« Paysanne et
couturière, elle fut admirée pour son zèle religieux et sa très grande
piété. Dévouée sa vie durant envers les malades et les enfants, elle
réchappa d’un cancer avancé des intestins le 8 décembre 1854. Elle vécut dix-neuf années supplémentaires, essayant toujours de dissimuler son mal.
« Elle mourut en 1879. Ses restes furent exhumés en 1929 pour une première tentative de béatification; le 26 juin 1953, ils sont placés dans une chapelle de l'église de Siviriez.
« Les habitants lui prêtant de nombreux miracles, dès 1927 fut ouvert un très long procès en béatification. Elle fut finalement béatifiée le 29 octobre 1995 par le pape Jean-Paul II. »
« Elle mourut en 1879. Ses restes furent exhumés en 1929 pour une première tentative de béatification; le 26 juin 1953, ils sont placés dans une chapelle de l'église de Siviriez.
« Les habitants lui prêtant de nombreux miracles, dès 1927 fut ouvert un très long procès en béatification. Elle fut finalement béatifiée le 29 octobre 1995 par le pape Jean-Paul II. »
Source : http://www.marguerite-bays.ch/biographie.html.
Voici le petit reportage que lui consacra l'abbé J.-M. Curicque en 1872.
Marguerite Bays (1815-1879) |
Le soir du 16 octobre 1872, jour où la Suisse catholique fêtait saint Gal, l'un de ses premiers apôtres, nous descendions, entre Éribourg et Lausanne, à la station de Siviriez, en quête du hameau de La Pierre [aujourd'hui : La Pierraz], l'une des nombreuses annexes de cette paroisse.
Nous voulions voir de nos yeux et entendre de nos oreilles l'humble stigmatisée Marguerite Bays, dont la vie et les souffrances nous avaient déjà grandement édifié, d'après les lettres de quelques uns de nos correspondants.
Le
digne curé de Siviriez eut l'obligeance de nous accompagner dans
notre visite, comme il nous ménagea, le lendemain, la douce joie de
donner la sainte communion à la stigmatisée. C'est donc autant
d'après nos propres souvenirs et nos impressions personnelles que
d'après les notes bien authentiques, mises a notre disposition par
plusieurs personnes honorées de la confiance de Marguerite Bays, que
nous allons tracer ce chapitre, complètement inédit jusqu'à ce
jour.
II
— Le hameau de La Pierre, vulgairement appelé La Pierra
dans le pays, est situé à une demi-lieue de Siviriez, dans le riant
vallon de la Glane, l'un des affluents de la Sarine, en amont de
Fribourg.
Les chaumières en sont dispersées, comme dans presque
toutes les campagnes environnantes, entre jardins, sillons et
prairies ; elles sont construites en bois et, avec leur simple
rez-de-chaussée, couronné d'un large avant-toit, elles font au loin
l'effet de vastes ruches, abritées sous de splendides bouquets de
verdure.
Tel est en particulier l'aspect de la maison rustique où continue de demeurer, depuis la mort de ses parents, avec ses frères, une belle-sœur et ses nièces, Marguerite Bays, ou Gothon Bays, comme on dit dans la paroisse.
Tel est en particulier l'aspect de la maison rustique où continue de demeurer, depuis la mort de ses parents, avec ses frères, une belle-sœur et ses nièces, Marguerite Bays, ou Gothon Bays, comme on dit dans la paroisse.
L'humble
fille est aujourd'hui âgée d'environ cinquante-cinq ans. Couturière
autrefois, elle partage maintenant les soins du ménage de ses frères
et les assiste, selon ses forces, dans l'exploitation de la ferme qui
les fait vivre à la sueur de leur front.
La part de Marthe n'absorbe
pas cependant celle de Marie chez la stigmatisée qui est considérée,
dans ce paisible et laborieux intérieur, plutôt comme une mère que
comme une sœur.
Aussi, fidèle à accomplir scrupuleusement la règle
du Tiers-Ordre de Saint-François auquel elle appartient depuis
longtemps, Marguerite se rend chaque jour de bonne heure à la
paroisse pour y faire le chemin de la Croix et assister à la sainte
Messe où elle communie plusieurs fois la semaine.
Sa modestie est
sans affectation, sa piété angélique,sa charité pour le prochain
inépuisable. Elle est regardée comme une sainte dans toute la
paroisse, sans toutefois que personne paraisse y faire attention,
tant est grande sa simplicité, tant elle fuit d'instinct le bruit et
les occasions de paraître.
Jusqu'ici la publicité ne s'est point
occupée d'elle ; puissent même ces lignes porter au loin la bonne
odeur de ses vertus, sans lui amener jamais aucun visiteur importun
ni aucun admirateur indiscret !
