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dimanche 12 mars 2017

Sur les modes inconvenantes, Mgr Luçon, 1925


Louis-Joseph Cardinal Luçon (1842-1930)
Lettre pastorale de Son Éminence le Cardinal Luçon, Archevêque de Reims, au Clergé et aux Fidèles de son Diocèse.


NOS TRÈS CHERS FRÈRES,

Nous ne pouvons différer davantage de venir vous entretenir d'un abus que tous les gens sensés sont unanimes à déplorer : nous voulons parler des modes inconvenantes dans l'habillement des femmes.

Les publicistes, les conférenciers, les médecins ont eu beau protester, au nom de la morale, de l'esthétique et de l'hygiène, les plus hautes autorités ecclésiastiques au nom de la modestie chrétienne ; peine perdue : les traits de la satire, comme les arguments de la raison, se sont émoussés contre la tyrannie de la mode, le sentiment religieux lui-même n'a pas réussi à se faire obéir, et l'on voit des costumes et des nudités que la bienséance devrait interdire même dans la rue, pénétrer aujourd'hui dans nos églises et jusqu'à la Table Sainte, où elles sont plus déplacées que partout ailleurs. C'est ce qui nous met dans la nécessité de parler.

Il n'est point dans notre rôle, ni dans notre intention de critiquer sous le rapport de l'esthétique et de l'art ces manières extravagantes de s'habiller, et de faire ressortir ce qu'elles ont de ridicule et de contraire au bon goût dont notre pays s'est toujours glorifié d'être la meilleure école.

Nous ne les envisagerons point non plus sous le rapport de l'hygiène pour faire remarquer que certaines nudités ne sont pas sans danger pour la santé. Nous nous plaçons à un point de vue plus élevé.

I. – Nous observerons, en premier lieu, que les modes actuelles ne s'accordent pas avec l'honnêteté et la morale même simplement naturelle.

La modestie est la plus belle et la plus noble parure de la femme. Le respect de soi-même et le sentiment de sa dignité devraient lui inspirer le dégoût de ces costumes excentriques et de ces nudités qui semblent un défi à la pudeur, et qui ne conviennent qu'à des femmes auxquelles elles auraient honte de ressembler.

Si, il y a quelques années, elles avaient vu une personne en pareil accoutrement, avant qu'il fût devenu de mode, elles en auraient ri, et l'auraient peut-être méprisée ; à aucun prix, certainement, elles n'auraient consenti à l'imiter.

La mode n'a point changé le caractère intrinsèquement déshonnête de ces costumes indécents.

On réclame le relèvement moral du pays : ce n'est certes pas dans l'intention d'y contribuer qu'on a inventé et lancé les modes actuelles. Nées de la corruption, elles sont un des agents les plus efficaces de la dépravation des mœurs. Elles sont, par elles-mêmes, une provocation au mal, un excitant des passions. Nul ne peut de bonne foi en soutenir l'innocuité.

Ne laissez pas périr entre vos mains, femmes chrétiennes, ces belles traditions familiales de simplicité, de dignité de vie, de pureté de mœurs qui, dans les siècles passés, ont assuré l'honneur et le bonheur de vos foyers, et qui ont fait de la femme française le type de la distinction.

N'allez pas chercher vos modèles hors de chez nous. Depuis longtemps c'est la France qui donne le ton : maintenez-la digne de cette honorable prérogative.

En matière de toilette, le beau ne se sépare pas du bien, ni la distinction et l'élégance de la simplicité.

Veillez à ce que le costume de vos enfants soit toujours conforme aux règles de la décence, et ne permettez pas à vos filles de céder à l'entraînement des modes répréhensibles ; mais pour avoir l'autorité de leur faire accepter cette réserve, donnez-leur en vous-même l'exemple.

Tout se tient d'ailleurs : les concessions faites à la mode par trop de liberté et de frivolité dans le vêtement sont une brèche à la loi de la modestie ; par cette brèche s'introduira la facilité à se permettre toutes sortes de lectures, de spectacles, de divertissements, de fréquentations mondaines, au grand détriment des vertus domestiques et de la vie de famille.

II. En second lieu, il ne faut pas oublier que nous vivons en société et que nous avons les uns envers les autres des obligations, particulièrement celle de donner le bon exemple. Nous avons tous le devoir strict de ne pas scandaliser le prochain en le portant au mal par des exemples mauvais.

Ce devoir s'impose avec d'autant plus de rigueur que l'on appartient à une classe plus élevée de la société. Les classes inférieures, en effet, cherchent naturellement à se modeler sur les classes supérieures. Celles-ci doivent bien se garder de l'oublier, et ne donner jamais aux autres que des exemples qu'elles puissent imiter. Quelle autorité peuvent-elles avoir pour condamner dans le peuple un abus ou un désordre, si elles-mêmes se le permettent ?

Le peuple le comprend très bien : il a un sentiment inné, quoique confus peut-être, des convenances. Il se rend parfaitement compte que les personnes qui, à raison de leur naissance, de leur fortune, de leur culture, de leur profession, occupent dans la société un rang supérieur, sont obligées à une tenue en rapport avec la supériorité de leur rang ; et de même que l'étalage d'un luxe excessif et insolent sert de prétexte aux excitations anarchistes et révolutionnaires ; de même l'excentricité et l'indécence des modes tuent le respect que le peuple aurait pour les personnes des classes élevées, si elles avaient toujours une tenue digne de leur situation.

Les modes ridicules provoquent le mépris. Que les femmes auxquelles la Providence a donné parmi les autres un rang privilégié, évitent avec soin de donner prétexte à ce mépris ; qu'elles aient à cœur, au contraire, de mériter le respect par la dignité irréprochable de leur tenue : c'est un de leurs devoirs sociaux. :

III. Mais c'est surtout au sentiment religieux de nos femmes chrétiennes que nous voulons en appeler pour les détourner des modes indécentes ou même simplement inconvenantes.

De même que dans l'ordre des choses civiles, chacun tient à être vêtu selon que l'exigent les bienséances de son rang ou de son état, ainsi devons-nous observer dans l'ordre moral les bienséances de notre religion et de notre condition de chrétiens. Ces bienséances doivent se régler d'après les enseignements de notre foi.

