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mardi 14 mars 2017

L'immodestie des toilettes féminines et des danses, selon l'épiscopat belge, 1914


Mgr Antoine Stillemans (1832-1916), évêque de Gand
Un grand nombre d’évêques de France viennent, par des notes officielles, de mettre les fidèles en garde contre les modes inconvenantes et les danses lascives. Voici, sur le même sujet, une lettre collective de l'épiscopat belge. Nous la recommandons aux méditations de tous.


Dimanche dans l'octave de l’Épiphanie,
Aux parents chrétiens,

En présence de l'immodestie de plus en plus accentuée de la toilette féminine, à l'heure où des danses dégradantes menacent d'envahir nos milieux chrétiens, les évêques belges estiment qu'ils ont le devoir d'avertir les consciences de leurs fidèles et de vous rappeler spécialement à vous, pères et mères de famille, que l'éducation et la préservation de vos enfants sont confiées à votre vigilance, et que vous êtes, pour une large part, responsables de leur avenir et de la dignité ou de la déchéance morale de leur vie.

En vain chercheriez-vous à vous dérober à vos obligations, en invoquant la tyrannie de la mode ou en essayant de vous abriter sous le couvert de l'opinion publique.

Le Christ n'est pas descendu parmi nous pour ratifier les abus d'un monde pervers, mais pour nous décider, par ses exemples et par ses enseignements, à les combattre.

La société païenne était, à l'heure de sa-venue, esclave des convoitises de l'or, de la volupté, de l'orgueil. Notre divin Sauveur les dénonça avec autorité et nous apporta sa lumière et la puissance de sa grâce, pour nous éclairer sur leur action pernicieuse et pour nous en garantir.

Le chrétien est disciple du Christ.

Il a l'ambition de le prendre pour modèle, d'adopter pour règle de vie son divin Évangile.

Vous êtes chrétiens, vous voulez rester fidèles aux engagements sacrés de votre baptême.

Prenez donc conscience de votre dignité, rompez ouvertement avec les mœurs païennes que le Christ a condamnées, et que nous, évêques pasteurs de vos âmes, chargés de le représenter auprès de vous, venons, à notre tour, publiquement réprouver.

Ces mœurs s'affichent aujourd'hui scandaleusement sous une double forme, dans les modes et dans les danses, qui ont pour but et pour unique effet de flatter les instincts sensuels.

Les modes : l’exiguïté des draperies, la transparence des étoffes, la forme du vêtement, la disposition suspecte des lignes imaginées par des couturiers sans scrupule, ne sont plus des moyens de vêtir harmonieusement la femme honnête, mais des artifices calculés pour la livrer à la convoitise.

Les danses : le théâtre, les cinémas, les lectures, les conversations des salons mondains offrent des dangers permanents, contre lesquels vous avez à, vous tenir toujours en garde.

Mais nous devons spécialement, au début de cette saison d'hiver, dénoncer à la vigilance des familles qui ont le respect d'elles-mêmes certaines danses lascives — il nous répugne de les appeler par leur nom, et nous estimons, du reste, ce soin superflu — auxquelles ni les jeunes gens, ni les jeunes filles, ni les personnes mariées ne pourraient se livrer ou se prêter sans ravaler leur dignité morale, sans mettre leur vertu et celle d'autrui gravement en péril.

Ces danses sont rigoureusement interdites : nous les réprouvons, nous les condamnons.

Époux chrétiens, vous vous êtes juré fidélité : ne vous ouvrez pas mutuellement la voie à la violation de vos serments. Vous avez sondé les désirs du cœur humain ; n'essayez donc.pas de vous persuader ou de faire croire qu'il est incorruptible.

Mères chrétiennes, pourquoi conduisez-vous vos jeunes filles dans le monde ?

Elles sont innocentes, candides, elles ravissent par le charme de leur modestie.

Dans leur inconscience, elles ne cherchent peut-être qu'à plaire, s'engouent de la mode, quelle qu'elle soit, sans beaucoup l'analyser, uniquement attentives à attirer vers, elles les sympathies dont leurs cœurs généreux ont besoin, trop inexpérimentées souvent pour apprécier la qualité des sentiments qu'elles inspirent.

Mais vous avez acquis une expérience qu'elles n'ont point.

Vous le savez, vous, et devez le savoir : l'essentiel n'est pas que votre fille, rencontre vaille que vaille un jeune homme qui, sur l'heure, s'éprenne d'elle, mais qu'elle trouve un époux digne d'elle et de vous, continuateur des traditions d'honneur et de foi que vous avez su maintenir dans votre foyer.

Ne la rabaissez donc pas au niveau de ces malheureuses qui mettent leur dignité à l'encan. Gardez-la, protégez-la, veillez sur la pureté de son imagination, sur la fraîcheur de ses affections, sur la grâce de sa parure virginale.

Écartez d'elle le décolletage osé, les artifices troublants, tout ce qui porte à la luxure et dégrade.

Jeunes gens, soyez loyaux, ne trompez pas les familles qui vous accueillent avec confiance. Ne mettez pas votre orgueil dans le succès de la séduction. Ayant le respect de la jeune fille, ne dites pas devant elle ce que vous n'oseriez dire en présence de votre mère.

Gardez intactes vos énergies. Ne souillez pas vos affections. Ne laissez pas s'amollir votre caractère. Faites, selon le mot du P. Lacordaire, la part plus large à votre cœur qu'à vos sens.

