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vendredi 18 novembre 2011

L'aube liturgique selon J. Walsh, 1909


 [La version française du texte anglais original est le fait de l'auteur de ce blog.]


Qu’est ce que l’aube ?

C’est un vêtement de lin blanc, aux manches étroitement ajustées, touchant presque le sol et maintenu à la taille par une ceinture.

Sous quels noms est-elle connue ?

Dans le passé, elle été connue sous des noms divers : tunica linea (tunique de lin) à cause de sa matière, tunica talaris et talaris (tunique talaire) de tali (talons) car elle va jusqu’aux pieds ; camisia (chemise) à cause de la nature de ce vêtement similaire à celle de la chemise ; alba (blanc), à cause de sa couleur ; alba romana (aube romaine) afin de la distinguer des tuniques plus courte en faveur en dehors de Rome

Quel est le nom unique qui survit aujourd’hui ?

Le nom « aube » ou alba (blanc) est presque le seul à survivre aujourd’hui

Existe-t-il une différence entre l’aube liturgique et les albæ vestes (vêtements blancs) des écrivains médiévaux ?

L’aube est ordinairement un vêtement ecclésiastique, bien que des laïcs en soient quelquefois revêtus dans les processions de la Fête-Dieu, notamment dans l’ancienne ville d’Aigues-Mortes, où des témoins en rapportent l’usage. Les albæ vestes sont, cependant, les vêtements blancs pris par les nouveaux-baptisés du Samedi Saint et sont portés jusqu’au dimanche de Quasimodo [Octave de Pâques], qui est connu, par conséquent, comme le dimanche in albis (deponendis), le dimanche (de l’abandon) des vêtements blancs. Il est possible que notre White Sunday [Dimanche Blanc anglo-saxon], le dimanche après les baptêmes de la Pentecôte, tienne son nom d’une pratique similaire. Ces vêtements étaient également appelés « chrismals ».

Quelle est l’origine de l’aube ?

Il est impossible de parler catégoriquement de l’origine de ce vêtement. Les liturgistes médiévaux qui soutenaient l’origine mosaïque des vêtements [liturgiques] imaginèrent trouver son équivalent dans le khetonet, une tunique de lin blanc évoquée dans le livre de l’Exode, chap. 28, v. 39. Mais une tunique de lin blanc faisait également partie du costume ordinaire des Romains et des Grecs sous l’Empire, et les auteurs les plus récents, comme Duchesne et Braun, pensent qu’il est inutile d’aller plus loin pour trouver l’origine de l’aube.

Où la trouve-t-on mentionnée pour la première fois comme un article du costume ordinaire ?

Dans un passage de Trebellius Pollio, qui évoque une alba subserica (une aube moitié en soie) mentionnée dans une lettre envoyée par Valérien à Zosime, procurateur de Syrie (260-270).

Quels étaient sa forme et son usage dans la vie quotidienne des citoyens romains ?

Parmi les vêtements portés quotidiennement par le citoyen romain, celui du dessous est la tunica talaris (tunique talaire) ou tunique longue. Elle était blanche et habituellement de laine. Elle était appelée talaris, ou longue, car étant une aube de cérémonie, on la distinguait de la tunique courte, utilisée lorsqu’un effort actif demandait plus de liberté. Les tuniques des sénateurs et des chevaliers étaient distinguées par deux bandes de pourpre, larges dans le premier cas (lati clavi), étroites dans le second (angusti clavi) qui traversaient chaque épaule, et descendaient devant et derrière aussi loin que le bas du vêtement.

La tunique était, à l’origine, un vêtement sans manche. Une époque plus luxueuse introduisit une nouvelle forme de tunique garnie de manches. L’ancienne tunique ou tunique sans manche fut appelée colobium, forme latinisée de l’adjectif grec signifiant « écourté » ou « réduit ». La tunique à manches fut nommée tunica mancata (tunique à manches longues) ou tunica dalmatica (tunique dalmacienne) du nom de la province de Dalmatie, à qui cette invention est attribuée.