Or, d'après les enseignements de notre foi, Dieu nous a fait l'honneur de nous créer à son image. Ne comprenons-nous pas l'obligation de respecter en nous cette divine ressemblance et de ne pas la déshonorer par une manière indécente de nous vêtir ?

Par le baptême Dieu nous a adoptés pour ses enfants. Si un enfant d'humble condition était adopté par un roi, ne serait-il pas tenu à ne porter que des vêtement s en rapport avec le rang auquel il aurait été élevé par une si haute faveur ? À combien plus forte raison, devons-nous honorer notre dignité d'enfants de Dieu, en nous interdisant toute mise qui ne s'accorderait pas avec une si surnaturelle condition ?

Nous devenons par la grâce sanctifiante les temples de l'Esprit saint, par la sainte Communion les sanctuaires vivants de la divine Eucharistie : est-ce que cela ne nous impose pas une tenue toujours digne des hôtes divins qui daignent nous honorer de leur visite et de leur présence permanente ?

« Ne savez-vous pas, dit saint Paul, que vos corps sont les temples de l'Esprit-Saint, les membres du corps mystique de Notre-Seigneur Jésus-Christ »: glorifiez donc et honorez par votre tenue extérieure Dieu présent en vous et en présence de qui vous êtes partout.

Enfin le Christianisme est essentiellement la religion de la Croix. Il comporte indispensablement une certaine gravité de mœurs, qui se résume en assujettissement de la chair à l'esprit. C'est à tous les croyants de son Évangile que Notre-Seigneur adresse ces. paroles : « Si quelqu'un veut être mon disciple, qu'il se renonce à soi-même, qu'il prenne ma croix et qu'il me suive. » Toute la vie du chrétien, son langage, sa tenue, ses mœurs doivent être marqués de l'empreinte de la Croix. Les modes frivoles et indécentes sont un retour aux mœurs païennes ; elles sont incompatibles avec l'esprit de l’Évangile, avec la morale chrétienne : une chrétienne doit se les interdire.

Nous exhortons donc nos fidèles diocésaines à ne pas se laisser entraîner au courant des modes inconvenantes, que réprouve le bon goût, aussi bien que la modestie naturelle à la femme honnête et sérieuse. Si les considérations que nous venons d'exposer ne réussissent pas à les convaincre et à les persuader toutes, nous ne doutons point qu'un grand nombre d'entre elles n'aient assez le sens chrétien pour en reconnaître la justesse et ne se fassent un devoir de s'y conformer.

Il est du moins un point sur lequel nous nous considérons comme certain de rencontrer une obéissance unanime : c'est que personne ne voudra plus se permettre de paraître à l'église avec ces toilettes inconvenantes, c'est-à-dire en robe décolletée ou les bras nus. S'il est un lieu où les modes frivoles et les nudités sont particulièrement déplacées, n'est-ce pas la Maison de Dieu ?

N'est-ce pas un inexcusable manqué de respect, pour ne point dire un défi ou une insulte à la sainteté de Dieu, que d'entrer dans son temple, et surtout de s'approcher des Sacrements dans une tenue si manifestement immodeste ? L'habitude qu'ont certaines personnes de ces sortes de toilettes les empêche sans doute de remarquer l'irrévérence qu'elles commettent en les portant jusque dans le lieu saint : Nous avons le devoir de le leur faire remarquer, et il n'en sera pas une qui, ainsi avertie, ne s'empresse, par respect pour la Maison de Dieu, de se conformer h nos recommandations.

En conséquence :

1° Nous exhortons instamment les femmes et les jeunes filles de notre diocèse à observer dans leurs vêtements les règles de la modestie chrétienne.

2° Elles doivent absolument s'interdire de paraître à l'église, surtout pendant les offices publics et pendant le saint sacrifice de la Messe, en robes décolletées ou les bras nus.

3° Elles ne seront pas admises dans cette tenue au saint Tribunal de la Pénitence ni à la sainte Table.

Et sera, la présente lettre pastorale avec le mandement qui la termine, lue et publiée au prône de la messe principale, dans les églises et chapelles de notre diocèse, le dimanche qui en suivra la réception.

Donné à Reims, en la fête de l'Assomption de la Sainte Vierge, le 15 août 1925.

+ L.-J., Cardinal LUÇON,
Archevêque de Reims.

Par Mandement,

J. LECOMTE, Camérier de Sa Sainteté,
V. G., Secrétaire Général.

Référence

Bulletin du diocèse de Reims, 53e année, n°35, samedi 29 août 1925, p. 273-276.

Un grave appel de l'Épiscopat de Belgique à propos des modes indécentes, 1925


Désiré-Joseph Cardinal Mercier (1851-1926)
Il y a quelques semaines, dans notre numéro du 3o août [1925] nous reproduisions la Lettre de Mgr Besson, évêque de Lausanne, sur le scandale des modes actuelles.

Nous reproduisons aujourd'hui cette Lettre collective vraiment émouvante des évêques de Belgique :

Mères chrétiennes, nous venons à vous avec confiance. Vous ne nous refuserez pas votre concours.

À plusieurs reprises, nous avons rappelé les lois de la modestie chrétienne et nous avons eu la consolation de constater qu'à l'intérieur des églises, au moins, et au banc de communion, vos jeunes filles et vous-mêmes vous vous êtes souvenues de la dignité de votre baptême et du respect qui est dû à la majesté de Dieu.

Même dans la maison de Dieu, cependant, tout n'est pas parfait encore, et nous ordonnons à MM. les curés de maintenir partout l'avertissement qui y a été affiché et que nous reproduisons ici :

Par respect pour la maison de Dieu, les dames et les jeunes filles sont priées de ne se présenter à l'église qu'en robe montante et fermée et avec manches descendant au-dessous du coude.

Les personnes qui ne seraient pas ainsi vêtues sont priées de ne pas s'approcher du banc de communion.

Nous supplions les mères de famille d'habituer leurs enfants, dès le jeune âge à la modestie et au respect de la dignité chrétienne.