L'apologie de la débauche, lût-elle l'œuvre d'un académicien est le geste éhonté d'un impudique.

Chrétiens et chrétiennes de tout âge et de toute condition, vous avez une mission à remplir.

Le grand pape saint Léon nous a légué cette belle pensée : « On n'est pas bon quand on ne l'est que pour soi... Ce n'est pas être sage que de n'aimer que pour soi la sagesse. »

Il ne peut donc vous suffire, Nos très chers Frères, de ne point vous assujettir aux mœurs païennes; il faut employer votre vigueur à réagir contre elles, à enrayer leur marche, à faire reculer leur audace. Vous avez l'honneur d'appartenir au Christ.

Vous êtes enrichis de la grâce de la rédemption, vous possédez dans votre écrin de famille le code de l’Évangile.

Vous devez vous faire apôtres et opposer à la mode païenne la mode chrétienne ; à la volupté, la réserve ; à la licence de la passion, la docilité à l’Évangile et à l’Église.

« Ne prenez pas le monde pour modèle, nous dit saint Paul dans la liturgie de ce jour, mais soumettez vos inclinations mauvaises à l'action transformante de la vie nouvelle que la grâce du christianisme a versée dans vos âmes.

« Je vous en supplie, dit-il encore, au nom de la divine miséricorde, faites que vos corps soient dignes d'être offerts en hostie vivante, sans souillure, agréable à Dieu, hommage d'un culte spirituel. »

Nous prions les prêtres chargés de guider les consciences, les directeurs et les directrices des maisons d'éducation, des patronages, des associations chrétiennes, de vouloir s'inspirer de la parole de leurs évêques, et la faire pénétrer, avec autant d'énergie que de prudence, dans la conscience publique.

Nous invitons toutes les âmes religieuses sous le regard desquelles passeront ces lignes a dire une prière spéciale à la Très Sainte Vierge Marie pour obtenir qu'elle protège la chasteté chrétienne de nos foyer.

Que de familles, même foncièrement honnêtes, ont besoin d'être aidées !

Elles voudraient résister à l'entraînement des modes avilissantes et des plaisirs licencieux, elles en déplorent la vogue, mais cèdent à la peur de se singulariser.

Ce qui fait défaut, mais on n'ose se l'avouer, c'est le courage de traiter le vice de haut, et de le mépriser. Les volontés sombrent dans la lâcheté.

Parents chrétiens, nous avons entendu l'appel discret de vos cœurs ; nous vous avons placés en face de votre devoir.

À vous de nous obéir et de mettre résolument la vertu de vos fils et de vos filles, vos traditions d'honneur, la foi à l’Évangile, la soumission à la volonté formelle de vos pasteurs, au-dessus d'un misérable préjugé mondain.

Demandons tous à Dieu, pour la jeune fille, la fierté, sauvegarde de sa pudeur ; pour le jeune homme, la force d'être chaste ; pour l'époux, l'autorité qui veille sur la dignité de sa femme ; pour l'épouse, le respect de son époux ; pour les parents, la liberté chrétienne qui les affranchisse des exigences malsaines de l'opinion publique.

Nous vous en supplions, Seigneur, lisez dans le cœur de ce peuple qui est à genoux devant vous, et, du haut du ciel, poursuivez-le de votre miséricordieux amour : faites-lui discerner son devoir, et, quand il l'aura vu, donnez-lui la force de l'accomplir. Nous vous le demandons par Jésus-Christ. Notre-Seigneur.

DÉSIRÉ-JOSEPH, cardinal MERCIER, archevêque de Malines ;
ANTOINE, évêque de Gand ;
GUSTAVE-JOSEPH, évêque de Bruges ;
CHARLES-GUSTAVE, évêque de Tournai ;
THOMAS-LOUIS, évêque de Namur ;
MARTIN-HUBERT, évêque de Liège.

Référence

« Un lettre collective de l'épiscopat belge », dans Paroisse de l'Immaculée Conception de Paris, 4e année, n°24, février 1914, p. 4-7

lundi 13 mars 2017

Mgr Maurin condamne le tango et le fox-trot, Lyon, 1920


Louis-Joseph Cardinal Maurin (1859 - 1936)
Allocution de Son Éminence le Cardinal-Archevêque de Lyon à la clôture de la Retraite des Mères chrétiennes à la Chapelle de la rue Sainte-Hélène.

MESDAMES,

(…) Mais ce que vous pouvez, Mesdames, ce que vous devez absolument vous interdire, c'est de laisser s'introduire dans vos demeures des mises indécentes, c'est d'y laisser pratiquer des danses qui sont pour tout le moins très dangereuses, s'il est vrai qu'elles ne soient pas nécessairement coupables. 

Ce que vous devez également vous interdire, c'est de laisser aller sans contrôle dans des réunions mondaines, même appelées familiales, vos jeunes gens et jeunes filles qui sont encore sous votre tutelle.

Sans prétendre faire une énumération complète, m'en remettant pour tout le reste aux règles ordinaires de la Théologie et vous demandant avec instance de ne jamais vous départir d'une parfaite correction, je déclare condamnables et condamnées les danses connues sous le nom de tango, fox-trott et celles qui en dérivent alors même que l'on croirait pouvoir les exécuter d'une façon convenable. 

Car vous n'ignorez pas que les évêques ont le droit et parfois le devoir de condamner par une loi positive ce qui, même, sans être intrinsèquement mauvais, constitue un grave danger pour les âmes dont ils sont responsables devant Dieu.

