présence du Christ en nous par la foi, par la charité, est une Volonté de Dieu.

Ce qui est l’orgueil, ce n’est pas de faire fructifier ses biens, ça serait de nous approprier les dons de Dieu et de faire croire aux autres que c’est simplement le fruit de mon intelligence ou de ma volonté.

« Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? Et si tu l’as reçu, pourquoi te glorifier comme si tu ne l’avais reçu ? » [1 Cor. 4, 7] Nous sommes vraiment dans la logique du don, le Don que Dieu nous fait.

Donc, voyez, cette tentation de la jalousie, cette tentation de la fausse humilité, de croire que les talents que j’ai reçus, je ne dois pas les faire fructifier pour ne pas faire de l’ombre aux autres ; tout cela, ce n’est pas ce que Dieu veut. Au contraire, la véritable humilité — chrétienne — ne nie pas la dignité de l’homme et la valeur de ses efforts ; mais elle oriente tout son agir vers la gratitude, l’offrande et la consécration…

Mais maintenant, concrètement, comment faire fructifier ces dons que Dieu m’a donnés ?

D’abord, demander la grâce à l’Esprit Saint d’en prendre conscience. Parfois, il faut du temps pour se dire : « Eh bien, oui, cela, c’est un don que j’ai reçu. » Vous pouvez en avoir pris conscience en lisant la Parole de Dieu, dans votre oraison personnelle, dans votre prière. Parfois, c’est aussi les gens autour de vous — pourquoi pas vos frères, pourquoi pas votre conjoint, vos enfants, qui vous disent : « Ah dis donc ! Là, vraiment, tu as un vrai don de Dieu! » Et vous en réjouir, l’accueillir — pas de fausse humilité, non plus — dire : « Oui, bien, c’est vrai, cela, je l’ai reçu et je peux en faire bénéficier les autres. »

Vous avez vu que celui qui n’a reçu qu’un seul talent, l’image qu’il a de Dieu vient paralyser en lui la fructification de son talent. Ce n’est pas le talent qu’il enterre, c’est sa propre vie. C’est un suicide spirituel, son attitude.

Pourquoi ? Parce qu’il n’a pas connu la Révélation du Dieu de Jésus : [à savoir] que le Père est un Dieu qui est bon et miséricordieux, fidèle, pardonnant, nous aidant. Il n’a pas découvert le vrai visage de Dieu. Et, du coup, il vit sa vie dans l’ombre et la ténèbre de cette image mortifère d’un Dieu qui ne serait qu’un Maître et un Juge — et souvent un Juge impitoyable.

Ce n’est pas le Dieu de Jésus-Christ.

Qu’est-ce qu’il fait, ce mauvais serviteur, ce serviteur paresseux ? Il a peur. Intéressant ! Il a peur. « J’ai eu peur… » : il l’avoue devant le maître. « J’ai eu peur… »

Quelles sont nos peurs aujourd’hui ? N’ayons pas peur, là — justement — à la fin de cette année, de nommer nos propres peurs.

Est-ce que c’est la peur de Dieu, tout simplement ? La peur du Jugement de Dieu ?

Est-ce que c’est la peur de ce que Dieu va me demander — de ne pas être à la hauteur de ce qu’Il va me demander ?

Est-ce que c’est la peur de passer à côté de ma vie ? Parce que, entre l’idéal que je me suis fait de ma vie et le réel de ma vie, j’ai l’impression que je passe à côté de ma vie ?

Est-ce la peur de ne pas être fidèle à ce que Dieu me demande ? Le qualificatif qu’utilise [Jésus], c’est : « bon et fidèle serviteur ». C’est beau… : cette fidélité.

Quelles sont nos peurs ? Il faut les nommer. Et après cela, il faut demander à l’Esprit Saint de les exorciser, de les chasser de notre cœur, comme dit Saint-Paul, dans ce « jaillissement de l’Esprit Saint en nous » — « Laissez jaillir l’Esprit Saint » [Rom. 12, 11 : “τῷ πνεύματι ζέοντες”, “spiritu ferventes” » : « brûlants par l’Esprit »] : très belle expression — pour être au service les uns des autres, dans l’humilité et dans la joie.