C'est sur les jeunes enfants que nous appelons aujourd'hui tout particulièrement votre attention.

Vous avez un devoir de conscience de les élever et de les entretenir dans la pudeur. Vous devez les habiller avec réserve et exiger notamment que les robes des vos fillettes leur couvrent les bras et leur descendent au-dessous des genoux.

Nous enjoignons aux directrices des écoles et pensionnats catholiques de faire connaître aux parents cette prescription et de l'afficher dans les parloirs où sont reçues les familles.

Saint Paul, écrivant à Timothée à propos de la prédication de la morale évangélique, lui disait :

Des circonstances se présenteront où les fidèles auront peine à supporter le langage de la pureté de l’Évangile ; ils aimeront mieux consulter leurs convoitises et prêter l'oreille à des maîtres qui les flattent. Mais toi, disait le grand Apôtre à son disciple, sois vigilant quand même, fais ton devoir de héraut de l’Évangile ; prêche la parole de Dieu, insistes-y à propos et hors de propos, démontre, supplie, réprimande, aie recours à toutes les ressources de la patience et de ton enseignement apostolique.

Mères chrétiennes, en d'autres occasions, nous avons essayé de faire entendre à notre peuple fidèle, avec preuves à l'appui, les exigences de la modestie chrétienne ; nous avons adressé des reproches à ceux qui manquent.

Aujourd'hui, dociles aux exhortations du grand Apôtre, nous prenons volontiers l'accent de la prière et nous vous supplions de songer à vos responsabilités de mères chrétiennes ; ne dédaignez pas d'écouter avec une filiale déférence la parole autorisée de vos évêques.

Il y va de l'avenir de vos enfants, il y va du relèvement de la moralité dans notre pays.

Une réforme énergique dans l'éducation des jeunes enfants en préparera d'autres, dans le même ordre, pour la pureté de vos foyers et l'assainissement des mœurs publiques.

Mères chrétiennes, directrices et éducatrices de l'enfance, nous vous remercions par avance de votre dévoué concours et nous prions Dieu de répandre sur vos foyers.


+ D.-J Card.[inal] MERCIER, Archev.[êque] de Malines ;
+ GUSTAVE, Év.[êque] de Bruges ;
+ THOMAS-LOUIS, Év.[êque] de Namur ;
+ MARTIN-HUBERT, Év.[êque] de Liège et Eupen-Malmédy ;
+ ÉMILE-JEAN, Év.[êque] de Gand ;
+ GASTON-ANTOINE, Év.[êque] de Tournai.

Référence

La Tunisie catholique, 11 octobre 1925, p. 750-752

Lettre de Son Éminence, le cardinal Dubois, contre les danses immodestes, 1920


Louis-Ernest Cardianl Dubois (1856-1929), en 1920
Hier matin [dimanche 19 décembre 1920] a été lu en chaire, dans toutes les églises du diocèse, l'avertissement suivant du nouvel archevêque de Paris, « contre les modes indécentes et les danses inconvenantes ».

À plusieurs reprises, Notre vénéré prédécesseur, le cardinal Amette, a rappelé aux femmes et jeunes filles chrétiennes le devoir qui s'impose à elles de s'abstenir des modes indécentes et des danses inconvenantes.

Nous maintenons et faisons Nôtres les avertissements et les défenses de notre vénéré prédécesseur.

Nous conjurons Nos diocésaines de réagir contre les modes opposées à la décence chrétienne.

Nous rappelons qu'en conscience les femmes et jeunes filles chrétiennes ne peuvent, sous quelque prétexte que ce soit, prendre part aux danses inconvenantes, la plupart de nom et d'origine exotiques.

Nous rappelons aux confesseurs qu'ils doivent appliquer, sur ces points comme sur tous les autres, les règles de la théologie morale.

Nous avons confiance que les femmes et jeunes filles chrétiennes de Notre diocèse, dont Nous connaissons l'esprit de foi, la piété et la docilité, auront à cœur de donner partout le bon exemple.

Référence

Le Figaro, 66e année, 3e série, n°354, lundi 20 décembre 1920, p. 2.

Contre les modes et les danses inconvenantes, Mgr Amette, 1919


Léon-Adolphe Cardinal Amette (1850-1920)
À plusieurs reprises Nous avons rappelé aux femmes et aux jeunes filles chrétiennes le devoir qui s'impose à elles de s'abstenir des modes indécentes et des danses inconvenantes.

Nous avons le regret d'être obligé de renouveler Nos avertissements et Nos défenses sur ce double objet.

Le Souverain Pontife Nous en donne l'exemple.

S'adressant récemment aux femmes catholiques d'Italie, Sa Sainteté Benoît XV insistait avec énergie sur l'obligation qu'a la femme chrétienne « de prouver son honnêteté par la façon de se vêtir ». « Nées de la corruption de ceux qui les lancent, disait-il, les « toilettes inconvenantes sont une funeste provocation au mal. »

Et il réprouvait « cet excès qui consiste à porter une mise indécente jusque dans le lieu saint ».

Nous faisons Nôtres ces paroles du Saint Père et Nous conjurons Nos diocésaines de réagir contre les modes opposées à la décence chrétienne. Ces modes s'étendent jusqu'aux enfants : les mères doivent veiller à ce que leurs filles soient habillées de manière à respecter toutes les délicatesses de la pudeur.

Il est un autre abus que les personnes chrétiennes ont le devoir de combattre : ce sont les danses inconvenantes, de nom et d'origine exotiques. Les femmes et les jeunes filles chrétiennes ne peuvent en conscience y prendre part.

Plusieurs, pour s'excuser, allèguent qu'elles peuvent le faire sans commettre aucun mal ; il n'en reste pas moins que ces danses sont un danger, aggravé encore par l'immodestie des toilettes, et une occasion de scandale.

On dit encore qu'on ne saurait s'en abstenir sans renoncer à aller dans le monde : il appartient aux femmes chrétiennes de bannir ces abus de la bonne société.

Les jeunes gens chrétiens les y aideront en s'interdisant à eux-mêmes ces sortes de danses, dont ils sont les premiers à reconnaître l'inconvenance.