Encore une fois, Mesdames, j'aime à le redire, vous faites partie de l'élite de la société lyonnaise. On sait que vous êtes chrétiennes et que, comme telles, vous êtes tenues d'observer religieusement les lois de l’Église. Je crois donc vous faciliter votre tâche en vous montrant clairement où est pour vous le devoir. Ma décision n'a été prise qu'après un mûr examen.

Si, comme je,l'espère, la règle tracée est fidèlement suivie, j'aurai conscience d'avoir rendu service aux âmes, à l’Église et à la France. (…).


Référence

Louis-Joseph Cardinal Maurin, « Allocution de Son Éminence le Cardinal-Archevêque de Lyon à la clôture de la Retraite des Mères chrétiennes à la Chapelle de la rue Sainte-Hélène », dans Semaine religieuse du diocèse de Lyon, 27e année, n°8, 16 janvier 1920, p. 115.

La nécessaire modestie vestimentaire des dames catholiques, Mgr Monaco La Valletta, 1878


Aux dames catholiques


Raffaele Cardinal Monaco La Valletta (1827-1896)
Nous appelons l'attention des dames catholiques sur les instructions suivantes que S.[on] Ém.[inence] le cardinal Monaco La Valletta, vicaire de Sa Sainteté, vient de publier pour leur gouverne :

I. — Qu'elles ne se proposent, dans la parure, que des fins honnêtes et légitimes qui puissent rendre l'action, non-seulement permise, mais même méritoire de la vie éternelle, et jamais des vues mondaines et de vanité, comme si c'était pour attirer les regards d'autrui, humilier les autres, les surpasser, les éclipser.

II. — Qu'elles aient un soin extrême de la modestie et de la décence dans leur habillement, ornement principal de la femme catholique, et qu'elles ne se permettent jamais, pour n'importe quel motif, soit l'exemple des unes, l'habitude des autres ou la coutume universelle d'admettre dans leur vêtement la moindre chose qui s'oppose à ces vertus, se souvenant toujours que c'est à Dieu et non pas au monde qu'elles auront à rendre compte de leurs actions.

III. — Qu'elles gardent aussi la simplicité, ayant en horreur des excès de luxe, et qu'elles se contentent de s'habiller en rapport avec la condition d'existence où Dieu les a placées, sans chercher de prétexte pour abonder en pompes inutiles.

IV. — Quand elles vont à l'église, et surtout quand elles s'approchent des Sacrements, qu'elles s'habillent sans recherche, sachant que, dans la Maison de Dieu, toute pompe mondaine est défendue.

V. — Qu'elles fixent, chaque année, sans jamais la dépasser, la somme à laquelle elles se restreignent pour les frais de toilette, conformément à leur condition et leurs moyens pécuniaires.

VI. — Qu'elles n'oublient pas l'obligation, imposée par l’Évangile, concernant l'aumône, et qu'elles s'évertuent à avoir ce superflu, qui appartient aux pauvres, en supprimant quelque objet de luxe.

VII — Qu'elles ne contractent jamais des dettes pour la toilette, mais qu'elles fassent et qu'elles gardent avec énergie le ferme propos de payer ponctuellement leurs comptes.

VIII. — Qu'elles travaillent de toute leur force, par de douces insinuations et surtout par l'exemple, afin que ces règles soient observées.

Que toutes les femmes catholiques se souviennent qu'elles ne pourront vivre selon la maxime du saint Évangile, ni se conformer aux intentions paternelles des Saints-Pères Pie IX et Léon XIII, sans prendre pour base l'accomplissement assidu des devoirs religieux ; que chacune donc, en particulier, fasse usage des pratiques quotidiennes suivantes :

1° la sainte Messe ;
2° la méditation ;
3° l'examen de conscience;
4° la visite au Très-Saint-Sacrement ;
5° le chapelet en famille;
6° la lecture spirituelle ;
7° la fréquentation des Sacrements. .

Ainsi fortifiées par la toute-puissante grâce divine, obtenue au moyen de la prière, qu'elles s'appliquent soigneusement à s'assurer à elles-mêmes le salut éternel, et coopèrent à celui d'autrui, prenant pour modèle la femme forte dépeinte dans les saintes Écritures, afin de se rendre fortes contre les séduisants attraits du luxe, cette grande plaie de la société ; fortes contre la terrible tyrannie du respect humain.

Rome, au vicariat, le 1er juillet 1878. 
 
R.[AFFAELE] Cardinal Vicaire.

Référence

Annales catholiques, tome 25e de la collection, tome 3, Paris, juillet-septembre 1878, p. 305-307.

dimanche 12 mars 2017

Sur les modes inconvenantes, Mgr Luçon, 1925


Louis-Joseph Cardinal Luçon (1842-1930)
Lettre pastorale de Son Éminence le Cardinal Luçon, Archevêque de Reims, au Clergé et aux Fidèles de son Diocèse.


NOS TRÈS CHERS FRÈRES,

Nous ne pouvons différer davantage de venir vous entretenir d'un abus que tous les gens sensés sont unanimes à déplorer : nous voulons parler des modes inconvenantes dans l'habillement des femmes.

