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mercredi 21 novembre 2012

Le col romain, selon J. A. Nainfa, 1926



Col romain (it. collaro) où l'on distingue la baverole souple et noire et le collier rigide et noir, recouvert, dans sa partie supérieure, d'un collet (it. collarino) de toile blanche empesée, interchangeable, unie et sans broderie.

 1. Les ecclésiastiques ayant vécu ou étudié à Rome ont peut-être noté que ce que nous appelons habituellement le col romain est, en effet, un col, mais qui n'est pas romain, si ce n'est, comme nous le verrons plus tard, par adoption.

Notre col romain, soi-disant, est constitué de deux parties, un cercle de lin blanc empesé – le col – et une pièce de tissu ou de soie, à laquelle le col lui-même est attaché par des boutons ou des agrafes, sorte de foulard auquel a été donné [en anglais] le nom quelque peu étrange de « rabbi », qui est probablement une corruption du mot français « rabat ».

Bon, cela est peut-être une surprise pour beaucoup, mais il n'en est pas moins vrai que ce qui est nous est connu [en anglais] sous le nom de « rabbi » correspond au véritable col romain, appelé à Rome collaro.

Le collaro romain est constitué d'une baverole souple et d'un cercle rigide fait de même matière. La partie rigide est, à proprement parler, le col dont la raideur est maintenue par une pièce de carton léger ou de cuir, glissée à l'intérieur. Afin de conserver la propreté du col, une bande interchangeable de lin blanc (le collarino) est placée par dessus et fixée à l'arrière par deux agrafes argentées.

C'est cette petite bande de lin qui est devenue la pièce rigide portée désormais, et qui a usurpé, parmi nous, le nom de « col romain ». Elle a si bien réussi son usurpation qu'elle a été adoptée presque universellement, non seulement dans notre pays, mais ailleurs, et même en Italie, comme la nouvelle forme du col romain. À Rome, désormais, personne ne trouve d'objection à son utilisation.

Et si nous estimons que cette forme nouvelle du « col romain » est plus facile à porter en tant que partie de l'habit civil des ecclésiastiques, nous avons toutes raisons de ne pas changer ce qui peut être considéré comme d'usage universel sur ce point. Le seul changement qui pourrait être suggéré aux ecclésiastiques et aux tailleurs serait de se débarrasser de ce mot juif particulier de « rabbi », qui est certainement hors de propos ici, et qui pourrait être avantageusement remplacé par le mot italien « collaro ». (1)

2. Bien que nous traitions exclusivement du costume prélatice, il n'est peut-être pas inutile de remarquer ici que le collaro, pour les prêtres et les autres membres du bas clergé, doit être entièrement fait de laine, la soie étant réservé au collaro des prélats et des dignitaires qui ont reçu un indult particulier à cet effet. A fortiori, le velours n'est jamais permis, ni même concédé.

Par conséquent, les bonnes sœurs et les pieuse dames qui, pour Noël, submergent les prêtres et séminaristes, en cadeau, de « rabbis », devraient prendre bonne note de cette règle et leur offrir seulement des collari de laine.

3. Le collaro est essentiellement un signe de prélature, lorsqu'il est d'une autre couleur que le noir (2). Les personnes qui portent, par privilège ou usage, la soutane rouge ou violette, sans être prélats, ne devraient jamais porter de collaro rouge ou violet, si cela ne leur est accordé par un indult apostolique. La même règle s'applique à tous ceux qui portent, comme livrée épiscopale, la soutane violette.

4. Le collaro papal est blanc, comme la majeure partie de son habit officiel. Celui des cardinaux est écarlate ; celui des évêques et des autres prélats est violet. (3) Lorsqu'un chapitre a reçu le privilège de porter des collari rouge ou violet, il ne leur est pas permis de les porter en dehors des limites de leur diocèse, (4) sinon dans les cas précisés par le Code de Droit Canon, au canon 409, §. 2. 

Notes 

(1) Le « col romain à simple bande », qui semble être en faveur en certaine partie du pays, et qui est vanté comme une « spécialité » par certains tailleurs pour ecclésiastiques, devrait être abandonné au clergé de l' « Église épiscopale ».

(2) Congrégation des Évêques et des Religieux, 1848. Amlphitan. Bref de Grégoire XVI, Eclesiasticos viros, 17 nov. 1843 [concédant à des abbés et chanoines le port du collaro violet, cf. document, p. 13].

(3) Les prélats religieux devraient porter le collaro de la même couleur que la soutane.

(4) Décrets cités ci-dessus. 


Version originale 

1. Ecclesiastics who have lived or studied in Rome may have noticed that what we usually call a Roman Collar is a collar indeed, but not Roman, except, as will be said later, by adoption.

Our Roman Collar, so-called, consists of two parts, a starched circle of white linen – the collar, and a piece of cloth or silk, to which the collar itself is fastened by means of buttons or hooks, a sort of stock which has been given the somewhat strange name of " rabbi " probably a corruption of the French word " rabat ". 

Now, it may be a surprise to many, but it is none the less true, that what is familiar to us under the name of " rabbi " is the true Roman collar, called in Rome collaro

The Roman collaro is made up of a loose breast-piece and of a rigid circle of the same material. The rigid part is properly the collar, and is maintained stiff by slipping into it a piece of light card-board or leather. In order to keep the collar clean, a changeable band of white linen (collarino) is placed over it and fixed behind with two silver clips.

 It is that small band of linen which has grown into the stiff affair now worn, and has usurped among us the name of " Roman collar. " And so well has it succeeded in its usurpation, that it has been adopted almost universally, not only in this country, but elsewhere, and even in Italy, as the new form of the Roman collar. In Rome now nobody objects to its use. 