Comment on prépare le Retour glorieux ? Comment on prépare notre propre mort ? Par une foi vivante, agissante, par la charité, dans le quotidien, dans le concret de notre vie. N’allons pas chercher midi à quatorze heures. Vivons cette charité là où nous sommes.

Ne vivez pas dans le passé. Ne vivez pas seulement dans la projection du futur. Vivez le présent, ce présent que Dieu nous donne.

Voyez, un des dangers, aujourd’hui, je pense — très humblement — qu’un des dangers de la pandémie, pour tous ceux qui seront privés de l’Eucharistie (…), le grand danger, c’est de nous cantonner dans la peur.

La peur est une arme de Satan.

Et je finirai cette homélie en vous citant Saint Jean, particulièrement dans ce chapitre 16, dernier verset du chapitre 16 de saint Jean, le verset 33 — très beau — où Jésus nous dit : Je vous ai dit tout cela — tout l’Évangile — pour que, en Moi, vous ayez la Paix… Dans le monde, vous connaîtrez la détresse, les épreuves, les difficultés. Mais Moi, J’ai vaincu le monde… 

Amen !


Référence

Don Paul Préaux, Homélie du 33e dimanche du Temps ordinaire (année A), prononcée au cours de la Messe, le 15 novembre 2020 (2de lecture : 1 Th. 5, 1-6 ; Évangile : Mt. 25, 14-30). Disponible en ligne sur <https://www.youtube.com/watch?v=An897v2vK0s>, consultée le 18 novembre 2020.

Don Paul Préaux est le modérateur général de la Communauté S. Martin.

Cette homélie a été retranscrite par l'auteur de ce blogue. 

vendredi 1 novembre 2019

Mes brebis ont été dispersées, parce qu’elles n’avaient point de pasteur...



Le Bon Pasteur, Rome, catacombe de Priscille, après 250.


La parole du Seigneur me fut adressée en ces termes :

« Fils de l’homme, prophétise au sujet des pasteurs d’Israël ; prophétise et dis aux pasteurs : “Ainsi parle le Seigneur Dieu :

Malheur aux pasteurs d’Israël qui se paissent eux-mêmes. Est-ce que les pasteurs ne paissent pas leurs troupeaux ?

Vous mangiez le lait, et vous vous vêtiez de la laine ; vous avez tué ce qui était gras, mais vous ne paissiez pas mon troupeau. Vous n’avez pas fortifié ce qui était faible, guéri ce qui était malade, pansé ce qui était blessé ; vous n’avez pas ramené ce qui était égaré, ni cherché ce qui était perdu ; mais vous leur commandiez avec dureté et avec violence.

Mes brebis ont été dispersées, parce qu’elles n’avaient point de pasteur ; elles sont devenues la proie de toutes les bêtes sauvages, et elles ont été dispersées. Mes troupeaux ont erré sur toutes les montagnes et sur toutes les collines élevées ; mes troupeaux ont été dispersés sur toute la face de la terre, et personne ne les cherchait ; personne, dis-je, ne les cherchait.

C’est pourquoi, pasteurs, écoutez la parole du Seigneur :

Par ma vie — dit le Seigneur Dieu — parce que mes troupeaux ont été livrés au pillage, et que mes brebis sont devenues la proie de toutes les bêtes sauvages, faute de pasteur ; car mes pasteurs n’ont point cherché mon troupeau, mais ces pasteurs se paissaient eux-mêmes et ne faisaient pas paître mes troupeaux ; à cause de cela, pasteurs, écoutez la parole du Seigneur.

Ainsi parle le Seigneur Dieu :

Voici, Je viens moi-même à ces pasteurs ; Je reprendrai mon troupeau d’entre leurs mains, et j’empêcherai désormais ces pasteurs de paître le troupeau, et aussi de se paître eux-mêmes ; Je délivrerai mon troupeau de leur bouche, et il ne sera plus leur pâture.

Car ainsi parle le Seigneur Dieu :

Voici, Je chercherai moi-même mes brebis, et Je les visiterai. Comme un pasteur visite son troupeau lorsqu’il se trouve au milieu de ses brebis dispersées, ainsi Je visiterai mes brebis, et Je les délivrerai de tous les lieux où elles avaient été dispersées au jour du nuage et de l’obscurité.