Dans le discours que Nous avons cité, le Souverain Pontife exhorte les catholiques italiennes à « former entre elles une Ligue pour combattre les modes indécentes chez toutes les perte sonnes ou familles sur lesquelles leur influence peut s'exercer efficacement ».

Une ligue de ce genre a été fondée à Paris au printemps dernier. Nous la bénissons et Nous souhaitons vivement qu'elle se propage et comprenne dans son action la lutte contre les danses prohibées.

Il serait déplorable de vouloir allier des mises et dés divertissements que la modestie condamne avec des pratiques religieuses et même avec la communion fréquente.

Quand on fait profession d'être chrétienne, il faut l'être non seulement dans son for intérieur, mais aussi dans sa tenue extérieure et dans sa conduite tout entière. C'est ce que voudront faire, Nous en avons la confiance, les mères et les jeunes filles de Notre diocèse, dont Nous connaissons l'esprit de foi et la piété.

Cet avertissement sera lu en chaire le premier dimanche de l'Avent.

          Paris, le 24 novembre 1919.   
 + LÉON-ADOLPHE Cardinal AMETTE,
Archevêque de Paris. 
 
Référence  
Bulletin paroissial de Saint-Sulpice, 15e année, n°3, 25 décembre 1919, p. 38-39.

Les modes et le scandale, Mgr Besson, 1925


Marius Besson (1876-1945)

Mgr Besson évêque de Lausanne, a ordonné de lire la lettre suivante à toutes les messes, dans les églises et les chapelles de son diocèse le 19 ou le 26 juillet [1925] :


L'indécence des modes, surtout à la ville, a pris des proportions scandaleuses. Les fidèles, et notamment les mères de famille, ne doivent pourtant pas oublier qu'il y a, dans ce domaine comme dans les autres, des règles de la modestie chrétienne dont nul ne peut, sous aucun prétexte, s'exempter.

Il faut que le niveau moral soit tombé bien bas pour que la femme se résigne aux toilettes outrageantes que les caprices d'un monde perverti lui font porter. Il faut que le sens des convenances ait été singulièrement affaibli pour qu'on ne sache plus qu'il est incorrect de sortir de chez soi avant d'avoir fini de s'habiller.

Nous sommes écœuré de constater que de telles aberrations se manifestent non seulement chez les personnes de mauvaise vie qui les ont inspirées, mais chez les chrétiennes, même chez celles qui devraient davantage, à cause de leur position sociale, donner le bon exemple.

Nous sommes navré de penser que la légèreté de tant de mères de famille compromet à jamais l'âme des pauvres enfants, surtout des pauvres fillettes, en les accoutumant à certaines manières de se vêtir qui leur font perdre le sentiment de la pudeur.

Contre une pareille renaissance de paganisme, nous avons le grave devoir de réagir, et c'est à l'esprit chrétien des fidèles que nous faisons appel.

Quels que soient les vains prétextes que vous pouvez invoquer, Mesdames et Mesdemoiselles, nous ne craignons pas d'affirmer que les modes actuelles sont souvent une source de péché pour les inconscientes qui les acceptent et une occasion de péché pour ceux qu'elles scandalisent.

Au jour où Dieu vous demandera compte et du mal que vous aurez fait et du mal que vous aurez fait faire, il ne vous jugera ni d'après votre journal de modes, ni d'après les faux principes d'une hygiène toute matérialisée, ni d'après les prétendues convenances des mondains, mais d'après le saint Évangile. Or, le divin Maître a dit : « Malheur à celui qui est une cause de sandale ! » Le ciel et la terre passeront ; cette parole ne passera pas.

Référence

La Tunisie catholique, 30 août 1925, p. 681-682.  
Source de l'image. 

samedi 11 mars 2017

Le cardinal Pompilj dénonce le tango, 1914


Basilio cardinal Pompilj (1858-1931)
Rome, Jan.[uary] 17. [1914] 
 
Cardinal Basilio Pompili, vicar general of Rome, representing the pontiff, has issued a pastorial letter denouncing the tango and also certain newspapers, theatrical performances and- fashions, which he declares are perverting souls. The cardinal says : 
 
The tango, which has already been condemned by Illustrious bishops and is prohibited even in protestant countries, must be absolutely prohibited in the seat of the Roman pontiff, the center of the Roman Catholic religion.
 
He urges the clergy courageously to raise their voice "in defending the sanctity of Christian usages against the dangers threatening and the overwhelming immorality of the new paganism." 
 
He warns parents that if they do not protect their children from corruption, they will be guilty before God of failure in their most sacred duties. 
 
 
Version française

Rome, 17 jan[vier 1914] 
 
Le cardinal Basilio Pompilj, vicaire général de Rome, représentant le Pontife, a publié une lettre pastorale dénonçant le tango et également certains journaux, représentations et modes théâtrales, qu'il déclare pervertir les âmes.

Le tango, dit le cardinal, qui a déjà été condamné par d'Illustres évêques et est interdit même dans les pays protestants, doit être absolument interdit au Siège du Pontife romain, centre de la religion catholique romaine.

Il invite instamment le clergé à élever la voix « en défendant la sainteté des usages chrétiens contre les dangers menaçants et l'immoralité écrasante du nouveau paganisme. »

Il avertit les parents que, s'ils ne protègent pas leurs enfants de la corruption, ils seront coupables devant Dieu de l'échec dans [l'exécution de] leurs devoirs les plus sacrés.


Référence

"Tango is again denounced. New Dance Is Prohibited in Rome – Fashions, Some Shows, and Certain Papers Scored", in The Sunbeam, Pennington County, Minnesota, vol. XIII, n°44, 23 janvier 1914, p. 2, 1ère colonne.

La version française est le fait de l'auteur de ce blog.

La condamnation du tango par divers évêques français, 1914


Léon-Adolphe Amette (1850-1920)
La Semaine religieuse du diocèse de Dijon publiera demain [11 janvier 1914] un mandement par lequel l’évêque de Dijon [Jacques Louis Monestès] condamne en termes sévères le tango, qu'il qualifie de « mode empruntée aux vachers de Buenos-Ayres ».

