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jeudi 10 août 2017

Par son incarnation, le Fils de Dieu s’est en quelque sorte uni à tout homme...



L'adoration des bergers, par Charles Le Brun, 1689, Musée du Louvres


«  (…) par son incarnation, le Fils de Dieu s’est en quelque sorte uni lui-même à tout homme » : phrase célèbre de la Constitution pastorale « sur l’Église de ce temps », Gaudium et Spes, citée volontiers par le pape S. Jean-Paul II.

Les prêtres et théologiens de la Fraternité sacerdotale S. Pie X posent la question de savoir si cette affirmation se trouve bien dans la continuité de la théologie christologique et sotériologique traditionnelle ou si elle constitue une innovation injustifiée.

C’est ainsi que, pour permettre au lecteur de se faire une meilleure idée de la question, après avoir cité les extraits suivants : 
 
a) d’un article de la « Déclaration finale » du premier symposium théologique de Paris, tenu à l’Institut Universitaire Saint-Pie X, les 4 et 5 octobre 2002, symposium qui « se proposait d’analyser la ‘’religion de Vatican II’’, et d’en tenter une synthèse » ;

b) d’un texte du Professeur Paolo Pasqualucci développant le questionnement de l’union, par son Incarnation, et « en quelque sorte »du Fils de Dieu « à tout homme »;

nous mettrons à disposition un certain nombre de textes (n°1 à 14) publiés autour de cette affirmation théologique par le Magistère de l’Église catholique ou la Commission théologique internationale, après le IId Concile Œcuménique du Vatican.




***


a) « Déclaration finale », article 8 – le salut, in La religion de Vatican II – études théologiques, premier symposium de Paris, 4-5-6 octobre 2002, Éditions des Cercles de Tradition de Paris, p. 359.


En-deçà de cette croissance historique de l’unité du genre humain, l’Incarnation du Fils de Dieu réalise « en quelque sorte » l’identification de tout homme au Christ (GS, n°22). 
 
La question fondamentale du salut ou de la damnation perd de son urgence. 
 
Désormais la pastorale conciliaire fera l’économie du péché originel et de la déchéance de la nature humaine. 
 
Le salut devient une prise de conscience.


b) Professeur Paolo Pasqualucci, « La christologie anthropocentrique du Concile Œcuménique Vatican II », in Courrier de Rome, année 50, n°392 (583), décembre 2015, §. 2 : une conception de l’Incarnation nouvelle et ambiguë.


Dans l’art. 22 de Gaudium et spes, il est affirmé que « par son incarnation, le Fils de Dieu s’est en quelque sorte uni lui-même à tout homme » (Ipse enim, Filius Dei, incarnatione sua cum omni homine quodammodo Se univit). 
 
Comment arrive-t-on à une telle proposition, qui frappe par sa nouveauté, ainsi que par une ambiguïté certaine et immédiate, causée à première vue par l’utilisation de l’expression « en quelque sorte » ? 
 
Si Notre-Seigneur s’est uni seulement « en quelque sorte », devons-nous comprendre cette union uniquement dans un sens symbolique, c’est-à-dire moral ? Et si oui, cela signifie-t-il que chacun de nous a été en quelque sorte divinisé par l’Incarnation de Notre-Seigneur ? 
 
Mais même sans l’incise, l’idée même d’Incarnation de Notre-Seigneur comme «union avec tout homme» est tout sauf claire, étant donné que, d’après le dogme, nous savons qu’Il s’est uni (dans l’union hypostatique) exclusivement à la nature humaine de cet homme que fut le juif Jésus de Nazareth . Sa divinité s’est donc unie (tout en restant indivisée et distincte) à la nature humaine d’un seul homme, en un individu unique, un homme en chair et en os, dont l’existence historique a été largement prouvée. 
 
Comment se fait-il que le Concile, d’une façon tout à fait atypique, vienne nous parler de l’Incarnation comme d’une union de Notre-Seigneur « avec tout homme »? Qu’est-ce que cela signifie ?

L’art. 22 GS fait partie du chapitre I de cette constitution, consacré à la « Dignité de la personne humaine » (art. 12-22). L’article veut relier la dignité de la personne humaine à la divinité du Christ, qui constitue, comme nous le savons, le modèle de l’homme nouveau, c’est-à-dire du chrétien, en tant que pécheur repenti qui se régénère en vivant selon l’enseignement du Christ (Jean 3,3-8). 
 
Le sujet de l’article est en effet : « Le Christ, homme nouveau. » Il s’agit d’une terminologie traditionnelle, que le texte conciliaire, en suivant tout de même la Tradition, rapporte au chapitre V de l’épître aux Romains davantage qu’à l’Évangile de saint Jean, épître où saint Paul énonce le dogme du péché originel, opposant le premier Adam (« figure de Celui qui devait venir ») au Christ, qui est alors le « nouvel Adam », comme le répète l’art. 22 GS, au premier paragraphe.

Reapse nonnisi in mysterio Verbi incarnati mysterium hominis vere clarescit. Adam enim, primus homo, erat figura futuri [Rm 5, 14 ; Tert., De carnis resurr., 6] scilicet Christi Domini. Christus, novissimus Adam, in ipsa revelatione mysterii Patris Eiusque amoris, hominem ipsi homini plene manifestat eique altissimam eius vocationem patefacit. Nil igitur mirum in Eo prædictas veritates suum invenire fontem atque attingere fastigium. (GS 22.1).

Le Concile affirme donc qu’en ce « nouvel Adam » le Christ, en révélant le mystère du Père et de son amour pour l’homme, « manifeste pleinement l’homme à lui-même ». Le manifestant à lui-même, il « lui découvre la sublimité de sa vocation ». Comprendre : « la très haute vocation » de l’homme. Ceci établi, poursuit le texte, « la source » des « vérités exposées au sujet de l’homme » devient alors évidente. 
 
De quelles vérités s’agit-il ? 
 
De celles exposées dans les paragraphes précédents du chap. I de la constitution, à partir de l’art. 12. La première vérité est que l’homme a été « créé à l’image de Dieu » : pour cette raison, il possède sa « dignité et vocation ». La dignité de l’homme se manifeste aussi dans la « dignité de son intelligence et de sa sagesse », qui le conduisent « vers la recherche et l’amour du vrai et du bien » (art.15) ; dans la dignité de sa « conscience morale » (art. 16) et dans la « grandeur de sa liberté » (art. 17).

Cette véritable exaltation de la « dignité » et de la « grandeur » de l’homme, l’art. 22.1 la greffe sur la doctrine traditionnelle du Christ comme « nouvel Adam ». Mais une telle union est-elle permise ? 
 
La question me semble tout à fait permise parce que la célèbre phrase clé : « le Christ, dans la révélation même du mystère du Père et de son amour, manifeste pleinement l’homme à lui-même et lui découvre la sublimité de sa vocation » ne vient pas de saint Paul, ni en tant que phrase ni en tant que notion.

Elle vient, en revanche, après avoir été légèrement modifiée, de Catholicisme du père de Lubac, qui lui-même la tire d’une interprétation déformée de Gal. 1, 15-16.

On le sait, la phrase ci-dessus a déjà été critiquée efficacement par le cardinal Siri, dans Gethsemani. Le cardinal accusait à juste titre Lubac de manipulation du texte saint, de vouloir supprimer la distinction entre la nature et le Surnaturel, en divinisant ainsi l’homme. 
 
La critique de Siri à Lubac est considérée comme très pertinente entre autres par Johannes Dörmann, qui soutenait que la formulation du texte de GS 22.1 remontait en dernière analyse précisément à Henri de Lubac (G. SIRI, Getsemani, 2e éd., Edition Fraternità della Santissima Vergine Maria, Rome, 1987, pp. 55-56 ; J. DÖRMANN, Der theologische Weg Johannes Pauls II, Sitta Verlag, Senden, 1990, I, p. 922 ss., 112 ss.). 
 
Cette idée de la « manifestation de l’homme à lui-même » par le Christ, non comme pécheur destiné à la réprobation éternelle s’il n’est pas racheté par le Christ, mais au contraire comme porteur d’une dignité qui manifesterait « la sublimité de sa vocation », constitue une notion clé de l’art. 22 et, à bien y regarder, de toute la pastorale de Vatican II. Avec cette idée commence le discours qui finit par se conclure avec la notion particulière d’Incarnation que l’on a vu.

(…)

Vatican II affirme donc que l’Incarnation, n’ayant pas « absorbé » la nature humaine mais l’ayant « assumée », a élevé par cela même « en nous aussi » la nature humaine à une « dignité sans égale ». 
 
Devons-nous considérer qu’il s’agit là de la doctrine toujours enseignée par l’Église, étant donné que le texte conciliaire semble vouloir justifier ses affirmations sur la base de ce qui est enseigné par les trois Conciles œcuméniques de l’antiquité auxquels il se réfère ? 
 
En réalité, si l’on relit ce magistère conciliaire ancien (et dogmatique), on s’aperçoit que celui-ci enseigne bien que l’Incarnation a élevé la nature humaine, mais pas en nous, en Notre-Seigneur Jésus-Christ, en Celui qui s’est incarné ! Et ce parce que seul Celui qui s’est incarné est l’homme parfait, sans péché !

Il nous semble donc que l’incise « etiam in nobis », soutenue par « eo ipso », de GS 22, constitue une extraordinaire nouveauté pour les documents officiels du Magistère, car elle semble vouloir étendre à nous aussi, hommes pécheurs, en tant que tels, la dignité sublime de l’humanité parfaite du Christ, Dieu historiquement incarné en un homme.