Je les ferai paître dans les pâturages les plus fertiles ; les hautes montagnes d’Israël seront le lieu de leur pâture ; elles s’y reposeront sur les herbes verdoyantes, et elles paîtront sur les montagnes d’Israël en de gras pâturages.

Je ferai moi-même paître mes brebis, et Je les ferai moi-même reposer — dit le Seigneur Dieu. 

Je chercherai ce qui était perdu, Je ramènerai ce qui était égaré, Je panserai ce qui était blessé, Je fortifierai ce qui était faible, et Je conserverai ce qui était gras et fort, et Je les ferai paître avec justice.

Mais vous, mes troupeaux, ...

... ainsi parle le Seigneur Dieu :

Voici, je jugerai entre brebis et brebis, entre béliers et boucs.

N’était-ce pas assez pour vous de paître en de bons pâturages ? Mais vous avez foulé de vos pieds les restes de vos pâturages, et, après avoir bu l’eau très pure, vous avez troublé le reste avec vos pieds. Et mes brebis se nourrissaient de ce que vous aviez foulé aux pieds, et elles buvaient ce que vos pieds avaient troublé.

C’est pourquoi ainsi vous parle le Seigneur Dieu :

Voici, Je jugerai moi-même entre la brebis grasse et la brebis maigre.

Parce que vous heurtiez du côté et de l’épaule, et que vous frappiez de vos cornes toutes les brebis faibles, jusqu’à ce que vous les eussiez dispersées dehors, Je sauverai mon troupeau, et il ne sera plus exposé au pillage, et Je jugerai entre brebis et brebis.

Et Je susciterai sur elles un Pasteur unique pour les paître, David Mon serviteur ; il les fera paître lui-même, et il sera leur Pasteur. Et moi, le Seigneur, Je serai leur Dieu, et Mon serviteur David sera prince au milieu d’elles. Moi, le Seigneur, J’ai parlé.

Je ferai avec elles une alliance de paix, J’exterminerai du pays les bêtes féroces, et ceux qui habitent dans le désert dormiront en sécurité dans les bois. Je les établirai autour de ma colline pour les bénir, Je ferai tomber la pluie en son temps, et ce seront des pluies de bénédiction. L’arbre des champs donnera son fruit, et la terre donnera son produit, et ils seront sans crainte dans le pays ; et ils sauront que Je suis le Seigneur, lorsque j’aurai brisé les chaînes de leur joug et que Je les aurai arrachés de la main de ceux qui les dominaient. Ils ne seront plus la proie des nations, et les bêtes de la terre ne les dévoreront plus ; mais ils habiteront avec confiance, sans aucune crainte. Je leur susciterai un Germe de renom ; ils ne seront plus diminués par la famine dans le pays, et ils ne porteront plus l’opprobre des nations. Et ils sauront que Moi, leur Seigneur Dieu, Je serai avec eux, et qu’ils seront Mon peuple, eux la Maison d’Israël dit le Seigneur Dieu. 

Mais vous, Mes brebis, vous, les brebis de Mon pâturage, vous êtes des hommes, et Moi je suis le Seigneur votre Dieu dit le Seigneur Dieu.” »


Référence : Ézéchiel, chapitre 34, selon La Sainte Bible commentée, d’après la Vulgate et les textes originaux par L. -Cl. Fillion.

dimanche 4 août 2013

Qui sont les « petits » dans le Nouveau Testament ?



De nos jours, lorsque l'on fait référence à la morale du Nouveau Testament, on évoque en premier lieu l'attitude qu'aurait prescrite Jésus-Christ vis-à-vis des « petit ». 

Mais qui sont ces petits ? 

L'évangile de Matthieu, dans sa section 18, 1-20, 16, est particulièrement dédié à ce problème (Marc 10, 1-45 en est l'équivalent) .

Tout d'abord, se pose la question de savoir qui est le plus grand dans le Royaume des Cieux et qui y entrera. La réponse est la suivante : entrera dans le Royaume des Cieux celui qui s'abaisse comme un enfant (18, 1-5) et qui représente ainsi le Christ lui-même.

Ensuite, Jésus-Christ associe très visiblement « ces petits » à « qui croient en moi » (18, 6-9). Les petits sont donc ceux qui croient en Jésus-Christ.