And if we consider that this new form of the " Roman collar " renders it easier to wear as a part of the civilian dress of ecclesiastics, we have every reason not to change what may be regarded as the universal custom on this point. The only change that might be suggested to ecclesiastics and tailors would be to do away with that peculiar Jewish word " rabbi ", which is certainly out of place here, and could be advantageously replaced by the Italian word collaro. (1) 

2. Though treating exlusively of the prelatial costume, it may not be useless to remark here that the collaro, for priests and for other members of the inferior clergy, must be made entirely of woolen material, silk being reserved for the collaro of Prelates and of such dignitaries as have received a special indult to that effect. A fortiori, velvet is never allowed, nor even conceded.

Therefore, good sisters and pious ladies who, at Christmas time, overwhelm priests and seminarians with gifts of "rabbis", should take notice of this rule and offer only woolen collari. 

3. The collaro is essentially a sign of Prelacy, when it is made in another color than black. (2) Those who wear the red or purple cassock by privilege or custom, without being Prelates, should never wear a red or purple collaro, unless it is expressly granted by an Apostolic indult. The same rule applies to all who wear a purple cassock as a livery dress.

4. The Pope's collaro is white, like the main parts of his official dress. That of the Cardinalsis scarlet ; of Bishops and other Prelates, purple. (3) When a Chapter have received the privilege of wearing red or purple collari, they are not allowed to wear them outside the limits of their diocese, (4) except in cases mentioned by the Code of Canon Law, canon 409, §. 2. 

Notes

(1) The " single band Roman collar, " which seems to be in favor in some parts of the country, and is advertised as a " specialty " by certain clerical tailors, should be left to the clergymen of the " Episcopal Church. "

(2) Cong, of Bps. and Reg., 1848. Amalphitan. Gregory XVI. 's Brief, Ecclesiasticos viros, Nov. 17, 1843.

(3) Religious Prelates should wear a collaro of the same color as the cassock.

(4) Decrees quoted above.


Référence

John Abel NAINFA, Costume of Prelates of the Catholic Church, nouvelle édition révisée, John Murphy Company, Baltimore (Maryland), 1926, p. 54-56. La version française de ce texte est le fait de l'auteur de ce blog.

Le costume ecclésiastique


Il fut réglé d'abord par l'usage.

Le concile de Mâcon en 581 interdisait le vêtement court des soldats, c'était prescrire la toge, la soutane.

Le quatrième concile du Latran en 1215 défendait aux clercs de s 'habiller de rouge ou de vert : c'était en réserver la distinction aux cardinaux et aux évêques.

Il ne semble pas que ces derniers se soient jamais uniformément vêtus de vert et ils n'ont porté de vert que le chapeau dit pontifical, constituant leur insigne propre.

Le cérémonial de Clément VIII du 14 juillet 1600 a érigé en loi l'usage des évêques de s'habiller de violet. Mais les textes latins s'exprimaient « violaceus seu cælestinus » (Cérémonial pontifical de Paris de Grassi) et cela a permis durant plus de trois siècles de choisir entre le bleu et le groseille la nuance du goût de chaque pays ou de chaque personnage.

Le vert pour vêtement épiscopat ne peut venir que d'une fantaisie ou une altération de peintre, sauf le cas d'un prélat appartenant à quelqu'ordre spécial. 

Par décret du 24 juin 1933, la Sacrée Congrégation Cérémoniale a fixé, avec échantillon à l'appui, la nuance du violet à adopter désormais par tous les évêques et prélats, violet tirant sur le rouge. 

La mozette, réduction de la chape et de la cappa, a été de couleur indifférente jusqu'au XVIe siècle puis obligatoirement bleue ou violette.

La barrette qui procède du bonnet carré a subi des variations de modes. On en rentra une des quatre cornes que seuls, en bonne règle, et hors des cérémonies liturgiques, peuvent porter ceux investis du grade de docteur. 

Certains privilégiés, tels les chevaliers constantiniens de S. Georges, portent la barrette a quatres cornes. 

Depuis 1464 où la barrette rouge est réservée aux cardinaux, les évêques durent porter la barrette noire ; Léon XIII en 1888 leur accorda la barrette violette ; Pie IX en 1867 leur avait concédé la calotte violette. 

Il est possible que certains ecclésiastiques ou prélats de quelqu'un des Ordres religieux, militaires, ou nobiliaires aient eu l'habillement de couleur verte. 


Référence
 
L’intermédiaire des chercheurs et curieux, dirigé par
M. Carle de Rash, B. Duprat, Paris, 15-30 août 1936, n°1848, vol. XCIX, col. 652-653.

Le rabat ecclésiastique


1) Le rabat ecclésiastique était autrefois le col de la chemise retombant sur l'encolure de la
L'abbé LEDIEU, par J. Galliot
soutane. 

Par quelles transformations est-il devenu ce petit rectangle noir de soie ou d'étamine, que borde un petit liseré blanc de toile ou de perles de verre ?

On s'en rendra compte en examinant la suite des portraits des supérieurs de la compagnie de St-Sulpice qui orne les corridors des séminaires dirigés par les membres de cette respectable société ; on y verra comment le ci-devant col de linge a pris progressivement la forme actuelle et, en particulier, comment il a passé du blanc au bleuâtre, puis au noir, sans doute parce que le blanc était trop salissant. On peut aussi examiner la série parallèle des supérieurs des Prêtres de la Mission, depuis Saint-Vincent de Paul, jusqu'à ce jour, qui est conservé à la maison des Lazaristes de la rue de Sèvres à Paris.

Les Frères des Écoles Chrétiennes, dont la simplicité s'est moins laissée influencer par les caprices de la mode, ont toujours le rabat blanc.

À Naples, on portait, il n'y a pas encore bien longtemps, et on porte peut-être encore aujourd'hui [1923], un col pareil à celui du clergé de France au XVIIIe siècle ; il est droit, mais en deux pièces, avec une solution de continuité sous le menton.

Un frère des Écoles chrétiennes
Les Rédemptoristes, dont le fondateur, Saint Alphonse de Liguori, était napolitain, ont encore le col entr'ouvert, par devant.

