A) Texte latin original :
Atque heic Linguarum exleges mutationes animadvertas velim. Sottano, sive Sottana primo nuncupatæ videntur Interulæ, quod sub Tunica nunc appellata a Mutinensibus Giustacore, deferrentur. Nam ævi medii homines Subtus, pro Sub præpositione, dixerunt, ac inde efformarunt Subtanum sive Subtanam, sub intelligendo vestimentum, sive vestem, feminarum propriam. Neque enim accipienda conjectura Du-Cangii, opinantis ideo Subtaneum dici, quod forte Subtanorum seu Turcorum vestis propria fuerit. Ex ipsa voce fortassis emersit Italica vox Tana, quasi Subtana via, sive domus, arte aut casu facta subtus monte aut tellure . Ita Cava dicitur subintelligendo via, fossa, aut quid simile. Sotano Hispanis est cella vinaria, la Cantina. In Charta Cavensi Anni DCCCLXXIV. quam dedi in Dissertatione XIV. de Servis legitur : Regia, quæ in.. ipsa Ecclesia est ædificata, in ipsa subdita Subtana de ipsi Ecclesia. Ita fortassis a Longe efformatum fuit Longitanus, unde postea effluxit nostrum Lontano, Lontananza, Allontanare. Audi nunc Ricobaldum, qui circiter Annum MCCXC. rudes Italicorum moros describebat. Ita ille Tomo IX. pag. 128 Rer. Italicarum : Virgines in domibus patrum Tunica de Pignolato, quæ appellatur Sotanum, et paludamento lineo, quod dicebant Xoccam, erant contentæ. Ergo Subtana vestis nuncupata est, quæ tamen Super aliis vestibus induebatur, atque omnium aspectui patebat. Ad hæc Subtanum non crura tunc mulierum tegebat, sed ab humeris descendebat ad femora, aut summum ad genua. In Antiquis Fabulis, sive Novelle antiche, Cap 83 legitur : E feceli mettere un bel Sottano, il quale le dava a ginocchio. Atqui nunc, Sottani, ac Sottanino dicimus muliebrem vestem e femore usque ad pedes defluentem, quam Ricobaldus paludamentum et Xoccam nuncupat, et a Sotano aperte distinguit. Angli appellant Cassock, e Socca fortassis efformatum, ut significent quod nos non secus ас Galli appellamus Casacca, Casacchino, Giubbone; ut videas, quam varia fuerit apud gentes nominum significatio. Apud Mediolanenses adhuc perdurat vox Socca, per quam eadem vestis designatur, quæ Etruícis, aliisque Populis est Sottana. Mutinenses appellant Stanella, a Sottanella voce breviata . Fortasse vestis Subtana appellata, non quod sub alia veste deferretur, sed quod inferiorem corporis partem tegeret, quam parte di Sotto dicimus. Neque præteribo, quod e Statutis Ferrariensibus MStis, in Estensi Bibliotheca adservatis, apposite in hanc rem animadverti. Anno Christi MCCLXXIX. concinnata fuere Statuta illa, ibique Lib. 1 Rubrica 345. de solutione Sartorum ista leguntur : Statuimus et ordinamus, quod Sartores pro solutione de cetero recipiant in hunc modum. Videlicet pro Guarnello hominis octo Imperiales. Pro Sotano mulieris cum gironibus crespis tres Solidos Ferrarienses (...).
B) version française (par l'auteur de ce blog) :
Et ce sont de tels changements désordonnés des langues que je veux te faire remarquer. Tout d'abord [ce sont] des chemises [que] l'on nomme Sottano ou Sottana parce qu'elles sont portées sous la tunique maintenant appelée par les Modenois Giustacore. En effet, les hommes du Moyen-Âge disaient Subtus à la place de la préposition Sub, et de là, ont formé Subtanum ou Subtanam, sous-entendant un vêtement, ou un habit, propre aux femmes. Et, en effet, il ne faut pas recevoir la conjecture de Ducange qui, de là, estime que : « on dit Subtaneum, parce qu'il était justement un vêtement propre aux Sultans ou aux Turcs ». Du mot lui-même [Subtana] a émergé peut-être le mot italien Tana, [c'est-à-dire] à peu près route ou maison souterraine constituée artificiellement ou par chute en dessous d' une montagne ou de la terre. Ainsi on dit Cava, sous-entendu route, excavation ou quelque chose de semblable. L'espagnol Sotano désigne la cave à vin, la Cantina. Dans la charte [du monastère] de la Cava de l'année 874 que j'ai donnée dans la Dissertation 14, Des esclaves, on lit : « la résidence royale qui est édifiée dans l'église elle-même, dans la partie souterraine [subdita Subtana] elle-même de l'église elle-même ». Ainsi, peut-être fut formé de longue, longitanus et de là, par la suite, découla notre lontano, lontanaza, allontanare. Maintenant, j'ai entendu Ricobaldus qui, vers l'année 1290, décrivait les mœurs grossières des Italiens. Ainsi [on trouve] cela au tome 9, page 128 des Rerum Italicarum Scriptores :« Les jeunes filles dans les maisons de [leurs] pères étaient vêtues d'une tunique de pignolato qui est appelé sotanum et d'un paludamentum de lin qu'elles nommaient socca/xocca ». Donc subtana est le nom d'un vêtement qui est cependant revêtu au-dessus des autres vêtements et souffrait le regard de tous. Ce Subtanum ne couvrait alors pas les jambes des femmes, mais, des épaules, descendait jusqu'aux cuisses, et au plus, jusqu'au genoux. Dans les Antiquis Fabulis ou Novelle Antiche, au chapitre 83, on lit : « Et il leur fit mettre un joli sottano, lequel allait jusqu'au genou ». Et pourtant, aujourd'hui nous appelons sottani et sottanino un vêtement féminin qui, des cuisses, tombe sur les pieds que Ricobaldus nommait paludamentum et xocca et qu'il distinguait ouvertement de la Sotano. Les Anglais appellent cassock, peut-être formé à partir de Socca, pour désigner ce que nous appelons, pas autrement que les Français, casacca, casacchino, giubbone. [Tout ceci] pour que tu vois combien varié a été, parmi les peuples, le sens des noms. Chez les Milanais, perdure jusqu'à maintenant le mot socca par lequel est désigné le vêtement que les Toscans et les autres peuples nomment sottana. Les Modenois l'appellent stanella, du mot abrégé sotanella. Peut-être que le mot Subtana était nommé [ainsi], non parce qu'il était porté sous un autre vêtement mais parce qu'il couvrait la partie basse du corps que nous nommons parte di Sotto. Et je n'omettrai pas ce que j'ai remarqué, de façon appropriée à ce sujet, [qui est extrait] des manuscrits des Statuts de Ferrare, conservés dans la bibliothèque d'Este. En l'année 1279, furent préparés ces Status, [situés] au Livre 1, rubrique 345, Du paiement des tailleurs, [où] l'on lit cela : « Nous statuons et ordonnons que les tailleurs reçoivent en paiement de la la part d'autrui selon ce qui suit : pour une robe d'honneur [guarnello] d'homme, huit impériaux; pour une jupe [sotano] de femme, avec tours plisses, trois sous ferrarais; (…).
Lodovico Antonio Muratori, Antiquitates Italicæ medii ævi, t. 2, ex typographia Societatis Palatinæ in Curia Regia, Milan, 1739, Dissertatio 25, col. 423 et 426 A.
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