Jésus-Christ donne des informations au sujet de ces derniers :

- leurs anges dans les Cieux regardent constamment la face du Père qui est dans les cieux (18, 10). Les petits sont donc en contact direct et permanent avec le Père qui est dans les Cieux.

- le Père qui est dans les Cieux les protège de tout danger et de tout égarement (parabole de la brebis égarée, 18, 12-14).

Vient alors un ensemble de prescriptions de Jésus-Christ liées au péché et au pardon entre frères appartenant à la communauté de l'Église. Jésus-Christ n'évoque plus les petits mais « ton frère », « deux d'entre vous », « mon frère » (18, 15-22).

Le frère, dans cette section, est très visiblement le membre de l'Église : la question en débat est celle de savoir comment se comporter avec le frère qui pèche.

- premièrement, il faut le reprendre de frère à frère, d'homme à homme ;
- deuxièmement, si le frère ne change pas d'attitude, il faut le reprendre de nouveau avec un ou deux témoins ;
- troisièmement, si rien n'y fait, il faut en référer à l'Église toute entière ;
- enfin, si le frère persévère, il faut le traiter comme un païen et un publicain, c'est-à-dire, cesser toute vie communautaire avec lui et le considérer comme une personne à qui il faut de nouveau annoncer l'Évangile.

Cependant Jésus-Christ insiste dans la section 18, 21-35 sur le fait qu'il faut pardonner à son frère autant de fois qu'il est nécessaire.

Quelle que soit la situation, il s'agit de toujours garder espoir et d'être sûr que ce que les frères demandent en étant au moins deux, le Père qui est dans les Cieux l'accorde toujours (18, 19-20).

Dans la section qui suit (19, 1-20-16), est précisé à qui appartient le royaume des Cieux et pourquoi Jésus-Christ donne en exemple les enfants.

En 19, 13-15, en effet, Jésus-Christ réaffirme que « c'est à (…) [ceux qui sont] pareils [aux enfants] qu' appartient le Royaume des Cieux ».

Cette proposition est encadrée par deux autres :

1) la section 19, 3-12 aborde la question de la sexualité : Jésus-Christ prescrit à ses disciples une sexualité réduite au strict minimum :

▪ soit le mariage indissoluble avec une seule épouse, avec la réaffirmation de la condamnation de l'adultère (19, 3-9) ;
▪ soit le renoncement à toute activité sexuelle et à toute descendance, avec l'évocation « des eunuques qui se sont rendus eunuques eux-mêmes à cause du Royaume des Cieux ».

2) la section 19, 16-20, 16 aborde la question du patrimoine, de la parentalité, de la descendance et des positions honorifiques. En effet, il s'agit  :

▪ en plus du respect obligatoire des dix commandements, de vendre tout ce que l'on possède et de le donner aux pauvres (19, 21-22) ; d'abandonner sa maison et ses champs (19, 29) ;
▪ d'abandonner ses frères ou sœurs, ses père ou mère (id.) ; 
d'abandonner ses enfants (id.) ; 
de prendre la dernière place (19, 30). 

Il est d'ailleurs toujours temps de se mettre à la suite de Jésus-Christ. La parabole des ouvriers de la dernière heure (20, 1-16) assure que les derniers arrivés bénéficieront du même salaire que les premiers engagés.

Quel est ce salaire ? Il s'agira d'être « assis aussi sur douze trônes pour juger les douze tribus d'Israël ». Ainsi sera redonnée aux disciples, « lors de la Régénération » la place prééminente qu'ils auront volontairement délaissée au préalable, en se faisant derniers.

On comprend donc, par le biais de ces deux sections, pourquoi Jésus-Christ, donne les enfants pour modèles aux disciples qui souhaitent s'assurer l'entrée dans le Royaume des Cieux, « lors de la Régénération ».

En effet, un enfant se trouve, de fait et déjà, dans la situation de celui qui est appelé à devenir « dernier », « petit » :

- un enfant n'a pas encore la sexualité d'un adulte, il n'a donc pas de conjoint légitime ni d'enfants : il est comme un eunuque ; il ne pratique pas de sexualité active : il ne se rend pas coupable d'adultère.