Nous nous élevons contre cette danse, ajoute le prélat, au nom de la dignité humaine, de la morale et de la religion. Ces abus sont réprouvés déjà par la bonne société des divers pays. Nous avons la ferme assurance qu'ils ne seront, pas acceptés par les familles sérieuses de la Côte-d'Or.

La Semaine religieuse du diocèse d'Arras publiera également demain un mandement de l'évêque d'Arras [Émile-Louis-Cornil Lobbedey], condamnant le tango comme un divertissement dangereux, interdit aux fidèles.

Mgr Chesnelong, archevêque dé Sens, interdit aussi le tango à ses fidèles.

Un avis publié dans la Semaine religieuse de Sens et d'Auxerre estime que cette danse est redoutable aux âmes chrétiennes.

Référence

« Le tango interdit », dans Le Figaro, 60e année, 3e série, n°10, samedi 10 janvier 2014, p. 4.


Nous avons publié, hier, les notes des évêques de Dijon, d'Arras et d'Auxerre prohibant le Tango.

Mgr Amette publie à son tour, dans la Semaine religieuse de Paris, la note officielle suivante :

À plusieurs reprises, dans nos Congrès et par l'organe de notre Comité diocésain, nous avons recommandé aux fidèles de réagir énergiquement contre les modes indécentes et contre les danses inconvenantes. Les abus qui se continuent nous obligent à insister de nouveau sur ce grave devoir.

Nous rappelons à nos diocésaines qu'elles doivent observer toujours dans leur mise les règles de la modestie chrétienne, qui sont trop souvent violées même à l'église, spécialement dans les cérémonies de mariage. Nous demandons aux femmes chrétiennes de se liguer pour abolir l'usage de certaines formes de vêtements contraires à la décence.

Nous condamnons la danse, d'importation étrangère, connue sous le nom de « tango », qui est, de sa nature, lascive et offensante pour la morale. Les personnes chrétiennes ne peuvent, en conscience, y prendre part.

Les confesseurs devront agir en conséquence dans l'administration du sacrement de Pénitence.

De Rome, relevant les approbations données par le Popolo Romano aux avertissements contenus dans la Semaine religieuse de Paris, contre les danses et costumes inconvenants, l'Osservatore Romano dit :

Nous applaudissons aux paroles et aux vœux de notre confrère, en associant notre voix aux protestations qui, de tontes parts, s'élèvent contre de telles indécences.

Référence

« L'interdiction du tango », dans Le Figaro, 60e année, 3e série, n°11, dimanche 11 janvier 2014, p. 4.


(…) J'ai été, ce matin à l’archevêché, rue de Bourgogne. L’abbé Gouget, fort aimablement, m’a renseigné :

Monseigneur avait été, depuis quelque temps, ému par la vogue persistante de cette danse, qu’il avait tout-de suite jugée inconvenante, mais dont il croyait l'engouement passager dans le monde. À plusieurs reprises, il exprima le vœu à la commission des congrès diocésains « que les familles catholiques réagissent énergiquement, contre l'usage des modes indécentes et celui des danses inconvenantes. »

Devant les abus croissants, Son Éminence a cru devoir intervenir de façon plus formelle et le numéro de la Semaine Religieuse de demain [11 janvier 1914] contiendra un avertissement officiel à ce sujet. C’est tout ce que je puis vous dire pour le moment.

(…)

Référence

Émile Deflin, « Mgr Amette, archevêque de Paris, condamne le tango ''pour sa nature lascive et offensante pour la morale'' », dans L'intransigeant, 34e année, n°12232, samedi 10 janvier 1914, p. 1.

vendredi 10 mars 2017

Mandement sur les modes immodestes, Raymond-Marie Rouleau, 1930


Raymond-Marie Rouleau (1866-1931)
Frère Raymond Marie Rouleau, de l'Ordre des Frères Prêcheurs, Cardinal-Prêtre de la Sainte Église Romaine du titre de Saint-Pierre in Montorio, par la miséricorde de Dieu et la grâce du Siège Apostolique Archevêque de Québec.

Au clergé séculier et régulier, aux communautés religieuses et aux fidèles de Notre diocèse, Salut et Bénédiction en Notre-Seigneur.

Nos très chers Frères,

Dès l'origine de l’Église, l'apôtre saint Paul rappelait aux chrétiens de son temps le grand devoir de la modestie : « Je veux, dit-il, que les femmes avec une tenue décente se parent honnêtement et sagement, non pas de vêtements coûteux, mais de bonnes œuvres, comme il sied à des femmes qui professent la crainte de Dieu. » « Mulieres in habita ornato cum verecundia et sobrietate ornantes se, etc. » (1 Tim. 2, 9). Cette direction de la première heure établissait pour toujours une distinction manifeste entre les disciples du Christ et les sectateurs des fausses divinités.

Aux fidèles elle enseignait à fuir les recherches et les extravagances du luxe pour observer dans l'habillement la mesure indiquée par une raison droite et prescrite par l'idéal de perfection apporté par le Christianisme. Si les excès dans la toilette et l'attache désordonnée à ces vanités sont une cause de péché et un principe de corruption sociale, la modestie qui s'accompagne d'humilité, de modération et de simplicité, est une source de vertus en même temps qu'un modèle achevé de bon goût et d'élégante distinction.

Au cours des siècles, l'écho des paroles inspirées de l'Apôtre a retenti sur les lèvres des Pontifes protestant contre le luxe déshonnête des femmes et les dangers qu'il entraîne. N'ont -ils pas répété, avec l'Esprit-Saint, que la femme forte, si elle se couvre de pourpre et de lin, est avant tout ornée d'une parure morale supérieure à ses vêtements d'apparat, puisqu'elle est revêtue de force et de mystique beauté. « Fortitudo et decor indumentum ejus [La force et la grâce sont sa parure] » (Prov. 31, 25).

À leur tour les plus grands docteurs ont enseigné qu'une parure sobre et modérée n'est point interdite aux femmes, mais que les habits doivent être les gardiens de la pudeur.