Bien que l’usage de ce dernier vêtement, au début, ait été discrédité, car efféminé, il évinça, finalement, de la faveur populaire, son rival plus austère, car nous voyons, qu’en l’an 258, Saint Cyprien de Carthage portait une tunica dalmatica, avec au-dessus un byrrhus, ou manteau, lorsqu’il fut conduit au martyre. En une si grave crise, il est peu crédible que Cyprien ait porté un vêtement purement luxueux, comme il est peu crédible qu’il ait revêtu des vêtements ecclésiastiques.

Quelle comparaison peut-on faire entre l’aube liturgique et cette tunica dalmatica ?

Elle possède également des manches étroites descendant jusqu’au poignet. Les deux sont portées de la même façon, et descendent jusqu’au pied. Les fresques antiques représentent des ecclésiastiques qui portent des aubes ayant des ornements disposés comme les clavi (bandes) de la tunica talaris. Ces clavi, par leur largeur relative, distinguent les représentations du Christ de celles des Apôtres, et aident à différencier les figures d’ecclésiastiques de rangs différents.

Quand et par qui fut-elle retenue, pour la première fois, comme un vêtement pour la messe ?

Le pape Saint Sylvestre (253-257) ordonna, « que les diacres utilisent la dalmatica dans l’église, et que leurs mains gauches soient couvertes d’une étoffe [cloth] de laine et de lin mêlés » (Migne, Patrol., vol. 127, 1514). La couverture de la main gauche se réfère au manipule. Le pseudo-Alcuin nous dit que « l’usage des dalmaticæ (aubes à manches longues) fut institué par le pape Sylvestre, car, auparavant, on portait des colobiaMigne, vol. 101, 1243). Saint Isidore de Séville (560-636) s’y réfère également. (Migne, 82, 635). Les quatre premiers canons du concile de Carthage (400) ordonnent que le diacre porte une aube seulement « tempore oblationis tantum vel lectionis » (durant la messe ou la lecture liturgique). (Labbé, Sacrosancta Concilii (1671), vol. 2, col. 1203). Le premier concile de Narbonne (589) décrète que « ni le diacre, ni le sous-diacre, ni encore le lecteur ne se permettront de retirer leur aube jusqu’à ce que la messe soit terminée. » (Labbé, vol. 5, col. 1030)

Comment ce vêtement a-t-il varié dans son usage et dans sa forme ?

Jusqu’au milieu du XIIe siècle, tous les clercs portaient l’aube dans l’exercice de leurs fonctions sacrées, en assistant à la messe ou à un synode, et en portant la communion aux malades. Dans les monastères, non seulement les moines exerçant une fonction portaient l’aube, mais également ceux qui étaient assis dans les stalles. Depuis le XIIe siècle, le surplis a graduellement été substitué à l’aube, sauf pour le sous-diacre, le diacre, le prêtre et l’évêque en train de remplir leurs fonctions. À présent, elle est peu portée en dehors de la messe.

Dans la forme, le vêtement n’a pas changé, sauf dans l’élargissement ou le raccourcissement de ses dimensions latérales. Avant le IXe siècle, sa taille était généreuse, car par dessous, étaient portés la soutane et les vêtements intérieurs ; la soutane de cette époque était habituellement doublée de fourrure, ce qui faisait d’elle un vêtement lourd. On trouva, par expérience, que cette robe flottante, entravait sérieusement le prêtre dans certaines de ses fonctions, par exemple, l’administration du baptême par immersion. Une aube étroitement ajustée fut adoptée pour être utilisée en ces occasions, et cette aube de baptême devint l’origine de l’aube médiévale plus réduite dont l’usage général se répandit dans tous les offices de l’Église.

L’aube admet-elle maintenant des ornements ?

Elle admet de la dentelle pour ornement, et également une garniture de couleur derrière la manchette des manches (décret du 12 juillet 1892), bien que la Congrégation des Rites ait interdit cela par un précédent décret.