- un enfant n'a pas de patrimoine propre et reçoit tout de ses parents.

- un enfant passe toujours après les adultes et est mis à leur service comme un esclave (ce qui correspond à l'idéal de service prescrit par Jésus-Christ en 20, 25-28), surtout dans la société antique.

Cette section 18, 1-20, 16 permet donc de comprendre qui est le « petit » : 

Le « petit » est le disciple du Christ qui a abandonné patrimoine, famille et descendance pour le suivre. Il est aussi celui qui a renoncé à toute sexualité luxuriante pour se contenter perpétuellement d'un seul conjoint ou pour renoncer à tout commerce sexuel et donc à toute descendance.

Le petit est le frère qu'il ne faut jamais scandaliser, c'est-à-dire pousser au péché. Il est le frère qu'il faut reprendre à plusieurs reprises, s'il pèche de son propre chef. S'il se repent, il s'agit de lui pardonner autant de fois qu'il est nécessaire ; s'il ne se repent pas, il faut cesser toute vie communautaire avec lui et le considérer comme une personne à qui il faut de nouveau annoncer l'Évangile.

Mais à quoi est appelé le disciple, le frère, le petit ? La section 20, 17-28 qui suit celle que nous avons étudiée l'explique : il s'agit de « boire la coupe » que Jésus-Christ a bu ; il s'agit de « servir et donner sa vie en rançon pour beaucoup ». Jésus-Christ annonce dans cette section qu'il sera livré, condamné à mort, bafoué, fouetté et crucifié ; puis qu'il ressuscitera. Le disciple doit donc se préparer à être assimilé à l'esclave persécuté. C'est le seul moyen de parvenir à la résurrection. La vocation du martyre est aussi celle du disciple, du frère, du petit.

En 18, 5, Jésus-Christ s'était assimilé celui qui s'est abaissé comme un enfant : « celui qui accueille à cause de mon nom un enfant comme celui-ci, c'est moi qu'il accueille ».

Cela permet de mieux comprendre le principe du Jugement des « nations » qui aura lieu « lorsque le Fils de l'homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui » (Matthieu 25, 31-46). 

La discrimination qui sera établie entre les bénis du Père (destinés au Royaume réparé pour eux depuis la fondation du monde) et les maudits (destinés au feu éternel préparé pour le diable et ses anges) dépendra de la façon dont on se sera comporté vis-à-vis des moindres frères de Jésus-Christ (en grec : τούτων τῶν άδελφῶν μου τῶν έλαχίστων, toutôn tôn adelphôn mou tôn elachistôn, littéralement « mes frères les plus petits »). 

Or, nous avons démontré que ces frères les plus petits sont les vrais disciples de Jésus-Christ, ceux qui ont suivi en tout point son enseignement en renonçant à toute sexualité luxuriante, à tout patrimoine, à toute famille et descendance, à toute place honorifique ou de commandement et en se faisant serviteur jusqu'au martyr. 

Ce que les membres des nations auront fait aux vrais disciples de Jésus-Christ, ils l'auront fait à Jésus-Christ lui-même. Et c'est sur ce critère qu'il seront bénis ou maudits. 

Ludolphe le Chartreux, dans La grande vie de Jésus-Christ, trad. par Dom Marie-Prosper Augustin, tome V, C. Dillet, Paris, 1865, p. 322, évoque Saint Augustin qui semble parvenir à la même conclusion :

« Ces chrétiens auxquels Jésus-Christ donne ici le nom de petits, dit saint Augustin (serm. 35, de Verbis Domini), sont ceux qui ont tout quitté pour le suivre ; qui ont distribué tous leurs biens aux pauvres afin de mieux servir le Seigneur ; qui se sont débarrassés de tous les tracas, de toutes les sollicitudes du siècle, pour s'élever plus librement vers les cieux. Ce sont là ceux qui sont véritablement petits. Et pourquoi petits ? Parce qu'ils sont humbles, sans prétention, sans vanité et sans orgueil. Prenez ces petits dans vos mains, soupesez-les et vous verrez qu'ils sont chargés de mérites. » 

Dans l'Église catholique actuelle, les seuls baptisés qui sont soumis, à la fois, aux commandements communs et aux conseil évangéliques sont les religieux et les personnes consacrées qui respectent ces mêmes conseils par leurs vœux d'obéissance, de pauvreté et de chasteté.

