I. — Autrefois, la calotte était souple et profonde ; elle n'épousait pas la forme de la tète. Depuis une centaine d'années, elle est ferme et arrondie ; elle prend juste sur la tête, ce qui la rend à la fois plus chaude et plus élégante.
Cette forme modifiée étant universellement adoptée, il n'est plus loisible d'en préférer une autre qui n'a pas sa raison d'être. En fait de costume, l’Église ne se laisse pas influencer par l'archéologie, dont les regards sont tournés vers le passé d'une manière trop persistante, comme s'il n'y avait rien ailleurs. Ainsi donc la clémentine à oreilles a fait son temps. La forme mondaine n'est pas pour cela plus acceptable et, pour plus d'un motif, le clergé devrait s'abstenir, surtout à l'église, du bonnet grec qui menace sérieusement de faire invasion et qui ne convient point à des Latins.
Cette forme modifiée étant universellement adoptée, il n'est plus loisible d'en préférer une autre qui n'a pas sa raison d'être. En fait de costume, l’Église ne se laisse pas influencer par l'archéologie, dont les regards sont tournés vers le passé d'une manière trop persistante, comme s'il n'y avait rien ailleurs. Ainsi donc la clémentine à oreilles a fait son temps. La forme mondaine n'est pas pour cela plus acceptable et, pour plus d'un motif, le clergé devrait s'abstenir, surtout à l'église, du bonnet grec qui menace sérieusement de faire invasion et qui ne convient point à des Latins.
Les fabricants romains excellent à faire les calottes ecclésiastiques, et le chapelier du pape, qui est aussi celui du Sacré-Collège et de la prélature, montre en ce genre un talent tout particulier.
La calotte romaine, un peu moins profonde
que la française, exige des soins que nous ne
donnons pas aux nôtres, qui peuvent être coupées et cousues par la première couturière venue. Il faut d'abord une poupée de bois, qui a
l'aspect d'une tête. On y tend une peau d'un
seul morceau, de manière qu'elle en prenne
exactement le contour et ne fasse pas le
moindre pli ; sur cette peau est appliquée la
calotte elle-même, qui se compose de huit côtes
triangulaires. En France, où l'on ne met que
six côtes, la calotte bâille et on est obligé de
l'ourler d'un galon au rebord inférieur, afin
qu'elle serre mieux la tête. Précaution inutile. À Rome, les côtes se recouvrent mutuellement et chacune est fixée par une piqûre, laquelle se
répète tout autour.
Au sommet est une petite boucle en ganse,
qui sert à prendre et mettre la calotte; rien
n'autorise à cet endroit une houppette de soie
effilée, comme on le fait en quelques pays, par
exemple, en Lombardie, Autriche.
La peau, qui forme doublure, a l'avantage
de rendre la calotte rigide. On ne s'aperçoit
bien de cela qu'aux offices pontificaux, lorsque
la calotte épiscopale est posée sur un plateau ;
souple et à plis, elle n'y ferait pas si bonne
figure. Il est évident que la question de goût
a dû entrer pour quelque chose dans cette combinaison.
Toutefois, la peau a un inconvénient : elle
échauffe la tête et, par la sueur qui ne s'évapore
pas, tend à faire tomber les cheveux, au moins
à la partie antérieure. Quoi qu'il en soit, serait-ce bien à nous, Français, à nous plaindre,
nous qui avions inventé, apparemment, pour
une plus grande durée, la calotte en cuir
bouilli, dont il ne reste désormais que de
rares spécimens, conservés par quelques vieux
chantres et curés ?
II. — Le cuir bouilli finira par disparaître,
comme aussi le bonnet de soie qui ressemble à
un bas, le tricot et le velours. Le tricot est toujours grossier, même fait au petit fer, à moins
qu'il ne se fasse au métier, mais alors il n'a
plus assez de consistance, si on ne lui fait un
rebord toujours disgracieux.
Quant au velours, il appartient en propre au
pape. Personne autre à Rome n'oserait l'usurper et l'on se rappelle l'étonnement (je dirais
presque le scandale) causé par l'outrecuidauce
d'un cardinal étranger qui, malgré les remontrances des maîtres de cérémonies, s'est obstiné
à paraître à la cour avec une calotte de velours
rouge. Que le clergé français, qui a trop tacitement adopté le velours à l'instigation sans
doute des fabricants, en fasse donc désormais
son deuil ! Ceux qui tiennent à cette étoffe auront du moins la consolation de la porter encore en culotte, suivant une tradition presque
immémoriale qui n'a aucun inconvénient,
puisque sous la soutane elle ne paraît pas.
C'est ainsi que devraient toujours faire ceux
qui ont encore au cœur quelque dilection
pour des pratiques démodées ; qu'ils les cachent et nous respecterons l'incognito prudent.