***




1) Concile du Vatican II, Gaudium et Spes, 1965, n° 22, § 1, 2 et 5.


1. En réalité, le mystère de l’homme ne s’éclaire vraiment que dans le mystère du Verbe incarné.

Adam, en effet, le premier homme, était la figure de celui qui devait venir [Cf. Rm 5, 14. Cf. Tertullien, De carnis resurrectione, 6 : « Tout ce que le limon [dont est formé Adam] exprimait, présageait l’homme qui devait venir, le Christ » ; Patrologia Latina, vol. 2, col. 802 (848) ; Corpus Scriptorum Ecclesiasticorum Latinorum, 47, p. 33, 1. 12-13.], le Christ Seigneur. 
 
Nouvel Adam, le Christ, dans la Révélation même du mystère du Père et de son amour, manifeste pleinement l’homme à lui-même et lui découvre la sublimité de sa vocation
 
Il n’est donc pas surprenant que les vérités ci-dessus trouvent en lui leur source et atteignent en lui leur point culminant. 
 
2. « Image du Dieu invisible » (Colossiens 1, 15), il est l’Homme parfait qui a restauré dans la descendance d’Adam la ressemblance divine, altérée dès le premier péché.

Parce qu’en lui la nature humaine a été assumée, non absorbée [Cf. Concile de Constantinople II, can. 7 : « Sans que le Verbe soit transformé dans la nature de la chair, ni que la chair soit passée dans la nature du Verbe. » – Cf. aussi Concile de Constantinople III : « Car de même que sa chair toute sainte, immaculée et animée, n’a pas été supprimée par la divinisation, mais qu’elle est demeurée dans son état et dans sa manière d’être. » – Cf. Concile de Chalcédoine : « nous devons reconnaître en deux natures, sans confusion, sans changement, sans division, sans séparation » : Denzinger 148 (302).], par le fait même, cette nature a été élevée en nous aussi à une dignité sans égale. Car, par son incarnation, le Fils de Dieu s’est en quelque sorte uni lui-même à tout homme [Cum in Eo natura humana assumpta, non perempta sit, eo ipso etiam in nobis ad sublimem dignitatem evecta est. Ipse enim, Filius Dei, incarnatione sua cum omni homine quodammodo Se univit]
 
Il a travaillé avec des mains d’homme, il a pensé avec une intelligence d’homme, il a agi avec une volonté d’homme [Cf. Concile de Constantinople III : « De même sa volonté humaine divinisée n’a pas été supprimée » : Denzinger 291 (556).], il a aimé avec un cœur d’homme.
Né de la Vierge Marie, il est vraiment devenu l’un de nous, en tout semblable à nous, hormis le péché [Cf. He 4, 15.]. 
 
(…)

Mais, associé au mystère pascal, devenant conforme au Christ dans la mort, fortifié par l’espérance, il va au-devant de la résurrection [Cf. Ph 3, 10 ; Rm 8, 17. ]. 
 
5. Quod non tantum pro christifidelibus valet, sed et pro omnibus hominibus bonae voluntatis in quorum corde gratia invisibili modo operatur

Cum enim pro omnibus mortuus sit Christus (40) cumque vocatio hominis ultima revera una sit, scilicet divina, tenere debemus Spiritum Sanctum cunctis possibilitatem offerre ut, modo Deo cognito, huic paschali mysterio consocientur.

Et cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ, mais bien pour tous les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce [Lumen gentium, n° 16].

En effet, puisque le Christ est mort pour tous [Cf. Rom. 8, 32 ] et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’être associé au mystère pascal.






2) Jean-Paul II, Redemptor Hominis (1979), nos 8 et 14.


8. (…) Le Concile Vatican II, dans son analyse pénétrante du « monde contemporain », a atteint ce point qui est le plus important du monde visible, à savoir l'homme, en descendant, comme le Christ, au plus profond des consciences humaines, en parvenant jusqu'au mystère intérieur de l'homme qui s'exprime, dans le langage biblique et même non biblique, par le mot «cœur». 
 
Le Christ, Rédempteur du monde, est celui qui a pénétré, d'une manière unique et absolument singulière, dans le mystère de l'homme, et qui est entré dans son «cœur». 
 
C'est donc à juste titre que le Concile Vatican II enseigne ceci : 
 
En réalité, le mystère de l'homme ne s'éclaire vraiment que dans le mystère du Verbe incarné. Adam, en effet, le premier homme, était la figure de celui qui devait venir (cf. Rm 5, 14), le Christ Seigneur. Nouvel Adam, le Christ, dans la révélation même du mystère du Père et de son amour, manifeste pleinement l'homme à lui-même et lui découvre la sublimité de sa vocation
 
Et encore :

« Image du Dieu invisible » (Col 1, 15) il est l'Homme parfait qui a restauré dans la descendance d'Adam la ressemblance divine, altérée dès le premier péché.
Parce qu’en lui la nature humaine a été assumée, non absorbée, par le fait même, cette nature a été élevée en nous aussi à une dignité sans égale. Car, par son incarnation, le Fils de Dieu s’est en quelque sorte uni lui-même à tout homme (Gaudium et Spes, n°22, 1 et 2).


Il est le Rédempteur de l'homme !


14. (…) Cet homme est la route de l’Église, route qui se déploie, d'une certaine façon, à la base de toutes les routes que l’Église doit emprunter, parce que l'homme tout homme sans aucune exception a été racheté par le Christ ; parce que le Christ est en quelque sorte uni à l'homme à tout homme sans aucune exception même si l’homme n'en est pas conscient : « Le Christ, mort et ressuscité pour tous, offre à l'homme » à tout homme et à tous les hommes «... lumière et forces pour lui permettre de répondre à sa très haute vocation » (Gaudium et Spes, n°10). (…).






3) The Evangelical-Roman Catholic Dialogue on Mission, 1977-1984, a Report. Publié par la Pater Noster Press, Exeter, Royaume-Uni et William B. Eerdmans, Grand Rapids, États-Unis. Réimpresion avec permission, §. 3. 4.
Traduction française par l’auteur de ce blog.


(…) Roman Catholics go further, however, and consider that, if human sin is universal, all the more is Christ's salvation universal. If everyone born into the world stands in solidarity with the disobedience of the first Adam, still the human situation as such has been changed by the definitive event of salvation, that is, the Incarnation of the Word, his death, his resurrection and his gift of the Spirit. All are now part of the humanity whose new head has overcome sin and death. For all there is a new possibility of salvation which colours their entire situation, so that it is possible to say "Every person, without exception, has been redeemed by Christ, and with each person, without any exception, Christ is in some way united, even when that person is not aware of that" [Redemptor Hominis, 14]. To become beneficiaries of the obedience of the Second Adam, men and women must turn to God and be born anew with Christ into the fullness of his life. The mission of the Church is to be the instrument to awaken this response by proclaiming the gospel, itself the gift of salvation for everyone who receives it, and to communicate the truth and grace of Christ to all [Lumen Gentium, n°8] . 
 
(…) Les catholiques romains vont plus loin, et considèrent que, si le péché de l’humanité est universel, le salut du Christ l’est d’autant plus. Si tout homme venu au monde est solidaire de la désobéissance du Premier Adam, la condition humaine en tant que telle a été changée par l’événement définitif du salut, c’est-à-dire l’Incarnation du Verbe, sa mort, sa résurrection et la don qu’Il a fait du Saint-Esprit. Tous ont désormais part à l’humanité dont la Tête nouvelle a triomphé du péché et de la mort. Il existe pour tous une nouvelle possibilité de salut qui marque leur entière condition, de telle manière qu’il est possible de dire : « Tout homme, sans exception, a été racheté par le Christ, et c’est avec chaque homme, sans exception que le Christ est, en quelque sorte, uni, même lorsque cet homme n’en est pas conscient » [Redemptor Hominis, n°14]. Afin de bénéficier de l’obéissance du Second Adam, les hommes et les femmes doivent se tourner vers Dieu et renaître avec le Christ selon la plénitude de Sa vie. La mission de l’Église est d’être l’instrument qui permettra l’éveil de cette réponse en proclamant l’Évangile, qui est lui-même le don du salut, à toute homme qui le reçoit, et de communiquer la vérité et le grâce du Christ à tous [Lumen Gentium, n°8]

Evangelicals, on the other hand, understand the universality of Christ differently. He is universally present as God (since God is omnipresent) and as potential Saviour (since he offers salvation to all), but not as actual Saviour (since not all accept his offer). Evangelicals wish to preserve the distinction, which they believe to be apostolic, between those who are in Christ and those who are not (who consequently are in sin and under judgment), and so between the old and new communities. They insist on the reality of the transfer from one community to the other, which can be realized only through the new birth: "if anyone is in Christ, he is a new creation" (2 Cor 5:17).

Les évangéliques, d’autre part, comprennent différemment l’universalité du Christ. Il est présent universellement en tant que Dieu (puisque Dieu est omniprésent) et Sauveur potentiel (puisqu’Il propose le salut à tous), mais non pas comme Sauveur en acte (puisque tous n’acceptent pas sa proposition). Les Évangéliques souhaitent préserver la distinction, qu’ils croient être apostolique, entre ceux qui sont dans le Christ et ceux qui ne le sont pas (et qui sont, par conséquent, pécheurs et soumis au jugement), et ainsi entre l’ancienne et la nouvelle communauté. Ils insistent sur la réalité du transfert de l’une à l’autre, transfert qui peut être accompli uniquement par la nouvelle naissance : « si quiconque est dans le Christ, il est une nouvelle création » (2 Corinthiens 5, 17).

