Notre-Dame de Lourdes, 19
juin 1924,
Jeudi de la Fête-Dieu.
Depuis quelque temps déjà,
S.[on] Ém.[inence] le cardinal Pompili [ou Pompilj], vicaire général de Sa
Sainteté pour la Ville de Rome, a fait afficher aux portes des
églises de la Ville Éternelle un très grave avertissement
réprouvant l'indécence de certaines modes. Voici la traduction de
ce document :
AVERTISSEMENT
La femme ne doit entrer dans
la maison de Dieu que décemment vêtue d'un habit montant et la tête
couverte, parce que l'immodestie des vêtements, partout et
toujours répréhensible, offense tout particulièrement la sainteté
des temples, interdit l'accès de la Table eucharistique et
attire souvent de terribles châtiments de Dieu.
+
B.[asilio], cardinal Pompili,
vic.[aire] de Sa Sainteté
pour la Ville de Rome
Sous le coup des mêmes
préoccupations et pour assurer le respect dû aux églises et au
Très Saint Sacrement, l'éminentissime cardinal La Fontaine,
patriarche de Venise, a, de son côté, publié une ordonnance
analogue, dont voici la traduction:
L'administration des
sacrements
et la mode féminine
Les prêtres de notre
diocèse auront remarqué que, depuis quelque temps, il s'est établi,
dans le costume des femmes, une mode qui supprime les manches et
augmente le décolletage.
Il convient, par suite,
d'avertir les fidèles que les personnes qui oseraient venir à
l'église avec des habillements de ce genre – (corsages
décolletés, manches insuffisamment longues, ne descendant pas
au-dessous du coude) – ne seront pas admises aux sacrements et
pourront être invitées à quitter l'église.
Si donc une femme ou une
jeune fille vêtue de cette façon se présentait à la sainte Table
pour communier, tout prêtre devrait – sans d'ailleurs lui
faire aucune observation directe – passer devant elle, sans lui
donner la sainte communion.
Si le pasteur de cette
personne pouvait ensuite trouver l'occasion de lui faire entendre un
paternel avertissement, qu'il n'omette pas cet acte de charité.
+
P.[ietro], card.[inal] La Fontaine,
patriarche de Venise.
*
En voyant, à notre vive
douleur, le débordement des abus auxquels cherchent a remédier les
vénérés cardinaux Pompili et La Fontaine s'étendre de plus en
plus et envahir même la cité des Apparitions, nous nous et oyons
obligé à faire nôtres et à adopter comme ligne de conduite à
suivre – dans tout notre diocèse, mais à Lourdes tout
spécialement – les graves décisions prises et promulguées par
ces deux illustres princes de l’Église.
François-Xavier Schoepfer (1843-1927), portrait par Jean Veber |
En conséquence, si, dans
notre diocèse de Tarbes et Lourdes, une personne contrevenant
dans son costume aux susdites prescriptions venait à la sainte Table
pour communier, tout prêtre – sans d'ailleurs lui
adresser d'observation directe – devrait s'abstenir de lui donner
la sainte communion.
En faisant ainsi écho aux
défenses des éminentissimes cardinaux Pompili et La Fontaine, Nous
nous inspirons aussi de l'exemple venu naguère de Notre Saint-Père
le pape Pie XI lui-même, qui a formellement interdit de laisser
paraître en sa présence « les dames ou les jeunes filles
dont la robe ne serait pas absolument montante et les manches
suffisamment longues ».
Nous croyons de plus, en ce
qui concerne Lourdes, devoir ajouter que les personnes dont le
costume serait contraire aux ordonnances ci-dessus reproduites
doivent se considérer comme indignes d'être admises à entrer dans
la Grotte miraculeuse, consacrée par les Apparitions de la Vierge
immaculée.
Quant aux Enfants de Marie,
même revêtues du voile blanc, et aux Noëlistes, elles ne pourront,
dans tout notre diocèse, mais à Lourdes surtout, jouir du privilège
d'avoir une place réservée dans les rangs des processions qu'à la
condition absolue d'avoir, ainsi qu'il est de rigueur pour les
audiences pontificales, au Vatican, « des corsages tout à fait
montants et les bras recouverts par des manches de longueur
normale ».
Ces mêmes règles Lourdes,
observées par les dames et les jeunes filles qui, en qualité
d'hospitalières ou d'infirmières, s'appliquent, avec un si
admirable dévouement, au service des malades de nos Pèlerinages.
Nous Insistons tout
particulièrement sur cette recommandation en proposant à ces dames,
comme idéal de leur pieux ministère, d'unir à la pratique d'une
charité au-dessus de tout éloge celle de la décence la plus
délicate. Elles contribueront ainsi, et très efficacement, à faire
de Lourdes, en quelque sorte, une prédication vivante, une école de
la modestie, non moins que de la charité.
*
MM. les curés, aumôniers
et vicaires donneront lecture aux fidèles qui sont confiés à leurs
soins du présent communiqué, dont un exemplaire devra être affiché
en permanence à l'entrée de chaque église et dans chaque
sacristie.
+ Fr.[ançois]-Xavier
[Schoepfer],
évêque de Tarbes et de
Lourdes.
Référence
Mgr
François-Xavier Schoepfer, « Communiqué de Mgr l'évêque
de Tarbes et Lourdes contre les toilettes indécentes », dans La Croix, 45e année, n°12671, 4 juillet 1924, p. 1.
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