Les publicistes, les conférenciers, les médecins ont eu beau protester, au nom de la morale, de l'esthétique et de l'hygiène, les plus hautes autorités ecclésiastiques au nom de la modestie chrétienne ; peine perdue : les traits de la satire, comme les arguments de la raison, se sont émoussés contre la tyrannie de la mode, le sentiment religieux lui-même n'a pas réussi à se faire obéir, et l'on voit des costumes et des nudités que la bienséance devrait interdire même dans la rue, pénétrer aujourd'hui dans nos églises et jusqu'à la Table Sainte, où elles sont plus déplacées que partout ailleurs. C'est ce qui nous met dans la nécessité de parler.

Il n'est point dans notre rôle, ni dans notre intention de critiquer sous le rapport de l'esthétique et de l'art ces manières extravagantes de s'habiller, et de faire ressortir ce qu'elles ont de ridicule et de contraire au bon goût dont notre pays s'est toujours glorifié d'être la meilleure école.

Nous ne les envisagerons point non plus sous le rapport de l'hygiène pour faire remarquer que certaines nudités ne sont pas sans danger pour la santé. Nous nous plaçons à un point de vue plus élevé.

I. – Nous observerons, en premier lieu, que les modes actuelles ne s'accordent pas avec l'honnêteté et la morale même simplement naturelle.

La modestie est la plus belle et la plus noble parure de la femme. Le respect de soi-même et le sentiment de sa dignité devraient lui inspirer le dégoût de ces costumes excentriques et de ces nudités qui semblent un défi à la pudeur, et qui ne conviennent qu'à des femmes auxquelles elles auraient honte de ressembler.

Si, il y a quelques années, elles avaient vu une personne en pareil accoutrement, avant qu'il fût devenu de mode, elles en auraient ri, et l'auraient peut-être méprisée ; à aucun prix, certainement, elles n'auraient consenti à l'imiter.

La mode n'a point changé le caractère intrinsèquement déshonnête de ces costumes indécents.

On réclame le relèvement moral du pays : ce n'est certes pas dans l'intention d'y contribuer qu'on a inventé et lancé les modes actuelles. Nées de la corruption, elles sont un des agents les plus efficaces de la dépravation des mœurs. Elles sont, par elles-mêmes, une provocation au mal, un excitant des passions. Nul ne peut de bonne foi en soutenir l'innocuité.

Ne laissez pas périr entre vos mains, femmes chrétiennes, ces belles traditions familiales de simplicité, de dignité de vie, de pureté de mœurs qui, dans les siècles passés, ont assuré l'honneur et le bonheur de vos foyers, et qui ont fait de la femme française le type de la distinction.

N'allez pas chercher vos modèles hors de chez nous. Depuis longtemps c'est la France qui donne le ton : maintenez-la digne de cette honorable prérogative.

En matière de toilette, le beau ne se sépare pas du bien, ni la distinction et l'élégance de la simplicité.

Veillez à ce que le costume de vos enfants soit toujours conforme aux règles de la décence, et ne permettez pas à vos filles de céder à l'entraînement des modes répréhensibles ; mais pour avoir l'autorité de leur faire accepter cette réserve, donnez-leur en vous-même l'exemple.

Tout se tient d'ailleurs : les concessions faites à la mode par trop de liberté et de frivolité dans le vêtement sont une brèche à la loi de la modestie ; par cette brèche s'introduira la facilité à se permettre toutes sortes de lectures, de spectacles, de divertissements, de fréquentations mondaines, au grand détriment des vertus domestiques et de la vie de famille.

II. En second lieu, il ne faut pas oublier que nous vivons en société et que nous avons les uns envers les autres des obligations, particulièrement celle de donner le bon exemple. Nous avons tous le devoir strict de ne pas scandaliser le prochain en le portant au mal par des exemples mauvais.

Ce devoir s'impose avec d'autant plus de rigueur que l'on appartient à une classe plus élevée de la société. Les classes inférieures, en effet, cherchent naturellement à se modeler sur les classes supérieures. Celles-ci doivent bien se garder de l'oublier, et ne donner jamais aux autres que des exemples qu'elles puissent imiter. Quelle autorité peuvent-elles avoir pour condamner dans le peuple un abus ou un désordre, si elles-mêmes se le permettent ?

Le peuple le comprend très bien : il a un sentiment inné, quoique confus peut-être, des convenances. Il se rend parfaitement compte que les personnes qui, à raison de leur naissance, de leur fortune, de leur culture, de leur profession, occupent dans la société un rang supérieur, sont obligées à une tenue en rapport avec la supériorité de leur rang ; et de même que l'étalage d'un luxe excessif et insolent sert de prétexte aux excitations anarchistes et révolutionnaires ; de même l'excentricité et l'indécence des modes tuent le respect que le peuple aurait pour les personnes des classes élevées, si elles avaient toujours une tenue digne de leur situation.

Les modes ridicules provoquent le mépris. Que les femmes auxquelles la Providence a donné parmi les autres un rang privilégié, évitent avec soin de donner prétexte à ce mépris ; qu'elles aient à cœur, au contraire, de mériter le respect par la dignité irréprochable de leur tenue : c'est un de leurs devoirs sociaux. :

III. Mais c'est surtout au sentiment religieux de nos femmes chrétiennes que nous voulons en appeler pour les détourner des modes indécentes ou même simplement inconvenantes.

De même que dans l'ordre des choses civiles, chacun tient à être vêtu selon que l'exigent les bienséances de son rang ou de son état, ainsi devons-nous observer dans l'ordre moral les bienséances de notre religion et de notre condition de chrétiens. Ces bienséances doivent se régler d'après les enseignements de notre foi.

