« Or, il faut savoir ce que c'est que l'enthousiasme et comment il
se produit. C'est à tort qu'on le croit un transport de la pensée
avec une inspiration démonique. Car lorsque la pensée humaine est
vraiment possédée, il ne saurait y avoir de mouvement et de
transport. L'inspiration ne vient pas des démons, mais des dieux.
L'enthousiasme n'est point proprement l'extase, mais un retour et une
conversion au meilleur, tandis que le transport ou la simple extase
est une chute vers le pire. Ne parler que de l'extase, c'est dire ce
qui arrive accidentellement aux inspirés, mais ce n'est point
toucher à la nature et au caractère principal de l'enthousiasme. Ce
qu'il y a de principal et d'essentiel, c'est la possession
complète des inspirés par la divinité, possession dont
l'extase n'est qu'une suite et qu'un accompagnement. On
ne peut raisonnablement supposer que l'enthousiasme soit le fait de
l'âme ou de quelqu'une de ses puissances, de l'intelligence ou de
ses opérations, de la santé ou d'une maladie du corps. Car le
ravissement divin n'est pas une œuvre humaine, ne se fonde point sur
les facultés humaines et sur leurs opérations. Ces opérations et
ces facultés peuvent être des sujets et des instruments dont se
sert le Dieu ; mais c'est le Dieu qui consomme l'œuvre de la
divination : seul, sans mêler son action à celle d'aucune autre
chose, sans le ministère ni du corps ni de l'âme, il opère par
lui-même. C'est donc une nécessité que les divinations telles que
je viens de les décrire, soient vraies et légitimes. Mais lorsque
l'âme est agitée ou avant ou pendant l'opération,
lorsqu'elle se mêle et se confond avec le corps, et qu'elle
trouble ainsi la divine harmonie, la divination est
elle-même pleine de trouble et de mensonge, et l'enthousiasme
n'a rien de vrai ni de divin. »
Note.
On pourrait rendre, pour moderniser le vocabulaire, « enthousiasme » par « possession divine » et « divination » par « voyance ».
On pourrait rendre, pour moderniser le vocabulaire, « enthousiasme » par « possession divine » et « divination » par « voyance ».
Référence.
Jamblique. Cité par J.
Denis, Histoires des théories et des idées morales dans
l’Antiquité, tome 2, Auguste Durand, Paris, 1856,
p.380.
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