La conclusion étonnante à laquelle on parvient est donc que le Jugement des nations se fera sur le comportement manifesté à l'égard des religieux et des personnes consacrées !! 

Remarque :

Le texte précédent est le fait de l'auteur de ce blog. La version française du Nouveau Testament utilisée est celle du chanoine Osty.

lundi 2 janvier 2012

Lévitique 17, 11 : à propos du sang expiatoire.

[L'orthographe et le ponctuation du commentaire ont été modernisées.]


Texte hébreu.

כִּי נֶפֶשׁ הַבָּשָׂר בַּדָּם הִוא וַאֲנִי נְתַתִּיו לָכֶם עַל הַמִּזְבֵּחַ לְכַפֵּר עַל נַפְשֹׁתֵיכֶם כִּי הַדָּם הוּא בַּנֶּפֶשׁ יְכַפֵּר

kî nefeš ha-bāśār ba-dām hiw’ wa-’ănî nəṯatîw lā-ḵem ‘al-ha-mmizəbēḥa lə-ḵapēr ‘al-nafəš ṯêḵem kî-ha-dām hû’ ba-nnefeš yəḵapēr


Traduction des LXX.

ἡ γὰρ ψυχὴ πάσης σαρκὸς αἷμα αὐτοῦ ἐστιν καὶ ἐγὼ δέδωκα αὐτὸ ὑμῖν ἐπὶ τοῦ θυσιαστηρίου ἐξιλάσκεσθαι περὶ τῶν ψυχῶν ὑμῶν τὸ γὰρ αἷμα αὐτοῦ ἀντὶ τῆς ψυχῆς ἐξιλάσεται
 
hè gar psukhè pasès sarkos haîma autoû estin kai egô dedôka auto humîn epi toû thusiastèriou exilaskesthai peri tôn psukhôn humôn to gar haîma autoû anti tês psukhês exilasetai


Traduction de la Vulgate.

quia anima carnis in sanguine est et ego dedi illum vobis ut super altare in eo expietis pro animabus vestris et sanguis pro animae piaculo sit.


Traduction de Louis Segond.

Car l'âme de la chair est dans le sang. Je vous l'ai donné sur l'autel, afin qu'il servît d'expiation pour vos âmes, car c'est par l'âme que le sang fait l'expiation. 
 

Sens du verbe hébreu Caphar.

כָּפַּר, Caphar : il a couvert, il a enduit, il a bouché (Gen. 6, 14).
De même dans Pihel כִּפֵּר, Cippher : par métaphore, il a couvert, caché, afin qu'on ne le voit pas, il a ôté, aboli, emporté ; il se dit de la face, ou de la colère, il a réconcilié, apaisé ; du péché, il a pardonné, expié ; des souillures, il a nettoyé ; d'autres choses, il a emporté, aboli, ôté. Il signifie l'un et l'autre, et réconcilier, et cacher. [Schind in Lex. Pentag.]

D'où vient כְפוֹר, Cephor, gelée blanche qui couvre la terre, frimas (Ps 147, 16).

Il ne signifie seulement couvrir, mais aussi racheter (Ex. 21, 30 ; Ps. 49, 8), apaiser (Gen. 32, 21) et de là expier. [Grot. de la satisfaction de Jésus-Christ.]

Il signifie couvrir de ciment, de poix, ou de quelque autre chose semblable, qui s'attache à ce qui en est couvert, de sorte que l'on n'en peut pas facilement ôter. Il se dit et du péché, et du pécheur ; de la chose (Ps. 78, 38) ; de la personne (Deut. 21, 8). Les LXX tournent ce mot par ἵλεως γίνομαι [hileôs ginomai], je deviens propice (Deut. 21, 8), ἱλαομαι [hilaomai], ἱλάσκομαι [hilaskomai], έξιλάσμαι [exilasmai], je me rends propice (Ps. 65, 4 et 79, 9 ; 1 Sam. 3, 14 ; Éz. 10, 10 ; Ps. 38, 38). Et souvent dans les livres de l’Exode, du Lévitique et des Nombres. [Worton, de reconciliatione, part. secunda l.2. c. 31]