Or, d'après les enseignements de notre foi, Dieu nous a fait l'honneur de nous créer à son image. Ne comprenons-nous pas l'obligation de respecter en nous cette divine ressemblance et de ne pas la déshonorer par une manière indécente de nous vêtir ?

Par le baptême Dieu nous a adoptés pour ses enfants. Si un enfant d'humble condition était adopté par un roi, ne serait-il pas tenu à ne porter que des vêtement s en rapport avec le rang auquel il aurait été élevé par une si haute faveur ? À combien plus forte raison, devons-nous honorer notre dignité d'enfants de Dieu, en nous interdisant toute mise qui ne s'accorderait pas avec une si surnaturelle condition ?

Nous devenons par la grâce sanctifiante les temples de l'Esprit saint, par la sainte Communion les sanctuaires vivants de la divine Eucharistie : est-ce que cela ne nous impose pas une tenue toujours digne des hôtes divins qui daignent nous honorer de leur visite et de leur présence permanente ?

« Ne savez-vous pas, dit saint Paul, que vos corps sont les temples de l'Esprit-Saint, les membres du corps mystique de Notre-Seigneur Jésus-Christ »: glorifiez donc et honorez par votre tenue extérieure Dieu présent en vous et en présence de qui vous êtes partout.

Enfin le Christianisme est essentiellement la religion de la Croix. Il comporte indispensablement une certaine gravité de mœurs, qui se résume en assujettissement de la chair à l'esprit. C'est à tous les croyants de son Évangile que Notre-Seigneur adresse ces. paroles : « Si quelqu'un veut être mon disciple, qu'il se renonce à soi-même, qu'il prenne ma croix et qu'il me suive. » Toute la vie du chrétien, son langage, sa tenue, ses mœurs doivent être marqués de l'empreinte de la Croix. Les modes frivoles et indécentes sont un retour aux mœurs païennes ; elles sont incompatibles avec l'esprit de l’Évangile, avec la morale chrétienne : une chrétienne doit se les interdire.

Nous exhortons donc nos fidèles diocésaines à ne pas se laisser entraîner au courant des modes inconvenantes, que réprouve le bon goût, aussi bien que la modestie naturelle à la femme honnête et sérieuse. Si les considérations que nous venons d'exposer ne réussissent pas à les convaincre et à les persuader toutes, nous ne doutons point qu'un grand nombre d'entre elles n'aient assez le sens chrétien pour en reconnaître la justesse et ne se fassent un devoir de s'y conformer.

Il est du moins un point sur lequel nous nous considérons comme certain de rencontrer une obéissance unanime : c'est que personne ne voudra plus se permettre de paraître à l'église avec ces toilettes inconvenantes, c'est-à-dire en robe décolletée ou les bras nus. S'il est un lieu où les modes frivoles et les nudités sont particulièrement déplacées, n'est-ce pas la Maison de Dieu ?

N'est-ce pas un inexcusable manqué de respect, pour ne point dire un défi ou une insulte à la sainteté de Dieu, que d'entrer dans son temple, et surtout de s'approcher des Sacrements dans une tenue si manifestement immodeste ? L'habitude qu'ont certaines personnes de ces sortes de toilettes les empêche sans doute de remarquer l'irrévérence qu'elles commettent en les portant jusque dans le lieu saint : Nous avons le devoir de le leur faire remarquer, et il n'en sera pas une qui, ainsi avertie, ne s'empresse, par respect pour la Maison de Dieu, de se conformer h nos recommandations.

En conséquence :

1° Nous exhortons instamment les femmes et les jeunes filles de notre diocèse à observer dans leurs vêtements les règles de la modestie chrétienne.

2° Elles doivent absolument s'interdire de paraître à l'église, surtout pendant les offices publics et pendant le saint sacrifice de la Messe, en robes décolletées ou les bras nus.

3° Elles ne seront pas admises dans cette tenue au saint Tribunal de la Pénitence ni à la sainte Table.

Et sera, la présente lettre pastorale avec le mandement qui la termine, lue et publiée au prône de la messe principale, dans les églises et chapelles de notre diocèse, le dimanche qui en suivra la réception.

Donné à Reims, en la fête de l'Assomption de la Sainte Vierge, le 15 août 1925.

+ L.-J., Cardinal LUÇON,
Archevêque de Reims.

Par Mandement,

J. LECOMTE, Camérier de Sa Sainteté,
V. G., Secrétaire Général.

Référence

Bulletin du diocèse de Reims, 53e année, n°35, samedi 29 août 1925, p. 273-276.

Un grave appel de l'Épiscopat de Belgique à propos des modes indécentes, 1925


Désiré-Joseph Cardinal Mercier (1851-1926)
Il y a quelques semaines, dans notre numéro du 3o août [1925] nous reproduisions la Lettre de Mgr Besson, évêque de Lausanne, sur le scandale des modes actuelles.

Nous reproduisons aujourd'hui cette Lettre collective vraiment émouvante des évêques de Belgique :

Mères chrétiennes, nous venons à vous avec confiance. Vous ne nous refuserez pas votre concours.

À plusieurs reprises, nous avons rappelé les lois de la modestie chrétienne et nous avons eu la consolation de constater qu'à l'intérieur des églises, au moins, et au banc de communion, vos jeunes filles et vous-mêmes vous vous êtes souvenues de la dignité de votre baptême et du respect qui est dû à la majesté de Dieu.