Le clergé de quelques provinces belges et celui du diocèse d'Aoste en Piémont, usaient et usent, je crois, toujours d'un rabat presque pareil à celui de France.

Les chanoines de Turin, quand ils prennent le costume de chœur, ont aussi un rabat, mais qui est entièrement blanc et pas beaucoup plus large qu'une carte à jouer.

On sait avec quelle ténacité les Alsaciens sont restés fidèles au rabat, emblème de la Patrie perdue, dans l'intervalle des deux guerres ; y renoncer eût été, à leurs yeux, afficher leur adhésion au régime boche.

L'abandon du rabat français n'est pas général ; dans plusieurs diocèses, on le conserve jalousement ; la substitution n'a été que progressive. Il y a une cinquantaine d'années [vers 1873], il fut imposé au clergé de Moulins par un évêque, Monseigneur de Dreuz-Brézé, connu pour son ultramontanisme militant. Peu après, Langres suivit l'exemple de Moulins.

Mgr de Dreuz-Brézé
En réalité, le petit appendice que le vent agitait désagréablement n'avait rien de très commode ; il se fripait très vite et ceux qui tenaient à la propreté de leur toilette devaient en changer souvent, ce qui finissait par occasionner une dépense appréciable pour ceux qui ne se permettent guère les dépenses d'agrément... et de quel agrément !

Le col romain a été d'abord la caractéristique des clercs qui étaient décorés d'une prélature romaine, mais ne signifiait pas que celui qui le portait fut même camérier du Pape ; je ne pense pas que beaucoup se soient fait cette illusion qu'ils copiaient la tenue des « Monsignori ».

Il en est du rabat comme du chapeau à haute forme que jadis de vieux prêtres français arboraient à l'étonnement des plus jeunes générations. Le rabat aussi a passé de mode, mais ceux qui l'ont quitté n'acceptent pas qu'on dise qu'il symbolisait une méfiance gallicane à l'endroit de l'église romaine, sentiment qu'ils n'ont jamais éprouvé et qu'il serait injurieux de leur attribuer gratuitement. (…)

PARIENSIS. 

Référence 

L’intermédiaire des chercheurs et curieux, dirigé par M. Carle de Rash, B. Duprat, Paris, 10 février 1923, n°1574, vol. LXXXVI, col. 130-131.


2) (...) Quant au rabat, il fut toujours essentiellement une mode, un ornement de la mode la mode : de rabattre au dessus du col de la soutane, le col de la chemise d'où son nom de rabat.
Le cardinal Donnet

Sur les portraits des prélats d'autrefois on peut constater sa naissance et suivre son évolution. D'abord col blanc de la chemise rabattu autour du col du vêtement ; puis les deux angles antérieurs s'allongent en pointe aiguë (comme nos cols mous). puis la pointe s'élargit et le rabat s'avance en forme de deux languettes réunies par la base et divergeant vers l'extrémité. Les deux limbes sont détachés l'un de l'autre et bordés d'un galon. Ils sont en étoffe de laine ou de soie, même en gaz transparente chez les prélats de cour et aussi chez quelques autres. Au XIXe siècle, la forme du rabat est plus austère et se compose d'une bavette d'étoffe noire, bordée d'un double rang de perles blanches.

Le rabat étant un pur ornement, un luxe, il ne faut pas s'étonner que les Jésuites qui sont des religieux, ne l'aient pas adopté. Les papes n'avaient pas à intervenir a cet égard, et il va sans dire qu'ils ne sont jamais intervenus pour un si minime objet.

Seuls les prêtres français portaient le rabat en vertu d'une ancienne coutume. Comme cet appendice s'use vite et se coupe au contact de la barbe ; comme, de ce fait, il revient assez cher ; comme, sous l'effet du vent, la bordure de perles vient cingler douloureusement la figure de celui qui le porte, le rabat, sans élégance et sans utilité, ne présentait que des inconvénients ; il a disparu sans laisser de regrets. Il a passé de mode comme les boucles de souliers, la poudre et la traine (ou queue), qu'on voit encore cependant en Belgique et un peu dans le nord.

Rome n'a rien fulminé, et on n'a pas eu a «  l'arracher du col de notre clergé ». Celui-ci l'a laissé tomber comme les perruques, un siècle plus tôt. (…)

COOLEN. 

Référence 

L’intermédiaire des chercheurs et curieux, dirigé par M. Carle de Rash, B. Duprat, Paris, 15 avril 1935, n°1830, vol. XCVIII, col. 309-310.


3) (…) Le rabat paraît avoir été abandonné par la plupart des dignitaires cardinaux, évêques et prélats divers dès le début de ce siècle [XXe siècle], sinon même auparavant. Le clergé noir, par contre, lui était en général resté fidèle jusqu'il y a une dizaine d'années [vers 1925]. 

Une très intéressante étude sur cette question a paru récemment dans La Semaine catholique du diocèse d'Agen, sous la signature de Léonce de Villevenard. D'après l'auteur, le port du rabat n'est plus strictement obligatoire que dans une quinzaine de diocèses, et bien en théorie ; il est facultatif dans la plupart, déconseillé dans plusieurs, et même tout à fait défendu dans quelques-uns. (Le diocèse de Séez pour ne donner qu'un exemple) ...

D'où vint ce mouvement de proscription ? De la mode uniquement... Cependant, on peut le dire, il n'est sans doute pas un seul diocèse de France où le rabat n'ait conservé de fidèles et de chauds partisans. D'ailleurs porté aujourd'hui par la minorité des prêtres, le rabat est toujours préféré et regretté par la majorité des fidèles, comme notre petite enquête, bien modeste mais sérieusement menée .. nous a permis de l'établir... En somme, on a brisé une unité pour aboutir chez nous a la diversité entre diocèses parfois limitrophes .. entre les prêtres d'un même diocèse, entre curés et vicaires fréquemment, à l'intérieur de la même paroisse, diversité qui .. étonne pour le moins nos bons fidèles. 