Caphar veut proprement dire incruster (Gen. 6, 14). Le couvercle qui était sur l'Arche s'exprime par un mot tiré de cette même racine. Il s'applique métaphoriquement au péché, et à l’ire [colère] excitée par le péché, et il signifie la couvrir (Lév. 4, 20), c'est à dire, pardonner les péchés, et apaiser la colère, comme Ps. 78, 38 [où] il y a mot pour mot, couvrir l’iniquité, Prov. 16, 14, il la couvrira, c'est à dire, il l'apaisera. Il se prend aussi simplement, et il signifie être propice, être favorable, être clément, comme Deut. 21, 8. Il se prend souvent pour expier, c'est à dire, purger et ôter les souillures. Il se prend en ce sens des choses qui étaient en usage sous la loi et aussi des personnes. Voyez Willet sur Lév. 23, 22.

כַפֹרֶת, Capporeth, se dit de ce que l’on cache la colère en cachant le visage (Gen. 32, 21). Voyez Ainsw., Ex. 25, 17.  

Capporeth veut dire proprement couvercle : la Vulgate le tourne par propitiatoire, quelquefois par oracle, parce que Dieu répondait de dessus ce propitiatoire aux choses qu'on lui demandait, c'est à dire, qu'il prononçait des oracles. Rivet sur ce passage. Voyez D. Hammondi, potestatem clavium, c. 2, sect. II, p. 13. 

La justification se fait en couvrant et cachant, comme les fentes d'une muraille se couvrent et se cachent, en les enduisant (Lév. 16, 33).


Référence

Edward Leigh, Dictionnaire de la langue sainte, contenant toutes les originies ou les mots hébreux, tant primitifs que dérivés du Vieux Testament, Traduction française de Louis de Wolzogue, Pierre Mortier, Amsterdam, 1703, p. 311-312.

samedi 31 décembre 2011

Ne nous fais pas entrez en tentation, selon Tertullien

 
À propos de la demande contenue dans la prière évangélique « Notre Père » : ne non inducas in tentationam, « ne nous fais pas entrer en tentation ». 

Voici ce qu'en dit Tertullien (v. 155-220), berbère carthaginois de langue latine, converti au christianisme et considéré comme un Père de l'Église. La version française est le fait de l'auteur de ce blog.


Adjecit ad plenitudinem tam expeditæ orationis, ut non de remittendis tantum, sed etiam de avertendis in totum delictis supplicaremus, NE NOS INDUCAS IN TENTATIONEM, id est ne nos patiaris induci, ab eo utique  qui tentat. Cæterum absit ut Dominus tentare videatur, quasi aut ignoret fidem cujusque, aut dejicere gestiens. Diaboli est et infirmitas et malitia. Nam et Abrahamum non tentandæ fidei gratia, sacrificare de filio jusserat, sed probandæ, ut per eum faceret exemplum præcepto suo, quo mox præcepturus erat, neque pignora Deo cariora habenda. Ipse a diabolo tentatus, præsidem et artificem tentationis demonstravit. Hunc locum posterioribus confirmat: Orate, dicens, ne tentemini (Luc., XXII, 46). Adeo tentati sunt Dominum deserendo, qui somno potius indulserant quam orationi. Eo respondet clausula interpretans quid sit: Ne nos deducas in tentationem. Hoc est enim: SED DEVEHE NOS A MALO

Il ajoute au développement complet de cette prière si facile, que nous priions non seulement au sujet des fautes qu'il faut remettre, mais également au sujet des fautes qu'il faut éloigner totalement, NE NOUS CONDUIS PAS DANS L'ÉPREUVE, c'est-à-dire ne nous permets pas d'être conduits par celui, de toute façon, qui éprouve. D'ailleurs, loin de nous l'idée que le Seigneur soit vu comme [capable] d'éprouver, comme s'il ignorait la foi de chacun, ou comme s'il brûlait de la saper. La maladie et la méchanceté sont choses du diable. En effet, Il avait commandé à Abraham d'offrir son fils en sacrifice, non pour éprouver sa foi, mais pour la démontrer, afin, par lui, de donner un exemple au précepte qu'il allait bientôt donner, qui est de n'avoir pas de garanties plus précieuses que Dieu. Lui-même a été éprouvé par le diable, Il a montré [du doigt] celui qui préside à l'épreuve et en est l'artisan. Il confirme ce point, plus loin : Priez, dit-Il, afin de ne pas être éprouvé (Luc 12, 46). Tant et si bien, qu' abandonnant le Seigneur, ils furent éprouvés, ceux qui se sont adonnés au sommeil plutôt qu'à la prière. C'est ce qu'assure la conclusion qui explique que ceci : ne nous plonge pas dans l'épreuve, veut dire en effet : OUI, MAIS EMPORTE-NOUS LOIN DU MAL.