Même dans la maison de Dieu, cependant, tout n'est pas parfait encore, et nous ordonnons à MM. les curés de maintenir partout l'avertissement qui y a été affiché et que nous reproduisons ici :

Par respect pour la maison de Dieu, les dames et les jeunes filles sont priées de ne se présenter à l'église qu'en robe montante et fermée et avec manches descendant au-dessous du coude.

Les personnes qui ne seraient pas ainsi vêtues sont priées de ne pas s'approcher du banc de communion.

Nous supplions les mères de famille d'habituer leurs enfants, dès le jeune âge à la modestie et au respect de la dignité chrétienne.

C'est sur les jeunes enfants que nous appelons aujourd'hui tout particulièrement votre attention.

Vous avez un devoir de conscience de les élever et de les entretenir dans la pudeur. Vous devez les habiller avec réserve et exiger notamment que les robes des vos fillettes leur couvrent les bras et leur descendent au-dessous des genoux.

Nous enjoignons aux directrices des écoles et pensionnats catholiques de faire connaître aux parents cette prescription et de l'afficher dans les parloirs où sont reçues les familles.

Saint Paul, écrivant à Timothée à propos de la prédication de la morale évangélique, lui disait :

Des circonstances se présenteront où les fidèles auront peine à supporter le langage de la pureté de l’Évangile ; ils aimeront mieux consulter leurs convoitises et prêter l'oreille à des maîtres qui les flattent. Mais toi, disait le grand Apôtre à son disciple, sois vigilant quand même, fais ton devoir de héraut de l’Évangile ; prêche la parole de Dieu, insistes-y à propos et hors de propos, démontre, supplie, réprimande, aie recours à toutes les ressources de la patience et de ton enseignement apostolique.

Mères chrétiennes, en d'autres occasions, nous avons essayé de faire entendre à notre peuple fidèle, avec preuves à l'appui, les exigences de la modestie chrétienne ; nous avons adressé des reproches à ceux qui manquent.

Aujourd'hui, dociles aux exhortations du grand Apôtre, nous prenons volontiers l'accent de la prière et nous vous supplions de songer à vos responsabilités de mères chrétiennes ; ne dédaignez pas d'écouter avec une filiale déférence la parole autorisée de vos évêques.

Il y va de l'avenir de vos enfants, il y va du relèvement de la moralité dans notre pays.

Une réforme énergique dans l'éducation des jeunes enfants en préparera d'autres, dans le même ordre, pour la pureté de vos foyers et l'assainissement des mœurs publiques.

Mères chrétiennes, directrices et éducatrices de l'enfance, nous vous remercions par avance de votre dévoué concours et nous prions Dieu de répandre sur vos foyers.


+ D.-J Card.[inal] MERCIER, Archev.[êque] de Malines ;
+ GUSTAVE, Év.[êque] de Bruges ;
+ THOMAS-LOUIS, Év.[êque] de Namur ;
+ MARTIN-HUBERT, Év.[êque] de Liège et Eupen-Malmédy ;
+ ÉMILE-JEAN, Év.[êque] de Gand ;
+ GASTON-ANTOINE, Év.[êque] de Tournai.

Référence

La Tunisie catholique, 11 octobre 1925, p. 750-752

Lettre de Son Éminence, le cardinal Dubois, contre les danses immodestes, 1920


Louis-Ernest Cardianl Dubois (1856-1929), en 1920
Hier matin [dimanche 19 décembre 1920] a été lu en chaire, dans toutes les églises du diocèse, l'avertissement suivant du nouvel archevêque de Paris, « contre les modes indécentes et les danses inconvenantes ».

À plusieurs reprises, Notre vénéré prédécesseur, le cardinal Amette, a rappelé aux femmes et jeunes filles chrétiennes le devoir qui s'impose à elles de s'abstenir des modes indécentes et des danses inconvenantes.

Nous maintenons et faisons Nôtres les avertissements et les défenses de notre vénéré prédécesseur.

Nous conjurons Nos diocésaines de réagir contre les modes opposées à la décence chrétienne.

Nous rappelons qu'en conscience les femmes et jeunes filles chrétiennes ne peuvent, sous quelque prétexte que ce soit, prendre part aux danses inconvenantes, la plupart de nom et d'origine exotiques.

Nous rappelons aux confesseurs qu'ils doivent appliquer, sur ces points comme sur tous les autres, les règles de la théologie morale.

Nous avons confiance que les femmes et jeunes filles chrétiennes de Notre diocèse, dont Nous connaissons l'esprit de foi, la piété et la docilité, auront à cœur de donner partout le bon exemple.

Référence

Le Figaro, 66e année, 3e série, n°354, lundi 20 décembre 1920, p. 2.

Contre les modes et les danses inconvenantes, Mgr Amette, 1919


Léon-Adolphe Cardinal Amette (1850-1920)
À plusieurs reprises Nous avons rappelé aux femmes et aux jeunes filles chrétiennes le devoir qui s'impose à elles de s'abstenir des modes indécentes et des danses inconvenantes.

Nous avons le regret d'être obligé de renouveler Nos avertissements et Nos défenses sur ce double objet.

Le Souverain Pontife Nous en donne l'exemple.

S'adressant récemment aux femmes catholiques d'Italie, Sa Sainteté Benoît XV insistait avec énergie sur l'obligation qu'a la femme chrétienne « de prouver son honnêteté par la façon de se vêtir ». « Nées de la corruption de ceux qui les lancent, disait-il, les « toilettes inconvenantes sont une funeste provocation au mal. »

Et il réprouvait « cet excès qui consiste à porter une mise indécente jusque dans le lieu saint ».