Comme tout cela est juste et bien dit. (…).

J. B. 

Référence 

L’intermédiaire des chercheurs et curieux, dirigé par M. Carle de Rash, B. Duprat, Paris, 30 juin 1935, n°1835, vol. XCVIII, col. 548-549.


4) Le rabat créé par la mode, a subi les fluctuations de la mode et a disparu avec elle, de même que d'autres parties du vêtement ecclésiastique.

Il y a trente ou quarante ans [1895-1905], les prêtres français portaient presque tous le chapeau à longs poils dit castor, les boucles d'argent aux souliers, le rabat et la ceinture aux longues franges de soie.

Le cardinal Boyer
Aujourd'hui [1935], le rabat a presque partout disparu, le chapeau est en feutre ras et souvent dur (chapeau dit parisien), la ceinture est moins souple et plus étroite (ruban romain) et les souliers ne se distinguent plus guère de ceux des laïques.

Le Pape n'a pas eu à intervenir ; dans quelques cas, les évêques ont légiféré, comme c'était leur droit ; la plupart du temps, les prêtres ont profité du régime de la porte ouverte, de la permission, expresse ou tacite, de se vêtir d'une manière moins dispendieuse et plus commode.

Il n'y a donc pas lieu de faire intervenir ici un Gallicanisme ni un Ultramontanisme vestimentaires.

Ce n'est pas une thèse que j'attaque ou que je défends, mais un point d'histoire que je veux fixer. Si je n'ai pas parlé du rabat de quelques congrégations de Frères, c'est qu'il s'agissait avant tout du rabat des prêtres séculiers. [Les religieux sont régis par des constitutions spéciales et des traditions particutteres]. La plupart n'en portent, du reste, pas, comme les
Lazaristes, les Eudistes, les Rédemptoristes, etc. (…)


COOLEN. 

Référence 

L’intermédiaire des chercheurs et curieux, dirigé par M. Carle de Rash, B. Duprat, Paris, 15 novembre 1935, n°1841, vol. XCVIII, col. 844-845.

Le costume ecclésiastique en 1814


Il a été beaucoup question, en ces dernières années, d'arrêtés d'ailleurs reconnus illégaux par la jurisprudence, de maires de certaines municipalités interdisant dans leur circonscription le port de la soutane, c'est-à-dire du costume ecclésiastique des prêtres ou des religieux catholiques. Voici un document de l'année 1814 se rattachant à cet objet. Je le trouve dans le n°169 des 18-18 juillet de cette année du Journal de Liège politique, commercial et littéraire de J. F. Desoer :

On mande de Rome que Son Ém. [Éminence] le cardinal Jules Marie de la Somagtia, vicaire général, y a fait publier un édit daté du 13 juin, conçu en ces termes : 

« C'est avec la plus vive douleur que nous avons été forcés de voir beaucoup d'ecclésiastique, même de ceux élevés au grade sublime du sacerdoce, oublier leurs devoirs et leur dignité, au point de quitter, dans les tristes circonstances des années précédentes, cet habit qui leur est si nécessairement prescrit pour les rendre respectables dans leur extérieur et pour conserver en eux-mêmes l'esprit de leur état.

Voulant, en conséquence des devoirs de notre charge, ramener la décence parmi les ministres du sanctuaire, nous ordonnons que tous les ecclésiastiques, même les simples tonsurés, aillent vêtus d'une manière convenable et conformément aux dispositions portées par les saints canons ; défendant expressément l'usage abusivement introduit du chapeau rond, et des cordons et nœuds de rubans aux souliers ; ordonnant que dorénavant tous portent le costume ecclésiastique ordinaire et des boucles ; que tous aient le petit collet et une tonsure bien visible ; que si, contre notre attente, il y a quelqu'un d'eux qui refuse d'exécuter promptement et exactement ce que nous venons de prescrire, il subira la peine qu'il aura méritée suivant les précédentes ordonnances et les clercs qui, n'étant encore que dans les ordres mineurs, contreviendraient à notre présent édit, ne seront jamais promus aux ordres sacrés. »

Référence

L’intermédiaire des chercheurs et curieux, dirigé par M. Carle de Rash, B. Duprat, Paris, 10 mai 1902, n°967, vol. XLV, col. 727-728.

mardi 13 décembre 2011

La chamarre épiscopale et la soutane, 1908

[La version française du texte anglais original est le fait de l'auteur de ce blog.]


La chamarre, simarre (Latin, chimera, crimera, chimæra ; Anglais, chimere ; Italien, zimarra ; Espagnol, zamarra, etc.).

Pour décrire ce vêtement, il a été fait usage de l’article savant paru dans Transactions of the St. Paul's Ecclesiological Society du Rév. N. F. Robinson, « The black chimere of Anglican Prelates : a plea for its retention and proper use » (1898), vol. IV. p. 181-220 ; mais l’auteur s’est construit un jugement indépendant à partir du matériel ici rassemblé (27).

Diez suppose que le mot est d’origine espagnole, et peut-être basque, et qu’il signifie à l’origine « pelisse de peau de mouton » ou « robe d’intérieur ». L’espagnol zammarra signifie toujours « pelisse ». En anglais [cassock], il remonte au XIVe siècle. On l’utilise pour désigner deux vêtements, 1) une soutane à manches porté sous le rochet à manche, et 2) un vêtement de dessus sans manche, généralement ouvert sur le devant mais que l’on peut fermer en retournant les revers. Fermé de cette manière, il ressemblerait exactement à une soutane croisée sans manche.