Quelle était l’ornementation des aubes dans les temps anciens ?

De riches et épaisses broderies décoraient le bord inférieur, les poignets et le cou. Au XIIIe siècle, la mode des « parements » fut en vogue. Il s’agissait de pièces rectangulaires de riche brocart, ou de broderie cousus sur le bord inférieur, les poignets, la poitrine ou le dos, ou les deux ensemble. Plus tard, sauf à Milan, dans le rite ambrosien, ces aubes disparurent avant l’introduction de la dentelle comme ornement.

Quelles sont la matière et la couleur de l’aube ?

Le corps et les manches doivent être de lin ; par conséquent le coton et la laine sont interdits. Selon un décret de la Sacrée Congrégation des Rites (15 mai 1819), les aubes et les amicts en coton, alors en vogue, ont été permis jusqu’à ce qu’ils soient hors d’usage. Leurs successeurs, doivent, cependant, être en lin. Le même privilège a été refusé pour les corporaux, les pales et les purificatoires. Pour l’Espagne, il a été décrété qu’une fibre végétale particulière, non pas du chanvre, mais une variété apparentée, était matière impropre. (Décret du 13 août 1895). Dans le vicariat de Chine, une fibre végétale nommée « hia-pou », de la même famille que le chanvre, a été permise à cause d’un long usage persistant, de la pauvreté et de la difficulté à se procurer du lin. (Décret du 27 juin 1898). La couleur doit être blanche. Des inventaires médiévaux montrent des aubes bleues, rouges et noires, et des aubes de soie, de velours et de drap d’or. Dans des cas isolés, l’usage de la soie et d’aubes colorées persiste encore en Orient et en Occident.

Quelle est la signification de l’aube ?

Selon le pape Innocent III (1198-1216), l’aube, à cause de la pureté de sa couleur, indique la nouveauté de la vie. Cela était illustré par la pratique de vêtir les nouveaux-baptisés de vêtements blancs avec ces mots : « Recevez ce vêtement blanc et sans tâche, que vous porterez devant le tribunal de Notre Seigneur Jésus-Christ, de telle sorte que vous puissiez posséder la vie éternelle. Amen. »

Les prêtres de l’Église latine revêtent l’aube en disant cette prière : « Purifie-moi, Seigneur, et purifie mon cœur afin que, lavé dans le sang de l'Agneau, je jouisse de la joie éternelle. »

Référence.

John Walsh, The Mass and Vestments of the Catholic Church, Liturgical, Doctrinal, Historical and Archæological, Troy, N. Y., Troy Times Art Press, 1909, p. 439-446.

mardi 15 novembre 2011

Surplis, rochet et cotta, selon R.A.S. Macalister, 1896.

[La version française du texte anglais original est le fait de l'auteur de ce blog.]


II. Le surplis — À cause de sa doublure en fourrure, la soutane était appelée en latin médiéval la pellicea ; le nom superpellicea fut, par conséquent, donné au vêtement qui était porté directement par dessus — nom qui est devenu, par des modifications phonétiques naturelles, « surplis ».

On rappellera que l’alba de la deuxième époque ou époque transitionnelle était un vêtement beaucoup plus ample que celui qui lui succéda dans les temps médiévaux. La chasuble, la tunique ou la dalmatique (parfois les trois) devaient être portées sur elle — ce qui aurait été impossible si elle avait conservée sa taille originelle.

Elle fut, par conséquent, réduite en taille dans le but de l’adapter aux nouvelles exigences ; mais cela faisant, les couturiers en vinrent à l’autre extrême, et taillèrent un vêtement qui menaçait de devenir intraitable chaque fois que l’on essayait de le mettre sur la soutane lorsque cette dernière partie de l’habit était épaisse et doublée de fourrure. De ces difficultés naquit l’invention d’un nouvel ornement, qui conserva l’amplitude de l’alba ancienne et qui était porté seulement lorsqu’aucun vêtement d’importance (sauf la chape qui était ajustable) n’était mis par dessus. Ce fut le surplis. L’aube fut conservée pour le service eucharistique, étant donné que les vêtements qui la recouvraient s’ajusteraient sur elle plus commodément.