The relationship between the life, death and resurrection of Jesus and the whole human race naturally leads Roman Catholics to ask whether there exists a possibility of salvation for those who belong to non-Christian religions and even for atheists. Vatican II was clear on this point: "Those also can attain to everlasting salvation who through no fault of their own do not know the Gospel of Christ or his Church". On the one hand, there are those who "sincerely seek God and, moved by his grace, strive by their deeds to do his will". On the other, there are those who "have not yet arrived at an explicit knowledge of God, but who strive to live a good life, thanks to his grace".[23] Both groups are prepared by God's grace to receive his salvation either when they hear the gospel or even if they do not. They can be saved by Christ, in a mysterious relation to his Church.

La relation entre la vie, la mort et la résurrection de Jésus et l’humanité toute entière conduit naturellement les catholiques romains à poser la question de savoir s’il existe une possibilité de salut pour ceux qui appartiennent à des religions non-chrétiennes et même pour les athées. Vatican II fut clair à ce sujet : « Peuvent également atteindre au salut éternel ceux qui, sans faute de leur part, ne connaissent pas l’Évangile du Christ ou son Église ». D’une part, il y a ceux qui « cherchent Dieu sincèrement, et [qui], animés par sa grâce, s’efforcent, dans leurs actes, de faire Sa volonté ». D’autre part, il y a ceux qui « ne sont pas encore parvenus à une connaissance explicite de Dieu, mais qui s’efforcent, par le moyen de la grâce, de mener une vie bonne » (Lumen gentium, n°16]. Les deux groupes sont préparés par la grâce de Dieu à recevoir Son salut, soit qu’ils entendent parler de l’Évangile, soit que ce ne soit pas le cas. Ils peuvent être sauvés par le Christ, dans une mystérieuse relation à Son Église.

Evangelicals insist, however, that according to the New Testament those outside Christ are "perishing", and that they can receive salvation only in and through Christ. They are therefore deeply exercised about the eternal destiny of those who have never heard of Christ. Most Evangelicals believe that, because they reject the light they have received, they condemn themselves to hell. Many are more reluctant to pronounce on their destiny, have no wish to limit the sovereignty of God, and prefer to leave this issue to him. Others go further in expressing their openness to the possibility that God may save some who have not heard of Christ, but immediately add that, if he does so, it will not be because of their religion, sincerity or actions (there is no possibility of salvation by good works), but only because of his own grace freely given on the ground of the atoning death of Christ. All Evangelicals recognize the urgent need to proclaim the gospel of salvation to all humankind. Like Paul in his message to the Gentile audience at Athens, they declare that God "commands all men everywhere to repent, because he has fixed a day on which he will judge the world in righteousness by a man whom he has appointed" (Acts 17:30-31). 
 
Les évangéliques insistent, cependant, sur le fait que, selon le Nouveau Testament, ceux qui sont en dehors du Christ sont « dans un état de dépérissement », et qu’ils ne peuvent recevoir le salut que dans et par le Christ. Ils sont, par conséquent, profondément préoccupés par la destinée éternelle de ceux qui n’ont jamais entendu parler du Christ. La plupart des évangéliques croient que, parce qu’ils rejettent la lumière qu’ils ont reçu, ils se condamnent eux-mêmes à l’enfer. Beaucoup ont plus de réticence à se prononcer sur leur destin, ne souhaitent pas limiter la souveraineté de Dieu et préfèrent remettre cette question entre Ses mains. D’autres vont plus loin en se montrant ouverts à la possibilité que Dieu puisse sauver certains de ceux qui n’ont pas entendu parler du Christ, mais ils ajoutent immédiatement que, s’Il agit ainsi, cela ne sera pas à cause de leur religion, de leur sincérité ou de leurs actes (il n’existe aucune possibilité de salut par les bonnes œuvres), mais seulement à cause Sa grâce donnée librement sur le fondement de la mort expiatoire du Christ. Tous les évangéliques reconnaissent l’urgente nécessité de proclamer l’Évangile du salut à toute l’humanité. Comme Paul, dans son message aux Païens d’Athènes, ils déclarent que Dieu « commande à tous les hommes, en tout lieu, de se repentir, parce qu’il a fixé le jour où il jugera le monde dans sa justice, par un homme désigné par Lui (Actes des Apôtres 17, 30-31).






4) Jean-Paul II, Discours au Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège, 14 janvier 1980, n°4.


(…) Ce que la sagesse des nations reconnaît, l'Église a des raisons spéciales et très profondes d'en donner le témoignage et d'en assurer la sauvegarde, parce que le Christ s'est uni à tout homme et que sa sollicitude pour tout homme qu'il a racheté est devenue celle de l'Église : « Elle ne peut demeurer insensible à tout ce qui sert au vrai bien de l'homme, comme elle ne peut demeurer indifférente à ce qui le menace. » (Encyclique Redemptor hominis, n° 13.) 
 
Voilà pourquoi, dans cette encyclique comme dans le discours aux Nations Unies, j'ai pu insister sur les droits de l'homme et j’en ai énuméré un certain nombre (cf. Discours à l'ONU, n° 13) ; l'ensemble des droits de l'homme correspond en effet à la substance de la dignité de l'être humain, compris dans son intégralité et non pas réduit à une seule dimension. Et très souvent, j'ai l'occasion de revenir sur ce sujet capital.






5) Commission théologique internationale, La réconciliation et la pénitence, 1982, §. B. II. 2


2. Le Nouveau Testament désigne la croix de Jésus-Christ par des notions comme celles de substitution, de sacrifice, d’expiation
 
Aujourd’hui ces concepts sont difficilement accessibles à un très grand nombre de personnes; aussi faut-il les élucider et les interpréter avec soin
 
Il y a moyen d’y introduire et d’y préparer les esprits en se référant à la structure de solidarité de l’existence humaine : l’être, l’agir et le laisser-faire de l’autre et des autres déterminent chaque individu en son être propre et dans son agir. 
 
On peut ainsi rendre à nouveau compréhensible que par son obéissance et son dévouement « pour la multitude » Jésus-Christ a introduit une détermination nouvelle dans la situation existentielle de tout être humain.
 
Les assertions concernant le caractère de substitution de l’acte rédempteur de Jésus-Christ ne sont pleinement intelligibles que si l’on considère qu’en Jésus-Christ Dieu s’est engagé dans la conditio humana, de sorte que, dans la personne de l’homme-Dieu Jésus-Christ, Dieu s’est réconcilié le monde (2 Co 5, 19). Alors on est en droit de dire : « Un seul est mort pour tous, donc tous sont morts... Si quelqu’un est dans le Christ, il est dès lors une créature nouvelle » (2 Co 5, 14.17). 
 
La rédemption du péché, autrement dit le pardon des péchés, s’effectue donc par l’admirabile commercium.
 
« Celui qui n’a pas connu le péché [Dieu] l’a fait péché pour nous, afin qu’en lui nous devenions justice de Dieu » (2 Co 5, 21 ; Rm 8, 3 s ; Ga 3, 13 ; 1 P 2, 24). « Le Fils de Dieu, dans la nature humaine qu’il s’est unie, vainqueur de la mort par sa mort et sa résurrection, a racheté l’homme et l’a transformé en une créature nouvelle » (Lumen Gentium, 7). « Parce qu’en lui la nature humaine a été assumée, non absorbée, par le fait même cette nature a été élevée en nous aussi à une dignité sans égale. Car, par son incarnation, le Fils de Dieu s’est en quelque sorte uni à tout homme (Gaudium et Spes, 22 ; cf. à ce sujet Commission Théologique Internationale, « Questions choisies de christologie »).






6) Commission théologique internationale, Dignité et droits de la personne humaine, 1983, §. 2.2.3.


L’Évangile, en effet, apporte un nouveau fondement religieux spécifiquement chrétien à la dignité et aux droits de la personne. Il ouvre des perspectives nouvelles et plus amples aux hommes qu’il considère comme d’authentiques fils adoptifs de Dieu et comme des frères dans le Christ crucifié et ressuscité.

Le Christ a été et est présent à toute l’histoire humaine. 
 
« Au commencement était le Verbe... toutes choses ont été faites par lui » (Jean 1, 1-3). « Il est l’image du Dieu invisible, premier-né de toute créature, car en lui toutes choses ont été créées dans les cieux et sur la terre » (Colossiens 1, 15-16 ; cf. 1 Corinthiens 8, 6 ; Hébreux 1, 1-4). 
 
Dans son incarnation, il a conféré à la nature humaine une dignité sans égale. Par là, le Fils de Dieu s’est en quelque sorte uni à tout homme (Gaudium et Spes 22, 2 ; Redemptor hominis 8). 
 
Grâce à son existence terrestre, il a pris part à la condition humaine sous tous ses aspects hormis le péché. Dans les douleurs corporelles et spirituelles ressenties dans sa nature humaine, notamment durant sa Passion, il a pris part à la condition humaine avec nous tous. 
 
Son passage de la mort à la vie ressuscitée est aussi un don nouveau qui doit être communiqué à tous les hommes. Dans le Christ, mort et ressuscité, se trouvent les prémices de l’homme nouveau transformable et transformé en une condition supérieure.

Ainsi, donc, tout chrétien, en son cœur comme en ses œuvres, doit se conformer aux exigences de la vie nouvelle et se conduire selon les exigences de la « dignité chrétienne ». Il portera une attention toute spéciale au respect des droits de tous les hommes (Romains 13, 8-10). Selon la loi du Christ (Galates 6, 2) et selon le commandement nouveau de la charité (Jean 13, 34), il ne recherchera pas ses propres intérêts, il évitera tout égoïsme (1 Corinthiens 13, 5).