Il semble, cependant, avoir été quelquefois totalement fermé sur le devant jusqu’à quelques pouces du col du rochet, comme c’est le cas sur les effigies de Mgr Rudd de Saint David’s ( 1614), à Llangathen, et de Mgr Bennett ( en 1617), en la Cathédrale de Hereford. Ce vêtement est apparemment le même que le tabard universitaire, et par conséquent, n’est pas propre aux prélats. Il fait partie de la même catégorie de vêtements ajustés que la tunique, le colobium, la dalmatique, et la soutane, qui ne sont pas des « vêtements couvrants », comme la chape et la chasuble. C’est, en fait, un pardessus. (28) Mais, comme la chape et la chasuble, il s’agit, proprement, d’un vêtement d’extérieur, et comme elles, il est devenu, en pratique, chez nous [Angleterre], un habit liturgique d’intérieur, qui a, depuis plusieurs siècles, en ce qui concerne les évêques, presque supplanté et généralement pris la place de la chape et de la chasuble. Un changement similaire s’est produit dans l’Église d’Orient, où une dalmatique à manches longues, le sakkos, a largement supplanté, pour les évêques, le phelonion.

La couleur de la chamarre n’était, en aucune façon, toujours noire, et, s’il faut suivre l’usage universitaire, il serait bon, lorsque l’on porte l’écarlate, de porter une soutane écarlate à manches, sur elle, un rochet à manches, et par-dessus, une chamarre écarlate sans manche. Par-dessus encore (ou comme son substitut), on pourrait porter une chape écarlate avec un chaperon fourré de blanc, tel qu’elle est encore portée dans les universités et par les évêques de la Chambre des Lords, lors de l’ouverture du Parlement. Mais l’écarlate et le noir n’étaient, en aucune façon, les seules couleurs utilisées pour la chamarre et le tabard. L’archevêque Scrope fut décapité portant une sous-chamarre bleue ; le vert, le violet, le brun-obscur, etc., sont tous mentionnés comme des couleurs de la chamarre (loc. cit., p. 194-197). Cranmer est représenté avec une chamarre vert foncée sur son portrait par Gerbicus Flicius, désormais à la National Portrait Gallery, daté de 1546, peut-être en tant que docteur en théologie (ib. 216).

Pour finir, nous pourrions évoquer la soutane que nous avons incidemment décrite comme une sous-chamarre ou un sous-tabard à manches. Certains de ses synonymes sont camisia vestis, toga talaris, tunica talaris, vestis promissa, vestis subtanea ou subtana ; It. sottana ; Angl. cassock. Car le mot lui-même et ses formes italienne, espagnole et française casacca, casaca et casaque (dérivées sans doute, comme casula, de casa= maison), est plutôt d’usage civil et domestique. C’était un long manteau avec des manches plutôt serrées, une jupe descendant, au début, jusqu’aux talons, et porté par les hommes comme par les femmes ; son nom en anglais archaïque est spécialement appliqué à l’habit porté par les soldats et les cavaliers. Voyez l’article sur Mgr Rudd de St. David's, et Macalister's Eccl. Vestments, p. 138, 1896. L’utilisation du mot [anglais] cassock en tant que terme de vocabulaire ecclésiastique est plutôt tardive. On le trouve dans le canon 74 de 1604, dont, le commentant, M. Mackenzie dit que « Cassock à l’époque d’Henri VIII replaça le vieux nom de subtanea ou vestis talaris. »

Mais il ne donne aucune référence pour cette affirmation. Le terme usuel de la période médiévale tardive, en Angleterre, était apparemment toga talaris ou tunica talaris. Lorsqu’on ressentit l’incommodité d’un vêtement si long dans la vie civile, il resta, naturellement, en usage chez les ecclésiastiques qui bougent avec plus de facilité et de dignité que les autres citoyens. La soutane peut, bien sûr, avoir été portée sous l’aube longue en tant qu’élément du costume liturgique, mais dans un tel cas, elle apparaît difficilement sur une effigie. Elle est, cependant, constamment visible sur ces effigies ou monuments d’ecclésiastiques, qui les représentent soit avec la soutane même, soit dans leur habit de chœur comprenant le surplis , l’aumusse, avec ou sans la chape. Bien des exemples sont représentés ou donnés comme référence par M. H. Bloxam, Vestments, p. 66-81, Herbert Druitt, Costume on Brasses, p. 85, 103-107, et H. W. Macklin, Brasses of England, p. 115 et suiv. Cet usage peut être retracé jusque vers 1400.

On peut ajouter que la soutane croisée est la forme antique en Angleterre. La soutane droite continentale avec une long rang de petits boutons, fut, dit-on, premièrement introduite par Mgr Harris de Llandaff (1729-1738 ; Walcot, loc. cit., p. 105 n). La bande ou ceinture autour de la taille est peut-être une commodité moderne. Voyez, cependant, Druitt, Costume, etc., p. 103, pour un exemple précoce de boutons et ceinture sur une soutane (vers 1400). Le caftan oriental qui est pratiquement le même vêtement, est également porté avec une ceinture.

Notes

(27) M. Robinson est dans l’erreur lorsqu’il dit que Mgr Hooper portait une chamarre écarlate lors de son sacre. Il fut sacré dans l’habit porté par les évêques assistants, c’est-à-dire une chape et un surplis de lin, comme le Register de Cranmer au fol. 332 l’indique : voyez ci-dessous le chapitre III, 3. Sans aucun doute, comme Parker, il revêtit son rochet et sa chamarre, comme habit ou robe d’extérieur, après son sacre, et prêchait également comme cela dans les occasions citées par Strupe.

(28) Un correspondant écrit : « Il s’agit presque exactement de l’habit quotidien des évêques en Lombardie. Il existe une grande photographie de l’évêque de Novara, posant dans le port de bateaux à vapeur d’Intra, sur le Lac Majeur, qui pourrait presque être celle d’un évêque anglais, excepté le fait que les manches du rochet ne sont pas si amples et pas si resserrées au poignet, et qu’il y a trop de chaîne pour la croix pectorale. »

Référence.