Ce qui est donc proscrit, ce sont les ornements superflus, sans retenue, qui sont portés par un coupable désir de plaire. (S. Thomas d'Aquin, Somme théologique, IIa IIae, question 169).

« Ce qui était pour la nécessité, le monde l'a fait servir à la luxure », déclare hardiment saint Jean Chrysostome. Que de fois un saint Cyprien, un saint Ambroise, un saint Augustin n'ont-ils pas dénoncé les vêtements immodestes qui livrent les âmes aux étreintes du démon !

« L'idole de la vaine gloire et la passion du plaisir, voilà ce qui ruine la modestie et entraîne à l'impureté », s'écrie Bossuet.

À ces causes perpétuelles de corruption s'ajoute de nos jours, à la suite de la grande guerre, la frénésie des jouissances qui a enfiévré le monde. Il en est résulté un honteux déséquilibre des âmes, lequel a été encore aggravé par l'audace des modes féminines.

Ne dirait-on pas qu'une conjuration des forces du mal s'est appliquée à introduire insolemment dans la société chrétienne les mœurs profanes et les habitudes voluptueuses ? Hélas ! elles ont recruté trop de malheureuses victimes !

Il semble même que l'on ait parfois tenté de concilier ce qui est inconciliable : l'esprit du Christ et l'esprit de Satan. Quel lamentable spectacle pour des âmes vivant leur foi que le mélange sacrilège de pratiques pieuses et d'actes scandaleux qui s'étalait à leur regard ! Des chrétiennes, convives du Christ, le matin, à la Table sainte, s'affichaient, le soir, en esclaves du démon au théâtre et dans les réunions mondaines. Oublieuses de leurs engagements sacrés, elles obéissaient servilement aux maximes des ennemis de la Croix du Christ.

Si grand a été le mal que les Papes ont dû à plusieurs reprises dénoncer ces habitudes païennes et réprouver avec vigueur le scandale des vêtements adoptés par un grand nombre de femmes baptisées. Benoît XV écrivait « qu'il ne suffit pas à la femme d'être honnête et vertueuse, mais qu'elle doit encore le paraître dans sa toilette. »

Comme son prédécesseur, le Souverain Pontife glorieusement régnant [Pie XI] a redit avec insistance aux mères et aux jeunes filles catholiques les préceptes de la morale de l’Évangile.

Enfin, une Instruction de la Sacrée Congrégation du Concile a été adressée dernièrement à tous les évêques de l'univers au sujet des modes indécentes. Nous vous en communiquons de nouveau aujourd'hui la teneur, Nos Très chers Frères.

Chargée de maintenir la discipline dans le peuple fidèle, cette Congrégation romaine rappelle d'abord les règles fondamentales de la modestie et les efforts énergiques de Sa Sainteté Pie XI pour combattre la licence des habits féminins. Puis, au nom du Saint-Siège, elle exhorte les pasteurs, les prédicateurs, les parents et les éducateurs à lutter d'un commun effort contre l'indécence des toilettes, jusqu'à ce qu'une conception plus chrétienne ait réformé les mœurs et fait disparaître les égarements que nous déplorons de nos jours. L'Instruction indique enfin les sanctions à prendre dans les cas qui les exigeront.

Le document pontifical prescrit donc aux curés et aux missionnaires de saisir toutes les occasions favorables d'avertir les femmes de la grave obligation qu'elles ont de ne porter que des vêtements modestes, et de renoncer à ces déshabillés aussi nuisibles à la santé du corps que funestes à la vertu des âmes (N° I).

En effet, n'ont-elles pas le devoir impérieux de fuir ces modes meurtrières, causes de tant de maladies souvent incurables, et de favoriser par une irréprochable tenue l'honnêteté des mœurs publiques ?

Que les prédicateurs exposent avec puissance et clarté à leurs auditoires que les femmes sous prétexte d'élégance ne peuvent ni ruiner leurs forces, ni devenir une occasion de péché pour leur prochain ; qu'il y a telles mises extérieures qui sont vraiment provocantes, encore que celles qui les portent ne s'en rendent pas un compte bien exact.

Mais averties avec autorité par la hiérarchie des pasteurs, depuis le Pape jusqu'au plus humble prêtre, elles ne pourront invoquer comme excuse de leur conduite l'ignorance des péchés qu'elles font commettre.

Qu'elles sachent donc que le monde entier est sous la domination du Mauvais, et que par suite des engagements de leur baptême, elles ne peuvent favoriser son règne sans renier de solennelles promesses faites à la face du ciel et de la terre. Par conséquent, personne, quel que soit son sexe ou sa condition, ne peut, en semant le scandale, restreindre le règne de Jésus-Christ et étendre celui du démon.

Or, une longue expérience enseigne à l’Église que parmi les moyens d'attirer les hommes au péché et de causer leur ruine spirituelle, il faut placer les vêtements indécents.

Que si l'on demande en quoi consiste un habit modeste et décent pour une chrétienne, on comprendra que c'est celui qui couvre la poitrine et les bras d'étoffes non transparentes, qui descend au moins à mi-jambe, et dont la coupe d'une ampleur convenable protège la pudeur en dissimulant les lignes du corps.

Selon l'expression de Bossuet : « Il doit cacher fidèlement ce qu'il ne doit pas laisser paraître. » Ainsi, un vêtement qui par sa nature, ou dans la pensée de qui le porte, provoque les passions mauvaises, est un vêtement immodeste et doit être mis de côté par toute personne qui fait profession d'être disciple de Jésus-Christ.

De plus, l'Instruction pontificale demande que les prédicateurs rappellent ces points de doctrine en toutes les circonstances opportunes, spécialement à l'occasion des fêtes de la Très Sainte Vierge Marie ou des réunions des sociétés pieuses, comme celles des Dames de Sainte Anne, des Enfants de Marie ou des Tertiaires.