7) Jean-Paul II, Discours aux membres du Corps diplomatique accrédite près le Saint-Siège, à l’occasion des vœux du nouvel An, 12 janvier 1991, n°2.


(…) Parce que le Christ, depuis le jour de Noël, s'est uni à tout homme, l'Église à son tour partage sa sollicitude pour chacun. Voilà pourquoi le Pape, qui préside à la communion ecclésiale, se veut au service des hommes quels qu'ils soient, quelles que soient leurs convictions, et il ne peut demeurer indifférent à leur bonheur ni aux menaces qui pèsent sur eux.






8) Joseph Cardinal Ratzinger (président du comité de direction), Mgr Christoph Schönborn (éditeur général), Catéchisme de l’Église catholique, 1992, 1998, n° 618.


Crux unicum est sacrificium Christi unius mediatoris inter Deum et homines [Cf 1 Tim 2,5].  

Sed quia, in Sua Persona divina incarnata, « cum omni homine quodammodo Se univit » [Concilium Vaticanum II, Const. past. Gaudium et spes, 22: Acta Apostolicae Sedis 58 (1966) 1042], hominibus « cunctis possibilitatem offert ut, modo Deo cognito, [...] Paschali mysterio consocientur » [Concilium Vaticanum II, Const. past. Gaudium et spes, 22: Acta Apostolicae Sedis 58 (1966) 1043].

Ipse Suos vocat discipulos ut tollant crucem suam et sequantur Eum [Cf Mt 16,24], quia Ipse passus est pro nobis, nobis relinquens exemplum ut sequamur vestigia Eius [Cf 1 Pe 2,21]. Ipse etenim Suo sacrificio redemptivo illos vult etiam sociare qui eius sunt primi beneficiarii. 

Hoc [Cf Mc 10,39; Io 21,18-19; Col 1,24] adimpletur, modo supremo, in persona Matris Eius, quae, intimius quam quilibet alius, mysterio Eius passionis redemptricis est associata [Cf Lc 2,35].

« Unica haec et vera est scala paradisi, nec praeter crucem alia superest qua in caelum ascendatur » [Sancta Rosa de Lima: P. Hansen, Vita mirabilis [...] venerabilis sororis Rosae de sancta Maria Limensis (Romae 1664) p. 137].




La Croix est l’unique sacrifice du Christ « seul médiateur entre Dieu et les hommes » (1 Tm 2, 5). 
 
Mais, parce que, dans sa Personne divine incarnée, « il s’est en quelque sorte uni lui-même à tout homme » (Gaudium et Spes, n°22, § 2), il « offre à tous les hommes, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’être associés au mystère pascal » (Gaudium et Spes, n°22, § 5). 
 
Il appelle ses disciples à « prendre leur croix et à le suivre » (Mt 16, 24) car « il a souffert pour nous, il nous a tracé le chemin afin que nous suivions ses pas » (1 P 2, 21). Il veut en effet associer à son sacrifice rédempteur ceux-là même qui en sont les premiers bénéficiaires (cf. Mc 10, 39 ; Jn 21, 18-19 ; Col 1, 24). 
 
Cela s’accomplit suprêmement pour sa Mère, associée plus intimement que tout autre au mystère de sa souffrance rédemptrice (cf. Lc 2, 35).

« En dehors de la Croix il n’y a pas d’autre échelle par où monter au ciel » (Ste. Rose de Lima, Vita).






9) Jean-Paul II, Discours lors de la 1ère session célébrative de l’Assemblée spéciale pour l’Afrique du synode des Évêques, Yaoundé, Cameroun, 15 septembre 1995, n°5.


Parmi les thèmes de réflexion du Synode, une grande attention a été naturellement accordée à l’inculturation
 
Il s’agit au fond, pour les peuples du monde, de recevoir le Fils de Dieu fait homme, par qui la nature de l’homme « a été élevée à une dignité sans égale », Lui qui « s’est en quelque sorte uni à tout homme », Lui qui, « par son sang librement répandu, nous a mérité la vie », Lui en qui « Dieu nous a réconciliés avec lui-même et entre nous »[Gaudium et Spes, n°22]. Ces paroles essentielles du Concile Vatican II nous guident quand nous réfléchissons à la démarche de l’inculturation. 
 
Tout homme est appelé à accueillir le Christ dans sa nature profonde. Tout peuple est appelé à l’accueillir avec toute la richesse de son héritage.
 
De tout son être, la personne humaine aimée et sauvée par le Christ se laisse saisir par sa présence et se laisse purifier par l’Esprit. C’est une rencontre transformante, car l’amour change celui qui reçoit le Seigneur. Et Jésus vient avec grandeur et humilité fraternelle en même temps ; par sa présence, il enrichit ce qui est bon dans l’homme et change ce qui reste d’impur. J’évoquais à la Messe la parabole des sarments de la vigne : l’inculturation véritable a lieu quand les vivants sarments se laissent greffer sur le cep qu’est le Christ et émonder par le vigneron qu’est le Père.






10) Jean-Paul II, Redemptoris Missio, 1997, n°6


(…) S'il est donc normal et utile de prendre en considération les divers aspects du mystère du Christ, il ne faut jamais perdre de vue son unité. Alors que nous découvrons peu à peu et que nous mettons en valeur les dons de toutes sortes, surtout les richesses spirituelles, dont Dieu a fait bénéficier tous les peuples, il ne faut pas les disjoindre de Jésus Christ qui est au centre du plan divin de salut. 
 
Comme, « par son Incarnation, le Fils de Dieu s'est en quelque sorte uni lui-même à tout homme », « nous devons tenir que l'Esprit Saint offre à tous, d'une façon que Dieu connaît, la possibilité d'être associés au Mystère pascal » [Cf. Const. past. sur l’Église dans le monde de ce temps Gaudium et spes, n°22]. Le plan de Dieu est de « ramener toutes choses sous un seul Chef, le Christ, les êtres célestes comme les terrestres » (Éphésiens 1, 10).






11) Commission théologique internationale, Le christianisme et les religions, 1997, nos 46, 47 et 49 b et c.


[46] Le Fils de Dieu s’est uni à tout homme [Parmi d’autres nombreux documents, voir Vatican II, Constitution pastorale Gaudium et spes, no 22 ; Jean-Paul II, Lettre encyclique Redemptoris missio, no 6. ].
 
Cette idée revient fréquemment chez les Pères, qui s’inspirent de certains passages du Nouveau Testament. L’un de ceux qui a donné lieu à cette interprétation est la parabole de la brebis perdue [Voir Mt 18, 12-24 ; Lc 15, 1-7] : celle-ci est identifiée au genre humain égaré que Jésus est venu chercher. 
 
Avec l’assomption de la nature humaine, le Fils a pris sur ses épaules l’humanité entière pour la présenter au Père
 
Ainsi s’exprime Grégoire de Nysse : « Cette brebis, c’est nous, les hommes. […] Le Sauveur prend sur ses épaules la brebis tout entière car, […] puisqu’elle s’était perdue tout entière, elle est ramenée tout entière. Le pasteur la porte sur ses épaules, c’est-à-dire dans sa divinité. […] Ayant pris sur lui cette brebis, il la rend une avec lui [Saint Grégoire de Nysse, Antirrheticus adversus Apolinarium, 16 (Gregorii Nysseni Opera, t. III/1, éd. F. Müller, Leiden, 1958, p. 151-152 ; voir Patroloiga Græca, vol. n°45, col. 1153). Voir également saint Irénée, Adversus Haereses, III, 19, 3 (Source Chrétiennes, n° 211, p. 380-381) ; V, 12, 3 (Source Chrétiennes, n° 153, p. 150-151) ; Démonstration de la prédication apostolique, 33 (Source Chrétiennes, n° 406, p. 130-131) ; saint Hilaire de Poitiers, Sur Matthieu, 18, 6 (Source Chrétiennes, n° 258, p. 80-81). »
 
Le verset de Jean 1, 14 également (« le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous ») a été interprété en plusieurs occasions dans le sens d’habiter « en nous », c’est-à-dire à l’intérieur de chaque homme ; de « l’être en nous », on passe facilement à « notre être en lui [Voir saint Hilaire de Poitiers, La Trinité, II, 24-25 (Source Chrétiennes, n° 443, p. 314-316) ; saint Athanase, Oratio III contra Arianos, 25 et 33-34 (Patroloiga Græca, vol. n°26, col. 376 et 393-397) ; saint Cyrille d’Alexandrie, In Joannis evangelium, I, ix et V, ii (Patroloiga Græca, vol. n°73, col. 161 et 753). On pourrait également introduire ici l’idée de « l’échange » ; voir saint Irénée, Adversus Haereses, V, Préface (Sources Chrétiennes, 153, p. 14-15), etc.] ». 
 
Nous contenant tous en lui, il peut tous nous réconcilier avec le Père [Saint Cyrille d’Alexandrie, In Joannis evangelium, I, 9 (Patrologia Græca, vol. n° 73, col. 164) ]. Dans son humanité glorifiée, nous pouvons tous trouver la résurrection et le repos [Voir saint Hilaire de Poitiers, Tractatus super Psalmos, XIII, 4 ; XIV, 5 ; XIV, 17 ; LI, 3 (Corpus Scriptorum Ecclesiasticorum Latinorum, 22, p. 81 ; p. 87-88 ; p. 96 ; p. 98). ].

[47] Les Pères n’oublient pas que cette union des hommes dans le Corps du Christ se produit surtout dans le Baptême et l’Eucharistie
 
Mais l’union de tous dans le Christ, par son assomption de notre nature, constitue un présupposé objectif à partir duquel le croyant grandit dans l’union personnelle avec Jésus. (…).