Le surplis était un vêtement à manches de lin blanc, simple, sauf au niveau du coup, où l’on trouvait occasionnellement une petite broderie en fils de couleur. Les manches étaient très amples, et pendaient d’une longueur considérable, lorsque les mains étaient jointes, comme elles le sont généralement sur les monuments. On revêtait le surplis en le passant par la tête, exactement comme l’aube ; le surplis moderne, ouvert sur le devant, et attaché au niveau du cou avec un bouton, fut inventé dans les derniers deux cents ans, et fut conçu pour rendre possible le retrait du vêtement sans déranger les énormes perruques qui étaient portées aux XVIIe et XVIIIe siècles.

III. Le rochet est encore une modification plus évoluée de l’aube. Les manches sont réduites au minimum ou totalement absentes. Il semble qu’il ait été porté, mais pas toujours, par les chantres et il est également prouvé qu’il s’agissait de la forme de surplis favorite des évêques. (…).

IV. La cotta. — Il s’agit d’un surplis, considérablement modifié, qui a l’avantage d’être bon marché, et est porté, par conséquent, comme un substitut du surplis long dans les paroisses pauvres. C’est un vêtement sans manche, travaillé au crochet ou de lin crêpé, qui va jusqu’au milieu du dos. Il n’a pas un aspect très réussi.

Référence.

R.A.S. Macalister, Ecclesiastical Vestments. Their Development and History, The Camden Library, Elliot Stock, Londres, 1896, p. 140-142.

La soutane, selon R.A.S. Macalister, 1896.


 [La version française du texte anglais original est le fait de l'auteur de ce blog.]


La soutane était la longue robe de dessus portée par tous, clerc ou laïc, homme ou femme, pendant les XIe et XIIe siècle et durant les siècles suivants. Lorsqu’elle fut délaissée pour le manteau court, beaucoup plus confortable, le conservatisme en matière ecclésiastique, auquel est due l’existence même de l’habit ecclésiastique, retint le clergé de suivre l’exemple des laïcs, et conserva la soutane comme vêtement de dessus distinctif du clergé en temps ordinaire, comme cela est demeuré. La dignité attachée au vêtement long fut également une cause de la fidélité ecclésiastique.

Les vêtements eucharistiques étaient revêtus sur la soutane, de la même façon que la soutane était mise sur les sous-vêtements de celui qui les portaient. Mais elle était si entièrement cachée par l’aube longue qu’elle pouvait à peine être considérée comme une partie essentielle des vêtements de l’office eucharistique. Le cas était autre, cependant, lorsque le prêtre était revêtu du costume de procession, car la partie basse de la soutane paraissait très visiblement sous le surplis, et sa présence était, en conséquence, essentielle à la tenue complète de procession. (…).

Les soutanes furent, à l’origine, inventées dans l’objectif de garder la chaleur, et, par conséquent, elles étaient doublées de fourrures. Cet usage fut retenu lorsque la soutane devint exclusivement un habit clérical, et nous trouvons souvent sur les monuments ecclésiastiques des indices au niveau du poignet qui font dire que la soutane était ainsi doublée. La couleur du vêtement était invariablement le noir pour les ecclésiastiques ordinaires, l’écarlate pour les docteurs en théologie et les cardinaux, le pourpre pour les évêques et les prélats, et pour les acolytes, dans les grandes occasions ; pour le Pape, le blanc. La fourrure avec laquelle la soutane était doublée était de l’hermine ou d’autres précieuses variétés pour les dignitaires ; mais il était strictement interdit aux prêtres ordinaires de porter quelque chose de plus coûteux que la peau de mouton. La soutane telle que nous la trouvons représentée sur les monuments médiévaux, était probablement ouverte sur la poitrine ; je ne me souviens pas avoir observé quelque équivalent de la soutane moderne, avec un rang de boutons depuis le cou jusqu’à l’ourlet (comparé avec humour par Lord Grimthorpe à une chaudière avec une étroite rangée de rivets !). En quelques endroits de France et à Rome, la soutane est maintenue par une ceinture ; il s’agit également d’une innovation moderne, probablement suggérée par la coutume des membres d’ordres monastiques.