Une prescription spéciale regarde la fête de l' Immaculée-Conception. En cette solennité les prêtres insisteront d'une façon toute particulière pour inculquer au peuple l'amour de la modestie chrétienne. Afin d'obtenir cette grâce de la bonté de Dieu par la médiation de la Vierge bénie, dans toutes les églises et chapelles du diocèse, après la messe principale on récitera les litanies de la Sainte Vierge, dites litanies de Lorette, et à la bénédiction du Très Saint Sacrement on chantera l'antienne Tota pulchra es, Maria, et macula originalis non est in Te.

Une autre recommandation est adressée aux pasteurs. Ils n'omettront pas d'éclairer les pères et mères de famille sur le devoir qui leur incombe d'interdire à leurs filles de porter des vêtements qui ne sont pas convenables (N° I).

Le clergé ne peut être seul à combattre l'indécence des costumes modernes. Les parents ont aussi la très sérieuse obligation de donner à leurs enfants une solide éducation morale et religieuse. À eux de faire en sorte que dès leur bas âge, les filles en particulier reçoivent l'empreinte profonde de l'enseignement chrétien.

N'est-il pas déplorable que des fillettes, par le port de robes trop courtes, soient comme habituées inconsciemment aux livrées de l'immodestie, et toutes préparées à devenir les esclaves des modes perverses !

Par vos paroles et vos exemples, parents chrétiens, engagez vos enfants au respect de la pudeur et à l'amour de la chasteté. Vos belles familles, efforcez-vous de les gouverner à l'imitation de la sainte Famille de Nazareth. En tous vos actes présentez à vos fils un modèle vivant et efficace des vertus qui sont l'ornement d'un baptisé (N° II).

Les parents éloigneront leurs filles des exercices et des concours publics de gymnastique. Le développement du corps et de la santé ne va pas jusqu'à autoriser ces dangereuses exhibitions (N° III).

Quant aux supérieures de nos institutions enseignantes, aux directrices d'écoles et à toutes les personnes qui président à l'éducation des filles, elles devront amener les enfants qui leur sont confiées à aimer et à pratiquer les règles de la modestie chrétienne dans le vêtement (N° IV).

Les religieuses ne pourront admettre ni tolérer dans leurs maisons, leurs classes, leurs oratoires et leurs salles de récréation, des élèves qui ne porteraient pas un costume décent. Que ces pieuses maîtresses s'efforcent de développer chez ces enfants le culte et le goût de la sainte pudeur (N° VI).

La Sacrée Congrégation du Concile demande aussi de créer ou de perfectionner de pieuses associations de femmes dont le but moralisateur sera spécialement de lutter par la parole, l'exemple et l'action opportune, contre les répugnants abus introduits dans l'habillement des femmes, et de promouvoir avec la décence du costume la pureté des mœurs (N° VII).

Déjà parmi nous, N. T. C. F. [Nos très chers frères], la Ligue Catholique Féminine s'est occupée très efficacement de combattre le fléau des modes honteuses et de favoriser la modestie dans la mise extérieure. Ces cercles existent et accomplissent un travail méritoire autant qu'actif dans un bon nombre de paroisses. Il est à désirer qu'ils se multiplient dans tous les milieux où ils pourront exercer une salutaire influence : c'est dire que partout cette croisade de salubrité publique doit être organisée.

Le Conseil de Vigilance du diocèse, établi selon les prescriptions de l'Encyclique Pascendi, devra désormais se réunir au moins une fois chaque année. Pas n'est besoin qu'une dénonciation lui ait été explicitement adressée, mais de lui-même, par exemple à l'époque de la première retraite ecclésiastique, il délibérera spécialement sur les moyens les plus aptes à promouvoir chez les femmes la modestie dans les vêtements (N° XI).

Enfin, dans le but d'assurer à ces mesures salutaires un résultat plus certain, chaque évêque adressera tous les trois ans à la susdite Congrégation du Concile un rapport sur la façon dont les femmes sont vêtues dans son diocèse, et sur les dispositions prises pour assurer l'accomplissement de la présente Instruction. Ce rapport sera joint à celui qui est prescrit par le Motu proprio Orbem Catholicum, du 21 juin 1923, sur l'instruction religieuse des fidèles (N° XII).

Voici maintenant les sanctions précises portées par la Sacrée Congrégation contre les personnes qui n'obéiraient pas aux directions plus haut énumérées.

Dans les écoles, couvents et maisons d'éducation pour jeunes filles, les directrices, maîtresses ainsi que les religieuses ne recevront que des enfants honnêtement vêtues. Les élèves qui ne se conformeraient pas à ces règles seront renvoyées. Même les mères de ces enfants ne seront admises dans ces établissements que si elles portent une toilette décente (N° V).

Dans les pieuses associations de femmes on n'admettra que des personnes habillées selon les exigences de la modestie chrétienne. Si quelques membres manquaient à leurs devoirs, après avertissement infructueux, on les renverrait de l'association (N° VIII).

Les personnes du sexe qui ne porteraient pas un costume conforme aux règles de l'honnêteté, seront privées de la Sainte Communion, du droit d'être marraines dans les sacrements de Baptême et de Confirmation. Si le cas le comporte on leur interdira même l'entrée de l'église (N° IX).

Ces graves avertissements nous disent assez haut, N. T. C. F., l'estime de la sainte Église de Dieu pour la délicate vertu de modestie, et ses maternelles alarmes à la vue des dangers qui la menacent.

Nous n'en doutons pas, votre filiale piété envers le Père commun de nos âmes, non moins que le sentiment surnaturel de votre devoir, éveillé sur ce point de discipline morale, vous engageront tous à vous conformer avec une édifiante fidélité aux préceptes qui nous rappellent des obligations parfois oubliées ou négligées, mais toujours existantes.

Pasteurs et prédicateurs, pères et mères de famille, jeunes personnes et éducatrices, tous, d'un commun effort travailleront à faire disparaître un genre détestable de vêtement. Selon le conseil de saint Paul, nous qui avons été baptisés dans le Christ, nous devons revêtir le Christ et mépriser les désirs de la chair : ''Induimini Dominum Jesum Christum et carnis curam ne feceritis in desidenis" (Rom. 13, 14).

