Martin de Azpilcueta, dit Navarrus |
On appelle irrégularité
en l'Église Romaine l'inhabilité à recevoir les ordres, ou à les
exercer après les avoir reçus. Par les Lois de l'Église Romaine,
un homme devient irrégulier pour ne boire point de vin, pour avoir
perdu un des doigts qui servent à manier l'hostie, et à faire le
signe de la croix. Pour avoir tué quelqu'un, ou lui avoir coupé
quelque membre du corps. Plusieurs estiment que le châtré n'est
point irrégulier, pourvu qu'il porte sur soi les parties qui lui
défaillent réduites en poudre (1). Item, un prêtre tombe en
irrégularité et devient inhabile à sa charge s'il se marie, mais
non pas s'il a des concubines. Il ne devient point irrégulier ni
inhabile à la prêtrise pour être Sodomite. Car les Docteurs
tiennent cela être compatible avec sa charge : comme enseigne
bien au long Navarre (2) Docteur
célèbre. Et sa raison est pource que quelque détestable que soit
ce crime, si est-ce que l'hérésie conçue en l'esprit, et le
désespoir sont crimes plus horribles : lesquels néanmoins
n'apportent point d'irrégularité. Ce qu'il prouve par l'autorité
de Thomas. Cela étant ainsi, comment saura celui qui reçoit
l'absolution si le prêtre n'a pas quelque défaut en son corps, ou
s'il n'a pas commis quelque crime qui le rendre irrégulier ?
Car si cela est, l'absolution est nulle et sans effet.
Notes.
(1)
Cardinal Tolet, Livre I, Instructio
Sacerdotium, ch.
63. : « Non
est opus cum cui virilia abscissa sunt, secum in pulnerem, redacta
aut sicca portare, ut vulgares putant. »
(2)
Martin
Aspilcueta (1493-1586) (dit
le
Doctor
Navarrus ou
Navarrus, canoniste catholique romain),
Opera omnia canonica,
tome 2, au chapitre Ad
inferendam, 23,
question 3, De
Defensione proximi,
§. 37. Édition de Cologne, 1615, p. 255. « Dubitarunt
an voluerimus etiam nefandum crimen sodomiæ comprehendere. Sequitur
respondendum esse non comprehendi. Primo, quia sicut dictum est
supra, irregularitas nisi ob casus à iure expressos non incurritur,
ex quorum numero hic non est. Secundo, quia illa verba sunt
Innocentii. Tertio quia parum refert illud graviter crimen esse
grauissimum, spurcissimum et maxime detestabile, cum maius sit
hæresis mentalis (…). Facit etiam quod nos intelleximus, in
Italia, ubi, ut fertur, plus hoc malo laboratur quàm oporteret,
nullæ de eo dispensationes quæruntur. » ;
tome 2, chap. 2, question 2, article 3 et
maius desperatio,
etc.
[« Ils
tergiversent [pour savoir] si nous voulons également [y] inclure le
crime abominable de sodomie. Par suite, il faut répondre qu'il n'est
pas inclus. Premièrement, selon ce qui a été dit ci-dessus,
l'irrégularité n'est pas encourue, hormis les cas spécifiés par
le droit, au nombre desquels la sodomie n'est pas. Deuxièmement,
parce que ces mots sont ceux d'Innocent. Troisièmement, parce qu'il
importe peu que ce crime soit, au plus haut point, grave, immonde et
détestable, étant donné que l'hérésie mentale est [un crime]
plus grand [encore] (…). Il se fait également que nous avons pris
connaissance du fait, qu'en Italie, qui est plus travaillée par ce
mal qu'il ne faudrait, aucune dispense n'est demandée pour cela. »
Référence.
Pierre
du Moulin, pasteur, Nouveauté
du papisme opposé à l'ancienneté du vrai christianisme,
Jean Jannon, Sedan, 1527, p. 728.
Orthographe modernisée par l'auteur de ce blog.
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