Nous faisons Nôtres ces paroles du Saint Père et Nous conjurons Nos diocésaines de réagir contre les modes opposées à la décence chrétienne. Ces modes s'étendent jusqu'aux enfants : les mères doivent veiller à ce que leurs filles soient habillées de manière à respecter toutes les délicatesses de la pudeur.

Il est un autre abus que les personnes chrétiennes ont le devoir de combattre : ce sont les danses inconvenantes, de nom et d'origine exotiques. Les femmes et les jeunes filles chrétiennes ne peuvent en conscience y prendre part.

Plusieurs, pour s'excuser, allèguent qu'elles peuvent le faire sans commettre aucun mal ; il n'en reste pas moins que ces danses sont un danger, aggravé encore par l'immodestie des toilettes, et une occasion de scandale.

On dit encore qu'on ne saurait s'en abstenir sans renoncer à aller dans le monde : il appartient aux femmes chrétiennes de bannir ces abus de la bonne société.

Les jeunes gens chrétiens les y aideront en s'interdisant à eux-mêmes ces sortes de danses, dont ils sont les premiers à reconnaître l'inconvenance.

Dans le discours que Nous avons cité, le Souverain Pontife exhorte les catholiques italiennes à « former entre elles une Ligue pour combattre les modes indécentes chez toutes les perte sonnes ou familles sur lesquelles leur influence peut s'exercer efficacement ».

Une ligue de ce genre a été fondée à Paris au printemps dernier. Nous la bénissons et Nous souhaitons vivement qu'elle se propage et comprenne dans son action la lutte contre les danses prohibées.

Il serait déplorable de vouloir allier des mises et dés divertissements que la modestie condamne avec des pratiques religieuses et même avec la communion fréquente.

Quand on fait profession d'être chrétienne, il faut l'être non seulement dans son for intérieur, mais aussi dans sa tenue extérieure et dans sa conduite tout entière. C'est ce que voudront faire, Nous en avons la confiance, les mères et les jeunes filles de Notre diocèse, dont Nous connaissons l'esprit de foi et la piété.

Cet avertissement sera lu en chaire le premier dimanche de l'Avent.

          Paris, le 24 novembre 1919.   
 + LÉON-ADOLPHE Cardinal AMETTE,
Archevêque de Paris. 
 
Référence  
Bulletin paroissial de Saint-Sulpice, 15e année, n°3, 25 décembre 1919, p. 38-39.

Les modes et le scandale, Mgr Besson, 1925


Marius Besson (1876-1945)

Mgr Besson évêque de Lausanne, a ordonné de lire la lettre suivante à toutes les messes, dans les églises et les chapelles de son diocèse le 19 ou le 26 juillet [1925] :


L'indécence des modes, surtout à la ville, a pris des proportions scandaleuses. Les fidèles, et notamment les mères de famille, ne doivent pourtant pas oublier qu'il y a, dans ce domaine comme dans les autres, des règles de la modestie chrétienne dont nul ne peut, sous aucun prétexte, s'exempter.

Il faut que le niveau moral soit tombé bien bas pour que la femme se résigne aux toilettes outrageantes que les caprices d'un monde perverti lui font porter. Il faut que le sens des convenances ait été singulièrement affaibli pour qu'on ne sache plus qu'il est incorrect de sortir de chez soi avant d'avoir fini de s'habiller.

Nous sommes écœuré de constater que de telles aberrations se manifestent non seulement chez les personnes de mauvaise vie qui les ont inspirées, mais chez les chrétiennes, même chez celles qui devraient davantage, à cause de leur position sociale, donner le bon exemple.

Nous sommes navré de penser que la légèreté de tant de mères de famille compromet à jamais l'âme des pauvres enfants, surtout des pauvres fillettes, en les accoutumant à certaines manières de se vêtir qui leur font perdre le sentiment de la pudeur.

Contre une pareille renaissance de paganisme, nous avons le grave devoir de réagir, et c'est à l'esprit chrétien des fidèles que nous faisons appel.

Quels que soient les vains prétextes que vous pouvez invoquer, Mesdames et Mesdemoiselles, nous ne craignons pas d'affirmer que les modes actuelles sont souvent une source de péché pour les inconscientes qui les acceptent et une occasion de péché pour ceux qu'elles scandalisent.

Au jour où Dieu vous demandera compte et du mal que vous aurez fait et du mal que vous aurez fait faire, il ne vous jugera ni d'après votre journal de modes, ni d'après les faux principes d'une hygiène toute matérialisée, ni d'après les prétendues convenances des mondains, mais d'après le saint Évangile. Or, le divin Maître a dit : « Malheur à celui qui est une cause de sandale ! » Le ciel et la terre passeront ; cette parole ne passera pas.

Référence

La Tunisie catholique, 30 août 1925, p. 681-682.  
Source de l'image. 

samedi 11 mars 2017

Le cardinal Pompilj dénonce le tango, 1914


Basilio cardinal Pompilj (1858-1931)
Rome, Jan.[uary] 17. [1914] 
 
Cardinal Basilio Pompili, vicar general of Rome, representing the pontiff, has issued a pastorial letter denouncing the tango and also certain newspapers, theatrical performances and- fashions, which he declares are perverting souls. The cardinal says : 
 
The tango, which has already been condemned by Illustrious bishops and is prohibited even in protestant countries, must be absolutely prohibited in the seat of the Roman pontiff, the center of the Roman Catholic religion.
 