Référence.

R.A.S. Macalister, Ecclesiastical Vestments. Their Development and History, The Camden Library, Elliot Stock, Londres, 1896, p. 138-140.

dimanche 13 novembre 2011

Le col romain selon J. O'Brien, 1879.

 
[La traduction française à partir de l’anglais est le fait de l’auteur de ce blog.] 
 
 Le col ecclésiastique, généralement appelé «col romain», et en français «rabat», était inconnu en tant qu’article du costume ecclésiastique, au moins, sous sa forme actuelle, avant le XVIe siècle. Les ordres religieux ne l’ont, en général, jamais adopté comme une règle ; son port, aux États-Unis n’est pas très répandu, si ce n’est dans quelques diocèses dont les statuts insistent sur le fait qu’il est la marque distinctive de l’ecclésiastique catholique. Là où il peut être porté sans trop attirer l’attention, ou, comme cela arrive souvent dans les pays non-catholiques, sans exposer le prêtre aux insultes publiques, il devrait l’être ; car, c’est merveilleux, en laissant de côté bien d’autres raisons, de constater combien les Catholiques sont réconfortés de voir, en leur compagnie, en voyageant à l’étranger, ou même en marchant dans la rue, s’ils sont chez eux, un prêtre portant un tel habit. Il n’est alors pas pris pour un ministre de l’une des autres Églises. 
 
Avant l’introduction du col romain, l’article dont l’usage était général n’était rien d’autre qu’un simple col de lin semblable à ceux porté par les laïcs, seulement un peu plus large. Certains hauts dignitaires portaient des fioritures, comme nous le voyons dans les peintures du XIVe ou du XVe siècle ; mais cela était interdit pour les membres du bas clergé, qui devaient porter leurs cols aussi simplement que possible, sans même user d’amidon pour les raidir ou de galons pour les embellir d’aucune façon. En France, en Belgique et en Italie, des lois furent promulguées pour prohiber l’usage de la dentelle ou de la broderie fantaisie dans leur fabrication, car ils devaient être du lin le plus simple (Church of Our Fathers, vol. i, p. 474). 
 
Selon sa disposition actuelle, le col lui-même est une petite pièce [slip] de lin fin, d’environs deux pouces de large, et assez longue pour entourer le cou de celui qui le porte. Cette petite pièce est rabattue sur une bande circulaire ou un tour de cou [stock] d’ étoffe souple mais assez raide, comme du carton pressé [fuller’s board], auquel est cousu un morceau de tissu, généralement assez large pour couvrir la poitrine. Le col est maintenu en étant boutonné par derrière ou attaché au cou par des ficelles. 
 
Le col, comme les autres articles du costume ecclésiastique, varie en couleur selon la dignité de celui qui le porte. Celui d’un cardinal est rouge ; celui d’un évêque, violet ; celui d’un monsignor est également violet ; et celui d’un prêtre, noir. Les chanoines, majoritairement, en porte un noir avec des boutons rouges descendant vers le centre, ainsi que de la passementerie rouge. 
 
Les protonotaires apostoliques, de la classe dite des participants, qui ont toujours rang de prélats, ont le privilège de porter un col violet, comme un évêque ; mais ce n’est pas le cas de ceux qui ont seulement rang de protonotaires titulaires ou protonotaires honoraires ; le leur est noir comme celui d’un prêtre (Manuale Decretorum de Proton. Apostol., 753 et 759). 
 