Report of the Sub-Comitee of the Upper House of the Convocation of Canterbury Appointed to Draw Up A Historical Memorandum on The Ornaments of Church and his Ministers, Society for Promoting Christian Knowledge, Londres, 1908, n°416, p. 31.

vendredi 2 décembre 2011

L'habit ecclésiastique et universitaire au Moyen Âge selon R. T. GÜNTHER, 1914.

[La version française du texte anglais original est le fait de l'auteur de ce blog.]


La description des costumes des cuivres les plus anciens nous a été fournie par M. Brightman, duquel je suis débiteur pour son aide importante et pour la note suivante sur le costume universitaire de la période qui a été fréquemment mal interprétée par les experts :

« L'habit médiéval clérical et donc universitaire comporte :

(i) une sous-tunique (subtunica, tunica), la « soutane » moderne ;
(ii) une sur-tunique (tunica, supertunica, toga, gona), la « robe » moderne ;
(iii) une capuche (caputium), constituée d'une cape enveloppant les épaules presque jusqu'au coudes, et d'une partie sur la tête, avec un « bec » (liripipium, tippetum [« pointu »]) tombant à l'arrière.

À cela, les bénéficiers, les dignités et les diplômés ajoutaient (iv) un habit (habitus), qui était de plusieurs formes :

1. la cappa qui était de plusieurs coupes : 

a. la cappa clausa, la cappa magna moderne et la « robe parlementaire » des prélats, portée à l'université par les docteurs en théologie et en droit canon, et à laquelle était attachée la capuche, ou qui était plutôt elle-même une immense capuche, dont la cape touchait les pieds, avec une fente au-devant à travers laquelle on passait les bras ;

b. la chamarre (chimæra, pallium), une cappa avec deux fentes latérales pour les bras, portée par les licenciés de théologie et de droit canon et par les docteurs en médecine et droit civil ; [il s'agit de] l'actuel « habit d’assemblée » des docteurs d'Oxford et de la chamarre des évêques [anglicans], prescrit par les Décrétales de Grégoire IX et toujours portée par les évêques anglais ;

c. la cappa manicata, une chamarre à longues manches qui n'étaient déjà plus portées au XVe siècle et qu'on laissait pendre lâchement depuis les épaules, cependant qu'on passait les bras à travers les fentes latérale; [elle fut] portée par les docteurs en droit civil et survécut à Cambridge jusqu'à la fin du XVIIe siècle (voir la planche de Loggan dans Cantabrigia Illustrata).

d. la cappa nigra, une petite chamarre portée par les maîtres ès arts.
 
2. le tabard (tabardum), une tunique aux courtes manches en forme de pointe, [tenue] caractéristique des licenciés mais portée par les [diplômés] de degrés supérieurs par commodité, et, évidemment, de la couleur [propre] de leur faculté.

La capuche du genre ordinaire était portée sur tous ces habits à l'exception du premier. La capuche des diplômés était doublée et bordée de fourrure, ou, à partir du premier quart du XVe siècle, en été (c'est-à-dire de Pâques jusqu'à la Toussaint), de soie, si on le souhaitait ; la robe et l'habit pouvait être, et était communément, doublée et bordée de la même façon.


Les auteurs des ouvrages sur les cuivres monumentaux ont adopté une terminologie qui leur est propre, basée sur une certaine mécompréhension des faits. Ils ont appelée la tunique du dessus « soutane », ce qui est une erreur ; ils ont séparé la capuche de sa cape et l’on appelé « tippet », alors que le « tippet [en français : cornette] » est une chose tout à fait différente, puisqu’elle est l’ « écharpe » moderne [du clergé anglican, notamment], dérivée du liripipion, et non pas de la cape, de la capuche ; tandis que la chamarre a été dite « rochet », ce qui est absurde, et la cappa nigra, « un tabard sans manche », ce qui montre que, même si, sans doute, cela décrit l’aspect superficiel de la cappa nigra après le milieu du XVe siècle, on ignore son nom, et probablement également son origine. »


Référence.

R. T. GÜNTHER, « A Description of Brasses and other Funeral Monuments in the Chapel of Magdalen College, XIII-XIVth Century », Préface, p.V-VII, Magdalen College, juin 1914, in William Dunn MACRAY, Register of the Members of St. Mary Magdalen College, Oxford, New Series Fellows, Vol. VIII : Indexes, Humphrey Milford, Oxford University Press, Londres, 1915.

mardi 29 novembre 2011

Le col romain, selon R.A.S. Macalister, 1896.


[La version française du texte anglais original est le fait de l'auteur de ce blog.]



Ce vêtement étant entièrement moderne, il est proprement en dehors de notre domaine. 

Il s’agit d’une imitation brodée du col de chemise rabattu du costume ordinaire. 

Sur les monuments médiévaux, la gorge du prêtre est exposée, comme l’est celle des membres actuels des ordres religieux les plus anciens. Des considérations de confort et d’image ont mené à l’adoption de ce col pour le clergé ordinaire. Il doit être « fait », dit Mme Doby, « d’une pièce parfaitement droite de lin fin ou de linon, » et, « bordée sur la partie retournée et le long ses courtes extrémités par un ourlet cousu avec soin d’un demi-pouce.

Déplié, une fois terminé, il est large de trois-quart de pouce ; le rabat ne doit pas être plus profond que d’un pouce et demi... 

Le col romain porté par un évêque est violet, celui d’un cardinal est écarlate.

Référence.

R.A.S. MACALISTER, Ecclesiastical Vestments. Their Development and History, The Camden Library, Elliot Stock, Londres, 1896, p. 148-149.

samedi 26 novembre 2011

L'habit ecclésiastique selon F. E. BRIGHTMAN, 1912


[Le texte suivant présente une histoire de l'habit ecclésiastique, d'un point de vue anglais. L'évolution décrite est valable pour toute l'Europe, jusqu'au moment de la séparation, au XVIe siècle, de l'Église romaine et de l'Église anglicane. Le Continent auquel il est fait allusion dans le texte est l'Europe continentale, par opposition aux Îles Britanniques. La version français du texte anglais original est le fait de l'auteur de ce blog.]