La
dévotion de Marguerite la porte de préférence vers le culte de la
Passion de Notre-Seigneur et de l'Immaculée-Conception de la
Sainte-Vierge.
Cet amour pour Jésus-Christ en Croix lui vient de son
père toujours fort affectionné aux souffrances du divin Sauveur.
Quant à sa vénération pour l'Immaculée-Conception, elle résulte
peut-être de la grande faveur qui lui fut faite par la
Sainte-Vierge, le 8 décembre 1854, le jour même où Pie IX
proclamait le dogme de l'Immaculée-Conception de la Mère de Dieu.
C'est aussi le moment solennel de la vie de Marguerite Bays ;
nous devons entrer dans quelque détail à ce sujet.
III. —Rien
de particulier n'avait jusque-là signalé la pieuse fille à
l'attention des fidèles. Tourmentée avant cette époque par un
hoquet douloureux que les remèdes n'avaient fait qu'irriter, elle
n'en fut délivrée que pour subir une épreuve tout autrement
crucifiante : un cancer se déclara à la poitrine et nécessita
bientôt une opération dans le vif, qui lui mit presque les côtes à
nu. Le cancer n'en reparut pas moins et la patiente se vit sur les
bords de la tombe. Recourant alors à Marie-Immaculée, elle implora
son assistance toute-puissante par une neuvaine qui, par une
coïncidence providentielle, se terminait le 8 décembre 1854.
En
ce jour, solennel entre tous, de la Fête de l'Immaculée-Conception,
la très-sainte Vierge daigna apparaître à sa dévote servante et
la guérit aussitôt.
C'est grâce à ma
protection, lui dit Marie, que vous êtes guérie. Mais vous êtes
appelée à d'autres souffrances. La perversité du monde est si
grande que je ne puis retenir le bras de mon Fils, outragé surtout
par le blasphème, la profanation des saints jours, l'impureté,
l'abandon ou la négligence de la prière et l'oubli de Dieu. Pour
tant de crimes et pour m'aider à retenir le bras de mon Fils, vous
souffrirez un tourment tout particulier.
En
disant ces mots, la Mère de Dieu remit à Marguerite une croix que
celle-ci s'empressa de porter sur son cœur, pendant que des lèvres
de la miraculée s'échappait, comme par inspiration, la prière
suivante, à jamais gravée dans sa mémoire depuis lors :
O Sainte Victime,
attirez-moi après vous ; nous marcherons ensemble. Que je souffre
avec vous, cela est juste ; n'écoutez pas mes répugnances. Que
j'accomplisse en ma chair ce qui manque à vos souffrances !
J'embrasse la croix, je veux mourir avec vous. C'est dans la plaie de
votre Sacré Cœur que je désire rendre mon dernier soupir.
IV.
— À partir de ce moment Marguerite Bays, toujours désireuse
jusque-là de pouvoir acquitter sa dette de reconnaissance envers la
Passion de Notre-Seigneur, se trouva surabondamment exaucée : elle
se sentit frappée d'un mal mystérieux qui la ramenait sur son lit
de douleur, chaque vendredi, pour augmenter d'intensité pendant le
carême et se résoudre, le vendredi-saint, en d'atroces tortures : à
ce jour sacré, on la voit, chaque année, réduite à l'agonie, de
midi à trois heures du soir [=15 h] ; puis elle entre dans un état
d'anéantissement et d'inanition voisin de la mort, et au bout
seulement d'une heure et demie environ, la vie renaît par degrés.
Revenue entièrement à elle-même, la stigmatisée se trouve
transfigurée ; toute trace de douleur a disparu et sa
physionomie est d'un rayonnement indescriptible.
La
meilleure preuve de la cause surnaturelle de ses souffrances, c'est
sa santé florissante en dehors des vendredis, et du carême. Pendant
de longues années, Marguerite avait même dû prendre des remèdes
contre cette maladie mystérieuse du vendredi, mais au lieu de lui
apporter quelque soulagement, ils avaient produit l'effet contraire.
Les
stigmates ne sont toutefois apparents chez elle que pendant la sainte
Quarantaine [= Carême] où ils deviennent de plus en plus visibles
et sanglants à mesure que le vendredi-saint approche ; ils
disparaissent ensuite extérieurement, à partir de ce jour.
En
1870 Marguerite, par une exception qu'on ne pourrait s'expliquer,
n'eut pas les stigmates. Interrogée à ce sujet et forcée, au nom
de l'obéissance, d'en découvrir la raison, elle avoua en rougissant
qu'elle avait redoublé de prières auprès de Notre-Seigneur pour ne
point en recevoir ces marques, afin, disait-elle, de ne scandaliser
personne. Mais elle n'a été exaucée que pour une fois.