Référence. 
 
John O’Brien, A History of The Mass and Its Ceremonies in the Eastern and Western Church, 15e édition, Benzinger Brothers, New York, Cincinnati, Chicago, 1879, p. 59-60.

samedi 25 juin 2011

L'origine du mot « soutane », selon L. A. Muratori, 1739.



A) Texte latin original : 

Atque heic Linguarum exleges mutationes animadvertas velim. Sottano, sive Sottana primo nuncupatæ videntur Interulæ, quod sub Tunica nunc appellata a Mutinensibus Giustacore, deferrentur. Nam ævi medii homines Subtus, pro Sub præpositione, dixerunt, ac inde efformarunt Subtanum sive Subtanam, sub intelligendo vestimentum, sive vestem, feminarum propriam. Neque enim accipienda conjectura Du-Cangii, opinantis ideo Subtaneum dici, quod forte Subtanorum seu Turcorum vestis propria fuerit. Ex ipsa voce fortassis emersit Italica vox Tana, quasi Subtana via, sive domus, arte aut casu facta subtus monte aut tellure . Ita Cava dicitur subintelligendo via, fossa, aut quid simile. Sotano Hispanis est cella vinaria, la Cantina. In Charta Cavensi Anni DCCCLXXIV. quam dedi in Dissertatione XIV. de Servis legitur : Regia, quæ in.. ipsa Ecclesia est ædificata, in ipsa subdita Subtana de ipsi Ecclesia. Ita fortassis a Longe efformatum fuit Longitanus, unde postea effluxit nostrum Lontano, Lontananza, Allontanare. Audi nunc Ricobaldum, qui circiter Annum MCCXC. rudes Italicorum moros describebat. Ita ille Tomo IX. pag. 128 Rer. Italicarum : Virgines in domibus patrum Tunica de Pignolato, quæ appellatur Sotanum, et paludamento lineo, quod dicebant Xoccam, erant contentæ. Ergo Subtana vestis nuncupata est, quæ tamen Super aliis vestibus induebatur, atque omnium aspectui patebat. Ad hæc Subtanum non crura tunc mulierum tegebat, sed ab humeris descendebat ad femora, aut summum ad genua. In Antiquis Fabulis, sive Novelle antiche, Cap 83 legitur : E feceli mettere un bel Sottano, il quale le dava a ginocchio. Atqui nunc, Sottani, ac Sottanino dicimus muliebrem vestem e femore usque ad pedes defluentem, quam Ricobaldus paludamentum et Xoccam nuncupat, et a Sotano aperte distinguit. Angli appellant Cassock, e Socca fortassis efformatum, ut significent quod nos non secus ас Galli appellamus Casacca, Casacchino, Giubbone; ut videas, quam varia fuerit apud gentes nominum significatio. Apud Mediolanenses adhuc perdurat vox Socca, per quam eadem vestis designatur, quæ Etruícis, aliisque Populis est Sottana. Mutinenses appellant Stanella, a Sottanella voce breviata . Fortasse vestis Subtana appellata, non quod sub alia veste deferretur, sed quod inferiorem corporis partem tegeret, quam parte di Sotto dicimus. Neque præteribo, quod e Statutis Ferrariensibus MStis, in Estensi Bibliotheca adservatis, apposite in hanc rem animadverti. Anno Christi MCCLXXIX. concinnata fuere Statuta illa, ibique Lib. 1 Rubrica 345. de solutione Sartorum ista leguntur : Statuimus et ordinamus, quod Sartores pro solutione de cetero recipiant in hunc modum. Videlicet pro Guarnello hominis octo Imperiales. Pro Sotano mulieris cum gironibus crespis tres Solidos Ferrarienses (...).