L’habit quotidien du clergé a été le sujet d’une longue série d’actes juridiques, depuis la fin du VIe siècle, et notamment du canon 16 du IVe Concile du Latran en 1215 (qui est incorporé dans les Décrétales, III., i. 15), en Angleterre, des Constitutions d’Othon (1287) et d’Ottobon (1268), et des canons de 1460, 1463 et 1604 ; à cela s’ajoutent les statuts des Universités et des Collèges qui règlent l’habit universitaire, et toutes les règles qui gouvernent l’habit judiciaire anglais, statuts et règles qui sont des variétés du costume ecclésiastique traditionnel de l’Occident. Ces actes juridiques tendent à être plus négatifs que positifs, prohibant la gaieté, le luxe, la cherté et la conformité avec les modes séculières courantes ; elles supposent plutôt qu’elles ne décrivent explicitement ce qui devait être porté. Mais certains principes émergent ; en particulier, les vêtements doivent être longs (talaris), amples, fermés, c’est-à-dire non-ouverts sur le devant, d’une seule couleur, qui ne doit être ni le vert ni le rouge.

L’habit ecclésiastique provient du costume romain du IVe siècle, la tunica et la pænula, qui, à travers le changement des modes séculières et l’adoption d’un nouveau type de costume par les laïcs, est devenu le propre des ecclésiastiques, et s’est alors scindé et développé selon deux orientations, l’une étant celle des vêtements liturgiques [ornements], l’autre celle de l’habit ecclésiastique quotidien. Par conséquent, au IXe siècle, nous voyons le clergé porter ordinairement l’aube ou tunique et la cappa, la chasuble pleine, avec (plus tardivement, si ce n’est déjà à cette époque) des fentes latérales, au travers desquelles passaient les bras ; du IXe au XIe siècle, on exigea des prêtres qu’ils portassent toujours l’étole

Au XIVe siècle, et sans doute un ou deux siècle auparavant, l’habit ecclésiastique complet consistait en une tunique du dessous (subtunica, la soutane), une tunique du dessus (supertunica, la robe), et un capuchon (caputium), c’est-à-dire une cape et une coiffe avec un « bec » allongé (liripipium, cornette).

Les bénéficiers, les dignités et les diplômés portaient une robe et un capuchon doublé de fourrure, et plus tard, en été, de soie ; entre la robe et le capuchon, ils portaient un « habit », soit une cappa, avec deux fentes latérales (chimæra, chamarre) ; ou une simple fente centrale pour y passer les bras ; ou un tabard, une tunique avec de courtes manches en pointe ; ou, surtout s’ils étaient juristes, un manteau (armilausa), attaché sur l’épaule droite ; les dignités et les docteurs ajoutaient un bonnet, qui, étant à l’origine, semble-t-il, une calotte lâche retournée sur le bord, prit une forme différente dans certains pays, évoluant comme un fez en France et en Italie, demeurant une calotte en Angleterre ; les plus grands parmi les juristes portaient une coiffe, un bonnet de lin attaché sous le menton. Les évêques portaient un rochet de lin sur la robe et sous la cappa.

Ce cardinal porte la soutane rouge (subtunica, ou tunique de dessous), le rochet blanc, issu de l'aube , la cappa magna ou chape prélatice rouge, le chaperon de fourrure blanche dont on ne voit que la petite cape, avec le capuchon caché derrière le cou, la barrette rouge (à la main) et la calotte rouge (sur la tête).
Dans la seconde moitié du XVe siècle, des changements intervinrent. La tunique du dessus ou robe fut fendue sur le devant, et les manches furent souvent élargies ; le capuchon, au lieu d’être porté, fut soit jeté lâchement sur une épaule, soit mis à l’équerre [squared], comme on le dit encore à Cambridge, c’est-à-dire posée sur les épaules, la pointe tombant sur l’une, la cape sur l’autre ; ou bien, comme le capuchon séculier, il fut transformé en chaperon, avec une pointe flottante ; ainsi, la pointe fut détachée et devint la cornette ou écharpe ; la calotte développa quatre coins, sans aucun doute, de façon accidentelle, tout simplement parce qu’elle était faite de quatre pièces ; ce bonnet carré était porté par tous les ecclésiastiques vers le milieu du XVIe siècle. En outre, dans la première moitié du XVIe siècle, le tabard, et, sauf pour les juristes, le manteau disparut ; la cappa tomba en désuétude sauf à l’université et pour les évêques ; les évêques fendirent les deux formes de cappa par le devant ; de là viennent la chamarre ouverte et la « robe parlementaire ». Les évêques anglais retournèrent également les manches de leur robe fourrée pour en faire un revers sur les manches de leur rochet. De plus, l’ancienne variété des couleurs disparut, en général, sauf pour les diplômés de l’université et dans les circonstances officielles ; le noir les remplaça toutes. Cela était acquis en Angleterre, mais fut promu sur le Continent dans la seconde moitié du XVIe siècle. Ainsi, au milieu du XVIe siècle, l’habit ecclésiastique ordinaire est celui dépeint sur la page de titre de la Grande Bible de 1539 et sur le grand portrait de Cranmer de la National Portrait Gallery. Ce costume traditionnel est imposé par la XIIIe Ordonnance de 1559.

Pierre de la Ramée (1515-1572) porte la robe de Genève ou robe académique. Autour du cou, il porte la cornette noire. Gravure du Musée du Protestantisme.
Mais, entre temps, il avait été abandonné à Genève, et la robe laïque, avec ses « fausses » manches et la toque [bonnet] ronde avaient été adoptées ; les exilés de retour et le parti puritain affectèrent ce costume, qui fut également adopté par les facultés laïques de droit et de médecine des universités. Un des aspects du problème vestimentaire [« vestiarian »] du règne d’Élisabeth [Ière] fut l’imposition de l’habit traditionnel à l’encontre de la mode genevoise.