[49] (…) (b) Certains textes du Nouveau Testament et de la tradition la plus ancienne laissent entrevoir une signification universelle du Christ qui ne se réduit pas à celle que nous venons de mentionner. 
 
Par sa venue dans le monde, Jésus éclaire tout homme, il est l’Adam ultime et définitif auquel nous sommes tous appelés à nous conformer, etc. 
 
La présence universelle de Jésus apparaît de manière un peu plus élaborée dans la doctrine ancienne du Logos spermatikos. Mais même là, les auteurs anciens font clairement la différence entre l’apparition plénière du Logos en Jésus, et la présence de ses semences en ceux qui ne le connaissent pas. Cette présence est réelle mais elle n’exclut pas l’erreur et la contradiction [Outre les textes déjà cités, voir saint Augustin, Lettre 137, 12 (Corpus Scriptorum Ecclesiasticorum Latinorum, 44, p. 11-14) ; Retractationes, I, 13, 3 (Corpus Christianorum, Series Latina, 57, p. 37).]
 
À partir de la venue de Jésus dans le monde, et surtout à partir de sa mort et de sa résurrection, on comprend le sens ultime de la proximité du Verbe envers tous les hommes. Jésus conduit l’histoire entière à son accomplissement [Constitution pastorale Gaudium et spes, nos 10 et 45.].

(c) Si le salut est attaché à l’apparition historique de Jésus, l’adhésion personnelle à Jésus dans la foi ne peut être indifférente pour personne.
Ce n’est que dans l’Église, qui est en continuité historique avec Jésus, que l’on peut vivre pleinement son mystère. Cela implique l’indispensable nécessité de l’annonce du Christ par l’Église.






12) Jean-Paul II, Message pour la célébration de la journée mondiale de la paix, 1er janvier 2005.

Même si le « mystère de l'impiété » est présent et est à l'œuvre dans le monde (cf. 2 Th 2,7), il ne faut pas oublier que l'homme racheté a en lui suffisamment d'énergies pour s'y opposer. Créé à l'image de Dieu et racheté par le Christ qui « s'est en quelque sorte uni à tout homme » (Gaudium et spes, n°22 ), ce dernier peut coopérer activement au triomphe du bien.


L'action de « l'Esprit du Seigneur remplit le monde » (Sg 1,7). Que les chrétiens, spécialement les laïcs, « ne cachent pas cette espérance au fond d'eux-mêmes, mais que, par une continuelle conversion et par la lutte ‘‘contre les maîtres de ce monde de ténèbres, contre les esprits du mal'' (Ep 6,12), ils l'expriment aussi à travers les structures de la vie séculière »(Lumen gentium, n°35).






13) Commission théologique internationale, L’espérance du salut pour les enfants qui meurent sans baptême, 2007, n°88


Il existe une unité et une solidarité fondamentales entre le Christ et tout le genre humain.


Par son incarnation, le Fils de Dieu s’est en quelque sorte (quodammodo) uni à tout homme [Vatican II, Constitution pastorale Gaudium et spes, no 22. Les Pères de l’Église se réjouissent à la pensée de l’assomption de la totalité de l’humanité par le Christ. Par exemple saint Irénée, Adversus Haereses, III, 19, 3 (Sources chrétiennes, 211, p. 380-381) ; Id., Démonstration de la prédication apostolique, 33 (Sources chrétiennes, 406, p. 130-131) ; saint Hilaire de Poitiers, Sur Matthieu, 4, 12 (Sources chrétiennes, 254, p. 130-131) et 18, 6 (Sources chrétiennes, 258, p. 80-83) ; Id., La Trinité, II, 24 (Sources chrétiennes, 443, p. 314-315) ; Id., Tractatus super Psalmos, 51, 17 et 54, 9 (CCSL 61, p. 104 et p. 146) ; etc. ; saint Grégoire de Nysse, In Canticum Canticorum, Oratio II (Gregorii Nysseni Opera, vol. 6, H. Langerbeck [éd.], Leiden, 1986, p. 61) ; Id., Antirrheticus adversus Apolinarium (Gregorii Nysseni Opera, vol. 3/1, F. Müller [éd.], Leiden, 1958, p. 152) ; saint Cyrille d’Alexandrie, In Joannis evangelium, I, ix (PG 73, col. 161-164) ; saint Léon le Grand, Tractactus 64, 3 et 72, 2 (CCSL 138A, p. 392 et p. 442-443).]. 
 
Il n’y a donc personne qui ne soit atteint par le mystère du Verbe fait chair. L’humanité (avec la création tout entière) a été objectivement transformée du fait même de l’incarnation, et objectivement sauvée par les souffrances, la mort et la résurrection du Christ [Certains Pères considéraient l’incarnation elle-même comme étant salvifique ; par exemple saint Cyrille d’Alexandrie, In Joannis evangelium, V, ii (Patrologia Græca, n°73, col. 753).]. 
 
Cependant, l’être humain doit s’approprier subjectivement ce salut objectif [Voir Actes 2, 37-38 ; 3, 19. ]. 
 
Cela se fait d’ordinaire par l’exercice personnel du libre arbitre qui consent à la grâce, avec ou sans le baptême sacramentel, chez les adultes ; ou, chez les petits enfants, par la réception du baptême sacramentel. 
 
Le cas des petits enfants non baptisés pose problème, précisément en raison du présupposé de l’absence d’exercice du libre arbitre de leur part. Leur situation soulève avec acuité la question de la relation entre le salut objectif acquis par le Christ et le péché originel, ainsi que la question de la signification exacte de l’expression conciliaire « quodammodo ».






14) Conseil Pontifical pour la Pastorale des Migrants et des Personnes en Déplacement, Conseil Pontifical Cor Unum, Accueillir Jésus-Christ dans les réfugiés et les personnes déracinés de forceOrientations pastorales, Cité du Vatican, 2013, n° 14, p. 12.


14. En effet, par l’Incarnation, le Christ s’est en quelque sorte uni à chaque personne (cf. Catéchisme de l’Église Catholique, 618), que l’on en soit plus ou moins conscient.

Le Christ considérera comme fait à lui-même le type de traitement réservé à tout être humain, en particulier au plus petit d’entre eux : l’étranger (cf. Conseil Pontifical pour la Pastorale des Migrants et des Personnes en Déplacement, Instruction Erga migrantes caritas Christi, 3 mai 2004, n° 15).

Le Pape Jean-Paul II le rappela quand il remémora leur mission aux Membres du Conseil de la Commission Catholique Internationale pour les Migrations :


Aujourd’hui, je désire vous inviter à prendre toujours davantage conscience de votre mission : voir le Christ dans chaque frère et sœur dans le besoin, proclamer et défendre la dignité de chaque migrant, de chaque personne déplacée et de chaque réfugié. De cette façon, l’assistance apportée ne sera pas considérée comme une aumône due à la bonté de votre âme, mais comme un acte de justice qui leur est dû (Discours aux participants à la réunion de la Commission Catholique Internationale pour les Migrations (CCIM/ICMC) 2001, 12 novembre 2001, no 2 : O.R., édition hebdomadaire en langue française, 20 novembre 2001, 7.)


Telle est la vision qui guide l’Église en ce qu’elle fait en faveur des étrangers de notre époque, réfugiés, personnes déplacées à l’intérieur de leur pays et toutes les personnes déracinées de force.


samedi 29 juillet 2017

Le vrai sens de la liberté et en particulier de la liberté religieuse, selon le Bienheureux Paul VI, 1971


Audience publique, 18 août 1971
 
 
Le Bienheureux Paul VI - Portrait officiel
 

 
Chers Fils et Filles,


Nous avons déjà réfléchi ensemble sur les multiples enseignements du Concile. 
 
Rappelons, aujourd’hui, à votre attention les documents de Vatican II consacrés à la liberté religieuse (Dignitatis Humanæ), ce don naturel qui rend l’homme maître et responsable de ses propres actions.

Que de choses ont été dites et écrites à propos de la liberté ! 
 
Elle a été tantôt exaltée, revendiquée, tantôt niée, ramenée même à une illusion psychologique, victime d’un déterminisme implacable.

Dans tous les domaines de l’activité humaine, et surtout dans les milieux politiques, elle est une valeur inestimable que l’on veut sauvegarder à tout prix, mais que l’on n’hésite pas à réfuter par des systèmes de répression les plus variés. 
 
La liberté représente l’un des thèmes les plus prenants de la culture moderne, domaine où les hommes sont censés prendre position, mais où, hélas, ils finissent par se séparer plutôt que de s’unir dans cette marche vers le progrès historique et spirituel de la civilisation.

Quel est en réalité le véritable sens du mot « liberté » ? 
 
Il indique : maîtrise de soi, pouvoir d’option, autonomie (Liberum est quod causa sui est [: « Est libre ce qui est la cause de soi »], S. Thomas d'Aquin, Somme théologique, première partie, question 83, article 1 ; cf. Siracide 15,14 [: « Au commencement il a créé l'homme, et il l'a laissé dans la main de son conseil »]), et en appelle à la volonté

Tandis que l’intelligence est liée à la connaissance, la volonté l’est à l’action ; mais, si elle veut être humaine et non pas esclave des instincts, c’est dans la raison qu’elle doit motiver son choix et ce dernier sera alors orienté vers le bien (cf. Jean 8,32 ; S. Thomas d'Aquin, Somme théologique, deuxième partie de la première partie, question 17, article 1, ad 2). 

La liberté ne constitue pas une fin en soi ; elle nous guide dans la recherche des valeurs essentielles du Bien absolu et de notre bien.