He urges the clergy courageously to raise their voice "in defending the sanctity of Christian usages against the dangers threatening and the overwhelming immorality of the new paganism." 
 
He warns parents that if they do not protect their children from corruption, they will be guilty before God of failure in their most sacred duties. 
 
 
Version française

Rome, 17 jan[vier 1914] 
 
Le cardinal Basilio Pompilj, vicaire général de Rome, représentant le Pontife, a publié une lettre pastorale dénonçant le tango et également certains journaux, représentations et modes théâtrales, qu'il déclare pervertir les âmes.

Le tango, dit le cardinal, qui a déjà été condamné par d'Illustres évêques et est interdit même dans les pays protestants, doit être absolument interdit au Siège du Pontife romain, centre de la religion catholique romaine.

Il invite instamment le clergé à élever la voix « en défendant la sainteté des usages chrétiens contre les dangers menaçants et l'immoralité écrasante du nouveau paganisme. »

Il avertit les parents que, s'ils ne protègent pas leurs enfants de la corruption, ils seront coupables devant Dieu de l'échec dans [l'exécution de] leurs devoirs les plus sacrés.


Référence

"Tango is again denounced. New Dance Is Prohibited in Rome – Fashions, Some Shows, and Certain Papers Scored", in The Sunbeam, Pennington County, Minnesota, vol. XIII, n°44, 23 janvier 1914, p. 2, 1ère colonne.

La version française est le fait de l'auteur de ce blog.

La condamnation du tango par divers évêques français, 1914


Léon-Adolphe Amette (1850-1920)
La Semaine religieuse du diocèse de Dijon publiera demain [11 janvier 1914] un mandement par lequel l’évêque de Dijon [Jacques Louis Monestès] condamne en termes sévères le tango, qu'il qualifie de « mode empruntée aux vachers de Buenos-Ayres ».

Nous nous élevons contre cette danse, ajoute le prélat, au nom de la dignité humaine, de la morale et de la religion. Ces abus sont réprouvés déjà par la bonne société des divers pays. Nous avons la ferme assurance qu'ils ne seront, pas acceptés par les familles sérieuses de la Côte-d'Or.

La Semaine religieuse du diocèse d'Arras publiera également demain un mandement de l'évêque d'Arras [Émile-Louis-Cornil Lobbedey], condamnant le tango comme un divertissement dangereux, interdit aux fidèles.

Mgr Chesnelong, archevêque dé Sens, interdit aussi le tango à ses fidèles.

Un avis publié dans la Semaine religieuse de Sens et d'Auxerre estime que cette danse est redoutable aux âmes chrétiennes.

Référence

« Le tango interdit », dans Le Figaro, 60e année, 3e série, n°10, samedi 10 janvier 2014, p. 4.


Nous avons publié, hier, les notes des évêques de Dijon, d'Arras et d'Auxerre prohibant le Tango.

Mgr Amette publie à son tour, dans la Semaine religieuse de Paris, la note officielle suivante :

À plusieurs reprises, dans nos Congrès et par l'organe de notre Comité diocésain, nous avons recommandé aux fidèles de réagir énergiquement contre les modes indécentes et contre les danses inconvenantes. Les abus qui se continuent nous obligent à insister de nouveau sur ce grave devoir.

Nous rappelons à nos diocésaines qu'elles doivent observer toujours dans leur mise les règles de la modestie chrétienne, qui sont trop souvent violées même à l'église, spécialement dans les cérémonies de mariage. Nous demandons aux femmes chrétiennes de se liguer pour abolir l'usage de certaines formes de vêtements contraires à la décence.

Nous condamnons la danse, d'importation étrangère, connue sous le nom de « tango », qui est, de sa nature, lascive et offensante pour la morale. Les personnes chrétiennes ne peuvent, en conscience, y prendre part.

Les confesseurs devront agir en conséquence dans l'administration du sacrement de Pénitence.

De Rome, relevant les approbations données par le Popolo Romano aux avertissements contenus dans la Semaine religieuse de Paris, contre les danses et costumes inconvenants, l'Osservatore Romano dit :

Nous applaudissons aux paroles et aux vœux de notre confrère, en associant notre voix aux protestations qui, de tontes parts, s'élèvent contre de telles indécences.

Référence

« L'interdiction du tango », dans Le Figaro, 60e année, 3e série, n°11, dimanche 11 janvier 2014, p. 4.


(…) J'ai été, ce matin à l’archevêché, rue de Bourgogne. L’abbé Gouget, fort aimablement, m’a renseigné :

Monseigneur avait été, depuis quelque temps, ému par la vogue persistante de cette danse, qu’il avait tout-de suite jugée inconvenante, mais dont il croyait l'engouement passager dans le monde. À plusieurs reprises, il exprima le vœu à la commission des congrès diocésains « que les familles catholiques réagissent énergiquement, contre l'usage des modes indécentes et celui des danses inconvenantes. »

Devant les abus croissants, Son Éminence a cru devoir intervenir de façon plus formelle et le numéro de la Semaine Religieuse de demain [11 janvier 1914] contiendra un avertissement officiel à ce sujet. C’est tout ce que je puis vous dire pour le moment.

(…)

Référence

Émile Deflin, « Mgr Amette, archevêque de Paris, condamne le tango ''pour sa nature lascive et offensante pour la morale'' », dans L'intransigeant, 34e année, n°12232, samedi 10 janvier 1914, p. 1.