Les seules matières autorisées pour la calotte
sont le drap et la soie. Il y a calotte d'hiver et
calotte d'été ; la première, plus épaisse, à cause
de la saison, se fait en drap fin ; la seconde,
en soie, plus ordinairement en satin. Pour
mettre à l'aise les ecclésiastiques qui ne se prêtent cas à ces minuties de détail et qui ne
tiennent point à avoir une calotte de rechange,
je m'empresse de leur dire qu'ils peuvent se
contenter d'une seule calotte, mais alors on la
prend plus volontiers en soie. Les religieux
eux-mêmes en portent de la sorte, quoique, par état, ils aient renoncé à la soie, mais, à Rome, on juge que cet accessoire n'a pas,
dans l'espèce, une importance suffisante et
l'usage a prévalu sur la prohibition générale.
III. — La forme et la matière étant déterminées, passons à la couleur qui varie selon le degré hiérarchique. La calotte admet cinq couleurs :
blanc, rouge, violet, noir, brun.
Le blanc est réservé au pape, mais pas
d'une manière exclusive, car certains ordres
religieux, comme les camaldules et les chartreux dont les vêtements sont blancs, portent
des calottes de même couleur, à cette différence près que, pour eux, elle est toujours en
laine.
Le pape Pie VI porte la calotte blanche |
Depuis Pie VI, qui avait une belle chevelure
poudrée, les papes ont constamment gardé
la calotte de soie blanche, unie et sans aucun
ornement. Auparavant, elle était affectée à
l'octave de Pâques et aux offices pontificaux,
où elle servait sous la mitre.
La calotte usuelle était rouge, en satin l'été,
en velours l'hiver et, pour cette saison seulement, garnie d'une étroite bordure de fourrure
blanche. Pie IX a repris accidentellement l'usage du camauro, car tel est le nom de cette
coiffure papale, dont la forme a aussi quelque
chose de l'antiquité : cependant, excepté les
cas de froid intense ou de maladie, cette calotte spéciale semble abandonnée.
Les cardinaux ont la calotte rouge, comme
premier insigne de leur dignité. Elle leur est
remise solennellement par un garde-noble du
palais apostolique. Espérons que bientôt nos
enfants de chœur cesseront de s'en parer indûment.
Pie IX a concédé, en 1867, la calotte violette
aux évêques, mais combien en France l'avaient
déjà prise, pour assortir au costume, sans attendre l'induit pontifical qui, seul, pouvait les
dispenser du noir ! Deux défauts ont déjà modifié le type romain et je les signale pour qu'ils
soient évités de ceux qui aiment la règle. Les
piqûres doivent se faire en soie violette et non
en soie rouge, qui ici n'est pas de mise : seulement, la doublure peut être, comme à la
barrette, en rouge cramoisi, pourvu qu'il ne
déborde pas à l'extérieur. Si l'on bordait
d'un galon, il ne pourrait être que violet. La
seconde erreur est une houppette verte, je ne
sais vraiment pas sur quel principe on se fonde
pour l'y implanter. La boucle terminale est
simplement en ganse violette.
Le type de la calotte violette, lors de l'indult, a été fourni par le Vatican : on doit le
respecter tel quel et ne pas l'altérer en aucune
façon. Si, en dix ans, on l'a déjà ainsi substantiellement modifié, que sera-ce dans cinquante
ans, où le souvenir de la concession ne sera
plus connu que des seuls érudits !
Le reste du clergé, même la prélature à tous
les degrés, n'a droit qu'à la calotte noire, unie,
sans ornement d'aucune sorte, avec doublure
de même couleur : cependant l'usage tolère
pour les prélats de mantelletta un dessous cramoisi, et violet pour les prélats de mantellone.
On peut donc sans scrupule se conformer à
cette distinction qui établit des degrés dans les
dignités respectives.
Les franciscains de l'observance, qui emploient dans leurs vêtements la laine non
teinte, ont parfois une calotte assortie ; cependant ils n'est pas rare de les rencontrer avec la
calotte tout à fait noire, comme les autres réguliers qui ne considèrent pas en cela la cou
leur de leur habit, autrement elle devrait être
bleue pour les sylvestrins et brune pour les
carmes.
IV. — La calotte suppose la tonsure. Donc, à
priori, elle sera systématiquement refusée à
quiconque n'est pas tonsuré. Dans cette catégorie, se classent les sacristains, chantres, enfants de chœur, bedeaux, etc., en un mot,
tous les laïques qui ont un emploi à l'église.
J'en dirai autant des membres des confréries
qui ont l'usage du sac. Leur tête restera nue ou,
dans des cas déterminés, ils prendront la barrette.
Cette loi est même étendue, dans toute sa sévérité, aux séminaristes, lors même qu'ils sont tonsurés et cela à cause de leur infériorité et sujétion. En Italie, on l'observe fidèlement. Un décret de la congrégation des Rites, précisant un point sur lequel on la consultait, a formellement interdit aux séminaristes le port de la calotte à la cathédrale et pendant les saints offices : on le trouvera dans la collection de Gardellini et dans mon recueil, ce qui me dispense de le citer.
X. Barbier de Montault, prélat de la Maison de Sa Sainteté.
La semaine du clergé, bibliothèque
universelle du prêtre, nouvelle édition, tome X, partie II, n°43, 5e année, 15 août 1877, Société de librairie ecclésiastique et
religieuse, Paris, 1899, p. 1361-1363.
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