Cette analyse psychologique du rapport raison-volonté revêt une extrême importance et mérite d’être approfondie afin que l’on puisse découvrir l’une des tares dont nous a marqués le péché originel. Le lien étroit entre raison et volonté n’est pas des plus parfaits, notre pensée et notre action ne sont pas toujours cohérentes (cf. Romains 7,15).

Nous voudrions, ici, analyser le processus par lequel la grâce pénètre mystérieusement dans notre âme, afin d’éveiller notre esprit, nos connaissances, d’orienter et d’affermir notre volonté, tout en gardant le profond respect de la liberté humaine : c’est là l’un des problèmes les plus complexes de la théologie ; S. Augustin lui a consacré des pages admirables.


L’usage extérieur de la liberté

Mais ce qui retient, aujourd’hui, notre attention, ce n’est pas cette délicate introspection de la liberté ; c’est plutôt l’usage extérieur, social et politique que l’on en fait. 
 
La liberté est pour certains un dogme, pour d’autres un danger. La marche vers l’épanouissement de cette liberté est parsemée d’obstacles. 
 
Un idéalisme noble et courageux — qui est d’ailleurs proche de notre pensée — pousse l’homme à la destruction de tout ce qui est susceptible d’arrêter le développement de sa personnalité et de son activité : esclavage, absence de droits civils, misère, ignorance. Bien des hommes, au courage lucide, luttent de nos jours pour cette cause. 
 
Mais il nous est tout aussi facile de constater que, parfois, l’usage de la liberté engendre le désordre : répression, désintégration de la communauté, etc. 
 
Si, sous prétexte de liberté, nous agissons à notre guise, nous verrons alors la décadence de la société et l’ordre moral laisser la place à la violence des instincts et des passions. 
 
C’est là que surgit, la contestation par l’Église des principes du libéralisme, dont elle reconnaît certains aspects positifs. 
 
Elle le condamne : 
 
- pour son agnosticisme à l’égard du transcendant ; 
 
- pour son optimisme quant à la valeur d’une lutte inévitable, où triomphe trop souvent la violence des forts surtout dans les domaines économiques et sociaux, 
 
- pour son naturalisme qui, aux dépens de la morale, favorise l’indifférence théorique à l’égard des souffrances du prochain
 
- Le Magistère condamne enfin le libéralisme pour son refus instinctif des lois, cause d’agitation sociale et source de révolution et de totalitarisme.


Les enseignements du Concile

Malgré cela, l’Église « a choisi la liberté ». Le Concile a voulu reconnaître à l’homme cette prérogative essentielle qu’est la liberté. 
 
La raison profonde de la liberté de l’homme réside encore dans sa dignité : La vraie liberté est en l’homme un signe privilégié de l’image divine. Car Dieu a voulu le « laisser à son propre conseil (Siracide 15,14) pour qu’il puisse de lui-même chercher son Créateur et, en adhérant librement à lui, s’achever ainsi dans une bienheureuse plénitude » (Gaudium et Spes, n° 17). Privons l’homme de sa libre adhésion à Dieu et nous ôtons tout sens à sa liberté. 
 
De plus, les hommes ne doivent subir aucune contrainte de la part de l’État dans leur rapport avec Dieu, le domaine religieux ne relevant pas de la compétence des autorités civiles. C’est, là, le principe fondamental du Décret Conciliaire sur la liberté religieuse. 
 
Nous vous exhortons à faire bon usage de cette liberté : depuis toujours et aujourd’hui plus clairement encore, l’Église Catholique ne cesse de la prêcher et invite ardemment les chrétiens à accorder à la foi la place primordiale qui lui revient, en allant, s’il le faut, jusqu’au sacrifice de leur propre vie
 
Certes, nous savons bien qu’en ce qui concerne cette conception de la liberté, nombre de pages de l’histoire de l’Église méritent réserves et explications. Elles relèvent d’un contexte historique plus attentif à la mentalité de l’époque qu’aux valeurs de l’Évangile.


Conscience et responsabilité

Réjouissons-nous d’un nouvel enseignement, plus conforme à l’esprit du Christ
 
Veillons à ce que la liberté, ce bien si précieux, demeure toujours le reflet de Dieu en nous. La conscience doit être son guide, il est vrai, mais que cette conscience soit éclairée par les véritables valeurs divines et humaines : la vérité nous rend libres
 
La liberté elle, doit pouvoir s’exercer sans entraves, mais le bien doit être son but ; c’est ce que nous appelons sens de responsabilité et du devoir
 
La liberté est un privilège personnel mais elle n’en doit pas moins respecter les droits d’autrui. Elle ne peut se séparer de la charité qui, 
 
- non seulement nous soumet aux pouvoirs civils (cf. Romains 1,7) 
 
- mais nous interdit même ce qui est licite, dans la mesure ou il peut porter atteinte à notre prochain : la charité nous dépouille de tout égoïsme et transforme notre liberté personnelle en offrande à Dieu et en amour d’autrui. 
 
Avec notre Bénédiction Apostolique.
 
 
RemarqueLa mise en forme du texte est le fait de l'auteur de ce blogue, afin de mieux faire apparaître la structure de la pensée du Saint-Père.
 

Le danger d'un christianisme sécularisé, selon le Bienheureux Paul VI, 1970




Audience publique, 19 août 1970
 
 
Le Bienheureux Paul VI - Portrait officiel


(...) Mais aujourd'hui une autre forme de substitution de Dieu, du Christ, de la foi, de la religion est à la mode : c'est celle qui nous pousse non plus à refuser les bienfaits de la religion elle-même, spécialement de la religion chrétienne, mais plutôt à obtenir ces bienfaits pour l'homme moderne en les distinguant et en les séparant de leur racine, c'est-à-dire du rapport avec le monde divin. 
 
On dit souvent, séparation de la source verticale, pour lui conférer une origine et un terme dans une ligne horizontale ; non plus référence à Dieu mais à l'homme
 
Pour donner au christianisme une formulation qui plaise à la mentalité sécularisée, laïciste, hostile à la transcendance et à la Réalité mystérieuse du Dieu vivant et du Christ, Verbe incarné et notre Sauveur dans l'Esprit Saint, on a essayé d'interpréter le christianisme selon des critères purement humains
 
Beaucoup se rappellent encore un article célèbre écrit immédiatement après la guerre par un philosophe idéaliste connu : « Pourquoi nous ne pouvons pas ne pas nous dire chrétiens », article dans lequel était explicitement reconnu au christianisme le mérite irréfutable d'avoir assuré à la doctrine de l'esprit des valeurs nouvelles et inextinguibles. 
 
Mais le christianisme authentique est absorbé et donc substitué par l'immanentisme idéaliste. 
 
Aujourd'hui on parle des penseurs qui offrent une réinterprétation séculière de la foi chrétienne comme d'un christianisme sans religion où le Christ a une grande place, mais comme homme. Dieu disparaît.  
 
On y dit des choses belles et profondes qui charment les chrétiens de notre temps, doctrinalement sécularisés, et donc négateurs de la vérité religieuse que l’Église défend et répand éternellement : ce sont souvent des pages impressionnantes, comme des rosés merveilleuses mais séparées de leur racine ; ils vivent bien, affirmant des valeurs morales appréciables, mais comment ces dernières peuvent-elles être expliquées alors qu'elles sont séparées de leur vraie racine et réduites à une mesure purement humaine? 
 
Et combien de temps pourront-elles durer pour sauver l'homme au niveau duquel elles sont descendues ?  : « L'espace d'un matin » (cf. Giuseppe De Rosa, Civiltà cattolica, 1970, cahier n° 2877 (2 mai 1970) et n° 2878 (16 mai 1970). 
 
Dieu, le Christ, l’Église ne peuvent pas être impunément remplacés
 
Essayons de surmonter cette tentation, en retrouvant dans notre foi catholique la certitude, la plénitude, le salut qu'elle seule peut donner
 
Avec notre Bénédiction Apostolique.
 
 
RemarqueLa mise en forme du texte est le fait de l'auteur de ce blogue, afin de mieux faire apparaître la structure de la pensée du Saint-Père.

Le renouveau de l'Église doit se faire dans la fidélité à sa tradition authentique et autorisée, selon le Bienheureux Paul VI, 1970






Audience publique du 12 août 1970

Le Bienheureux Paul VI - Portrait officiel


Chers fils et filles,

La religion ? Il faut la renouveler. C'est la conviction de tous ceux qui s'en occupent encore aujourd'hui, qu'ils soient à l'extérieur de son expression concrète — une foi, une observance, une communauté — ou qu'ils soient au contraire à l'intérieur d'une profession de foi, d'une discussion religieuse. 

 
Toute la question est de savoir ce que l'on entend par renouvellement ! Il faut renouveler sa propre conscience religieuse. C'est plutôt là une question qu'une objection, mais c'est une question polymorphe, polyvalente, c'est-à-dire qu'elle se présente sous des aspects très divers, avec des principes, des méthodes de travail des conclusions. différentes et facilement opposées entre elles. 

Le renouveau religieux peut être conçu comme : 

- un processus continu de perfectionnement

- ou comme un processus expéditif de dissolution

- ou encore comme une tentative de nouvelle interprétation, selon des critères donnés.


La religion est vie

Le thème est actuel. Nous avons tous accueilli la parole prestigieuse de « aggiornamento », comme un programme : programme du concile et de l'après-concile, programme personnel et communautaire. 

Signe évident que, justement au cœur de l'orthodoxie, doivent agir comme un ferment vital (cf. Matthieu 13, 33), 

- l'impulsion d'une nouvelle vie, 

- la respiration animatrice de la conscience, 

- la tension morale,

- l'expression actuelle et, comme l'amour, toujours originale.