Aujourd'hui-même,
vendredi-saint, 27 mars 1872, nous écrit un de nos correspondants,
devant plusieurs prêtres et religieux, accompagnés d'un docteur en
médecine, la stigmatisée de La Pierre a subi, dans des
circonstances admirables, et l'agonie de la passion et les douleurs
de l'extase. Celle-ci commença vers trois heures.
Pendant que le docteur constatait le sommeil extatique et que la science se livrait a ses investigations, le visage de la stigmatisée portait l'empreinte d'une douleur indicible.
J'appris ensuite, à son réveil, par l'intermédiaire de son Directeur [spirituel], qu'elle avait assisté au supplice de la Flagellation où elle venait de voir les bourreaux se rechanger à trois reprises, épuisant toutes les fureurs de l'enfer vaincu sur le corps adorable du Sauveur.
Pendant que le docteur constatait le sommeil extatique et que la science se livrait a ses investigations, le visage de la stigmatisée portait l'empreinte d'une douleur indicible.
J'appris ensuite, à son réveil, par l'intermédiaire de son Directeur [spirituel], qu'elle avait assisté au supplice de la Flagellation où elle venait de voir les bourreaux se rechanger à trois reprises, épuisant toutes les fureurs de l'enfer vaincu sur le corps adorable du Sauveur.
V.
— Le don des stigmates n'est pas la seule faveur dont
Notre-Seigneur a daigné enrichir l'humble campagnarde. Il la guide
habituellement par une voix surnaturelle qui lui parle, sans que
personne ne paraisse, et qui lui intime les volontés du ciel, en la
remettant d'ailleurs toujours aux décisions de son Directeur. La
voix lui a défendu d'opposer des « mais » et des « si »
aux ordres de celui-ci.
Le
lundi-saint de cette année 1872, qui était le 25 mars, la
stigmatisée, retenue chez elle par ses souffrances habituelles du
carême, vit tout à coup apparaître sous ses yeux l'inscription
suivante, tracée sur deux bandes :
«
PRIÈRE ! PÉNITENCE ! »
C'était,
en deux mots, la formule de l'unique remède à la situation
désespérée du monde chrétien.
VI.
— Une autre fois, comme elle était gravement malade, en un jour de
fête, et que ses souffrances mystérieuses l'avaient mise dans
l'impossibilité de se rendre à l'église pour recevoir la
communion, elle vit tout à coup une sainte hostie lui apparaître
dans son étroite cellule, et se tenir à la hauteur de sa bouche
comme pour l'inviter à communier.
Marguerite,
trop humble pour se croire digne d'une telle faveur, craignit un
piège du démon et n'ouvrit point la bouche pour recevoir l'hostie
prodigieuse. Celle-ci s'approcha alors de ses lèvres et se ploya
contre elles, en signe de la vérité de la présence réelle du
corps de Notre-Seigneur.
Convaincue
par cette violence suave et par une attraction intérieure que le
divin Maître la conviait au banquet eucharistique, elle l'adora et
le reçut en son cœur, au milieu des transports de la plus vive
gratitude.
VII.
— On ne sera pas étonné d'apprendre que Marguerite Bays est en
relation avec les âmes du Purgatoire. Son père est venu lui-même
réclamer l'assistance de ses suffrages. Comme elle lui demandait
quelle était la cause de ses tourments, il lui répondit qu'il était
retenu dans les flammes expiatrices principalement pour s'être trop
occupé de la pêche, le dimanche, bien qu'il n'eût pas pour cela
négligé l'assistance aux offices.
Une
autre fois, la stigmatisée fut chargée d'avertir une religieuse bernardine, de sa connaissance, de bien prier pour la délivrance de
son propre père, en purgatoire depuis plusieurs années. La
religieuse venait de doter son couvent d'un chemin de la croix, sur
l'observation que lui avait faite Marguerite du grand bien spirituel
attaché à cette dévotion : elle fut ainsi la première récompensée
de cette libéralité et de cet acte de soumission aux conseils de
l'humble stigmatisée.
Nous
nous bornons aujourd'hui à ces quelques lignes, sans toutefois
cacher à nos lecteurs le bonheur que nous avons éprouvé de voir
nos Voix Prophétiques parmi les livres de prédilection de
Marguerite : elle a compris cet appel à la pénitence et à la Réparation volontaire ; sa prière en est devenue encore plus
fervente, son immolation plus complète. Un tel suffrage nous console
surabondamment de n'être point compris ni goûté de chacun.
Référence
Abbé
J.-M. Curicque, Voix
prophétiques ou signes, apparitions et prédictions modernes
touchant les grands événements de la Chrétienté au XIXe
siècle et vers l'approche de la Fin des temps,
tome I : prophéties modernes purement dites, Victor Palmé,
Paris ; A. Vromant, Bruxelles, P. Brück, Luxembourg, 1872, p.
434-441.
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