Référence.

Quintus Septimus Florens Tertullianus, dit Tertullien, Liber de Oratione [Le livre de la prière], chapitre VIII, Migne - Patrologia Latina - Volumen 001 : Col [1163B] - [1164A].

mercredi 12 octobre 2011

Le ḥesed biblique, quelques définitions.


Je souhaiterais consacrer quelque espace au mot ḥesed, très présent dans les textes hébreux de  l'Ancien Testament, selon l'appellation chrétienne, du Tanakh, selon l'appellation juive, de la Tawrat, selon l'appellation musulmane. La version française des textes latins proposés ici, est le fait de l'auteur de ce blog.


A) Moïse Maïmonide, Le guide des égarés, tome 3, O. Zeller, Osnabrück, 1856-1866, p. 454-455.

(…) il [ḥesed] est plus souvent employé pour exprimer un excès de libéralité. On sait qu'être libéral se dit dans deux sens, c'est :

1° faire le bien à celui à qui on ne doit absolument rien ;

2° faire le bien à celui qui l'a mérité, au delà de ce qu'il a mérité.

Les livres prophétiques emploient le plus souvent le mot ḥesed dans le sens de « faire le bien à celui à qui on ne doit absolument rien » ; c'est pourquoi tout bienfait qui vient de Dieu est appelé ḥesed, comme il est dit : Je rappelle les bienfaits (חסדי) de l'Éternel (Isaïe, 63, 7). C'est pourquoi aussi tout cet univers, je veux dire sa production par Dieu, est appelée ḥesed, comme il est dit : C'est par la bonté divine (חסד) que l'univers a été construit (Ps. 89, 3), ce qui veut dire la construction de l'univers est un bienfait. Dieu dit encore en énumérant ses attributs ורב חסד[et] plein de bienveillance (Exode 34, 6).

Quant au mot tsedaqa, il est dérivé de tsèdèq (צדק) qui désigne l'équité. L'équité consiste à faire droit à quiconque peut invoquer un droit et à donner à tout être quelconque selon son mérite. Cependant, dans les livres prophétiques, on n'appelle pas tsedaqa, conformément au premier sens, l'acquittement des dettes qui t'incombent à l'égard d'un autre; car si tu payes au mercenaire son salaire, ou si tu payes ta dette, cela ne s'appelle pas tsedaqa. Mais ce qu'on y appelle tsedaqa, c'est l'accomplissement des devoirs qui t'incombent à l'égard d'un autre au point de vue d'une bonne morale, comme, par exemple, de soulager celui qui souffre d'un mal quelconque.

B) Lucas Brugensis, « in Evangelium Secundum Lucam Commentaria », in J. - P. MIGNE, Scripturæ Sacræ Cursus Completus, tome 22, Montrouge, 1842, col. 340. 

VERS. 50. — Et, prout, misericordia, beneficentia, bonitas hæc enim omnia significat Hebræum hesed, quod Septuag. verterunt, έλεος [eleos], misericordia.

[VERS. 50. — Et, dans la mesure où, en effet, « miséricorde », « bienfaisance », « bonté », tous ces [mots] donnent le sens de l’hébreu hesed, que les Septante ont traduit έλεος [eleos], « miséricorde ».]

C) « In Psalmos Commentarium », in J. - P. MIGNE, Scripturæ Sacræ Cursus Completus, tome 16, Montrouge, 1841, col. 547. 

Misericordia, beneficentia, pietas, hesed propriè.

[Miséricorde, bienfaisance, piété [sens latin : devoirs que l'on doit rendre aux dieux, aux parents, à la patrie], hesed, en termes propres.]