La religion est vie et, comme notre vie biologique, elle doit être subjectivement en un continuel renouvellement, une continuelle purification, un continuel accroissement

Toute la discipline de l'esprit nous le rappelle ; S. Paul ne cesse de le répéter « l'homme intérieur se renouvelle de jour en jour » (2 Corinthiens 4,16) ; « dépouiller le vieil homme, qui va se corrompant au fil des convoitises décevantes, pour vous renouveler par une transformation spirituelle de votre jugement et revêtir l'homme nouveau » (Éphésiens 4,22-23), « nous grandirons de toutes manières vers celui qui est la tête (le Christ) » (Éphésiens 4,15), toujours « en progressant dans la science de Dieu » (Colossiens 1,10), etc.

Ces exhortations incessantes constituent bien des éléments de ce que nous offre la vision originelle du fait religieux ; 

- elles signifient qu'il naît d'un minuscule commencement et qu'il doit se développer : rappelez-vous la parabole du semeur (Lu 8,5 ; Luc 8,11) ; 

- elles signifient que lui aussi est sujet aux décadences et aux perversions : rappelez-vous la polémique du Christ avec les Pharisiens (Mt 23,14) ; 

- qu'il a souvent besoin de réformes, et toujours de perfectionnement, et qu'il atteindra sa plénitude dans la vie future seulement

Tout cela est bien connu des disciples de la Parole divine, de l'école de la liturgie et de la vie ecclésiale. Donc volontiers nous acceptons l’« aggiornamento », et nous cherchons à en interpréter la signification et à en accueillir les conséquences rénovatrices.  

Primo dans l'intérieur des âmes (Éphésiens 4,23), et ensuite, si c'est nécessaire, dans les lois extérieures.


Le changement n'est pas un but en soi


Mais ce renouveau n'est certes pas sans danger

Le premier danger est celui du changement, voulu pour lui-même, ou en hommage au transformisme du monde moderne, du changement incompatible avec la tradition de l'Église, à laquelle on ne peut renoncer.

L'Église est la continuité du Christ dans le temps. Nous ne pouvons nous séparer d'elle, de même qu'une branche, qui veut s'épanouir dans les fleurs nouvelles du printemps, ne peut se détacher de la plante, de la racine, d'où elle tire sa vitalité. 

C'est un des points capitaux de l'histoire contemporaine du christianisme, un point décisif : ou dans l'adhésion fidèle et féconde avec la tradition authentique et autorisée de l'Église, ou dans la séparation mortelle. 

Le contact normal avec le Christ ne peut se faire pour celui qui veut s'accrocher à Lui selon des chemins qu'Il a lui-même choisis, en créant un vide doctrinal et historique entre l'Église présente et l'annonce primitive de l'Évangile

« L'esprit souffle où il veut » (Jean 3,8), bien sûr, le Seigneur l'a dit, mais le Seigneur a lui aussi institué un fil conducteur : « Recevez l'Esprit Saint » a-t-il dit après sa Résurrection à ses disciples, « ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis, ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus » (Jeann 20,23). 

Le Christ, certainement, demeure l'unique source, l'unique « vraie vigne », mais sa vie nous atteint à travers les branches vitales issues d'elle (cf. Jean 15,1 sq ; Luc 10,16).
L'Église n'est pas un rideau de séparation, qui met une distance, un obstacle dogmatique et légal entre le Christ et son disciple du XXe siècle

- Elle est le canal, le véhicule, le développement normal qui unit ; 

- elle est la garantie de l'authenticité, du voisinage de la présence du Christ parmi nous. « Je suis avec vous », a dit le Christ en prenant congé des Onze et en ouvrant devant eux la succession des temps «jusqu'à la fin du monde » (Matthieu 28,20).
On ne peut imaginer un christianisme nouveau pour le renouveler, il lui faut être tenacement fidèle

Et cette stabilité dans l'être, avec sa continuité dans le mouvement et sans le développement, cette cohérence existentielle, propre à tout vivant, ne peut pas être qualifiée de réactionnaire, d'obscurantiste, d'archaïque, de sclérosée, de bourgeoise, de cléricale, ou de n'importe quel titre méprisant, comme le fait pourtant une certaine littérature moderne, à cause de la phobie du passé, de la méfiance devant tout ce que le magistère de l'Église présente comme objet de foi. 

La vérité est ainsi : elle demeure. La Réalité divine, qui y est contenue, ne peut être modelée selon le bon plaisir d'un chacun, elle s'impose

Tel est le mystère ; celui qui a le privilège d'y entrer par la foi et la charité en jouit avec délices, il a une certaine expérience ineffable de l'effusion de l'Esprit Saint.


Progresser, oui ; démolir, non


Quelqu'un posera la question : mais alors il n'y a plus rien à renouveler ? L'immobilisme devient la loi ?

Non, la vérité demeure, mais elle est exigeante, il faut la connaître, l'étudier, la purifier dans ses expressions humaines : quel renouveau tout cela comporte ! 

La vérité demeure mais elle est féconde, personne ne peut dire l'avoir totalement comprise et définie dans les formules qui restent cependant intangibles dans leur signification ; elle peut présenter bien des aspects qui méritent la recherche ; elle projette sa lumière sur des domaines divers, qui intéressent le progrès de notre doctrine.

La vérité demeure, mais elle a besoin d'être traduite, formulée selon la capacité de compréhension de ses disciples, et ceux-ci sont des hommes d'âges différents, de cultures et de civilisations diverses. 

La religion admet donc un perfectionnement, un accroissement, un approfondissement, une science toujours tendue dans l'effort sublime d'une meilleure compréhension, ou d'une formulation plus heureuse.
Pluralisme alors ? 

Oui, un pluralisme qui tienne compte des recommandations du Concile (Optatam totius, n°16 ; Gravissimum Educationis, n° 7 et 10) et dans la mesure où il se réfère aux modes par lesquels les vérités de la foi sont énoncées, et non à leur contenu, comme l'a affirmé avec tant de force et de clarté notre vénéré prédécesseur le pape Jean XXIII, dans son célèbre discours d'ouverture du Concile (cf. Acta Apostolicae Sedis, 1962, p. 790, p. 792), en référence, tacite mais évidente, à la formule classique du Commonitorium de S. Vincent de Lérins (mort en 450) : 

 « Les vérités de la foi peuvent être exprimées de différentes manières, mais « avec la même signification » (Denzinger-Schönmetzer n° 2802). 

Le pluralisme ne peut engendrer de doutes, d'équivoques, de contradictions ; il ne doit pas légitimer un subjectivisme d'opinions en matière dogmatique, qui compromettrait l'identité et donc l'unité de la foi.

Progresser, oui, enrichir la culture, favoriser la recherche ; mais démolir, non.

Nous aurions tant d'autres choses à dire sur le thème du renouveau religieux, sur le progrès théologique, par exemple, sur les relations entre la doctrine religieuse et le milieu, soit historique, soit culturel (thème aujourd'hui très ressenti et très délicat), sur les enseignements moraux de l'Église et les mœurs changeantes des hommes, etc. 


Mais que suffise cette fois l'accent mis sur ce grand thème du renouveau religieux, afin qu'il soit lui aussi l'objet de votre réflexion stimulante, et qu'il vous fasse apprécier l'effort que l'Église est en train de faire ces temps-ci avec une grande fidélité et une bonté pastorale, afin de donner à la foi une protection jalouse et une ouverture aimante. Et aussi pour que ne manquent pas aux maîtres de la foi, évêques, théologiens, catéchistes, votre adhésion et votre reconnaissance. 

Avec notre Bénédiction Apostolique.


Remarque : La mise en forme du texte est le fait de l'auteur de ce blogue, afin de mieux faire apparaître la structure de la pensée du Saint-Père.

mercredi 26 juillet 2017

La crise de la vérité, selon le Bienheureux Paul VI, 1970

 
 
(Audience publique du 20 mai 1970 - extrait) 


Le Bienheureux Paul VI - Portrait officiel



(...) Mais aujourd'hui la vérité est en crise. À la vérité objective, qui nous fait connaître la réalité, se substitue la vérité subjective : l'expérience, la conscience, la libre opinion personnelle, quand ce n'est pas la critique de notre capacité de connaître, de penser d'une manière valable. 
 
La vérité philosophique cède à l'agnosticisme, au scepticisme, au « snobisme » du doute systématique et négatif
 
On étudie, on cherche, et chez certains, plus pour démolir que pour trouver. On préfère le vide.  
 
L'Évangile nous prévient : « Les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière » (Jean 3,19). 
 
Et avec la crise de la vérité philosophique (oh, où est notre saine rationalité, notre philosophia perennis ?), la vérité religieuse s'est écroulée chez beaucoup, qui n'ont pas su soutenir les grandes et évidentes affirmations de la science de Dieu, de la théologie naturelle, et encore moins celles de la théologie de la révélation ; les yeux se sont voilés puis aveuglés ; et on a osé prendre cet aveuglement pour la mort de Dieu.

Ainsi la vérité chrétienne subit aujourd'hui des secousses et des crises terribles. 
 
