La prière n'est pas une
invocation aux dieux pour en obtenir des faveurs; elle est pure de
toute espérance ; c'est l'élan de l'âme vertueuse vers le divin,
source de toute perfection. Ce qui procède des dieux, tout en s'en
distinguant, n'en est pas tout à fait séparé. En vertu de
l'affinité qui l'unit encore à son principe, il tend à y revenir,
et l'acte d'amour et d'intelligence qui le porte vers un Dieu est la
prière. L'essence de la prière , c'est une conversion de l'âme
vers la divinité ; son effet immédiat, une plus grande vertu ; son
terme suprême, l'absorption en Dieu. Les hommes se trompent
étrangement ; ils s'imaginent que Dieu se retire d'eux ou qu'il s'en
rapproche , et que la force de la prière est de l'attirer et de le
faire descendre à eux. Dieu est toujours et partout présent; il est
intime à nos âmes, ou plutôt nos âmes sont en lui. Lorsque nous
croyons qu'il se rapproche de nous, c'est nous qui par la vertu,
l'amour et la prière nous rapprochons de lui , en nous unissant plus intimement à sa pure
essence par la partie de notre être, qui lui ressemble. Dieu ne
descend pas vers l'âme : c'est l'âme qui se relève jusqu'à lui.
Nous ne croyons pas qu'il ait jamais été rien écrit de plus exact
et de plus profond sur la prière (*).
(*) Commentaire du
Timée, 64, 65, 66; Commentaire du Parménide, IV, 68.
Référence.
J. Denis, Histoires des
théories et des idées morales dans l’Antiquité, tome 2,
Auguste Durand, Paris, 1856, p.404.
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