Qu'est-ce donc que revêtir le Christ, si ce n'est imiter le Christ dans ses pensées, ses paroles et ses actions ? De même que le vêtement n'offre aux regards que sa forme et sa couleur, et enveloppe le corps qui disparaît sous ses plis, ainsi le vrai croyant, revêtu du Christ, ne présente plus à ses frères que des actes qui reflètent la beauté morale de son Maître et de son Rédempteur.

Trêve donc de prétextes plus ou moins spécieux pour légitimer des usages que réprouve la conscience d'un catholique éclairé. Que l'on ait la fierté de s'arracher à la tyrannie des modes malsaines ; que l'on ait le courage d'exiger des couturiers et des fournisseurs des modèles qui respectent à la fois la vertu et le bon goût.

À ce régime les âmes croîtront en grâce et en mérite. Notre peuple, fidèle à la loi de Dieu, grandira dans une atmosphère de lumière et de pureté capable de favoriser l'épanouissement des qualités que lui a prodiguées la munificence de l’Éternel.

Si l'on invoque pour persévérer dans le désordre dénoncé avec tant d'énergie, un certain souci de vogue ou de beauté ou encore des préoccupations financières, nous ne pouvons oublier qu'aucun progrès artistique ou matériel ne peut être une compensation suffisante pour le mal opéré par la décadence des mœurs.

Sous un vernis plus ou moins brillant se cache alors le ver rongeur qui prépare la ruine prochaine des races amollies. Aux nations les plus vaillantes cette civilisation mensongère enlève rapidement les austères vertus qui sont le généreux ferment de leur force et de leur grandeur.

De ce malheur Dieu préserve un peuple auquel II a témoigné tant de miséricorde, et qui Lui doit de demeurer à jamais dans son amour par l'observance de ses commandements ! Tel est le souhait qui s'échappe de Notre cœur pour Nos très chers Diocésains à rapproche des solennités de Noël et du Nouvel An, et que Nous confions aux bénédictions du doux Enfant, Sauveur du monde.

Sera le présent mandement lu le premier dimanche après sa réception, dans toutes les églises du diocèse et en chapitre dans les communautés religieuses.

Donné à Québec, sous Notre seing et le sceau du diocèse, en la fête de l'Immaculée-Conception, le huitième jour de décembre mil neuf cent trente.


+ Fr.[ère] Raymond Marie Card.[inal] Rouleau, o. p.,  
Archev.[êque] de Québec.

Par mandement de Son Éminence,

Jules Laberge, ptre. [prêtre], chanc.[elier]

Référence

Frère Raymond-Marie Rouleau, archevêque de Québec, « Sur les modes indécentes », mandement du 8 décembre 1930, paru dans Mandements, lettres pastorales et circulaires des évêques de Québec, Supplément n°36, p. 41, 9e vol. de la nouvelle série, 13e vol. de la collection, Québec, 1925.

L'immodestie des toilettes féminines, Mgr Rouleau, 1930


Raymond-Marie Rouleau (1866-1931)
Nous vous communiquons aujourd'hui la récente Instruction de la Sacrée Congrégation du Concile sur les modes indécentes. Vous voudrez bien en donner lecture en chaire et au besoin y ajouter quelques explications afin de faire comprendre aux fidèles la gravité de cette direction pontificale.

À plusieurs reprises déjà les Souverains Pontifes, spécialement Benoît XV et Pie XI, ont dénoncé l'immodestie des toilettes féminines. Ils ont rappelé que la femme, par la coupe de ses vêtements et la légèreté des tissus qui la couvrent, peut être une occasion prochaine de péché pour son prochain. Vous pourrez vous inspirer de ces documents pontificaux pour réagir contre une déplorable habitude, incompatible avec les mœurs chrétiennes.

Le moment est favorable pour introduire dans votre paroisse, si elle n'existe déjà, ou du moins pour promouvoir la Ligue de la Modestie Chrétienne, et lui donner un nouvel essor dans votre milieu.

[Ici le texte reprend l'Instruction aux Ordinaires diocésains sur les modes féminines indécentes, donnée par la Sacrée Congrégation du Concile, le 12 janvier 1930.]

Afin de déterminer d'une façon précise ce qui peut être considéré comme une mise inconvenante, méritant d'écarter de la sainte Table la personne qui la porterait, Nous empruntons la règle suivante à la lettre de Son Éminence le Cardinal-Vicaire [Basilio Pompilj], adressée, le 24 septembre 1928, à toutes les supérieures des pensionnats et patronages de jeunes filles dans la ville de Rome :

L'on ne peut considérer comme étant décent un vêtement dont le décolletage dépasse la largeur de deux doigts au-dessous de la naissance du cou ; un vêtement dont les manches ne descendent pas au moins jusqu'aux coudes et qui descend à peine au-dessous des genoux. Indécents également les habits d'étoffes transparents, etc. (1)

Nous espérons que toutes les femmes et jeunes filles de notre diocèse se feront un devoir de se conformer à ces dispositions et de donner l'exemple de la modestie chrétienne avec celui de la soumission aux volontés du Vicaire de Jésus-Christ.

Il va sans dire que les sanctions portées par la Sacrée Congrégation devront être appliquées avec autant de prudence que de fermeté, afin d'enrayer aussitôt et aussi efficacement que possible le fléau des toilettes immodestes.


Note

(1) « Affinché prevalga l’uniformità nella comprensione […], noi ricordiamo che per potersi dire decente, un abito non deve essere tagliato più sotto di due dita dalla base del collo; deve coprire le braccia almeno fino ai gomiti, e arrivare almeno un po’ sotto le ginocchia. Inoltre, vestiti di materiali trasparenti sono inappropriati ». Texte italien donné par Isidoro d'Anna, La forza della Verità. Un tesoro da riscoprire, Youcanprint Self-publishing, Tricase, Ialie, 2016, p. 152-153. L'auteur précise que la lettre fut rédigée « per ordine del Papa », « par ordre du pape ».


Référence

Frère Raymond-Marie Rouleau, archevêque de Québec, « Circulaire au clergé », partie n° I, 6 avril 1930, paru dans Mandements, lettres pastorales et circulaires des évêques de Québec, Supplément n°33, p. 15, nouvelle série, volume 9, Québec, 1925.