- Ne supportant plus l'enseignement du magistère, instauré par le Christ pour garder et développer sa doctrine, celle de Dieu, il y a des personnes qui cherchent une foi facile en vidant la foi intégrale et vraie, de ces vérités qui ne semblent pas acceptables pour la mentalité moderne et choisissant à leur propre gré une vérité quelconque, considérée comme admissible (selected faith) ; 
 
- d'autres cherchent une foi nouvelle, spécialement pour ce qui est de l'Église, en essayant de la conformer aux idées de la sociologie moderne et de l'histoire profane (et répètent l'erreur d'autrefois en modelant la structure canonique de l'Église sur les institutions historiques existantes) ; 
 
- d'autres voudraient avoir confiance en une foi purement naturaliste et philanthropique, une foi utile et fondée sur les valeurs authentiques de la foi elle-même, celles de la charité, mais tournée vers le culte de l'homme et oublieuse de la valeur première, l'amour et le culte de Dieu
 
- et d'autres enfin, avec une certaine défiance à l'égard des exigences dogmatiques de la foi, avec le prétexte du pluralisme qui permet d'étudier les richesses inépuisables des vérités divines et de les exprimer dans la diversité de langage et de mentalité, voudraient légitimer des expressions ambiguës et incertaines de la foi, se contenter de sa recherche pour se soustraire à son affirmation, demander à l'opinion des fidèles ce qu'ils veulent croire, en leur attribuant un charisme discutable de compétence et d'expérience qui met la vérité de la foi à la merci des arbitres les plus étranges et les plus changeants. (...).
 

Remarque : La mise en forme du texte est le fait de l'auteur de ce blogue, afin de mieux faire apparaître la structure de la pensée du Saint-Père.
 

La Passion se renouvelle dans la vie de l'Église, selon le Bienheureux Paul VI, 1969



La Passion du Christ vécue par l’Église
(Audience publique, 2 avril 1969)



Le Bienheureux Paul VI - Portrait officiel
 


Chers Fils et Filles,
Ces jours-ci sont pour vous, chers visiteurs, des jours de repos, de distraction, de fête ; vous venez à Rome durant cette semaine, et profitez, pour la plupart, des vacances scolaires ou professionnelles qui vous sont accordées à l'occasion de Pâques. 
Mais si vous voulez, comme le démontre votre présence à cette audience, participer quelque peu à l'état d'âme de l'Église durant cette semaine qui précède la célébration du plus grand événement de l'histoire et du destin de l'humanité, c'est-à-dire la résurrection du Seigneur Jésus, vous trouverez l'Église non en fête, mais tout entière plongée dans une méditation grave et douloureuse, celle de la Passion du Christ, de ses souffrances ineffables, de sa Croix, de sa mort. 
Méditation très douloureuse, car elle oblige son esprit à voir dans le Christ — le premier-né de l'humanité (cf. Romains 8,29 ; Colossiens 1,15) — les mystères les plus obscurs et les plus révoltants, et cependant très réels, ceux de la douleur, du péché, de la mort. Cette méditation ne se fait pas seulement en référence à Jésus et à l'inconcevable tragédie de la fin de sa vie terrestre, mais aussi en référence à nous, à chacun de nous, dans un rapport direct et inévitable au point de répéter et même de renouveler d'une façon mystique en nous ce drame infini jusqu'à ce que nous le saisissions — dans la mesure de nos possibilités — comme le drame par excellence, le sacrifice de l'agneau de Dieu. Il est encore le sacrifice de l'amour incomparable du Christ pour nous, et en même temps comme la source très aimée de notre destinée, c'est-à-dire de notre Rédemption.
Fils très chers, comprenez-Nous (cf. 2 Corinthiens 1,2). 
L'Église, dans cette liturgie mystérieuse, est prise d'une immense peine. Elle rappelle, elle répète dans ses rites, elle revit dans ses sentiments la Passion du Christ. Elle-même en prend conscience, en souffre, en pleure. Ne troublez pas son deuil, ne détournez pas sa pensée, ne vous moquez pas de son remords, ne prenez pas son angoisse pour de la folie. Vous aussi, accompagnez de votre silence son cri de douleur ; plaignez-la ; honorez-la de votre participation à son affliction spirituelle.
À cette invitation, que chaque fidèle ressent dans son cœur en cet instant solennel et rempli d'amertume, « dies magna et amara valde », comme le chante la liturgie avec une émotion toute lyrique, Nous pouvons ajouter deux considérations.

La Croix au centre du christianisme
La première, comme il est de coutume dans nos rencontres hebdomadaires, nous ramène aux enseignements du Concile.
On a très justement noté qu'à partir du Concile s'est diffusée dans l'Église et dans le monde une vague de sérénité et d'optimisme ; un christianisme réconfortant et positif, pourrions-Nous dire ; un christianisme ami de la vie, des hommes, des valeurs terrestres même, de notre société, de notre histoire.
Nous pourrions presque voir dans le Concile une intention de rendre le christianisme acceptable et aimable, un christianisme indulgent et ouvert, dépouillé de tout rigorisme médiéval, et de toute interprétation pessimiste sur les hommes, leurs habitudes, leurs transformations et leurs exigences. Ceci est vrai.
Mais prenons garde. Le Concile n'a pas oublié que la Croix se trouve au centre du christianisme. 
Lui aussi s'est montré rigoureusement fidèle à la parole de saint Paul : « Que ne soit pas réduite à néant la Croix du Christ » (1 Corinthiens 1,17) ; lui aussi, comme l'Apôtre, s'est dit à lui-même : « Je n'ai rien voulu savoir parmi vous, sinon Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié » (1 Corinthiens 2,2).
Nous pourrions rappeler combien les pages conciliaires sont empreintes des grandes lignes théologiques, mystiques et ascétiques destinées à associer les fidèles à la Passion du Seigneur (que l'on regarde par exemple, dans la grande constitution dogmatique sur l'Église Lumen gentium les numéros 7, 8, 11, 34, 49...) ; que cette citation suffise : « Comme c'est dans la pauvreté et la persécution que le Christ a opéré la Rédemption, l'Église elle aussi est donc appelée à entrer dans cette même voie pour communiquer aux hommes les fruits du salut... » (ib., n°8).

La Passion se renouvelle dans la vie de l'Église
Ici se présente à notre esprit une deuxième considération qui dérive de la première, c'est-à-dire du rapport qui existe entre le Christ souffrant et son Église, entre la Tête et le Corps mystique, entre l’Évangile de la Passion du Seigneur et l'histoire douloureuse de l'Église,
- non seulement par le témoignage qu'elle Lui rend par son enseignement et sa prédication ;

- non seulement par l'imitation que l'exemple héroïque et généreux du Christ imprime sur les chrétiens, les poussant à Le suivre (cf. Abelard) ;

- non seulement par la communication sacramentelle qui confère à chaque fidèle une assimilation mystique à la mort et à la résurrection du Seigneur (cf. Romains 6,3) ;

- mais d'une certaine manière, elle se renouvelle, se reproduit, se répète ;

et non seulement dans chacun des disciples du Christ (cf. Colossiens 1,24) : « Je complète en ma chair, dit saint Paul, ce qui manque aux épreuves du Christ »), 
 
mais dans l'Église entière, considérée comme communauté, comme ensemble des membres du Christ, comme sa vie prolongée dans l'histoire et ainsi perpétuée.

Cette Passion se perpétue et dure encore. Et dans cette période de Pâques, l'Église, plus qu'à tout autre moment, prend conscience de ses douleurs, les sent, les subit, les accepte humblement, cherche à les sanctifier, et à en tirer la preuve de son identité au Christ Seigneur et Maître, de son amour désireux de confondre ses propres peines avec celles du Crucifié (cf. le thème revenant sans cesse dans le « Stabat Mater ») ; elle cherche enfin à transformer ses propres défaites en mérites de pénitence, de purification, de rédemption, de plus grande vertu, de plus grand courage, de plus grande espérance.

Les souffrances actuelles de l'Église
En est-il ainsi ? L'Église souffre-t-elle aujourd'hui ? Fils, Fils très chers ! Oui, aujourd'hui l'Église est en proie à de grandes souffrances ! mais comment ? Après le Concile ? Oui, après le Concile ! Le Seigneur la met à l'épreuve.
- L'Église souffre, vous le savez, de l'opprimant manque de liberté légitime dans tant de pays du monde.
- Elle souffre à cause de l'abandon de la part de tant de catholiques de la fidélité que mériterait une tradition séculaire, et que l'effort pastoral plein de compréhension et d'amour devrait obtenir.
- Elle souffre surtout du soulèvement inquiet, critique, indocile et démolisseur de tant de ses fils, les préférés — prêtres, enseignants, laïcs, dédiés au service et au témoignage du Christ vivant dans l'Église vivante —,
contre sa communion intime et indispensable,
contre son existence institutionnelle,
contre ses normes canoniques, sa tradition, sa cohésion interne ;
contre son autorité, principe irremplaçable de vérité, d'unité, de charité;
contre ses propres exigences de sainteté et de sacrifice (cf. Louis Bouyer, La décomposition du catholicisme, 1968).
- Elle souffre par la défection et le scandale de certains ecclésiastiques et religieux qui crucifient aujourd'hui l'Église.
Fils très chers, ne Nous refusez pas votre solidarité spirituelle et votre prière. Ne vous laissez pas prendre par la peur, par le découragement, par le scepticisme, et encore moins par le mimétisme qui aujourd'hui détruit, par la suggestion des moyens de communication sociale, tant d'esprits fragiles et impressionnables, et parfois aussi des esprits forts et jeunes. Mais souffrez et aimez avec l'Église. Avec l'Église, travaillez et espérez, et que vous réconforte Notre Bénédiction Apostolique, avec Notre meilleur et plus joyeux souhait de Pâques.

Source : http://www.clerus.org/bibliaclerusonline/es/cub.htm


Remarque : La mise en forme du texte est le fait de l'auteur de ce blogue, afin de mieux faire apparaître la structure de la pensée du Saint-Père.