B) version française (par l'auteur de ce blog) : 

Et ce sont de tels changements désordonnés des langues que je veux te faire remarquer. Tout d'abord [ce sont] des chemises [que] l'on nomme Sottano ou Sottana parce qu'elles sont portées sous la tunique maintenant appelée par les Modenois Giustacore. En effet, les hommes du Moyen-Âge disaient Subtus à la place de la préposition Sub, et de là, ont formé Subtanum ou Subtanam, sous-entendant un vêtement, ou un habit, propre aux femmes. Et, en effet, il ne faut pas recevoir la conjecture de Ducange qui, de là, estime que : « on dit Subtaneum, parce qu'il était justement un vêtement propre aux Sultans ou aux Turcs ». Du mot lui-même [Subtana] a émergé peut-être le mot italien Tana, [c'est-à-dire] à peu près route ou maison souterraine constituée artificiellement ou par chute en dessous d' une montagne ou de la terre. Ainsi on dit Cava, sous-entendu route, excavation ou quelque chose de semblable. L'espagnol Sotano désigne la cave à vin, la Cantina. Dans la charte [du monastère] de la Cava de l'année 874 que j'ai donnée dans la Dissertation 14, Des esclaves, on lit : « la résidence royale qui est édifiée dans l'église elle-même, dans la partie souterraine [subdita Subtana] elle-même de l'église elle-même ». Ainsi, peut-être fut formé de longue, longitanus et de là, par la suite, découla notre lontano, lontanaza, allontanare. Maintenant, j'ai entendu Ricobaldus qui, vers l'année 1290, décrivait les mœurs grossières des Italiens. Ainsi [on trouve] cela au tome 9, page 128 des Rerum Italicarum Scriptores :« Les jeunes filles dans les maisons de [leurs] pères étaient vêtues d'une tunique de pignolato qui est appelé sotanum et d'un paludamentum de lin qu'elles nommaient socca/xocca ». Donc subtana est le nom d'un vêtement qui est cependant revêtu au-dessus des autres vêtements et souffrait le regard de tous. Ce Subtanum ne couvrait alors pas les jambes des femmes, mais, des épaules, descendait jusqu'aux cuisses, et au plus, jusqu'au genoux. Dans les Antiquis Fabulis ou Novelle Antiche, au chapitre 83, on lit : « Et il leur fit mettre un joli sottano, lequel allait jusqu'au genou ». Et pourtant, aujourd'hui nous appelons sottani et sottanino un vêtement féminin qui, des cuisses, tombe sur les pieds que Ricobaldus nommait paludamentum et xocca et qu'il distinguait ouvertement de la Sotano. Les Anglais appellent cassock, peut-être formé à partir de Socca, pour désigner ce que nous appelons, pas autrement que les Français, casacca, casacchino, giubbone. [Tout ceci] pour que tu vois combien varié a été, parmi les peuples, le sens des noms. Chez les Milanais, perdure jusqu'à maintenant le mot socca par lequel est désigné le vêtement que les Toscans et les autres peuples nomment sottana. Les Modenois l'appellent stanella, du mot abrégé sotanella. Peut-être que le mot Subtana était nommé [ainsi], non parce qu'il était porté sous un autre vêtement mais parce qu'il couvrait la partie basse du corps que nous nommons parte di Sotto. Et je n'omettrai pas ce que j'ai remarqué, de façon appropriée à ce sujet, [qui est extrait] des manuscrits des Statuts de Ferrare, conservés dans la bibliothèque d'Este. En l'année 1279, furent préparés ces Status, [situés] au Livre 1, rubrique 345, Du paiement des tailleurs, [où] l'on lit cela : « Nous statuons et ordonnons que les tailleurs reçoivent en paiement de la la part d'autrui selon ce qui suit : pour une robe d'honneur [guarnello] d'homme, huit impériaux; pour une jupe [sotano] de femme, avec tours plisses, trois sous ferrarais; (…).

Lodovico Antonio Muratori, Antiquitates Italicæ medii ævi, t. 2, ex typographia Societatis Palatinæ in Curia Regia, Milan, 1739, Dissertatio 25, col. 423 et 426 A.