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mercredi 5 décembre 2012

Des titres et qualités des ecclésiastiques, selon G. A. de La Roque, 1678


Les ecclésiastiques ainsi que les laïques, ont leurs titres particuliers.

On donne au pape le plus auguste de tous les titres, qui est celui de Très-Saint, de Sainteté et de Béatitude. Ils se sont, par humilité, intitulés Serviteurs des Serviteurs de Dieu (Servus Servorum Dei), depuis Saint Grégoire qui l'avait pris de Saint Augustin, lequel s'appelle ainsi dans plusieurs de ses épîtres.

Les cardinaux de la Sainte Église Romaine ont eu le titre d'Illustrissimes. Celui d'Éminentissime lui fut subrogé par un décret que fit le pape Urbain VIII, le 10 juin 1630.

Le Grand Maître de Malte a aussi le titre d'Éminentissime, et celui d'Éminence, au lieu d'Altesse.

Les cardinaux de maison souveraine retiennent plutôt le titre d'Altesse, que d'Éminence.

Les Archevêques-Électeurs du S. Empire, les autres prélats souverains le prennent aussi.

Les prélats en général s'appellent Pères ; et depuis le règne du roi Louis XIII, ils se donnent entre eux, en France, le titre de Monseigneur.

On remarque dans les registres de la Chambre des Comptes, qu' Odo Rigaut, archevêque de Rouen, qui avait été religieux de l'ordre de S. François, prenait la qualité de Frère Odo, par permission divine archevêque de l'Église de Rouen, Très Indigne Ministre, en un acte donné à Paris l'an 1266, le dimanche après la fête de S. Barnabé Apôtre, qui contient qu'il avait créé un doyen en l'église S. Melon de Pontoise.

Au temps passé, environ le siècle de Charlemagne, les patriarches et les archevêques qui sont révérés dans leurs provinces, ont eu le titre de Révérendissimes, et Pères, comme Monseigneur Jean, par la grâce de Dieu archevêque de Milan, dans une charte du 18 novembre 1354, indiction 8 ; les évêques, celui de Révérends, qualité que prenait aussi Monsieur Gerbace, archevêque de Mayence, vice-chancelier-du saint Empire, dans une charte de Charles IV Empereur, de l'an 1366, indiction 4, aux calendes de mai. Il y a eu aussi des évêques qui ont eu la qualité de Vénérables, ainsi qu'Ernest, archevêque de Prague, en une charte de cet empereur de l'an 1358, indiction 11 et Gérard et Lampert, évêques de Wirsbourg et de Bamberg, en une charte de l'an 1378, indiction 1., 13e calendes d'avril.

Les abbés étaient aussi qualifiés Vénérables ou Révérends. Guillaume, doyen d'Autun, écrivant en 1147 à l'abbé Suger au sujet de l'élection que les chanoines d'Autun voulaient faire de l'archidiacre Henri, frère du duc de Bourgogne, pour leur évêque, appelle Suger, par la grâce de Dieu Révérend Abbé, Père et Seigneur de Saint Denis.

Les prieurs & les moines, qui tiennent la Règle de Saint Benoît, et ceux qui suivent les Constitutions de Saint Bernard et de Saint Bruno, prennent le titre de Dom.

Les abbesses, les prieures, les religieuses ou nonnes avaient le titre d'Honnêtes ; et celui de Discrète Personne s'attribuait aux chanoines.

Le terme de Grandeur est nouveau [en 1678]. En latin, toutes ces qualités d'Altesse, d'Éminence, d'Excellence et de Grandeur, se confondent ordinairement dans le mot de Celsitudo ; mais elles se distinguent en français.

Les religieux prennent, à présent, le titre de Pères, qui est propre aux évêques et aux abbés : car le mot d'abbé signifie « père ». Néanmoins, les anciens abbés en parlant d'eux-mêmes, se disaient Frères, comme il se voit en un titre de l'an 1381 que Guillaume, abbé de Cîteaux, s'appelle Frère : «  Venerabilibus in Christo coabbatibus suis in regno Franciæ constitutis, et eorum majoribus officialibus frater Guillelmus [Guillaume IV de Vaucelles, abbé de 1316 à 1335], abbas Cisterciensis [À ses Vénérables co-abbés en Christ, établis dans le royaume de France, et à leurs plus important ministres, le Frère Guillaume, etc., 21 décembre 1333, « État des abbayes de l'ordre de Cîteaux qui payent la dîme au roi. » (Ex libro Cameræ compotorum signato, NOSTER, fol. 381.]. Mais le plus souvent ils prennent le titre de Dominus, comme Thibaud, abbé de Listeaux, et Robert, abbé de Pontigny ; ce qui a du rapport avec le terme de Dom.

Le mot de prieur a beaucoup de rapport à celui de père, car le prieur fait la charge de père envers ses inférieurs. Il y en a qui prennent, par surabondance, le titre de Révérend Père, et quelques-uns en commettant un barbarisme, ont appelé leurs supérieurs Très Révérendissimes, ne se contentant pas du superlatif.

Le titre de Gardien et de Custode est commun dans l'ordre des Mineurs. Celui de Correcteur, en celui de Minimes et les Trinitaires dits Mathurins, appellent Ministres tous leurs supérieurs. 

Référence

Gilles André de La Roque, Traité de la Noblesse, Étienne Michallet, Paris, 1678, p. 311 et suiv. L'orthographe et la ponctuation ont été modernisées par l'auteur de ce blog. Ce dernier a également ajouté ce qui se situe entre crochets ([...]).

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