Messe solennelle aux Pays-Bas (date inconnue) |
(...)
quel est aujourd'hui l'état d'esprit et la pratique actuelle au
sujet de la messe paroissiale. Une enquête sommaire permet d'établir
quatre groupes.
1) Plusieurs paroisses ont abandonné ou à peu près la grand'messe. Je ne parle pas des dessertes ; mais des paroisses normales. Sauf à quelques très grandes fêtes la grand'messe n'existe plus. Quelquefois on donne le change par des auditions musicales et des chants pendant une messe basse ; ou bien le prêtre chante à sa fantaisie quelques pièces : Préface, Pater..., mais en réalité, la grand'messe a disparu.
1) Plusieurs paroisses ont abandonné ou à peu près la grand'messe. Je ne parle pas des dessertes ; mais des paroisses normales. Sauf à quelques très grandes fêtes la grand'messe n'existe plus. Quelquefois on donne le change par des auditions musicales et des chants pendant une messe basse ; ou bien le prêtre chante à sa fantaisie quelques pièces : Préface, Pater..., mais en réalité, la grand'messe a disparu.
Les
prétextes ne manquent pas : réduction successive du personnel :
organistes, chantres, enfants de chœur ; nécessité, dans les
villes surtout, d'assurer le rythme régulier des messes basses, plus
nécessaires pour l'obligation que la grand'messe ; nécessité plus
grande de la prédication qu'il faudrait écourter à une
grand'messe, etc.
Quelquefois
la grand'messe a été avancée pour permettre aux fidèles d'y
assister et de communier : initiative très louable en soi, mais qui
pourrait amener, si l'on n'y prend garde, une regrettable réduction
et même une insensible suppression de la messe solennelle.
Une
sévère et rapide réaction est nécessaire ; sans quoi
infailliblement ces paroisses perdront toute vie liturgique.
2)
La catégorie des paroisses où la grand'messe se célèbre selon une
respectable routine : tous, clergé, chantres, acolytes, fidèles,
donnent l'impression d'être en service commandé : assistance muette
et ennuyée ; acolytes distraits et dissipés ; aucun élan
vivifiant : l'âme a déserté cette assemblée.
Cette
fidélité machinale est méritoire sans doute. Grâce à elle, ce
cadre cultuel est matériellement conservé.
(…)
3)
Dans un nombre assez considérable de paroisses on trouve le louable
souci de solenniser le dimanche ; mais les méthodes employées ne
sont pas irréprochables.
Au lieu de mettre en valeur la messe
solennelle par les moyens authentiques et efficaces de l'Église et
de respecter fidèlement les règles établies, on utilise de
préférence les procédés modernes : programmes musicaux annoncés
à l'instar de concerts avec le concours d'artistes profanes ;
prédicateurs à la mode ; rites nouveaux ; assistance choisie ;
bref, toute une action sans aucun rapport avec une assemblée
liturgique.
Pour
d'autres, d'ailleurs bien disposés, l'effort consiste à grouper
dans le chœur, autour d'un harmonium et sous la direction d'une
religieuse, une schola de jeunes filles. C'est admissible comme
procédé d'initiation et d'entraînement ; mais souvent le système
devient définitif, et c'est le pensionnat qui monopolise la
participation. La liturgie tombe en quenouille ; la nef masculine
surtout est plus silencieuse que jamais et, une fois de plus, la
religion passe pour une occupation de femmes.
4)
Enfin les paroisses de plus en plus nombreuses, qui utilisent la
liturgie telle que l'Église nous la donne aujourd'hui, pour donner à
la vie paroissiale et avant tout à la synaxe solennelle du dimanche
son maximum de rendement spirituel. Sans attendre des réformes
problématiques et assurément encore lointaines, ils-mettent en
valeur, sans plus attendre, le missel actuel, avec la conviction que,
tel quel, il renferme tant de trésors ignorés « et de richesses
assimilables au peuple chrétien qu'un immense et très fécond
travail peut et doit s'accomplir. Plusieurs paroisses ont été
transformées par ces efforts persévérants : puissent-elles se
multiplier encore !
Référence
Dom
Lambert Beauduin,
« La
messe chantée, sommet de la vie paroissiale », in La
Maison-Dieu, n°4,
Éditions du Cerf, 1945, p.
120-122
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