Léon-Adolphe Amette (1850-1920) |
La Semaine religieuse
du diocèse de Dijon publiera demain [11 janvier 1914] un mandement par lequel l’évêque
de Dijon [Jacques Louis Monestès] condamne en termes sévères le
tango, qu'il qualifie de « mode empruntée aux vachers de
Buenos-Ayres ».
Nous nous élevons contre
cette danse, ajoute le prélat, au nom de la dignité humaine, de la
morale et de la religion. Ces abus sont réprouvés déjà par la
bonne société des divers pays. Nous avons la ferme assurance qu'ils
ne seront, pas acceptés par les familles sérieuses de la Côte-d'Or.
La Semaine religieuse
du diocèse d'Arras publiera également demain un mandement de
l'évêque d'Arras [Émile-Louis-Cornil Lobbedey], condamnant le
tango comme un divertissement dangereux, interdit aux fidèles.
Mgr Chesnelong,
archevêque dé Sens, interdit aussi le tango à ses fidèles.
Un avis publié dans la
Semaine religieuse de Sens et d'Auxerre estime que
cette danse est redoutable aux âmes chrétiennes.
Référence
« Le tango interdit »,
dans Le Figaro, 60e année, 3e série,
n°10, samedi 10 janvier 2014, p. 4.
Nous avons publié, hier,
les notes des évêques de Dijon, d'Arras et d'Auxerre prohibant le
Tango.
Mgr Amette publie
à son tour, dans la Semaine religieuse de Paris, la
note officielle suivante :
À plusieurs reprises, dans
nos Congrès et par l'organe de notre Comité diocésain, nous avons
recommandé aux fidèles de réagir énergiquement contre les modes
indécentes et contre les danses inconvenantes. Les abus qui se
continuent nous obligent à insister de nouveau sur ce grave devoir.
Nous rappelons à nos
diocésaines qu'elles doivent observer toujours dans leur mise les
règles de la modestie chrétienne, qui sont trop souvent violées
même à l'église, spécialement dans les cérémonies de mariage.
Nous demandons aux femmes chrétiennes de se liguer pour abolir
l'usage de certaines formes de vêtements contraires à la décence.
Nous condamnons la danse,
d'importation étrangère, connue sous le nom de « tango », qui
est, de sa nature, lascive et offensante pour la morale. Les
personnes chrétiennes ne peuvent, en conscience, y prendre part.
Les confesseurs devront agir
en conséquence dans l'administration du sacrement de Pénitence.
De Rome, relevant les
approbations données par le Popolo Romano aux avertissements
contenus dans la Semaine religieuse de Paris, contre les
danses et costumes inconvenants, l'Osservatore Romano dit :
Nous applaudissons aux
paroles et aux vœux de notre confrère, en associant notre voix aux
protestations qui, de tontes parts, s'élèvent contre de telles
indécences.
Référence
« L'interdiction du
tango », dans Le Figaro, 60e année, 3e
série, n°11, dimanche 11 janvier 2014, p. 4.
(…) J'ai été, ce matin à
l’archevêché, rue de Bourgogne. L’abbé Gouget, fort
aimablement, m’a renseigné :
Monseigneur avait été,
depuis quelque temps, ému par la vogue persistante de cette danse,
qu’il avait tout-de suite jugée inconvenante, mais dont il croyait
l'engouement passager dans le monde. À plusieurs reprises, il
exprima le vœu à la commission des congrès diocésains « que les
familles catholiques réagissent énergiquement, contre l'usage des
modes indécentes et celui des danses inconvenantes. »
Devant les abus croissants,
Son Éminence a cru devoir intervenir de façon plus formelle et le
numéro de la Semaine Religieuse de demain [11 janvier 1914] contiendra un
avertissement officiel à ce sujet. C’est tout ce que je puis vous
dire pour le moment.
(…)
Référence
Émile Deflin, « Mgr
Amette, archevêque de Paris, condamne le tango ''pour sa nature
lascive et offensante pour la morale'' », dans L'intransigeant,
34e année, n°12232, samedi 10 janvier 1914, p. 1.
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