L'évêque anglican William Howley (1746-1848) porte la soutane (invisible ici), le rochet blanc avec manchettes noires et ruchés blancs, la chamarre noire,  la cornette noire, reliquat du chaperon, le rabat blanc et la perruque blanche
Un chapitre des Advertisements (cf.) de 1566 est consacré à ce thème ; le dernier acte juridique qui règle l’habit du clergé est le 74e Canon de 1604, qui exige que les évêques portent leur appareil habituel qui est le rochet, la chamarre, la cornette, et le bonnet [cap] ; que les dignités et bénéficiers portent la soutane, la robe, le chaperon ou la cornette et le bonnet ; de même que tous les autres clercs qui, eux, ne portent pas la cornette. Mais il y eut d’autres changement de forme. Le Canon 74 exige que les manches des robes soient soit « étroites » aux poignets, soit larges. La manche large est ordinairement en forme de cloche et attachée à l’épaule ; les manches « étroites » étaient soit des manches fermées ordinaires, un peu bouffantes aux épaules, à cet époque, soit de pleines manches « ballonantes » attachées aux épaules et de nouveau au poignet ; par conséquent les deux formes étaient bien trop longues, et c’est ainsi qu’une ouverture fut pratiquée au niveau du coude afin que le bras passât à travers l’ouverture, laissant la manche tomber à partir du coude ; c’est de là qu’est venue la manche moderne des Maîtres ès Arts [M.A.] des universités ; dans la seconde forme, la manchette fut relevée le long du bras [was pushed up the arm] et cela eut pour résultat la manche « pudding ».

Dans la seconde partie du XVIe siècle, le capuchon, quand il ne fut pas remplacé par la cornette, était encore « enfilé » et non pas jeté sur les épaules ; mais il était grandement élargi, et ainsi, tombait en bas du dos ; bien qu’il fût raccourci sur le devant, il resta ainsi tout au long du XVIIe siècle ; mais, avec l’apparition des perruques au XVIIIe siècle, il fut fendue sur le devant et on y inséra un ruban, de manière à ce qu’il pendît entièrement dans le dos. Après la Restauration [anglaise], on oublia la nature du capuchon et de la cornette, et l’on en vint à les utiliser toutes deux, sauf les docteurs en robe d’apparat et les évêques jusqu’à S. Wilberforce, qui initia la mode de porter le capuchon sur la chamarre noire. Mais le port du capuchon dans la vie quotidienne semble avoir été remplacé par celui de la cornette depuis la fin du XVIe siècle ; et vers la fin du XVIIIe siècle, la cornette elle-même semble être tombée en désuétude, sauf à l’église, pour tous, à l’exception des docteurs et des chapelains.

Linus Pauling porte le "motorboard" et la robe académique, 1922.
Entre temps, le bonnet carré accentua son caractère quatrangulaire : vers 1640 environ, il était devenu, sur le Continent, la barrette moderne ; en Angleterre, il prit une forme plus souple et élégante. Mais ici, comme ailleurs, il était porté sur une calotte ; le « mortier [mortarboard] » de la fin du XVIIe siècle semble combiner en une seule pièce le bonnet carré et la calotte. Durant le règne d’Élisabeth [Ière], le clergé portait la fraise en vogue autour du cou et des poignets. Par conséquent un ruché apparut en dessous de la manchette blanche du rochet ; la manchette rouge portée maintenant avec la chamarre rouge, est une pure folie, à moins que le prélat ne soit un Docteur en Droit Civil [D.C.L.] d’Oxford, peut-être inventée par Wilberforce. La fraise laissa la place au col carré vers 1640, et celui-ci fut graduellement réduit jusqu’à ce qu’il devienne le « rabat » vers 1730 environ.

Les évêques abandonnèrent apparemment le port du rochet et de la chamarre en tant que costume ordinaire après la Grande Rébellion, et adoptèrent l’habit ecclésiastique ordinaire dont le port se poursuivit jusqu’au XVIIIe siècle tardif, lorsque les évêques et les hauts dignités adoptèrent la soutane courte (« tablier » [apron]) sous un manteau, tandis que le clergé adoptait, généralement, l’habit professionnel, commun avec celui des docteurs et des juristes, qui est noir avec une cravate [neckcloth] blanche, à laquelle, plus tard et en certains cas, fut ajouté le col « montant » [« stand-up »]. Vers le milieu du XIXe siècle, on en vint à porter le gilet uni [plain] M.B. [Mark of the Beast], et quelque temps plus tard, le col romain.

Concernant les cheveux et la pilosité du visage (sauf la tonsure qui était tombée en désuétude, en Angleterre, à partir du XVIe siècle), le clergé a suivi les modes séculières, bien que de façon quelque peu tardive par rapport au reste de la société. Ils gardèrent leurs cheveux longs après 1650 environ, et adoptèrent la perruque dans le premier XVIIIe siècle ; en Angleterre au moins, ils la conservèrent, dans certains cas, jusqu’après le milieu du XIXe siècle. Regardant la pilosité du visage, ils étaient, au Moyen Âge, généralement imberbes, mais parfois ils portaient la barbe et la moustache ; cela devint général vers 1530, et dura jusque vers 1620, lorsque la moustache et l’ « impériale » l’emportèrent et durèrent jusque vers 1700 ; de nouveau, ils redevinrent imberbes et ce, jusqu’au milieu du XIXe siècle, après quoi, en Angleterre, ils continuèrent à suivre la mode séculière, qui n’exige plus désormais d’uniformité ; ils font donc selon leur complaisance.

Référence.

F. E. BRIGHTMAN, « Dress of the Clergy [L’habit ecclésiastique] », dans S.L. OLLARD (dir.), Gordon CROSS, (dir.), A Dictionary of English Church History, A. R. Mowbray & Co., Londres, Oxford, Milwaukee, 1912, p. 181-183.